« Pharaon » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes}}
{{Hiero | Pharaon | <hiero>pr:aA</hiero> |trans = Pr-ˁȝ | époque = égypte | align = right}}
{{Pharaon}}
[[Fichier:Statue of Ramses II from Karnak, granodiorite - C 1380 Museo Egizio (Turin) 01.jpg|vignette|alt=Statue grise montrant un homme assis|{{noble|Ramsès II}} assis sur son trône, tenant le [[sceptre Héqa]] et coiffé du [[khépresh]] - {{XIXe dynastie égyptienne}} - [[Musée égyptologique de Turin]].]]
[[Fichier:TuthmosisIII-2.JPG|vignette|alt=vieille statue d'un homme debout|Statue fragmentaire de {{noble|Thoutmôsis III}} - {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - [[Musée de Louxor]].]]
[[Fichier:Huni-StatueHead BrooklynMuseum.jpg|vignette|alt=tête|Tête du pharaon [[Houni]] - {{IIIe dynastie égyptienne}} - [[Brooklyn Museum]].]]
 
Le '''pharaon''' (de l'[[égyptien ancien]] : ''per-aâ'' « grande maison ») est le roi ou la reine de l'[[Égypte antique]]. Les noms de {{nombre|345|pharaons}} nous sont parvenus grâce à de multiples attestations, dont des listes royales compilées par les [[Scribe dans l'Égypte antique|scribes]] égyptiens. Ces souverains se sont succédé sur une période de plus de trois [[millénaire]]s, entre 3150 et 30 avant notre ère. Selon les ''[[Ægyptiaca]]'' de [[Manéthon de Sebennytos|Manéthon]], [[historien]] et grand-prêtre d'[[Héliopolis (Égypte)|Héliopolis]] au {{sav-|III}} avant notre ère, cette longue période est divisée en trente [[dynastie]]s. Elle commence avec l'unification du royaume par le mythique [[Narmer]]-[[Ménès (pharaon)|Ménès]] et s'arrête à la disparition de {{noble|Nectanébo II}}, en 343 avant notre ère, le dernier pharaon d'une [[Égypte antique|Égypte]] indépendante. Après lui se succèdent deux dynasties étrangères, la {{XXXIe dynastie égyptienne}} des empereurs [[perses]] [[achéménides]] et la [[dynastie lagide]] d'origine [[Royaume de Macédoine|macédonienne]]. L'[[archéologie]] a aussi permis de distinguer une dynastie archaïque, antérieure à la [[Ire dynastie égyptienne|première]], la [[dynastie égyptienne zéro]].
Le terme '''pharaon''' désigne a posteriori les souverains d'[[Égypte antique |Égypte]] durant l'[[antiquité égyptienne]]. Le pharaon était à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'[[Égypte antique]]. Il se dit fils d'[[Horus]] et favori d'[[Amon]]-[[Rê]]. Le mot, se basant sur une expression égyptienne, est un emprunt biblique et n'a jamais servi de titre pour désigner les rois d'Égypte à leur époque et ne se rencontre d'ailleurs pas dans le protocole des souverains égyptiens<ref>Jacques Briend, ''Les pharaons dans la Bible. Pouvoir du roi, autorité de Dieu'', in ''Le Monde de la Bible'', hors série automne 2006, p. 47</ref>.
 
Depuis le {{s-|XIX}}, les [[égyptologue]]s regroupent ces dynasties en des séquences plus longues. Les trois plus importantes sont les « Empires ». Chacun d'eux se termine par une période de désorganisation monarchique appelée « période intermédiaire ». À l'[[Ancien Empire]], période de constructions des grandes [[pyramides de Gizeh]], sont attachés les noms célèbres de [[Khéops]], [[Khéphren]] et [[Mykérinos]] ({{IVe dynastie égyptienne}}). À partir d'[[Ounas]] (fin de la {{Ve dynastie égyptienne}}) puis sous ses successeurs de la {{VIe dynastie égyptienne}}, les chambres funéraires s'ornent des ''[[Textes des pyramides]]'', les plus anciens écrits religieux de l'Humanité. Au [[Moyen Empire]] se rattachent les différents {{page h'|Amenemhat}} et {{page h'|Sésostris}} ({{XIIe dynastie égyptienne}}). Cette période se caractérise par son foisonnement [[Littérature de l'Égypte antique|littéraire]] et notamment par ses ''[[Sagesses de l'Égypte antique|Sagesses]]'' qui encouragent les élites au loyalisme, à l'honnêteté et à la piété. Le [[Nouvel Empire]] marque l'apogée de la puissance militaire égyptienne avec la constitution d'une vaste aire d'influence depuis la [[Nubie]] au sud et jusqu'en Syrie-Palestine au nord. Cette période est celle des pharaons guerriers {{noble|Thoutmôsis Ier}}, {{noble|Thoutmôsis III}}, {{noble|Séthi Ier}}, {{noble|Ramsès II}} et {{noble|Ramsès III}}, membres illustres des {{Dynastie égyptienne|XVIIIe}}, {{Dynastie égyptienne|XIXe}} et {{XXe dynastie égyptienne}}s. L'ultime représentant de l'institution pharaonique proprement dite est le dernier [[Dynastie lagide|Lagide]], {{noble|Ptolémée XV}} (dit ''Césarion''), fils de [[Jules César]] et de [[Cléopâtre VII|Cléopâtre]]. Quelques [[Empereur romain|empereurs romains]], tels [[Trajan]] à [[Philæ]], ont toutefois accaparé le discours et l'imagerie pharaonique dans le but de s'inscrire dans cette longue tradition monarchique.
D'après l'[[historiographie]] égyptienne, la monarchie fut créée par le [[démiurge]] qui la transmit aux dieux ses successeurs, puis à des créatures divines, les ''suivants d'Horus'' qui, dans les listes royales, précèdent immédiatement les rois historiques. Donc, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de [[Maât]] sur terre c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité et la prospérité de l'Égypte. Maintenir l'ordre du monde (Maât) et combattre le Mal (Isfet) sous toutes ses formes, c'est satisfaire les divinités qui « vivent de Maât ». Aussi Pharaon se doit-il de bâtir, de restaurer et d'agrandir les temples, d’assurer le bien-être de ses sujets et de veiller à l’accomplissement correct des rites. Dans la pratique, il délègue l'exercice du culte au clergé qu'il supervise.
 
La monarchie pharaonique a développé dès ses origines un discours idéologique fondé sur l'union des [[Deux Terres]] ([[Haute-Égypte|Haute]] et [[Basse-Égypte]]). Chaque pharaon est ainsi le garant d'une unité égyptienne voulue et instituée par les [[Divinités égyptiennes|dieux]]. Lors de son [[Couronnement du pharaon|couronnement]], la puissance royale se matérialise par l'obtention d'[[Attributs du pharaon|emblèmes]] magiques (couronnes, coiffes, sceptres) et l'élaboration d'une [[Titulature royale dans l'Égypte antique|titulature sacrée]]. Le pouvoir divin de Pharaon est par la suite régulièrement confirmé ; chaque année à l'occasion du nouvel an, et plus fastueusement lors de la [[Fête-Sed|fête jubilaire]] des trente ans de règne.
Il revenait à Pharaon de choisir seul la [[politique]] à mener. Comme pour le culte, il déléguait l'exécution de ses décisions à une cohorte de [[Scribe dans l'Égypte antique |scribes]], de conseillers et de fonctionnaires :
 
La personnalité de Pharaon est complexe. À la fois humain et dieu, il est le descendant de l'[[Mythe de la création héliopolitaine|Ennéade d'Héliopolis]], la dynastie des dieux-rois. Selon la mythologie monarchique, le trône d'Égypte a été institué par le [[démiurge]]. Il l'a ensuite transmis aux dieux ses successeurs, puis à des êtres semi-divins, les ''[[Suivants d'Horus]]'' qui précèdent immédiatement les rois historiques dans les listes royales. Dans les textes initiaux, Pharaon est le faucon [[Horus]] sur le trône des vivants, dieu puissant et jeune. Mort, il est [[Osiris]], le dieu régénéré par la [[Momification en Égypte antique|momification]] et le souverain éternel de l'Au-delà. Pharaon est aussi le fils de [[Rê]] selon la théologie [[Soleil|solaire]] [[Héliopolis (Égypte)|héliopolitaine]] et le fils d'[[Amon]] selon le mythe [[Thèbes (Égypte)|thébain]] de la [[théogamie]].
* au(x) [[Vizir dans l'Égypte antique |vizir(s)]], sorte de premier ministre, de faire exécuter ses décisions et rendre la justice en son nom ;
 
* au général des armées d'organiser et de mener les campagnes militaires qu'il décide ;
Comme chef religieux, Pharaon a pour première mission de mettre en œuvre la [[Maât]] sur terre, c'est-à-dire l'harmonie entre les hommes et les [[Divinités égyptiennes|dieux]], d'affermir la moralité du peuple et d'assurer la prospérité des familles. Maintenir l'ordre du monde (''Maât'') et combattre le mal (''isfet''), c'est satisfaire les divinités qui « vivent de Maât ». Aussi Pharaon se doit-il de bâtir, de restaurer et d'agrandir les temples, d’assurer le bien-être matériel des prêtres et de veiller à l’accomplissement correct des rites. Dans la pratique, il délègue l'exercice du culte à un [[Clergé de l'Égypte antique|clergé]] qu'il supervise. Ignorant la [[séparation des pouvoirs]], Pharaon est à la fois le prêtre suprême, l'administrateur principal, le chef des armées et le premier magistrat de l'[[Égypte antique]]. À lui seul revient de choisir la politique à mener. Comme pour le culte, il délègue l'exécution de ses décisions gouvernementales à une cohorte de courtisans, de fonctionnaires et de conseillers, le premier d'entre eux étant le [[Vizir dans l'Égypte antique|vizir]].
* au grand prêtre de veiller aux rites et de gérer les biens du clergé ;
 
* aux [[Scribe dans l'Égypte antique |scribes]] de répertorier les décrets, les transactions, les récoltes ;
Dans l'entourage royal, les femmes occupent une grande place en tant que mères, épouses ou filles. Quelques-unes, dont [[Hatchepsout]], ont même accédé à la charge pharaonique. Grand [[Polygamie|polygame]], Pharaon possède de nombreuses concubines, pratique des unions rituelles [[inceste|incestueuses]] ainsi que des mariages diplomatiques. Ces multiples épouses sont regroupées au sein du [[Harem dans l'Égypte antique|harem]] sous les ordres de la [[Grande épouse royale]]. Ce lieu de vie est régulièrement agité par des [[Conspirations dans l'Égypte antique|conspirations]] dues à des rivalités entre co-épouses. Dans les cas les plus graves, la vie de Pharaon s'en trouve menacée, à l'image des fins tragiques de [[Téti]], {{noble|Amenemhat Ier}} et {{noble|Ramsès III}}. Mort de vieillesse ou assassiné, Pharaon repose [[Momification en Égypte antique|momifié]] dans une somptueuse tombe ; dans un caveau funéraire aménagé dans une [[Pyramides d'Égypte|pyramide]] aux [[Ancien Empire|Ancien]] et [[Moyen Empire]]s, dans un [[hypogée]] de la [[vallée des Rois]] au [[Nouvel Empire]] ou dans une nécropole aménagée dans l'enceinte d'un temple à la [[Troisième Période intermédiaire]] et à la [[Basse époque]]. À ce jour, la plus célèbre découverte est celle du [[tombeau de Toutânkhamon]], réalisée en 1922 par le britannique [[Howard Carter]].
* au simple prêtre de rendre hommage aux dieux en ses lieux et places.
 
Les grands pharaons sont passés à la postérité grâce aux écrits égyptiens de l'Antiquité, aux témoignages des historiens et géographes grecs ([[Hérodote]], [[Diodore de Sicile|Diodore]], [[Strabon]]) et aux chroniques [[Bible|bibliques]]. L'un des plus célèbres est le [[pharaon de l'Exode]], figure [[Archétype (philosophie)|archétypale]] du souverain despotique opposé aux desseins du [[Dieu]] de [[Moïse]]. Sans preuve tangible, ce pharaon est fréquemment identifié au glorieux {{noble|Ramsès II}}, en particulier dans les films [[hollywood]]iens narrant la sortie des [[Hébreux]] [[Exode hors d'Égypte|hors d'Égypte]].
 
{{Sommaire|niveau=3}}
 
== Étymologie ==
{{Article détaillé|Histoire du terme pharaon}}
Le [[Nom (grammaire)|substantif]] [[Genre grammatical|masculin]]<ref name="Académie">{{Académie|pharaon|édition=9}} ({{nobr|sens 1}}) [consulté le {{date-|21 octobre 2017}}].</ref>{{,}}<ref name="TLFI">{{CNRTL|pharaon|A}} [consulté le {{date-|21 octobre 2017}}].</ref>{{,}}<ref name="Larousse">Entrée {{lien web |langue=fr |titre=pharaon |url=http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/pharaon/60119}} des ''[[Le Petit Larousse|Dictionnaires de français]]'' [en ligne], sur le site des [[éditions Larousse]]
[consulté le {{date-|21 octobre 2017}}].</ref> ''[[wikt:pharaon#fr|pharaon]]'' est un [[Emprunt lexical|emprunt]]<ref name="TLFI" /> au [[latin]]<ref name="Académie" /> [[Latin ecclésiastique|chrétien]]<ref name="TLFI" />{{,}}<ref name="Larousse" /> ''{{langue|la|texte=[[wikt:Pharao#la|Pharao]]}}'', ''-{{langue|la|texte=onis}}'', titre des rois d'Égypte, pris par [[antonomase]] comme nom propre de tout roi d'Égypte, lui-même emprunté<ref name="Académie" />{{,}}<ref name="TLFI" /> au [[grec ancien]] {{langue|grc|texte=[[wikt:Φαραώ#grc|Φαραώ]]}} / ''{{transl|grc|Pharaố}}'' et celui-ci à l'[[hébreu]]<ref name="Académie" /> [[hébreu biblique|biblique]]<ref name="TLFI" /> {{langue|he|texte=פַּרְעֹה}} / ''{{transl|he|par‘ōh}}'', à son tour emprunté à l'[[égyptien ancien]] ''{{transl|egy|per-āa}}'' qui désigne d'abord la {{citation|grande maison}}, c'est-à-dire le palais, puis par [[métonymie]] l'occupant du palais, c'est-à-dire le roi<ref name="Académie" />{{,}}<ref name="TLFI" />.
 
== Place des pharaons dans l'Histoire ==
{{hiero | Per-âa | <hiero>pr:aA</hiero> | trans = pr-ˁȝ | époque = égypte | align = left}}
 
{{Article connexe|Égypte antique|Histoire de l'Égypte antique}}
Le mot français « pharaon » dérive du grec ''pharaô'' (Φαραώ), mot introduit dans cette langue par la traduction en grec de la Bible. Il dérive de l'[[égyptien ancien |ancien égyptien]] ''per-âa'' (''pr-ˁȝ'' en [[Transcription des hiéroglyphes |transcription scientifique]]).
 
L'[[égyptologie]] est encore une science jeune née dans la seconde moitié du {{s-|XIX}}. Les vérités d'hier sont constamment susceptibles d'être infirmées, infléchies ou enrichies par de nouvelles découvertes archéologiques. Les différentes sources documentaires de la période pharaonique doivent être examinées avec précaution et circonspection. Les plus anciens écrits sont peu nombreux et se confondent avec l'aube de l'Histoire humaine.
Ce mot désignait à l'origine le palais royal (en tant qu'institution) et signifiait « la grande (''ˁȝ'') maison (''pr'') ».
 
=== Chronologie des pharaons ===
Sur le [[papyrus Westcar]] (5,2), on trouve {{hiero2 |<hiero>O1:Z1-O29:O1</hiero> |« la grande maison » et, dans la Prophétie de Néferty<ref>[[#HWH |H. W. Helck]], bande 2</ref>,}} {{hiero2 |<hiero>O29:O1*O1</hiero> |ce qui signifie peut-être « celui de la plus grande des maisons », à moins que le dernier signe ne soit le déterminatif<ref>[[#KHS |K. Sethe]], p. 33 : ''als Ganzes determiniert mit dem Zeichen des Hauses''.</ref>.}}
 
==== LaDynasties Bible et « Pharaon »pharaoniques ====
 
{{Article connexe|Chronologie des pharaons de l'Égypte antique|Pharaons par ordre alphabétique}}
Dans la [[Bible]], le mot "Pharaon" désigne plutôt l'institution qu'un monarque précis. Il y a deux ''Pharaons'', ou ''roi d'Égypte'', dans la [[Genèse]] : celui auquel [[Abraham]] à affaire<ref>Genèse 12, {{BFR|Gn|12}}</ref>, quand il descend en Égypte avec son épouse, et celui que rencontrent [[Joseph fils de Jacob |Joseph]] et ses frères. On en trouve également deux dans l'[[Exode]] : celui de la naissance et du mariage de [[Moïse]] - qui meurt au verset 2, 23 <ref>Exode 2, {{BFR|Ex|2}}</ref> - puis celui de la [[L'Exode |sortie d’Égypte]] emmenée par le même Moïse. Un ''Pharaon'' apparaît également dans les [[livres des Rois]], du temps de [[Salomon (Bible)|Salomon]], qui épouse sa fille.
 
