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Khrenov souligne également l'importante [[intertextualité]] du film, qui, selon lui, contient des références et des allusions non seulement aux premières œuvres de Kalatozov et de l'art d'avant-garde soviétique des années 1920 sur des thèmes révolutionnaires, mais aussi du cinéma occidental. La scène où Enrico tente d'approcher un policier pour lui jeter une pierre renvoie, selon les critiques, à la sculpture d'[[Ivan Chadr]] ''[[Le pavé, c'est l’arme du prolétaire]]''<ref>{{lien web|url=https://www.cuem.info/?page_id=495#:~:text=La%20r%C3%A9f%C3%A9rence%20au%20%C2%AB%20pav%C3%A9%20%C2%BB%20n,l'arme%20du%20prol%C3%A9taire%20%C2%BB.|titre=La défaite de l’URSS. Le devenir des communistes russes|auteur=Michel Gruselle|site=Cercle universitaire d'études marxistes}}</ref> (Булыжник — оружие пролетариата, 1927){{sfn|Velitchko|Rogatchevski|2020|p=110-111}}. En outre, ces plans, où Enrico, mortellement blessé, continue de marcher pendant un certain temps avec la pierre à la main, rappellent un dispositif similaire du film d'[[Alexandre Dovjenko]]. Les funérailles bondées du héros assassiné seraient également tournées dans l'esprit de l'éminent réalisateur soviétique ukrainien{{sfn|Khrenov|2010|p=81}}, et le panorama et la perspective de cette scène rappellent la photographie ''Rassemblement pour une manifestation'' (Сбор на демонстрацию, 1928) d'[[Alexandre Rodtchenko]], connu pour ses expérimentations sur les points et les angles{{sfn|Velitchko|Rogatchevski|2020|p=111}}. Selon les critiques, certaines scènes font référence aux œuvres de [[Sergueï Eisenstein]]. Par exemple, la continuité avec le ''[[Le Cuirassé Potemkine|Cuirassé Potemkine]]'' a été soulignée à plusieurs reprises, ce qui a été clairement démontré dans les plans d'un rassemblement d'étudiants dans les escaliers de l'université de La Havane, qui renvoient à la célèbre scène de l'[[escalier du Potemkine]] du film d'Eisenstein{{sfn|Sinitsina|2010|p=89}}. Khrenov souligne le détail selon non fortuit que les paysages cubains et les gros plans des visages des personnages sur le ciel tropical évoquent des associations avec les plans correspondants du film inachevé d'Eisenstein, ''[[¡Que viva México! (film inachevé)|¡Que viva México!]]'' (1931-1932){{sfn|Khrenov|2010|p=81}}. Anatoli Golovnia a vu dans la représentation poétique des événements révolutionnaires et le pathos du film une continuité avec les œuvres des maîtres soviétiques des années 1920 : ''[[Octobre (film, 1928)|Octobre]]'' (1928) d'[[Sergueï Eisenstein|Eisenstein]], ''[[La Fin de Saint-Pétersbourg]]'' (1927) de [[Vsevolod Poudovkine]], ainsi que d'autres films de l'époque sur le même sujet{{sfn|Pogojeva|1965|p=24-25}}.
[[Fichier:Marcello_Mastroianni_et_Anouk_Aimée.jpg|vignette|[[Marcello Mastroianni]] et [[Anouk Aimée]] dans ''[[La dolce vita]]'' (1960). La scène où les deux personnages se rendent dans un bidonville a inspiré une scène semblable dans ''Soy Cuba''.]]
