« Intersexuation » : différence entre les versions

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remplacement des termes sexe féminin par sexe femelle (et sexe masculin par mâle)
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== Terminologie ==
[[Fichier:How the term intersex was coined.jpg|vignette|L'origine du terme « intersexe »<ref>{{Article|langue=de|auteur1=Richard Goldschmidt|titre=Vorläufige Mitteilung über weitere Versuche zur Vererbung und Bestimmung des Geschlechts|périodique=Biologisches Centralblatt|volume=35|lieu=Leipzig|date=1915|lire en ligne=https://archive.org/stream/biologischeszent35rose#page/564/mode/2up|pages=565-556}}.</ref> (1915).]]
Vers la fin du {{s-|XIX}} et dans la première moitié du {{s-|XX}}, les médecins emploient le terme d'[[hermaphrodisme]] pour parler des enfants dont les organes génitaux externes ne correspondent pas aux normes attendues (ils sont qualifiés d'« ambigus à la naissance »)<ref>Elsa Dorlin, ''Sexe, genre et sexualités'', Paris, PUF, 2008, {{p.|33}}.</ref> et élaborent un classement distinguant un « hermaphrodisme vrai » et des « pseudo-hermaphrodismes » masculin et fémininfemelle en se fondant sur l'observation des [[gonade]]s. Les avancées de la médecine dans le courant du {{s-|XX}} et le développement des [[études de genre]] ont provoqué la remise en cause à la fois du classement et de la terminologie qu'il utilise{{sfn|IGLYO|OII Europe|EPA|2018}}. L'intersexuation est encore parfois qualifiée d'[[hermaphrodisme]] dans le langage courant, mais ce terme ne fait plus consensus : les personnes intersexuées le jugent parfois inadapté et insultant, car il ne reflète pas la réalité biologique de leur condition et correspond à une représentation mythologique et exotique<ref name="ISNAhermaphrodite">{{Lien web |langue=en |titre=Is a person who is intersex a hermaphrodite? |site={{lang|en|Intersex Society of North America}} |url=http://www.isna.org/faq/hermaphrodite |consulté le=16 octobre 2010}}.</ref>. En effet, [[Hermaphrodite]] est un personnage de la [[mythologie grecque]], pourvu des organes sexuels à la fois mâles et femelles, tous deux pleinement fonctionnels<ref>Hermaphrodite est par exemple évoqué par [[Ovide]], dans les ''[[Métamorphoses (Ovide)|Métamorphoses]]'', {{IV}}, v. 285-388.</ref>, ce qui n'est pas le cas des personnes intersexuées.
 
Aux États-Unis, l'expression {{lang|en|''Disorders of sex development''}} (troubles du développement sexuel, expression abrégée en ''DSDs'') a été proposée en 2005 par un groupe connu par la suite sous le nom de « DSD Consortium », et qui réunissait des médecins, des universitaires, des membres de l'Intersex Society of North America et des associations de parents<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.dsdguidelines.org/about/consortium |titre=Page "{{lang|en|''About the Consortium''}}" sur le site des {{lang|en|''DSD Guidelines''}}|consulté le=16 octobre 2010|passage=Le DSD Consortium a publié deux ouvrages disponibles gratuitement sur son site, les {{lang|en|''Clinical Guidelines for the Management of Disorders of Sex Development in Childhood''}} (destiné aux médecins et aux praticiens) et le {{lang|en|''Handbook for Parents''}} (destiné aux parents de personnes intersexuées), proposant une nouvelle méthode moins agressive de suivi des enfants intersexués}}.</ref>. L'expression de « {{lang|en|''Disorders of Sex Development''}} » permettait de fragmenter les variations intersexes par syndromes et de mettre un terme à l'usage unifié du terme « intersexe », qui commençait à être réapproprié par les mouvements de personnes intersexes. Le terme a évolué vers ''« Differences in Sex Development »'' suite à la réappropriation des termes par les communautés concernées et l'acceptation par la communauté scientifique que la binarité mâle et femelle n'est pas représentative de la réalité<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Gerard S.|nom1=Conway|titre=Differences in Sex Development (DSD) and related conditions: mechanisms, prevalences and changing practice|périodique=International Journal of Impotence Research|volume=35|numéro=1|pages=46–50|date=2023-02|issn=1476-5489|doi=10.1038/s41443-022-00606-z|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41443-022-00606-z|consulté le=2024-05-11}}</ref>.
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{{citation|Y a-t-il deux sexes, et seulement deux sexes dans l’espèce humaine<ref>{{Lien web |auteur1=[[Colette Chiland]] |titre=Transgression et identité sexuée |url=https://www.cairn.info/transgression--9782130575627-page-13.htm |accès url=libre |site=Cairn |date=2009 |consulté le=25 avril 2023}}.</ref> ?}}, demande [[Colette Chiland]].
 
