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Certains critiques toutefois rappellent qu'il serait injuste de ne voir que ses défauts. Son obsession est justifiée par la situation : le cynisme de Mr Bennet n'empêchera pas Mr Collins d'hériter de Longbourn. Elle, au moins, à la différence de son mari, pense à l'avenir de ses filles en cherchant à les placer socialement<ref>{{harvsp|Lydia Martin|2007|p=67}}</ref>. Dans un environnement où les demoiselles à marier sont nombreuses (tous les voisins, les Long, les Lucas, ont des filles ou des nièces à marier) et les partis intéressants rares, elle est beaucoup plus attentive à la compétition que lui<ref name="Bottomer_64">{{harvsp|Phyllis Ferguson Bottomer|2007|p=64}}</ref> et a, en quelque sorte, saturé le marché. Elle ne néglige donc pas ses filles, alors que lui se contente de les traiter toutes de {{citation|bêtes et ignorantes comme toutes les filles}}, et de s'enfermer égoïstement dans sa bibliothèque<ref name="Bottomer_83"/>. Déçu par son « intelligence médiocre » il s'amuse à la déconcerter avec son « humour sarcastique », mais il accroit l'anxiété de son « caractère inégal » en refusant d'accéder à des demandes légitimes : pourquoi lui dire qu'il n'ira pas visiter Bingley à son arrivée dans le pays, alors qu'il a la ferme intention de le faire ? Et quand elle se révolte contre l'injustice de l’''[[entail]]'', pourquoi lui rétorquer : {{citation|il faut espérer que je vous survivrai}} ? Elle est bien consciente qu'il prend plaisir à la contrarier et n'éprouve {{citation|aucune compassion pour [ses] pauvres nerfs}}. Pas assez intelligente pour comprendre sa tournure d'esprit et insatisfaite elle-même, elle {{citation|se considérait comme dépressive}} ({{citation étrangère|lang=en|fancied herself nervous}}) dit la narratrice. Elle souffre réellement de l'indifférence moqueuse, de l'insensibilité, du manque d'empathie de son mari et se sent incomprise<ref>{{harvsp|Phyllis Ferguson Bottomer|2007|p=84}}</ref> ; son goût pour les visites et le bavardage est une consolation, un réconfort (''{{lang|en|solace}}'') de femme mal mariée.
 
Mais, parce qu'elle est sotte, la narratrice est [[impitoyable]] et semble prendre le même malin plaisir que Mr Bennet à se moquer d'elle et à noter toutes ses interventions ridicules<ref name="Analysis">{{lien web|url=http://www.sparknotes.com/lit/pride/canalysis.html|titre=Analysis of Major Characters|site=SparkNotes}}</ref>. Elle ne lui pardonne ni sa sottise ni ses interférences maladroites, ses remarques absurdes et ses prétentions foncièrement égoïstes. Lorsque Jane lui demande d'éprouver un peu de reconnaissance à l'égard de son frère, à qui le mariage de Lydia coûte bien cher, elle lui rétorque que s'il n'avait pas eu d'enfants, c'est elle et ses filles qui auraient hérité de tous ses biens, et qu'à part quelques petits cadeaux, il n'a jamais été vraiment généreux jusqu'à présent{{note|Citation originale : {{Citation étrangère|langue=en|If he had not had a family of his own, I and my children must have had all his money, you know; and it is the first time we have ever had anything from him, except a few presents}}<ref name="harvsp Austen p267"/>.|group=C}}. Le mariage de Lydia ne la satisfait pas autant qu'elle l'aurait voulu, car sa fille ne reste pas assez longtemps près d'elle pour qu'elle puisse continuer à parader auprès de l'entourage : {{Citation étrangère|langue=en|Lydia does not leave me because she is married, but only because her husband's regiment happens to be so far off. If that had been nearer, she would not have gone so soon}}<ref>{{harvsp|Jane Austen|1853|p=288}}</ref>, et si elle a pu avec bonheur {{citation|se débarrasser de ses filles les plus méritantes}} ({{Citation étrangère|langue=en|Happy for all her maternal feelings was the day on which Mrs. Bennet got rid of her two most deserving daughters}}) celui de Jane ne satisfera son « orgueil ravi » que pendant l'année que les Bingley passent à Netherfield<ref name="austen-337">{{harvsp|Jane Austen|1853|p=337}}</ref>.
 
