« Mapuches » : différence entre les versions

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{{Infobox Groupe ethnique
[[Image:Mapuche du Chili et d'Argentine.gif|thumb|left|Localisation des Mapuches]]
| nom = Mapuche
Le terme de '''Mapuche''', littéralement « Peuple de la Terre » en [[Mapudungun (langue)|mapudungun]], désigne les communautés aborigènes de la zone centre-sud du [[Chili]] et de l'[[Argentine]], connues également sous le terme tombé en désuétude d''''Araucans'''.
| image = A family of Araucauians (Chile).jpg
| légende = Famille mapuche vers 1910.
[[Image:Flag of the Mapuches.svg|thumb|Drapeau mapuche]]
| region1 = {{Chili}}
[[Image:1897 mapuche 500.jpg|thumb|petite communauté mapuche, en 1897]]
| pop1 = {{formatnum:1745157}} env. (2017)<ref>{{lien web|url=https://resultados.censo2017.cl/|titre=Resultados Censo 2017 |éditeur=Institut national de statistique du Chili|consulté le=9 juin 2018}}</ref>
[[Image:Abb205Inneres einesIndianerhauses inChile.jpg|thumb|Intérieur et métier à tisser, Chili]]
| region2 = {{Argentine}}
[[Image:Mapuches en Tirua.jpg|thumb|Réunion mapuche à Tirúa, Chili]]
| pop2 = {{formatnum:205009}} env. (2010)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Institut national de statistique et de recensement (Argentine)|titre=Censo Nacional de Población, Hogares y Viviendas 2010 (tome 1)|lieu=Buenos Aires|éditeur=|date=octobre 2012|passage=281|isbn=978-950-896-421-2|lire en ligne=http://www.indec.gov.ar/ftp/cuadros/poblacion/censo2010_tomo1.pdf|consulté le={{1er}} octobre 2017}}</ref>
[[Image:Rewe.JPG|thumb|Rehue ; symbole sacré mapuche (Isla Teja, Chili)]]
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| ref1 =
| poptot = {{formatnum:2000000}} env.
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| origine = [[Cordillère des Andes]]
| langue = [[Mapudungun]], [[espagnol]]
| religion = [[Christianisme]] ([[catholicisme]] et [[évangélisme]]) adapté aux croyances traditionnelles
| groupe lié = [[Picunche]], [[Huilliche]],[[Pehuenche]], [[Chili]]ens
| carte = Mapuche du Chili et d'Argentine.gif
}}
Les '''Mapuches''' (littéralement « Peuple de la terre » en [[mapudungun]]) sont un groupe ethnique et peuple autochtone du [[Chili]] et d'[[Argentine]] formant plusieurs communautés, connues également sous le nom d'Araucans (cette dernière dénomination ayant été donnée par les [[Espagne|Espagnols]] aux autochtones peuplant originellement la [[Araucanie (région historique)|région historique d’Araucanie]])<ref name="PBravo">{{lien web|auteur=Patricia Bravo|titre= ¿La pobreza es una infiltrada? Pregunta alcalde mapuche de Tirúa|année=1999 |éditeur=Revista Punto Final|url = http://www.mapuche.info/news01/punto991029.htm |consulté le=16 mai 2007}}</ref>{{,}}<ref name="MEsquel">{{lien web|auteur= Municipalidad de Esquel |titre= Museo de culturas originarias patagónicas. Comunidad Nahuelpán. Estación del Ferrocarril|lieu=Esquel|url = http://www.esquel.gov.ar/gobierno/subcultura/museos.html |consulté le= 16 mai 2007}}</ref>. Au sens strict, le terme ''Mapuches'' désigne les Amérindiens habitant l’Araucanie ou Arauco, coïncidant ''grosso modo'' à l’actuelle [[Région de l'Araucanie|région administrative chilienne d'Araucanie]], c’est-à-dire les Araucans et leurs descendants ; dans un sens plus large, le terme englobe tous ceux qui parlent, ou parlaient naguère, la langue mapuche ou [[mapudungun]], y compris divers groupes autochtones ayant subi entre les {{s2-|XVII|e|XIX}} le processus dit d’''araucanisation'' par suite de l’expansion araucane à partir de l’Araucanie originelle (dans le Chili actuel) vers des zones sises à l’est de la [[cordillère des Andes]] (c’est-à-dire dans l’actuelle [[Argentine]]).
 
Selon le [[Recensement de la population|recensement]] officiel de 2002, les Mapuches représentent 4 % de la population chilienne (87,3 % du total des autochtones vivant au Chili), soit un peu plus de {{nombre|600000|personnes}}, mais d’autres statistiques donnent un nombre plus élevé. Ils vivent principalement dans les zones rurales de la région d’Araucanie ainsi que dans la [[région des Lacs]] et la [[région métropolitaine de Santiago]] (la capitale, [[Santiago|Santiago du Chili]]). On estime à environ {{formatnum:200000}} leur nombre en Argentine, répartis principalement sur la [[Provinces de l'Argentine|province]] de [[Province de Neuquén|Neuquén]], mais aussi sur celle de [[Province de Río Negro|Río Negro]] et de [[province de Chubut|Chubut]]<ref>{{article|langue=français|url= http://www.humanite.presse.fr/journal/2001-01-03/2001-01-03-237388|auteur= |titre= Le long combat des Indiens d’Argentine |périodique=[[L'Humanité]] |lieu=Paris |date= 3 janvier 2001}}</ref>. Les autres populations autochtones du Chili, moins nombreuses, sont [[aymaras]] et [[Rapa Nui (peuple)|rapa nuis]].
==Population mapuche==
Selon le recensement officiel de 2002, les Mapuches représentent 4% de la population chilienne (87,3% des indigènes), soit un peu plus de {{formatnum:600000}} personnes. D'autres statistiques en donnent un nombre plus élevé. Ils vivent principalement dans les zones rurales de la région de l'[[Región de la Araucanía|Araucanía]] ainsi que dans la [[Región de los Lagos|région des Lacs]] et la [[Región Metropolitana|région métropolitaine]] (autrement dit la capitale, [[Santiago du Chili]]).
 
Les Mapuches eurent à faire face d’abord aux visées expansionnistes des [[Empire inca|Incas]], qui réussirent certes à soumettre les groupes mapuches septentrionaux, appelés ''Picunches'' par les historiens, mais furent ensuite bloqués par la résistance mapuche à la hauteur du fleuve [[Maule (fleuve)|Maule]] (à {{unité|250|km}} environ, à [[Orthodromie|vol d'oiseau]], au sud de Santiago), après la lourde défaite de [[Tupac Yupanqui]] à la fin du {{s-|XV}}<ref>Jean Sellier, ''Atlas des peuples d'Amérique'', éd. La Découverte 2006, {{p.|30}}.</ref> ; puis, au {{s-|XVI}}, aux tentatives de conquête des [[conquistador]]s espagnols, qui venaient de renverser l’Empire inca (et du même coup assujetti les ''Picunches'') et trouvèrent face à eux les autres Mapuches établis entre la [[vallée de l'Aconcagua]] et le centre de l’[[île de Chiloé]]. La résistance du chef mapuche [[Lautaro]], qui avait appris la tactique et la stratégie militaires lorsqu’il était prisonnier des Espagnols, et dont les troupes possédaient une grande maîtrise du [[cheval]], et plus tard la rébellion de [[Pelantaro]] en 1602, aboutirent à fixer la frontière militaire entre Espagnols et Mapuches au niveau de la rivière [[Rio Biobío|Biobío]] (à {{unité|470|km}} environ au sud de Santiago) ; depuis lors, les Espagnols hésitaient à se risquer en territoire mapuche.
On estime à environ {{formatnum:200000}} leur nombre en Argentine, répartis principalement sur la province du [[Neuquén]], mais aussi sur celles de [[Río Negro]] et de [[Chubut]] <ref> [http://www.humanite.presse.fr/journal/2001-01-03/2001-01-03-237388 Le long combat des Indiens d’Argentine], ''[[L'Humanité]]'', 3 janvier 2001 </ref>. Les autres populations autochtones du Chili, moins nombreuses sont [[Aymara]]s et [[Rapa nui]]s.
 
Entre 1860 et 1880, les deux États de la région issus de la décolonisation, le Chili et l’Argentine, entreprirent à leur tour des guerres de conquête contre les Amérindiens (Mapuches et [[Patagons]]) qui vivaient au sud du continent dans des régions restées hors de leur contrôle et difficilement pénétrables, et viendront finalement à bout de la résistance mapuche, au terme de campagnes militaires connues respectivement sous le nom de ''[[Occupation de l'Araucanie|Pacification de l'Araucanie]]'' et de ''[[Conquête du Désert]]'', lesquelles entraînèrent la mort de milliers d’Amérindiens, en plus de la perte de leur territoire : les survivants furent en effet déportés vers des zones de faible superficie dénommées ''réductions'' (au Chili) ou ''réserves'' (''reservaciones'', en Argentine), tandis que le reste des terres fut déclaré bien national (en espagnol ''fiscal''), puis vendu à l’encan. À signaler aussi que l’élection (ou l’autoproclamation), en novembre 1860, du juriste [[Périgord|périgourdin]] [[Antoine de Tounens|Orélie Antoine de Tounens]] comme [[Royaume d'Araucanie et de Patagonie|roi de l'Araucanie]] avait alarmé les autorités chiliennes qui craignaient que cette poussée d’indépendantisme coupe géographiquement le pays en deux. Les Mapuches se sont ensuite peu à peu intégrés à la nation chilienne, même si des foyers de résistance ont poursuivi la lutte armée jusqu'à la fin du {{s-|XX}}.
==Communautés mapuches==
La culture mapuche s'est étendue aux communautés :
*'''[[Picunche]]s''' (peuple du nord). Ils vivaient entre les fleuves Choapa et Itata. Certains des leurs étaient intégrés à l'Empire [[Inca]]. Leur dialecte est connu sous le nom de ''chilidengu'' ou chilidungun''.
*'''[[Huilliche]]s''' (peuple du sud)
*'''[[Pehuenche]]s''' (peuple du [[Pehuén]] (pomme du pin), ils vivent dans les montagnes)
*'''[[Cunco]]s'''
*'''Mapuches''' (ou ''[[Araucans]]'', les protagonistes de la Guerre d'Arauco contre les [[Conquistadors]])
*'''[[Puelche]]s''' (peuple de l'est)
*'''[[Poya (Groupe ethnique)|Poyas]]'''
*'''[[Ranquel]]s''' (''Rankul-che'': peuple des cannes)
*'''[[Tehuelche]]s''' (ou ''Patagons'' selon les espagnols), pour la grande majorité des Tehuelches du nord (''Gününaküna'', en tehuelche) et une minorité de Tehuelches du sud (''Aonikenk'', en tehuelche).
*'''[[Lafquenche]]s''' (peuple de la côte)
 
Aux {{s2-|XX|XXI}}, les Mapuches subiront un processus d’[[acculturation]] et d’assimilation aux sociétés des deux États (argentin et chilien), mais au rebours duquel se feront jour des manifestations de résistance culturelle et éclateront çà et là des conflits parfois violents (avec mort d’homme) centrés autour de la propriété des terres, de la reconnaissance de leurs organisations et de la pratique de leur culture. En effet, le processus de ''récupération'' présente deux aspects : d’une part un retour aux racines culturelles (réapprentissage de la langue, remise en honneur de l’artisanat traditionnel etc.) et d’autre part la réappropriation de terres qualifiées d’ancestrales, mais détenues aujourd’hui, sur la foi de titres de propriété officiels sur les terrains concernés, par de grands domaines agricoles (''[[hacienda]]s''), des sociétés d’[[exploitation forestière]] (surtout au Chili), et par des multinationales du textile (telles que [[Benetton]] en Argentine)<ref>{{article|langue=es|url=https://elpais.com/especiales/2017/represion-mapuches-argentina/|auteur=Carlos E. Cué|titre=Benetton y los mapuches, batalla sin fin en la Patagonia argentina |périodique=[[El País]]|lieu=Mexico|date=2017|consulté le=8 mai 2018}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-US |nom=COHA |titre=Benetton in Patagonia – The Oppression of Mapuche in the Argentine South |url=https://www.coha.org/benetton-in-patagonia-the-oppression-of-mapuche-in-the-argentine-south/ |consulté le=2022-08-20}}</ref>. La population mapuche se plaint de [[Discrimination#Groupes_et_ethnies|discrimination raciale]] et sociale dans ses rapports avec le reste de la société<ref>{{article|auteur=María Eugenia Merino et Mauricio Pilleux|année= 2003|titre= El uso de estrategias semánticas globales y locales en el discurso de los chilenos no mapuche de la ciudad de Temuco|périodique= Estudios filológicos|numéro=38|page=111-119|lieu= Valdivia|issn= 0071-1713|oclc=760403293|url= http://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0071-17132003003800007|consulté le =24 août 2013}}</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur= José Luis Saiz, María Eugenia Rapimán et Antonio Mladinic|année= 2008|titre= Estereotipos sobre los mapuche: su reciente evolución|périodique= Psykhe|volume= 17|numéro= 2|page= 17-40|lieu= Santiago |issn= 0718-2228|url= http://www.scielo.cl/scielo.php?pid=S0718-22282008000200003&script=sci_arttext| consulté le=24 août 2013}}</ref>{{,}}<ref name="LNPobM">{{article|auteur=Cristina Espinoza|année= 21 septembre 2010|titre= Mapuche en La Araucanía son económicamente más pobres|périodique=La Nación|url= http://www.lanacion.cl/mapuche-en-la-araucania-son-economicamente-mas-pobres/noticias/2010-09-20/181744.html| consulté le=24 août 2013}}</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur=María Eugenia Merino|année= 2007|titre= El discurso de la discriminación percibida en Mapuche de Chile|périodique=Discurso y sociedad|volume= 1|numéro= 4|page= 604-622|issn= 1887-4606|url= http://www.dissoc.org/ediciones/v01n04/DS1%284%29Merino.pdf|consulté le=24 août 2013}}</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur=Antonia Valencia|année=28 novembre 2005|titre=Solo por ser "indio"| périodique=La Nación|url= http://www.mapuche.nl/espanol/labores0511.htm|consulté le=24 août 2013}}</ref>, et selon les statistiques officielles, leur [[Indicateur de pauvreté|indice de pauvreté]] est plus élevé que la moyenne nationale chilienne<ref>{{lien web|éditeur= Ministerio de Planificación. Gobierno de Chile|titre=CASEN 2009. Encuesta de Caracterización Socioeconómica Nacional|page= 7, 13|lieu = Santiago|date=2009|url= http://www.ministeriodesarrollosocial.gob.cl/casen2009/RESULTADOS_CASEN_2009.pdf|consulté le=24 août 2013|archive-url= https://web.archive.org/web/http://www.ministeriodesarrollosocial.gob.cl/casen2009/RESULTADOS_CASEN_2009.pdf|archive-date={{1er}} décembre 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur=Rodrigo Cerda|année= 2009|titre= Situación socioeconómica de los mapuche| périodique= Puntos de referencia|lieu= Santiago|éditeur=Centro de Estudios Públicos|url= http://www.cepchile.cl/dms/archivo_4465_2604/pder314_cerda.pdf|consulté le=24 août 2013}}</ref>{{,}}<ref name="LNPobM"/>.
==Histoire==
Originaires des [[Cordillère des Andes|Andes]] chiliennes, ils ont propagé leur culture aux tribus [[Het (peuple)|het]] et [[tehuelche]]s, de la [[Pampa]] à la [[Patagonie]] argentine, entre le {{XVIIIe s}} et le {{XIXe siècle}}s. Ni les [[Incas]] ni les [[Conquistador]]s ne réussirent à les soumettre. Cette formidable résistance a inspiré le fameux poème épique ''La Araucana''<ref>[[s:es:La Araucana|La Araucana sur Wikisource]]</ref> (1569, 1578 y 1589) d'Alonso de Ercilla.
 
Le système économique traditionnel, basé sur la chasse et l’[[horticulture]], a cédé le pas, aux {{s2-|XVIII|XIX}}, à une économie [[Agriculture|agricole]] et d’[[élevage]], les Amérindiens se convertissant dès lors, après l’implantation forcée sur des terrains à eux assignés par le Chili et l’Argentine, en un peuple de paysans voué à l’heure actuelle (2018) à une grande fragmentation culturelle, à un morcellement de la propriété, et à une migration vers les grandes villes par les générations plus jeunes, qui a eu pour effet de faire des Mapuches une population aujourd’hui majoritairement urbaine, établie principalement à Santiago du Chili et à [[Temuco]], quoique préservant des liens plus ou moins serrés avec ses communautés d’origine.
La résistance de [[Lautaro]], qui apprit la tactique et la stratégie militaires lorsqu'il était prisonnier des Espagnols, et plus tard la rébellion de [[Pelantaro]] en 1602, ont fixé la frontière militaire entre Espagnols et Mapuches au niveau de la rivière [[Biobío]]. Les Espagnols ne se risqueront plus trop en territoire mapuche.
 
{{Sommaire|niveau=2}}
Vers 1880, l'Argentine et le Chili entreprirent des guerres de conquête contre les Indiens (Mapuches et Patagons) qui vivaient au sud du continent dans des régions incontrôlées et difficilement pénétrables. Ces guerres d'extermination qui firent des dizaines de milliers de morts parmi les Indiens poursuivaient aussi un autre objectif: l'accès à la bi océanité. Le Chili voulait s'ouvrir sur l'Atlantique par le sud et l'Argentine sur le Pacifique, là aussi par le sud. Finalement, la frontière fut stabilisée dans sa forme actuelle à la fin du XIXe siècle.
 
== Étymologie ==
Après l'Indépendance, l'autoproclamation d'[[Orélie Antoine de Tounens]] en tant que ''Roi de l'Araucanía'' alarma les autorités chiliennes qui craignaient que cet poussée d'indépendantisme coupe géographiquement le pays en deux. Cornelio Saavedra entreprit alors la ''Pacification de l'Araucanía'', une série de campagnes militaires de conquête et d'extermination qui débouchèrent sur la soumission complète des Mapuches en [[1882]]. Les Mapuches se sont ensuite peu à peu intégrés à la nation chilienne, même si des foyers de résistance ont poursuivi la lutte armée jusqu'à la fin du {{XXe siècle}}.
 
Le mot par lequel les Araucans se désignent eux-mêmes dans leur propre langue (le mapuche ou le [[Mapudungun|mapudungún]]) est Mapuche, ou ''mapunche'', terme composé de ''mapu'', « terre, pays », et de ''che'', « personne, gens », soit donc « gens de la terre », « natif »<ref name="Salas">{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Adalberto Salas|titre=El mapuche o araucano|sous-titre=fonología, gramática y antología de cuentos|lieu=Madrid|éditeur=Mapfre|année=1992|pages totales=398|passage=30-32|isbn=84-7100-441-0}}</ref>. À l’opposé, les étrangers arrivés d’Europe ainsi que leurs descendants sont appelés ''wingka''. En certains endroits, les termes de Mapuche et de ''mapunche'' s’utilisent avec une légère différence de sens{{laquelle}}. Jusqu’au {{s-|XVIII}} aurait également existé chez les membres de l’ethnie l’autodénomination ''che'', « gens »<ref name="GS">{{article|auteur=Gilberto Sánchez|titre= ¿Cómo se autodenominaban los mapuches y cómo llamaban a su suelo natal (patria, país) y a su lengua, durante la colonia?|périodique= Historia indígena|numéro=10|page= 7-28|lieu= Santiago|éditeur= Departamento de Ciencias Historiques, [[université du Chili]]|année=2007|url= http://www.revistahistoriaindigena.uchile.cl/index.php/RHI/article/download/40261/41815|consulté le=5 avril 2017}}</ref>, et Mapu<ref name="GS"/>, « terre », Peuple de la terre<ref>María del Milagro Lee Arias signale dans ses [https://web.archive.org/web/http://www.indigenas.bioetica.org/not/nota27.htm ''Breves notas de la etnohistoria del pueblo mapuche''] que {{citation|lorsque Pedro de Valdivia fonda la ville de Santiago le {{date|12 février 1541}}, les groupes autochtones qui peuplaient le centre-sud du territoire alors appelé ''Nueva Extremadura'' n’étaient pas à proprement parler mapuche, mais des ''reche'' — gens purs, Indien du Chili (Valdivia 1606) —. Ces groupes ''reche'' donneront naissance, par un processus d’ethnogénèse qui reconfigurera leur identité ethnique, aux Mapuches actuels au milieu du {{s-|XVIII}} (en 1760 approximativement).}}</ref>.
Dans la zone argentine, la pacification menée par le futur président argentin [[Julio Argentino Roca]] fut également cruelle.
 
La dénomination ''aucas'' proviendrait du mot [[quechua]] ''awqa'', « sauvage » ou « rebelle », « ennemi », qui leur aurait été appliqué par les [[civilisation inca|Incas]] ou par les Espagnols ; selon les chroniqueurs, les Incas avaient déjà nommé ''[[Promaucaes|purumauca]]'' la population habitant au sud du [[río Cachapoal]], et les Espagnols auraient, pour désigner celle-ci, simplement adopté la dénomination ''auca''<ref name="Salas"/>.
 
La désignation ''Araucans''<ref name="PBravo"/>{{,}}<ref name="MEsquel"/>{{,}}<ref>À ce propos, Fernando Zúñiga indique dans une note de bas de page de son ouvrage ''Mapudungun. El habla mapuche'' : {{citation|L’origine de l’ancienne dénomination ''araucanos'' reste matière à controverse.|Zúñiga (2006), {{p.|29}}.}}</ref> a été le terme prédominant dans l’[[historiographie]] pendant toute la période s’étendant des premiers contacts avec les Espagnols jusqu’au {{s-|XIX}} approximativement, et continue d’être en usage, mais n’est pas acceptée par les Mapuches eux-mêmes. Le nom ''Araucan'' constitue sans doute le [[gentilé]] des habitants d’''[[Araucanie (région historique)|Arauco]]'', nom donné par les Espagnols au territoire qu’ils habitaient alors en peuple indépendant et dont l’[[étymologie]] reste discutée<ref name="SalasM">{{lien web|auteur=Adalberto Salas|titre= Mapuche o araucano (mapudungun) |url=http://www.serindigena.org/territorios/recursos/biblioteca/monografias/lenguas/monografia_lenguas_mapuche2.htm |consulté le=23 août 2009|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.serindigena.org/territorios/recursos/biblioteca/monografias/lenguas/monografia_lenguas_mapuche2.htm|archive-date={{1er}} décembre 2015}}</ref>. Il a été postulé que ''Arauco'' résulte d’une [[hispanisation]] du mot mapuche ''ragko'', « eau [[grès (géologie)|gréseuse]] », que les Espagnols auraient utilisé pour les habitants d’un site ainsi appelé et qui par la suite aurait été étendu, par [[métonymie]], à toutes les autres peuplades de la zone<ref>{{lien web|url=http://www.cervantesvirtual.com/servlet/SirveObras/01305064222793051977024/p0000002.htm#I_24_|titre=Diego Barros Arana, Historia general de Chile. Chapitre troisième.}}</ref> ; aujourd’hui encore, la région chilienne à proximité de [[Concepción (Chili)|Concepción]], au sud du fleuve [[Rio Biobío|Biobío]], s’appelle officiellement [[province d'Arauco]].
 
Les Mapuches rejettent l’usage du nom ''Araucan'', car il s’agit d’une dénomination étrangère, attribuée par leurs ennemis. En revanche, le mot ''awqa'' fut bien adopté par les Mapuches, sous la forme ''awka'', avec le sens d’« indomptable, rebelle, vaillant »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Fernando Zúñiga|titre=Mapudungun. El habla mapuche|lieu=Santiago|éditeur=Centro de Estudios Públicos|année=2006|pages totales=402|isbn=956-7015-40-6}}</ref>, les Mapuches acceptant cette fois de l’appliquer à eux-mêmes<ref name="Adelaar">{{Ouvrage|auteur1=Willem Adelaar|titre=The Languages of the Andes|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2004|pages totales=718|isbn=978-0-521-36275-7}}</ref>.
 
== Composition et répartition géographique actuelles ==
 
[[Fichier:Urville-Araucanians.jpg|vignette|redresse|Portrait de femmes mapuches brossé par l’explorateur français [[Jules Dumont d'Urville|Dumont D'Urville]] en 1842.]]
 
=== Au Chili ===
 
D’après le [[Recensement de la population|recensement]] chilien de la population de 2002, {{nombre|604349|personnes}} dans ce pays se déclaraient appartenant au peuple mapuche, ce qui représente approximativement 4 % de la population totale et 87,3 % de la population amérindienne totale du pays. Ils vivent principalement en [[Région de l'Araucanie|Araucanie]] (33,6 %) et dans la [[région métropolitaine de Santiago]] (30,3 %) et, en moindre nombre, dans les régions du [[Région du Biobío|Biobío]] (8,8 %), des [[Région des Lacs|Lacs]] et des [[Région des Fleuves|Fleuves]] (16,7 % pour ces deux dernières prises ensemble).
 
Cependant, le recensement de 1992 avait enregistré {{formatnum:932000}} Mapuches (de plus de {{nobr|14 ans}} ; si l’on avait inclus les personnes en dessous de cet âge, le chiffre se serait élevé à {{formatnum:1281651}})<ref>{{lien web|url=http://mingaonline.uach.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-17952000000100001&lng=es&nrm=iso
|titre=Notas sobre la población Mapuche actual|auteur=Alejandro Saavedra Peláez|éditeur= Minga Online ([[Université australe du Chili|UACh]])|consulté le=2009}}</ref>. Cette baisse de quelque 30 % de la population mapuche en une décennie a fait l’objet de diverses tentatives d’explication : certains soutiennent qu’il s’agit d’un « génocide statistique »<ref name="Calquin">{{lien web|url=http://www.mapuexpress.net/?act=publications&id=174|titre=Entrevista a la dirigente mapuche Eugenia Calquín|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.mapuexpress.net/?act=publications&id=174|archive-date=9 avril 2017}}</ref>, alors que pour d’autres, ce serait là un « génocide bureaucratique » visant à délégitimer les revendications autochtones<ref>''[http://www.gfbv.it/3dossier/ind-voelker/mapuche-es.html El genocidio burocrático, de Sabina Bassani]'', Benedicto Melin, président régional des communautés mapuches au Chile, parle de « génocide bureaucratique », puisque selon les estimations des Mapuches eux-mêmes, ils sont aux alentours de {{nombre|1400000|personnes}}.</ref>, mais pour d’autres encore, cette chute d’effectifs s’expliquerait par des différences dans les questions du recensement, sans intentions socio-politiques.
 
D’après plusieurs [[Organisation non gouvernementale|ONG]], la population mapuche résidant actuellement au Chili se situerait entre {{formatnum:800000}} et {{nombre|1400000|personnes}}, selon que l’on inclut ou non ceux uniquement qui ont conservé leur culture ou revendiquent leur héritage. Ainsi p.ex. l’enquête officielle ''Casen'' ([[Acronymie|acronyme]] de ''Encuesta de Caracterización Socioeconómica Nacional''), organisée tous les deux ou trois ans par le ministère chilien des Affaires sociales, ne comptabilisa-t-elle que {{formatnum:625005}} Mapuches en 2006<ref>{{lien web|url= http://www.iwgia.org/sw38985.asp|titre= Los pueblos indígenas de Chile}}</ref>. Les organisations autochtones pour leur part estiment à un million et demi le nombre de Mapuches au Chili<ref name="Calquin"/>.
 
=== En Argentine ===
 
En Argentine, les Mapuches ou Araucans constituent le peuple autochtone le plus nombreux, encore que leurs effectifs soient environ dix fois inférieurs à ceux du Chili.
 
Il a été calculé sur la base de l’''Enquête complémentaire sur les peuples autochtones'' (en espagnol ''Encuesta Complementaria de Pueblos autochtones'', [[sigle]] ECPI) de 2004-2005, effectuée sur demande de l’État argentin par l’Institut national argentin de statistique et de recensement (l’INDEC, selon son acronyme en espagnol), que le nombre de personnes qui appartiennent au peuple mapuche ou sont des descendants de Mapuches de première génération se chiffre à près de {{formatnum:105000}}. De ces personnes, 73 % vivent dans les [[Provinces de l'Argentine|provinces]] de [[Province de Chubut|Chubut]], de [[Province de Neuquén|Neuquén]] et de [[Province de Río Negro|Río Negro]]<ref>{{lien web|url=http://www.indec.mecon.gov.ar/webcenso/ECPI/pueblos/ampliada_index.asp?mode=07|titre=INDEC: Encuesta Complementaria de Pueblos Indígenas (ECPI) 2004-2005 (Mapuche)|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.indec.mecon.gov.ar/webcenso/ECPI/pueblos/ampliada_index.asp?mode=07|archive-date=9 avril 2017|archiveurl=https://web.archive.org/web/20060821101313/http://www.indec.mecon.gov.ar/webcenso/ECPI/pueblos/ampliada_index.asp?mode=07|archivedate=21 août 2006}}</ref>.
 
Selon l’ECPI, {{formatnum:78534}} Mapuches se revendiquent tels dans les provinces de Chubut, Neuquén, Río Negro, Santa Cruz et [[Province de Terre de Feu (Argentine)|Terre de Feu]], dont {{formatnum:13237}} vivaient dans des communautés autochtones. À [[Buenos Aires]] et dans les 24 ''partidos'' du Grand Buenos Aires, {{nombre|9745|personnes}} se reconnaissent comme Mapuches, comme c’est le cas aussi de {{nombre|20527|individus}} dans le reste de la [[province de Buenos Aires]] et dans la [[province de La Pampa]], individus dont cependant aucun ne vivait en communauté. Le décompte pour l’ensemble du pays donna comme résultat {{nombre|113680|personnes}} se déclarant Mapuche, de qui {{formatnum:13430}} vivaient en communauté.
 
Lors de la préparation du recensement argentin de 2001, des représentants mapuches formulèrent quelques critiques sur la conception et l’exécution de ce recensement, lui reprochant de ne pas garantir une participation adéquate des peuples premiers, de reproduire le stéréotype partial de « l’autochtone », de sous-estimer la migration mapuche vers les villes, et de s’appuyer sur des fonctionnaires manquant à leurs engagements juridiques et politiques<ref>{{lien web|url=http://www.fortunecity.es/felices/lahabana/260/censo3.htm|titre=Postura mapuche frente a la incorporación de "la variable indígena" en el Censo Nacional 2001, Puel Mapu|date=octobre 2001|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.fortunecity.es/felices/lahabana/260/censo3.htm|archive-date=9 avril 2017|archiveurl=https://web.archive.org/web/20060430212318/http://www.fortunecity.es/felices/lahabana/260/censo3.htm|archivedate=30 avril 2006}}</ref>. La ''Commission de juristes autochtones en Argentine'' (la CJIA) introduisit un recours d’''[[Amparo (droit)|amparo]]'', par lequel elle requérait que fût différé le recensement de 2001, alléguant qu’elle n’avait pas bénéficié de son droit de participation tel que fixé dans la [[Convention 169 de l'Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux|Convention 169 de l’OIT]] et à l’article 75, alinéa 17, de la [[Constitution de l'Argentine|Constitution nationale argentine]]. La controverse finit par conduire une partie de ces représentants à occuper les installations de l’Institut national des affaires autochtones (INAI). Lors de la réalisation du recensement de 2001, une intervention directe d’enquêteurs et d’assesseurs autochtones avait été prévue dans quelques provinces. Ce nonobstant, beaucoup contestent la validité de cette enquête<ref>{{lien web|url=http://www.indigenas.bioetica.org/inves26.htm#_Toc44469986|titre=La actual situación poblacional de las comunidades indígenas|auteur=Teodora Zamudio| éditeur=Faculté de droit de l’université de Buenos Aires|date=30 octobre 2001|archive-url= https://web.archive.org/web/http://www.indigenas.bioetica.org/inves26.htm#_Toc44469986|archive-date=9 avril 2017}}</ref>.
 
Contredisant les chiffres de l’INDEC, une publication officielle du gouvernement argentin communiqua qu’il existait {{formatnum:200000}} Mapuches habitant le territoire national<ref>{{lien web|url=http://www.argentina.gov.ar/argentina/portal/paginas.dhtml?pagina=235|titre=Argentina |archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.argentina.gov.ar/argentina/portal/paginas.dhtml?pagina=235|archive-date=9 avril 2017 }}</ref>. D’autres sources en revanche, non officielles, évoquaient le nombre de {{formatnum:90000}}<ref>{{lien web|url=http://www.indigenas.bioetica.org/inves26.htm|titre=Derecho de los Pueblos Indigènes|auteur=Teodora Zamudio|éditeur=Faculté de droit de l’université de Buenos Aires|date=30 octobre 2001|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.indigenas.bioetica.org/inves26.htm|archive-date=9 avril 2017 }}</ref> et de {{nombre|200000|personnes}}<ref>{{lien web|url=http://www.endepa.org.ar/medios%20-%20la%20nacion%203.htm|titre=Equipo Nacional de Pastoral Aborigen - ENDEPA|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.endepa.org.ar/medios%20-%20la%20nacion%203.htm|archive-date=9 avril 2017}}</ref>.
 