Le développement prénatal est contrôlé par des facteurs génétiques et hormonaux. À la {{7e}} semaine du développement prénatal, la gonade se différencie en testicule ou en ovaire. Les canaux de Muller sont à l’origine des voies génitales fémininesfemelles et les canaux de Wolff sont à l’origine des voies génitales masculines<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=[[Pierre Jouannet]] |titre=Développement et fonction des organes génitaux |url=https://www.cairn.info/mon-corps-a-t-il-un-sexe--9782707173584-page-64.htm |accès url=libre |site=Cairn |date=2015 |consulté le=25 avril 2023}}.</ref>.
 
La différenciation sexuelle est déterminée par les chromosomes [[Chromosome X|X]] et [[Chromosome Y|Y]], et en particulier par le gène [[SRY]] du chromosome Y.  Des variations du [[Embryogenèse humaine|développement de l'embryon]] peuvent conduire à des [[phénotype]]s qui sortent de la bicatégorisation mâle-femelle. Il est ainsi possible qu'un individu présentant des chromosomes XX développe un phénotype qui correspond aux normes du masculin. Inversement, un individu peut présenter la combinaison XY et présenter des caractères sexuels qui correspondent aux normes du fémininfemelle<ref name=":0">{{Article |langue=en |titre=How Science Is Helping Us Understand Gender |périodique=National Geographic |date=2016-12-19 |lire en ligne=https://www.nationalgeographic.com/magazine/2017/01/how-science-helps-us-understand-gender-identity/ |consulté le=2018-02-23}}.</ref>{{référence insuffisante}}. Le gène SRY peut apparaître sur le chromosome X, conduisant à un embryon XX, qui développe l'anatomie dite masculine et qui est assigné à la naissance garçon. Le gène SRY peut être manquant ou présenter une variation de fonctionnement, conduisant à un embryon XY qui ne développe pas de pénis long et qui est assigné à la naissance fille. Ce phénomène déclenche une forte tension dans le tournant médical vers l’abolition prénatale de l’existence intersexe<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Janik Bastien Charlebois |titre=Femmes intersexes |url=https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2014-v27-n1-rf01435/1025425ar/ |accès url=libre |site=Érudit |date=2014 |consulté le=25 avril 2023}}.</ref>.
 