L'[[Égypte antique]] a vu se succéder quelque {{unité|345|pharaons}}<ref>{{harvsp|Dessoudeix|2008|loc={{4e}} de couverture}}.</ref>. La reconstitution de leur histoire fait l'objet de nombreuses difficultés. La documentation est vieille de {{formatnum:2000}} à {{unité|5000|ans}} ; de ce fait, les informations qui nous sont parvenues sont très fragmentaires. Tous les écrits et toutes les données archéologiques disponibles nécessitent de la part des [[égyptologue]]s un regard critique. De nombreuses discussions restent ouvertes sur l'ordre de succession de certains rois, sur la durée de leur règne ou sur leurs liens de parenté<ref group=n>Dans les livres consacrés à l'Égypte ancienne, on peut trouver des [[Chronologies comparées des dynasties égyptiennes|différences dans les dates de règnes]], dues essentiellement à la méthode de datation utilisée par les anciens Égyptiens.
[[Flavius Josèphe]], historien juif du {{Ier siècle}}, écrit à ce sujet :
 
Les Égyptiens divisaient l’année en trois saisons : Inondation (''Akhet''), Germination (''Peret'') et Chaleur (''Shemou''), suivies de cinq jours supplémentaires ou [[Jour épagomène|épagomènes]]. Chaque saison comptait quatre mois de trente jours chacun. À l’origine, le début de l’Akhet coïncidait avec le [[Lever héliaque de Sirius|lever héliaque de Sothis]] qui a lieu, d’après le calendrier julien, le 19 juillet. Toutefois, étant donné que l’année solaire compte {{unité|365|jours}} et six heures {{incise|et non {{unité|365|jours}}}} cette différence de six heures entraîna un décalage croissant entre l’année civile et l’année solaire : de telle sorte que la saison Akhet débuta à plusieurs reprises en hiver. Il s'y ajoute que les Égyptiens n’employaient pas de datation absolue. Les événements étaient datés d’après les années de règne de pharaon, p. ex. an 2, {{3e|mois}} de l’Akhet, {{2e|jour}} sous la Majesté du roi ''Untel''.
{{Citation bloc |''D'aucuns se seront demandé pourquoi tous les rois égyptiens, depuis Minaeos (Ménès), le fondateur de Memphis, qui précéda de beaucoup d'années notre ancêtre Abram, jusqu'à Salomon, dans un intervalle de plus de treize cents ans, ont été appelés Pharaon (Pharaôthès); aussi ai-je jugé nécessaire, pour dissiper leur ignorance et éclaircir l'origine du nom, de dire ici que Pharaon chez les Égyptiens signifie roi. Je crois qu'à leur naissance ils recevaient d'autres noms, mais dès qu'ils devenaient rois, on leur donnait le titre qui désigne leur puissance dans la langue nationale. C'est ainsi que les rois d'Alexandrie, d'abord appelés d'autres noms, recevaient à leur avènement au trône le nom de Ptolémée, d'après celui du premier roi. De même, les empereurs romains, après avoir porté d'autres noms de naissance, sont appelés César, titre qu'ils tiennent de leur primauté et de leur rang, et abandonnent les noms que leur ont donnés leurs pères. Voilà pourquoi, je suppose, Hérodote d'Halicarnasse, quand il raconte qu'après Minœos, le fondateur de Memphis, il y eut trois cent trente rois d'Égypte, n'indique pas leurs noms, parce qu'ils s'appelaient du nom générique de Pharaon.''}}
 
Tous les {{unité|1460|ans}}, le début de l’année civile égyptienne (le 19 juillet dans le calendrier julien) coïncide avec le lever héliaque de Sothis, c’est-à-dire l’apparition de l’étoile au lever du soleil. Cette coïncidence frappa les Égyptiens, qui la consignèrent, notamment en 139 de notre ère. Cette dernière date sert de repère et permet ainsi une datation absolue des règnes : en l’an 9 d’{{noble|Amenhotep Ier}} par exemple, il y eut aussi coïncidence du début de l’année civile et du lever héliaque de Sothis ; l’an 7 correspondrait donc à -1545.
Dans le deuxième livre des rois (23, 29-35)<ref>2 Rois 23, {{BFR|2R|23}}</ref> et dans le livre de Jérémie (46, 2) <ref>Jérémie 46, {{BFR|Jr|46}}</ref>, le "''Pharaon Neco''" est nommé. Il est identifié avec [[Nékao II |Nékao {{II}}]].
 
Il n’empêche que l’établissement d’une datation absolue constitue un vrai casse-tête pour les [[égyptologue]]s : non seulement, pour être exact, il faut connaître le lieu de l'observation du lever héliaque de Sothis, mais encore, au [[Moyen Empire]], l'an 1 d'un roi correspondait au début de l’année civile qui suivait son avènement ; au [[Nouvel Empire]], l'an 2 du règne commençait {{unité|365|jours}} après le jour de l'avènement ; et enfin, à la [[Basse époque]], il commençait le jour du lever héliaque de Sothis suivant l'avènement, l'an 1 du règne pouvant être ainsi réduit à quelques jours.</ref>. Certaines périodes troubles de l'histoire ont laissé des lacunes, parfois volontaires, dans la chronologie. L’''[[Ægyptiaca]]'' est la plus ancienne chronologie disponible. Elle a été établie au {{sav-|III}} avant notre ère par le [[Clergé de l'Égypte antique|prêtre égyptien]] [[Hellénisme|hellénisé]] [[Manéthon de Sebennytos]], à qui {{noble|Ptolémée II}} a demandé de rédiger en [[Grec ancien|grec]] une histoire de l'Égypte. Cette œuvre suppose que les Égyptiens conservaient dans les archives des temples des listes royales remontant aux origines de la monarchie égyptienne. De ce travail d'historien, il n'existe désormais plus aucun texte complet. Mais, très apprécié durant l'Antiquité, il est aujourd'hui encore connu par des citations d'écrivains comme [[Flavius Josèphe]], [[Sextus Julius Africanus]] ou [[Eusèbe de Césarée]]. Ces abrégés fournissent une liste de rois classés en 31 [[dynastie]]s, regroupées de la [[période thinite]] à la [[Basse époque]]. Les critères de la classification de Manéthon ne nous sont plus connus, mais en tout état de cause il a compulsé des sources égyptiennes, encore que le concept de dynastie qu'il utilise ne corresponde pas à celui pratiqué en Occident. En effet, les [[dynastie]]s de [[Manéthon de Sebennytos|Manéthon]] n'ont aucun rapport avec le lien du sang mais avec la ville d'où est originaire le pharaon fondateur de la dynastie et qui sert, dans la majorité des cas, de [[Capitales de l'Égypte antique|capitale dynastique]]. On trouve donc principalement, tout au long de l'[[Histoire de l'Égypte antique|histoire égyptienne]], des dynasties [[Memphis (Égypte)|memphites]] ([[Ancien Empire]]), [[Héracléopolis Magna|héracléopolitaines]] ([[Première Période intermédiaire]]), [[Thèbes (Égypte)|thébaines]] ([[Moyen Empire|Moyen]] et [[Nouvel Empire]]), [[Avaris|avarites]] (période [[Hyksôs]] pendant les {{Dynastie égyptienne|XVe}} et {{XVIe dynastie égyptienne}}s) ou [[Tanis|tanites]] ([[Nouvel Empire]] et [[Troisième Période intermédiaire]])<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=9-10}}.</ref>.
=== « Pharaon » avant Champollion ===
 
==== Sources égyptiennes ====
Charles Rollin publia en 1730 ''Histoire ancienne'', les souverains de l'Égypte y sont des rois. Pharaon est absent également dans l'œuvre monumentale des savants de [[Napoléon Ier |Bonaparte]], la ''[[Description de l'Égypte]]'' (1821). Pour L.-P. de Ségur, ''Histoire Universelle ancienne et moderne'' p.47 (1822), Pharaon est un roi égyptien qui donna sa fille en mariage à [[Salomon (Bible) |Salomon]], roi d'Israël.
 
Durant toute la durée de la civilisation égyptienne, les noms royaux ont été consignés dans des listes sur papyrus et sur les murs des temples. Selon toute vraisemblance, les noms recensés dans les temples sont des résumés de documents d'archives à présent perdus. Ces documents sont à utiliser avec précaution car on ne connaît pas les critères de choix ni de classement qui en sont à l'origine. Certains pharaons peu glorieux ou considérés comme non légitimes peuvent ne pas être mentionnés<ref>{{Harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=43-49}}.</ref>.
Une recherche dans les livres publiés en France, avant le début du {{XVIIIe siècle}}, montre que pharaon a uniquement été utilisé dans des contextes d'inspiration biblique<ref>F. de Chantelouve, ''Tragédie de Pharaon'' (1574) ; [[Pierre de Ronsard]], ''Sonnet pour Hélène'' (1578) ; [[Théodore Agrippa d'Aubigné]], ''Les Tragiques'' (1616) ; [[Jacques Bénigne Bossuet]], ''Histoire Universelle'' (1681) ; Ch. De Brosses, ''Du Culte des dieux fétiches'' (1760)</ref>. En langue française, pharaon était donc confiné aux textes inspirés de thèmes religieux. Dans tout autre texte le souverain de l'Égypte était un roi.
 
La ''[[Pierre de Palerme]]'' remonte à la {{Ve dynastie égyptienne}}. Un gros fragment en [[diorite]] est conservé à [[Palerme]] {{incise|d'où son nom}} mais d'autres morceaux se trouvent au [[Musée égyptien du Caire]] et au [[Musée Petrie d'archéologie égyptienne|Petrie Museum]] de [[Londres]]. Le fragment de Palerme mentionne des souverains [[Période prédynastique égyptienne|prédynastiques]] et des pharaons jusqu'au milieu de la {{Ve dynastie égyptienne}}<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=10-11}}.</ref>.
=== Champollion et « Pharaon » ===
 
[[Fichier:Abydos Koenigsliste Sethos Ramses.jpg|vignette|redresse=1.3|alt=fresque dans un temple|Liste des rois du [[Temple funéraire de Séthi Ier (Abydos)|Temple funéraire]] de {{noble|Séthi Ier}} - [[Abydos (Égypte)|Abydos]] - {{XIXe dynastie égyptienne}}.]]
[[Jean-François Champollion]] fut le premier à se servir du mot en dehors du contexte biblique. Depuis la publication en 1814 de Champollion ''L'Égypte sous les Pharaons'', « Pharaon » est utilisé par les auteurs comme titre des rois d'Égypte. En 1822, dans la [[s:Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques |lettre à Monsieur Dacier]] c'est « roi » qui est utilisé. Il ne trouvera toutefois jamais l’équivalence entre ''per-aâ'' et pharaon, mais il reprend l'utilisation de pharaon après 1822. Champollion ne donna jamais d'explication pour l'emploi de ce barbarisme, pardonnable pour l'époque.
 
La ''[[Chambre des ancêtres|Liste de Karnak]]'' remonte au règne de {{noble|Thoutmôsis III}} ({{XVIIIe dynastie égyptienne}}) et figure gravée sur trois parois d'une chapelle originellement située dans l'[[enceinte d'Amon-Rê]] à [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]]. Démantelé en 1843, ce monument votif est depuis lors conservé par le [[Musée du Louvre]] à [[Paris]]. Partiellement détruite, cette liste mentionne une soixantaine de pharaons depuis l'[[Ancien Empire]] jusqu'à sa période de rédaction dont quelques obscurs souverains de la [[Deuxième Période intermédiaire]]. Chaque pharaon est figuré assis sur un trône et identifié par son nom dans un [[Cartouche (hiéroglyphe égyptien V10)|cartouche royal]]<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=11}}.</ref>.
=== Emploi de pharaon chez les Égyptiens de l'époque dynastique ===
 
La ''[[Liste d'Abydos|première table d'Abydos]]'' est toujours sur son lieu d'origine, sculptée dans la ''[[Chambre des ancêtres]]'' du [[Temple funéraire de Séthi Ier (Abydos)|temple funéraire]] de {{noble|Séthi Ier}} à [[Abydos (Égypte)|Abydos]] ({{XIXe dynastie égyptienne}}). Le roi {{noble|Séthi Ier}} en compagnie de {{noble|Ramsès II}} son fils, sont représentés debout en train de rendre hommage à {{unité|76 prédécesseurs}} dont les noms se répartissent en deux longues rangées. Une troisième rangée répète tout le long la titulature de Séthi. Les rois de la [[Deuxième Période intermédiaire]] sont ignorés, de même pour la pharaonne [[Hatchepsout]] et les quatre successeurs [[Amarna|amarniens]] d'{{noble-|Amenhotep IV}} ([[Akhenaton]], [[Toutânkhamon]], [[Smenkhkarê]] et [[Aÿ]]). Très similaire, la ''deuxième table d'Abydos'' est une liste de cartouches peinte de couleurs vives. Elle a été mise au jour dans les vestiges voisins du temple funéraire de {{noble|Ramsès II}}. Les fragments sont exposés au [[British Museum]] de [[Londres]]<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=11-12}},<br />{{Harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=44}}.</ref>.
En 1856, [[Emmanuel de Rougé]] proposa une réponse satisfaisante où pharaon vient du mot égyptien pour désigner le palais gouvernemental (''pr-ˁȝ''). À partir d'[[Akhénaton]], Pharaon en écriture hiéroglyphique sert à désigner le roi. Ne manquant pas de titres et de désignations, pour quels motifs Akhénaton a-t-il utilisé Pharaon pour se désigner, cela demeure un mystère. Ce peut être par complaisance envers l'armée, la prêtrise et l'administration qui utilisaient déjà ce mot dans leurs propres titres ou bien a-t-il vu dans ''pr-ˁȝ'' le point de départ de son enseignement religieux, de son rayonnement.
 
La ''[[Table de Saqqarah|table royale de Saqqarah]]'' remonte, elle aussi, à la période ramesside. Elle a été découverte dans les décombres de la chapelle funéraire du scribe royal Tjounroy. Il s'agit d'un motif décoratif montrant le scribe en adoration devant [[Osiris]] et une liste de cartouches royaux disposés en deux rangées. Sur les {{unité|58 [[Cartouche (hiéroglyphe égyptien V10)|cartouches]]}} d'origine, 47 sont encore préservés ; depuis [[Adjib]] de la {{Ire dynastie égyptienne}} à {{noble|Ramsès II}}. Là aussi, les pharaons de la [[Deuxième Période intermédiaire]] et ceux de la [[période amarnienne]] sont ignorés. Cette liste est exposée au [[Musée égyptien du Caire]] depuis sa découverte en 1861 par l'équipe d'[[François Auguste Ferdinand Mariette|Auguste Mariette]]<ref>{{Article|prénom1=Auguste|nom1=Mariette|titre=La table de Saqqarah|périodique=La Revue Archéologique|volume=10|lieu=Paris|année=1864|passage=168-186, planche 17|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5701445z}}.</ref>.
Les Égyptiens rapprochaient les mots ayant les mêmes consonnes, ils y voyaient là l'écho sonore de l'énergie essentielle qui suscita l'univers. Pharaon (''pr-ˁȝ'') et Le Dieu Soleil (''pȝ rˁ'') ont les mêmes consonnes, le mot soleil Ra se trouve au milieu de ''pr-ˁȝ'', c'est peut-être là que se trouve la réponse. Les [[lettres d'Amarna]] en témoignent, les vassaux d'[[Akhénaton]] l'appelaient « mon soleil ». Nous retrouvons là les propositions d'[[Ippolito Rosellini]] et d'Emmanuel de Rougé pour l'origine de pharaon.
 
Le document le plus intéressant mais aussi le plus endommagé est le ''[[Canon royal de Turin]]'' ({{XIXe dynastie égyptienne}}). Cette liste sur papyrus a été gravement abîmée au {{s-|XIX}} durant son transport vers le [[Musée égyptologique de Turin]]. Tombée en morceaux, elle se présente maintenant tel un grand puzzle avec des pièces lacunaires. Dans son état originel, le document comptait plus de trois-cents noms en une [[écriture hiératique]] très soignée. Pour chaque règne est donné la durée exacte en années, mois et jours<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=10-12}}.</ref>.
Pendant tout le [[Nouvel Empire égyptien |Nouvel Empire]] la désignation Pharaon n'est jamais suivie du nom du souverain, c'est une alternative moins employée de majesté.
 
