« Explosion du fort de Dailly » : différence entre les versions
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L''''explosion du fort de Dailly''' est un évènement qui se produit au sein du [[fort de Dailly]] dans le [[canton du Valais]]. Les [[Munition|munitions]] de trois magasins d'une des galeries de la [[fortification]] explosent dans la nuit du {{Date|28|05|1946}}. Dix personnes, des ouvriers travaillant sur le site du fort, sont tués et une partie de l'ouvrage militaire est fortement endommagée.
Cette explosion ainsi que celle se produisant un an et demi plus tard à [[Explosion du dépôt de munitions de Mitholz|Mitholz]] poussent les autorités suisses à [[Munitions immergées dans les lacs en Suisse|immerger dans certains lacs les stocks de munitions obsolètes]].
== Déroulement ==
Le {{Date|28|05|1946}}, une première explosion se produit à {{Heure|23|38}} dans
Au total, les spécialistes estiment qu'environ {{Nombre|16500|obus}} de calibre 10.5 ont explosé cette nuit là{{Note|texte=Environ {{nombre|5500|obus}} étaient stockés dans chaque magasin<ref name="LeTemps2017" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />. Au total, environ {{nombre|450|[[tonnes]]}} d'explosifs, dont {{nombre|77}} de [[nitrocellulose]], sont impliqués dans les explosions à Dailly<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="SwissExpress" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.|groupe=Note}}{{,}}{{Note|texte=Les obus sont de calibre {{nombre|105|mm}}<ref name="SwissExpress" />.|groupe=Note}}{{,}}<ref name="LeTemps2017" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Après les explosions, un incendie débute dans les galeries avant d'être maîtrisé par des gardes-fort<ref name="Nouvelliste2021" />.
Les explosions sont intenses, vues et entendues dans le [[Chablais]]. La terre tremble également dans la région autour du fort, faisant penser à certains habitants qu'il s'agit d'une réplique du tremblement de terre du {{Date|25|01|1946}}<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
L'[[électricité]] et le [[téléphone]] sont coupés dans la région autour du fort. De nombreux débris et roches sont projetés aux alentours, touchant par exemple les toits de la ville de [[Morcles]]. Une porte blindée de quatre tonnes est retrouvée près du stand de Lavey. Sur les hauteurs du même village, un pan de rocher de 80 mètres de haut pour 15 mètres d'épaisseur s'écroule dans la forêt <ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le nouvelliste 30 mai 1946 — e-newspaperarchives.ch |url=http://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=NVE19460530-01.1.2 |site=www.e-newspaperarchives.ch |consulté le=2024-07-08}}</ref>.
Une partie de la population est évacue le lendemain du sinistre dans une zone plus éloignée du danger, à [[Saint-Maurice (Valais)|Saint-Maurice]]<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Les gaz produits lors des explosions et des incendies, notamment le [[Monoxyde de carbone|monoxyde carbone]], tuent plusieurs personnes à l'intérieur du fort et compliquent les opérations de sauvetage et de lutte contre les incendies<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="NouvellisteValaisan" />.
Au total, {{Nombre|18|ouvriers}} se trouvaient dans cette partie des fortifications. Après la catastrophe et les jours suivants, des recherches sont menées pour porter secours aux blessés et retrouver des disparus. Les militaires sont aussi chargés de [[Déminage|déminer]] la zone autour du fort, pollués par des munitions non-explosées projetées à l'extérieur des installations militaires<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Rapidement après la catastrophe, les [[Conseil d'État du canton de Vaud|conseillers d'état vaudois]] et valaisans se déplacent sur le site de la catastrophe. Ils sont rejoints les jours suivants par [[Karl Kobelt]], responsable du [[Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports|Département militaire fédéral]] et [[Président de la Confédération suisse|président de la Confédération]] cette année là<ref name="24Heures2016" />, accompagné du commandant de corps de Montmollin <ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le nouvelliste 1 juin 1946 — e-newspaperarchives.ch |url=http://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=NVE19460601-01.2.14.7 |site=www.e-newspaperarchives.ch |consulté le=2024-07-08}}</ref>. Une commission d'enquête est également mise en place par les autorités<ref name="Nouvelliste2021" />.
== Bilan ==
=== Humain ===
{{Nombre|10|personnes}} meurent dans l'explosion, principalement intoxiqués au [[monoxyde de carbone]], le principal gaz d'explosion<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />. Il s'agissait d'ouvriers engagés pour des travaux de modernisation de galeries et salles sur le site du fort<ref name="LeTemps2017" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />{{,}}<ref name="SwissExpress" />. Leur présence au fort cette nuit là dans la fortification est due à leur demande de pouvoir travailler de nuit et bénéficier d'un congé familial pour l'[[Ascension (fête)|Ascension]]{{Note|texte=En {{date|3=1946}}, l'Ascension a lieu le {{date|1=30|2=05}}.|groupe=Note}}{{,}}<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Il n'y a pas de victime parmi les recrues et les militaires opérant la fortification<ref name="NouvellisteValaisan" />. Une grande partie des militaires présents ont en effet été envoyés en exercice aux Follatères, sur les hauteurs de [[Fully]]{{Note|texte=Au total, ce sont {{nombre|151|soldats}} qui sont en exercice aux Follatères<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.|groupe=Note}}{{,}}<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Plusieurs habitants de Morcles ont été temporairement déplacés à Saint-Maurice, le temps que les opérations de sauvetage et de déminage puissent avoir lieu<ref name="Nouvelliste2021" />.