La communauté mapuche elle-même, en fort désaccord avec le recensement de l’INDEC, estime que les effectifs de la population mapuche en Argentine s’élèvent à {{nombre|500000|individus}}<ref name="Calquin" />{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.farn.org.ar/docs/comercio/inf_mapuche_benetton_farn_en.pdf|titre=Farn Report: Benetton-Mapuche Case|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.farn.org.ar/docs/comercio/inf_mapuche_benetton_farn_en.pdf|archive-date=9 avril 2017 }}</ref>. Des calculs effectués en 1998-2000 permirent d’estimer que vivaient alors en Argentine jusqu’à {{formatnum:300000}} Mapuches, dont quelque {{formatnum:70000}} étaient établis dans la seule province de Neuquén<ref>[http://www.eclac.org/publicaciones/xml/8/13108/lcl1935-p1.pdf Población y Desarrollo. Autonomía o Ciudadanía incompleta: el pueblo mapuche en Chile y Argentina], par Isabel Hernández, {{p.|18}} ([http://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:w-s4FO2zv8gJ:www.eclac.org/publicaciones/xml/8/13108/lcl1935-p1.pdf+70.000+mapuches+neuquen&hl=es&gl=cl&pid=bl&srcid=ADGEEShkLBUr-RWROWTgcsTt5kQG2Oqr2B4y6d8oPtyLOIrO4I_n-OLU1SM47kaeAp5xOGlyMKTtMdTQHYsHZgdvS89Wqtej577DQXCfgT0uoEnVF-RHw69zC-w_WwzUUELInKIGf_ob&sig=AHIEtbTDLOVlPiQfuI1n0-Kh02z4cf7gzQ vue rapide])</ref>.
 
Les critiques mapuches à propos de la méthodologie argentine de recensement furent semblables à celles formulées contre le recensement chilien<ref>{{lien web|url=http://www.mapuche.cl/documentos/mapuche/Ref_met_cen_1992-2002.pdf|titre=Reflexiones metodológicas en torno a los censos de 1992-2002 y la cuestión mapuche }}</ref>. Sur la foi d’une enquête de l’ECPI, les populations des provinces de Neuquén et de Chubut seraient respectivement à 7 % et à 5 % de souche Mapuche<ref name="Andinos">{{lien web|url=http://www.oni.escuelas.edu.ar/olimpi98/campos-estancias/aboriand.htm|titre=Aborígenes andinos}}</ref>.
 
Le recensement national argentin de la population de 2010 mit au jour l’existence, dans l’ensemble du pays, de {{nombre|205009|personnes}} se reconnaissant comme Mapuches, dont {{formatnum:39869}} dans la province de Río Negro, {{formatnum:39634}} dans celle de Neuquén, {{formatnum:36706}} dans l’intérieur de la province de Buenos Aires, {{formatnum:31771}} dans la province de Chubut, {{formatnum:21041}} dans l’agglomération de Buenos Aires, 6806 dans la ville de Buenos Aires, 6132 dans la [[province de Mendoza]], 4973 dans celle de [[province de Córdoba (Argentine)|Córdoba]], 4408 dans celle de Santa Cruz, 4261 dans celle de [[Province de La Pampa|La Pampa]], 3084 dans celle de [[Province de Santa Fe|Santa Fe]], 1280 dans celle de [[province de San Luis|San Luis]], 975 dans celle de [[Province de Terre de Feu (Argentine)|Terre de Feu]], 923 dans celle d’[[Province d'Entre Ríos|Entre Ríos]], 562 dans celle de [[Province de Misiones|Misiones]], 437 dans celle de [[Province de Tucumán|Tucumán]], 417 dans celle de [[Province de San Juan|San Juan]], 325 dans celle de [[Province de La Rioja (Argentine)|La Rioja]], 302 dans celle de [[Province de Catamarca|Catamarca]], et enfin 220 dans celle de [[Province de Corrientes|Corrientes]]<ref>{{lien web|url=http://www.indec.gov.ar/ftp/cuadros/poblacion/censo2010_tomo1.pdf|titre=Cuadro 2. Población indígena o descendiente de pueblos indígenas u originarios en viviendas particulares por sexo, según pueblo indígena. Total del país. Año 2010, {{p.|281}}.}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.indec.gov.ar/ftp/cuadros/poblacion/pueblos_originarios_NOA.pdf|titre=INDEC 2010. Pueblos originarios. Región Noroeste Argentino.}}</ref>.
 
Dans la province de Buenos Aires, dans les ''partidos'' de [[General Viamonte (partido)|General Viamonte]] ([[Los Toldos (Buenos Aires)|Los Toldos]]) et de [[Rojas (partido)|Rojas]], respectivement à 280 et {{unité|220|km}} à l’ouest de Buenos Aires, subsiste une communauté mapuche semi-acculturée descendant du ''boroano'' [[Ignacio Coliqueo]], qui fut reconnu comme « cacique principal des Mapuches amis et colonel de l’armée nationale » argentine et qui se vit accorder, lui et toute sa tribu, la propriété de deux lieues de terre<ref>{{lien web|url=http://www.noroestebonaerense.com.ar/PARTIDOVIAMONTE/lostoldos/HistoriaLosToldos/HistoriaLosToldos.htm|titre=Historia de Los Toldos, tribu de Coliqueo}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.indigenas.bioetica.org/inves3.htm|titre=pueblo mapuche|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.indigenas.bioetica.org/inves3.htm|archive-date=9 avril 2017|archiveurl=https://web.archive.org/web/20060519105741/http://www.indigenas.bioetica.org/inves3.htm|archivedate=19 mai 2006}}</ref>. Dans cette communauté, la ''Guillatún'' (cérémonie propitiatoire traditionnelle) a cessé de se pratiquer et seuls quelques-uns parlent encore le [[Mapudungun|mapuzungun]] ; toutefois, les Mapuches de cette zone ont engagé un processus de ''récupération'' de leurs racines et une des trois [[Enseignement primaire|écoles primaires]] de la communauté enseigne la langue Mapuche<ref>{{lien web|url=http://www.oni.escuelas.edu.ar/olimpi98/Chiwolla/actuales/map.htm|titre=mapuche}}</ref>.
 
La ''Confédération mapuche de Neuquén'', fondée en 1970, regroupe les communautés rurales mapuches de la province de Neuquén, et ses autorités sont élues lors d’un ''trahun'' (« parlement ») tous les deux ans<ref>{{lien web|url=http://www.indigenas.bioetica.org/base1-1.htm|titre=pueblo mapuche (Neuquen)|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.indigenas.bioetica.org/base1-1.htm|archive-date=9 avril 2017|archiveurl=https://web.archive.org/web/20080111052749/http://www.indigenas.bioetica.org/base1-1.htm|archivedate=11 janvier 2008}}</ref>. Particulièrement importante est leur présence dans le [[Parc national Lanín]], où vivent entre 2500 et {{nombre|3000|personnes}}, répartis dans 7 communautés (Aigo, Cañicul, Cayún, Curruhuinca, Lefimán, Ñorquinko et Raquithue), sur des territoires qui s’étendent sur quelque {{formatnum:24000}} [[Hectare|ha]]<ref>{{Lien archive|horodatage archive=20091015011328|url=http://www.rlc.fao.org/es/tecnica/parques/pdf/casarg.pdf|titre=Page dans web.archive.org}}</ref> et qu’ils considèrent comme les leurs propres<ref>{{lien web|url=http://www.sanmartinandes.com/mapuche.htm|titre=Historia del Mapuche: el proceso de araucanización y la guerra contra el "Huinca", por Gigliola Paschetta }}</ref>.
 
La liste des communautés rurales araucanes existant dans la province de Neuquén en 2003 s’établit comme suit<ref>{{lien web|url=http://www.eclac.org/publicaciones/xml/8/13108/lcl1935-p1.pdf|titre=http://www.eclac.org/publicaciones/xml/8/13108/lcl1935-p1.pdf }}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Mapa de las comunidades Mapuche de la provincia del Neuquén|url=http://www.cruzadapatagonica.org/Cultura%20Mapuche/mapa.asp|archive-url=https://web.archive.org/web/20090317092227/http://www.cruzadapatagonica.org/Cultura%20Mapuche/mapa.asp|archive-date=17 mars 2009}}</ref> :
* [[Département d'Aluminé]] : Aigo, Catalán, Currumil, Lefiman (*), Ñorquinko, Plácido Puel (*), Puel, Salazar, Tayiñ Rakizuam (*).
* [[Département de Catán Lil]] : Cayulef, Cayupán, Filipin, Paineo, Rams, Zúñiga.
* [[Département de Collón Curá]] : Ancatruz, Namuncurá.
* [[Département de Confluencia]] : Kaxipayiñ, Paynemil, Purrán (*), Ragiñ Ko.
* [[Département de Huilliches]] : Atreuco, Cañicul, Chiuquilihuin, Linares, Painefilu, Raquithue.
* [[Département de Lácar]] : Cayún, Curruhuinca, Vera.
* [[Département de Loncopué]] : Kilapi, Mellao Morales, Millaín.
* [[Département de Minas (Neuquén)|Département de Minas]] : Antiñir Pilquiñan.
* [[Département de Ñorquín]] : Colipilli, Manqui, Maripil (*).
* [[Département de Picún Leufú]] : Marifil.
* [[Département de Picunches]] : Cheuquel, Milaqueo.
* [[Département de Zapala]] : Antipan, Gelay Ko (*), Gramajo, Kalfucurá, Quinchao, Wiñoy Folil (*), Zapata.
 
(*) communautés de constitution récente.
 
Dans la province de Río Negro, les communautés mapuches se sont groupées dans la ''Coordination du parlement du peuple mapuche de Río Negro'' (en espagnol ''Coordinadora del Parlamento del Pueblo Mapuche de Río Negro''). Fin 2002, les communautés rurales et urbaines de cette province s’énuméraient comme suit<ref>[http://argentina.indymedia.org/news/2002/12/71812.php Coordinadora del Parlamento del Pueblo Mapuche, de Río Negro : Argentina Indymedia]</ref> : Cañumil ; Anekon Grande ; Cerro Bandera (Quimey Piuke Mapuche) ; Quiñe Lemu (Los Repollos) ; Wri Trai ; Tripay Antu ; Ranquehue ; Monguel Mamuell ; Pehuenche (Arroyo Los Berros) ; Makunchao ; Centro Mapuche Bariloche ; Trenque Tuaiñ ; San Antonio ; Los Menucos ; Putren Tuli Mahuida ; Ngpun Kurrha ; Peñi Mapu ; Cerro Mesa-Anekon Chico ; Lof Antual ; Wefu Wechu (Cerro Alto) ; Cañadón Chileno ; Lof Painefil ; Cai–Viedma ; Fiske Menuco ; Kume Mapu ; Aguada de Guerra ; Tekel Mapu ; Carri Lafquen Chico Maquinchao ; Laguna Blanca ; Río Chico ; Yuquiche ; Sierra Colorada.
 
Dans la province de Chubut réside la communauté ''Limonao'' et des groupes [[Métissage culturel|métissés]] de Mapuches et de [[Tehuelches]], produits de l’''araucanisation'', qui se nomment eux-mêmes ''Mapuche-Tehuelche''.
 
La province de Santa Cruz compte également des communautés ''Mapuche-Tehuelche'', au nombre de quatre : à [[Caleta Olivia]] (''Willimapu''), à [[Río Gallegos]] (''Aitué''), à [[Río Turbio (Santa Cruz)|Río Turbio]] (''Millanahuel'') et à [[Puerto Santa Cruz]] (''Fem Mapu'')<ref>{{lien web|url=http://aristotelizar.com/web/2007/12/05/primera-asamblea-de-comunidades-indigenas-en-santa-cruz/|titre=Primera asamblea de comunidades indigenas en Santa Cruz }}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.ram2009.unsam.edu.ar/GT/GT%2012%20%E2%80%93%20Indigenismos%20e%20Pol%C3%ADticas%20Indigenistas%20nas%20Am%C3%A9ricas/GT12%20-%20Ponencia%20%5BRodriguez%5D.pdf|titre=De “reservas” a comunidades: Procesos de visibilización de los pueblos originarios en la provincia de Santa Cruz (Argentina). Mariela Eva Rodríguez1|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.ram2009.unsam.edu.ar/GT/GT%2012%20%E2%80%93%20Indigenismos%20e%20Pol%C3%ADticas%20Indigenistas%20nas%20Am%C3%A9ricas/GT12%20-%20Ponencia%20%5BRodriguez%5D.pdf|archive-date=9 avril 2017}}</ref>.
 
Par suite de la campagne militaire dite ''[[Conquête du Désert]]'', les Pehuenches disparurent virtuellement en tant que peuple sur le territoire argentin, nombre d’entre eux ayant probablement franchi la Cordillère des Andes à destination du Chili.
 
Dans la province de Mendoza, des groupes pehuenches ont commencé à s’organiser à partir de 2007, en élisant un ''werkén'' (« porte-parole ») et en mettant sur pied deux ''lofs'' (« communautés ») dans le [[département de Malargüe]], auxquelles la personnalité juridique fut accordée en 2009; ce sont :
* Kupan Kupalme (ou Juan Cupalme, dans la zone est de la [[Payunia]])<ref>{{lien web|url=http://argentina.indymedia.org/news/2008/04/593699.php|titre=Indymedia}}</ref>.
* Malal Pincheira (dans les [[Réserve naturelle Castillos de Pincheira|Castillos de Pincheira]] et sur la rivière Buta Mallín)<ref>{{lien web|url=http://sitioandino.com.ar/home/noticia.php?noticia_id=2808|titre=Relevan a las comunidades originarias en territorio malargüino}}</ref>.
 
À partir de 1995, par le biais d’une inscription officielle dans le ''Registre national des communautés autochtones'' (Renaci), l’Institut national des affaires autochtones (INAI) commença à attribuer la personnalité juridique à des communautés autochtones, en particulier mapuches<ref>{{lien web|url=http://www.infoleg.gob.ar/infolegInternet/anexos/195000-199999/197896/norma.htm|titre=Infoleg. Resolución {{N°|115/2012.}} INAI }}</ref> :
 
* Dans la province de Chubut :
:Communauté autochtone Emilio Prane (2 décembre 1996), Communauté autochtone Huisca Antieco (dans le [[département de Futaleufú]], 7 novembre 1996), Communauté autochtone Huangelén Puelo (dans le [[département de Cushamen]], 28 septembre 2000), Communauté mapuche Motoco Cárdenas (dans le [[département de Cushamen]], 10 juin 2004), Communauté mapuche Enrique Sepúlveda (dans le [[département de Cushamen]], 23 février 2005), Communauté mapuche Fentren Peñi (sur les sites Mina de Indio et Colonia Pastoril Cushamen (''Colonie pastorale Cushamen''), [[département de Cushamen]], 27 novembre 2013).
 
* Dans la province de Neuquén :
:Groupement mapuche Cañicul ({{date|26 juin 1996}}), Communauté autochtone Cayun ({{date|3 juillet 1996}}), Communauté autochtone Raquitue ({{date|26 juillet 1996}}), Communauté Kallfukura (dans le [[département de Zapala]], {{date|15 octobre 1997}}), Communauté Kaxipayiñ (dans le [[département d'Añelo]], {{date|15 octobre 1997}}), Communauté autochtone Ñorkinko ({{date|8 juillet 1997}}), Communauté mapuche Lof Gelay Ko (dans le département de Zapala, {{date|19 juillet 2002}}), Communauté Lof Lefiman (dans le département d'Aluminé, 19 juillet 2002), Communauté Lof Lonko Purran (dans le département de Zapala, 19 juillet 2002), Communauté lof Maripil (dans le [[département de Ñorquín]], {{date|19 juillet 2002}}), Communauté Lof Wiñoy Folil (dans le département de Zapala, 19 juillet 2002), Communauté Lof Wiñoy Tayin Rakizuam (dans le département d'Aluminé, le {{date|19 juillet 2004}}), Lof Kinxikew (dans le [[département de Los Lagos]], {{date|9 janvier 2006}}), Lof Zuñiga (dans le [[département de Catán Lil]], {{date|9 janvier 2006}}), Lof Paichil Antreao (dans le département de Los Lagos, {{date|5 juin 2007}}), Communauté Huenctru Trawel Leufú (dans le [[département de Picún Leufú]], {{date|22 avril 2008}}), Lof Newen Mapu (dans le [[département de Confluencia]], {{date|12 novembre 2009}}).
 
* Dans la province de Río Negro :
:Communauté autochtone du peuple mapuche Thripan Anty (dans le [[département de Bariloche]], {{date|10 août 1998}}), Communauté mapuche Lof-Leufuche (dans le [[département d'El Cuy]], {{date|31 août 2000}}), Communauté mapuche Lof Wiritray (dans le département de Bariloche, {{date|22 mars 2000}}), Communauté mapuche Lof Ranquehue (dans le département de Bariloche, {{date|28 avril 2003}}), Communauté mapuche Tequel Mapu (dans le département de Bariloche, {{date|13 janvier 2005}}).
 
* Dans la province de La Pampa :
:Communauté ranquel Manuel Baigorrita (dans le [[département de Loventué]], {{date|15 septembre 1999}}).
 
* Dans la province de Mendoza :
:Communauté mapuche Mapudungun (dans le [[département de Las Heras]], {{date|6 juin 2002}}), Lof Kupan Kupalme (dans le [[département de Malargüe]], {{date|19 mai 2009}}), Lof Malal Pincheira (dans le département de Malargüe, {{date|19 mai 2009}}), Lof Poñiwe (sur le site El Alambrado, département de Malargüe, {{date|11 mars 2014}}), Lof Buta Mallín, site Buta Mallín dans le département de Malargüe, {{date|18 mars 2014}}).
 
* Dans la province de Buenos Aires :
:Communauté urbaine Peñi Mapu - Hermanos de la Tierra (dans le [[Olavarría (partido)|partido d'Olavarría]], {{date|25 septembre 2003}}), Communauté mapuche de [[Junín (Junín)|Junín]] (dans le [[Junín (partido)|partido de Junín]], {{date|6 janvier 2004}}), Communauté mapuche Gualmes de Malvinas Argentinas (dans le [[Malvinas Argentinas (partido)|partido de Malvinas Argentinas]], {{date|27 janvier 2004}}), Lof Kuripan-Kayuman (dans le [[Bahia Blanca (partido)|partido de Bahía Blanca]], {{date|19 août 2005}}), Communauté Antu Ruca (dans le [[Patagones (partido)|partido de Patagones]], {{date|20 juillet 2009}}), Communauté mapuche Ñuque Mapu del Campo La Cruz (dans le partido de Junín, {{date|28 janvier 2009}}).
 
* Dans la province de Santa Cruz :
:Communauté mapuche Millaqueo (à [[Las Heras (Santa Cruz)|Las Heras]] et sur le site Villa Picardo dans le [[département de Deseado]], {{date|25 mars 2014}}), Communauté mapuche Limonau (à Las Heras et à Laguna Sirven, [[département de Deseado]], {{date|20 décembre 2012}}).
 
* Dans la province de Mendoza (entités mapuche-pehuenche) :
:Lof El Altepal (sur les rives du fleuve Malargüe, [[département de Malargüe]], 11 mars 2014), Lof Laguna Iberá, sur le site El Morro, département de Malargüe, {{date|18 mars 2014}}).
 
* Dans la province de Santa Cruz (entités mapuche-Tehuelche) :
:Communauté Nehuen Mulfuñ (à [[Pico Truncado]] dans le [[département de Deseado]], {{date|25 mars 2014}})<ref>{{lien web|url=http://servicios.infoleg.gob.ar/infolegInternet/verNorma.do?id=233937|titre=Infoleg. Resolución INAI 166/2014}}</ref>.
 
* Dans la province del Chubut (entités mapuche-Tehuelche) :
:Communauté autochtone Vuelta del Río (dans le [[département de Cushamen]], {{date|24 février 1997}}).
 
* Dans la province de Río Negro (entités mapuche-Tehuelche) :
:Communauté autochtone Río Chico (dans le [[département de Ñorquincó]], {{date|1 septembre 2000}}).
 
* Dans la province de Buenos Aires (entités mapuche-Tehuelche) :
:Tehuelche Callvu Shotel (dans le [[La Plata (partido)|partido de La Plata]], {{date|18 mai 2010}}).
 
Depuis 2009, la Province de Santa Fe recense les communautés autochtones dans le ''Registre spécial des communautés aborigènes de la province de Santa Fe'' (en espagnol ''Registro Especial de Comunidades Aborígenes'', acronyme RECA) de l’Institut provincial des aborigènes de Santa Fe, leur octroyant à l’échelon provincial la personnalité juridique, et ainsi notamment à une communauté mapuche<ref>{{lien web|url=https://www.santafe.gov.ar/index.php/web/content/view/full/117260/(subtema)/93808|titre=RECA. Listado de Comunidades Aborígenes|éditeur=Gouvernement provincial de Santa Fe}}</ref> : la Communauté Xavn Inay Leufv (dans la ville de [[Rosario]], [[département de Rosario]], {{date|26 novembre 2015}}).
 
== Identités territoriales et ethnies ==
<gallery>
Ancient mapuche flag.svg|La {{Lien|lang=es|trad=Guñelve|fr=Guñelve}} symbolise l’''étoile de l'aube'' (''étoile d’Arauco, [[Vénus (planète)|la planète Vénus]])<ref>{{article|url=http://www.scielo.cl/pdf/ssa/v13n2/art09.pdf|titre=Arauco, matriz retórica de Chile: símbolos, Etnía y nation|auteur=Armando Cartes Montory|périodique=Revista de Estudios Transfronterizos|date=juillet–décembre 2013|volume=XIII|numéro=2|page=191-214 }}</ref>
Lautaro_flag.svg|Ancien drapeau mapuche avec l’''Étoile d’Arauco'' utilisé par [[Lautaro]] et dont allait s’inspirer plus tard [[Bernardo O'Higgins|O'Higgins]] pour concevoir l’actuel [[drapeau du Chili]]
El joven Lautaro - P. Subercaseaux.PNG|[[Pedro Subercaseaux]], Le jeune Lautaro brandissant le drapeau à la Guñelve
Mapuche kultrun.svg|Symbole ''{{Lien|lang=es|trad=Meli Witran Mapu|fr=Meli Witran Mapu}}'' (les quatre points cardinaux de la cosmogonie mapuche)
Flag of the Mapuches (1992).svg|Le {{Lien|lang=es|trad=Bandera mapuche|fr=drapeau Wenufoye}}, créé en 1992 par le [[Conseil de toutes les terres]]
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=== Principaux groupes ===
Quelques études contemporaines répartissent les autochtones de langue mapuche en plusieurs groupes selon le territoire qu’ils occupent et sur la base de certaines différences culturelles dérivées de cette localisation.
Néanmoins, pour l’ensemble des chercheurs, tous sont Mapuches, et ne se différencient plus guère, ainsi qu’il appert de la liste ci-dessous, que par le lieu géographique où ils sont établis.
Les dénominations assignées à ces groupes sont [[Deixis|déictiques]] et s’entendent par rapport au point de référence que sont les Mapuches d’Araucanie :
 
* [[Picunches]] (''gens du nord'') : établis entre les fleuves [[río Choapa|Choapa]] et [[Maule (fleuve)|Maule]] (territoire ayant pour nom ''Pikun Mapu''). Une partie de ce groupe, les {{Lien|lang=es|trad=Promaucaes|fr=Promaucaes}}, s’était autrefois pacifiquement mélangé à l’[[Empire inca]]<ref name="books.google_1">{{lien web|url=https://books.google.cl/books?id=k_E3aAiunm8C&pg=PA21&lpg=PA21&dq=promaucaes+mapudung%C3%BAn&source=bl&ots=t1Qm8bQD6A&sig=bqdsTJKiOR2AoBqvg2YiIZLJInE&hl=es&sa=X&ei=Xc5NU_-jGNTKsATYnoCYBg&ved=0CEIQ6AEwAw#v=onepage&q=promaucaes%20mapudung%C3%BAn&f=false|titre=Historia del pueblo mapuche: (siglo XIX y XX)|auteur=José Bengoa}}.</ref>. Leur principale activité économique était l’agriculture, pratiquée selon un système d’[[agriculture itinérante]]. Ils s’adonnaient en outre à l’élevage de [[Lama (animal)|lama]]s et connaissaient la [[poterie]] en [[Grès (céramique)|grès]]. Ils se constituèrent comme peuple par [[acculturation]] et métissage avec les colonisateurs espagnols ; de ce mélange est issue la majeure partie de la population qui habite la [[Vallée Centrale (Chili)|zone centrale]] du Chili. D’autres groupes identifiés par les Espagnols, en plus des Promaucaes, étaient les Mapochoes, les Maules et les Cauquenes.
* Araucans ou Mapuches (au sens strict) : établis entre le fleuve Maule et le [[lac Llanquihue]]. D’après les chroniques, ils furent les protagonistes de la [[guerre d'Arauco]], résistant avec succès aux tentatives de conquête, d’abord des Incas, puis des Espagnols. Les Mapuches de l’autre versant des Andes les nommaient les ''Moluches'' (''nguluche'') (‘gens de l’ouest’)<ref>''[https://books.google.com/books?id=LjPrXSkf8wMC&pg=PA509&lpg=PA509&dq=%22ngoluche%22&source=web&ots=Org8rxXEaf&sig=8IDYmmX-8NIWqrbaStgWmjW0Kes&hl=en&sa=X&oi=book_result&resnum=7&ct=result#PPA509,M1 The Languages of the Andes]'', Willem F. H. Adelaar & Pieter C. Muysken, Cambridge University Press 2004, {{p.|509}}. {{ISBN|0-521-36275-X|978-0-521-36275-7}}.</ref>.
* [[Huilliches]] (''gens du sud'') : établis entre le lac Llanquihue et la grande île de [[Île de Chiloé|Chiloé]]. Leur économie (et leur alimentation principale) était basée sur la culture de la ''[[Solanum phureja|papa]]'', du [[maïs]] et du [[haricot]], mais ils s’adonnaient aussi à la chasse et à la pêche, et récoltaient des [[fruits de mer]] et des [[Algue alimentaire|algues marines]] sur le littoral de l’[[océan Pacifique]] et sur les plages de la mer intérieure de Chiloé. Les Huilliches dans le sud, de la même manière que les Promaucaes dans le nord, se mélangèrent à d’autres peuples autochtones parlant un idiome différent, les [[Chonos]]<ref name="books.google_1"/>.
 
:Les Huilliches allaient certes continuer à parler le mapudungun, mais avec des différences de prononciation et de vocabulaire, et la forme moderne de ce dialecte, parlée sur la côte d’[[Osorno]], est connue aujourd’hui sous le nom de [[chesungun]]. Certains Huilliches ont été appelés [[Cunco (peuple)|Cuncos]] (dans la zone du [[canal de Chacao]]), Juncos (dans les plaines d’Osorno), et [[Payos]] (originaires du sud de l’île de Chiloé). Ce dernier groupe se composait alors d’agriculteurs et de pêcheurs, parlant la langue mapuche, mais formant soit une branche des Huilliches, soit un groupe au départ distinct ayant ensuite assimilé la culture mapuche.
 
* [[Pehuenche]]s (''gens du [[Araucaria du Chili|pehuén]]'') : au {{s-|XVI}}, les dénommés ''Pehuenches anciens'' occupaient les régions montagneuses des deux côtés de la [[cordillère des Andes]] ; lors de l’expansion mapuche, ces tribus furent les premières à adopter la langue et une partie des coutumes mapuches. Jusqu’à la fin du {{s-|XIX}}, la région était peuplée uniquement d’individus de langue mapuche et de culture mixte<ref>{{lien web|url= http://www.argentina.gov.ar/argentina/portal/paginas.dhtml?pagina=611| titre= Argentina - Pueblos Originarios de la Pampa|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.argentina.gov.ar/argentina/portal/paginas.dhtml?pagina=611|archive-date=1 décembre 2015}}.</ref>.
 
:Les Pehuenches anciens sont décrits de haute taille, minces, agiles, et de teint sombre. Ils avaient de nombreux rapports avec leurs voisins [[huarpes]], apprenant d’eux les techniques de la [[vannerie]]. Leurs vêtements ont pu être confectionnés en [[cuir]] et s’orner de plumes de [[Rhea|nandous]] ou d’autres oiseaux.
 
:La mise en place des États argentin et chilien amena les autorités de ces deux jeunes pays à instaurer un contrôle plus serré à leur frontière commune, entravant ainsi la libre circulation des autochtones. À l’heure actuelle, cette peuplade est installée entre la {{VIIIe}} et la {{IXe}} région du Chili, et toujours dans la cordillère. En fonction de la saison, ils occupent des positions plus en hauteur ou plus en aval des montagnes. En hiver, par exemple, ils évitent les températures basses en descendant vers les vallées. Leurs moyens de subsistance sont les [[cueillette]]s estivales et les produits obtenus par l’élevage.
 
* {{Lien|lang=es|trad=Lafquenches|fr=Lafquenches}} (''gens de la côte'' ou ''de la mer'') : le territoire lafquenche est constitué des eaux côtières de l’océan Pacifique chilien, de la bande littorale, des pentes de la Cordillère côtière et des abords du [[lac Budi]]<ref>{{lien web|url=http://www.slideshare.net/Culturasaavedra/lafquenche|titre=http://www.slideshare.net/Culturasaavedra/lafquenche}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.australvaldivia.cl/site/edic/20040418033923/pags/20040418043711.html|titre=http://www.australvaldivia.cl/site/edic/20040418033923/pags/20040418043711.html }}.</ref>.
 
Actuellement, il subsiste des communautés lafkenches dans le sud de la province d’Arauco. Elles parlent espagnol et mapudungun et se vouent principalement à la [[Pêche (halieutique)|pêche artisanale]]<ref>{{lien web|url=http://www.economiaynegocios.cl/noticias/noticias.asp?id=99465|titre=http://www.economiaynegocios.cl/noticias/noticias.asp?id=99465 }}.</ref>.
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Bandera williche de Chiloé.svg|Drapeau huilliche de Chiloé
Pehuenche flag.svg|Drapeau pehuenche
Lafquenche flag.svg|Drapeau lafquenche
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=== Principaux peuples araucanisés ===
À partir du milieu du {{s-| XVII}}<ref name="Andinos" />, après que la guerre d’Arauco se fut faite moins intense, le commerce entre Araucans et ''criollos'' (colons espagnols nés dans les colonies) commença à se développer. Le bétail dérobé et le sel extrait dans la pampa étaient vendus par les Araucans aux ''criollos'' du Chili et de Buenos Aires, ce qu’ils étaient en mesure de faire grâce à un autre apport de l’Espagne : l’utilisation du cheval. Au moyen du cheval, les Mapuches pouvaient faire parcourir au bétail, en un temps relativement court, l’immensité de la pampa, vaste territoire herbu et presque inhabité.
 
En même temps, les Mapuches se mirent à pratiquer l’élevage d’[[Élevage ovin|ovins]] et de [[Élevage bovin|bovins]], animaux sur lesquels ils avaient réussi à mettre la main par des ''malones'' (razzias) tant aux dépens des Espagnols que des Tehuelches et des [[Pampa (ethnie)|Pampas]]. Ils nouèrent aussi des liens commerciaux avec les peuples habitant à l’est des Andes, avec qui ils échangeaient du bétail et des marchandises, principalement le [[Sel alimentaire|sel]]<ref>{{lien web|url= http://elestudiantedehistoria.blogspot.com/2008/01/el-complejo-tehuelche-6-araucanizacin.html|titre= El estudiante de Historia: El complejo Tehuelche 6 - Araucanización}}</ref>.
 