[[Fichier:Karnak King List Drawing.png|vignette|redresse=3.0|centre|Croquis de la ''[[Chambre des ancêtres|Liste de Karnak]]'' - {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - Musée du Louvre.]]
Christiane Desroches Noblecourt fait remonter la première attestation de ''per-aâ'', au sens de « pharaon », à l'an {{XII}} du règne conjoint de la reine [[Hatchepsout]]-Maâtkaré et de son neveu, [[Thoutmôsis III |Thoutmôsis {{III}}]]-Menkhéperrê<ref>D’après [[#CDR |Ch. Desroches Noblecourt, ''La reine mystérieuse'']], p. 134.</ref>. Elle serait ensuite employée pour désigner Thoutmôsis seul. {{Référence nécessaire|Pour d'autres égyptologues, cette attestation remonterait à l'époque de [[Ramsès II |Ramsès {{II}}]] ou de [[Ramsès III |Ramsès {{III}}]]}}.
 
=== Aperçu historique ===
Pendant la [[Troisième période intermédiaire égyptienne |{{IIIe}} période intermédiaire]] et la [[Basse époque égyptienne |Basse Époque]], les rois sont étrangers ou vassaux et certains ne parlent pas l'égyptien. À cette époque, pharaon est associé occasionnellement au nom de naissance du roi. Le premier sera [[Siamon]], suivit de [[Sheshonq Ier |Sheshonq {{Ier}}]] à titre posthume. L'écriture [[démotique]] prend naissance, Pharaon devient le mot pour dire « le roi » (beaucoup d'historiens préfèrent assimiler le titre de Pharaon à celui d'empereur ce qui, semble-t-il, correspond mieux à la réalité), le mot Pharaonne (le titre de [[grande épouse royale]] était plus utilisé que le terme Pharaonne) est inventé pour désigner la reine son épouse.
 
==== Unification politique de l'Égypte ====
Pendant la [[Dynastie des Ptolémées |période des Ptolémées]], le souverain est surtout un [[basileus]]. [[Ptolémée II |Ptolémée {{II}}]] voulait que ses tribunaux connaissent les lois régissant les différents groupes ethniques de son royaume, pour les juger selon leurs coutumes. À sa demande, les juifs d'Égypte [[Septante |traduisent en grec]] leurs lois et auraient introduit à cette époque le mot ''Pharao'' dans cette langue à partir de l'hébreu. C'est ce mot ''Pharao'' qui deviendra Pharaon en français en passant par le latin chrétien.
 
{{Article connexe|Période prédynastique égyptienne|Horus#Origines de l'État pharaonique{{!}}Le mythe d'Horus et les origines de l'État pharaonique}}
Les souverains romains, à qui l'Égypte appartenait en propre, furent représentés par un [[préfet d'Égypte |préfet]] et de ce fait reçurent le nom de Pharaon dans leur titulature. Ce nom, déterminé par les prêtres égyptiens, était le plus approprié pour définir leur programme de règne qui était laissé à l'initiative de l'institution impériale locale, dont le responsable changeait souvent et résidait au palais gouvernemental.
[[Fichier:Scorpion Macehead det.JPG|vignette|gauche|Tête de la ''[[massue du roi Scorpion]]'', vers 3000 avant notre ère, [[Ashmolean Museum]].]]
 
D'après les nombreuses fouilles [[Archéologie|archéologiques]] menées depuis le milieu du {{s-|XIX}}, il est maintenant assez bien établi qu'à la fin de la {{noble|Culture de Nagada|période Nagada II}} (vers 3300 avant notre ère), trois villes de [[Haute-Égypte]], [[Nagada|Noubt]], [[Nekhen]] et [[Thinis]] rivalisent de puissance entre elles. À Nekhen, les tombes des élites laissent apparaître une utilisation ininterrompue de la [[nécropole]] entre la {{noble|Culture de Nagada#Nagada I|période Nagada I}} et les débuts de la {{Ire dynastie égyptienne}}. Tout au contraire, à Noubt, les inhumations prestigieuses ne sont pas attestées entre la {{noble|Culture de Nagada#Nagada III|période Nagada III}} et la {{Ire dynastie égyptienne}}. Par conséquent, il semble que la ville de Noubt ait été soumise militairement ou diplomatiquement par l'une de ses rivales, par Nekhen ou Thinis, durant la dernière phase de la formation de l'État pharaonique. L'adoption de ''[[Horus#Nekhen (Hiérakonpolis)|Hor-Nekheny]]'' (le dieu faucon Horus adoré à Nekhen) en tant que divinité protectrice de la monarchie suggère que ce sont les dirigeants de cette cité qui ont impulsé l'unification politique de la vallée du [[Nil]]. La localisation exacte de Thinis reste problématique mais les indications funéraires livrées par sa nécropole sur le site d'[[Oumm el-Qa'ab]] à [[Abydos (Égypte)|Abydos]] laissent à penser que Thinis a été la puissance politique dominante en [[Haute-Égypte]] à la fin de la {{noble|Culture de Nagada#Nagada III|période Nagada III}}, très peu de temps avant l'unification. Il est cependant aussi possible de croire que plusieurs roitelets ont exercé simultanément leur domination, chacun sur son territoire, et chacun se réclamant de la totale maîtrise du titre royal. Cette dernière hypothèse est renforcée par la relative abondance des noms royaux à la fin de la [[période prédynastique égyptienne|période prédynastique]]. Il est actuellement impossible de donner le nom du souverain sous lequel le pays a été, pour la première fois, placée sous une autorité unique. L'unification s'est probablement réalisée entre le règne du possesseur de la [[Oumm el-Qa'ab|tombe U-j d'Abydos]], peut-être {{noble|Scorpion Ier}}, et le règne de [[Narmer]] (vers 3150 avant notre ère). Quoi qu'il en soit, durant cette période l'influence des souverains de Haute-Égypte s'est progressivement étendu au sud jusqu'en [[Nubie|Basse-Nubie]] et au nord jusqu'à la [[Palestine (région)|Palestine]] méridionale (dans les environs de l'actuelle [[Gaza]])<ref>{{Harvsp|Wilkinson|1999|p=47-52}}.</ref>.
Développé au {{IIIe siècle}} de notre ère, le [[copte]] est la dernière forme de l'écriture égyptienne. Le mot pour roi y est ''(p)rro'', le mot pour pharaon est ''pharaw'' ; l'utilisation de ces deux mots dans un même texte démontre que les Égyptiens n'en connaissaient plus l'origine commune.
 
==== Mény, le pharaon fondateur ====
=== Emploi de « Pharaon » chez les Égyptiens de l'époque moderne ===
 
[[Fichier:Abydos KL 01-01 n01.jpg|vignette|redresse=0.8|alt=Détail d'un mur sculpté|Cartouche du pharaon Mény d'après la ''Liste d'Abydos'', {{XIXe dynastie égyptienne}}.]]
En langue arabe, c'est surtout le [[Coran]] qui utilise Pharaon. La nécropole thébaine s'appelle Biban-el-Molouk que nous traduisons par « la [[vallée des rois]] ».
 
Selon les listes royales compilées par les Anciens Égyptiens, le fondateur de la {{Ire dynastie égyptienne}} et du Royaume égyptien est le pharaon Mény. D'après les écrits laissés par les historiens de culture gréco-romaine tels [[Manéthon de Sebennytos]] ou [[Diodore de Sicile]], ce personnage est désigné par le nom hellénisé de [[Ménès (pharaon)|Ménès]]. Selon [[Hérodote]], Ménès est le premier pharaon à résider à [[Memphis (Égypte)|Memphis]], la capitale égyptienne. Il fonda cette ville en détournant le cours du [[Nil]] pour permettre son établissement à la frontière entre la [[Haute-Égypte|Haute]] et la [[Basse-Égypte]]<ref>{{Harvsp|Menu|2004|p=23}}.</ref>. Un des débats les plus virulents de l'[[égyptologie]] vise à identifier la figure semi-légendaire de Mény/Ménès à un souverain historique. Selon le Belge [[Philippe Derchain]], Mény est un nom inventé a posteriori par les Égyptiens eux-mêmes pour doter les annales royales d'une figure de père fondateur. Le nom de Mény signifierait tout simplement « Quelqu'un » et ce souverain serait par définition un personnage non identifiable<ref>[[Philippe Derchain]], « Ménès, le Roi Quelqu'un », ''[[Revue d'égyptologie]]'' {{n°|18}}, 1966.</ref>. Pour le français [[Jean Vercoutter]], Mény est un roi légendaire qui sous la {{XVIIIe dynastie égyptienne}} a été associé aux dieux [[Min (dieu)|Min]] et [[Amon]] par rapprochement [[phonétique]]<ref>[[Jean Vercoutter]], « À propos de ''Mni = Ménès'' », ''{{Langue|en|texte=Studies in Egyptology}}'', Jérusalem, 1990.</ref>.
Au {{XVIIIe siècle}}, Pharaon était signalé par le consul de [[Louis XIV de France |Louis {{XIV}}]] en Égypte comme étant un terme injurieux. H. Fischer rapporte que c'est encore un terme méprisant pour les Égyptiens de notre époque, un équivalent de « diable ». Le mot est utilisé depuis au moins le {{XVIe siècle}} dans le surnom de l'ichneumon : rat de Pharaon.
 
[[Fichier:Narmer Palette, Egypt, c. 3100 BC - Royal Ontario Museum - DSC09728.JPG|vignette|gauche|alt=Objet ovoïde gris|Réplique de la ''[[palette de Narmer]]'', {{Ire dynastie égyptienne}}, [[Musée royal de l'Ontario |Royal Ontario Museum]].]]
Dans le livre de [[Frédéric Cailliaud]] de 1821 ''Voyage à l'oasis de Thèbes'', un type de coquillage trouvé sur la mer Rouge est appelé « coquille de Pharaon ». Dans ce livre l'auteur n'emploie jamais le mot pharaon, mais il est vrai que le récit ne s'y prête pas ; comme tout le monde il parle de vallée des rois. Dans ses livres suivants, ''Voyage à Méroé'' publiés en 1826-1827, il emploi le titre Pharaon devant un nom de roi. Entre les deux publications, Champollion avait trouvé la clé de l’écriture égyptienne et sa méprise entrait dans la tradition moderne.
 
Selon des [[artéfact (archéologie)|artéfacts]] découverts lors de [[Fouille archéologique en Égypte|fouilles archéologiques]] conduites sur la nécropole d'[[Abydos (Égypte)|Abydos]], on peut conclure que les rois [[Narmer]] et [[Hor-Aha]] se sont eux-mêmes présentés comme les fondateurs des structures étatiques. Sur une empreinte de [[sceau]], Narmer, le premier roi de la {{Ire dynastie égyptienne}}, est aussi désigné par l'[[épiclèse (Antiquité)|épiclèse]] de ''Mén(y)'' qui signifie précisément « Celui qui établit / qui fonde (l'État) ». Son successeur Hor-Aha a quant à lui visiblement manifesté le désir de parachever cette œuvre fondatrice. Sur une étiquette en ivoire, sa [[Nom de Nebty|titulature des ''Deux Maîtresses'']] comporte ainsi le nom de ''Mény''. Selon la tradition égyptienne seule une demi-douzaine de pharaons a fait œuvre de grand législateur. Parmi ces réformateurs figurent Ménès-Narmer qui, entre autres mesures judiciaires, abandonna les prélèvements fiscaux épisodiques pour les remplacer par des ponctions annuelles<ref>{{Harvsp|Menu|2004|p=23-24}},<br />{{Harvsp|Wilkinson|1999|p=67-68}}.</ref>. La mise en place du régime pharaonique, dans le dernier quart du quatrième millénaire, résulte de deux facteurs sociaux-économiques principaux. D'une part l'achèvement du processus de [[Néolithique|néolithisation]] par l'abandon du [[nomadisme]] et de la [[prédateur|prédation]] (pêche, chasse, cueillette) au profit de l'[[agriculture]] et de l'[[élevage]] [[Sédentarité|sédentaire]]. D'autre part, le développement du commerce (ivoire, or, poterie) du [[Soudan]] à la [[Palestine (région)|Palestine]] a nécessité un contrôle militaire et administratif accru, plus efficace, centralisé et autoritaire sur les lieux de production et le long des axes de circulation pour éviter les pillages et les déperditions<ref>{{Harvsp|Menu|2004|p=23-24}}.</ref>.
== Titulature ==
 
==== Bâtisseurs de pyramides ====
Les pharaons portaient une [[Titulature des pharaons |titulature]] composée de cinq noms, titulature complexe apparue au cours de l'[[Ancien Empire égyptien |Ancien Empire]].
 
{{Article détaillé|Ancien Empire|Pyramides d'Égypte|Textes des pyramides{{!}}''Textes des pyramides''}}
Pour les anciens Égyptiens, le nom (''[[ren]]'') est ce qui donne vie à la chose qu'il désigne. On comprend donc aisément l'importance qu'attachaient les pharaons aux noms qui les désignaient et l'acharnement avec lequel ils firent marteler ceux d'un prédécesseur honni. Aux premiers temps de l'institution pharaonique, alors que la titulature royale ne comportait qu'un seul élément, le [[nom d'Horus]], celui-ci était inscrit à l'intérieur d'un [[serekh]] représentant le palais du roi et pouvant être interprété comme un symbole de protection magique. Par la suite, avec l'apparition de la titulature complète, les deux derniers noms royaux étaient protégés par le [[Cartouche (hiéroglyphe) |cartouche]], ovale magique qui représentait à l'origine une corde nouée à l'une des extrémités<ref>[[#AHG |A. H. Gardiner]], ''Egyptian Grammar'', p. 74.</ref>, le serekh étant réservé au nom d’Horus dans les grandes inscriptions dédicatoires arrangées en colonnes.
[[Fichier:All Gizah Pyramids.jpg|vignette|redresse=1.2|alt=Six pyramides dans le désert|Les pyramides de [[Gizeh]] - {{IVe dynastie égyptienne}}.]]
 
L'[[Ancien Empire]] (2700 à 2200 avant notre ère) est la plus longue période de stabilité politique connue par l'[[Égypte antique]]. Mis à part quelques incursions nomades, l'ordre intérieur n'est troublé par aucune menace extérieure sérieuse. La [[Centralisation (histoire)|centralisation]] de l'[[État]], la création d'une administration efficace amorcée sous les [[Période thinite|dynasties thinites]] parviennent à leur pleine maturité sous les pharaons des {{Dynastie égyptienne|IIIe}} et {{IVe dynastie égyptienne}}s. La prospérité agricole basée sur l'irrigation de la [[Nil|plaine nilotique]] engendre des ressources fiscales considérables. Il en va de même pour le commerce avec la [[Nubie]] et les [[oasis]] du [[désert Libyque]]. Captées par le trésor royal, ces rentrées sont mises au profit de la famille royale et d'une petite élite nobiliaire qui a la haute main sur le pays. Fort de cette puissance, les conceptions religieuses évoluent vers la divinisation de la fonction pharaonique. Le souverain est considéré comme le successeur et l'incarnation du dieu faucon [[Horus]], puis, à partir de la {{Ve dynastie égyptienne}}, également comme le fils de [[Rê]], le brûlant dieu [[Soleil|solaire]]. La maîtrise des techniques de construction et de la sculpture sur pierre permet des développements architecturaux et artistiques considérables. Cette période est surtout connue pour être celle de l'apogée des [[Pyramides d'Égypte|pyramides]]. Dans la région [[Memphis (Égypte)|memphite]], au sein des nécropoles de [[Gizeh]], [[Dahchour]] et [[Saqqarah]], il s'est tout d'abord édifiée la [[Complexe funéraire de Djéser|pyramide à degré]] ({{unité|62|mètres}} de haut) du roi [[Djéser]], puis plus tard, la [[pyramide rhomboïdale]] ({{unité|105|m}}) et la [[pyramide rouge]] ({{unité|110|m}}) de [[Snéfrou]], puis les [[Pyramides de Gizeh|trois pyramides]] monumentales de [[Khéops]] ({{unité|147|m}}), [[Khéphren]] ({{unité|144|m}}) et [[Mykérinos]] ({{unité|66|m}}). Ces monuments funéraires, ainsi que le [[Sphinx de Gizeh|Grand Sphinx]] expriment la puissance des pharaons de cette époque et la position centrale qu'ils occupent dans la société<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=31-59}}.</ref>.
Par ailleurs, le roi était encore appelé « Sa Majesté » (''Hemef'') : <hiero>U36 Z1:I9</hiero> avec souvent, accolée à son nom, la formule optative : <hiero>anx-DA-s</hiero> désignée par les égyptologues par l'acronyme V.S.F. et généralement traduite par « vie, santé, force », bien qu'on lui préfère maintenant le sens « vie, prospérité, santé ».
 