L'[[intertextualité]] du film est également représentée par des images et des références au cinéma occidental, avec lequel Kalatozov s'est familiarisé lorsqu'il travaillait en 1943-1945 aux États-Unis en tant que représentant plénipotentiaire du Goskino{{sfn|Kalatozov|1949|p=82}}{{,}}<ref>{{lien web|langue=ru|auteur=Valeri Fomine|url=https://www.kinozapiski.ru/ru/article/sendvalues/327/|titre=Ход событий послевоенной|site=kinozapiski.ru}}</ref>. Parmi ces références figuratives, on peut citer la scène du premier épisode où la prostituée Maria permet à un touriste américain de visiter son logement sordide dans un [[bidonville]]. Khrenov note que cet épisode est inspiré d'une des scènes d'ouverture du célèbre film de [[Federico Fellini]], ''[[La dolce vita]]'' (1960), où Marcello Rubini ([[Marcello Mastroianni]]), accompagné de sala riche petite amieprostituée Maddalena ([[Anouk Aimée]]), traverse sur une planche une flaque d'eau dans un quartier pauvre de Rome jusqu'à l'appartement de la prostituéeMaddalena{{sfn|Khrenov|2010|p=81}}. La célèbre scène de l'[[hôtel Capri]] de La Havane serait également influencée par le même film de Fellini, avec des épisodes [[Bohème|bohèmes]] et [[Décadence|décadents]] inspirés de ''La dolce vita''<ref name=Ebert />{{,}}{{sfn|id=MilestoneFilm|MilestoneFilm 2018|p=5}}. Une autre référence se trouve dans l'épisode de l'interrogatoire des rebelles, où les mercenaires de Batista demandent où se trouve [[Fidel Castro]], ce à quoi ils répondent tous : « Je suis Fidel », ce qui est une allusion au film ''[[Spartacus (film, 1960)|Spartacus]]'' (1960) de [[Stanley Kubrick]]. Dans l'intrigue de la production américaine, les rebelles menés par [[Spartacus]] subissent une défaite cuisante. Le consul romain [[Crassus]], qui les a capturés, promet aux captifs de les sauver de la [[crucifixion]] à condition qu'ils abandonnent leur chef, mais les esclaves refusent, se soulèvent et crient : « Je suis Spartacus ! », « Je suis Spartacus ! »{{sfn|Velitchko|Rogatchevski|2020|p=111}}. Les chercheurs notent que le plus grand nombre de références établies concernent le film d'[[Armand Gatti]] ''[[El otro Cristóbal]]'' (1963). Le dénouement du film du réalisateur français correspond à bien des égards à la mise en scène du début du film de son collègue soviétique. Ainsi, le panorama des palmeraies, vu du ciel, est accompagné d'un texte en [[voix hors champ]] : « C'était Cuba » par Gatti et « Je suis Cuba » par Kalatozov. Cependant, alors que dans le premier cas, il y a éloignement de l'île, dans le second cas, au contraire, il y a rapprochement. Toutes deux sont saturées de [[symbolisme religieux]], elles sont réunies par la référence au thème du [[Jésus-Christ dans l'art|Christ]] et de la [[Croix (christianisme)|croix]]. Les chercheurs prêtent attention au fait qu'une place importante y est également occupée par une composante politique commune, largement interprétée dans l'esprit de l'orientation [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] générale de ces œuvres : « Les deux films montrent des manifestations d'étudiants dispersées par des canons à eau, des policiers tirant sur des étudiants, des bombardements aériens de rebelles, des processions de deuil, le rôle disgracieux des Américains, les flaques d'eau et la boue des quartiers pauvres... »{{sfn|Velitchko|Rogatchevski|2020|p=111-112}}. De même, les deux productions présentent des caractéristiques visuelles hors du commun, dues au travail de chefs opérateurs hors pair. Ainsi, alors que ''Soy Cuba'' a été filmé par Ouroussevski, ''El otro Cristóbal'' a été tourné par [[Henri Alekan]], connu pour sa collaboration avec [[Abel Gance]], [[René Clément]], [[William Wyler]], [[Jean Cocteau]], [[Marcel Carné]] entre autres{{sfn|Velitchko|Rogatchevski|2020|p=108}}.
 
Le film, qui se compose de quatre romans non reliés par des personnages et une intrigue communs, a un ton publicitaire, un appel à la lutte contre un système injuste et l'image transversale de « Cuba ». C'est en son nom, en tant que « sorte d'être féminin souffrant et invisible, incarné par ses nombreux enfants, des Cubains rassemblés sous la bannière de Fidel », que sont prononcés des commentaires importants pour la compréhension du film{{sfn|Khrenov|2010|p=81-83}}. Le monologue le plus important est celui de la prémonition, qui se déroule dans un paysage côtier tropical avec une [[Croix monumentale|imposante croix catholique]] :
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