Les migrations de peuples autochtones, notamment celles des peuples mapuche et Tehuelche, étaient motivées en grande partie par le commerce, tant avec d’autres autochtones qu’avec les ''criollos''. Il arrivait que des peuples différents se disputent la maîtrise des principales routes commerciales, mais le processus de « mapuchisation » a pour origine, dès avant le milieu du {{s-|XVIII}}, le fait totalement pacifique que des foires se tenaient à El Cayrú et à Chapaleofú, dans les montagnes de la pampa humide (actuelle Argentine), lieux d’une très importante activité commerciale et d’échange de produits entre les habitants des plaines pampéennes et des montagnes de l’actuelle [[province de Buenos Aires]], ceux de la Patagonie septentrionale et ceux des deux versants de la cordillère des Andes.
Lors des foires d’El Cayrú et de Chapaleofú (appelées « ferias de los ponchos » par les jésuites de l’époque qui les ont consignées, comme p.ex. [[Thomas Falkner]]) s’échangeaient divers types de marchandises, allant de produits de l’élevage et de l’agriculture aux produits vestimentaires, tels que les [[poncho]]s.
El Cayrú se trouvait dans la partie la plus occidentale du [[Système de Tandilia]] (sur le territoire de l’actuel [[Olavarría (partido)|partido d’Olavarría]]), tandis que Chapaleofú fait référence à la zone le long de la rivière homonyme coulant dans l’actuel [[Tandil (partido)|partido de Tandil]]<ref name="a2f5d444">{{lien web|url=https://www.academia.edu/25993114/_Recursos_espacio_y_territorio_en_las_Sierras_del_Cayr%C3%BA_Siglos_XVI-XIX_regi%C3%B3n_pampeana_argentina_|titre=La frontera sur de Buenos Aires en la larga duración|auteur=Victoria Pedrotta & Sol Lanteri (direction)|éditeur=Instituto Cultural de la Provincia de Buenos Aires. Dirección Provincial de Patrimonio Cultural Archivo Histórico bonaerense « {{Dr}} [[Ricardo Levene]] »|consulté le=15 septembre 2017}}</ref>.
Ainsi se produisit-il, dès le milieu du {{s-|XVIII}} et parallèlement à ces mouvements de personnes dans le cadre des échanges de marchandises, une certaine interpénétration culturelle entre différents peuples habitant des territoires s’étendant de la pampa humide jusqu’à la zone bordant la cordillère des Andes (sur son versant tant oriental qu’occidental) et jusqu’au littoral pacifique, en passant par la Patagonie septentrionale.
Ces déplacements seront l’amorce de l’échange culturel et de mouvements migratoires entre les différents peuples, dont en particulier les Tehuelches, les [[Ranquel]]s et les Mapuches<ref name="e042d2eb">{{lien web|url= http://www.scielo.org.ar/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S1851-37512013000200005| titre=Reandando los caminos al Chapaleofu: viejas y nuevas hipótesis sobre las construcciones de piedra del sistema de Tandilia|auteur=Victoria Pedrotta|consulté le=15 septembre 2017}}</ref>.
Cette influence mapuche, commerciale à l’origine, puis reposant sur des alliances, finit par exercer un fort impact culturel sur les Tehuelches et d’autres peuples, et donnera lieu à qu’on la nomme aujourd’hui « mapuchisation » ou « araucanisation » des Pampas et de la Patagonie.
Une bonne part des Tehuelches allaient faire siennes tout un ensemble de coutumes des Mapuches, de même aussi que leur langue, pendant que les Mapuches pour leur part allaient adopter pour partie le mode de vie Tehuelche (comme p.ex. s’abriter dans des ''tolderías'', campements de tentes), par suite de quoi les différences entre les deux groupes s’estomperont progressivement, à telle enseigne que leurs descendants s’appellent eux-mêmes aujourd’hui ''Mapuche-Tehuelches''<ref name="164a61bc">{{lien web|url=http://www.museo.fcnym.unlp.edu.ar/articulo/2014/9/13/reunion_comunidades|titre =http://www.museo.fcnym.unlp.edu.ar/articulo/2014/9/13/reunion_comunidades}}</ref>.
L’araucanisation, c’est-à-dire l’assimilation et le métissage par les Mapuches des peuples vivant à l’est des Andes, fut un processus complexe et graduel, s’étendant sur plusieurs générations<ref>{{lien web|url=http://patagoniaaustral.idoneos.com/index.php/Historia_patag%C3%B3nica/Asimilaci%C3%B3n_cultural_aborigen#Tehuelchizaci%C3%B3n|titre=Page sur patagoniaaustral.idoneos.com}}</ref>.
 
Cependant, l’araucanisation fut aussi en partie la conséquence de guerres de conquête.
Avec l’adoption de l’élevage, et le nouveau mode de vie qui en résulta, les peuples des pampas virent leurs effectifs de population augmenter, ce qui provoqua entre des groupes rivaux une série de conflits autour des ressources.
Cela facilita la guerre de conquête des Mapuches et la subséquente acculturation de nombreuses tribus à ces mêmes Mapuches<ref>{{lien web|url= http://www.santacruz.gov.ar/cultura/biblioteca/glaciar2003/arqueologia/historia.htm|titre=historia|archive-url= https://web.archive.org/web/http://www.santacruz.gov.ar/cultura/biblioteca/glaciar2003/arqueologia/historia.htm|archive-date={{1er}} décembre 2015}}</ref>.
 
Si, à partir du {{s-|XVI}}, les Tehuelches avaient su, grâce au cheval, réaliser depuis le sud une expansion en propageant leur culture par toute la pampa, ce processus d’expansion territoriale et culturelle fut bloqué vers le milieu du {{s-|XVIII}} par l’arrivée des Araucans<ref>{{lien web|url=http://www.patagoniaredglobal.com.ar/transformaciones_etnicas.htm|titre= Transformaciones étnicas|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.patagoniaredglobal.com.ar/transformaciones_etnicas.htm|archive-date={{1er}} décembre 2015}}</ref>.
 
Vers 1820 eut lieu la plus grande migration de Mapuches vers l’actuel territoire argentin, lorsqu’environ {{formatnum:40000}} Borogas franchirent les Andes, conséquence indirecte de la ''[[Guerre à mort (Chili)|Guerre à mort]]'' entre les troupes royalistes espagnoles et les forces patriotes dans le sud du Chili.
 
Les principaux peuples araucanisés s’énumèrent comme suit :
* les [[Chonos]] : vivant au sud de [[Île de Chiloé|Chiloé]] ([[archipel des Chonos]]), emmenés par les missionnaires vers les îles et ayant adopté le mode de vie huilliche. Il est conjecturé que les [[Payos]] pourraient avoir été des Chonos ultérieurement ''mapuchisés''.
* les [[Poya]]s, y compris les [[Vuriloche]]s, plus tard « poyuche », habitant, et leurs descendants habitent encore, les étendues montagneuses dans le sud de la province argentine de Neuquén et dans le nord-ouest de la province de Río Negro, principalement.
* les [[Puelches]] (''gens de l’est'') : si les Mapuches donnaient ce nom à différents groupes à l’est des Andes, il est néanmoins d’usage en espagnol de désigner par ce terme ceux que se nomment eux-mêmes ''gününa küne''. Ils se groupaient en familles étendues, dirigées par un cacique. Les familles pratiquaient la [[monogamie]], quoique les caciques et les individus importants fussent autorisés à avoir plusieurs épouses. Ils étaient de haute stature et de visage allongé, qu’ils avaient coutume de déformer artificiellement chez leurs bébés. Leur mode de vie était nomade et leur alimentation principale était obtenue à partir du [[guanaco]] et du [[Rhea|nandou]], qu’ils chassaient à l’arc et à la flèche et au moyen de ''[[Bolas (arme)|boleadoras]]''. D’autre part, ils cueillaient des racines et des semences et savaient préparer des boissons alcoolisées. Ils s’abritaient dans des ''toldos'' (tentes) faites de peaux, et leur vêtement était le ''quillango'', pelisse confectionnée avec la peau du guanaco, le poil tourné en dedans, qu’ils ornaient de dessins géométriques sur sa face extérieure. Ils assujettissaient leur chevelure avec un bandeau et se chaussaient de [[mocassin]]s de cuir. Ils avaient aussi coutume de se peindre le visage à certaines occasions.
* les [[Ranquel]]es (''rangkülche'', ‘gens des cannes’ ou ‘gens du roseau’) : les Ranquels surgirent de la mapuchisation de groupes apparemment liés aux Puelches. Au {{s-|XIX}}, en particulier au temps du cacique [[Calfucurá (cacique)|Calfucurá]], ils jouèrent un rôle très actif dans les guerres et les incursions contre la population argentine de la province de Buenos Aires.
* les [[Tehuelches]] : ils vivaient en Patagonie, au nord du [[détroit de Magellan]], majoritairement sur l’actuel territoire argentin. Les Mapuches désignaient tous les Tsoneks, appelés ''Patagons'' par les Espagnols, du nom de ''Chewelche'', « gens vaillants », en raison de la résistance qu’ils opposèrent à l’expansion mapuche à l’est des Andes. Leur structure socio-politique était lignagère, c’est-à-dire reposait sur la reconnaissance de lignages, dirigés chacun par un chef, et s’appuyait sur des chamanes. Leurs croyances religieuses simples postulaient la présence dans leur monde d’esprits bienveillants à l’origine de la joie et d’esprits malveillants provoquant dommages et maladies. Ils inhumaient les défunts, et avec eux leurs possessions, dans des tombes creusées dans le sol ou dans des cavernes qu’ils couvraient de pierres. Leur économie était tributaire de la chasse au guanaco et au nandou, pour laquelle ils faisaient usage de leurs fameuses ''boleadoras'', et de la cueillette de tous types de racines et de semences sylvestres. Ils s’habillaient de capes en peau de guanaco serrées à la taille par un bandeau, et se couvraient les pieds avec une sorte de mocassins de cuir très épais.
 
:Certains auteurs classent les Patagons comme ramification mapuche ; d’autres au contraire considèrent que les différences culturelles, comme p.&nbsp;ex. celles linguistiques, entre Patagons et Mapuches sont rédhibitoirement importantes. Il est certain que la relation entre Tehuelches et Araucans en fut une continuellement belliqueuse. Les Tehuelches septentrionaux, inférieurs en nombre et en tactique de combat, n’eurent d’autre issue, devant l’invasion mapuche de [[Comahue]] et de la région pampéenne, que de se replier vers le sud ; les survivants demeurés sur place seront majoritairement acculturés.
 
:Vers 1870, les Patagons continuaient à livrer de farouches combats contre les Araucans dans les environs du fleuve [[río Chubut]], zone qui restera la limite méridionale de l’expansion mapuche. Cette guerre entre Tehuelches (ou Patagons) et Mapuches (ou Araucans) a pu être regardée comme une sorte de [[génocide]] perpétré par les seconds contre les premiers.
 
Au {{s-|XXI}}, les subdivisions retenues pour les groupes autochtones apparaissent légèrement différentes. Le point de référence des dénominations sera désormais toujours l’angle de vue des Mapuches de la [[Région de l'Araucanie|{{IXe}} Région chilienne]], plus particulièrement de la [[province de Cautín]] :
* Le terme de ''Mapuche'' est à présent d’usage général, avec des distinctions faites occasionnellement entre les ramifications ethniques. On continue à confondre Mapuche et Araucan, tandis que le mot ''moluche'' est tombé en désuétude.
* Il n’existe plus de représentants du peuple picunche, vu qu’ils ont été totalement acculturés pendant l’époque espagnole, constituant aujourd’hui dans une large mesure l’un des substrats originaires de la population de la [[Vallée Centrale (Chili)|vallée centrale du Chili]], cependant que les Mapuches continuent d’utiliser ce terme, dans son sens littéral, pour désigner une communauté établie plus au nord que le locuteur.
* Dans les provinces chiliennes d’[[Province d'Osorno|Osorno]] et de [[Province de Chiloé|Chiloé]] est implanté le peuple huilliche. Occasionnellement, les Huilliches de Chiloé préfèrent nommer ''Veliches'' aussi bien eux-mêmes que la variante de la langue mapudungun qu’ils utilisaient jusqu’à la fin du {{s-|XIX}}.
* Dans les provinces chiliennes de [[Province de Malleco|Malleco]] et de [[Province de Cautín|Cautín]] sont utilisés les noms de ''Nagche'' (''gens d’en bas''), pour les habitants de la Vallée centrale et ''Wenteche'' (''gens d’en haut''), pour ceux habitant dans la [[Pré-cordillère| précordillère andine]] ; ces deux dénominations ont une signification territoriale plutôt que culturelle.
 
== Territoire historique ==
 
[[Fichier:Hija del Cacique Quilprán, en 1868.jpg|vignette|redresse|Fille du lonco Quilprán en 1868. Photographie parue dans l’Annuaire du Chili en 1900.]]
 
Les Mapuches (ou Araucans) n’ont jamais formé un peuple uni, mais se présentaient plutôt comme une juxtaposition de tribus parlant une langue commune, le mapudungun. Le concept de ''nation mapuche'' ne commença à apparaître que vers la fin du {{s-|XIX}}, au cours du processus de conquête des territoires mapuches par le Chili et l’Argentine<ref>{{lien web|url=http://www.argentour.com/es/mapuches/mapuches.php|titre=Argentina Tour }}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.piessobrearena.com/mapuche.html|titre=Los mapuche}}</ref>.
 
Le territoire revendiqué par les Mapuches est appelé par ceux-ci ''Mapuche Wallontu Mapu'', ou plus simplement ''[[Wallmapu]]'' ('terre entourante, ceinturante'), et se divise en deux parties, séparées par le ''Pire Mapu'' (ou cordillère des Andes) : le ''Ngulu Mapu'' et le ''Puel Mapu''. Ces deux parties se subdivisent à leur tour en portions de territoire dénommées ''fütanmapus'' (ou ''butanmapus''), qui coïncident jusqu’à un certain point avec les ''butanmapus'' (confédérations militaires) de la [[guerre d'Arauco]].
[[Fichier:Wallmapu.png|vignette|Territoire du peuple mapuche : Wallmapu]]
 
=== Ngulu Mapu ===
 
Le ''Ngulu Mapu'' (''terre de l’ouest''), qui fait partie de l’actuel Chili et qu’habitent les ''Nguluches'', s’étend du [[río Limarí]]<ref>Entre les fleuves Limarí au nord et [[Río Choapa|Choapa]] au sud, les Mapuches partageaient le territoire avec les [[Diaguita]]s.</ref> au nord jusqu’à l’[[île de Chiloé]] et l’[[Seno de Reloncaví|anse de Reloncaví]] au sud, et entre l’océan Pacifique (ou ''Füta Lafken'') à l’ouest et la cordillère des Andes à l’est.
 
Le ''Ngulu Mapu'' se subdivise en les ''fütanmapu'' suivants<ref>{{lien web|url=http://biblioteca.serindigena.org/libros_digitales/cvhynt/v_iii/t_ii/capitulo_III.pdf|titre=Primera Parte}}</ref> :
* le ''Pikun Mapu'' (''terre du nord'')<ref>{{lien web |url=http://www.prodiversitas.bioetica.org/kultrum.htm |titre=El Kultrum |consulté le=2009 |auteur=Roberto Chiapino |date=11 juin 2005 |éditeur=bioetica.org |archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.prodiversitas.bioetica.org/kultrum.htm |archive-date={{1er}} décembre 2015 |archiveurl=https://web.archive.org/web/20131005213756/http://www.prodiversitas.bioetica.org/kultrum.htm |archivedate=5 octobre 2013 }}</ref> : sis entre les fleuves Limarí et Biobío, il fut autrefois habité par les ''Picunches'' (''gens du nord''), peuplade aujourd’hui éteinte, dont les effectifs se situaient entre {{formatnum:110000}} et {{nombre|220000|personnes}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Gabriel Salazar Vergara|auteur2=Julio Pinto|titre=Historia contemporánea de Chile II|sous-titre=Actores, identidad y movimiento|lieu=Santiago|éditeur=LOM|année=|passage=147|isbn=978-956-282-174-2|isbn2=956-282-174-9|lire en ligne=https://books.google.cl/books?id=Vyx8JQtvU78C&pg=PA147&dq=picunches+110.000|consulté le=5 mars 2011|édition=1|date=avril 1999}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Francisco Rothhammer|auteur2=Elena Llop|titre=Poblaciones chilenas : Cuatro décadas de investigaciones bioantropológicas|lieu=Santiago|éditeur=Editorial Universitaria, S.A|date=juillet 2004|numéro d'édition=1|pages totales=296|passage=228|isbn=956-11-1713-4|lire en ligne=https://books.google.cl/books?id=ANq-zHwe6VYC&pg=PA228&dq=picunches+220.000|consulté le=5 mars 2011}}</ref>.
* le ''Nag Mapu'' (''terre d’en bas'') ou ''Lelfun Mapu'' (''terre des plaines'')<ref name="lanacionmapuche" >{{lien web|url=http://www.mapuche-nation.org/espanol/html/nacion_m/historia/introduccion.htm |titre=La Nación Mapuche |consulté le=2009 |auteur= Reynaldo Mariqueo & Jorge Calbucura|date=2002 }}</ref> : délimitée par les fleuves Biobío et [[Río Toltén|Toltén]], cette portion de territoire était habitée par les ''Nagches'', « ceux d’en bas », « ceux des plaines » (ces plaines étant celles de la [[Vallée Centrale (Chili)|Vallée centrale]]), qui étaient au nombre de {{formatnum:227000}} environ en 1545, dont {{formatnum:45000}} guerriers<ref name="rincondelvago">{{lien web|url=http://html.rincondelvago.com/pueblos-aborigenes-chilenos.html |titre=Pueblos aborígenes chilenos|consulté le=2009}}</ref>. Ce sont eux qui eurent à supporter la plus grande part de l’effort de guerre contre les Européens, les batailles tendant en effet à se concentrer dans le [[Purén (Chili)|Purén]] et dans la [[province d'Arauco]]. Leurs principaux rivaux étaient les ''Wenteches'', avec lesquels Espagnols et ''criollos'' les confondaient volontiers<ref>[http://www.accessmylibrary.com/article-1G1-104670914/antecedentes-historicos-y-ambientales.html Antecedentes históricos y ambientales de Lumako y la identidad nagche]</ref>.
* le ''Wente Mapu'' (''terre des vallées'')<ref name="lanacionmapuche" /> : cette zone, située sur les hauteurs de la [[pré-cordillère]] des Andes, dans les provinces de [[Province de Malleco|Malleco]] et de [[Province de Cautín|Cautín]], à l’est de la [[cordillère de Nahuelbuta]], accueillait les ''Moluches'' et les ''Wenteches'', qui étaient environ {{formatnum:227000}} en 1545<ref name="rincondelvago" />.
* le ''Lafken Mapu'' (''terre maritime'')<ref name="CaletaO">{{lien web|url=http://www.caletao.com.ar/abo/mapu/libro/esceyhomo.htm |titre=Caleta Olivia. Comunidades Aborígenes. El Escenario y el Hombre|consulté le=2009 |auteur=Portal a los Hielos Eternos}}</ref> : région sise entre les fleuves Biobío et Toltén, dans la province de Cautín, et entre les baies de [[Mehuín]] et de [[Corral (Chili)|Corral]], dans la [[province de Valdivia]]. Elle était peuplée par les ''Lafkenche'' ou « gens de la mer », établis dans la région côtière à l’ouest de la [[cordillère de Nahuelbuta]]. Ils pourraient avoir compté jusqu’à {{nombre|500000|habitants}}, si l’on en croit les sources espagnoles faisant état d’armées mapuches côtières de {{formatnum:100000}} guerriers.
* le ''Inapire Mapu'' (''terre confinant aux neiges'') ou ''Wichan Mapu'' (''terre des [[morne]]s'') : zone de la précordillère entre les fleuves Biobio et Toltén, peuplée par quelque {{nombre|227000|individus}} en 1545.
* le ''Pewen Mapu'' (''terre des [[araucaria]]s'') ou ''Pire Mapu'' (''terre des neiges'')<ref>{{Lien|trad=Himno de la Provincia del Neuquén (Neuquén Trabun Mapu)|lang=es|fr=Hymne de la province de Neuquén|texte=Himno de la Provincia del Neuquén (Neuquén Trabun Mapu)}}</ref> : sis dans le haut Biobío et, en Argentine, dans le sud de la province de Mendoza et le nord de celle de Neuquén, ce territoire était habité par les Pehuenches ou gens du Pehuén. Ils étaient au nombre de {{nombre|40000|personnes}}<ref>{{lien web|url=http://html.rincondelvago.com/pueblos-aborigenes-chilenos.html
|titre=Pueblos aborígenes chilenos|consulté le=2009}}</ref>.
* le ''Willi Mapu'' (''terre du sud'')<ref>{{lien web|url=http://www.prodiversitas.bioetica.org/kultrum.htm|titre=El Kultrum|consulté le=2009|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.prodiversitas.bioetica.org/kultrum.htm|archive-date={{1er}} décembre 2015|archiveurl=https://web.archive.org/web/20131005213756/http://www.prodiversitas.bioetica.org/kultrum.htm|archivedate=5 octobre 2013}}</ref> : habité par les Huilliches ou « gens du sud », entre le fleuve Toltén, l’anse de Reloncavi et Chiloé. Sa population est estimée à {{formatnum:180000}} autochtones en 1535.
* le ''Futa Willi Mapu'' (''grand territoire du sud'') ou ''Chawra kawin'' (''ensemble de la [[chaura]]'')<ref>Ricardo E. Latcham, ''La organización social y las creencias religiosas de los antiguos araucanos'', Santiago de Chile, Impr. Cervantes, 1924. [http://www.memoriachilena.cl/archivos2/pdfs/MC0008878.pdf lire en ligne]</ref> : la région au sud du fleuve [[Río Bueno]]. Quelques historiens incluent dans l’ethnie mapuche les [[Cunco (peuple)|Cuncos]], pour la raison qu’ils parlaient mapuzungun. Il s’agit ici de {{nombre|100000|personnes}} encore<ref>{{lien web
|url=http://mapahumano.fiestras.com/servlet/ContentServer?pagename=R&c=Articulo&cid=994228391698&pubid=982158433476
|titre=Mapahumano de Etnias, Pueblos y Culturas - mapahumano.fiestras.com |consulté le=2009}}</ref>.
[[Fichier:Pueblos indigenas de Chile.svg|vignette|center|700px|Distribution des populations pré-hispaniques au Chili (carte pivotée de 90° ; le nord est à droite).]]
 
=== Puel Mapu ===
 
Le ''Puel Mapu'' (''terre de l’Est''), qui fait partie de l’actuelle Argentine et était habité par les Puelches (au sens géographique, non historique), s’étend entre les rivières Cuarto et [[Río Diamante|Diamante]] au nord, et les fleuves [[Río Limay|Limay]] et [[Río Negro (Argentine)|Negro]] au sud, et entre la cordillère des Andes à l’ouest et le fleuve [[Río Salado (Buenos Aires)|río Salado de Buenos Aires]] (ou, vers 1750, la ligne des fortins et villages de [[San Nicolás de los Arroyos]], [[San Antonio de Areco]], [[Luján]] et [[Merlo (Buenos Aires)|Merlo]]) et l’océan Atlantique (''Ka Füta Lafken'') à l’est.
 
Le ''Puel Mapu'' se compose des ''butanmapus'' suivants :
* le ''Mamüll Mapu'' (''terre des mornes'')<ref>{{lien web|url=http://www.ingluiggi.com.ar/cMMapu.htm
|titre=Club de caza Mammul Mapu|consulté le=2009|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.ingluiggi.com.ar/cMMapu.htm|archive-date={{1er}} décembre 2015}}</ref> : habitée par les Mamulches ou ''gens des bosquets de [[Prosopis|mesquites]] et des algarrobos'', cette zone correspond à la partie sud-ouest de l’actuelle province de Córdoba, à la partie sud-est de celle de San Luis et à la partie centrale et centre-nord-ouest de celle de La Pampa. Ses habitants se mélangèrent aux Ranquels au début du {{s-|XIX}}, sous l’autorité de [[Carripilún]].
* le ''Rangkül Mapu'' (''terre des roselières'') : région peuplée par les [[Ranquel]]s, « gens des roselières », qui côtoyaient les Mamulches à l’est. Dès le début du {{s-|XIX}}, ils absorbèrent les Mamulches, les Chadiches et d’autres peuples, et leur territoire s’était ainsi agrandi jusqu’à couvrir l’ouest de la province de Buenos Aires, le sud de la province de Santa Fe, le sud de la province de Córdoba, le sud de la province de San Luis, le sud-est de la province de Mendoza, la totalité de la province de La Pampa, et le nord de la province de Río Negro<ref>[https://web.archive.org/20070326062515/www.geocities.com/territoriosocial/A0113.html Article sur Geocities]</ref>.
* le ''Chadi Mapu'' (''terre des lacs salés'') : région située autour du [[Laguna Urre Lauquén|lac Urre Lauquen]], dans la zone de dépression dans le sud de la province de La Pampa, et peuplée par les ''gens de la terre du sel'' ou ''sauniers'', appelés également ''Chadiches'', qui se laissèrent absorber par les autres peuplades mapuches.
* le ''Puel Willi Mapu'' (''terre du sud-est'')<ref>{{lien web|url=http://www.mapuche-nation.org/espanol/html/nacion_m/historia/introduccion.htm|titre=Nacion Mapuche - Pueblo Mapuche|consulté le=2009}}</ref> : habitée par les ''gens du sud-est'', les ''pommiers'' ou ''Puelches'', cette zone correspond aux territoires de l’ouest du Chubut et du sud du Río Negro et vit se mélanger les peuples mapuche, pehuenche et Tehuelche.
 
Ces différentes peuplades autochtones établies dans les pampas et parlant [[mapudungun]] totalisaient jusqu’à {{nombre|150000|personnes}} avant leur soumission par les troupes argentines<ref>{{lien web|url=http://www.monografias.com/trabajos/indigenas/indigenas.shtml|titre=Indígenas americanos: Explotación, genocidio y olvido|éditeur=Monografias.com|consulté le=2009}}</ref>.
* le ''Boroa'' ('lieu aux ossements') : ses habitants, qui s’étaient déplacés aux alentours de 1820 de l’Araucanie vers les pampas, étaient environ {{formatnum:40000}}.
 
== Histoire ==
 
=== Origine ===
 
L’origine des Mapuches n’a pu être établie avec certitude. La théorie la plus couramment admise, dite ''autochtoniste'', postule une apparition autonome de la culture mapuche au Chili, sans exclure des échanges ultérieurs avec les peuples environnants, y compris avec la sphère [[Empire inca|incaïque]]. En effet, vers le {{s-|V}} existaient déjà dans la [[Vallée Centrale (Chili)|Dépression intermédiaire]] de l’actuel Chili des foyers de civilisation dont on peut suivre le cheminement jusqu’à l’époque moderne, et qui ont pu être les ancêtres de la culture mapuche ; ont ainsi été évoqués, comme possibles prédécesseurs des Mapuches, les groupes à l’origine des cultures ''[[Tradition bato|bato]]'', ''[[Complexe El Vergel|El Vergel]]'', ''[[Culture llolleo|llolleo]]'', ''[[Culture pitrén|pitrén]]'' et {{incise|hypothèse récente (2007)}} ''[[Culture El Molle|molle]]''. Des théories plus anciennes tendant à situer l’origine des Mapuches dans la [[Pampa]], dans la zone [[Pérou|péruvienne]], en [[Amazonie]], voire en [[Mésoamérique|Amérique centrale]], ont été écartées, faute d’éléments [[Archéologie|archéologiques]], [[Ethnologie|ethnologiques]], [[linguistique]]s et [[génétique]]s pour les appuyer.
 
==== Hypothèses anciennes ====
 
Plusieurs théories concernant l’origine des Mapuches ont eu cours anciennement, dont les trois plus connues, toutes actuellement très contestées cependant, sont les suivantes :
* l'hypothèse de l’archéologue [[Autriche|autrichien]] [[Osvaldo Menghin]], qui proposa en 1909 que les Mapuches seraient originaires de l’[[Amazonie]] et qu’ils auraient émigré vers l’Araucanie, en traversant le centre de l’actuelle Argentine pour ensuite franchir la cordillère des Andes. Menghin s’appuyait sur la similitude entre les traits de la civilisation mapuche et ceux d’un sous-groupe ethnique de l’Amazonie.
* la théorie de l’archéologue, ethnologue et [[Folkloristique|folkloriste]] anglo-chilien [[Ricardo Latcham Cartwright]], laquelle postule que des mouvements migratoires auraient conduit les Mapuches à quitter la [[Pampa]] argentine et à venir s’établir, en empruntant les cols andins, sur l’actuel territoire chilien, entre les fleuves [[Rio Biobío|Biobío]] et [[Río Toltén|Toltén]]<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Ricardo Latcham|titre=Prehistoria Chilena|éditeur=|année=1936|lire en ligne=http://www.libros.uchile.cl/files/presses/1/monographs/214/submission/proof/index.html#/1/}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Ricardo Eduardo Latcham|éditeur=[[Memoria Chilena]], Biblioteca Nacional de Chile|url = http://www.memoriachilena.cl/602/w3-article-95872.html|consulté le=28 décembre 2015}}</ref>. Cette même thèse affirmait que ce faisant les Mapuches, peuple guerrier semi-nomade, s’étaient enfoncés comme un coin entre les [[Picunches]] et les [[Huilliches]], peuplades au contraire pacifiques et sédentaires, et jusque-là unis culturellement et territorialement. Selon le même auteur, il y aurait eu deux foyers de peuplement : un premier de pêcheurs et rabouilleurs installés le long de la ligne côtière, qui aurait évolué vers une culture de chasseurs-cueilleurs, et un second, au premier peuplement duquel se serait joint une peuplade venue du nord, beaucoup plus civilisée et maîtrisant bien le travail agricole et l’élevage, en plus du tissage et de la poterie. Au gré des migrations successives, ces groupes se seraient déplacés vers le sud de l’Amérique et auraient dominé les communautés primitives du Chili en leur imposant leurs coutumes, leur religion et leur langue, le [[mapudungun]], encore qu’il y ait des auteurs pour admettre que les envahisseurs aient adopté la langue et une partie de la culture de leurs voisins. Plus tard, l’hypothèse de Latcham fut soutenue par l’historien [[Francisco Antonio Encina]], ce qui la popularisera, car elle passa du coup dans les livres d’histoire des écoles chiliennes.
* la thèse de [[Tomás Guevara]], formulée en 1925, postulant un déplacement du nord vers le sud de groupes de pêcheurs et rabouilleurs ayant des affinités avec la [[culture Tiahuanaco]] (implantée sur l’actuel territoire bolivien). Les différences culturelles entre les groupes mapuches du nord, du centre et du sud s’expliqueraient par le contact avec des peuples étrangers envahisseurs, en l’espèce les [[Civilisation inca|Inca]]s au {{s-|XV}} et les Espagnols au {{s-|XVI}}. L’universitaire argentin Roberto Edelmiro Porcel s’est rallié à l’hypothèse d’une « origine péruvienne » des Mapuches, les caractérisant comme des [[Aymaras]] qui se seraient déplacés vers le sud du Chili à la suite des guerres opposant l’[[Anti Suyu]] et le [[Kunti Suyu]] (deux des quatre subdivisions de l’[[Empire inca]])<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Roberto Edelmiro Porcel|titre=Problema indigenista|lieu=Buenos Aires|éditeur=éd. Eder|année=2011|pages totales=68|passage=16 et passim|isbn=|lire en ligne=https://issuu.com/editorialeder/docs/problema_indigenista_interior_issuu}}</ref>.
 
La thèse de Latcham saura s’imposer jusqu’à la seconde moitié du {{s-|XX}}, bien qu’il n’y eût pour la soutenir aucun élément de preuve ni archéologique, ni ethnographique, ni [[linguistique]] solide. À l’heure actuelle, il existe un certain consensus en faveur de la théorie dite « autochtoniste », qui tient que l’origine mapuche doit être cherchée dans l’actuel territoire chilien lui-même.
 
==== Éléments archéologiques, linguistiques et génétiques ====
 
===== Données archéologiques =====
 
Sur le territoire historique des Mapuches au Chili ont existé autrefois plusieurs cultures anciennes attestées archéologiquement :
* le [[complexe El Vergel|complexe archéologique d’El Vergel]], dont la date est à situer entre les {{s2-|XII|XVI}}, possède des caractéristiques propres aux cultures de la ''période agrocéramique tardive'' du Chili. Compte tenu de la proximité chronologique avec la première apparition de Mapuches documentée historiquement et de la coïncidence géographique, il apparaît quasi certain que le complexe d’El Vergel doit, dès ses origines, être attribué à des hommes de langue [[mapudungun]]. Cette culture a un prédécesseur plus ancien encore, à savoir :
* la [[culture Aconcagua]] qui, remontant à une période entre les {{s2-|X|XVI}}, était une civilisation néolithique tardive<ref>La période néolithique (1500 av. J.-C.-1470 av. J.-C.) se caractérise par la production d’aliments, l’habitat agglutiné (villages), la présence de poteries et le commerce de marchandises.</ref> (à ranger plus spécifiquement dans la ''période agrocéramique intermédiaire tardive'' du Chili<ref>La ''période agrocéramique intermédiaire tardive'' s’étend entre les années 1500 avant. J.-C. et 1470 après J.-C.</ref>) et occupait au moment de l’[[Découverte du Chili|arrivée des Espagnols]] la région comprise entre les fleuves [[Río Aconcagua|Aconcagua]] au nord, plus particulièrement l’étendue appelée [[vallée de l'Aconcagua]], et [[Río Cachapoal|Cachapoal]] au sud<ref>Bien que sa zone de plus grande concentration se situât dans le bassin-versant des fleuves [[Río Maipo|Maipo]] et [[Río Mapocho|Mapocho]].</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=espagnol|url=http://www.precolombino.cl/culturas-americanas/culturas-precolombinas/chile/aconcagua/ |titre=La cultura Aconcagua.Ambiente y Localización|éditeur=Museo Chileno de Arte Precolombino|lieu=Santiago du Chili|consulté le=19 décembre 2017}}</ref>. Cette culture avait été à son tour précédée par :
* la culture Pitrén, qui se manifesta à partir du {{s-|VII}}, et par là appartient à la ''période agrocéramique précoce'' du Chili. Les communautés classées sous cet intitulé étaient implantées entre le [[Rio Biobío|Bío Bío]] et le [[lac Llanquihue]], dans l’actuelle [[région des Lacs]]<ref>{{Lien archive|langue=espagnol|horodatage archive=20120607145720|url=http://www.uach.cl/direccion/museologica/hr_700_1400dc.htm|auteur= |titre=Complejo Pitrén |éditeur=Université australe du Chili|lieu=Valdivia |date= |consulté le= }}</ref>.
 