Cette formidable prospérité ne va toutefois pas se maintenir sous les {{Dynastie égyptienne|Ve}} et {{VIe dynastie égyptienne}}s. Sous les effets conjugués de la désertification de la savane égyptienne et des rivalités intestines à la famille royale, le pouvoir pharaonique perd progressivement de sa superbe. Face à lui, les dignitaires locaux affirment, eux, de plus en plus leur pouvoir politique régional. Possible reflet des difficultés nationales, la hauteur et la qualité architecturale des pyramides s'amenuisent ; [[Ouserkaf]] et [[Sahourê]] (≈ {{unité|48|m}}), [[Néferirkarê Kakaï|Néferirkarê]] ({{unité|72|m}}), [[Niouserrê]] ({{unité|50|m}})<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=60-67}}.</ref>. Malgré leur modestie, les pyramides d'[[Ounas]] ({{unité|43|m}}), de {{noble|Pépi Ier}}, {{noble|Mérenrê Ier}} et {{noble|Pépi II}} (≈ {{unité|52|m}}) présentent l'avantage majeur de voir consignés sur leurs parois sépulcrales les hymnes et formules magiques des ''[[Textes des pyramides]]''. Ce [[corpus]], très hétérogène, est le plus ancien témoignage mis par écrit de la pensée humaine au sujet de l'au-delà. Là, sont évoqués l'[[Osiris|osirianisation]] posthume du pharaon et la migration de son âme vers les contrées célestes<ref>{{Harvsp|Carrier|2009-2010|loc=Préambule}}, <br>{{Harvsp|Adam|Ziegler|1999|loc=''passim''}}.</ref>.
Le nom du roi est également souvent suivi d'une formule commune : <hiero>X8 S34 N5:Z1 W19</hiero> ''Doué de vie comme Rê'', qui se retrouve dans un grand nombre de textes et d'inscriptions.
 
<gallery mode="packed" caption="Pharaons de l'Ancien Empire" heights="200">
=== Exemple de titulature ===
Khufu2.jpg|alt=statuette|[[Khéops]] - {{IVe dynastie égyptienne}} - [[Musée égyptien du Caire]].
Khafre statue.jpg|[[Khéphren]] - {{IVe dynastie égyptienne}} - Musée égyptien du Caire.
Kneeling Statuette of Pepy I, ca. 2338-2298 B.C.E., 39.121.jpg|alt=homme agenouillé|{{noble|Pépi Ier}} - {{VIe dynastie égyptienne}} - [[Brooklyn Museum]].
Antico regno, VI dinastia, regno di pepy II, statua della regina ankhnes-meryre II e il figlio pepy II, 2288-2194 ac ca. 02.JPG|alt=statuette jaune|{{noble|Pépi II}} sur les genoux de sa mère. - {{VIe dynastie égyptienne}} - Brooklyn Museum.
</gallery>
 
==== Du chaos à la renaissance ====
[[Image:Karnak_titul_ramses.JPG|thumb|Titulature de Ramsès {{II}} sur un [[Linteau (architecture) |linteau]] de la [[salle hypostyle]] de [[Karnak]]]]
 
{{Article détaillé|Première Période intermédiaire|Moyen Empire}}
[[Titulature des pharaons |Titulature]] de [[Sésostris Ier |Sésostris {{Ier}}]] :
 
Après le long règne de {{noble|Pépi II}}, mort [[Vieillesse|nonagénaire]], la monarchie pharaonique s'effondre et l'unité du pays disparaît (vers 2200 avant notre ère). Des troubles sociaux, politiques et dynastiques mettent à mal le pays. L'anarchie s'installe. Les pyramides et nécropoles royales sont pillées de leurs richesses et les lieux cultuels attenants sont dévastés par la violence et les incendies. Les statues royales sont brisées et les momies des pharaons jetées dans le fleuve<ref group=n>Cette période troublée est évoquée dans la littérature pessimiste du [[Moyen Empire]]. Lire par exemple les traductions du ''[[Dialogue du désespéré avec son bâ|Dialogue d'un homme avec son âme]]''.</ref>. L'[[historien]] [[Royaume lagide|ptolémaïque]] [[Manéthon de Sebennytos|Manéthon]] illustre cette confusion extrême en affirmant, par exagération, que la {{VIIe dynastie égyptienne}} voit se succéder soixante-dix rois en soixante-dix jours. La {{VIIIe dynastie égyptienne}} est bien plus certaine. Il s'agit sans doute de descendants de {{noble|Pépi II}} qui depuis [[Memphis (Égypte)|Memphis]] exercent une autorité fantomatique (quelque dix-sept rois en vingt ans). Lors de cette confusion émergent deux pouvoirs pharaoniques distincts. Dans le Nord, à [[Héracléopolis Magna|Héracléopolis]] se mettent en place les souverains successifs des {{Dynastie égyptienne|IXe}} et {{Xe dynastie égyptienne}}. Depuis le Sud, la lignée des {{page h'|Antef}} et {{page h'|Montouhotep}} de [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]] ({{XIe dynastie égyptienne}}) étend son autorité jusqu'à [[Abydos (Égypte)|Abydos]], zone frontalière où se produisent de nombreuses échauffourées militaires<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=70-72}}.</ref>.
{{hiero2||<hiero>G5 [ S34 F31 X1 G43 ]</hiero>}}
L'Horus Ânkhmessout.
{{hiero2||<hiero>G16 S34 F31 X1 G43</hiero>}}
Celui des deux maîtresses Ânkhmessout.
{{hiero2||<hiero>G8 S34 F31 X1 G43</hiero>}}
L'Horus d'Or Ânkhmessout.
{{hiero2||<hiero>M23:X1 L2:X1 < N5 L1 D28 > X8 S34 N5:Z1 W19</hiero>}}
Le Roi de Haute et Basse Égypte Kheperkarê, doué de vie comme Rê.
{{hiero2||<hiero>G39 N5:. < F12 S29 D21:X1 X1:O34:N35 > X8 S34 V30 R11 S40 S29 N35:D58 V30 S34 I10:X1:N17</hiero>}}
Le Fils de Rê Sésostris doué de toute vie, tout pouvoir, toute stabilité et toute santé, vivant éternellement.
 
[[Fichier:Sen-useret III, Egypt, Middle Kingdom, 12th Dynasty, c. 1874-1855 BCE - Nelson-Atkins Museum of Art - DSC08148.JPG|vignette|gauche|alt=portrait d'un pharaon|Statue fragmentaire de {{noble|Sésostris III}} - {{XIIe dynastie égyptienne}} - [[Musée d'art Nelson-Atkins|Nelson-Atkins Museum of Art]].]]
== Histoire ==
 
Progressivement, l'unité nationale se refait par le succès des armes au profit des Thébains. Sous le règne de {{noble|Montouhotep II}}, la réunification est parachevée et débute l'époque prospère du [[Moyen Empire]] (≈ 2033 à 1786 avant notre ère)<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=69-74}}.</ref>. L'apogée de cette deuxième période faste est atteinte sous la {{XIIe dynastie égyptienne}} entamée par {{noble|Amenemhat Ier}} après l'éviction de {{noble|Montouhotep IV}}, le dernier pharaon de la {{XIe dynastie égyptienne}}. Sur quelque deux-cents ans se succèdent sept pharaons, les différents {{page h'|Amenemhat}} et {{page h'|Sésostris}}. À l'extérieur, sous le commandement de {{noble|Sésostris III}}, la [[Nubie]] est mise au pas et verrouillée par l'édification de [[Forteresses nubiennes|forteresses]] aux points stratégiques. À l'intérieur, l'administration est réformée et placée sous les directives d'un conseil de dignitaires aux ordres de [[Vizir dans l'Égypte antique|''Tjaty'']] (vizir) tandis que les [[nomarque]]s (dirigeants régionaux) sont réduits dans leur autonomie<ref>{{Harvsp|Clayton|1995|p=74-88}}.</ref>.
Il est bien difficile de dater avec précision les débuts de l'histoire pharaonique, tant les témoignages de cette période sont peu nombreux et se confondent avec l'aube de l'Histoire (et donc de l'écriture). La tradition égyptienne faisait de [[Ménès]] (''Narmer'' en grec) l'unificateur du pays (alors divisé en deux royaumes) et le premier des pharaons humains après le règne des ''suivants de [[Horus]]''. Des témoignages archéologiques, comme la [[palette de Narmer]], semblent confirmer l'unification du pays aux alentours de -3200, mais les égyptologues pensent que l'institution pharaonique pourrait lui être antérieure.
 
Les conceptions funéraires royales recommandent toujours l'édification de pyramides. L'usage est de les construire en [[Brique (matériau)|brique]] avec un revêtement en [[Calcaire|pierre calcaire]] à [[Dahchour]], [[Licht]], [[Saqqarah]], [[Mazghouna]] et [[Hawara]] (hauteur de cinquante à cent-cinq mètres). Moins résistantes et ultérieurement dépourvues de leur revêtement, ces constructions ne sont actuellement plus que des amas informes érodés par les vents. Le [[Moyen Empire]] est l'âge glorieux des classiques égyptiens. La littérature est mise au profit de la royauté. Dans les ''[[Sagesses de l'Égypte antique|sagesses]]'', inlassablement recopiées par des générations d'élèves, la loyauté des notables envers le pharaon est encouragée voire magnifiée et exaltée, tels dans les ''[[Enseignement de Ptahhotep|instructions de Phtahhotep]]'', de ''[[Instructions pour Kagemni|Kagemni]]'' et d{{'}}''[[Instructions d'Amenemhat|Amenemhat]]''<ref>{{Harvsp|Vernus|2001}}.</ref>.
Le dernier pharaon autochtone est [[Nectanébo II |Nectanébo {{II}}]] (-358/-341) de la {{XXXe dynastie égyptienne}}. Les empereurs romains s’affirmeront les successeurs légitimes des pharaons, mais on s'accorde à dire que l'ultime représentant de l'institution pharaonique proprement dite est le dernier [[dynastie des Ptolémées |Lagide]], Césarion ([[Ptolémée XV |Ptolémée {{XV}}]]), le fils de [[Jules César |César]] et [[Cléopâtre VII |Cléopâtre]].
 
==== Des Hyksôs aux pharaons conquérants ====
== Chronologie ==
 
{{Article connexe|Deuxième Période intermédiaire|Nouvel Empire}}
La plus ancienne chronologie complète disponible fut établie par un prêtre égyptien hellénisé, [[Manéthon de Sebennytos |Manéthon]], à qui [[Ptolémée II |Ptolémée {{II}}]] (-282/-246) avait demandé de rédiger en grec une histoire de l'Égypte. Son oeuvre suppose que les Égyptiens conservaient dans les archives des temples des listes royales remontant aux origines de la monarchie égyptienne.
 
Avec les pharaons de la {{XIIIe dynastie égyptienne}} (les {{page h'|Sobekhotep}} et {{page h'|Néferhotep}}), l'institution monarchique perd une deuxième fois de sa superbe. La confusion politique et la division s'installent à nouveau. Progressivement l'entier contrôle du pays est perdu. Dans l'est du [[delta du Nil]], prend place l'obscure {{XIVe dynastie égyptienne}} puis la lignée des ''Héqa-Khasout'', les « Princes des pays étrangers » ou [[Hyksôs]] des {{Dynastie égyptienne|XVe}} et {{XVIe dynastie égyptienne}}s. Au cours du [[Moyen Empire]], ces migrants [[sémites]] ont acquis une puissance croissante. Vers 1720 avant notre ère, ils mettent [[Memphis (Égypte)|Memphis]] à sac et installent un gouvernement propre à [[Avaris]]. En partie égyptianisé, les rois [[Hyksôs]] adoptent les symboles de la monarchie pharaonique comme la [[Titulature royale dans l'Égypte antique|titulature]] (les rois [[Salitis]], [[Mery-ouser-Rê|Yaqoub-Her]], [[Khyan]], [[Apophis Ier|Apophis]], etc.). Leur supériorité militaire repose sur une technique de combat jusqu'alors inconnue des Égyptiens : l'utilisation des attelages à [[Cheval|chevaux]] ([[Char|charrerie]]) dans les batailles<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=90-95}}.</ref>. Dans le Sud, autour de [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]], les princes de la {{XVIIe dynastie égyptienne}} (dont les {{page h'|Antef}} et {{page h'|Sobekemsaf (homonymie)|Sobekemsaf}}) entretiennent les traditions égyptiennes. Tout d'abord une sorte de paix s'installe entre les deux camps. Les hostilités débutent avec [[Seqenenrê Tâa]] mais le Thébain est tué au combat. Ses successeurs [[Ouadjkheperrê Kames|Kamosé]] et [[Ahmôsis Ier|Ahmôsis]] poursuivent cependant la lutte et les [[Hyksôs]] sont finalement expulsés après les prises d'[[Avaris]] et [[Sharouhen]] (vers 1540 avant notre ère)<ref>{{harvsp|Barbotin|2008|p=75-82 et textes documentaires}}.</ref>.
Il en subsiste des abrégés fournissant une liste de rois classés en trente et une dynasties, regroupées de la [[période thinite]] à la [[Basse époque égyptienne |Basse Époque]]. Les critères de la classification de Manéthon ne nous sont pas connus, mais qu'en tout état de cause il a compulsé des sources égyptiennes, encore que le concept de dynastie qu'il utilise ne corresponde pas à celui que nous pratiquons en Occident. En effet, les dynasties de Manéthon n'ont aucun rapport avec le lien du sang mais avec la ville dont est originaire le pharaon fondateur de la dynastie et qui sert, dans la majorité des cas de [[Capitales de l'Égypte antique |capitale dynastique]]. On trouve donc principalement, tout au long de l'histoire égyptienne des dynasties [[Memphis (Égypte) |memphites]] ([[Ancien Empire égyptien |Ancien Empire]]), [[Hérakléopolis |hérakléopolitaines]] ([[Première période intermédiaire égyptienne |Première période intermédiaire]]), [[Thèbes (Égypte) |thébaines]] ([[Moyen Empire égyptien |Moyen]] et [[Nouvel Empire égyptien |Nouvel Empire]]), originaires d'[[Avaris]] (période [[Hyksôs]] pendant les {{Dynastie égyptienne |XVe}} et {{XVIe dynastie égyptienne}}s), [[Tanis |tanites]] ([[Nouvel Empire égyptien |Nouvel Empire]] et [[Troisième période intermédiaire égyptienne |Troisième Période Intermédiaire]]).
 
[[Fichier:Entrada al templo-luxor-2007 (4).JPG|vignette|alt=statue gigantesque d'un homme assis|[[Colosses de Ramsès II|Statue colossale]] de {{noble|Ramsès II}} à [[Louxor]] - {{XIXe dynastie égyptienne}}.]]
Il existe aussi quelques chronologies contemporaines de l'Égypte pharaonique comme le [[papyrus de Turin]], la [[pierre de Palerme]] ou encore la [[Liste d'Abydos |liste de règne du temple d'Abydos]] datant de [[Séthi Ier |Séthi {{Ier}}]]. Cependant ces documents sont a utiliser avec précaution car on ne connait pas les critères de choix ni de classement qui en sont à l'origine. On remarque ainsi, que certains pharaons sont absent de la liste d'Abydos ([[Hatchepsout]], [[Akhénaton]] et [[Toutânkhamon]] notamment).
 
