[[Fichier:ArmoiriesMichelDeMontaigne.svg|vignette|200px|Armoiries de Montaigne.<br />« Je porte d'azur semé de trèfles d'or, à une patte de lion de même, armée de gueules […] Quel privilège a cette figure pour demeurer particulièrement dans ma maison ? » (''Essais'', {{I}}, 46.).]]
==== Éducation familiale ====
« Le bon père que Dieu me donna m’envoya dès le berceau, pour que j’y fusse élevé, dans un pauvre village de ceux qui dépendaient de lui et m’y maintint aussi longtemps que j’y fus en nourrice et encore au-delà, m’habituant à la plus humble et à la plus ordinaire façon de vivre<ref name="Essais-III-13" />.» écrit Montaigne qui ajoute : <blockquote>« La pensée de mon père visait aussi à une autreautr fin : m’accorder avec le peuple et cette classe d’hommes qui a besoin de notre aide, et il estimait que je devais être obligé à regarder plutôt vers celui qui me tend les bras que vers celui qui me tourne le dos […] Son dessein n’a pas mal réussi du tout : je me dévoue volontiers envers les petits. »</blockquote>Père cultivé et tendre, Pierre Eyquem donne à son fils de retour au château une éducation selon les principes [[humanisme au XVIe siècle|humanistes]], en particulier inspirée du ''De pueris instituendis'' d’[[Érasme]], se proposant à l’époque de lui donner le goût de l’étude « par une volonté non forcée et de son propre désir<ref name="Essais-I-26">''Essais'', I, 26.</ref> ». L’enfant est élevé sans contrainte. La sollicitude paternelle va jusqu’à le faire éveiller « par un joueur d’[[Épinette (instrument de musique)|épinette]] » pour ménager ses sens fragiles. Vers deux ans, il quitte sa nourrice puis a pour précepteur domestique un [[médecin]] [[Allemagne|allemand]] nommé Horstanus, qui doit lui enseigner les [[humanités]] et entretenir l’enfant en [[latin]] seulement (seconde langue de toute l’élite européenne cultivée, comme une langue maternelle), règle à laquelle se plie également le reste de la maisonnée : <blockquote>« C’était une règle inviolable que ni mon père ni ma mère ni valet ni chambrière n’employassent, quand ils parlaient en ma compagnie, autre chose que des mots latins, autant que chacun en avait appris pour baragouiner avec moi. » </blockquote>La méthode réussit parfaitement : <blockquote>« Sans livre, sans grammaire, sans fouet et sans larmes, j’avais appris du latin — un latin aussi pur que mon maître d’école le connaissait. » </blockquote>Mais ajoute Montaigne, « j’avais plus de six ans que je ne comprenais pas encore plus de français ou de périgourdin que d’arabe »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alain Ruiz|titre=Présence de l'Allemagne à Bordeaux : du siècle de Montaigne à la veille de la Seconde Guerre mondiale|éditeur=Presses universitaires de Bordeaux|année=1997|passage=175-176|isbn=}}.</ref>. De plus, le maître latin, nostalgique, lui confie bien plus que des rudiments dans ses langues natales [[Tudesque|tudesques]], dialecte et langue noble confondues.
==== Formation humaniste (1540-1546) ====
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