===== Données ethnographiques et linguistiques =====
[[Image:Mapuche macro-ethnicity.png|vignette|Macro-ethnicité mapuche.]]
Les Mapuches historiques n’étaient parfaitement homogènes ni culturellement ni linguistiquement, quelques différences mineures se manifestant en effet parmi eux. Les Mapuches au sens large étaient liés aux dénommés ''[[Huilliches]]'' (groupes méridionaux) et ''[[Picunches]]'' (groupes septentrionaux), cependant que, ethnologiquement, le peuple mapuche se subdivise en plusieurs sous-groupes, lesquels, pour rappel, s’énumèrent comme suit :
* Picunches :
** ''{{Lien|lang=es|trad=Huaycoches|fr=Huaycoches}}'', ou ''Mapochoes'', Picunches de la [[Santiago|Santiago du Chili|vallée de Santiago du Chili]] ;
** ''{{Lien|lang=es|trad=Promaucaes|fr=Promaucaes}}'', Picunches des bassins du [[Maipo (fleuve)|Maipo]] et du [[Maule (fleuve)|Maule]].
* Mapuches (au sens propre) ou ''Araucans'' :
** ''[[Lafkenche]]s'' (Mapuches du littoral, du Biobío à Valdivia) ;
** ''Nguluches'' (Mapuches des vallées de l’[[Région de l'Araucanie|Araucanie]] et de l’actuelle [[province de Valdivia]]).
* groupes ''araucanisés'' (Chili oriental et Argentine) :
** ''[[Pehuenche]]s'' (peuples araucanisés des Andes) ;
** ''[[Ranquel]]s'' ([[Tehuelches]] et [[Het (peuple)|Het]]s aracaunisés).
* Huiliches :
** ''{{Lien|lang=es|trad=Pueblo cunco|fr=Cuncos}}'', sous-groupe ''mapuchisé''.
 
La langue des Mapuches, le [[mapudungun]] (avec sa variété méridionale appelée [[chesungun]]) constitue un [[Isolat (linguistique)|isolat]], c’est-à-dire qu’il n’y a pas de parenté prouvée avec d’autres langues, ni dans la région même, ni en dehors d’elle. Un certain nombre de propositions ont pu être faites sur de possibles apparentements, en particulier avec le [[gününa yajich]] ou avec les [[langues chon]], toutefois ces propositions ne résistent pas à un examen critique, et aucune parenté avec les langues circonvoisines n’a finalement pu être retenue. D’autres propositions d’apparentement, qui n’ont jamais été que médiocrement acceptées et ont été depuis lors complètement écartées, comprennent celles formulées par Louisa Stark et Eric Hamp au début des années 1970, en l’espèce avec des langues de [[Mésoamérique]], ou celle, également abandonnée, qui considère le mapudungun comme appartenant au groupe des [[Quingnam|langues yungas]]. Le linguiste [[États-Unis|américain]] [[Lyle Campbell]], qui a analysé ces hypothèses, a apporté des éléments péremptoires propres à devoir les rejeter. Plus récemment (1978), Mary R. Key a mis en avant un possible lien de parenté avec d’autres langues du Chili méridional, notamment le [[kawésqar]] et le [[yagan]] (en outre, les thèses de Key mettent ces idiomes en relation avec des langues de Bolivie et du Pérou, thèses qui ne reçurent pas davantage l’adhésion des spécialistes). [[Joseph Greenberg]] reprendra sans grand succès quelques-unes des conjectures antérieures en postulant un ''[[Langues andines|groupe andin]]'' dans lequel il a classé le mapuche aux côtés de quelques-uns des groupes mentionnés ci-dessus. À l’heure actuelle, la plupart des spécialistes considèrent que le mapudungun n’est apparenté à aucune autre langue connue, ce qui tend à appuyer la thèse d’une [[ethnogenèse]] distincte du reste des peuples amérindiens d’Amérique du Sud.
 
===== Données génétiques =====
 
Les populations autochtones andines et chiliennes présentent, par rapport à celles de la partie orientale de l’[[Amérique du Sud]], une surreprésentation de certains [[allèle]]s peu fréquents. Ce phénomène, qui se produit quand la population d’une région est en augmentation constante, s’accorde avec le fait que la région andine avait les plus fortes densités de population depuis l’apparition de sociétés agricoles complexes vers 4000 av. J.-C., tandis que les populations du reste du continent étaient plus fragmentées et avaient en général un niveau plus faible de développement socio-économique et démographique<ref name="Fuselli">{{article|langue=anglais|auteur=Silvia Fuselli et al.| titre= Mitochondrial DNA diversity in South America and the genetic history of Andean highlanders |périodique= Molecular biology and evolution |numéro=20.10|page=1682-1691|date=2003}}</ref>.
 
Les données archéologiques et génétiques suggèrent que les populations humaines ont pénétré en Amérique du Sud pendant le [[pléistocène]]. En outre, les données sur la diffusion génétique laissent supposer que la région andine devait, depuis des temps très reculés, être la plus peuplée, ce que suggèrent également les données archéologiques<ref name="Fuselli" />. D’autre part, ces données indiquent que les populations mapuches, de même que celles du sud du Chili, ont avec les populations autochtones des régions hautes du Pérou une plus grande proximité que, p.&nbsp;ex. les autochtones des zones basses de Bolivie ou de l’Amazonie.
 
[[Fichier:Migraciones humanas en haplogrupos mitocondriales.PNG|vignette|400px|Aires de prédominance du [[haplogroupe]] B (en vert) chez les populations natives d’Amérique et d’Extrême-Orient.]]
 
Des données complémentaires ont montré que les Mapuches et les Yaghan ne présentent presque jamais l’[[haplogroupe]] A (ADNmt), et ne présentent l’haplogroupe B (ADNmt) que rarement, alors que chez les Pehuenches au contraire ces [[haplotype]]s sont très présents. Cela tend à prouver que les Pehuenches ont une origine en partie différente des Mapuches<ref>{{article|langue=anglais|auteur=Moraga, M. L., Rocco, P., Miquel, J. F., Nervi, F., Llop, E., Chakraborty, R.,... & Carvallo, P.|titre= Mitochondrial DNA polymorphisms in Chilean aboriginal populations: implications for the peopling of the southern cone of the continent |périodique= American Journal of Physical Anthropology|numéro=113(1)|page=19-29|date=2000}}</ref>, ce qui s’accorde avec la thèse que les Pehuenches constituent au moins partiellement un groupe ''araucanisé''. Cependant, même ainsi, Pehuenches et Mapuches présentent entre eux, pour le reste des haplogroupes identifiés, une dissimilitude moindre qu’avec les populations du Chili méridional.
 
==== Théorie ''autochtoniste'' ====
 
Aucune des anciennes hypothèses n’apparaissant concluante ni démontrée, de nombreuses études archéologiques ont ensuite été menées, qui ont permis d’achever d’invalider les thèses situant l’origine des Mapuches dans les [[pampa]]s, dans le [[Gran Chaco|Chaco]] ou en Amazonie<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Horacio Zapater|auteur2=Horacio Zapater Equioíz|titre=Aborígenes chilenos a través de cronistas y viajeros|éditeur=Éd. Andres Bello|année=1998|passage=43-44|isbn=|lire en ligne=https://books.google.cl/books?id=jFpy2N_KcUEC&pg=PA44}}</ref>. Comme exemple de ces études archéologiques sont à mentionner en particulier les fouilles de l’anthropologue [[États-Unis|américain]] [[Tom Dillehay]], qui mit au jour de nouveaux gisements archéologiques, comprenant notamment de grands [[tumulus]] de terre nommés ''cuel'' (ou ''kwel'')<ref>{{article|langue=espagnol|url=http://www.mapuche.info/docs/merc080106f.html|auteur=Francisco Aravena|titre=En regiones de la Araucanía y del Biobío: Cómo se reveló el secreto mapuche|périodique=El Mercurio|date=6 janvier 2008|consulté le=7 octobre 2011}}</ref>.
 
Les recherches archéologiques de [[Grete Mostny]] et de [[Carlos Aldunate Solar]] ont apporté la confirmation que dans l’unité culturelle mapuche précoce aucun élément pampéen n’est détectable, à l’opposé de ce qui avait été anciennement postulé par Latcham. Aussi d’autres hypothèses nouvelles sur l’origine de l’ethnie mapuche ont-elles été formulées, portant que l’actuel territoire chilien aurait été habité, avant l’avènement de la culture mapuche, par des groupes de cueilleurs qui, sans avoir de lieu de résidence fixe, occupaient certaines zones de façon stable et vivaient de la chasse au [[guanaco]] et à l’[[huemul]], en plus de collecter des mollusques, des fruits et des graines. Il fut postulé que ces groupes étaient le socle du peuplement mapuche, et que l’un de ces groupes prit le dessus sur le reste et sut imposer sa langue et ses croyances. Cependant, l’on n’est pas en mesure encore d’indiquer avec précision comment cette ethnie s’est constituée, les éléments de preuve disponibles permettant de préciser seulement qu’aux environs des années 500 et 600 avant. J.-C., il existait une culture que l’on peut avec certitude suivre dans le temps jusqu’aux Mapuches des siècles ultérieurs.
 
Selon l’anthropologue et historien [[José Bengoa]], « les Mapuches, comme tous les peuples originaires, furent les premiers à nommer les paysages du Chili », ajoutant plus loin que « les anciens Mapuches, d’après toutes les nouvelles théories, seraient originaires du territoire chilien même. Il s’agirait de groupes anciens, qui évoluèrent et changèrent. Il est probable qu’ils établirent aussi des contacts avec d’autres peuples du nord. La séquence des trouvailles archéologiques récentes est claire. Il existerait un lien, p.&nbsp;ex. en matière de céramique, entre les groupes potiers du petit nord, du centre du Chile et du sud mapuche ». L’auteur explicite ce qui précède en signalant que « nous pourrions dire en simplifiant que les cultures apprenaient les unes des autres, du nord au sud, pendant de longs siècles. Les enterrements, les jarres, les étoffes et les autres signaux culturels trouvés par les spécialistes montrent que dès le {{s-|VII}}, la culture Mapuche est de plus en plus constituée »<ref>Bengoa (2003), {{p.|31 et 32}}.</ref>.
 
En {{date|mai 2007}}, le chercheur [[Patricio Bustamante]] présenta une nouvelle hypothèse, dans laquelle il conjecturait que la [[Complexe El Molle|culture ''molle'']] (prononcer ''molyé''), établie dans le nord du Chili, près de l’actuelle ville de [[La Serena]], pourrait avoir été la culture mapuche archaïque. Cette hypothèse s’appuie sur la considération que la culture ''molle'' se développa entre l’an 1 et l’an 800 de notre ère et que les Mapuches apparurent en tant que culture distincte vers le {{s-|VII}}. Ces dates peuvent induire à croire erronément qu’à partir de cette date « disparut » la culture ''molle'' et que « naquit » de manière indépendante la culture mapuche. Une explication qui apparaît raisonnable pose que la culture ''molle'' muta vers la fin de la période, se transformant au point de paraître une culture totalement différente. Cela peut s’expliquer par des migrations qui les conduisirent à prendre possession d’espaces géographiques situés plus au sud, présentant un environnement climatique caractérisé par la prédominance de pluies et une abondance de bois. Sur la base d’un ensemble de preuves circonstancielles disponibles actuellement (an 2000) {{incise|toponymie, [[pétroglyphe]]s qui pourraient représenter des légendes mapuches, absence de toponymes dans une langue inconnue et attribuables à la culture ''molle'', le fait que toutes deux soient des cultures riveraines avec adoration de l’esprit des montagnes, et autres éléments}}, il est permis de supposer que ce que nous désignons par culture ''molle'' pourrait être la culture mapuche archaïque<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=José Bengoa|titre=Historia del pueblo mapuche|sous-titre=(siglo XIX y XX)|éditeur=Lom Ediciones|année=2000|passage=110 (note {{n°|63}})|isbn=|lire en ligne=https://books.google.cl/books?id=k_E3aAiunm8C&pg=PA110}}</ref>.
 
=== Expansion inca ===
 
[[Fichier:MapvsInc.JPG|vignette|redresse|Affrontement entre un groupe d’autochtones de l’actuel Chile (à gauche) et les troupes du capitaine Apu Camac Inca (illustration de [[Felipe Guamán Poma de Ayala|Guamán Poma de Ayala]]).]]
 
Les Mapuches eurent à affronter l’expansion de l’[[Empire inca]] ou ''Tawantisuyo'', dont la poussée se fit sentir à partir du {{s-|XV}}, avec l’extension vers le sud de la région méridionale de [[Qulla Suyu|Collasuyo]], l’une des quatre régions ou ''rumbos'' en lesquelles était divisé l’Empire inca.
 
Sous le règne de [[Tupac Yupanqui|Túpac Inca Yupanqui]], une expédition de conquête fut organisée qui traversa d’abord le [[Altiplano|Collao]], [[Cochabamba]] et [[San Miguel de Tucumán|Tucumán]], puis, depuis [[Sucre|Charcas]], fit mouvement vers le sud et soumit les [[diaguita]]s des [[vallées transversales]] et une partie des populations picunches que habitaient la ''Vallée du Chili'' (l’actuelle [[vallée de l'Aconcagua]]) et quelques zones situées au sud de celle-ci. Ainsi fut fixée la limite sud de l’Empire inca, que les historiens et archéologues font conventionnellement coïncider avec le [[Maule (fleuve)|río Maule]].
 
L’Espagnol [[Alonso de Ercilla]], en son [[Épopée|poème épique]] ''La Araucana'' de 1569<ref>{{lien web|url=http://www.pehuen.cl/archivo/biblioteca/la-araucana.PDF|titre=La Araucana de Alonso de Ercilla|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.pehuen.cl/archivo/biblioteca/la-araucana.PDF|archive-date=9 avril 2017 }}</ref>, l’[[Inca Garcilaso de la Vega]], dans son ouvrage ''[[Comentarios Reales de los Incas]]'' de 1609<ref>{{lien web|url=http://www.cepchile.cl/dms/archivo_3105_797/rev86_mblanco.pdf|titre=El Inca Garcilaso, un indio antártico (1539-1616)|auteur=Marta Blanco}}</ref>, et les chroniqueurs [[Jerónimo de Vivar]] (''Crónica y relación copiosa y verdadera de los Reinos de Chile'', de 1558)<ref>{{lien web|url=http://www.memoriachilenaparaciegos.cl/archivos2/pdfs/MC0008847.pdf|titre=Crónica y relación copiosa y verdadera de los Reynos de Chile. Hecha por Gerónimo de Bibar, natural de Burgos. MDLVIII.|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.memoriachilenaparaciegos.cl/archivos2/pdfs/MC0008847.pdf|archive-date=9 avril 2017 }}</ref>, Miguel de Olaverría (''Informe de Miguel de Olaverria sobre el Reyno de Chile, sus Indios y sus guerras'', 1594)<ref>[https://books.google.com/books?id=IGs1AAAAIAAJ&pg=PA18&source=gbs_toc_r&cad=0_0#PPA24,M1 Historia física y política de Chile, Tomo Tercero, Parte I] {{p.|24-25}}. Auteurs : Claudio Gay & Ivan Murray Johnston</ref> et [[Vicente Carvallo y Goyeneche]] (''Descripción histórico geografía del Reino de Chile'', de 1796)<ref>{{lien web|url=http://www.historia.uchile.cl/CDA/fh_sub_article/0,1395,SCID%253D4264%2526ISID%253D404%2526GRPR%253D4255%2526PRT%253D4262%2526JNID%253D12,00.html|éditeur=historia.uchile|titre=Descripcion Histórico Geografía del Reino de Chile|auteur=Vicente Carvallo Goyeneche}}</ref> ont relaté la campagne militaire inca menée en direction du fleuve Maule et la confrontation du corps expéditionnaire avec les [[Promaucaes]] du sud.
 
Les Incas appelaient ''Promaucaes'' ou ''Purumaucas'' ou encore ''purum aucca'' ces populations non encore assujetties à leur empire. Ils commencèrent par mettre sous leur tutelle quelques peuples de la ''Vallée du Chili'', qui durent dorénavant leur payer tribut. La guerre à laquelle donna lieu cette campagne dans le sud opposa, au sud du fleuve Maule, {{formatnum:20000}} Incas de Yupanqui et un nombre à peu près égal de Mapuches. La tribu des Picunches, nommée Promaucaes par les Espagnols, ayant eu connaissance de la venue des Incas, conclut une alliance avec les Antallis, les Cauquis et les Pincus.
 
Les Incas envoyèrent des émissaires pour parlementer et amener les Promaucaes à reconnaître Túpac Inca Yupanqui comme souverain. Les Promaucaes cependant préférèrent livrer bataille et affronteront les Incas trois jours durant, événement connu sous le nom de ''[[bataille du Maule]]''<ref>Mentionnée par Francis Goicovich Videla et Osvaldo Silva Galdames dans leur article intitulé ''[https://web.archive.org/web/http://www.filosofia.uchile.cl/publicaciones/revindigena/n6/goicovich.pdf Detuvo la Batalla del Maule la expansión Inca hacia el sur de Chile?]'', sur le site de l’[[université du Chili]].</ref>. La bataille provoqua un grand nombre de morts dans chaque camp, sans que l’une des deux armées n’en sortît victorieuse. Le quatrième jour, il fut décidé de ne pas s’affronter. Les Promaucaes se retirèrent du champ de bataille en chantant victoire. Les Incas, qui avaient d’abord envisagé de prolonger les opérations et de poursuivre leurs adversaires, afin d’assurer les conquêtes réalisées jusque-là, résolurent finalement de ne pas pousser davantage leur avance, mais de se borner à fortifier leurs positions et à administrer les territoires déjà conquis par eux plus au nord, où les nouveaux peuples vassalisés acceptèrent de bonne grâce la tutelle incaïque et sauront en retirer des bénéfices.
 
Quoique les recherches archéologiques n’aient pas apporté les preuves d’une présence inca au sud du fleuve Maule, il existe néanmoins quelques chroniques espagnoles indiquant que lors de cette expansion ou lors d’une autre ultérieure se serait produite une hypothétique dernière expansion ou invasion, plus avant encore dans le sud, jusqu’au fleuve [[Rio Biobío|Biobío]], accomplie par des troupes incas sous le règne de Túpac Inca Yupanqui ou d’[[Huayna Capac]]. Lesdites chroniques sont, d’une part, le rapport de [[Miguel de Olaverría]], qui déclare à la page 24 :
 
{{Citation bloc|Les Péruviens conquirent et assujettirent tous les Indiens qu’il y avait jusqu’au grand fleuve Biobío ; qu’ils sont arrivés jusqu’audit fleuve se voit aujourd’hui aux forts qu’ils construisirent sur la montagne du [[Río Claro (La Laja)|río Claro]], où ils établirent la frontière et la partagèrent avec les Indiens de l’État (d’Arauco), avec lesquelles ils eurent de nombreuses batailles.}}
 
et, d’autre part, dans la chronique du père [[Anello Oliva]], contenue dans son ''Historia del Perú'' (publiée dans une traduction française) :
 
{{Citation bloc|(…) qu'il soumit jusqu’à la vallée d’Arauco, où il passa l’hiver, après y avoir fait construire quelques forts. Il soumit ensuite les provinces de [[Chillhue]] et de [[Chillcaras]].}}
 
Néanmoins, les historiens soulignent que les conquêtes des Incas au-delà du río Maule n’existent dans leur ensemble que par les écrits de chroniqueurs habitués à rédiger leurs chroniques avec peu de discernement et qui ne concordent que médiocrement entre eux<ref>{{lien web|url=http://www.cervantesvirtual.com/servlet/SirveObras/01305064222793051977024/p0000002.htm#I_24_|titre=Diego Barros Arana, Historia general de Chile. Chapitre troisième, points 3, 4 et 5}}</ref>.
 
Les chroniques mentionnent encore que dans la décennie 1520, les deux fils de l’Inca [[Huayna Capac]] (1467c-1528c), [[Huascar]] (1491-1533) et [[Atahualpa]] (1500-1533), se disputent l’Empire dans une guerre civile acharnée, laquelle contribue à affaiblir l’armée inca sur le territoire mapuche, les contraignant à abandonner leurs positions et à se replier plus au nord pour défendre dans des conditions mieux assurées le reste du territoire conquis peu avant.
 
=== Arrivée des Européens et guerre d’Arauco ===
 
[[Fichier:Grabado Caupolican-Nicanor Plaza.jpg|vignette|redresse|Gravure représentant la statue de [[Caupolicán]], sculptée par [[Nicanor Plaza]].]]
 
Quelques décennies plus tard, les [[conquistador]]s espagnols, après avoir terrassé l’Empire inca, tentèrent à leur tour de soumettre les Araucans, dont les effectifs de population étaient estimés à environ un million de personnes<ref name="Bengoa19">José Bengoa (2000) [1982], ''Historia del pueblo mapuche. Siglos XIX y XX'', Lom Ediciones, Santiago du Chili, {{p.|20 et 22}}. {{ISBN|956-282-232-X}}.</ref>. La résistance des Mapuches donna lieu à un conflit prolongé, la guerre dite d’[[Guerre d'Arauco|Arauco]]. L’action de figures telles que [[Lautaro]] (éminent commandant militaire mapuche, qui, enfant encore, avait été fait prisonnier par les Espagnols, et servit comme page auprès de [[Pedro de Valdivia]]) et plus tard le soulèvement de [[Pelantaro]] dans la décennie 1590, aboutirent à ce que la frontière militaire entre Espagnols et Mapuches fut fixée au [[Rio Biobío|fleuve Biobío]]. La [[bataille de Curalaba]] de 1598, où le gouverneur [[Martín Óñez de Loyola]] perdit la vie, scella la défaite des troupes espagnoles en territoire mapuche.
 
Au cours de cette première phase de la domination espagnole (seconde moitié du {{s-|XVI}} et première moitié du {{XVIIe}}), la population autochtone vivant sur le territoire de l’actuel Chili (estimée à un million de personnes environ)<ref>José Bengoa (2000). ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|19-20}}.</ref> se verra fortement diminuée, principalement par les maladies apportées par les Européens et contre lesquelles les Amérindiens n’étaient pas immunisés, dont en particulier le [[typhus]] (1554-1557), qui emporta {{formatnum:300000}} vies humaines, et la [[variole]] (1561-1563), de laquelle périrent {{formatnum:100000}} Amérindiens encore<ref>José Bengoa (2000). ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|33}}</ref>. Il est très probable qu’au moment de la bataille de Curalaba au Chili, il n’y eût plus guère que {{formatnum:200000}} autochtones<ref>José Bengoa (2000). ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|21-22}}</ref>.
 
Le poème épique ''[[Arauco Domado (Pedro de Oña)|Arauco Domado]]'' (littér. ''Araucanie domptée'') de l’écrivain chilien [[Pedro de Oña]], ainsi que l’[[Arauco Domado (Lope de Vega)|œuvre théâtrale homonyme]] de [[Lope de Vega]], racontent sous l’angle espagnol une partie de la guerre contre le peuple mapuche. De même, l’[[épopée]] ''[[La Araucana]]'' (1569, 1578 et 1589) du conquistador espagnol [[Alonso de Ercilla]], dédiée au roi [[Philippe II (roi d'Espagne)|Philippe II d’Espagne]], met en lumière la résistance dont fit preuve le peuple araucan. Dans cette œuvre, Ercilla évoque les Mapuches sous le nom d’Araucans, les présentant comme le produit du Chili.
 
{| class='text'
! Espagnol
! Français
|- valign="top"
| style="padding:5px" |
<poem>
:::::en la región Antártica famosa,
:::::de remotas naciones respetada
:::::por fuerte, principal y poderosa;
:::::la gente que produce es tan granada,
:::::tan soberbia, gallarda y belicosa,
:::::que no ha sido por rey jamás regida
:::::ni a extranjero dominio sometida.
:::::Chile, fértil provincia y señalada
</poem>
| style="padding:5px" |
<poem>
:::::::::dans la région Antarctique fameuse,
:::::::::respectée des nations lointaines
:::::::::car forte, principale et puissante ;
:::::::::les gens qu’elle produit sont si distingués,
:::::::::si altiers, gaillards et belliqueux,
:::::::::qu’ils n’ont jamais été par nul roi régis
:::::::::ni à tutelle étrangère soumis.
:::::::::Chili, province fertile et éminente</poem>
''La Araucana'', Alonso de Ercilla (1569)<ref>Traduction par nos soins.</ref>
|}
 
[[Fichier:El joven Lautaro - P. Subercaseaux.PNG|vignette|250px|''Le jeune [[Lautaro]]'', tableau de [[Pedro Subercaseaux]], montrant le génie militaire du personnage et l’habileté de ses compatriotes.]]
[[Fichier:Martires de elicura.jpg|vignette|redresse|Jesuites martyrisés par les Mapuches en 1612 au Chili. Gravure tirée de l’''Histórica Relación del Reino de Chile'' d’[[Alonso de Ovalle]].]]
 
De fait, l’Araucanie ne sera jamais conquise par aucun Espagnol. Les historiens ont bien documenté que les groupes mapuches établis entre les fleuves Biobío et [[Río Toltén|Toltén]] réussirent à résister aux conquistadors espagnols tout au long de la dénommée guerre d’Arauco, succession de batailles et d’événements qui s’étala sur quelque {{nobr|300 ans}}, entrecoupée de longues périodes de trêve. Pedro Ordóñez de Ceballos (vers 1555-1634), dans son ''Viaje del Mundo'', affirme que « les [[Pijao]]s, [[Tayronas|Taironas]] et Araucans sont les trois nations dont les gens sont les plus valeureux des Indes… ».
 
Dans les siècles suivants, les Espagnols seront hésitants à pénétrer en territoire mapuche. Pendant un temps, ils le tenteront par le biais de missions religieuses (pacifiques) dirigées par le père [[Luis de Valdivia]], lors de ce qui sera appelé la ''[[Guerre défensive (Chili)|Guerre défensive]]'', qui du reste ne donna pas de résultats, et qui céda le pas aux dénommés ''parlements'', rencontres lors desquelles les deux camps échangeaient des présents et signaient des pactes qu’ils juraient de respecter. Ainsi fut-il convenu, lors du parlement de Quillín en 1641, de mettre un terme à la guerre et de fixer la frontière au fleuve Biobío<ref>{{Ouvrage|auteur1=Isabel Hernández|titre=Los mapuche|sous-titre=derechos humanos y aborígenes|éditeur=Galerna|année=1985|pages totales=125|passage=18|isbn=978-950-556-421-7|lire en ligne=https://books.google.ar/books?id=J4_HEGgJg34C&pg=PA18&dq=Hern%C3%A1ndez%2C+isabel+Los+mapuche+Quil%C3%ADn|titre chapitre=Los Mapuche Chileno-Argentino}}</ref> ; les Mapuches s’engagèrent à libérer leurs captifs et à faire front contre les ennemis de la [[Monarchie espagnole|Couronne]]. Il y eut par la suite d’autres parlements encore, qui se tinrent avec l’approbation du [[roi d'Espagne]] et pendant lesquels sera réitérée la reconnaissance par l’Espagne de l’indépendance des Mapuches vis-à-vis de la Couronne espagnole, les parties en cause s’engageant à renoncer aux actions belliqueuses. Il s’ensuivit une période de paix relative (abstraction faite de petites « protestations » en différents endroits du pays), qui permit à la population mapuche de se rétablir et d’atteindre les {{formatnum:150000}} à {{nombre|200000|individus}} vers la fin du {{s-|XVIII}}<ref>José Bengoa (2000), ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|37}}.</ref>. Peu après commencèrent des migrations massives vers la Pampa<ref>José Bengoa (2000), ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|252-253}}.</ref>.
 
Après l’indépendance du Chili, ces traités entre Mapuches et Espagnols furent reconnus par le gouvernement républicain du [[Directeur suprême du Chili|Directeur suprême]] [[Ramón Freire]], sur les bords du ruisseau Tapihue, le {{date|7 janvier 1825}}, lors du parlement général de Tapihue. Dans les articles 18 et 19 du pacte conclu à cette occasion, la souveraineté mapuche était reconnue sur les territoires sis au sud du Biobío.
 
L’[[Anthropologie|anthropologue]] [[États-Unis|américain]] [[Tom Dillehay]] {{incise|celui qui découvrit à [[Monte Verde]] l’établissement humain le plus ancien d’Amérique}} publia un ouvrage en 2007, dans lequel il explique pourquoi les Mapuches étaient, à l’arrivée des Espagnols, une société plus développée que ce que l’on avait cru jusque-là<ref>El Mercurio, 6 janvier 2008.</ref>.
 
== Expansion vers l’est ==
 
La présence, de date plus récente, des Mapuches dans l’actuelle [[Argentine]] est due en partie à la pression exercée par les Espagnols, et en partie à un long processus de migration à travers les cols de la [[cordillère des Andes]], processus assorti d’une transmission culturelle, par lequel les Mapuches se propagèrent entre les {{s2-|XVII|XIX}} dans les territoires situés à l’est des Andes<ref>{{article|auteur=Juan Francisco Jiménez et Sebastián Alioto|année=2007|titre="Que ningún desgraciado muera de hambre": agricultura, reciprocidad y reelaboración de identidades entre los ranqueles en la década de 1840 |url=http://www.scielo.org.ar/pdf/magr/v8n15/v8n15a09.pdf |format=PDF|périodique=Mundo Agrario. Revista de estudios rurales |éditeur=Centro de Estudios Histórico Rurales. Universidad Nacional de La Plata |lieu=La Plata|volume=8 |numéro=15|consulté le=24 janvier 2009}}</ref>, nommément dans le [[Comahue]] (englobant une grande partie de la région pampéenne et la portion nord de la [[Patagonie (Argentine)|Patagonie orientale]]), c’est-à-dire dans des terres jusque-là habitées par plusieurs peuples aux cultures et aux langues très différentes. La conséquence de ces mouvements de population sera l’''araucanisation'', violente ou pacifique, des [[Tehuelches]] du nord et des anciens [[Pehuenche]]s.
 
Dès avant le milieu du {{s-|XVIII}}, il y eut une importante activité commerciale et d’échange de produits entre les habitants des plaines pampéennes et des montagnes de l’actuelle [[province de Buenos Aires]], les habitants de la Patagonie septentrionale, et ceux des deux versants de la [[cordillère des Andes]], notamment par le biais de deux foires très importantes qui se tenaient dans la chaîne du Cayrú et à Chapaleofú. Dans ces foires, appelées « foires des ponchos » par les jésuites de l’époque qui en firent mention (comme [[Thomas Falkner]]), différents types de produits s’échangeaient, allant de productions agricoles jusqu’à des pièces d’habillement telles que des [[poncho]]s. Le Cayrú se trouvait dans la partie la plus occidentale du Système de Tandilia (sur le territoire de l’actuel [[Olavarría (partido)|partido d’Olavarría]]), tandis que Chapaleofú fait référence aux abords du ruisseau homonyme, dans l’actuel [[Tandil (partido)|partido de Tandil]]<ref name="a2f5d444" />, ces lieux se situant tous deux dans l’''intérieur'' de l’actuelle province de Buenos Aires. Ainsi commença-t-il à y avoir, par l’effet de ces mouvements de personnes en vue d’échanges commerciaux, dès avant le milieu du {{s-|XVIII}}, aussi une certaine interpénétration culturelle entre les différents peuples habitant la pampa humide, dans une aire allant de la Patagonie septentrionale jusqu’à la zone située au pied de la cordillère des Andes (sur ses deux versants, oriental et occidental) et jusqu’au littoral de l’océan Pacifique, cette interpénétration culturelle concernant en particulier les [[Tehuelches]], les [[Ranquel]]s et les Mapuches<ref name="e042d2eb" />.
 
L’influence mapuche sur les autres peuples de Patagonie et de la Pampa, consécutive aux échanges commerciaux, fut suffisamment grande sur les Tehuelches et les autres peuples que pour conduire à ce qui est d’usage d’appeler la « mapuchisation » ou « araucanisation » des Pampas et de la Patagonie. Ainsi, une bonne partie des Tehuelches adopta nombre de coutumes mapuches ainsi que la langue mapudungun, tandis que les Mapuches faisaient siens certains éléments du mode de vie Tehuelche (comme p.ex. le fait de vivre dans des ''tolderías'', réunion de ''toldos'', tentes d’Amérindien faites de cuir et de branchages), ce qui tendit à faire s’estomper les différences entre les deux groupes, au point que leurs descendants se désignent eux-mêmes désormais comme Mapuche-Tehuelches<ref name="164a61bc" />.
 
Cette invasion, en partie violente, par les Mapuches de territoires situés à l’est des Andes a porté certaines personnalités argentines à apposer aux Mapuches l’étiquette d’envahisseurs et à juger irrecevables leurs revendications territoriales en Argentine<ref>C’est le cas notamment de Roberto Edelmiro Porcel, professeur à la faculté de droit de l’université de Buenos Aires, qui note dans un billet sur son site personnel : « Leur territoire d’origine (l’''Arauco'') était parfaitement délimité au Chili (vu qu’ils étaient sédentaires, car, en plus d’être chasseurs et cueilleurs, ils étaient agriculteurs). Leurs limites étaient le fleuve Bio Bio au nord, le Toltén au sud, l’océan Pacifique à l’ouest et la cordillère des Andes à l’est. C’est pourquoi aussi ils vivaient dans des ''rucas'', maisons faites en bois dans les régions boisées ou de pierre dans celles montagneuses, à la différence de nos aborigènes, d’ascendance pampéenne, qui, étant nomades, vivaient dans des tentes de peaux, facilement transportables lors de leurs continuels déplacements.
 