Réunifiée, l'[[Égypte antique]] entame sa troisième période de prospérité, le [[Nouvel Empire]]. De 1540 à 1070 avant notre ère, soit durant près de cinq-cents ans, trois lignées pharaoniques se font suite : la {{XVIIIe dynastie égyptienne}} des {{page h'|Amenhotep}} et {{page h'|Thoutmôsis}} et les {{Dynastie égyptienne|XIXe}} et {{XXe dynastie égyptienne}}s des {{page h'|Séthi}} et {{page h'|Ramsès}}. Durant cette période, le royaume doit constamment veiller sur sa frontière avec le [[Proche-Orient ancien|Proche-Orient]]. Pour protéger les intérêts égyptiens en Syrie-Palestine face au [[Mittani]], au [[Hatti (peuple)|Hatti]] et aux [[Hittites]], des pharaons tels {{noble|Thoutmôsis III}}, {{noble|Séthi Ier}} et {{noble|Ramsès II}} entreprennent de fructueuses campagnes militaires (batailles de [[Bataille de Megiddo (XVe siècle av. J.-C.)|Megiddo]] et de [[Bataille de Qadesh|Qadesh]]) ou conduisent d'intenses tractations diplomatiques<ref>{{harvsp|Grandet|2008}}.</ref>. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces pharaons ne se font plus inhumer dans des pyramides mais dans de profonds [[hypogée]]s creusés dans la montagne thébaine, la célèbre [[vallée des Rois]]<ref>{{harvsp|Weeks|2001}}.</ref>. La prospérité du trésor royal est entretenue grâce aux importants [[tribut]]s versés par les peuples soumis. Les constructions gigantesques abondent, ponctuées de hauts [[obélisque]]s et de statues colossales. Pour preuve, la démesure des temples de [[Karnak]], [[Louxor]], [[Abydos (Égypte)|Abydos]] ou [[Temples d'Abou Simbel|Abou Simbel]]. Le vrai visage de ces pharaons nous est connu par leurs momies découvertes en 1881 dans la [[TT320|cachette royale de Deir el-Bahari]]. La richesse de leur trousseau funéraire n'est plus ignorée depuis 1922 avec la découverte du trésor de la [[Tombeau de Toutânkhamon|tombe]] de [[Toutânkhamon]]<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=99-171}}.</ref>. Malgré l'opulence, le [[Nouvel Empire]] est ponctué par de sérieuses crises. Face à la surpuissance du clergé d'[[Amon]], la [[Aton|réforme atonienne]], balbutiante sous {{noble|Amenhotep III}} et paroxystique sous [[Akhenaton]] se termine par son abandon définitif dans un État largement désorganisé<ref>{{harvsp|Cabrol|2000|p=280-282}},<br />{{harvsp|Laboury|2010}}.</ref>. La monarchie, remise sur pied par [[Horemheb]], {{noble|Séthi Ier}} et {{noble|Ramsès II}} sombre à nouveau après la mort de [[Mérenptah]] du fait des rivalités entre ses descendants ; le pouvoir de {{noble|Séthi II}} se voyant contesté dans le sud par [[Amenmes]]<ref>{{harvsp|Della Monica|2001|p=107-110}},<br />{{harvsp|Masquelier-Loorius|2013}},<br />{{Harvsp|Desroches Noblecourt|1996}},<br />{{harvsp|Obsomer|2012}},<br />{{harvsp|Servajean|2014}}.</ref>.
Dans les livres consacrés à l'Égypte ancienne, on peut trouver quelques différences dans les dates de règnes, dues essentiellement à la méthode de datation utilisée par les anciens Égyptiens.
 
Un temps rehaussée par [[Sethnakht]] et son fils {{noble|Ramsès III}}, la monarchie se liquéfie inexorablement sous les règnes de leurs descendants dans un climat de grande [[corruption]] ({{noble|Ramsès IV}} à {{noble|Ramsès XI}})<ref>{{harvsp|Grandet|1993}},<br />{{harvsp|Vernus|1993}}.</ref>. Ces pharaons, installés dans le Nord, à [[Pi-Ramsès]], perdent peu à peu toute influence dans le Sud face au pouvoir politique grandissant du [[Grand prêtre d'Amon|clergé d'Amon]]. Sous le dernier Ramsès, le grand-prêtre [[Hérihor]] devient une sorte de pseudo-pharaon<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=175}}.</ref>.
Les Égyptiens divisaient l’année en trois saisons : Inondation (''Akhet''), Germination (''Peret'') et Chaleur (''Shemou''), suivies de cinq jours supplémentaires ou épagomènes. Chaque saison comptait quatre mois de trente jours chacun. À l’origine, le début de l’Akhet coïncidait avec le [[Lever héliaque de Sirius |lever héliaque de Sothis]] qui a lieu, d’après le calendrier julien, le 19 juillet. Toutefois, étant donné que l’année solaire compte 365 jours et six heures – et non 365 jours -, cette différence de six heures entraîna un décalage croissant entre l’année civile et l’année solaire : de telle sorte que la saison Akhet débuta à plusieurs reprises en hiver. Il s'y ajoute que les Égyptiens n’employaient pas de datation absolue. Les événements étaient datés d’après les années de règne de pharaon, p. ex. an 2, 3{{e}} mois de l’Akhet, 2{{e}} jour sous la Majesté du roi ''Untel''.
 
==== Anarchie libyenne ====
Heureusement pour nous, tous les 1460 ans, le début de l’année civile égyptienne (le 19 juillet dans le calendrier julien) coïncide avec le lever héliaque de Sothis, c’est-à-dire l’apparition de l’étoile au lever du soleil. Cette coïncidence frappa les Égyptiens, qui la consignèrent, notamment en [[139]] de notre [[Ère commune | ère]]. Cette dernière date sert de repère et permet ainsi une datation absolue des règnes : en l’an 9 d’Amenhotep {{Ier}} par exemple, il y eut aussi coïncidence du début de l’année civile et du lever héliaque de Sothis ; l’an 7 correspondrait donc à [[-1545]].
Il n’empêche que l’établissement d’une datation absolue constitue un vrai casse-tête pour les égyptologues : non seulement, pour être exact, il faudra connaître le lieu de l'observation du lever héliaque de Sothis, mais encore, au [[Moyen Empire égyptien |Moyen Empire]], l'an 1 d'un roi correspondait au début l’année civile qui suivait son avènement ; au Nouvel Empire l'an 2 du règne commençait 365 jours après le jour de l'avènement ; et enfin, à la Basse Époque, il commençait le jour du lever héliaque de Sothis suivant l'avènement, l'an 1 du règne pouvant être ainsi réduit à quelques jours.
 
{{Article connexe|Troisième Période intermédiaire}}
'''Obs.''' : - L'orthographe des noms est différente selon que l'on translittère les hiéroglyphes ou que l'on utilise le nom donné par les Grecs. Par exemple, le pharaon [[Amenhotep]] (nom transcrit de l'égyptien ancien) est identique à [[Aménophis]] (nom grec). De plus, dans certains noms, il y a une antéposition honorifique du nom du dieu, mais l'habitude fait que l'on conserve également le nom sans antéposition tel que connu des premiers égyptologues ; ainsi, [[Raneb]] et [[Nebrê]] sont le même personnage, un roi de la {{IIe dynastie égyptienne}}.
 
Le premier millénaire avant notre ère est pour la monarchie égyptienne une ère de déclin qui débute tout d'abord par l'installation de deux lignées rivales (entre 1069 et 945 avant notre ère). Dans le Nord, à [[Tanis]], {{noble|Nesbanebdjed Ier}} (Smendès), gendre de {{noble|Ramsès XI}}, installe la {{XXIe dynastie égyptienne}}, tandis que dans le Sud, à [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]], règnent les [[Grand prêtre d'Amon|prophètes d'Amon]]. Les liens sont toutefois entretenus par des mariages politiques. Le plus illustre pharaon [[Tanis|tanite]] de ce temps est ainsi {{noble|Psousennès Ier}}, fils du grand-prêtre [[Pinedjem Ier|Pinedjem]]. Les pratiques funéraires royales des souverains de Tanis sont renseignées par la découverte de plusieurs tombes inviolées, le « [[Nécropole royale de Tanis|trésor de Tanis]] », effectuée en 1939-1940 et 1946 par une équipe d'égyptologues français dirigée par [[Pierre Montet]]<ref>[[Christiane Ziegler]], ''Les trésors de Tanis'', Paris, éditions Picard, 2001.</ref>.
=== Liste des pharaons ===
 
[[Fichier:Sheshonq II mask 2004.jpg|vignette|gauche|alt=masque en or|{{noble|Sheshonq II}} - Masque funéraire en or - {{XXIIe dynastie égyptienne}}.]]
Il est impossible de dresser une liste exacte des rois qui se sont succédé sur le trône d'Égypte durant 3000 ans, tant les informations qui nous sont parvenues sont fragmentaires. De plus, il existe des [[Chronologies comparées des dynasties égyptiennes |différences chronologiques]] entre les sources égyptiennes, ce qui explique pourquoi, dans les listes des souverains établies par les égyptologues, certains règnes se chevauchent au lieu de se suivre. Pour finir, certaines périodes troubles de l'histoire ont laissé des lacunes dans la chronologie, parfois volontaires, les Égyptiens ayant eu une conception de l’historiographie différente de la nôtre.
 
Durant près d'un siècle, entre 945 et 850 avant notre ère, des pharaons de souche [[Libyens|libyenne]] sont au pouvoir ([[Mâchaouach]] et [[Libou]]). À [[Tell Basta|Bubastis]], {{noble|Sheshonq Ier}} fonde la {{XXIIe dynastie égyptienne}}. Sous son règne, le royaume égyptien retrouve quelque peu sa puissance à l'extérieur. Il part en campagne en [[Royaume de Juda|Juda]] où il assiège [[Jérusalem]] puis monte en [[Royaume d'Israël|Israël]] à la poursuite de [[Jéroboam Ier|Jéroboam]]. L'activité architecturale est relancée par {{noble|Osorkon II}} à [[Memphis (Égypte)|Memphis]], [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]], [[Tell Basta|Bubastis]], [[Île Éléphantine|Éléphantine]]. Les fils royaux reçoivent en [[apanage]] la fonction de [[Grand prêtre d'Amon]] ou la fonction de gouverneur d'[[Héracléopolis Magna|Héracléopolis]]. Les rivalités entre ces lignées de princes conduisent malheureusement le royaume vers une période troublée connue sous le nom d’« anarchie libyenne » (850 à 730 avant notre ère). Le pays se trouve partagé entre différents pharaons rivaux (jusqu'à cinq roitelets). La {{XXIIe dynastie égyptienne}} règne en parallèle avec les {{Dynastie égyptienne|XXIIIe}} et {{XXIVe dynastie égyptienne}}s. Le nord est fortement morcelé entre une dizaine de Grand-chefs qui, au mieux, reconnaissent la suzeraineté de l'un des pharaons<ref>[[Jean Yoyotte]], ''Les principautés du Delta au temps de l'anarchie libyenne'', Le Caire, [[Institut français d'archéologie orientale|IFAO]], 2012.</ref>. Entre 730 et 656 avant notre ère se déroule le conflit pour la réunification sous l'impulsion de la {{XXVe dynastie égyptienne}} [[nubie]]nne issue de [[Napata]]. Les pharaons nubiens parviennent à annexer le sud mais piétinent dans le nord face aux {{Dynastie égyptienne|XXIVe}} et {{XXVIe dynastie égyptienne}}s libyennes fortement installées dans le [[Delta du Nil|Delta]]. Sous l'autorité du nubien [[Chabaka]] sont érigés de nombreux monuments dans les principaux centres religieux égyptiens : à Memphis, Abydos, Dendérah, Esna et Edfou. Les souverains nubiens, très attachés à leur patrie d'origine, se font inhumer dans de [[Pyramides nubiennes|petites pyramides]] érigées dans la nécropole d'[[El-Kourrou]] près de [[Gebel Barkal|Napata]] ([[Soudan]] actuel). À cette période, l'[[Assyrie]] émerge puis se développe comme la grande puissance militaire du [[Proche-Orient ancien|Proche-Orient]]. En 671 avant notre ère, sous le règne du [[Nubiens|nubien]] [[Taharqa]], les [[Assyrie]]ns d'[[Assarhaddon]] pénètrent en [[Égypte antique|Égypte]] et prennent [[Memphis (Égypte)|Memphis]] ; en 663 avant notre ère, sous [[Assurbanipal]], ils mettent en déroute l'armée de [[Tanoutamon]] et pillent [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]] de ses riches trésors cultuels<ref>{{Harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|p=188-189}},<br />{{Harvsp|Clayton|1995|p=182-193}}.</ref>.
Malgré cela, la plupart des pharaons, et, semble-t-il, les plus importants dans l'histoire pharaonique, nous sont assez bien connus.
 
==== Renaissance saïte ====
Les listes suivantes sont basées sur les ''Aegyptiaca'' de [[Manéthon de Sebennytos |Manéthon]], mises à jour par les découvertes récentes :
{{Article connexe|Basse époque}}
* les [[pharaons par ordre chronologique]] ;
* les [[pharaons par ordre alphabétique]].
 
Avec ses obscurs premiers représentants, la {{XXVIe dynastie égyptienne}} de [[Saïs]] n'est d'abord qu'une simple autorité régionale qui se doit de coexister avec les derniers membres de la {{XXVe dynastie égyptienne}} [[nubie]]nne. Cette situation change dès les débuts du long règne de {{noble|Psammétique Ier}} (664 à 610 avant notre ère). Profitant de l'affaiblissement assyrien, il parvient à réunifier l'Égypte ; d'abord en liquidant les chefferies du Delta avec des mercenaires juifs et [[Grèce antique|grecs]] ([[ionie]]ns, [[cariens]] et [[doriens]]), ensuite en annexant la [[Thèbes (Égypte)|Thébaïde]] par la nomination de sa fille [[Nitocris Ire|Nitocris]] comme [[Divine adoratrice d'Amon]] et le ralliement du grand-prêtre [[Montouemhat]]<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=195}}.</ref>.
== Légitimité du pharaon ==
 
[[Fichier:Nitocris Psammetique Ier T Pabasa.jpg|vignette|redresse=1.3|alt=relief coloré|{{noble|Psammétique Ier}} et sa fille [[Nitocris]] faisant des offrandes à [[Rê]]-[[Horakhty]] - Tombe de Pabasa à [[El-Assasif]] ([[Thèbes (Égypte)|Thèbes]]) - {{XXVIe dynastie égyptienne}}.]]
[[Rê]], le soleil de l'univers et des hommes sur terre, s'est retiré vers le ciel en laissant aux dieux la direction du monde, puis à des rois semi-divins, et enfin à des monarques humains, les pharaons qui sont ses fils et représentants sur terre.
 
Avec le retour de la stabilité et de la paix, le pays s'ouvre au commerce méditerranéen avec la [[Phéniciens|Phénicie]] et les villes grecques. Les vieilles valeurs religieuses sont maintenues. Dans le domaine de l'art, les artistes se glissent dans un moule archaïsant en copiant les œuvres des [[Ancien Empire|Ancien]] et [[Moyen Empire]]s. Sous {{noble|Nékao II}}, l'Égypte domine pendant trois ans la Palestine après sa victoire à la [[Bataille de Megiddo (609 av. J.-C.)|bataille de Megiddo]] contre [[Josias]], roi de [[Royaume de Juda|Juda]]. La [[Bataille de Karkemish|défaite]] que lui inflige {{noble|Nabuchodonosor II}} à [[Karkemish]], en 605 avant notre ère, l'oblige à abandonner cette possession. {{noble|Psammétique II}} mène une campagne en [[Nubie]] en 592 avant notre ère où il descend jusqu'à la troisième [[Cataractes du Nil|cataracte du Nil]]. Son fils [[Apriès]] conduit des interventions en Palestine, notamment pour contrer les [[Babylone (civilisation)|Babyloniens]]. En 570 avant notre ère, il est tué lors d'une guerre civile qui l'oppose au général [[Ahmôsis II|Amasis]]. Devenu pharaon, ce dernier règne durant quarante-cinq ans de 571 à 526 avant notre ère<ref>{{harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|p=149-150}}.</ref>. Il est probable que l'ensemble des pharaons [[Saïs|saïtes]] se soient fait inhumer dans leur ville, dans l'enceinte du temple de [[Neith]] dont il ne reste aujourd'hui plus grand-chose. Aussi, seuls quelques-uns de leurs [[ouchebti]]s sont connus<ref>{{harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|p=148-149}}.</ref>.
Ce qui fonde la légitimité du pharaon, c'est l'ascendance divine. Selon la [[mythologie égyptienne]], dans le corps du pharaon coulerait un sang divin provenant de son ancêtre, le dieu [[Horus]]. La fonction pharaonique est donc de droit divin, et elle se transmet par le sang.
 
En 525 avant notre ère, les [[Perses]] de {{noble|Cambyse II}} envahissent l'[[Égypte antique|Égypte]] après leur victoire à [[Péluse]] face au jeune {{noble|Psammétique III}}. Ce dernier est déporté à [[Suse (Iran)|Suse]], la capitale perse. Durant {{unité|121|ans}}, les Perses prennent en charge l'administration du pays ({{XXVIIe dynastie égyptienne}} achéménide). Profitant de déchirements internes à la famille royale perse, l'égyptien [[Amyrtée]], prince de [[Saïs]], se proclame pharaon en 404 avant notre ère puis étend son autorité jusqu'à [[Assouan]] (seul représentant de la {{XXVIIIe dynastie égyptienne}})<ref>{{Harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|loc=''passim''}}.</ref>. Son rival {{noble|Néphéritès Ier}} parvient au pouvoir (398 à 393 avant notre ère), fonde la {{XXIXe dynastie égyptienne}} et déplace la capitale à [[Mendès]]. Après son décès, éclate une crise de succession qui voit [[Achôris]] remporter la mise (393 à 380 avant notre ère). Les pharaons {{noble|Nectanébo Ier}} (380 à 362 avant notre ère) et {{noble|Nectanébo II}} (360 à 343 avant notre ère) de la {{XXXe dynastie égyptienne}}, originaires de [[Sebennytos]], sont les deux derniers plus illustres pharaons de souche égyptienne. Le premier parvient à refouler les [[Perses]] mais le second est défait par {{noble|Artaxerxès III}} après s'être fait déborder à [[Péluse]]. Il s'enfuit en [[Nubie]] où l'on perd sa trace. Selon une légende rapporté par le ''[[Roman d'Alexandre]]'' dans la version du [[Pseudo-Callisthène]], Nectanébo se serait exilé en [[Royaume de Macédoine|Macédoine]], dans le camp anti-perse<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=194-205}}.</ref>.
C’est pourquoi l’héritier de la couronne doit être né de la [[Grande épouse royale]]. Étant elle-même d’ascendance divine, elle permet au futur pharaon d’être, de par sa mère et de par son père, d’origine divine. S’il est issu d’une concubine, il épouse sa demi-sœur née de la Grande épouse royale. La mythologie fournit d’ailleurs des exemples d’inceste, avec [[Geb]] et [[Nout]], ou encore [[Osiris]] et [[Isis]]. Dans le même ordre d’idées, on signalera certains mariages consanguins entre pharaon et sa fille ou ses filles. De telles unions sont attestées notamment pour [[Akhénaton]] et [[Ramsès II |Ramsès {{II}}]]. C’est donc à la fois le souci d’assurer la légitimité de l’héritier du trône et la volonté de souligner la nature divine de pharaon qui explique la prérogative royale de l’inceste, car c’est bien d’une prérogative qu’il s’agit. En effet, il semblerait que les mariages entre frère et sœur soient rarement pratiqués par le commun des mortels, bien que ces unions ne fassent l'objet d'aucune interdiction légale et que, dans la société civile, les termes «frère» et «sœur», lorsqu’il s’agit d’une union, doivent être perçus au second degré, dans la majorité des cas, comme termes d’affection.
 