=== Matériel ===
Certaines fortifications subissent d'importants dégâts lors de l'explosion. Dans l'ensemble, la montagne résiste à la catastrophe et ne s'effondre pas<ref name="24Heures2016" />. Toutefois, les voûtes intérieures des galeries et salles proches des explosions (notamment l'[[infirmerie]], le centre de communication et la [[centrale électrique]]) ne résistent pas aux déflagrations<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />. Plusieurs [[Artillerie|pièces d'artillerie]] sont également détruites ainsi que divers équipements comme des portes blindées<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="NouvellisteValaisan" />.
Les installations extérieures sont touchés par les dégâts. Une station du [[funiculaire]] reliant certaines fortifications à celle de Dailly (Petit Mont et Toveyre) est détruite<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Des munitions et des armes endommagées sont projetées aux alentours des bunkers et dans la vallée jusqu'à Lavey<ref name="LeTemps2017" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
=== Environnemental ===
L'explosion et les rochers soufflent ou incendient une partie de la végétation de la crête de Dailly. De plus, des pans de falaise s'éboulent localement<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />{{,}}<ref name="NouvellisteValaisan" />. Les zones autour du fort doivent être [[Déminage|déminées]], les explosions ayant projetées des munitions à l'extérieur des installations militaires<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
Après l'explosion, environ {{Nombre|87000|[[litres]]}} de [[Gazole|diesel]] se répandent dans la nature environnant le fort<ref name="LeTemps2017" />.
== Cause ==
D'après l'enquête des autorités, une décomposition lente du [[nitrocellulose]] présent dans les poudres des obus est l'explication la plus probable de l'explosion initiale des magasins<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />{{,}}<ref name="SwissExpress">{{Article|langue=en|auteur1=Jean François Andrist|titre=And finally... the Blausee-Mitholz disaster - a follow-up|sous-titre=Jean François Andrist details the second explosion at Dailly|périodique=Swiss express : the Swiss Railways Society journal|pages=46|date=2017|lire en ligne=https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=sxp-001%3A2017%3A0%3A%3A307|accès url=libre|format=pdf}}</ref>.
L'explosion du dépôt de munitions de Mitholz, en {{Date|2=12|3=1947}}, celle du fort de Dailly ainsi que deux incidents dans les [[Canton des Grisons|Grisons]] accréditent l'hypothèse que les spécialistes [[Pyrotechnie|pyrotechniques]] suisses ne maîtrisaient pas suffisamment les réactions chimiques pouvant avoir lieu sur les munitions utilisées par l'armée<ref name="SwissExpress" />. Des incidents de surchauffe des munitions avaient par exemple étaient rapportés, sans que des investigations plus poussées ou des mesures de protection ne soient décidées<ref name="Nouvelliste2021" />.
== Conséquences ==
{{Article détaillé|Munitions immergées dans les lacs en Suisse}}▼
=== Gestion des stocks de munitions ===
L'explosion du fort de Dailly ainsi que celle survenue un an et demi plus tard au [[Explosion du dépôt de munitions de Mitholz|dépôt de Mitholz]] mettent en avant les difficultés de gestion des stocks de munitions qui avaient été préparées par l'[[armée suisse]] durant la [[Seconde Guerre mondiale|seconde guerre mondiale]]. Il est alors décidé que des stocks de munitions seront immergés dans les lacs du pays<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Cathy Macherel|titre=Munitions dans les lacs: une histoire invisible|périodique=[[Tribune de Genève]]|date=18.01.2020|lire en ligne=https://www.tdg.ch/munitions-dans-les-lacs-une-histoire-invisible-497882387551|accès url=payant}}</ref>{{,}}{{sfnp|Charrière|Baudouï|2016|p=3-5}}.▼
▲{{Article détaillé|Explosion du dépôt de munitions de Mitholz|Munitions immergées dans les lacs en Suisse}}
L'explosion du fort de Dailly pointe les difficultés de l'[[armée suisse]] pour sécuriser les importants stocks de munitions constitués durant la [[Seconde Guerre mondiale|seconde guerre mondiale]]. Après l'enquête, une commission décide la mise en place de nouvelles mesures de sécurité pour la gestion des stocks de munitions, notamment la séparation des [[Détonateur|détonateurs]] et de leurs munitions (ces deux éléments étant livrés à l'armée déjà vissés ensemble)<ref name="DieWelt2023">{{Article|langue=de|auteur1=Martin Klemrath|titre=Grau-grünliche Gasflammen erleuchteten das Tal taghell – dann kam die Mega-Explosion|périodique=[[Die Welt]]|date=20.12.2023|lire en ligne=https://www.welt.de/geschichte/article248923518/Mitholz-1947-Erst-grau-gruenliche-Gasflammen-dann-die-Mega-Explosion.html|accès url=libre}}</ref>.
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En réponse à ces risques d'explosions, les compositions des poudres de munitions ainsi que les conditions de stockage de celles-ci dans les dépôts et magasins évoluent également{{Note|texte=Les espaces contenant des munitions sont réduits, mieux isolés et davantage protégés<ref name="Nouvelliste2021" />.|groupe=Note}}{{,}}<ref name="Nouvelliste2021" />.
=== Réparation et modernisation du fort ===
La destruction d'une partie des installations du fort oblige d'importants travaux de réparations qui débutent dès {{Date|3=1948}}. Les autorités civiles et militaires profitent des investissements pour moderniser certaines armes et fortifications les années suivantes. Les fortifications sont renforcées pour tenir compte des nouvelles menaces [[Arme nucléaire|nucléaires]] et des tourelles d'artillerie modernisées sont installées<ref name="Nouvelliste2021" />{{,}}<ref name="LeTemps2017" />{{,}}<ref name="24Heures2016" />.
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}
=== Références ===
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[[Catégorie:Accident pyrotechnique]]
[[Catégorie:Mai 1946]]
[[Catégorie:Pollution en Suisse]]
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