Les autochtones araucans se caractérisent par leur petite stature (aux environs de {{unité|1.60| m}}), leur torse en effet dépassant en longueur leurs extrémités, au contraire de nos Tehuelches, qui étaient grands, athlétiques, très bien proportionnés. Nos Guenakenq (appelés aussi Puelches ou Pampas montagnards) et les Gununa Kena (ou Pampas) mesuraient aux alentours de {{unité|1.70|m}} /{{unité|1.75|m}}. Les Aoniken (Patagons) étaient plus grands encore ({{unité|1.80|m}}/{{unité|1.92|m}}). Ils se différenciaient d’autre part par la forme de leur tête, les uns étant [[Brachycéphalie|brachycéphales]], les autres [[dolichocéphale]]s. Les Araucans étaient beaucoup plus avancés que nos aborigènes du sud. Ils connaissaient l’art du tissage pour leurs vêtements, tandis que nos indigènes se couvraient avec les peaux des animaux qu’ils chassaient, cousus ensemble avec des lanières. Enfin, leurs armes aussi étaient différents : la lance contre la ''[[Bolas (arme)|bola]]''.
 
On voit donc qu’il s’agit de peuples totalement distincts, qui commencèrent à communiquer entre eux par la pression des Espagnols au Chili, puis, davantage encore, avec l’arrivée et l’usage du cheval, qui leur permit d’entreprendre des échanges et d’entretenir des relations commerciales.
 
Mais les événements qui se produisirent dans la dernière partie du {{s-|XVIII}}, et plus encore au {{s-|XIX}}, durant le processus d’émancipation du Chili (la dénommée ''[[Guerre à mort (Chili)|Guerre à mort]]''), firent que les aborigènes de l’ouest des Andes pénétrèrent massivement [en Argentine] d’abord pour mener des razzias, puis pour s’établir et s’approprier notre mal nommé ''désert'', vainquant — par leurs javelots, leur supériorité numérique et leur meilleure préparation à la guerre — nos naturels, qui durent leur céder leurs zones d’implantation et leurs terres. Quel droit leur permet-il donc de se prévaloir d’un statut de « peuple originaire » sur le sol argentin ? Aucun. […]
 
Outes et Bruch, dans leur opuscule publié en 1910 sur ''Los Aborígenes en la República Argentina'', nous informent qu’à cette époque (début du {{s-|XX}}) le nombre des Araucans, qui à partir du milieu du {{s-|XVIII}} s’en vinrent occuper des étendues de nos pampas, ne dépassaient guère dans notre pays quelques petites centaines de personnes, disséminées dans la province de Buenos Aires et dans les gouvernorats de La Pampa, Neuquén et Río Negro. Horacio Zapater, qui vers le milieu du {{s-|XX}} voyagea au pays araucan (l’Arauco au Chili), explique avec clarté dans ses ''Notas de viaje por el país Araucano'' le problème de leur croissance de population et leur grande expansion, qui s’exerce aujourd’hui également en direction de notre pays. » Cf.{{lien web|url=http://notashistoricasporcel.blogspot.be/2010/05/problema-mapuche-en-el-sur-argentino.html|auteur=Roberto Porcel|titre=Problema mapuche en el sur argentino|date=7 mai 2010|consulté le=20 décembre 2017 }}.</ref>.
 
=== Indépendances et avènement des États du Chili et de l’Argentine ===
 
Vers 1880, l’Argentine et le Chili entreprirent des guerres de conquête contre les Amérindiens (Mapuches et Patagons) qui vivaient au sud du continent dans des régions restées largement hors de leur contrôle et difficilement pénétrables. Ces guerres, dont la ''[[conquête du Désert]]'' du général [[Julio Argentino Roca]], qui firent des dizaines de milliers de morts parmi les Amérindiens, poursuivaient aussi un autre objectif : l'accès aux deux océans. Le Chili voulait s'ouvrir sur l'Atlantique par le sud et l'Argentine sur le Pacifique, là aussi par le sud. Finalement, la frontière fut stabilisée dans sa forme actuelle à la fin du {{s-|XIX}}.
 
==== Au Chili ====
 
[[Fichier:Araucanos-Giulio Ferrario's.jpg|vignette|Dessin représentant des Mapuches, par Giulio Ferrario, publié à Milan en 1827.]]
[[Fichier:Ocupacion de la Araucanía 1869.JPG|vignette|[[Cornelio Saavedra Rodríguez]] négociant avec des [[lonco]]s Mapuches en 1869, dans les premières phases de l’occupation de l’Araucanie par les troupes chiliennes.]]
 
{{article détaillé|Occupation de l'Araucanie}}
Pendant la [[guerre d'indépendance du Chili]], les Mapuches prirent parti, la plupart du temps, pour les troupes royalistes, encore qu’ils ne s’engageront que peu dans les opérations militaires, pour la raison que celles-ci eurent lieu hors de leur territoire ; ce ne fut que dans la phase finale, pendant la dénommée ''[[Guerre à mort (Chili)|Guerre à mort]]'', que les Mapuches s’impliquèrent effectivement dans le conflit<ref>José Bengoa (2000), ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|146-147}}.</ref>.
 
Son indépendance obtenue vis-à-vis de l’Espagne, le Chili poursuivit une même politique de retenue et de non-agression. Cependant, dans la deuxième moitié du {{s-|XIX}}, un plan d’expansion de l’État chilien aux dépens du territoire mapuche fut conçu. De plus, lorsque le 17 novembre 1860 le Français [[Antoine de Tounens]], après avoir gagné à ses projets l'enthousiasme de quelques chefs mapuches auxquels il avait promis des armes<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Christian Rudel|titre=Le Chili|éditeur=KARTHALA Editions|année=2011|passage=114|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=8Rfv6ckNORwC&pg=PA114}}.</ref> fut élu [[toqui]] (chef de guerre) suprême des Mapuches<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Marc Blancpain | titre=Orllie Antoine Ier | sous-titre=roi d'Araucanie et de Patagonie | éditeur=P. Fanlac | année=1970 | passage=63 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ZW4eAAAAMAAJ&dq=Les+Huilliches+le+proclame++toqui++supr%C3%AAme}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Herbert Wendt | titre=The Red, White, and Black Continent | sous-titre=Latin America, Land of Reformers and Rebels | éditeur=[[Doubleday]] | année=1966 | passage=271 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=8HZnAAAAMAAJ&dq=%22elected+him+Great+Toqui%2C+Supreme+Chieftain+of+the+Mapuches.+Probably+Tounens%22}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Émile Housse | titre=Une Épopée indienne | sous-titre=les Araucans du Chili ; histoire, guerres, croyances, coutumes, du {{s mini-|XIV}} au {{s-|XX}} | éditeur=[[Plon]] | année=1939 | passage=281 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=4OEXAAAAIAAJ&q=%22Les+Araucans+n%27avaient+qu%27%C3%A0+le+proclamer+grand+toqui%22}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Tommie Junior Hillmon | titre=A History of the Armed Forces of Chile from Independence to 1920 | éditeur=Syracuse University | année=1963 | passage=124 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=iZQbqaYCSf8C&dq=%22to+elect+him+their+toqui+%28head%29%22}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Gareyte,|nom1=Jean-François.|titre=Le rêve du sorcier : Antoine de Tounens, roi d'Araucanie et de Patagonie : une biographie|éditeur=La Lauze| lieu= Périgueux| date=2016| tome= 1| passage= 159|isbn=9782352490524|oclc=951666133}}</ref> s'autoproclama<ref>{{Ouvrage | langue= fr | auteur1=Jorge Fernández Correa | titre=El naufragio del naturalista belga | éditeur=RIL Editores | date=2009 | passage=251 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=AMn2gUXRGWsC&pg=PA251 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue= fr | auteur1=Carlos Foresti Serrano, Eva Löfquist, Álvaro Foresti, María Clara Medina | titre=La narrativa chilena desde la independencia hasta la Guerra del Pacífico | éditeur=Editorial Andrés Bello | date=2001 | passage=63 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=K-9eAAAAMAAJ&q=%22+autoproclamado+Rey+de+la+Araucan%C3%ADa%22&dq=%22+autoproclamado+Rey+de+la+Araucan%C3%ADa%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiVx8uoqNHbAhWmxVQKHYHkDawQ6AEIQjAE}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue= fr | auteur1= | titre=Procesos | éditeur=Corporación Editora Nacional | date=2000 | passage=64 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=To3rAAAAMAAJ&q=%22+autoproclamado+Rey+de+la+Araucan%C3%ADa%22&dq=%22+autoproclamado+Rey+de+la+Araucan%C3%ADa%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiVx8uoqNHbAhWmxVQKHYHkDawQ6AEINjAC }}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue= fr | auteur1= | titre=Patagonia: History, Myths and Legends| éditeur=Duggan-Webster | date=2001 | passage=65 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=vHvjAAAAMAAJ&q=%22and+proclaimed+himself+their+constitutional+King%22&dq=%22and+proclaimed+himself+their+constitutional+King%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwinmJ7f-8zbAhUHjlQKHamkArQQ6AEIJzAA }}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue= fr | auteur1=Fernando Devot, Pilar González-Bernaldo | titre=Emigration politique : une perspective comparative | éditeur=Harmattan | date=2001 | passage=13 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bgN9AAAAMAAJ&q=%22Antoire-Or%C3%A9lie+de+Tounens,+auto-+proclam%C3%A9%22&dq=%22Antoire-Or%C3%A9lie+de+Tounens,+auto-+proclam%C3%A9%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwidxZ2eq9HbAhULFHwKHZY1AKAQ6AEIKTAA }}.</ref>{{,}}<ref>Axel Maugey, ''Les élites argentines et la France'', Harmattan, 1998, page 117 ([https://books.google.fr/books?hl=fr&id=HUITAQAAIAAJ&dq=%22proclame+roi+d%27Araucanie+et+de+Patagonie%22&focus=searchwithinvolume&q=%22roi+d%27Araucanie+et+de+Patagonie%22 lire en ligne]).</ref> ou se fit proclamer<ref>André-Pierre Chavatte, ''Rendez-vous avec la veuve à Périgueux'', BoD 2012, page 132 ([https://books.google.fr/books?id=kntVKDxV7YUC&pg=PA132 lire en ligne]).</ref>{{,}}<ref>Jean Lecompte, ''Monnaies et jetons des colonies françaises'', Editions Victor Gadoury, 2000, page 8 ([https://books.google.fr/books?id=FU9mAAAAMAAJ&q=%22se+fait+proclamer+roi+d'Araucanie+et+de+Patagonie%22&dq=%22se+fait+proclamer+roi+d'Araucanie+et+de+Patagonie%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiM5M-kkNrWAhWhjVQKHZ80DuoQ6AEILDAB lire en ligne]).</ref> roi et (selon ses propos), « considérant que l'Araucanie ne dépend d'aucun autre État, qu'elle est divisée par tribus et qu'un gouvernement central est réclamé », décréta le 17 novembre 1761 qu'« une monarchie constitutionnelle héréditaire est fondée en Araucanie; le prince Orllie-Antoine de Tounens est nommé roi »<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Antoine de Tounens | titre=Orllie-Antoine Ier : roi d'Araucanie et de Patagonie, son avénement au trône, et sa captivité au Chili | éditeur=Thevelin | année=1863 | passage=16 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=c6Au2jJpv3gC&pg=PA16&dq=%22Consid%C3%A9rant+que+l%27Araucanie+ne+d%C3%A9pend+d%27aucun+autre+Etat%22}}.</ref>, l'affaire « au-delà de son caractère anecdotique (...) fit prendre conscience aux autorités chiliennes que les territoires d’Araucanie et de Patagonie pourraient susciter l’appétit d’aventuriers plus sérieux ou celui de puissances coloniales en mal de territoires »<ref>{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Pierre Razoux | titre=Le Chili en guerre : deux siècles de supériorité navale chilienne en Amérique Latine | éditeur=[[Economica]] | année=2005 | passage=45 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=dpgTAQAAIAAJ&dq=%22aux+autorit%C3%A9s+chiliennes+que+les+territoires+d%27Araucanie+et+de+Patagonie+pourraient+susciter+l%27app%C3%A9tit+d%27aventuriers+plus+s%C3%A9rieux%2C+ou+celui+de%22}}.</ref>.
 
De 1861 à 1883, l’armée chilienne mettra en œuvre différentes stratégies, depuis des alliances avec des clans ennemis entre eux, jusqu’à la guerre ouverte, en passant par le subornement au moyen de boissons alcoolisées. Les opérations militaires, qui furent menées principalement sous la direction de [[Cornelio Saavedra Rodríguez|Cornelio Saavedra]] (militaire chilien qui était le petit-fils du [[Cornelio Saavedra|président]] du [[Première Junte|Premier comité de gouvernement]] autonome argentin, instauré à l’issue de la journée du [[Révolution de Mai|25 mai 1810]]), s’achevèrent sur la complète soumission des Mapuches en 1883. L’ensemble de ce processus reçut le nom euphémiste de ''[[Pacification de l'Araucanie]]''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Pierre Razoux|titre=Le Chili en guerre : deux siècles de supériorité navale chilienne en Amérique Latine|éditeur=[[Economica]]|année=2005|passage=45|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=dpgTAQAAIAAJ&dq=%22aux+autorit%C3%A9s+chiliennes+que+les+territoires+d%27Araucanie+et+de+Patagonie+pourraient+susciter+l%27app%C3%A9tit+d%27aventuriers+plus+s%C3%A9rieux%2C+ou+celui+de%22}}.</ref>.
 
En décembre 1866, le [[Congrès national (Chili)|congrès chilien]] avait adopté une loi reconnaissant les droits propriétaires des Mapuches sur le « territoire autochtone », et mit sur pied une commission d’experts {{incise|la ''Commission sur l’implantation des autochtones'' (en espagnol ''Comisión radicadora de Indígenos'')}} dont la mission consistait à délimiter clairement les possessions autochtones. D’après ladite loi, toute terre sur laquelle les Mapuches ne seraient pas en mesure de justifier de leur droit de propriété serait considérée terre en déréliction (''baldía''), et dès lors bien national conformément à l’article 590 du Code civil de 1857. Le droit de propriété ne sera cependant considéré, selon les termes de la loi de 1866, comme constitué qu’au lendemain de la victoire militaire de l’État chilien en 1883, c’est-à-dire après que l’État se fut emparé militairement du territoire mapuche, par suite de quoi la plupart des terres furent déclarées ''fiscales'' (biens nationaux) par l’État, à l’encontre du sens de sa propre législation, l’État méconnaissant ainsi massivement les droits propriétaires des Mapuches. De la sorte, les Mapuches, qui auparavant détenaient quelque {{nobr|10 millions}} d’[[hectare]]s, devaient désormais survivre sur à peine {{unité|500000|hectares}}, soit 5 % seulement de leur territoire antérieur. En outre, les politiques de colonisation des terres du sud favorisaient l’usurpation de nombreuses terres encore, y compris de terres communales reconnues telles par les ''Títulos de Merced'' de la ''Comisión radicadora'', et finirent par marginaliser tout à fait les populations mapuches.
 
En ce qui concerne les communautés établies plus au sud sur le territoire chilien, comme celle des Lafquenches ou celles côtières de la [[province d'Arauco]], les [[Huilliche]]s de [[Valdivia]], dans la [[province de Llanquihue]], et de [[San Juan de la Costa]] (près d’[[Osorno]]), ou celles encore de l’[[île de Chiloé]], si l’on dispose de peu d’informations à leur sujet, l’on sait avec certitude que les premières prirent part à la ''Guerre à mort'' et à la [[rébellion mapuche de 1881]], bien que dans une moindre mesure<ref>José Bengoa (2000), ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|125-126}}.</ref>. Cet engagement moindre s’explique, dans le cas des Huilliches, par l’aliénation, pendant la période coloniale, donc dès avant l’indépendance du Chili, d’une partie de leurs terres ancestrales à la suite de l’instauration de la grande propriété terrienne (sous forme d’''[[hacienda]]s'') dans la zone concernée. Cette circonstance, couplée à celle, survenue une fois établie la république chilienne, de la colonisation européenne (surtout [[Allemagne|allemande]] et [[Autriche|autrichienne]]) de Llanquihue, et au phénomène de croissance et d’expansion des villes et de nouveaux foyers de peuplement créés par le Chili, seront à l’origine de l’amenuisement des territoires des communautés huilliches et du refoulement de leurs populations en direction des zones situées le long du littoral ou au pied de la cordillère<ref>[http://www.serindigena.org/libros_digitales/cvhynt/v_i/1p/v1_pp_4_mapuche_c3_los_huilliches-FContents.html Rapport de la ''Commission Vérité historique et Nouveau Traité avec les peuples autochtones''] (Comisión Verdad Histórica y Nuevo Trato con los Pueblos Indigènes, 2003), volume I, première partie : ''Historia de los pueblos indígenas de chile y su relación con el estado, El pueblo mapuche'', chap. troisième, ''Los huilliches del sur''.</ref>.
 
==== En Argentine ====
{{article détaillé|Conquête du Désert}}
 
Compte tenu des relations que les Mapuches entretenaient depuis le milieu du {{s-|XVIII}} avec les peuples établis à l’est des Andes, une partie des troupes mapuches ayant combattu principalement aux côtés des soldats royalistes décida, au lendemain de l’indépendance du Chili, d’émigrer vers la région pampéenne d’Argentine, où du reste des Mapuches cohabitaient déjà avec les Tehuelches<ref name="e042d2eb" />, et où fut ensuite constituée la [[Confédération boroane (Argentine)|Confédération boroane]].
 
Plus tard, les [[frères Pincheira]], qui dirigeaient entre 1817 et 1832 une guérilla royaliste contre les indépendantistes chiliens et [[argentins]], inciteront les groupes mapuches boroans et les Ranquels araucanisés à perpétrer des raids (''malones'') dans les villages et domaines agricoles situés dans la frange limitrophe, razzias qui provoquaient de nombreux morts et lors desquelles ils emportaient des captifs et dérobaient le bétail qu’ils poussaient ensuite, par l’itinéraire de la ''rastrillada grande'' (ou ''Camino de los Chilenos'') et par les cols de la cordillère, jusqu’au Chili, avec le dessein de troquer dans ce pays, par l’entremise des [[Pehuenche]]s (qui commandaient aux cols andins), ce bétail pour des armes ou des boissons alcoolisées principalement<ref>{{article|url=http://www.lanacion.com.ar/1242474-las-perdidas-cicatrices-de-la-zanja-de-alsina|périodique=[[La Nación (Argentine)|La Nación]]|titre=Las perdidas cicatrices de la Zanja de Alsina|auteur= Fernando Sánchez Zinny|date=13 mars 2010}}</ref>.
 
En Argentine, les Mapuches et les « pampéens araucanisés » ou « mapuchisés » furent finalement soumis par l’État argentin à travers plusieurs incursions militaires effectuées au sud du [[Río Salado (Buenos Aires)|Río Salado]] à partir du milieu du {{s-|XIX}}, dont le [[point d’orgue]] sera la campagne dénommée ''[[Conquête du Désert]]'' (1879 et 1881) ― le terme « désert » servant en l’occurrence à désigner toute la vaste zone sous domination autochtone, englobant la totalité des actuelles [[Provinces de l'Argentine|provinces]] de la Patagonie argentine, toute la [[province de La Pampa]], la moitié sud de celle de [[Province de San Luis|San Luis]], la moitié sud de celle de [[Province de Mendoza|Mendoza]], ainsi que tout l’''intérieur'' de la province de Buenos Aires sis au sud du fleuve Salado. Cette campagne, dirigée par le général [[Julio Argentino Roca]] et menée parallèlement à celle dite ''Pacification de l’Araucanie'' au Chili, fut fort préjudiciable aux Mapuches, qui subirent une défaite totale. Ce succès militaire sera l’une dans raisons de l’élection de Roca, l’année suivante, en 1880, au poste de [[Liste des chefs d'État argentins|président de la Nation argentine]].
 
La Conquête du désert avait été précédée d’une série de plusieurs autres campagnes militaires contre le ''Désert'' entreprises par les gouvernements successifs de l’Argentine indépendante, dont notamment la Campagne de [[Juan Manuel de Rosas]] de 1833, qui permit aux troupes argentines de s’emparer de la presque totalité du territoire au nord des fleuves [[Río Negro (fleuve argentin)|Río Negro]] et [[Río Limay]], y compris la zone de [[Valcheta]] ; mais la longue [[Guerres civiles argentines|guerre civile]] en Argentine fera que les Mapuches surent se ressaisir, de sorte qu’en 1870, les Mapuches pouvaient mener leurs rapines jusque dans les environs immédiats des villes de [[Mendoza (ville)|Mendoza]], de la [[San Luis (Argentine)|San Luis]], de [[Río Cuarto (ville)|Río Cuarto]], ainsi que dans le sud de la [[province de Santa Fe]] et dans une grande partie de la province de Buenos Aires, s’approchant jusqu’à seulement {{unité|70|km}} de [[Buenos Aires|la capitale]].
 
=== Du {{s-|XX}} à l’époque actuelle ===
 
==== Redressement mapuche au Chili jusqu’à l’avènement du régime militaire ====
 
Les générations Mapuches suivantes feront surgir différentes organisations, telles que la ''Corporación Araucana'' de [[Venancio Coñoepán]], la ''Federación Araucana'' d’Aburto Panguilef, la ''[[Sociedad Caupolicán]]'' et l’''Unión Araucana'' d’Antonio Chiwailaf. Si ces organisations mapuches défendent des points de vue divergents, allant du traditionalisme au catholicisme assimilationniste, toutes cependant partagent la volonté de récupérer les terres usurpées afin de pouvoir préserver leur propre culture. Ainsi le « mouvement mapuche » a-t-il fait son entrée sur la scène publique chilienne, se mêlant à la politique et à ses partis, encore que conservant à tout moment sa spécificité. Ce processus atteignit son apogée à la fin de la décennie 1960 et au début des années 1970.
 
[[Fichier:Salvador Allende saludando a mujeres mapuches..jpg|vignette|Le président chilien [[Salvador Allende]] (1970-1973) saluant un groupe de femmes mapuches.]]
 
Entre-temps, d’amples secteurs de la société chilienne s’étaient déclarés en défaveur du maintien du ''statu quo'' en ce qui concerne la situation des autochtones, ce qui permit aux Mapuches de mettre en avant, voire de concrétiser, leurs revendications terriennes. Ainsi, on assista en 1969, dans la [[province de Cautín]], aux premières prises de possession de terres réclamées par les Mapuches, événement appelé ''el Cautinazo''.
 
Avec le processus de [[réforme agraire]] impulsé par le gouvernement de [[Salvador Allende]], plusieurs communautés mapuches furent portées à se radicaliser et à lancer une opération inédite de récupération de terres, en marge des programmes gouvernementaux. Vers 1972, les grands propriétaires terriens affectés par ces actions s’organisèrent en « comités de reprise » (''comités de retoma'') et en groupes [[paramilitaire]]s, que le gouvernement réprima en s’appuyant sur la ''Loi de sécurité de l’État'' de 1958.
 
==== Sous le régime militaire et accord de Nueva Imperial ====
 
La [[Régime militaire d'Augusto Pinochet|dictature militaire]] sera implacable en Araucanie, où des centaines de personnes [[Disparition forcée|disparurent]] ou furent torturées. Les organisations cependant firent leur réapparition à partir de 1978, en réaction au décret-loi {{n°|2568}} portant suppression de la forme juridique de la propriété communale de la terre, qui était l’ultime rempart des propriétés mapuches et comportait la reconnaissance de la qualité d’autochtone de leurs occupants<ref>Pour consulter le texte de ce décret-loi, cf. {{lien web|langue=espagnol|url=https://www.leychile.cl/Navegar?idNorma=6957|titre=Modifica Ley {{N°|17.729}}, sobre protección de indígenas, y radica funciones del instituto de desarrollo indígena en el instituto de desarrollo agropecuario|éditeur=Biblioteca del Congreso Nacional de Chile|lieu=Santiago |consulté le= 7 décembre 2017}}</ref>. Virent ainsi le jour, soutenus par la ''Fundación Instituto Indígena'' du diocèse de Temuco, les ''Centres culturels mapuches''<ref>Juan Jorge M. Faundes, ''Nvtuyiñ Taiñ Mapu'' (littér. ''Récupérons notre terre''), Fundación Instituto Indígena / Ediciones Universidad Católica de Temuco, Temuco 2011, {{p.|105-111}}.</ref> {{incise|appellation qui permettait d’échapper plus sûrement à la persécution par la dictature}}, lesquels devaient ultérieurement (1981) céder le pas à l’organisation ''Ad Mapu'', à partir de laquelle se développeront d’autres organisations<ref>Juan Jorge Faundes M., ''ibidem''.</ref>.
 
Toutefois, le général [[Augusto Pinochet|Pinochet]] bénéficie du soutien d'une petite partie des Mapuches. En 1989, il se réunit avec un groupe de Mapuches appartenant aux Conseils régionaux, qui le nommèrent ''Gran Cabecillo'' (Grand Chef, ''Futa Lonco'' en langue mapuche)<ref name="pacarinadelsur">[http://www.pacarinadelsur.com/callers/45-dossiers/dossier-9/815-dictadura-militar-y-movimiento-mapuche-en-chile Dictadura militar y movimiento mapuche en Chile]</ref>. Sur le diplôme, en date du 20 février, on peut lire : « Le Comité général des Loncos et Caciques de Nueva Imperial et des 30 communes de la {{IXe}} région de l’Araucanie, a convenu de nommer ''Ulmen Futa Lonco'' S.E. le président de la République, le Capitaine général Augusto Pinochet Ugarte »<ref>{{lien web|url=https://ddd.uab.cat/pub/tesis/2016/hdl_10803_393938/vng1de1.pdf|langue=es|titre=De la Raza a la Nación, de la Tierra al País Comunitarismo y nacionalismo en el movimiento mapuche, 1910-2010. |auteur=Víctor Naguil Gómez|éditeur=Thèse de doctorat, sous la direction de Jordi Argelaguet i Argemí. Departament de Ciència Política i Dret Públic, Facultat de Ciències Polítiques i de Sociologia, [[Université autonome de Barcelone]] (page 227-228)|année=2016|lieu=[[Barcelone]]|consulté le=24 novembre 2020}}</ref>.
 
En 1989 encore, Ana Llao de la communauté ''Ad- Mapu'', aux côtés des dirigeantes de plusieurs autres organisations mapuches, rencontra à [[Nueva Imperial]] le candidat de la coalition d’opposition (appelée [[Concertation des partis pour la démocratie]]), [[Patricio Aylwin|Patricio Aylwin Azócar]]. Lors de ce ''parlement'', il fut convenu que l’État chilien accorderait la reconnaissance constitutionnelle aux droits économiques, sociaux et culturels des Peuples autochtones, qu’une Commission spéciale serait constituée conjointement avec les organisations autochtones aux fins d’élaborer un projet de loi autochtone. En contrepartie, les organisations autochtones s’engageaient à ne pas s’écarter de la voie institutionnelle pour faire aboutir leurs revendications<ref>[http://www.theclinic.cl/2010/10/17/el-tamano-de-la-traicion/ El tamaño de la traición]</ref>{{,}}<ref>{{ article|url=http://www.eldesconcierto.cl/2016/04/21/ana-llao-dirigenta-mapuche-en-materia-indigena-lo-que-se-avanzo-con-aylwin-se-ha-retrocedido-en-estos-ultimos-gobiernos/|titre=Ana Llao, dirigenta mapuche: “En materia indígena, lo que se avanzó con Aylwin se ha retrocedido en estos últimos gobiernos”|auteur=Nicolás Poblete|périodique=El Desconcierto|date=21 avril 2016}}</ref>.
 
==== Relation avec les gouvernements de la ''[[Concertation des partis pour la démocratie|Concertation]]'' ====
 
===== Le conflit forestier =====
 
Tout au début de la décennie 1990, alors que la démocratie venait d’être partiellement restaurée, l’organisation indépendantiste ''{{langue|es|Consejo de Todas las Tierras}}'' (ou ''{{langue|arn|Aukiñ Wallmapu Ngulam}}'', Conseil de toutes les terres, en abrégé AWNg) procéda à plusieurs occupations symboliques illégales de terres ancestrales mapuches détenues par des propriétaires privés. Le gouvernement répliqua en requérant l’application de la ''Loi de sécurité de l’État'', ce qui entraîna la condamnation de {{nobr|141 Mapuches}} et la suspension de leurs droits politiques.
 
En 1993 fut approuvée la loi {{n°|19.253}} dite ''de Développement autochtone''. Le nouveau dispositif législatif institué par cette loi fut mis en œuvre avec la coopération des principaux responsables mapuches, jusqu’à ce que survînt en 1997 une nouvelle crise. L’entreprise [[Endesa|ENDESA]] España commença la construction d’une deuxième [[Énergie hydroélectrique|centrale hydroélectrique]] dans la commune d’[[Alto Biobío]] (sous la dénomination de ''Centrale hydroélectrique Ralco''). Les [[sœurs Quintremán]] ainsi que d’autres familles Mapuches-pehuenches résidant dans la zone touchée refusèrent de quitter leurs terres, en s’autorisant de la nouvelle législation qui exigeait un permis de la ''Corporation nationale de développement autochtone'' (en espagnol ''{{langue|es|Corporación Nacional de Desarrollo Indígena}}'', acronyme CONADI) pour pouvoir exproprier des terres autochtones. À la suite du refus de cet organisme gouvernemental d’approuver l’expropriation concernée, considérée attentatoire aux droits des Pehuenches, le président [[Eduardo Frei Ruiz-Tagle|Eduardo Frei]] limogea le directeur de la CONADI et suspendit en outre l’autorité environnementale qui s’était elle aussi opposée au mégaprojet, de sorte que des milliers d’hectares de terres et de sites sacrés du peuple mapuche-pehuenche furent engloutis par les eaux par une décision autoritaire.
 
Dans le même temps, dans les [[Vallée Centrale (Chili)|vallées centrales]], démarrait l’exploitation des plantations forestières aménagées vers le milieu de la période de gouvernement militaire, sur des terrains qui avaient été récupérés par les Mapuches sous la présidence d’Allende, mais qui par la suite étaient passés aux mains de groupes économiques. Tant les intérêts des grandes entreprises exploitant les plantations forestières en territoire mapuche, que la crainte des agriculteurs propriétaires de terrains considérés usurpés par les communautés mapuches et que la recrudescence de la violence vers la fin des {{nobr|années 1990}} dans la zone, motivèrent le [[Sénat (Chili)|Sénat du Chili]] à exprimer, dans un rapport, sa préoccupation concernant la grave menace pesant sur la sécurité juridique dans la zone du conflit ({{nobr|S 680-12}}). Toutefois, l’objectivité de ce rapport a été mis en doute, attendu qu’il contient les déclarations de plus de {{nobr|15 agriculteurs}} touchés, mais seulement d’un unique représentant Mapuche, en plus de ne pas examiner plus avant les causes du conflit.
 
Si des intérêts [[japon]]ais et [[suisse]]s sont présents dans l’économie araucanienne, les deux principales entreprises de foresterie toutefois sont chiliennes. Dans le passé, ces entreprises ont planté des milliers d’hectares en essences non-endogènes telles que le [[pin de Monterey]], le [[Pseudotsuga menziesii|sapin de Douglas]] et l’[[eucalyptus]], çà et là en les substituant aux [[Forêts tempérées valdiviennes|forêts valdiviennes]] existantes, quoique ce remplacement n’attire plus guère l’attention aujourd’hui.
 
Le Chili exporte du bois vers les [[États-Unis]], bois provenant en quasi-totalité de cette région méridionale, pour une valeur annuelle d’environ {{nobr|600 millions}} de [[Dollar américain|dollars]]. L’association américaine de préservation de l’environnement ''{{langue|en|Forestethics}}'' a mené une campagne internationale ayant abouti à ce que la chaîne ''{{langue|en|[[Home Depot]]}}'' et d’autres grands importateurs de bois ont consenti à réviser leur politique d’achat afin d’« assurer la protection des forêts endogènes au Chili ». Certains dirigeants mapuches ont exprimé le souhait que les forêts soient plus vigoureusement protégées.
 
En 2009, le [[Chili]] a vu l'entrée en vigueur, vingt ans après sa promulgation par l'[[Organisation internationale du travail]], de la [[Convention 169 de l'Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux]]<ref name="C169">{{es}}[http://www.lanacion.cl/noticias/site/artic/20090916/pags/20090916003055.html ''{{langue|es|Entró en vigencia el {{nobr|Convenio 169}} de la OIT}}''], ''[[La Nación (Chili)|{{langue|es|La Nación}}]]'', 16 septembre 2009.</ref>. Cela devrait conduire à un certain nombre de [[Droit au Chili|réformes juridiques]], en particulier dans les codes de l'[[eau]], du [[minerai]], de la [[pêche (halieutique)|pêche]] et de celui régissant les concessions [[énergie au Chili|électriques]]<ref name="C169" /> (voir [[économie du Chili]]).
 