==== Période ptolémaïque ====
Faute d'héritier mâle, ou quand le nouveau roi est ''encore un tout jeune enfant'' (Thoutmôsis {{III}}), la fonction peut échoir à une femme de sang divin ([[Nitokris]], [[Hatchepsout]], [[Taousert]]) plutôt qu'à un homme qui ne le soit pas ; elle en est donc dépositaire jusqu'à la transmission à son époux, ce qui ne signifie pas que la légitimité monarchique repose uniquement sur le mariage avec une fille de sang.
{{Article connexe|Dynastie lagide}}
[[Fichier:Berlín Ptolomeo III.JPG|vignette|gauche|alt=statue noire|{{noble|Ptolémée III}} représenté en pharaon - [[Dynastie lagide|période lagide]] - [[Neues Museum]].]]
 
La seconde domination perse ({{XXXIe dynastie égyptienne}}) ne dure qu'une décennie (343 à 332 avant notre ère). Lorsque [[Alexandre le Grand]], roi de [[Royaume de Macédoine|Macédoine]], dans sa guerre contre les [[Perses]], pénètre en [[Égypte antique|Égypte]], le pays est livré sans grands heurts par le [[satrape]] Mazakès. Le conquérant se rend, de suite, dans l'[[oasis]] de [[Siwa (oasis)|Siwa]] où un [[Divination|oracle]] le reconnaît comme fils du dieu [[Amon]] et pharaon. Après la mort d'[[Alexandre le Grand|Alexandre]] en 323 avant notre ère, le [[diadoque]] [[Ptolémée Ier|Ptolémée]] fils de [[Lagos (général macédonien)|Lagos]], s'empare de l'[[Égypte antique|Égypte]]. Avec lui s'ouvre la [[Dynastie lagide|période ptolémaïque]] longue de plus de trois siècles (323 à 30 avant notre ère). Quatorze de ses descendants prennent sa suite sous le nom de {{page h'|Ptolémée (homonymie)|Ptolémée}} ([[Dynastie lagide|{{XXXIIe|dynastie}} égyptienne]]). Leurs reines jouent un grand rôle politique dans le cadre de mariages consanguins (les différentes {{page h'|Bérénice}}, {{page h'|Arsinoé}} et {{page h'|Cléopâtre}}). Le dernier représentant de la lignée est {{noble|Ptolémée XV}} issu de la relation entretenue par {{noble|Cléopâtre VII}} avec [[Jules César]]. Implantés à [[Alexandrie]], les Ptolémée sont avant tout des rois de culture grecque et leur capitale appartient pleinement à la [[Histoire d'Alexandrie à l'époque hellénistique|civilisation hellénistique]]. Leur politique extérieure est tournée vers le monde [[Mer Méditerranée|méditerranéen]]. À l'instar des pharaons égyptiens, les trois premiers Ptolémée conquièrent la Palestine et la Syrie. Cependant leur véritable horizon est grec. Ils se constituent ainsi un empire maritime avec l'annexion de la [[Cyrénaïque antique|Cyrénaïque]], de la [[Cilicie]], de la [[Carie (Antiquité)|Carie]], de [[Chypre (île)|Chypre]] et d'[[îles Égéennes]]. La période n'est pas exempte de révoltes égyptiennes. Sous {{noble|Ptolémée V}}, les pharaons autochtones Hourounnéfer et Ânkhounéfer en viennent à émanciper la [[Thèbes (Égypte)|Thébaïde]]. Dans la capitale, sous les derniers lagides, l'agitation politique est surtout le fait de la famille royale elle-même. La lignée est secouée par innombrables complots, intrigues, trahisons et assassinats. En province, de nombreux temples sont agrandis ou reconstruits dont ceux d'[[Edfou]] et [[Philæ]]. La faiblesse du gouvernement alexandrin favorise l'autonomie d'un clergé égyptien qui profite régulièrement de larges exemptions fiscales<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=206-216}},<br />{{Harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|p=136-138}}.</ref>. Après la [[Bataille navale|défaite navale]] d'[[Bataille d'Actium|Actium]] en 31 avant notre ère, le [[suicide]] de {{noble|Cléopâtre VII}} et l'[[assassinat]] de {{noble|Ptolémée XV}} en 30 avant notre ère, l'[[Égypte antique|Égypte]] passe sous [[Province romaine de l'Égypte|domination romaine]] en devenant une province de l'[[Empire romain|Empire]] administrée par un [[Préfet d'Égypte|préfet]]<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=217}}.</ref>.
Les lignées pharaoniques ne réussirent jamais à perdurer; elles furent régulièrement interrompues par des envahisseurs ou par des coups d'État. Tel pharaon dont la légitimité était douteuse ou contestée pouvait légitimer sa prise du pouvoir en faisant valoir qu'elle avait été voulue par la divinité. Le dieu marquait son choix par un signe, une naissance prodigieuse (les rois de la {{Ve dynastie égyptienne}}, [[Hatchepsout]] de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}), un rêve de l'heureux élu ([[Thoutmôsis IV |Thoutmôsis {{IV}}]]) au pied du Grand [[Sphinx de Gizeh |Sphinx]], ou un oracle ([[Horemheb]], [[Alexandre le Grand]]).
 
== Symboles de la royauté pharaonique ==
Après trente années de règne, le pharaon fêtait son premier jubilé, la [[Fête-Sed |Fête-''Sed'']], pour régénérer ses forces et montrer au peuple qu'il était encore capable de gouverner le pays.
 
Le pouvoir de Pharaon vise à maintenir la cohésion d'un double royaume constitué par la [[Haute-Égypte|Haute]] et la [[Basse-Égypte]] ; chaque partie ayant ses propres symboles héraldiques et ses propres divinités protectrices. Lors du [[Couronnement du pharaon|couronnement]], sont remis à Pharaon un ensemble d'objets symboliques de la royauté : couronnes, coiffes, sceptres. Ses liens avec la sphère divine se manifestent par l'élaboration d'un [[Titulature royale dans l'Égypte antique|nom sacré]] composé de cinq titres différents.
=== La naissance d'un pharaon ===
 
=== Réunion des Deux-Terres ===
Représentée sur des hauts-reliefs du temple de [[Deir el-Bahari]], la naissance divine de la future reine [[Hatchepsout]] ({{XVIIIe dynastie égyptienne}}) correspond à une théologie de la royauté fort importante qu'on retrouve plus tard pour [[Aménophis III |Amenhotep {{III}}]] ({{XVIIIe dynastie égyptienne}}) et [[Ramsès II |Ramsès {{II}}]] ({{XIXe dynastie égyptienne}}). Quand Amon désire engendrer son futur héritier terrestre, il s'adresse à [[Thot]], le dieu de la connaissance, et en fait son éclaireur pour s'assurer que la reine Ahmosis, épouse de [[Thoutmôsis Ier |Thoutmôsis {{Ier}}]], soit digne de porter en son sein le futur pharaon. Puis [[Amon]] prend les traits de l'actuel roi :
{{Article connexe|Dualité dans l'Égypte antique}}
 
La pensée égyptienne accorde une grande place au concept de la [[Dualité dans l'Égypte antique|dualité]]. Toute réalité s'exprime comme l'union de deux modalités contraires mais appairées. Dans le [[Mythe d'Osiris|mythe osirien]], [[Horus]] et [[Seth]] sont les « Deux Combattants » ou les « Deux Compagnons » tandis qu'[[Isis]] et [[Nephtys]] sont les « Deux Sœurs » ou les « Deux Pleureuses ». La monarchie pharaonique est elle aussi imaginée comme une institution duelle dans laquelle la [[Haute-Égypte|Haute]] et [[Basse-Égypte]] sont unifiées<ref>{{Harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=15-16}}.</ref>. En tant que symbole politique de l'unité égyptienne, le pharaon est le « Maître des Deux-Terres » (''neb-taouy'') car il est avant tout le personnage dans lequel se manifeste l'union politique des deux parties du pays. Cette unité des [[Deux Terres]] est fréquemment évoquée par la scène dite du ''Séma-taouy'' ou « Réunion des Deux-terres ». Ce motif décoratif figure fréquemment sur les deux flancs latéraux du trône royal. La plante du Sud, le [[Lilium candidum|lys blanc]] et celle du Nord, le [[Cyperus papyrus|papyrus]], sont vigoureusement nouées ensemble par [[Horus]] et [[Seth]] ou par deux [[Hâpy]] (esprit de l'inondation) autour du [[Écriture hiéroglyphique égyptienne|hiéroglyphe]] de la [[trachée]] artère (''séma''), un [[idéogramme]] qui évoque les notions d'unité et de réunification<ref>{{Harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=16-17}}.</ref>. Dès les débuts de l'histoire égyptienne, les déesses [[Nekhbet]] et [[Ouadjet]] sont les deux déesses tutélaires de la double-monarchie pharaonique. Les deux déesses figurent pour la première fois ensemble sur une étiquette en [[ébène]] découverte dans une tombe datée du règne de [[Hor-Aha]] ({{Ire dynastie égyptienne}}). Cette fonction protectrice leur est ensuite assignée jusqu'à la fin de la royauté pharaonique et même par-delà. Dans le temple d'[[Esna]], [[Tibère]] ([[empereur romain]] de 14 à 37) est ainsi figuré entre elles deux tel un pharaon couronné du [[Pschent]]<ref>{{Harvsp|Corteggiani|2007|p=404-406 et 366-368}}.</ref>.
{{Citation bloc |Alors Amon, ce dieu magnifique, maître des trônes du Double Pays, se transforma et prit l'apparence de Sa Majesté, le [[roi de Haute et de Basse-Égypte]] Âakhéperkarê (Thoutmosis {{Ier}}), époux de la reine. Il la trouva comme elle dormait dans la beauté de son palais.}}
 
<gallery mode="packed" caption="Dualité monarchique" heights="220">
L'accouplement divin intervient alors :
Seth + horus.jpg|alt=détail d'un trône|Scène du ''Séma-taouy''. Trône de {{noble|Sésostris Ier}}, {{XIIe dynastie égyptienne}}, [[Musée égyptien du Caire]].
Edfu Tempel 42.jpg|alt=mur sculpté d'un temple|Couronnement de {{noble|Ptolémée VIII}}, [[Edfou]].
</gallery>
 
=== ''Regalia'' pharaoniques ===
{{Début citation}}Après qu'il l'eut approchée étroitement et qu'elle s'extasiait à contempler sa splendeur (''nfrw=f'') divine, voici que l'amour d'Amon pénétra son corps. Le palais était inondé du parfum du dieu dont toutes les senteurs étaient celles de Pount. (...) Paroles dites par Amon, maître des trônes du Double Pays : (...) Certes, Khene-met-imen-Hatchepsout (Rejeton d’Amon, Première des Nobles Dames) sera le nom de cette fille que j’ai placée dans ton corps. Elle exercera cette bienfaisante royauté dans ce pays tout entier.{{Fin citation}}
{{Article détaillé|Attributs du pharaon{{!}}Liste des attributs du pharaon}}
[[Fichier:Thutmose I, copy of relief, Deir el-Bahari (MMA 30.4.137).jpg|vignette|alt=dessin coloré d'un roi et d'une reine|Représentation du pharaon {{noble|Thoutmôsis Ier}} et de son épouse. Copie d'une fresque de [[Deir el-Bahari]], {{XVIIIe dynastie égyptienne}}.]]
 
Les attributs du pharaon ou ''regalia'' pharaoniques sont un ensemble d'objets symboliques de la royauté égyptienne. Dans l’iconographie, les pharaons se distinguent de leurs sujets par des attributs qui sont autant de symboles de leur fonction. Les dieux, détenteurs originels du pouvoir royal, peuvent également porter certains de ces insignes. Pharaon ne paraît jamais tête nue en public eu égard à sa fonction divine. Dès la {{Ire dynastie égyptienne}}, la [[Hedjet|couronne blanche]] de [[Haute-Égypte]] est portée très couramment ; de même que la [[Decheret|couronne rouge]] de [[Basse-Égypte]] et la [[Pschent|double-couronne ''pschent'']]. Cette dernière s'adapte parfois à la [[Némès|coiffe-''némès'']], un linge plissé et rayé. Plus tardive, la [[Khépresh|coiffe bleue ''khépresh'']] est assez fréquente sous le [[Nouvel Empire]]. Puissant symbole de protection, le serpent-''[[uræus]]'' ceint immanquablement le front royal en toute occasion. Les sceptres sont d'autres symboles de domination. La [[Sceptre Héqa|crosse-''héqa'']] et le [[Nekhekh|flagellum-''nekhekh'']], aux [[Houlette (agriculture)|aspects pastoralistes]], démontrent que le pharaon est le berger de son peuple, le guidant et le protégeant. Parmi les autres attributs figurent la queue de taureau fixée à l'arrière du pagne (symbole de fécondité et de virilité), la [[Barbe postiche|barbe cérémonielle]] (symbole d'autorité et de sagesse), les écharpes, les sandales et les pagnes. Tous ces insignes sacrés ont conféré à leur détenteur une autorité civile en tant que commandant suprême de l'administration étatique, une autorité militaire en tant chef des armées et une autorité religieuse en tant que représentant terrestre des dieux. Chaque ''regalia'' est porteuse de sa propre signification symbolique. Chacune d'elles est une puissante [[amulette]] magique dont le rôle est de protéger le pharaon de tout danger et d'éloigner loin de lui les forces hostiles qui hantent l'univers (démons invisibles, rebelles égyptiens, pays ennemis)<ref>{{Harvsp|Wilkinson|1999|p=186}}.</ref>.
Puis Amon donne à [[Khnoum]], le potier divin, l'ordre de modeler l'enfant et son [[ka]]. Lorsque l'épouse royale accouche de la future reine, elle est entourée d’une [[ennéade]] de divinités, disposées en trois rangées de trois. L’enfant est présentée à Amon qui lui promet la royauté terrestre ; il en confie l'allaitement à [[Hathor]], la nourrice divine.
 
=== NotesTitulature royale ===
 
{{Article détaillé|Titulature royale dans l'Égypte antique}}
<references/>
[[Fichier:Psammetichus II Cartouches Aswan.jpg|left|vignette|alt=Rocher gravé|Titulature de {{noble|Psammétique II}} à [[Assouan]] - {{XXVIe dynastie égyptienne}}.]]
 