Mrs Bennet n'est pas mieux traitée par Jane Austen que Lady Catherine qui montre le même manque de goût, autant de prétention égoïste et fait des interférences aussi ridicules. Son impolitesse de riche et orgueilleuse aristocrate fait honte à son neveu comme la vulgarité de sa mère irrite Elizabeth<ref>{{harvsp|Emily Auerbach|2004|p=158-159}}</ref>. Pour Jane Austen, rien n'excuse la bêtise qui existe à tous les niveaux de la société<ref name="Analysis"/>.
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Selon William et Richard Arthur Austen-Leigh, le personnage de Collins a été inspiré à Jane Austen par une personne réelle, le [[Pasteur protestant|révérend]] Samuel Blackall, qui lui a fait une cour maladroite et pesante en 1797<ref>{{Ouvrage|titre=Jane Austen, a Family Record|éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=iIjEPWg29PMC&printsec=frontcover&dq=Jane+Austen%3A+A+Family+Record}} p. 268</ref>. Mais le révérend Edward Cooper, le fils de Jane Leigh, sœur [[Cassandra Austen (née Leigh)|de sa mère]], un homme insensible et pompeux dont Jane évoque avec répulsion les {{citation|lettres de cruel réconfort}} peut aussi avoir inspiré le personnage de Collins<ref>{{harvsp|Valerie Grosvenor Myer|1997|p=127}}</ref>.
[[Fichier:P&P14-Collins lit Fordice.JPG|upright=0.8|alt=un clergyman tient un gros in-folio, et lève la tête, l'air surpris, car une jeune fille l'a interrompu|thumb|Mr Collins « divertit » ses cousines en leur lisant un sermon de Fordyce « avec une monotone solennité » (C. E. Brock, 1895).]]
Âgé de 25 ans, Collins est grand, balourd, guindé. Élevé par un père autoritaire, illettré et avare, il est, précise la narratrice, {{citation|dépourvu d'intelligence, et ni l'éducation ni l'expérience ne l'[ont] aidé à combler cette lacune de la nature}}. Son étrange lettre d'introduction, ses compliments pesants et [[cliché|stéréotypés]], ses excuses à rallonge, son sérieux pontifiant en font un personnage [[ridicule]], mais parfaitement inconscient de l'être et au contraire très sûr de lui<ref>{{ harvsp|Phyllis Ferguson Bottomer|2007|p=39}}</ref>. Il a l'intention, louable à ses yeux, de réparer l'injustice qu'il cause aux Bennet en épousant une de ses cousines. Pour ce faire, il respecte l'ordre de primogéniture, c'est-à-dire que seules Jane puis Elizabeth attirent son attention, alors que [[#Mary|Mary]], qui par certains aspects lui ressemble beaucoup, est la seule à le regarder avec intérêt. Pour un homme projetant de se marier, il se montre incapable de se rendre agréable aux jeunes filles, dont il remarque avec aigreur qu'elles sont souvent peu intéressées par les livres sérieux : il leur lit, d'une voix monotone et pompeuse, les ''Sermons'' de [[James Fordyce|Fordyce]]<ref>{{ harvsp|Phyllis Ferguson Bottomer|2007|p=40}}</ref>.
 
William Collins fait preuve à l'égard de Lady Catherine de Bourgh, son orgueilleuse patronne, d'une servilité allant jusqu'à l'abjection, tout en ayant {{citation|une très haute opinion de lui-même, de son autorité pastorale et de ses droits paroissiaux}}{{note|Citation originale : {{citation étrangère|langue=en|a very good opinion of himself, of his authority as a clergyman and his right as a rector}}<ref name="Austen61">{{harvsp|Jane Austen|1853|p=61}}</ref>.|group=C}}, ce qui fait cohabiter dans sa personnalité un improbable {{Citation|mélange d'orgueil et d'obséquiosité, de vanité et d'humilité}}{{note|Citation originale : {{citation étrangère|langue=en|altogether a mixture of pride and obsequiousness, self importance and humility}}<ref name="Austen61"/>.|group=C}}. Pénétré de la condescendante bienveillance qu'elle lui montre, il est ravi de faire admirer à Elizabeth, lorsqu'elle vient à Hunsford, ce qu'elle a si dédaigneusement refusé. Il ne peut imaginer qu'elle puisse être insensible à l'honneur d'être {{citation|introduite dans une société vraiment supérieure}}, et qu'elle est seulement curieuse de voir comment s'en sort son amie Charlotte<ref name="Bottomer_47">{{ harvsp|Phyllis Ferguson Bottomer|2007|p=47}}</ref>. Celle-ci, qui a pris la mesure de la solennelle bêtise de son mari, se montre capable de le diriger adroitement, ou de feindre d'ignorer ses sottes remarques<ref>{{ harvsp|Phyllis Ferguson Bottomer|2007|p=45-46}}</ref>.
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