===== Démantèlement de la CAM et durcissement de la protestation sociale mapuche =====
 
Les conflits fonciers et les confrontations violentes persistaient dans certaines aires mapuches, en particulier dans les secteurs nord de la [[Région de l'Araucanie]], dans la zone autour de [[Traiguén]] et de [[Lumaco]]. En 2003, dans une tentative de dissiper les tensions, la ''Comisión Verdad Histórica y Nuevo Trato'' (« Commission Vérité historique et Nouveau Traité ») émit un rapport appelant à un changement draconien dans le traitement par le Chili de ses peuples autochtones, dont plus de 80 % sont Mapuches. Parmi les préconisations de ce rapport, figurent la reconnaissance formelle des droits politiques et « territoriaux » des peuples autochtones, ainsi que la promotion de leur identités culturelles.
 
Sous le gouvernement de [[Ricardo Lagos]] (2000-2006), la réponse de l’État au conflit mapuche emprunta deux voies principales : d’un côté, par l’application de la loi contre les actions illégales et violentes des activistes mapuches, qui atteignirent leur point le plus critique en 2002, lorsque, pendant une occupation illégale de terres dans la commune d’[[Ercilla]] ([[province de Malleco]]), le jeune ''comunero'' [[Alex Lemun|Alex Lemun Saavedra]] perdit la vie par l’action des [[carabiniers du Chili]], qui avaient fait usage de carabines anti-émeute chargées à [[Balle (projectile)|balles]] de plomb ; de l’autre côté, à travers une opération de renseignement baptisée « Operación Paciencia » dirigée depuis le sous-secrétariat à l’Intérieur présidé par [[Jorge Correa Sutil]] et tendant à cataloguer la ''Coordinadora de Comunidades en Conflicto Arauco-Malleco'' comme organisation à caractère [[Terrorisme|terroriste]], et à la rendre à ce titre susceptible de poursuites et ses dirigeants passibles d’incarcération. Des exemples paradigmatiques de tels jugements furent la dénommée « affaire Loncos », qui vit la condamnation de deux loncos, Pascual Pichun et Aniceto Norin, à cinq ans et un jour de prison pour « menace d’incendie terroriste », et l’« affaire Puluco-Pidenco », où quatre ''comuneros'' se virent infliger une peine de {{nobr|10 ans}} et un jour d’emprisonnement pour « incendie terroriste ».
 
Ces jugements ont été dénoncés par l’[[Organisation des Nations unies]] (ONU), par la bouche de son rapporteur spécial pour les peuples autochtones [[Rodolfo Stavenhagen]], et par d’autres organisations, comme [[Amnesty International]], qui ont condamné ces jugements comme étant d’une légalité douteuse. Les faits furent dénoncés, et une plainte déposée, auprès de la [[Commission interaméricaine des droits de l'homme]] (CIDH), notamment pour infraction au droit à un procès équitable, inscrit dans la Convention interaméricaine des droits de l’homme ; la CIDH déclara la plainte recevable<ref>Voir la résolution sur la [http://www.cidh.oas.org/annualrep/2006sp/Chile619.03sp.htm page internet] de la Commission interaméricaine des droits de l’homme.</ref>.
 
En mars 2007, le [[Comité des droits de l'homme]] de l’ONU, organisme chargé de surveiller l’application du [[Pacte international relatif aux droits civils et politiques]] de 1966, dénonça lui aussi, dans ses observations jointes au rapport sur le Chili, les pratiques de criminalisation à l’encontre du mouvement social mapuche, enjoignant à l’État chilien de modifier la loi {{n°|18.314}}, dite ''loi antiterroriste''. En outre, se référant aux articles {{1er}} et 27 dudit pacte, le Comité dit déplorer que les « terres anciennes » continuaient d’être en péril à cause de l’expansion de l’exploitation forestière et à cause de grands projets d’infrastructure et de production d’énergie, et rappela que l’État chilien devait mettre tous ses soins à ce que les négociations avec les communautés autochtones aboutissent à trouver une solution respectueuse des droits aux terres de ces communautés, conformément aux articles {{1er}}, alinéa 2, et 27 du pacte, et pour cela accélérer les procédures en vue de ce que ces terres ancestrales fussent reconnues et dûment délimitées ; de même, il exhorta l’État chilien à mener des consultations avec les communautés autochtones avant d’octroyer des licences pour l’exploitation économique des terres objet de controverse et de garantir qu’en aucun cas l’exploitation envisagée ne porte atteinte aux droits reconnus dans le pacte<ref>Comité des droits de l’homme de l’ONU. Observations finales du rapport sur le Chili. Doc. ONU: CCPR/C/CHL/CO/5 (26 mars 2007)</ref>. En 2004, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels avait déjà formulé des observations allant dans le même sens<ref>Comité des droits économiques, sociaux et culturels. Observations finales du rapport sur le Chili. Doc. ONU: E/C.12/1/Add.105 (novembre 2004), § 13, 32-34 et 49.</ref>.
 
En mars 2006, quatre des neuf prisonniers mapuches condamnés au titre de la loi antiterroriste engagèrent une [[grève de la faim]] illimitée, qui dura {{nobr|62 jours}} sans obtenir que le gouvernement de [[Michelle Bachelet]] consentît à faire réviser le controversé verdict prononcé sous le gouvernement de son prédécesseur.
 
En 2007, beaucoup de groupes mapuches n’avaient pas renoncé à leurs revendications territoriales et nombre de leurs organisations exigeaient l’autonomie pour leurs territoires, la dévolution de leurs terres et une meilleure représentation politique. En octobre 2007, une nouvelle grève de la faim eut lieu, et se termina sans que le gouvernement chilien eût seulement consenti à s’asseoir à la table de négociation demandée par les grévistes.
 
En 2008, alors que Michelle Bachelet exerçait la charge de chef de l’État, [[Matías Catrileo]], né le 11 septembre 1985, étudiant en [[agronomie]], Chilien d’origine mapuche, trouva la mort le 3 janvier 2008, quand une balle de [[pistolet-mitrailleur]] [[Uzi]] frappa son dos et perfora son poumon. Matías Catrileo participait à une occupation illégale d’un bien-fonds privé que les communautés mapuches revendiquaient comme territoire ancestral, ce qui avait poussé la force publique à intervenir. À la suite de ces événements, le carabinier présumé auteur de l’assassinat fut incarcéré pendant que l’enquête judiciaire suivait son cours<ref>[https://web.archive.org/web/http://www.latercera.cl/medio/articulo/0,0,3255_5666_323971058,00.html] Article de presse dans ''Tercera en línea''.</ref>. Des critiques furent émises<ref name="azkintuwe">[https://web.archive.org/web/http://www.nodo50.org/azkintuwe/ene4_4.htm Article] sur Azkintuwe.cl.</ref> à l’endroit du procureur militaire chargé de mener l’enquête, José Pinto Aparicio, celui-ci étant le même que celui qui dirigea l’instruction sur l’assassinat d’[[Alex Lemun]] en 2002, crime demeuré impuni, la [[cour martiale]] ayant en effet rendu un [[Non-lieu (procédure pénale)|non-lieu]] en 2004<ref name="azkintuwe"/>.
 
La police chilienne a aussi parfois monté de fausses accusations contre des militants mapuches<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le sud du Chili tombe dans le conflit racial entre groupuscules et indigènes mapuches |url=https://www.rfi.fr/fr/amériques/20200803-le-sud-chili-tombe-conflit-racial-entre-groupuscules-et-indigènes-mapuches |site=RFI |date=2020-08-03 }}</ref>.
 
=== Revendication du droit à l’autodétermination ===
 
Si l’[[Empire espagnol]] n’était pas parvenu à occuper effectivement la totalité du territoire habité par les Mapuches (ou Araucans), les États indépendants nés de la désintégration de cet empire à la suite de la [[Guerre hispano-sud-américaine|guerre d'indépendance hispanoaméricaine]] (1865-1866), en l’espèce le Chili et l’Argentine, réussirent plusieurs décennies plus tard, par des campagnes militaires — ''[[Occupation de l'Araucanie|Pacification de l'Araucanie]]'' au Chili et ''[[Conquête du Désert]]'' en Argentine — à consolider leur souveraineté sur l’intégralité des territoires qu’ils avaient hérités de l’Espagne, et à reléguer les Mapuches dans des « réductions » côté chilien et dans des « réserves » côté argentin.
 
Au {{s-|XXI}}, bien que la population mapuche apparaisse majoritairement urbaine, elle garde en même temps des liens avec ses communautés d’origine, maintient ses réclamations territoriales et exige la reconnaissance de sa civilisation.
 
Plusieurs organisations mapuches demandent la reconnaissance du [[Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes|droit à l’autodetermination]] des Mapuches, qui, argumentent-elles, leur revient en leur qualité de peuple<ref>{{article |titre=Gobierno argentino "no permitirá" una "república autónoma mapuche"|url=http://impresa.elmercurio.com/Pages/NewsDetail.aspx?dt=2017-08-09&dtB=09-08-2017%200:00:00&PaginaId=6&bodyid=1 |format=ASPX |périodique=El Mercurio |page=A6 |date=9 août 2017 |consulté le=10 août 2017}}</ref>, aux termes de la Charte de l'[[Organisation des Nations unies]]<ref>{{lien web|url=http://www.wallmapuwen.cl/index.htm|titre=Por la autonomía en el país mapuche: Wallmapuwen|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.wallmapuwen.cl/index.htm|archive-date=9 avril 2017 }}</ref>. Par l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones par l’[[Assemblée générale des Nations unies]] le 13 septembre 2007<ref>La déclaration fut approuvée par {{nobr|143 voix}} en faveur, 4 contre — Canada, États-Unis, Nouvelle-Zélande et Australie — et 11 abstentions. Voir : [http://www.un.org/french/News/fullstorynews.asp?NewsID=10347 communiqué] sur le site de l’ONU.</ref>, la communauté internationale a reconnu expressément la qualité de ''peuple'' aux autochtones, ainsi que l’a déjà confirmé le rapporteur spécial des Nations unies, Miguel Alfonso Martínez, qui, dans l’étude dont il avait été missionné par cette organisation internationale, soutint qu’ il « n’a pas pu trouver d’argument juridique suffisant pour que puisse être défendue l’idée que les autochtones auraient perdu leur personnalité autochtone internationale comme nations/peuples »<ref>Étude sur les traités, conventions et autre accords constructifs entre les États et les populations indigènes. Rapport final présenté par M. Miguel Alfonso Martínez, rapporeur spécial. Doc. ONU:E/CN.4/Sub.2/1999/20, alinéa 265.</ref>. Les peuples autochtones jouissent d’ores et déjà d’une représentation à l’[[Organisation des nations et des peuples non représentés]] (UNPO).
 
Quelles que soient les différences entre les diverses fractions mapuches au regard de l’ampleur de l’autonomie revendiquée et des bénéfices réclamés, la plupart des organisations Mapuches se mirent volontiers, pour leur autodétermination, dans celle obtenue notamment par le peuple [[inuit]] au [[Groenland]] depuis la décennie 1990, et aspirent à quelque chose de semblable, ou se réfèrent aux bénéfices accordés aux autochtones de [[Bolivie]] après l’élection d’[[Evo Morales]], un président [[Aymaras|aymara]].
 
De plus, certaines organisations mapuches, notamment [[Wallmapuwen]], ont noué des liens avec le [[Bloc nationaliste galicien]] (BNG) et avec [[Gauche républicaine de Catalogne]] (ERC), et proposent d’instaurer au Chili une réplique du système espagnol de [[Communautés autonomes d'Espagne|communautés autonomes]], et d’inscrire dans la constitution la reconnaissance des peuples autochtones, à l’instar de la reconnaissance des administrations et langues régionales en [[Espagne]]<ref>{{lien web|url=http://www.memoriaviva.net/article.php3?id_article=66|titre=El arribo del etnonacionalismo: Mapuche, un pueblo en marcha|auteur=Pedro Cayuqueo|éditeur=Memoria Viva|date=6 mai 2005|archive-url=https://web.archive.org/web/http://www.memoriaviva.net/article.php3?id_article=66|archive-date=9 avril 2017}}</ref>.
 
La cause des Mapuches a également trouvé un écho dans le monde culturel non mapuche, témoin le cas de l’écrivain internationaliste [[Asel Luzarraga]], qui fut mis en détention<ref>{{lien web|url=http://www.euskaria.eu/news/1262541047|titre=El caso de Asel Luzarraga|auteur=Sanbtiago Bereziartua|éditeur=Euskaria Fundazioa}}</ref>, ou celui de la [[Documentaire|documentariste]] Elena Varela, qui, après une période de détention, fut mise en liberté surveillée<ref>{{lien web|url=http://www.eurolatinnews.com/reportajes1/campana.htm|titre=Campaña internacional aboga por documentalista detenida en Chile|auteur=Enrique Guzmán de Acebedo|éditeur=Euro Latin News}}</ref>, traitements qui, aux yeux des militants mapuches, s’inscrivent dans une offensive de l’État chilien visant à étouffer les voix qui prennent la défense de ce peuple autochtone<ref>{{article|url=http://www.elclarin.cl/index.php?option=com_content&task=view&id=19745&Itemid=48|titre=El caso de Asel Luzarraga y la práctica sobre DD.HH. del Estado chilien|auteur=José Venturelli Barón|date=9 janvier 2010|périodique=[[Clarín]]}}</ref>.
 
== Culture ==
 
La civilisation mapuche est une culture à [[tradition orale]]. Le comportement social et religieux sont régis par l’''admapu'' (ensemble de traditions, lois, règles de droit et normes anciennes). Son idiome est le [[mapudungun]], [[langue agglutinante]] qui jusqu’à présent (2017) n’a pu être apparentée de manière satisfaisante à aucun autre idiome<ref>{{Ouvrage|auteur1=Fernando Zúñiga|titre=Mapudungun. El habla mapuche|lieu=Santiago|éditeur=Centro de Estudios Publics|année=2006|pages totales=402|passage=402|isbn=956-7015-40-6|titre chapitre=Los mapuches y su lengua}}</ref>. Dans le domaine du sport, les Mapuches pratiquent traditionnellement le ''chueca'', sport qui rappelle le ''[[Hockey sur gazon|hockey]]'' ; autrefois, les Huilliches en particulier s’adonnaient également au ''linao'', sorte de [[balle pelote]].
Au {{XVIe siècle}}, les Mapuches ou Araucans, organisés en groupes séparés, vivent de chasse et de pêche et d’un peu d’agriculture et d’élevage. Guerriers redoutables, ils ont une extrême habileté dans le maniement de l’arc, du javelot et du casse-tête.
Les Mapuches vivaient essentiellement de l'agriculture (horticulture). Leur culture est de tradition orale et leur conduite sociale et religieuse était régie par le [[Admapu]] (ensemble de traditions ancestrales, de lois et de normes).
 
En matière de [[patrimoine culturel]] ''matériel'' sont à signaler plus particulièrement l’[[Arts textiles|art textile]] et l’[[argenterie]].
Leur langue est le [[mapudungun]] littéralement « parlé de la terre ». Ils pratiquaient un sport assez proche du [[Hockey sur glace|hockey]] connu sous le nom de ''[[palín]]'' (ou ''chueca'') qui se jouait avec un bâton recourbé.
 
=== Organisation sociale ===
Leur organisation sociale tournait autour de la famille, ils étaient polygames. Les familles mapuche possédant un lien de parenté ancestral vivaient dans des communautés connues sous le nom de Lof (forme basique d'organisation sociale des mapuche réunissant plusieurs familles partageant des terres) et dirigées par un lonko (« tête » en mapudungun).
 
L’organisation et la structure sociales mapuches s’appuient principalement sur la [[famille]] et les relations entre les familles, la famille se composant du père, de sa ou de ses femmes, et de ses enfants. Le mode prédominant de descendance est la ligne [[Patrilinéarité|patrilinéaire]], encore que des indices existent que le système de parenté ait pu être [[Famille matrilinéaire|matrilinéaire]] à l’époque [[Civilisations précolombiennes|précolombienne]]. Les enfants conçus par le père chez d’autres femmes n’étant pas considérés comme apparentés, il n’y avait pas à leur endroit de [[tabou]] sexuel ; cette perception, et les conduites qu’elle autorisait, amena les Espagnols à conclure à une pratique généralisée de l’[[inceste]]. La [[polygamie]] traditionnelle a cessé d’avoir cours chez les Mapuches modernes.
En période de guerre, ils se réunissaient en groupes appelés ''[[Rehue]]s'', composés de plusieurs Lofs et formaient ainsi un groupe équivalent à celui de la tribu. Chaque ''[[Rehue]]s'' était dirigé par un chef militaire nommé '[[Toqui]]''.
 
Des regroupements de familles liées entre elles par le partage d’un ancêtre commun (les ''dèmes'' au sens de [[George Murdock (anthropologue)|Murdock]]) forment les unités socio-politiques autonomes et sont appelés ''[[lof]]s'', terme dont on trouve parfois les variantes ''lov'', ''levo'' ou ''caví'' chez les historiens. Les différentes familles constituant un lof vivaient dans des ''[[ruca]]s'' (maisons en bois) voisines et s’entraidaient. Chaque lof avait pour chef un ''[[lonko]]'' (« tête » en langue mapudungun).
En cas de grandes catastrophes comme des sécheresses, des épidémies, des invasions ennemies, ou tout autre problème qui affectait une grande partie du territoire, de nombreux ''[[rehue]]s'' se réunissaient pour former des rassemblements nommés ''[[aillarehue]]s'' et dirigés alors par le ''[[toqui|Mapu-toqui]]'' (chef militaire d'une région en guerre).
 
En temps de guerre, les Mapuches s’unissaient en groupes plus larges dénommés ''rehues'', composés de plusieurs lofs, et équivalent à une tribu. Chaque rehue était dirigé par un chef militaire appelé ''[[toqui]]''. Par temps de grandes calamités, telles que [[sécheresse]], [[épidémie]], invasion ou autre grand malheur affectant une grande extension de territoire, plusieurs ''rehues'' s’associaient pour former des groupements nommés ''aillarehues'', dont le chef était le ''mapu-toqui'', « chef militaire d’une région en état de guerre ».
Du fait de la lutte contre les conquistadores espagnols, les Mapuche furent obligés de former des alliances entre plusieurs Aillarehues. Ces groupes ainsi formés se sont appelés ''[[Butalmapu]]s'' ou Zone de guerre. Les chefs des Butalmapus étaient élus par les Toquis et connus des espagnols comme les [[toqui|Gran toqui]].
 
Ces ''aillarehues'' eurent à jouer un rôle de premier plan quand il s’agit d’affronter les Espagnols. La lutte contre les [[conquistador]]s espagnols détermina les Mapuches à conclure des alliances entre plusieurs ''aillarehues''. Les groupes résultant de telles alliances entre plusieurs ''aillarehues'' étaient désignés par le terme de ''butalmapus'' ou « circonscription militaire ». Les chefs des ''butalmapus'' étaient choisis par les ''toquis'', et ce chef suprême était appelé par les Espagnols ''Gran toqui''. Il y eut dans l’histoire mapuche trois principaux ''butalmapus'', à savoir :
Les trois ''[[Butalmapu]]s'' principaux sont :
* ''Lafken mapu'' : dans la région du littoral.
* ''Lelfun mapu'' : dans la région des plaines.
* ''Inapire mapu'' : dans la région de la précordillère.
 
Dans l’organisation sociale Mapuche actuelle, les groupes rassemblant des familles liées entre elles et établies dans un même secteur géographique spécifique sont appelés ''communautés''.
* ''Lafquen-mapu'': la côte
* ''Lelfun-mapu'': la vallée
* ''Inapire-mapu'': la précordillère
 
==== Coutume familiale et système de parenté ====
===Croyances et religion===
{{Article détaillé|Croyances et religion mapuche}}
Les croyances du peuple Mapuche sont basées sur le culte des esprits des ancêtres (le spirits [[Pillán]]), et des esprits et/ou éléments de la nature (le spirits [[Ngen]]). Ces esprits ne correspondent pas à des "divinités" comme on pourrait l'entendre dans le monde occidental. Malgré le nombre d'"êtres" présents dans leurs croyances ils n'ont jamais érigé de panthéons à leur image comme c'est le cas dans d'autres civilisations d'origine andine.
 
[[Fichier:Familiamapuche.jpg|vignette|redresse|Famille mapuche (fin {{s-|XIX}}).]]
Les figures les plus importantes sont par excellence le [[Machi (mapuche)|Machi]] (shaman) et le ''[[Ngenpin]]'' (autorités religieuses).
Les croyances et les mythes Mapuche se distinguent par des caractéristiques uniques qui font partie de leur idiosyncrasie.
 
La famille mapuche remplissait essentiellement deux fonctions : économique et culturelle.
Une fête rituelle est nommé ''[[nguillatun]]''.
* Dans l’ordre économique, elle se manifestait comme une unité de production et de consommation. Tous les membres exerçaient une fonction économique, différenciée selon le sexe et l’âge.
* Sur le plan culturel, c’était dans la sphère familiale que les jeunes membres de la famille étaient socialisés et apprenaient la culture mapuche, faisant leur le mode de vie traditionnel.
 
Ces deux aspects, l’économique et le culturel, n’étaient cependant pas séparés l’un de l’autre, l’initiation culturelle ayant lieu en effet dans le cadre du processus de production et de consommation, et inversement ― raison pour laquelle le développement culturel est indissociable de celui économique.
Les mythes les plus importants sont, la légende de [[Trentren Vilu y Caicai Vilu]], le spirits [[Pillán]], le spirits [[Ngen]], le [[kalku]], le [[Chonchón]], le spirits [[Wekufe]]s (exemple: le [[Peuchen]]), etc.
 
La transmission des savoirs culturels s’effectue dans la sphère domestique (des parents vers les enfants, des grands-parents vers les petits-enfants, des oncles et tantes vers les neveux et nièces, etc.) et au travers de la pratique : l’on enseigne et apprend (l’élevage du bétail, la préparation des aliments, la confection de textiles, etc.) au moment même où l’activité est accomplie.
===Musique===
La musique traditionnelle est principalement religieuse, il existe également de nombreuses compositions sur la Terre Mère (Ñuke Mapu). Ils utilisent différents instruments tel que le ''[[cultrún]]'' (tambour), pour un usage rituel exclusivement, les ''[[cascahuilla]]s' (cloches), la [[pifilca]] un sifflet en bois, la ''[[trutruca]]'', une tige creuse de coligüe (sorte de bambou) terminé par une corne, ou encore le ''[[torompe]]'' (sorte de harpe buccale).
 
===== Règles régissant la vie familiale =====
==Mapuches célèbres==
*'''[[Galvarino]]'''
Selon la légende les Espagnols lui auraient coupé les mains mais il aurait continué le combat après avoir attaché à ses bras des couteaux.
*'''[[Caupolican]]'''
Un des plus célèbres : il fut chef de guerre (il était le plus fort de la tribu : il avait porté un tronc d'arbre sur ses épaules pendant 6 jours).
*'''[[Lautaro]]'''
Il a appris les techniques de combat des espagnols qu'il a enseigné par la suite aux siens après s'être enfui.
*'''[[Colo Colo]]'''
Il dirigea plusieurs combats contre les espagnols en particulier les destructions de Santiago et de Concepcion.
 
* La [[patrilinéarité]] : les membres d’une même famille sont unis par des liens de parenté selon une lignée d’ancêtres masculins. La nomenclature des relations familiales est du type ''[[Omahas|omaha]]''.
== Notes ==
* L’[[exogamie]] : on cherchait les partenaires en dehors du propre groupe familial.
<references/>
* La [[Patrilocalité|résidence post-nuptiale virilocale]] : la femme suivait son mari à la résidence de celui-ci.
 
==Bibliographie= Droit ===
{{Extrait|Az mapu}}
===En français===
 
*Abrégé géopolitique de l'Amérique latine, ellipses, Paris , 2006
=== Croyances et religion ===
*[http://etpuis.org/modules/news/article.php?storyid=244&page=0 Un article très complet]
 
*[http://www.rennes.iep.fr/html/Fauvet/Memoires/Memoires-03/cevaer.pdf#search='mapuche' Monographie sur les dynamiques socioculturelles des Mapuches]
[[Fichier:Postales-entierro mapuche.jpg|vignette|Funérailles mapuches à [[Concepción (Chili)|Concepción]], vers 1901-1903, avec un [[chemamull]] au centre.]]
*[http://www.univ-brest.fr/amnis/documents/LeBonniec2003.pdf#search='mapuche' Portrait de la criminalisation du mouvement mapuche dans le Chili démocratique]
[[Fichier:Rewe ñadi mew.JPG|vignette|''Rehue'' et ''[[Drimys winteri|canelo]]'', symboles sacrés des Mapuches.]]
*[http://www.monde-diplomatique.fr/2006/02/DEVALPO/13171 Alain Devalpo, ''Opposition pacifique des Mapuches chiliens'', Le Monde Diplomatique, Février 2006]
 
*Alain Devalpo,''Voyage au pays des Mapuches'', éditions cartouche, 2007
Schématiquement, la religion Mapuche est construite sur l’idée d’une connexion entre monde spirituel et monde tangible. Ses principaux éléments sont : le respect au monde spirituel ; le culte des esprits ou des [[Culte des ancêtres|ancêtres]] mythiques, appelés ''pillans'' et ''wangulén'' (Antu, Kuyén, etc.) ; le culte des esprits de la nature, appelés ''ngen'' ; et la relation entre peuple mapuche et ''Ñuke Mapu'' (« terre mère »).
*Boccara, Guillaume. 1998. ''Guerre et ethnogenèse mapuche dans le Chili colonial. L'invention du soi''. L'Harmattan. Paris. ISBN 2-7384-7298-2.
 
*PAMPA (roman) de Pierre KALFON. Editions du Seuil, avril 2007.
Que la croyance des Mapuches en un être supérieur et omnipotent ait été antérieure à leur contact avec le [[christianisme]] est objet de controverse ; quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, les Mapuches croient en ''Ngünechen'' (« seigneur des gens », hispanisé en ''Guenechén'' ou ''Ngenechén'') comme dieu équivalent au {{incise|ou synonyme du}} Dieu chrétien, mais un dieu qui avait réellement, avant l’influence chrétienne, présenté les caractéristiques des antiques esprits individuels et indépendants. Pour les Mapuches, Ngünechen est à la fois père, mère, frère et sœur ; sont vénérées en outre une « amie du soleil », qui guérit les maladies des hommes, et des divinités stellaires<ref name="Lindig & Münzel">{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Wolfgang Lindig|auteur2=Mark Münzel|titre=Die Indianer. Kulturen und Geschichte der Indianer Nord-, Mittel- und Südamerikas|lieu=Munich|éditeur=dtv|année=1978|passage=119–125|isbn=|oclc=11417107}}</ref>. L’est et le sud sont sacrés pour les Mapuches, car c’est de ces directions que soufflent les vents bénéfiques, de même que leur est sacré le bleu du ciel. Les animaux sacrés sont les chevaux, qui sont principalement destinés à être montés, mais que l’on tue et consomme à l’occasion de grandes festivités comme p.ex. le ''guillatún''.
 
Le ''huecuvus'' (dont on trouve aussi les graphies ''huevuva'', ''huecuvas'', ''huecuve'', ''huecufe'' ou ''wecufe'') est dans la mythologie mapuche un esprit malfaisant envoyé vers les hommes par le dieu Pillán ; pouvant se manifester comme un tourbillon, ou prendre toute autre forme, il est susceptible de causer aux hommes malheurs et adversités, tels que maladies, mauvaises récoltes, intempéries et autres fléaux. Selon la croyance populaire, rien n’est en mesure de prémunir les humains contre un ''huecuvus''<ref name="Lindig & Münzel"/>.
 
D’autre part, la mythologie mapuche se signale par un grand nombre d’êtres mythologiques, tels que le ''[[chonchón]]'' et des personnages semi-mythiques comme les ''[[kalku]]s''. La tradition mapuche renferme également un récit mythique de la création des terres de la partie sud du Chili, à savoir l’histoire de [[Coi Coi-Vilu]] et Tren Tren (ou ''Ten Ten'').
 
Les médiateurs par excellence de la religion mapuche sont le ''ngenpin'', le ou la ''machi'', et le ''lonco'', chargés du culte et de la célébration des différents rituels. Parmi les rituels les plus remarquables figurent notamment le ''guillatún'', rituel mixte, d’adoration et d’agrément, d’une grande variabilité selon le territoire où il est célébré, avec un caractère nettement religieux dans la zone de la précordillère et de la cordillère, et le ''machitún'', cérémonie de curation et d’augures.
 
Il existe des antécédents de [[sacrifices humains]] d’enfants chez les Picunches sous la domination [[inca]]ïque, ainsi que de prisonniers assassinés rituellement pendant la [[guerre d'Arauco]], ou lors de rites sacrificiels destinés à éviter ou à mettre fin à une calamité frappant le peuple mapuche. Le dernier cas dont on ait connaissance se produisit dans le sillage du [[Séisme de 1960 à Valdivia|tremblement de terre de Valdivia en 1960]], le plus dévastateur jamais enregistré au Chili par les [[Sismologie|sismologues]], lorsque, dans les environs de [[Saavedra (Chili)|Puerto Saavedra]], après le [[Tsunami|raz-de-marée]] faisant suite au séisme, une ''machi'' [[Immolation|immola]] et jeta à la mer un enfant de cinq ans<ref>{{lien web|url=http://www.mapuche.info/news02/merc010815.html|titre=El niño inmolado|consulté le=24 août 2009|format=HTML|auteur=Arturo Zúñiga|date=15 août 2001|éditeur=www.mapuche.info}}</ref>.
 
Aujourd’hui, les Mapuches sont majoritairement de confession catholique (et dans une moindre mesure [[Évangélisme|évangélique]]), que leur religion soit le produit du [[syncrétisme]] ou qu’il résulte d’une [[Conversion religieuse|conversion]] directe consécutive à l’emprise chrétienne<ref>Selon les statistiques du réseau prosélyte évangélique ''Joshua Project'', 19 pour cent des Mapuches déclarent officiellement professer la religion traditionnelle, 10 pour cent environ ne sont pas religieux et 71 pour cent se disent chrétiens, cf. {{lien web|langue=en|url=http://legacy.unreachedresources.org/countries.php|titre=Chile & Argentina (Mapuche, Araucanian)|éditeur=Joshua Project|consulté le=16 janvier 2016|archiveurl=https://web.archive.org/web/20160219195314/http://legacy.unreachedresources.org/countries.php|archivedate=19 février 2016}}</ref>. Cependant, en pratique, le « christianisme mapuche » apparaît bien plutôt comme un « paganisme pétri d’éléments catholiques », et les rituels classiques et les ''machis'' (prêtres et prêtresses traditionnels) continuent d’y occuper une position centrale<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Ramón Francisco Curivil Paillavil|auteur2=Klaus Krämer & Klaus Vellguth (éd.)|titre=Weltkirchliche Spiritualität. Den Glauben neu erfahren. Festschrift zum 70. Geburtstag von Sebastian Painadath SJ.|lieu=Freiburg-Basel-Wien|éditeur=Herder|année=2012|passage=152–266|isbn=|titre chapitre=Überlegungen zur Möglichkeit eines interreligiösen und interspirituellen Dialogs angesichts der kulturellen und religiösen Kolonialisierung im Gebiet der Mapuche}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Carmen Arellano Hoffmann|auteur2=Hermann Holzbauer|auteur3=Roswitha Kramer (éd.)|titre=Die Mapuche und die Republik Chile : Pater Siegfried von Frauenhäusl und das Parlament der Mapuche von 1907 in Coz Coz|lieu=Wiesbaden|éditeur=Otto Harrassowitz|année=2006|pages totales=510|passage=143–144|isbn=978-3-447-05270-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=xvFs2KkXiiEC&printsec=frontcover}}</ref>. Les machis actuels sont à 80 pour cent des femmes<ref name="Lindig & Münzel"/>{{,}}<ref>En 1896, [[Gustave Verniory]] note dans ses mémoires : « Il y avait eu un jour une grande consultation de ''machis''. Il en était venu une dizaine de bien des lieues à la ronde, la plupart des femmes car les sorcières sont bien plus nombreuses que leurs collègues mâles. » (''Dix années en Araucanie'', {{p.|667}} ; voir également {{p.|52}}).</ref>. En novembre 2007 fut approuvée la première [[béatification]] d’un Mapuche, le jeune Argentin [[Zéphyrin Namuncurá]] (1886-1905)<ref>{{lien web|langue=es|url=http://www.zenit.org/article-25406?l=spanish|titre=Ceferino Namuncurá beatificado en Argentina}}</ref>.
 