En [[Égypte antique]] comme dans d'autres sociétés anciennes ou primitives, donner un [[Composition de l'être dans l'Égypte antique#Nom (ren)|nom]] à une personne est lourd de signification. Le nom de l'enfant est généralement donné par la mère à la naissance. Il est choisi en fonction des croyances religieuses locales ou est le reflet de préoccupations familiales plus particulières<ref>{{harvsp|Wilson|1993|p=17-56}}.</ref>. À partir de l'[[Ancien Empire]], lors du couronnement, chaque nouveau pharaon se voit attribuer une [[Titulature royale dans l'Égypte antique|titulature officielle]] composée de cinq noms successifs. Ces derniers définissent la nature de la personne royale et constituent en même temps une idéologie du pouvoir. Ils se suivent dans un ordre invariable ; le [[nom d'Horus]], le [[nom de Nebty]], le [[nom d'Horus d'or]], le [[nom de Nesout-bity]] et le [[nom de Sa-Rê]]. Les noms royaux sont tout naturellement imprégnés d'un fort symbolisme politico-religieux car ils visent à intégrer le détenteur de la charge pharaonique dans la sphère du sacré. Au cours du règne, lorsqu'un événement d'importance advient (victoire militaire, célébration d'un jubilé), la titulature peut être amendée afin de l'évoquer. Tout au long de la civilisation, certains concepts sont immanquablement mentionnés dans les titulatures comme la puissance, la compétence, la fécondité, la vitalité ou la justice ([[Maât]]). Dans la pensée égyptienne, le nom donne vie à la chose qu'il désigne et le détruire revient à anéantir magiquement son possesseur. D'où l'importance qu'attachent les pharaons aux noms qui les désignent et l'acharnement avec lequel ils ont fait marteler ceux d'un prédécesseur honni<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=307-318}}.</ref>.
== Bibliographie ==
 
Pour d'exemple, nous donnons à lire ci-dessous la [[Titulature royale dans l'Égypte antique|titulature du pharaon]] {{noble|Psammétique II}}, un représentant de la {{XXVIe dynastie égyptienne}} qui a régné entre 595 et 589 avant notre ère :
* {{de}} {{Ouvrage | id = HWH | auteur = [[Hans Wolfgang Helck]] | titre = Die Prophezeiung des Nfr.tj, Kleine ägyptische Texte | publi = 2{{e}} éd. | lieu = Wiesbaden | année = 1992}} ;
* [[Nom d'Horus]] : ''Menekh ib, Celui qui est loyal,''
* {{de}} {{Ouvrage | id = KHS | auteur = [[Kurt Heinrich Sethe]] | titre = Erläuterungen zu den ägyptischen Lesestücken | lieu = Darmstadt | année = 1976}} ;
* [[Nom de Nebty]] : ''Ouser-â'', Celui dont le bras est puissant
* {{en}} {{Ouvrage | id = AHG | auteur = [[Alan Henderson Gardiner]] | titre = Egyptian Grammar | éditeur = Oxford University Press | année = 1973}} ;
* [[Nom d'Horus d'or]] : ''seneferou taouy'', Celui qui rend les Deux Terres parfaites.
* {{Ouvrage | id = CDR | auteur = [[Christiane Desroches Noblecourt]] | titre = La reine mystérieuse Hatchepsout | éditeur = Pygmalion | année = 2002}}.
* [[Nom de Nesout-bity]] : ''nefer ib rê'', Le cœur de Rê est parfait
* [[Nom de Sa-Rê]] : ''psametik'' (Psammétique)<ref>{{Harvsp|Dessoudeix|2008|p=504}}.</ref>.
 
La titulature royale est intimement liée aux statues et aux autres représentations iconographiques de Pharaon. Une statue anonyme est inconcevable car l'absence du nom du détenteur de la charge royale revient à lui dénier l'exercice de la royauté terrestre. Tout comme l'image, le nom est le signe de la présence de Pharaon<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=36-40}}.</ref>. Aussi, dans les [[Temple de l'Égypte antique|temples]], le nom de Pharaon est omniprésent et figure gravé sur les parois, sur les plafonds, sur les colonnes<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Erik|nom1=Hornung|lien auteur1=Erik Hornung|titre=L'esprit du temps des pharaons|lieu=Paris|éditeur=Philippe Lebaud Éditeur/Édition du Félin|année=1996|pages totales=219|passage=192|isbn=2-86645-237-2}}.</ref>.
== Photos ==
 
== Rites de la monarchie ==
<gallery>
 
Image:Egypt_Abou_Simbel6.jpg |[[Ramsès II |Ramsès {{II}}]] terrasse les ennemis de l'Égypte ([[temples d'Abou Simbel]])
=== Couronnement ===
Image:Egypt_Abou_Simbel1.jpg |[[Ramsès II |Ramsès {{II}}]] sur son char ([[temples d'Abou Simbel]])
{{Article détaillé|Couronnement du pharaon}}
 
{{Hiero | couronnement,<br /> apparition glorieuse | <hiero>N28:D36-G43-Y1:Z2</hiero> | trans = khâou | époque = égypte | align = right}}
Le sacre (ou couronnement) de Pharaon est un cérémonial complexe formé d'un ensemble de rites destinés à inaugurer un nouveau règne. Il s'agit d'une fête religieuse organisée par les prêtres après les funérailles du roi précédent dans un délai de soixante-dix jours après la mort du roi (délai nécessaire à la momification de la dépouille). La luxuriance de la cérémonie est telle qu'il est jusqu'à présent impossible aux [[égyptologue]]s de la reconstituer dans ses moindres détails. La documentation disponible (iconographie et textes) insiste sur quelques faits saillants ; sortie du palais, lustration, entrée dans le temple, imposition des couronnes, intronisation, proclamation de la titulature. En tout premier lieu se tient l'avènement qui est la prise de pouvoir effective le lendemain matin après la mort du pharaon précédent. L'avènement peut donc se dérouler à n'importe quel moment de l'année. Ce jour est aussi le début du [[Comput ecclésiastique|comput]] des années de règne. Par contraste, la date du couronnement est mise en relation avec un événement cosmique favorable. Au [[Moyen Empire]], le couronnement se tient le [[Jour de l'an]] au début de l'inondation du [[Nil]] (fin [[juin]]). Au [[Nouvel Empire]], la date coïncide avec la réapparition de la [[Lune]] dans le ciel comme l'attestent les textes au sujet d'{{noble|Amenhotep Ier}}, {{noble|Thoutmôsis Ier}}, {{noble|Amenhotep II}}, {{noble-|Amenhotep IV}} ([[Akhenaton]]) et {{noble|Ramsès II}}. La cérémonie peut aussi se tenir lors des [[solstice]]s et des [[équinoxe]]s<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=247-248}},<br />{{harvsp|Wilkinson|1999|p=209-210}}.</ref>.
 
Dans les textes égyptiens, l'acte du couronnement est présenté comme une apparition divine dans le monde : ''khâou nesout'' « apparition du roi de Haute-Égypte », ''khâou bity'' « apparition du roi de Basse-Égypte » et ''khâou nesout-bity'' « apparition du roi de Haute et Basse-Égypte ». Le terme ''khâou'' « apparition » sert aussi à désigner les couronnes que porte le souverain. Il s'agit d'un [[Substantivation|dérivé substantivé]] du verbe ''khâi'' qui signifie « apparaître, briller ». Ce verbe sert à décrire le lever du soleil au petit matin lorsqu'il étincelle au-dessus de l'horizon. D'emblée, Pharaon est ainsi assimilé à [[Rê]], le dieu solaire<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=245-246}}.</ref>. Dans l'[[Écriture hiéroglyphique égyptienne|écriture hiéroglyphique]], ''khâi'' et ''khâou'' sont deux notions restituée par l'[[idéogramme]] d'une colline surmontée d'une sorte d'auréole en éventail. Cette auréole peut être interprétée comme les premiers rayons du soleil sur la terre. Dans les plus anciennes occurrences cette auréole contient quatre bandes concentriques de couleur différentes (bleu, vert et rouge) ; aussi peut-on y voir une représentation plausible de l'[[arc-en-ciel]]<ref>{{harvsp|Betrò|1995|p=161}}.</ref>.
 
<gallery mode="packed" caption="Couronnement" heights="250">
SethAndHorusAdoringRamsses (2).JPG|alt=Mur décoré|{{noble|Ramsès II}} couronné par [[Seth]] et [[Horus]]. [[Grand temple d'Abou Simbel]], {{XIXe dynastie égyptienne}}.
Couronnement Ramses III.jpg|alt=trois statues|[[Horus]] et [[Seth]] couronnant {{noble|Ramsès III}}, {{XXe dynastie égyptienne}}, [[Musée égyptien du Caire]].
</gallery>
 
=== Confirmation du nouvel an ===
 
Selon la vision cyclique du [[temps]] des [[Égypte antique|anciens Égyptiens]], la fin de l'année est une période de danger et de rupture. Durant les cinq [[jour épagomène|jours épagomènes]], le pouvoir bénéfique des [[Divinités égyptiennes|divinités]] et de Pharaon, leur héritier, connaît un affaiblissement auquel des rites de régénération doivent remédier. L'essentiel de la [[liturgie]] est documenté par un [[papyrus (papier)|papyrus]] conservé au [[Brooklyn Museum]]<ref group=n>Ce document, le ''Papyrus Brooklyn 47.218.50'', long de {{unité|1.94|m}} pour {{unité|25|cm}} de haut, a été acquis par le collectionneur [[Charles Edwin Wilbour]] et a été déroulé en 1966 par l'égyptologue [[Serge Sauneron]] puis découpé en trois parties inégales pour une mise sous verre. Le texte a été traduit en français en 1972 par [[Jean-Claude Goyon]] (cf. {{Harvsp|Goyon|1972|p=1, 13}}).</ref>. La langue employée remonte au [[Moyen Empire]] mais la copie plus tardive date de la [[Basse époque]] en suivant une liturgie remaniée au [[Nouvel Empire]]<ref>{{harvsp|Goyon|1972|p=8}}.</ref>. Par allusions, le rite est aussi consigné sur l'embrasure des portes des [[Temple de l'Égypte antique|temples]] de l'[[Dynastie lagide|époque ptolémaïque]] à [[Karnak]], [[Edfou]] et [[Philæ]]<ref>{{Article|auteur=[[Philippe Derchain]]|titre=Conférence de M. Philippe Derchain.|périodique=École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 103|année=1994-1995|pages=145-150|lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ephe_0000-0002_1994_num_107_103_14998}}.</ref> et un hymne d'offrande figure dans le ''[[Livre des morts des Anciens Égyptiens|Livre des Morts]]'' (chapitre 168 A/B).
[[Fichier:Lepsius tut.JPG|vignette|gauche|alt=image colorée de deux hommes égyptiens|Le pharaon [[Toutânkhamon]] assis sous un [[dais]] cérémoniel - {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - Copie d'un relief par [[Karl Richard Lepsius|K. Lepsius]].]]
La cérémonie est une reprise de certains gestes cérémoniels d'intronisation<ref group=n>Pour un résumé détaillé du rituel de confirmation, lire : Dimitri Meeks et Christine Favard-Meeks, ''La vie quotidienne. Les dieux égyptiens'', Paris, Hachette, 1993, chapitre : « La machine univers au moment de tous les dangers ».</ref>. Elle se déroule près et dans la cour de la [[Maison de vie dans l'Égypte antique|Maison de vie]], sur une quinzaine de jours, avant la venue de la crue du [[Nil]], entre le premier des [[jour épagomène|jours épagomènes]] et le 9 du mois de [[Thout]]. La ville d'origine du rite n'est pas connue, peut-être [[Héliopolis (Égypte)|Héliopolis]], mais il s'est diffusé à travers le pays et a été mis en œuvre dans les grands temples provinciaux. À Edfou, la confirmation se tient aussi le premier du mois de [[Tybi]], date anniversaire du couronnement d'[[Horus]], avant l'ensemencement des champs et en lien avec l'investiture annuelle du [[Horus#Faucon sacré|Faucon sacré]]<ref>{{harvsp|Goyon|1972|p=41-46}}.</ref>. Le pharaon ou à défaut son substitut rituel (le ''prêtre-du-roi'') subit un long cérémonial de renaissance où le pouvoir monarchique est confirmé par l'assimilation de la personne royale à [[Rê]] le dieu solaire d'[[Héliopolis (Égypte)|Héliopolis]] et à [[Horus]], fils d'[[Osiris]]. Dans une première phase, durant le ''Cérémonial du Grand Siège'', le pharaon est purifié des miasmes de l'année écoulée. Il reçoit des amulettes en faïence (les glyphes ''[[ânkh]]'' et ''[[Sceptre Ouas|ouas]]'', vie et puissance) ainsi que des parures régalienne (écharpe, couronnes, pagne). À neuf reprises, Pharaon est oint avec des [[Pommade#Onguent|onguents]] [[Prophylaxie|prophylactiques]] destinés à repousser les esprits malins (morts en colère, envoyés de [[Sekhmet]], démons massacreurs de [[Bastet]]) et toute chose néfaste. Dans une seconde phase, durant les journées des ''Rites de l'Adoration d'Horus qui confère l'héritage'', se met en place une [[Magie (surnaturel)#Méthode : magie opératoire, magie naturelle|magie opératoire]] où le glyphe ''iaout'' « fonction royale » est dessiné sur la main du roi<ref group=n><hiero>O44</hiero>Ce glyphe représente une sorte de colonne [[wikt:papyriforme|papyriforme]] qui supporte une paire de cornes de bovidé entre laquelle s'insère la spirale de la couronne rouge de Basse-Égypte. Ce symbole est en lien avec le dieu de la fertilité [[Min (dieu)|Min]].</ref>. Ce même emblème est confectionné en [[mie]] de pain mâchée que le roi doit ingérer. Après l'incorporation de la « fonction » dans le corps du roi, l'année passée est symboliquement enterrée sous la forme d'une galette enrobée dans du limon de l'année nouvelle. La confirmation se parachève par la remise de quatre sceaux, deux au nom de [[Geb]] et deux au nom de [[Maât]] et [[Neith]], placés sous la tête du roi. Ce dernier est couché sur un lit d'apparat durant un sommeil simulé qui évoque la mort. Le matin du jour de l'an, Pharaon se réveille, jeune et renouvelé.
Le rituel se poursuit par divers gestes dont le massacre des ennemis par la décapitation symbolique de sept plantes, des offrandes aux dieux souterrains et aux ancêtres royaux que sont les [[Suivants d'Horus]]<ref group=n>Cette partie est l'une des versions connues du chapitre 168 A/B du ''Livre des Morts''.</ref> et par le déploiement de neuf oiseaux au-dessus de la tête du roi<ref>{{harvsp|Goyon|1972}}.</ref>.
 
=== Fête-Sed (jubilé) ===
{{Article détaillé|Fête-Sed}}
{{Hiero | Fête-Sed | <hiero>s-d:N21-O23-W4</hiero> | trans = heb-sed | époque = égypte | align = left}}
Comme tous les êtres humains, Pharaon est soumis au vieillissement et à l'amoindrissement de ses forces. Cependant, en raison de sa proximité avec les dieux, il peut surmonter ces aspects néfastes grâce à des rituels de régénération dont il a le privilège. Dès les débuts de la monarchie pharaonique, les pharaons ont pris pour habitude de célébrer au bout de trente ans de règne une fête jubilaire dénommée ''[[Fête-Sed|Heb-Sed]]'' (ou Fête de [[Sed(y)|Sed]]), ensuite répétée à des intervalles plus rapprochés ; généralement tous les deux-trois ans<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=304-305}}.</ref>. Malgré l'importance de la documentation égyptienne, il est très difficile de se faire une idée précise du déroulement de la fête-Sed qui semble s'étendre sur au moins cinq journées consécutives. Sa signification est plus profonde que la simple célébration de la longévité du roi. Dans son essence, il s'agit d'un rituel de régénération dans lequel la puissance magique et la force physique du pharaon en exercice sont renouvelés ainsi que ses relations avec les divinités et avec le peuple.
[[Fichier:Abydos Tempelrelief Ramses II. 16.JPG|vignette|[[Djéser]] effectuant la course rituelle - {{Ire dynastie égyptienne}} - [[Complexe funéraire de Djéser|Saqqarah]].]]
Une partie du jubilé réaffirme le [[wikt:séculier|pouvoir séculier]] du pharaon par un rite de revendication territoriale connue sous le nom de « dédicace du champ ». Au sol, deux bornes délimitent un champ de course orienté sud-nord. Cet espace symbolise les limites territoriales du pays dans lesquelles est exercé le pouvoir pharaonique. À quatre reprises, Pharaon se déplace à grandes foulées entre les deux bornes afin de réaffirmer ses prétentions territoriales sur le pays et sur l'ensemble de la création<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=300-301}}.</ref>. Cette course n'est cependant pas le rituel central du jubilé. Dans l'[[Écriture hiéroglyphique égyptienne|écriture hiéroglyphique]], le jubilé s'écrit avec le sigle de la ''tjentjat'' qui représente deux estrades accolées. Par ce moyen est signifié que l'acte rituélique central est le renouvellement du double couronnement de Pharaon, une fois en tant que roi de [[Haute-Égypte]], une seconde fois en tant que roi de [[Basse-Égypte]]<ref>{{harvsp|Frankfort|1951|p=122-136}}.</ref>. Lors de la fête, Pharaon traverse différents états d'être lors d'un parcours mystique. Chaque étape est symbolisée par le port d'un costume spécifique. Ces différents costumes cérémoniels apparaissent dans ce qu'il est convenu d'appeler les piliers « osiriaques ». Ces éléments décoratifs appartiennent à l'architecture des temples du culte royal édifiés durant les [[Moyen Empire|Moyen]] et [[Nouvel Empire]]s. Par le moyen de statues colossales (hautes de {{unité|1.95|m}} à {{unité|9.50|m}}) adossées à des piliers, Pharaon apparaît debout et statique les deux bras croisés sur la poitrine ; par exemple [[Hatchepsout]] à [[Deir el-Bahari]] et {{noble|Ramsès II}} au [[Ramesséum]]. Cette attitude n'est pas sans rappeler les figurations du dieu [[Osiris]], surtout lorsque Pharaon est vêtu du suaire mortuaire qui le fait ressembler à une momie. Les textes gravés sur les piliers attestent cependant très clairement le contexte jubilaire : {{Citation|Première fois de la fête-Sed ; qu'il soit un doué de vie !}}, {{Citation|Première fois de la fête-Sed ; puisse-t-il en célébrer de très nombreuses comme Rê éternellement<ref>{{Article|auteur1=[[Christian Leblanc]]|titre=Piliers et colosses de type « osiriaque » dans le contexte des temples de culte royal|périodique=BIFAO 80|année=1980|passage=69-89|lieu=Le Caire|lire en ligne=http://www.ifao.egnet.net/bifao/80/}}.</ref> !}}
<gallery mode="packed" caption="Fête-Sed" heights="250">
Heb Sed Sesostris III.jpg|alt=bloc gravé de dessins bizarres|Évocation du double couronnement lors de la [[fête-Sed]] de {{noble|Sésostris III}}. Les années de règnes (palmes) sont données par les enseignes d'[[Horus]] et [[Seth]] - {{XIIe dynastie égyptienne}} - bloc sculpté découvert à [[Médamoud]].
S F-E-CAMERON 2006-10-EGYPT-WESTBANK-0153.JPG|Piliers « osiriaques » d'[[Hatchepsout]] à [[Deir el-Bahari]] - {{XVIIIe dynastie égyptienne}}.
</gallery>
 
== Idéologie du pouvoir pharaonique ==
 
=== Maât, la référence ===
 
[[Fichier:Maat.jpg|vignette|alt=visage d'une femme|Personnification de la déesse [[Maât]], la référence du pouvoir pharaonique.]]
 