Il existe des variations où l'un des chromosomes sexuels est en double voire en triple, par exemple, le [[syndrome 47,XYY]] et le [[syndrome de Klinefelter]]. Le syndrome de Klinefelter est un phénomène qui affecte les personnes assignées garçons ayant un chromosome X supplémentaire (XXY au lieu de XY), présentant une grande variabilité d'expression avec un signe constant, l'infertilité<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Syndrome de Klinefelter - Problèmes de santé infantiles |url=https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/probl%C3%A8mes-de-sant%C3%A9-infantiles/anomalies-chromosomiques-et-g%C3%A9n%C3%A9tiques/syndrome-de-klinefelter |site=Manuels MSD pour le grand public |consulté le=2024-03-01}}.</ref>. À l'adolescence, ils peuvent avoir une poussée mammaire, un corps plus grand que la moyenne, peu musclé et aussi avoir des organes génitaux peu développés<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Michel Dorais |titre=Article de revue Santé mentale au Québec |url=https://www.erudit.org/fr/revues/smq/2015-v40-n3-smq02336/1034910ar/ |site=Érudit |date=29 janvier 2016 |consulté le=25 avril}}.</ref>. Parfois, seulement une certaine proportion des cellules de l'individu sont affectées par une variation atypique des chromosomes sexuels ; on parle alors de chromosomes sexuels « en [[Mosaïque (génétique)|mosaïque]] ». D'autres variations ne sont pas liées aux chromosomes : l'insensibilité complète ou partielle aux androgènes chez les personnes XY<ref name=":0" />, l'[[hyperplasie congénitale des surrénales]], les [[hypospadias]], l'absence de vagin et/ou d'utérus chez les personnes XX, ou encore les taux d'hormones atypiques comme c'est le cas dans le [[Syndrome de Stein-Leventhal|syndrome des ovaires polykystiques]] (SOPK), qui peuvent entraîner des caractères sexuels secondaires atypiques (des personnes XX présentant une pilosité faciale importante, ou des personnes XY qui présentent une poussée mammaire).
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=== Antiquité ===
[[Fichier:Hermaphrodite 02.jpg|vignette|Hermaphrodite, fils d'Hermès et d'Aphrodite. Sculpture (130-150 après J.-C.), d'après Polyclès. Louvre-Lens (2013)]]
Plusieurs cas sont rapportés par les auteurs antiques en Grèce ou à Rome de personnes assignées au sexe fémininfemelle et éduquées comme des filles, avant qu'à la puberté elles ne développent des organes génitaux masculins. Elles sont alors considérées comme des garçons, changent de prénom et endossent les rôles associés aux hommes<ref name=":8"/>. Sandra Boehringer explique ces cas par une "malformation" génitale à la naissance. Les hormones à la puberté conduisent à une croissance des organes sexuels de ces personnes<ref name=":8"/>. Ces cas sont toujours des « garçons » qui sont considérés initialement des « filles » : dans la société romaine, l'absence de pénis conduit les parents à déclarer leur enfant de sexe fémininfemelle, qui représente le sexe par défaut. Cette assignation sexuelle repose sur l'observation des organes génitaux<ref name=":8"/>.
 
=== Corée ===
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Selon la philosophe Carrie Hull, qui a critiqué les méthodes de collecte et d'interprétation des données d'Anne Fausto-Sterling, l'estimation se situe à 0,37 % de la population<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Carrie L.|nom1=Hull|prénom2=Anne|nom2=Fausto‐Sterling|titre=Letter to the Editor|périodique=American Journal of Human Biology|volume=15|numéro=1|date=2003|issn=1520-6300|doi=10.1002/ajhb.10122|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ajhb.10122|consulté le=2019-01-10|pages=112–116}}.</ref>. Leonard Sax parvient quant à lui à une proposition de 0,018 % de personnes intersexuées dans la population<ref name="Sax">{{Article|langue=en|prénom1=Leonard|nom1=Sax|titre=How common is lntersex? A response to Anne Fausto‐Sterling|périodique=Journal of Sex Research|volume=39|numéro=3|date=2002-08|issn=0022-4499|issn2=1559-8519|doi=10.1080/00224490209552139|lire en ligne=https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00224490209552139|consulté le=2018-11-14|pages=174–178}}.</ref>.
 
Un article de l’{{lang|en|''American Journal of Human Biology''}} publié en 2000 et faisant la synthèse de la littérature médicale publiée entre 1955 et 2000 dresse des statistiques détaillées pour les différents critères possibles d'écart par rapport à un idéal-type masculinmâle/fémininfemelle et conclut qu'environ 2 % des naissances sont concernées<ref>{{en}} [http://med.brown.edu/faculty/f/afs/Articles/Blackless2000.pdf {{lang|en|''Melanie Blackless''}}, Anthony Charuvastra, Amanda Derryck, Anne Fausto-Sterling, Karl Lauzanne et Ellen Lee, 2000, « {{lang|en|''How sexually dimorphic are we? Review and synthesis''}} », in {{lang|en|''American Journal of Human Biology''}}, 12, {{p.|151-166}}{{pdf}}] (en ligne sur la page d'[[Anne Fausto-Sterling]], sur le site de l'[[université Brown]]). Fichier pdf consulté le 16 octobre 2010.</ref>.
 
Le tableau suivant donne un aperçu de certains chiffres de prévalence de certaines variations du développement sexuel (liste non exhaustive) :
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