=== Cérémonies et traditions ===
 
La culture mapuche connaît une multiplicité de cérémonies et de traditions, dont les plus connues sont le ''guillatún'', le ''machitún'', le ''llellipun'', le ''machiluwün'', le ''ngeykurewen''<ref>[http://www.educarchile.cl/ech/pro/app/detalle?id=205495 Ñeicurrehuén, un rito mágico mapuche], sur le site EducarChile.</ref> et la célébration du ''we tripantu''. Trois de celles-ci vont être brièvement décrites ci-après.
* Le ''guillatún''<ref>[http://www.profesorenlinea.cl/chilehistoria/MapucheGuillatun.htm Nguillatún mapuche]</ref> (''ngillatun''), le plus important des rituels mapuches, est une cérémonie propitiatoire et d’action de grâce à la divinité. Elle nécessite un lieu spécialement aménagé à cette fin, le ''ngillatuwe''. Au centre de cet espace est installé un ''rehue'' (ou ''rewe'', sorte d’[[autel (religion)|autel]] constitué d’un tronc d’arbre taillé en degrés et fiché en terre), autour duquel prennent place les participants. La cérémonie, qui se prolonge sur un minimum de deux journées et sur un maximum de quatre, a pour objet de demander à Guenechén ou à d’autres êtres spirituels de gratifier le peuple de pluies, de récoltes abondantes, d’un accroissement du bétail et d’autres faveurs dans les années à venir, tout en les remerciant pour leurs bienfaits des années passées ; dans le même temps, tout au long du rituel, l’on prend soin de tenir à l’écart les esprits malfaisants. Durant la cérémonie, des danses ont lieu, accompagnées d’oraisons, et des offrandes sont faites, sous forme notamment de sacrifices d’animaux et de dons de fruits locaux et de ''[[muday]]'' (boisson alcoolisée à base de céréales). Le ''petit guillatún'' se célèbre chaque année, le ''grand'' tous les quatre ans vers [[Noël]]<ref name="Lindig & Münzel"/>. Le guillatún revêt aussi une grande signification sociale, s’agissant en effet d’un rituel qui réunit la communauté pendant plusieurs jours et lors duquel les familles et les personnes de connaissance se rendent mutuellement les honneurs en partageant les repas, typiquement un morceau de viande (cheval, porc, bœuf ou mouton, bouilli ou grillé) et un bout de ''iwiñ kofke'', pain frit dans de la graisse de cheval. Il n’est pas rare qu’une famille tue au minimum un cheval et un cochon, afin d’offrir des mets à tous leurs hôtes et connaissances. La fête conjugue des éléments du Nouvel An européen avec une démonstration impressionnante d’art équestre araucan traditionnel : un autel rustique est dressé et porté ensuite en procession solennelle par des cavaliers, de plus en plus rapidement, pour se terminer en plein galop. En outre, des agneaux sont sacrifiés, dont le sang est exposé dans des écuelles posées sur l’autel, en offrande à la divinité. Enfin, du [[Chicha (boisson)|chicha]] (sorte de bière à base de maïs ou de pommes) est consommée en fortes quantités. Cette festivité voit aussi généralement officier un (ou une) ''machi'' ; il (ou elle) escalade les degrés d’un rehue, censé symboliser une échelle conduisant au ciel et par laquelle l’officiant s’élève jusque dans l’au-delà, auprès des dieux. Arrivé au fin haut du rehue, il se met à tourner autour de son axe, tout en frappant sur un ''cultrún'' (tambour), sans interruption, jusqu’à entrer en transe et à tomber finalement sur le sol, où il reste étendu comme mort, puis reprend connaissance, et annonce avoir appris de Dieu que celui-ci est satisfait des offrandes et des prières<ref name="Lindig & Münzel"/>{{,}}<ref>Gustave Verniory, à qui il fut donné d’assister personnellement à une telle cérémonie en novembre 1894, en relata le déroulement avec quelque détail dans ses mémoires (''Dix années en Araucanie'', {{p.|656-663}}). Selon lui, il s’agit d’« une invocation religieuse pour demander un changement de temps ; il correspond plus ou moins aux [[Jours des Rogations|rogations]] de chez nous ». Son récit recoupe assez largement la description de Lindig & Münzel, sauf qu’il signale que les Indiens, dans un état d’ébriété fort avancé, terminèrent la journée par une violente orgie, dont Verniory jugea prudent de s’éloigner.</ref>. Ce rite du voyage dans l’au-delà, où le ''machi'' se fait parfois accompagner d’esprits auxiliaires et qui s’effectue en état d’extase, ces actes accomplis dans le monde des esprits, l’élection des ''machis'' par Dieu, la période d’initiation de plusieurs années, la forme et la signification du tambour, et le symbole central de l’échelle céleste rappellent si fortement le [[chamanisme]] sibérien, que d’aucuns ont voulu établir un rapport générique entre culture mapuche et chamanisme ; cependant, selon toute vraisemblance, il ne s’agit en l’espèce que d’une analogie fortuite<ref name="Lindig & Münzel"/>, et la postulation de rapports homologiques avec les civilisations sibériennes est considérée aujourd’hui comme relevant de la pure conjecture<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Walter Hirschberg (fondateur)|auteur2=Wolfgang Müller (rédacteur)|titre=Wörterbuch der Völkerkunde|lieu=Berlin|éditeur=Dietrich Reimer|date=mai 2005|numéro d'édition=2|pages totales=427|passage=326–327|isbn=978-3-496-02650-1}}</ref>.
 
[[Fichier:Machitún Mapuche.jpg|vignette|Une cérémonie de ''machitún'', gravure dans ''Atlas de la historia física y política de Chile'' de [[Claude Gay]].]]
* Le ''machitún'' (ou ''machitun'') a pour but la guérison d’une personne malade. Lors de cette cérémonie, les ancêtres sont évoqués, lesquels, dans la croyance mapuche, ont quitté le monde terrestre pour le monde spirituel et possèdent l’art de [[Diagnostic (médecine)|diagnostiquer]] les maux et affections. Le rite fait intervenir un (ou une) ''machi'', qui au début de la cérémonie escalade les sept marches du rehue et y dépose des feuilles de [[Cinnamomum|cannelier]], l’arbre sacré des Mapuches, pour les brûler ensuite. Au son du ''cultrún'', il (ou elle) prie et chante auprès du malade, jusqu’à entrer dans un état de [[transe]] (''küymin''), lui permettant d’entrer en communication avec les esprits et de s’entendre révéler par eux la cause de la maladie du patient, qui selon la croyance mapuche gît dans quelque maléfice ou transgression, ainsi que la marche à suivre pour le guérir, qui consistera généralement à administrer des infusions, spécifiques à chaque mal. La plupart du temps, la cérémonie se déroule à l’intérieur de la ''ruca'' (maison) du malade et en présence de sa parentèle. Le (ou la) ''machi'' se fait assister par des aidants (''dungumachife'') chargés de traduire ses paroles, et par d’autres acolytes chargés de chasser les esprits mauvais impliqués dans la maladie à traiter. Une fois mise au jour l’origine du mal, et ce dernier « retiré » du corps du malade, un remède est préparé à base d’[[Plante médicinale|herbes médicinales]], complété d’autres traitements<ref>[http://www.nuestro.cl/notas/etnias/ritos_mapuches.htm Ritos mapuches]</ref>{{,}}<ref>Gustave Verniory relate une telle cérémonie dans ses mémoires (''Dix années en Araucanie'', {{p.|668-669}}). Étrangement, il nomme par ailleurs ''machitun'' le rite d'installation d’un nouveau (ou d’une nouvelle) ''machis'', et décrit longuement un de ces rituels, dont il fut autorisé à être témoin dans la région du [[Río Toltén|Toltén]] en 1898 (''Dix années en Araucanie'', {{p.|675-679}}).</ref>.
* Le ''we tripantu'' (''hue tripantu'' dans la transcription espagnole, ou ''wiñoy tripantu'') est la fête du nouvel an mapuche. Sa date est fixée au [[solstice]] d’hiver (hémisphère sud), entre le 21 et le 24 juin, de sorte qu’à l’aube du 24 juin, un autre cycle de vie commence dans le monde mapuche et sur la terre mère. C’est en général une journée de retrouvailles, d’harmonisation et d’équilibre des relations humaines. Une tradition courante de cette fête est de se baigner à l’aube dans une rivière ou dans un lac pour se purifier<ref>[http://www.icarito.cl/2009/12/45-8711-9-6-los-mapuches.shtml/ We Tripantu mapuche]</ref>.
 
=== Constructions et sculptures ===
 
==== Habitation ====
 
[[Fichier:Ruca Mapuche 1930.jpg|vignette|Maison mapuche (''ruca''), sur une photographie de 1930.]]
L’habitation traditionnelle des Mapuches est la ''ruka'' (ou ''ruca'' en transcription espagnole), construction assez vaste, d’une superficie variant entre 120 et {{nobr|240 mètres}} carrés, constituée de murs d’[[Adobe (brique)|adobe]], de planches ou de [[Chusquea culeou|bambous]], tapissés de tiges de [[Typha|massette]] à l’intérieur. Elles sont renforcées au-dedans par des piliers de bois qui supportent une toiture de joncs ou de quelque [[Poaceae|graminée]] semblable à la ''[[Jarava ichu|paja brava]]''. Elles sont habituellement dépourvues de fenêtres ; l’unique entrée, tournée vers l’orient, reste ouverte, mais est abritée des rayons du soleil par une ''ramada'' (auvent) formée de piquets supportant une couverture de branches<ref>G. Verniory, ''Dix années en Araucanie'', {{p.|648}}.</ref>. L’ingénieur [[Gustave Verniory]], engagé par le gouvernement chilien pour aider à la construction de chemins de fer, et qui séjourna dix années en Araucanie à la fin du {{s-|XIX}}, se lia d’amitié avec un [[Cacique (chef)|cacique]] (polygame) et put donc visiter sa ''ruca'', dont il décrivit l’intérieur comme suit dans ses [[mémoires]] :
{{citation bloc|Le sol est en terre battue. Le fond de la hutte est divisé par des cloisons de roseaux en quatre compartiments d’environ trois mètres de large sur deux de profondeur, deux à droite, deux à gauche, s’ouvrant sur un couloir central ; c’est à peu près la disposition d’une écurie anglaise.<br/>
Au centre de trois d’entre eux, entouré d’un cercle de pierres, est un foyer où le feu couve sous la cendre ; il manque dans le quatrième. D’après les notions que j’ai déjà acquises sur la vie des Indiens, j’en conclus que le cacique a trois femmes […].<br/>
Dans ces appartements privés, il n’existe d’autre mobilier que le lit conjugal en planches à un pied au-dessus du sol, large de trois pieds et couvert de peaux de mouton, et d’autres couchettes de peaux superposées ou de paille à même le sol pour les membres de la famille. Des vêtements sont pendus aux cloisons.<br/>
Dans la partie avant de la hutte, aucun meuble, si ce n’est quelques tronçons d’arbre et des peaux jetées de ci de là. Aux perches formant l’armature et au clayonnage pendent des provisions diverses : des bottes d’épis de maïs, des sacs en peau de vache gonflés de blé, des outres faites de la tête d’un cheval ou d’un veau contenant des œufs, un curieux sac à farine formé de la peau cousue d’un jeune veau et, ce qui me frappe le plus, des marmites en pis de vache durcis.<br/>
Sur un tronc équarri posé le long d’une des parois sont rangés de nombreux ustensiles de ménage : des jarres en terre cuite, des écuelles en bois, des calebasses et gourdes évidées de toutes formes, des cruches en terre glaise, des coquilles de grosses moules de rivière servant de cuillers. À côté, une grande auge en bois contenant la provision d’eau. Dans un coin, la lance du cacique, une grosse massue en bois dur, une selle, un lasso, une ''trutruca'' ou grande corne pour sonner le ralliement de la tribu<ref>G. Verniory, ''Dix années en Araucanie'', {{p.|649-650}}. Pour voir une telle « marmite en pis de vache », cf. [http://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/base/Work/action/show/notice/57120-recipient-en-pis-de-vache/ cette photographie] sur le site du musée Branly. En décembre 1894, Verniory eut aussi l’occasion d’observer la construction d’une ruca, et en fera plus trad le récit suivant : « La construction avance rapidement. Un travailleur muni d’un bâton durci au feu attaque le sol ; un autre, avec une pelle qu’à la marque on reconnaît comme volée dans un des chantiers du chemin de fer, achève les trous. Derrière eux, une équipe plante dans ces trous de longues perches fortes du pied mais flexibles du bout. Les deux rangées sont parallèles, à une distance d’une demi-douzaine de mètres, c’est-à-dire la largeur de la maison. Puis les extrémités sont repliées et attachées par des ''boguis'' (lianes) à une perche horizontale formant le faîte du toit. Un des petits côtés de la future bâtisse est aussi formé de perches ; l’autre, celui qui est tourné vers l’orient, restera ouvert. Puis on entretoise ces perches avec des tiges de bambou placées horizontalement et ficelées aux perches par des boguis, et voilà le canevas formé. » (''Dix années en Araucanie'', {{p.|665}}.</ref>.}}
 
==== Autel et structures funéraires ====
 
[[Fichier:Che mamull proporcion.svg|vignette|Taille d’un ''chemamüll'', statue funéraire mapuche, en regard d’une personne.|100px]]
* Une structure rituelle importante est le ''rewe'' (''rehue'', selon la graphie espagnole ; prononcer ''réwé''), autel sacré utilisé par les Mapuches dans de nombreuses cérémonies. C’est un tronc d’arbre d’environ deux mètres de haut, fiché en terre, plus ou moins grossièrement sculpté et entaillé d’une série de marches que le ''machi'' gravit à reculons lors de fêtes religieuses et sur lesquelles il peut se tenir debout. La ''ruca'' (demeure) d’un ''machi'' se reconnaît au ''rehue'' qui se dresse aux abords, ombragé par le feuillage odorant d’un cannelier, arbre sacré<ref>G. Verniory, ''Dix années en Araucanie'', {{p.|53-54}} et {{p.|661}}.</ref>.
* À signaler encore les statues de bois appelées ''chemamüll'' (de ''che'', personne, et ''mamüll'', bois, soit : « bois ayant forme humaine »), poteau funéraire que l’on dresse sur la tombe du défunt à l’issue de la cérémonie de funérailles. C’est un tronc dont la partie supérieure, sommairement sculptée à la hache, figure une tête coiffée d’une sorte de chapeau haut-de-forme<ref>G. Verniory, ''Dix années en Araucanie'', {{p.|672}}. Voir aussi la [http://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/base/Work/action/show/notice/457291-poteau-funeraire/ photographie] d’un chemamüll sur le site du musée Branly.</ref>.
* En 2007, l’archéologue [[États-Unis|américain]] [[Tom Dillehay]] a dénombré environ 300 [[tumulus]] funéraires, nommés ''cuel'', aux alentours de [[Purén (Chili)|Purén]] et de [[Lumaco]]. Ces buttes artificielles coniques, faites de pierraille et de boue, peuvent dans certains cas dépasser les {{nobr|40 mètres}} de hauteur. L’auteur a formulé l’hypothèse que dans la plaine limoneuse de Purén se serait développé un foyer de peuplement suffisamment important que pour permettre l’édification de monuments funéraires. Dillehay fait remonter les ''cuel'' à deux centaines d’années avant l’arrivée des Espagnols, soit les {{s2-|XIV|XV}}. Il conjecture en outre que ces structures aient pu être le fruit de l’influence inca ou de quelque autre des cultures des Andes centrales en général<ref>{{Ouvrage|auteur1=Tom Dellehay|titre=Monuments, empires and resistance : The Araucanian Polity and Ritual Narratives|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2007|passage=504|isbn=}}</ref>.
 
=== Mathématiques ===
 
Le [[système de numération]] mapuche est [[Système décimal|décimal]], avec des noms particuliers pour les neuf unités (dans l’ordre : ''kiñe'', ''epu'', ''küla'', ''meli'', ''kechu'', ''kayu'', ''regle'', ''pura'', ''aylla''), la dizaine (''mari''), la centaine (''pataka'') et le millier (''warangka''), le reste des nombres étant formé par composition, au moyen de sommes et de multiplications, où une unité nommée à gauche d’un nombre d’ordre supérieur multiplie celui-ci, et lui est additionnée si elle est nommée à droite. Par exemple, ''kechu pataka küla mari küla'' représente 533 (5 x 100 + 3 x 10 + 3).
 
Selon le missionnaire [[Félix José de Augusta|Félix de Augusta]] (1860-1935), les Mapuches ne disposaient pas d’une méthode établie pour opérer avec des [[Fraction (mathématiques)|fractions]] et des [[Développement décimal|décimales]], de sorte que l’auteur dut adapter la terminologie espagnole aux usages mapuches.
 
Au {{s-|XIX}}, [[Claudio Matte]], dans son [[syllabaire]] de 1884 familièrement appelé ''[[Silabario del ojo]]'', affirmait que les Mapuches ne savaient pas compter et qu’ils utilisaient des métaphores pour exprimer les nombres, affirmation qui sera à l’origine d’une croyance erronée qui durera des décennies<ref>{{lien web|url=http://www.mapuche.info/print.php?pagina=677|titre=La Data Cultural Mapuche y los 12 mil años |consulté le= 30 mars 2012 |format=PHP |auteur= Ñuke Mapu|éditeur=Centro de Documentación Mapuche|citation=[...] M. Claudio Matte, grand universitaire de l’université du Chili, auteur du syllabaire ''El Nuevo Método'', communément appelé ''Silabario El Ojo'', dans les années 50, soulignait dans la leçon {{n°|21}}, sous le titre ''Los Indios Mapuche no saben contar'', que pour dire ‘un’ ils disent ‘soleil’, et pour dire deux ils disent ‘patte d’oiseau’.}}</ref>.
{{Citation bloc|[...] la loi relative à l’instruction primaire obligatoire de 1928 se chargea de formaliser le mépris indigène envers notre peuple en ce qui touche au système numérique et au comptage, et M. Claudio Matte, grand savant de l’université du Chili, auteur du ''Silabario El Nuevo Método'', communément appelé ''Silabario El Ojo'', dans les années 50, soulignait dans la leçon {{n°|21}}, sous le titre ''Los Indios Mapuche no saben contar'', que pour dire ‘un’ ils disent ‘soleil’, et pour dire deux ils disent ‘patte d’oiseau’.|Juan Ñanculef Huaiquinao, ''Centre de documentation mapuche''<ref>{{lien web|langue=espagnol|url=http://www.mapuche.info/index/docs/docs/lumaco/fakta/?kat=8&sida=677 |auteur=Juan Ñanculef Huaiquinao|titre=La Data Cultural Mapuche y los 12 mil años |éditeur=Centro de Documentación Mapuche Ñuke Mapu|lieu=[[Université d'Uppsala]] (Suède)|date=5 juin 2010|consulté le=5 décembre 2017}}</ref>.}}
 
=== Art textile ===
 
[[Fichier:Cinta con los clásicos dibujos utilizados por los Mapuche.JPG|180px|vignette|Ruban mapuche présentant le motif typique du ''[[guemil]]'', très semblable à la ''[[chacana]]''.]]
 
Les données les plus anciennes sur l’art du tissage dans les zones les plus australes du continent américain (c’est-à-dire la partie méridionale des actuels États du Chili et de l’Argentine) ont été recueillies dans quelques sites [[Archéologie|archéologiques]], comme les cimetières ''pitrén'' non loin de la ville de [[Temuco]], le site Alboyanco dans la région du [[Río Biobío|Biobío]], et le cimetière ''Rebolledo Arriba'' dans la [[province de Neuquén]]. Des preuves y ont été trouvées de l’existence de tissages mettant en œuvre des techniques et des dessins complexes et remontant à une date aux alentours de 1300-1350<ref>Brugnoli et Hoces de la Guardia (1995) ; Alvarado (2002).</ref>. Sur la base de ces trouvailles et d’autres encore, un lien a pu être établi entre l’artisanat textile développé en Araucanie et les cultures andines du nord (actuels [[Équateur (pays)|Équateur]] et [[Pérou]]), et il a été postulé que les tissus et le savoir-faire textile seraient arrivés jusque dans la région araucane par des contacts et des échanges avec ces lointaines régions<ref>Millán de Palavecino (1960) ; Chertudi et Nardi (1961) ; Nardi et Rolandi (1978) ; Corcuera (1987, 1998) ; parmi d’autres.</ref>.
 
Les documents historiques les plus anciens attestant de l’existence de l’art textile chez les autochtones du sud des actuels territoires argentin et chilien sont des chroniques d’explorateurs et de colonisateurs européens datant du {{s-|XVI}}. Ces témoignages font état de ce que, à l’arrivée des Européens dans la région d’Araucanie, les natifs de cette zone étaient vêtus de tissus fabriqués par eux-mêmes à partir de la laine de [[Lama (animal)|lamas]], dont les Mapuches pratiquaient l’élevage. Ultérieurement, et après adoption du bétail ovin apporté par les Européens, ces autochtones commencèrent à élever ces animaux et à en utiliser la laine pour la confection de leurs tissus, jusqu’à ce que cette laine vint à supplanter largement l’emploi du poil de lama. Vers la fin du {{s-|XVI}}, ces ovins élevés et améliorés par les autochtones avaient acquis un corps plus robuste et une laine plus grosse et plus longue que celle du bétail apporté par les Européens<ref>Joseph (1931) ; Palermo (1994) ; Méndez (2009a).</ref>.
 
[[Fichier:Lana teñida.JPG|vignette|150px|Laine teinte à l’aide de teintures végétales.]]
 
L’objet vestimentaire principal était le ''chamal'', pièce de tissu de forme carrée, que les hommes fixaient à la ceinture et dont ils s’enveloppaient les jambes en guise de pantalon, et que les femmes assujettissaient à l’épaule gauche avec une grosse épingle, pendant qu’un autre ''chamal'' faisait office de jupe. Pour teindre ces pièces vestimentaires, les Mapuches utilisaient de l’argile ou des teintures végétales, dont ils combinaient les tonalités et avec lesquels ils créaient des motifs dénotant un grand sens artistique. Cette tenue vestimentaire de base était complétée de [[Cape (vêtement)|capes]], de bandeaux, de rubans pour la tête, et d’une ceinture.
 
Le [[métier à tisser]] mapuche était posé de façon verticale et se composait d’un bâti de quatre pièces de bois, une pour élever la chaîne, une autre pour apprêter la trame, une [[Navette (tissage)|navette]], et une dernière pour soutenir les fils élevant un plan de la chaîne. De cette machine dérive le métier à tisser ''chilote'' ou ''quelvo'', de plus grande taille et de disposition horizontale.
 
==== Importance économique des textiles ====
 
Ces tissus étaient confectionnés par les femmes, qui transmettaient leur savoir-faire de génération en génération, par tradition orale et en faisant appel à l’imitation gestuelle, habituellement dans le milieu familial. Les femmes douées d’une grande habileté textile étaient très valorisées, jouant en effet, par l’élaboration de leurs tissus, un important rôle économique et culturel, raison pour laquelle un homme, quand il voulait épouser une femme, devait apporter un trousseau beaucoup plus grand si la femme convoitée était une bonne tisseuse<ref name="WyM">Wilson (1992) ; Mendez (2009a).</ref>.
 
À l’heure actuelle (2017), de nombreuses femmes mapuches continuent de confectionner des tissus selon la coutume ancestrale et de transmettre leur savoir à la manière traditionnelle, c’est-à-dire au sein du foyer et de la famille, de mère à fille et de grand-mère à petite-fille. Ce mode d’apprentissage est basé sur l’imitation gestuelle, et ce n’est qu’à de rares occasions, et en cas de stricte nécessité, que l’apprentie se voit donner des instructions explicites ou de l’aide de la part de ses instructrices. Le savoir se transmet donc au moment même de la réalisation des tissus, et ''faire'' et ''transmettre'' ont lieu simultanément<ref name="WyM"/>.
 
[[Fichier:Abb205Inneres einesIndianerhauses inChile.jpg|vignette|Intérieur et métier à tisser, Chili.]]
Dans les sociétés andines, les textiles avaient une grande importance et étaient fabriqués dans le but d’être utilisés comme vêtement, comme ustensile et abri pour le foyer, et également comme marque de prestige<ref>Murra (1975).</ref>. Aux {{s2-|XVI|XVII}}, cette dernière fonction des textiles se fit jour aussi dans la région d’Araucanie, où, selon plusieurs chroniqueurs du Chili, les autochtones essayaient de s’emparer d’habits et d’étoffes espagnoles comme trophée de guerre, ou d’en acquérir par leurs négoces avec les Espagnols. En outre, c’était vêtus de leurs meilleurs habits que les corps des défunts étaient déposés dans leurs sépultures<ref>Palermo (1994) : Méndez (2009b).</ref>.
 
D’autre part, l’activité textile permettait d’engendrer des surplus, susceptibles de servir de biens d’échange et d’alimenter un commerce fort important pour les autochtones. Nombre de témoignages écrits remontant jusqu’au {{s-|XVI}} attestent que les étoffes étaient destinées au [[troc]] entre les différents groupes autochtones, puis, à la suite de la colonisation européenne, entre ceux-ci et les colons. Grâce à ces trocs, les Mapuches pouvaient faire l’acquisition de biens qu’ils ne fabriquaient pas ou qu'ils prisaient particulièrement, comme p.ex. les chevaux. Les volumes de tissus produits par les femmes mapuches en Araucanie et dans le nord de la Patagonie et commercialisés ensuite étaient considérables et constituaient une ressource économique de première importance pour les familles autochtones<ref>Guaravaglia (1986) ; Palermo (1994) ; Mendez (2009b).</ref>. Aussi, dès avant la colonisation européenne, les textiles confectionnés par les Mapuches avaient-ils cessé d’être destiné à l’usage exclusif de la famille ou des seuls groupes autochtones<ref>Méndez (2009b).</ref>.
 
À l’heure actuelle, les tissus élaborés par les Mapuches continuent d’être destinés tant à l’usage domestique qu’à la vente ou au troc, ou à servir de cadeau. Toutefois, depuis déjà le début du {{s-|XX}}, les femmes mapuches et leurs familles s’habillent de vêtements provenant du dehors et fabriqués à base de matériaux d’origine industrielle, et parmi les productions textiles locales, seuls les [[poncho]]s, les capes, les ceintures et les rubans sont encore d’usage courant. Aujourd’hui encore, une bonne partie des tissus produits sont écoulés dans le commerce et représentent dans beaucoup de cas une importante source de revenus pour les familles<ref>Wilson (1992) ; Alvarado (2002) ; Mendez (2009a).</ref>.
 
=== Argenterie et parures ===
 
[[Fichier:Trapelacucha drawing.svg|vignette|150px| Dessin représentant une ''trapelacucha'', ornement pectoral en [[argent]] traditionnellement porté par les femmes mapuches.]]
 
L’[[argenterie]] est l’une des facettes les plus prégnantes de la culture matérielle mapuche<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Juan Painecura Antinao|titre=Charu. Sociedad y cosmovisión en la platería mapuche|lieu=Temuco|éditeur=Ediciones UC Temuco (Universidad Católica de Temuco)|année=2011|pages totales=67|passage=15|isbn=978-956-7019-77-9}}</ref>. C’est dans la deuxième moitié du {{s-|XVIII}} que les orfèvres argentiers mapuches se mirent à produire de l’argenterie fine en grande quantité<ref name=Aldunate>{{article|auteur=Carlos Aldunate|année=1984|titre=Reflexiones acerca de la platería mapuche |url=http://repositoriodigital.uct.cl:8080/xmlui/bitstream/handle/123456789/329/CUHSO_0716-1557_03_1984_1_art1.pdf?sequence=1 |périodique=Cultura-Hombre-Sociedad |volume=1|consulté le=13 novembre 2013 |archive-url=https://web.archive.org/web/20131203065926/http://repositoriodigital.uct.cl:8080/xmlui/bitstream/handle/123456789/329/CUHSO_0716-1557_03_1984_1_art1.pdf?sequence=1 |archive-date=3 décembre 2013}}</ref>. L’essor de l’orfèvrerie a pu être attribué aux pourparlers de Quillín de 1641 et à ceux de Negrete de 1726, qui instaurèrent une trêve des hostilités entre Espagnols et Mapuches et permirent au commerce de s’épanouir entre les Mapuches, désormais reconnus de facto indépendants, et le Chili colonial<ref name=Aldunate/>{{,}}<ref name=Painecura25-26>J. Painecura Antinao, ''Charu. Sociedad y cosmovisión en la platería mapuche'', {{p.|25-26}}.</ref>. Dans ce contexte d’échanges croissants, les Mapuches commencèrent fin {{s-|XVIII}} à accepter les paiements en monnaie d’[[argent]] pour leurs produits, qui consistaient en général en bétail et en chevaux<ref name=Aldunate/>. Ces pièces de monnaie, en argent ou autre, obtenues à l’issue de négociations politiques, serviront de matière première aux artisans orfèvres mapuches (en [[mapudungun]] : ''rüxafe'')<ref name=Aldunate/>{{,}}<ref name=Painecura25-26/>{{,}}<ref name=Kangiser/>. Les [[Pendentif (bijou)|pendentifs]] mapuches anciens en argent comprennent souvent des pièces non fondues, incorporées telles quelles dans le bijou, ce qui aide les chercheurs modernes à dater les objets<ref name=Kangiser>{{article|auteur=María Fernanda Kangiser Gómez|année=2002|titre=Conservación en platería mapuche: Museo Fonck, Viña del Mar |url=http://www.museodevalparaiso.cl/dinamicas/DocAdjunto_27.pdf |périodique=Conserva|volume=6|consulté le=13 novembre 2013 |archive-url=https://web.archive.org/web/20131202234953/http://www.museodevalparaiso.cl/dinamicas/DocAdjunto_27.pdf |archive-date=2 décembre 2013}}</ref>{{,}}<ref>Dans le même sens, Gustave Verniory note dans ses mémoires (sans préciser si cette information fait suite à des observations personnelles ou si elle lui est venue par ouï-dire) : « Tous ces ornements se fabriquent en fondant les pièces d’argent qu’ils (les Indiens) recueillent dans leur trafic avec les Chiliens car entre eux, ils n’utilisent pas la monnaie, les marchés se traitant par voie d’échanges » (Dix années en Araucanie, {{p.|46}}). Et plus loin : « Bien que les premiers Espagnols aient exploité jadis en Araucanie des mines d’argent, ce n’est pas de là que les bijoutiers indiens tirent la matière de leurs ornements ; ils se contentent de fondre les monnaies chiliennes et de les retravailler » (''Dix années en Araucanie'', {{p.|87}}).</ref>. La grande partie des monnaies d’argent espagnoles provenait des mines de [[Potosí]] dans le [[Haut Pérou]]<ref name=Painecura25-26/>.
 
La grande diversité des créations d’argenterie fine chez les Mapuches s’explique par le fait que ces objets étaient notamment destinés à servir de marqueur d’identification aux différents ''reynma'' (familles), ''lof mapu'' (territoires), ainsi qu’à des ''loncos'' (caciques) et ''machis'' (prêtres) déterminés<ref name=Painecura27-28>J. Painecura Antinao, ''Charu. Sociedad y cosmovisión en la platería mapuche'', {{p.|27-28}}</ref>. Au fil du temps, les parures en argent ont été sujettes à changements en fonction des modes, mais certains modèles de base associés à des concepts philosophiques et spirituels ont résisté au passage des ans et n’ont pas subi de modifications majeures<ref name=Painecura27-28/>. Ces pièces sacrées qui apportent fécondité et protection sont le support d’un message codifié qui fait référence au statut social de la femme qui les porte<ref>Paz Núñez-Regueiro, préface à ''Dix années en Araucanie'' de Gustace Verniory, {{p.|CXLVIII}}</ref>.
 
L’activité d’orfèvrerie et la diversité artistique mapuches connurent leur apogée à la fin du {{s-|XVIII}} et au début du {{s-|XIX}}<ref name=Painecura30>J. Painecura Antinao, ''Charu. Sociedad y cosmovisión en la platería mapuche'', {{p.|30}}</ref>. Au {{s-|XIX}}, tout cacique mapuche important avait en principe au moins un orfèvre argentier à sa disposition<ref name=Aldunate/>. La [[Occupation de l'Araucanie|campagne militaire de 1869]] menée par l’État chilien contre le territoire mapuche indépendant provoqua pendant l’hiver de cette année une famine chez les Mapuches, aggravée encore par une épidémie de [[variole]]<ref name=Bengoa224>José Bengoa, ''Historia del pueblo mapuche...'', {{p.|224}}</ref>. Cette circonstance portera certains Mapuches à vendre leurs parures d’argent dans les villes de ''[[La Frontera (Chili)|la Frontera]]'' (c’est-à-dire sises sur la ligne de démarcation entre le territoire tenu par eux et celui sous domination chilienne) en échange de nourriture<ref name=Bengoa224/>. Selon l’universitaire mapuche Carlos Aldunate, il n’y avait plus en l’année 1984 d’orfèvres parmi ses contemporains mapuches<ref name=Aldunate/>.
 
[[Gustave Verniory]] donne dans ses mémoires un bref inventaire des parures féminines mapuches :
{{citation bloc|Les femmes d’un cacique riche sont des joailleries ambulantes. Il y a d’abord les chaînettes qui relient les extrémités des deux tresses, puis les boucles d’oreille pesant souvent une demi-livre, puis les colliers, les bracelets, les diadèmes, les bagues nombreuses, les anneaux aux chevilles, les pendentifs et surtout l’épingle […], plaque ronde de la dimension d’une assiette formant la tête, avec une tige longue d’un pied, le tout en argent ; d’autres fois, la tête est une sphère énorme<ref>G. Verniory, ''Dix années en Araucanie'', {{p.|87}}</ref>.}}
 
Le principal ornement féminin cependant est le pendentif pectoral (c’est-à-dire qui se porte en sautoir sur la poitrine, ''trapelacucha'' en mapudungun), qui, s’il peut varier dans sa forme, se présente néanmoins le plus souvent comme un assemblage de trois colonnes parallèles séparées constituées de plaquettes rectangulaires reliées entre elles par des chaînons d’argent aplatis ; au sommet de ces trois colonnes, et les maintenant ensemble, se trouve une figure plate composée d’un oiseau bicéphale, à ailes éployées, tandis que la base est constituée d’une pièce plate en demi-cercle ou trapézoïde, se terminant en bas par un alignement de pendeloques sous forme de petits disques.
 
=== Musique ===
 
==== Musique traditionnelle ====
 
Au contraire de la musique populaire ou profane, qui est fort sujette à la mode et n’a pas été consignée ou enregistrée, la musique religieuse a été préservée en ce qu’elle est répétée cérémoniellement, à l’identique, comme p.&nbsp;ex. les chants des ''guillatúns'' (parmi lesquels les ''tayüḻfe'', qui accompagnent de chants les danses des ''choyke''), qui peuvent passer pour des échantillons de musique traditionnelle mapuche. Cependant, il existe par ailleurs aussi des chansons d’amour, des [[Chanson à boire|chansons à boire]] ou des chansons évoquant tel événement survenu dans la terre natale ou telle personne en vue. Le chant mapuche peut être chanté ''[[a cappella]]'' ou être accompagné de quelque instrument de musique cérémonielle.
 
Dans l’arsenal des instruments de musique mapuches figurent des [[Instrument de percussion|instruments de percussion]], tels que le ''cultrún'', dont l’utilisation est exclusivement rituelle, et les ''cascahuillas'', grelots attachés aux jointures des doigts, et des [[Instrument à vent|instruments à vent]], comme la ''trutruca'', canne creuse de bambou avec une corne à son extrémité, ou la ''pifilca'', [[aérophone]] de la famille des [[flûte]]s, sans [[Biseau (musique)|biseau]], semblable à un [[sifflet]]. Un instrument original est le ''trompe'' ou ''torompe'', [[idiophone]] dont on fait vibrer une languette et qui se sert de la gorge et de la bouche comme [[caisse de résonance]]<ref>{{lien web|langue=espagnol|url=http://www.profesorenlinea.cl/ChileFolclor/MapucheFolclore.htm |titre= Folclore mapuche|éditeur= Profesor en linea |lieu=Santiago |consulté le=26 novembre 2017}}</ref>.
 
==== Musique actuelle ====
 
À ces instruments traditionnels s’en sont joints d’autres, comme l’[[accordéon]] et la [[trompette]] en Araucanie, et la [[guitare]] et le [[Bombo (instrument)|bombo]] dans la [[région des Lacs]]. Parmi les chanteuses modernes de musique mapuche, il convient de mentionner en particulier [[Beatriz Pichimalén]], [[Aimé Paine]] et [[Nancy San Martín]].
 
=== Poésie contemporaine ===
 
Le peuple mapuche a produit une vaste [[littérature orale]], que favorisait le goût traditionnel de ce peuple pour le maniement esthétique de son idiome et par la circonstance que le talent oratoire y était élevé au rang de compétence sociale suprême. Les principales formes du récit sont l’''epew'', sorte de [[fabliau]], et le ''nütram''.
 
La culture mapuche s'appuie traditionnellement sur une transmission orale, leur littérature écrite est relativement récente. Ce peuple s'intègre dans les modes de transmission dominants. À partir du {{s-|XX}}, de nombreux poètes mapuches décidèrent de basculer de l’oralité vers l’écriture et commencèrent ainsi à apparaître sur la scène de la littérature écrite. Plusieurs parmi eux ont publié leurs recueils dans des éditions bilingues [[espagnol]]-[[mapudungun]], mais les caractéristiques centrales de la majorité de ces auteurs sont le recours à la langue vernaculaire et la présence dans leurs œuvres des [[Topos (littérature)|topos]] littéraires propres à l’ethnie mapuche, tels que les références à l’environnement naturel, la [[symbologie]] et la cosmovision mapuches. Parmi ces écrivains, le poète [[Elicura Chihuailaf]], auteur du livre ''Sueños azules y contrasueños'', professeur à l’[[Université catholique de Temuco|université de Temuco]], est parvenu à une reconnaissance au niveau latino-américain.
 
Parmi les poètes mapuches contemporains méritent mention :
* [[Lorenzo Aillapán]] (1940 - ) : poète et musicien, qui se déclare ''üñümche'', homme-oiseau, car capable de comprendre le langage des oiseaux. A également travaillé occasionnellement comme acteur.
* Emilio Antilef : [[journaliste]] et poète.
* Elicura Chihuailaf (1952 - ) : l’un des poètes mapuches les plus célébrés. Son œuvre se signale par l’utilisation d’éléments de la symbologie traditionnelle, comme le culte des ancêtres et la couleur bleue. Il a traduit en mapuzugun des œuvres de [[Pablo Neruda]] et de [[Víctor Jara]].
* [[Rosendo Huenumán García]] (1935 - ) : poète et compilateur de poésie traditionnelle. Il fut député pour le [[Parti communiste du Chili]] jusqu’en 1973<ref>{{lien web|url=http://www.puntofinal.cl/667/rosendo.php|titre=El último parlamentario mapuche|éditeur=Punto final}}</ref>.
* [[Jaime Luis Huenún]] (1967 - ) : poète [[huilliche]], également éditeur d’[[anthologie]]s d’autres auteurs mapuches.
* [[Leonel Lienlaf]] (1969 - ) : poète se déclarant ouvertement poète bilingue ; également musicien.
* [[Eliana Pulkillanca]] (1963 - ) : poète autodidacte lafkenche, de la zone de la Communauté autochtone ''Lonco Kashillahue'' de Piutril, [[Mariquina (Chili)|San José de la Mariquina]].
* [[Graciela Huinao]] (1956 - ) : poète et conteur [[huilliche]], elle fut la première femme mapuche à faire paraître un livre.
* [[María Catrileo]] (1944 - ) : écrivain et enseignant d’[[anglais]], de [[mapudungún]] et d’[[espagnol]] à l’[[université australe du Chili]].
 
=== Cuisine mapuche, pratiques alimentaires ===
{{...}}
* Le [[merkén]] est un élément traditionnel de la cuisine mapuche.
 
=== Ethnotourisme ===
 
Vers la fin du {{s-|XX}}, certaines communautés mapuches ont entrepris de créer des programmes de [[tourisme]], plus spécifiquement d’''[[ethnotourisme]]'', dénommés « tourisme mapuche ». Celui-ci s’inscrit dans une nouvelle tendance touristique, qui implique une nouvelle façon de voyager et un autre choix de destinations et dont les pratiquants s’interdisent de porter préjudice aux cultures locales, d’altérer des équilibres vieux de plusieurs siècles voire de millénaires, ou de détruire les [[écosystème]]s naturels. Il s’agit en l’occurrence de formes alternatives de développement touristique respectant les ressources et les communautés locales, dans la conviction qu’ainsi pourront être protégés et renforcés la culture et l’environnement de la destination touristique choisie<ref name="Benetti">Ricardo Benetti, ''Tourisme Responsable: La Alternativa del Respeto'', Travesía: Tourisme Sostenible en la Patagonia, 15 mai/15 juin 2006.</ref>. Le ''tourisme responsable'' se définit comme un voyage qui prend en considération les contextes naturels, socio-culturels, économiques et politiques de la destination, s’attachant à accroître les bénéfices et à minimiser les impacts négatifs du tourisme<ref>Allan Rhodes Espinoza, ''¿Qué es realmente el turismo responsable?'', Travesía: Tourisme Sostenible en la Patagonia, mars 2006.</ref>.
 
C’est dans cet esprit qu’a été mis en place l’ethnotourisme dans des zones habitées par le peuple mapuche. À cet égard se signale en particulier l’écotourisme organisé par des communautés huilliches, se traduisant notamment par la participation des Huilliches dans la création d’un réseau de parcs sylvestres dans l’''Aire marine et côtière Lafken Mapu Lahual'', dans la [[province d'Osorno]], au Chili, mais prenant plusieurs autres formes encore telles que le tourisme d’aventure, l’[[agritourisme]], le tourisme rural, le tourisme écologique, le tourisme scientifique, le tourisme historico-culturel, et l’ethnotourisme. Ce dernier se donne comme but la préservation de l’identité ethnique et la valorisation et transmission du patrimoine culturel.
 
En [[Amérique latine]], des pays comme le [[Pérou]], la [[Bolivie]], le [[Mexique]] et le [[Nicaragua]] ont mis au point au niveau national nombre de programmes déjà fort élaborés. En comparaison, le Chili n’en est qu’à ses débuts (2006), mais est en croissance rapide, grâce en partie aux Mapuches, désireux de revaloriser leurs racines et de les partager avec le reste du monde<ref name="Benetti" />.
 
== Mapuches célèbres ==
* {{Lien|lang=es|trad=Caupolicán|fr=Caupolicán}}, cacique engagé dans la résistance de 1553-1558 aux conquistadors espagnols, [[toqui]] (chef militaire)
* [[Lautaro]]/Leftraru (1553-1557)
* [[Galvarino]] (?-1557)
* [[Colocolo (chef mapuche)|Colocolo]] (1490-1558)
* [[Juana Calfunao Paillaléf]], cheffe communautaire actuelle
* {{Lien|lang=es|trad=Aucán Huilcamán|fr=Aucán Huilcamán}} (1965-), porte-parole du [[Conseil de toutes les terres]] (1990)
 
== Notes et références ==
<div style="height:300px; overflow:auto; border:black; padding:4px;">
{{Références}}
</div>
 
===En espagnol===
*Aldunate, Carlos. 1997. ''Mapuche: gente de la tierra'' in ''Culturas de Chile''. Ed. Andrés Bello. Santiago de Chile.
*Bengoa, José. (1985) 1999. ''Historia del pueblo mapuche: Siglo XIX y XX''. LOM Ediciones. Santiago de Chile.
*Hérnandez, Isabel. 2003. ''Autonomía o ciudadanía incompleta. El pueblo mapuche en Chile y Argentina''. Pehuén ed. Santiago de Chile. ISBN 956-160-371-3.
*Saavedra Peléz, Alejandro. 2002. ''Los Mapuche en la sociedad chilena actual''. LOM Ediciones Santiago de Chile ISBN 956-282-490-X.
*Verta, Ricardo, Jose Aywin, Andrea Coñuecar et Elicura Chihauilaf. 2004. ''El despertar del pueblo mapuche. Nuevos conflicto, viejas demandas''. LOM Ediciones Santiago de Chile ISBN 956-282-647-3.
===En anglais===
*Ward Churchill, A Little Matter of Genocide.
== Voir aussi ==
{{commonsAutres projets|commons=Category:Mapuche}}
 
* [[Mapudungun (langue)|mapudungun]]
=== Bibliographie ===
* [[Amérindiens]]
==== En français ====
* [[Royaume d'Araucanie et de Patagonie]]
* {{Ouvrage|prénom1=Alain|nom1=Devalpo|titre=Voyage au pays des Mapuches|éditeur=éditions cartouche|année=2007|isbn=|lire en ligne=http://www.cartouche-editions.com/mapuches.html|consulté le={{1er}} mai 2012}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Guillaume|nom1=Boccara|titre=Guerre et ethnogenèse mapuche dans le Chili colonial. L'invention du soi|lieu=Paris|éditeur=[[L'Harmattan]]|année=1998|pages totales=391|isbn=2-7384-7298-2}}
* {{article|prénom1=Michèle |nom1= Arrué |titre=Les Mapuches du Chili et la question de leur identité |périodique=Amérique Latine Histoire et Mémoire|mois=octobre |année=2004|url texte= http://alhim.revues.org/document123.html |consulté le= {{1er}} mai 2012}}
* Michèle Arrué, ''Comment peut-on être Mapuche ? Continuité et adaptation des Mapuches du Chili'', thèse de doctorat 1992, Paris : [[Université Paris 8]]. 446 p.
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Sergio| nom1=Zamora| titre=Les Guerriers de la pluie| sous-titre=Histoire du peuple mapuche| tome=1| lieu=Montigny-le-Bretonneux| éditeur=Yvelinédition| année=2010| mois=avril| pages totales=185| isbn=978-2-84668-264-0}}
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Kalfon|titre=''PAMPA''|sous-titre=(roman)|éditeur=[[Éditions du Seuil|Editions du Seuil]]|année=2007|mois=avril|isbn=}}
* {{Ouvrage| prénom1=Sergio| nom1=Zamora| titre=''Les Guerriers du crépuscule - Brève histoire des Mapuche (1810-1884)''| éditeur=Yvelinédition| année=2011| mois=Septembre| isbn=}}
* Thomas Hakenholz, ''Un peuple autochtone face à la « modernité ». La communauté mapuche-pewenche et le barrage Ralco (Alto Bío Bío, Chili)'', 2002, mémoire de maîtrise, [[Université Aix-Marseille]]. 213 p.
*''Abrégé géopolitique de l'Amérique latine'', [[Éditions Ellipses|Ellipses]], Paris, 2006
* {{Lien web|auteur=Raúl Zibechi|url=http://risal.collectifs.net/spip.php?article2322|titre=La longue résistance mapuche|année=2007|site=RISAL.info|consulté le= {{1er}} mai 2012}}
* {{article|prénom1= Alain|nom1= Devalpo |titre=Opposition pacifique des Mapuches chiliens|périodique=[[Le Monde diplomatique]]| mois=Février|année=2006|lire en ligne=http://www.monde-diplomatique.fr/2006/02/DEVALPO/13171|consulté le= {{1er}} mai 2012}}
* [[Charles Wiener]], Lebrun, ''Araucanie et indiens Araucans : Pris dans un étau l'Araucan a été, définitivement, vaincu et écarté'', 1881, 1888 {{lire en ligne|lien=https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/archives/dossiers/lire-en-fete/chili/chili4.html|consulté le= {{1er}} mai 2012}}
* {{Ouvrage|auteur1=Philippe d’Araucanie (pseudonyme de [[Philippe Boiry]])|titre=Histoire du Royaume d’Araucanie (1860-1979) : une dynastie de princes français en Amérique latine|lieu=La Rochelle|éditeur=|année=1979|pages totales=468|isbn=}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Gustave Verniory]]|titre=Dix années en Araucanie (1889-1899)|lieu=Rennes & Paris|éditeur=coédition Éd.CoLibris & Musée du quai Branly|date=janvier 2013|pages totales=925|isbn=978-2-916937-03-8|isbn2=978-2-35744-058-6}}. Édition établie, préfacée et annotée par Angèle Martin et Paz Núñez-Regueiro.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jo Briant]]|titre=Ces Indiens qui veulent vivre|sous-titre=Guaranis du Paraguay, Aymaras et Mapuches du Chili|lieu=Grenoble|éditeur=Éditions La Pensée Sauvage|année=1992|pages totales=167|isbn=2-85919-085-6|oclc=609217733|bnf=355516403|consulté le=10 juin 2020}}.
 
==== En espagnol ====
*{{article|auteur=Carlos Aldunate del Solar|titre=Mapuche: gente de la tierra |éditeur= Andrés Bello |lieu= Santiago |année=2015|périodique= Culturas de Chile}}
* {{Ouvrage|auteur1=Margarita Alvarado|titre=Hijos del Viento, Arte de los Pueblos del Sur, Siglo XIX|lieu=Buenos Aires|éditeur=Fundación PROA|année=2015|isbn=|titre chapitre=El esplendor del adorno: El poncho y el chanuntuku}}
*{{Ouvrage|auteur1=[[José Bengoa]]|titre=Historia del pueblo mapuche|sous-titre=siglo XIX y XX|lieu=Santiago du Chili|éditeur=LOM Ediciones|année=1999 1985|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=José Bengoa|titre=Historia de un conflicto|sous-titre=los mapuches y el Estado en el siglo XX|lieu=Santiago du Chili|éditeur=Planeta|année=1999|isbn=}}
* {{article|auteur1=Paulina Brugnoli|auteur2=Soledad Hoces de la Guardia|titre=Estudio de fragmentos del sitio Alboyanco|périodique=Hombre y Desierto, una perspectiva cultural|année=1995|numéro=9|page=375–381}}
*{{Ouvrage|auteur1=Ruth Corcuera|titre=Herencia textil andina|lieu=Buenos Aires|éditeur=Impresores SCA|année=1987|isbn=}}
* {{Ouvrage|auteur1=Ruth Corcuera|titre=Ponchos de las Tierras del Plata|lieu=Buenos Aires|éditeur=Fondo Nacional de las Artes|année=|isbn=}}
* {{Ouvrage|auteur1=Martín Correa et al.|titre=La reforma agraria y las tierras mapuche. Chile 1962-1975|lieu=Santiago du Chili|éditeur=LOM Ediciones|année=1998|isbn=}}
*{{article|auteur1= Susana Chertudi |auteur2= Ricardo Nardi|titre=Tejidos araucanos de la Argentina |année=1961|périodique=Cuadernos del Instituto Nacional de Investigaciones Folklóricas|numéro=2|page=97-182}}
* [[Fédération internationale des droits de l’homme]], ''[https://web.archive.org/web/http://www.politicaspublicas.cl/FIDHMAPUCHE2006.pdf Chile. La otra transición chilena, derechos del pueblo Mapuche, política penal y protesta social en un estado democrático]'', 2006. Consulté le 24 septembre 2007.
* Fédération Internationale des Droits de L’homme, ''Los Mapuche-Pehuenche y el proyecto hidroelétrico de Ralco en Alto Bío Bío : un pueblo indígena amenazado'', Genève, mars 1998, {{n°|256}}, 27 p.
*{{article|auteur= Juan Carlos Garavaglia |titre= Los textiles de la tierra en el contexto colonial rioplatense: ¿una revolución industrial fallida?|périodique= Anuario IEHS|numéro= 1|année=1986|page=45-87}}
*{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Isabel Hérnandez|titre=Autonomía o ciudadanía incompleta. El pueblo mapuche en Chile y Argentina|lieu=Santiago du Chili|éditeur=Pehuén Editores|année=2003|pages totales=383|isbn=956-16-0371-3}}
* [[Human Rights Watch]], ''[https://www.hrw.org/spanish/informes/2004/chile1004/ Indebido proceso: los juicios antiterroristas, los tribunales militares y los Mapuches en el sur de Chile]'', 2004. Consulté le 24 septembre 2007.
* Mario Ibarra, ''Algunas reflexiones y notas a propósito de algunos tratados, en éste momento, no reconocidos, firmados entre potencias coloniales o Estados actuales y pueblos indígenas'', dans : ''Seminario de expertos sobre tratados, convenios y otros acuerdos constructivos entre los estados y los pueblos indígenas'', Genève 2003, éd. Bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme.
*{{Ouvrage|auteur1=Claude Joseph|titre=Los tejidos araucanos|lieu=Santiago|éditeur=Imprenta San Francisco, Padre Las Casas|année=1931}}
*{{article|auteur1= Raúl Mandrini|auteur2=Sara Ortelli |titre= Repensando viejos problemas: Observaciones sobre la Araucanización de las Pampas|périodique= RUNA XXII |année=1995|page=135-150}}
*{{article|auteur=Patricia Méndez |titre=Herencia textil, identidad indígena y recursos económicos en la Patagonia argentina |périodique=Revista de la Asociación de Antropólogos Iberoamericanos en Red |numéro=4, 1|page=11-53|date=2009}}
* {{article|auteur=Patricia Méndez|titre=Los tejidos indígenas en la Patagonia argentina: cuatro siglos de comercio textil|périodique=Anuario INDIANA|numéro=26|page=233-265|année=2009}}
* {{article|auteur= María Delia Millán de Palavecino |titre= Vestimenta Argentina |périodique=Cuadernos del Instituto Nacional de Investigaciones Folklóricas|numéro=1|page= 95-127|date= 1960}}
*{{Ouvrage|auteur1=John Murra|titre=Formaciones económicas y políticas del mundo andino|lieu=Lima|éditeur=Instituto de Estudios Peruanos|année=1975|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=Ricardo Nardi|auteur2=Diana Rolandi|titre=1000 años de tejido en la Argentina|lieu=Buenos Aires|éditeur=Ministerio de Cultura y Educación, Secretaría de Estado de Cultura, Instituto Nacional de Antropología|année=1978|isbn=}}
* Observatorio de derechos de los pueblos indígenas (2005), ''[http://www.observatorio.cl/contenidos/naveg/navContenido.php?c=20050714123149 Los derechos de los pueblos indígenas en Chile: Balance de 2004]'', Temuco (Chili), consulté le 24 septembre 2007.
* {{Ouvrage|auteur1=Pedro Ordóñez de Ceballos|titre=Viaje del Mundo|éditeur=Cartas a Real Audiencia de Santafe|année=1851}}
* {{article|auteur= Miguel Ángel Palermo |titre=Economía y mujer en el sur argentino |périodique= Memoria Americana|numéro=3|page=63-90|date= 1994}}
*{{Ouvrage|auteur1=Jorge Pinto|titre=De la inclusión a la exclusión : la formación del estado, la nación y el pueblo mapuche|lieu=Santiago du Chili|éditeur=Instituto de Estudios Avanzados|année=2000|isbn=}}
*{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Alejandro Saavedra Peléz|titre=Los mapuches en la sociedad chilena actual|lieu=Santiago du Chili|éditeur=LOM Ediciones|année=2002|pages totales=283|isbn=956-282-490-X}}
* Víctor Toledo Llancaqueo, ''En segura y perpetua propiedad. Notas sobre el debate jurídico sobre derechos de propiedad indígena en Chile, siglo XIX'', dans : Actes du {{4e}} congrès chilien d’anthropologie, Colegio de antropólogos de Chile, Santiago, 2001, {{p.|1129-1136}}
*{{Ouvrage|auteur1=Ricardo Verta|auteur2=José Aywin|auteur3=Andrea Coñuecar|auteur4=Elicurá Chihauilaf|titre=El despertar del pueblo mapuche. Nuevos conflictos, viejas demandas|lieu=Santiago du Chili|éditeur=LOM Ediciones|année=2004|isbn=956-282-647-3}}
*{{Ouvrage|auteur1=Angélica Wilson|titre=Arte de Mujeres|lieu=Santiago du Chili|éditeur=Ed. CEDEM|collection=Colección Artes y Oficios ({{n°|3}})|année=1992|isbn=}}
* [http://www.cepchile.cl/dms/archivo_3105_797/rev86_mblanco.pdf Inca Garcilaso de la Vega, Comentarios Reales], dans : Marta Blanco, ''El Inca Garcilaso de la Vega, un indio antártico 1539-1616''
* Vicente Carvallo Goyeneche, [http://www.historia.uchile.cl/CDA/fh_sub_article/0,1395,SCID%253D4264%2526ISID%253D404%2526GRPR%253D4255%2526PRT%253D4262%2526JNID%253D12,00.html Descripción Histórico Geografía del Reino de Chile], Tome I, chapitre I ''Descubrimiento de Chile i entrada de los españoles en él''
* Jerónimo de Vivar, [https://web.archive.org/web/http://www.memoriachilenaparaciegos.cl/archivos2/pdfs/MC0008847.pdf Crónica y relación copiosa y verdadera de los reinos de Chile]
* Luciano Prates, ''[http://dialnet.unirioja.es/descarga/articulo/3322894.pdf El uso de recursos por los cazadores-recolectores posthispánicos de Patagonia continental y su importancia arqueológica]'', Relaciones de la Sociedad Argentina de Antropología, 2009.
* {{Ouvrage|auteur1=Jon Imanol Guerediaga Goitia|titre=Drama y símbolo en la espiritualidad mapuche|lieu=Bilbao|éditeur=thèse de doctorat (dir.: Prof. {{Dr}} Patxi Lanceros), université de Deusto|date=mai 2010|pages totales=212|isbn=|lire en ligne=https://www.educacion.gob.es/teseo/imprimirFicheroTesis.do?idFichero=32252}}
 
==== En anglais ====
*{{Ouvrage|auteur1=Ward Churchill|titre=A Little Matter of Genocide : Holocaust and Denial in the Americas 1492 to the Present|éditeur=City Lights Publishers|année=Janvier 2001|pages totales=531|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=Leslie A. Ray|titre=The Language of the Land|sous-titre=The Mapuche of Chile and Argentina|lieu=Copenhague|éditeur=Latin America Bureau ; International Work Group for Indigenous Affairs|année=mars 2005 et 2007|pages totales=336|isbn=}}
* Stefan Eim, ''The Conceptualisation of Mapuche Religion in Colonial Chile (1545-1787)'', 2010 ([http://archiv.ub.uni-heidelberg.de/volltextserver/volltexte/2010/10717/pdf/Eim_Conceptualisation_of_Mapuche_Religion.pdf lire en ligne])
 
=== Filmographie ===
* [[2018 au cinéma|2018]] : ''[[Mala Junta]]'' de [[Claudia Huaiquimilla]]
 
=== Articles connexes ===
* {{Lien|lang=es|trad=Historia prehispánica de Argentina|fr=Histoire précolombienne de l'Argentine}}
* {{Lien|lang=es|trad=Complejo Pitrén|fr=Complexe Pitrén}}, ''cultures pré-mapuches''
* [[Langues amérindiennes]], [[mapudungun]]
* [[Autochtones d'Amérique]] (Amérindiens), [[peuples indigènes d'Amérique du Sud]], [[peuples amérindiens d'Argentine|d'Argentine]], {{Lien|langue=es|trad=Pueblos indígenas de Chile|fr=du Chili}}
* {{Lien|lang=es|trad=Mitología de América del Sur|fr=Mythologies d'Amérique du Sud}}
 
* {{Lien|lang=es|trad=Origen de los mapuches|fr=Origine des Mapuches}}
* {{Lien|lang=es|trad=Religión mapuche|fr=Cosmovision mapuche}}, symbole {{Lien|lang=es|trad=Meli Witran Mapu|fr=Meli Witran Mapu}}
* {{Lien|lang=es|trad=Categoría:Cultura mapuche|fr=Culture mapuche (rubriques)}}
 
* [[Araucanie (région historique)]]
* {{Lien|lang=es|trad=Araucanización|fr=Araucanisation}} (''expansion mapuche''), {{Lien|lang=en|trad=Araucanization of Patagonia|fr=araucanisation de la Patagonie}}
* [[Petit âge glaciaire]] (1410-1570, au centre de l'Argentine)
* {{Lien|lang=es|trad=Incas in Central Chile|fr=Incas au Chili central (1470-1530)}}
* {{Lien|lang=es|trad=Guerra inca-mapuche|fr=Guerre inca-mapuche}}, {{Lien|lang=es|trad=Batalla del Maule|fr=Bataille du rio Maule (1485)}} entre Mapuches et Incas, [[Maule (fleuve)|Maule]]
* {{Lien|lang=es|trad=Historia precolombina de Chile|fr=Histoire précolombienne du Chili}}
 
==== 1530 ====
* [[Pedro de Valdivia]] (1497-1553), conquistador espagnol au Chili
* {{Lien|lang=es|trad=Conquest of Chile|fr=Conquête espagnole du Chili (1540-1598)}}
* [[Guerre d'Arauco]] (1536-1810) (1608-1683), [[Rio Biobío]] (rivière ''sacrée'')
* {{Lien|lang=es|trad=Esclavitud de los mapuches|fr=Esclavage des Mapuches}}, [[encomienda]]
* {{Lien|lang=es|trad=Rebelión mapuche de 1598|fr=Rébellion mapuche de 1598}}, [[bataille de Curalaba]] (1598), chef [[Pelantaro]]
* {{Lien|lang=es|trad=Destrucción de las siete ciudades|fr=Destruction des sept villes (colonies espagnoles en territoire mapuche)}}
 
==== 1600 ====
* {{Lien|lang=es|trad=Anexo:Parlamentos mapuches|fr=Parlements mapuches}} (1612-1825)
* {{Lien|lang=es|trad=Archivo General de Asuntos Indígenas|fr=Archives générales des affaires autochtones}} (Archivo General de Asuntos Indígenas, AGAI, Chili)
* {{Lien|lang=en|trad=Mapuche uprising of 1655|fr=Soulèvement mapuche de 1655}}
* {{Lien|lang=en|trad=Mapuche uprising of 1723|fr=Soulèvement mapuche de 1723}}
* {{Lien|lang=en|trad=Mapuche uprising of 1766|fr=Soulèvement mapuche de 1766}}
* [[Guerre à mort (Chili)]] (1819-1821)
* {{Lien|lang=es|trad=Campañas previas a la Conquista del Desierto|fr=Campagnes précédant la conquête du Désert}}
* {{Lien|lang=en|trad=Desert Campaign (1833–1834)|fr=Campagne du Désert (1833-1834)}}, menée par [[Juan Manuel de Rosas]] (1793-1877)
* [[Calfucurá]] (1778-1872), grand chef mapuche
* [[Colonisation de Llanquihue]] (1850-1895, germano-argentine)
* [[Occupation de l'Araucanie]] (1861-1883, Chili, ''pacification'')
* [[Royaume d'Araucanie et de Patagonie]] (1860-1862, avec des rémanences)
* [[Conquête du Désert]] (1878-1885)
* {{Lien|lang=en|trad=Mapuche uprising of 1881|fr=Soulèvement mapuche de 1881 au Chili}}
* {{Lien|lang=es|trad=Colonización europea de la Araucanía|fr=Colonisation européenne de l'Araucanie}} (1883-1914, Chili)
 
==== Période récente ====
* {{Lien|lang=en|trad=Mapuche conflict|fr=Conflit mapuche}} (1990-présent)
* [[Conseil de toutes les terres]] (1990), organisation indigéniste mapuche au Chili
* [[Wallmapuwen]], mouvement nationaliste mapuche au Chili ([[Région de l'Araucanie]] et [[Province d'Arauco]], 2005-2017)
* {{Lien|lang=es|trad=Violencia en la Macrozona Sur|fr=Violence dans la Macrozone Sud}} (Araucanie du Chili, 1997-présent)
 
==== Spécialistes non mapuches ====
* [[Alonso de Ercilla]] (1533-1594), ''[[La Araucana]]'' (1569-1589)
* [[Georges Claraz]] (1832-1930)
* [[Philippe Boiry]] (1927-2014), défenseur du peuple mapuche
 
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
*'''Dictionnaires'''
**[http://www.redargentina.com/dialectos/araucano.asp Dictionnaire Mapuchemapuche-Espagnolespagnol]
**[http://www.freelang.net/espanol/diccionario/mapuche.html Dictionnaire Freelang Mapuchemapuche-Espagnolespagnol/Espagnolespagnol-Mapuchemapuche]
*'''Sites d'information'''
**{{fr}} [http://mapuche.free.fr Réseau d'Information et de Soutien au Peuple Mapuchemapuche]
**{{es}} [http://www.mapuche.info/ Centro de Documentación Mapuche, en espagnol uniquement]
**{{es}} [http://azkintuwe.org/ Journal d'information mapuche, en espagnol uniquement]
**{{fr}} http://www.mapuche-nation.org/francais/Accueil.htm
** {{Lien web|langue=fr|url=http://www.quaibranly.fr/fr/newsrecherche/?tx_mqbsearch_search%5Bmqbsearch%5D=true&tx_mqbsearch_search%5Bfilter_culture%5D=8038&tx_mqbsearch_search%5Bfilter_language%5D=0&tx_mqbsearch_search%5Bfilter_exemplaire%5D=all|titre=Collection mapuche|éditeur=[[Musée du quai Branly – Jacques-Chirac|musée du Quai Branly]]|lieu=Paris |consulté le=25 janvier 2018}} : section du site internet du musée Branly consacrée à la culture mapuche (ensemble de photographies de fin {{XIXe}} et d’objets)
**{{es}} {{dmoz|Mapuche|http://www.dmoz.org/World/Español/Países/Chile/Sociedad/Etnias/Mapuche/}}
*'''Ouvrages'''
 
**{{lien web|langue=français|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k27757z/f3.image |auteur=Anello Oliva |titre= Histoire du Pérou|éditeur=P. Jannet |lieu=Paris |date=1857 (original espagnol de 1631)}}, 128 p.
{{Portail|Argentine|Chili|Précolompédia}}
*'''Articles'''
**{{fr}} {{article|langue=français|url= http://journals.openedition.org/jsa/10631|auteur1=Ana Guevara|auteur2= Fabien Le Bonniec |titre= Wallmapu, terre de conflits et de réunification du peuple mapuche |périodique= Journal de la société des américanistes |numéro= 94-2 |page= 205-228|date= 2008|consulté le=23 janvier 2018}} (sur la situation des Mapuches au {{s-|XX}})
*'''Mémoires et thèses'''
** {{lien web|langue=fr|url=https://www.memoireonline.com/08/15/9241/Les-indiens-mapuches-dans-les-medias-au-Chili--du-mythe-du-barbare--l-activisme-identitaire-tran.html |auteur=Erika Antoine|titre=Les indiens mapuches dans les médias au Chili : du mythe du barbare à l'activisme identitaire transnational (mémoire réalisé sous la direction de
M. Guy Drouot)|éditeur=Université Paul Cézanne Aix-Marseille III|lieu=Aix-en-Provence|date=2006}}
*'''Vidéos'''
** {{lien web|url=https://www.youtube.com/watch?v=35nqN5LXFAk|titre=Chili, Les guérisseurs Mapuche / Médecines d'ailleurs|auteur=Bernard Fontanille|éditeur=[[ARTE]]|année=2015|lieu=[[Strasbourg]]}}.
 
{{Portail|minorités|Amérique précolombienne|Chili|Argentine}}
[[Catégorie:Mapuche]]
 
[[Catégorie:Mapuche|*]]
[[be-x-old:Мапучы]]
[[Catégorie:Organisation des nations et des peuples non représentés]]
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