L'État pharaonique résulte de la conjonction de plusieurs éléments : à savoir l'autorité unique du pharaon, le territoire délimité de l'Égypte, l'homogénéité culturelle de la population, le centralisme gouvernemental et administratif, la déconcentration régionale des quarante-deux [[Nome (Égypte antique)|nomes]], l'écriture commune des scribes, les structures judiciaires et militaires et d'abondante ressources agricoles et artisanales. La [[Maât]] est l'idéologie de référence, la norme qui légitime toutes les institutions et tous les comportements humains. Cette référence s'exerce à tous les niveaux de la hiérarchie sociale de la plus humble à la plus élevée<ref>{{harvsp|Menu|2004|p=18 et 85}}.</ref>.
 
Le pharaon est un monarque absolu et sacré qui concentre en sa personne les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Les dérives despotique et tyrannique lui sont interdites par le jeu de la Maât. La littérature égyptologique désigne généralement cette notion par les concepts de « Vérité-Justice » et d'« harmonie cosmique » mais il faut aussi lui ajouter les notions de la « prospérité » et de la « victoire guerrière ». En résumé, la Maât est un principe de vie ; l'ensemble des conditions qui font apparaître et se renouveler la vie<ref>{{harvsp|Menu|2004|p=86-87}}.</ref>. Son exact contraire est ''isefet'' manifestation des aspects déchaînés de la vie sociale (vol, mensonge, avidité, cruauté, colère, crise, violence). D'après des textes comme les ''[[Lamentations d'Ipou-Our]]'' et la ''[[Prophétie de Néferti]]'', les périodes de grande crise se caractérisent par l'absence conjointe de la Maât et de Pharaon. Ce dernier est son garant terrestre, celui qui par son discours et ses comportements incite chaque individu à observer des pratiques justes<ref>{{harvsp|Fermat|Lapidus|1999}}.</ref>.
 
Tout au long de l'histoire de la monarchie égyptienne, le discours pharaonique se caractérise par l'antinomie entre les concepts de ''Maât'' et ''isefet''. Dès les ''[[Textes des pyramides]]'', le pharaon est « celui qui met Maât à la place d’''isefet'' » et « celui qui amène la ''Maât'', qui repousse l’''isefet'' ». Selon [[Bernadette Menu]] cette assertion résume les deux fonctions essentielles du roi égyptien. En tant que combattant, pharaon repousse ''isefet'' par la guerre contre les envahisseurs et la chasse contre les bêtes sauvages. Pour réussir cela, il se doit de disposer d'un appareil militaire (troupes, police). Dans son rôle nourricier, le pharaon amène la ''Maât'' en accomplissant des rites agraires et en garantissant, par sa neutralité, une bonne justice (scribes, juges) ; en particulier au sujet du bornage des champs après l'inondation annuelle<ref>{{Harvsp|Menu|2004|loc=chapitres 1, 3, 6.}}.</ref>.
 
=== Rassemblement des nomes (provinces) ===
 
{{Article connexe|Nome (Égypte antique)}}
[[Fichier:Nomes of Ancient Egypt.png|vignette|gauche|Carte des quarante-deux nomes de [[Haute-Égypte|Haute]] et [[Basse-Égypte]].]]
 
Les civilisations antiques de la [[Grèce antique|Grèce]] et de [[Rome antique|Rome]] ont fondé leurs sociétés politiques sur le concept de la communauté de [[Citoyenneté|citoyens]] libres (''[[polis]]'' et ''[[Citoyenneté romaine|civitas]]''). En [[Égypte antique]], où le phénomène est plus ancien, la fondation des groupes humains ne s'est pas appuyé sur la citoyenneté mais sur le concept du [[wikt:lignage|lignage]]. Le lignage ne repose pas tant sur les liens du sang que sur celui du partage en commun d'un culte spirituel dédié à un ancêtre commun (paternel ou maternel). Chaque lignage dispose de sa propre [[personnalité juridique]] qui, comme [[personne morale]] non physique, a des droits et des obligations avec un [[wikt:mandat|mandat]] de représentation pour un ensemble de familles évoluant sur un même territoire. Le mandataire du lignage est celui qui exerce l'autorité politique et celui qui officie aux cultes des ancêtres. Il est aussi chargé d'accomplir les rites agricoles de la fertilité car avant de cultiver les champs, il est nécessaire de s'adresser aux ancêtres pour espérer de bonnes récoltes<ref>{{harvsp|Do Nascimento|2011|loc=vers 1h30min}}.</ref>. Durant la [[Période prédynastique égyptienne|Période prédynastique]], les lignages villageois se sont progressivement fédérés entre eux pour constituer des aires plus vaste. Ces territoires sont désignés sous le terme égyptien de ''sepat'' ([[nome (Égypte antique)|nome]] en grec), un mot qui est [[Déterminatifs de l'égyptien ancien|déterminé]] dans l'[[Écriture hiéroglyphique égyptienne|écriture hiéroglyphique]] par l'image d'un champ irrigué<ref>{{harvsp|Bonnamy|Sadek|2010|p=539}}.</ref>. Ces nomes, d'abord territoires tribaux autonomes, sont devenus, sous les [[Période thinite|premières dynasties]], des divisions régionales administrées par un fonctionnaire : le [[nomarque]] dont la charge est d'appliquer la volonté royale et les coutumes traditionnelles des anciens lignages<ref name="Menu">{{harvsp|Menu|1998|p=12-13}}.</ref>.
 
Tout au long de l'histoire égyptienne, les nomes ont conservé leur légitimité propre basé sur le culte des dieux locaux ([[Anubis]] à [[Cynopolis]], [[Horus]] à [[Edfou]], [[Hathor]] à [[Dendérah]], [[Seth]] à [[Nagada|Noubt]], etc. Pour les Égyptiens, une communauté humaine est avant tout une large famille placée sous la protection d'ancêtres communs ; à savoir, ''in fine'', les grandes [[divinités égyptiennes]]. En période forte ([[Ancien Empire|Ancien]], [[Moyen Empire|Moyen]] et [[Nouvel Empire]]s), le pharaon partage le pouvoir avec les dieux des nomes qu'il domine. Cette suprématie royale s'incarne dans le faucon [[Horus]], dieu emblématique de la monarchie et vainqueur de [[Seth]], le semeur de trouble. En période faible (les trois Périodes intermédiaires), la royauté se morcelle entre les dieux des Nomes et leurs représentants (nomarques) dans l'attente d'un nouveau roi fort capable de fédérer l'ensemble du pays<ref name="Menu"/>.
 
<gallery mode="packed" caption="Les triades de Mykérinos" heights="210">
GD-EG-Caire-Musée017.JPG|
Menkaura.jpg|
TriadStatueDepictingHareNomeGoddessHathorAndMekaura MuseumOfFineArtsBoston.png|
</gallery>
 
=== Loyalisme ===
 
Parmi les textes légués par l'[[Égypte antique]] figure le genre des [[prophétie]]s où un sage capable de prédire l'avenir s'adresse à Pharaon en des termes pathétiques. Deux textes majeurs sont connus ; les ''[[Lamentations d'Ipou-Our]]'' et la ''[[Prophétie de Néferti]]''. Ils décrivent un royaume égyptien dévasté par d'horribles événements où les voleurs règnent en maître, où tout bonheur est absent et où les cycles naturels sont bouleversés<ref>{{harvsp|Fermat|Lapidus|1999|p=6}}.</ref> :
{{Citation bloc|On prendra les armes de guerre, le pays vivra dans le tumulte. On fabriquera des pointes de flèches en cuivre, on demandera du pain avec du sang. On s'esclaffera devant la souffrance, on ne pleurera plus devant la mort, on n'observera plus le jeûne rituel lors d'un décès. Le cœur de l'homme ne se préoccupera que de lui-même. […] Je te décris le fils comme un adversaire, le frère comme un ennemi, l'homme assassinant son père. Chaque bouche sera emplie de cette parole : « Seul compte mon intérêt ».|''La Prophétie de Néferti'' (extraits). Traduction de A. Fermat et M. Lapidus<ref>{{harvsp|Fermat|Lapidus|1999|p=74-76}}.</ref>.}}
[[Fichier:Egyptian Bust.jpg|vignette|alt=statue antique|Buste colossal de {{noble|Ramsès II}} - {{XIXe dynastie égyptienne}} - [[British Museum]].]]
Le milieu égyptologique considère généralement ces deux textes comme la description des graves troubles politiques et sociaux de la [[Première Période intermédiaire]] qui a entre autres vu le pillage des pyramides de l'[[Ancien Empire]]. Selon l'égyptologue [[Miriam Lichtheim]] les prophéties égyptiennes s'inscrivent plutôt dans une perspective symbolique. Seul un pharaon juste et puissant est capable de mettre fin au chaos. Si le gouvernement de Pharaon est mauvais, s'il n'observe pas la [[Maât]] (la loi divine) alors le chaos-''isefet'' prend le dessus, le malheur se répand et l'injustice règne en maître<ref>{{harvsp|Fermat|Lapidus|1999|p=83-84}}.</ref>. La lecture du ''[[Livre de l'Exode]]'' nous a habitué à voir en Pharaon un être injuste qui gouverne ses sujets par la violence et l'[[Servitude dans l'Égypte antique|assujetissement]]. Les sages égyptiens ont cependant eu une perception toute contraire de l'institution pharaonique. Dans le ciel, les forces cosmiques sont incapables de fonctionner sans [[Rê]], le maître des dieux. Sur terre, les Égyptiens ne peuvent prospérer sans Pharaon, le maître des hommes<ref>{{harvsp|Assmann|1999|p=132-133}}.</ref>. Toute action humaine doit nécessairement s'insérer dans les structures de l'État pharaonique imaginé comme la transposition terrestre du gouvernement céleste de Rê. Dans ce cadre idéologique, la réussite d'une existence individuelle découle forcément de son loyalisme envers Pharaon ; lui-même étant assimilé aux dieux vivificateurs :
{{Citation bloc|[…] unissez-vous à Sa majesté dans vos cœurs ; car il est le dieu [[Sia (mythologie)|Sia]] qui réside dans les cœurs, et ses yeux sondent chaque corps. Il est [[Rê]], grâce aux rayons duquel on voit, et il illumine le Double Pays plus que le disque solaire. Il est aussi celui qui fait reverdir la terre plus que le [[Hâpy|Nil]] en sa crue, après qu'il a empli les [[Deux Terres]] de force et de vie. […] Il donne la force à ses compagnons et des nourritures à ceux qui suivent son chemin. Le roi est un ''[[Composition de l'être dans l'Égypte antique#Ka|ka]]'' ; sa bouche, c'est l'abondance. C'est lui qui crée ce qui sera. C'est [[Khnoum]] pour tous les corps, qui a engendré les êtres venus à l'existence. C'est [[Bastet]] qui protège le Double Pays. Celui qui l'adorera trouvera assistance. Mais c'est [[Sekhmet]] pour qui transgresse son ordre ; et celui qu'il hait sera accablé de misère. Combattez pour son nom, témoignez du respect pour sa vie ; ainsi vous serez exempts de toute action dommageable ; celui qui est aimé par le roi sera un ''[[imakhou]]''. Il n'y a pas de tombe pour qui se révolte contre Sa Majesté, et son cadavre est jeté à l'eau. Agissez donc ainsi et votre corps sera sain et prospère. Vous découvrirez que ceci est valable pour l'éternité.|''Instruction royaliste de Séhotepibrê'' (extrait). Traduction de [[Claire Lalouette]]<ref>{{harvsp|Lalouette|1984|p=76-77}}.</ref>.}}
 
=== Pharaon comme dieu ===
{{Article détaillé|Mythes royaux de légitimation dans l'Égypte antique}}
 
Selon les concepts de l'idéologie royale, la nature de Pharaon est double : humaine et divine. La notion de la divinité de Pharaon a évolué selon les époques. Sous L'[[Ancien Empire]], Pharaon est par essence un dieu chargé de maintenir en ordre la création. Selon la théologie dominante, il est comme le dieu solaire [[Rê]] dont il est le fils. Après les bouleversements politiques de la [[Première Période intermédiaire]], sous le [[Moyen Empire]], Pharaon se rapproche de ses sujets. Il est choisi par Rê et joue le rôle de médiateur. Au [[Nouvel Empire]], Pharaon est le fils charnel du dieu, sa semence. Les liens filiaux entre le roi et les dieux sont mis en avant. À partir de {{noble|Thoutmôsis III}}, la divinité de pharaon devient un instrument du pouvoir et la légitimité est, au besoin, prouvée par le mythe de la [[théogamie]] ou entérinée par le recours à un oracle dans le temple d'[[Amon]]. À toutes les époques la divinité de Pharaon est exploitée à des fins politiques et de propagande. Moins l'accession au trône est justifiée, plus le roi régnant prend la peine de démontrer qu'il a été choisi entre tous et que les dieux l'ont désigné, parfois même dès sa naissance<ref>{{harvsp|Manouvrier|1996|p=564-567}}.</ref>.
[[Fichier:Temple of Ramses 2 (2347208521).jpg|vignette|redresse=1.5|alt=temple antique|Les quatre colosses de {{noble|Ramsès II}} à [[Grand temple d'Abou Simbel|Abou Simbel]].]]
L'aspect divin de la personnalité de Pharaon s'exprime à travers le concept du ''Ka Nesout'' ou « Ka du roi ». Le [[Composition de l'être dans l'Égypte antique#Ka|Ka]] est l'autre corps du roi, son tempérament, son double, son élément immortel. Par son Ka, le pharaon est lié aux dieux et s'intègre dans toute la lignée de ses prédécesseurs royaux. Dans les scènes de la [[théogamie]], le Ka apparaît en même temps que le corps lors de la conception. Cependant Pharaon ne devient divin qu'à partir du moment où il s'unit à son Ka, lorsque sa forme humaine fusionne avec cet élément immortel. Cette fusion se produit lors du couronnement lorsque l'individu prend place sur le trône d'[[Horus]]. Pharaon est en effet perçu comme la personnification du Ka d'Horus. C'est la fonction royale qui fait du roi un dieu, c'est-à-dire lorsque le roi s'identifie pleinement à Horus, fils d'[[Osiris]] et à [[Rê]], le dieu créateur, dont il est le fils<ref>{{harvsp|Manouvrier|1996|p=464 et 556}}.</ref>. Le Ka du roi peut être matérialisé de différentes manières. La forme la plus spectaculaire est la statue-colosse haute de plusieurs mètres. Plus que tous les autres pharaons, {{noble|Ramsès II}} a usé de ce moyen de propagande ; à [[Memphis (Égypte)|Memphis]], à [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]], à [[Pi-Ramsès]] ou à [[Temples d'Abou Simbel|Abou Simbel]] en les plaçant à l'entrée des temples. Ces colosses sont plus que des objets de décoration. Il s'agit d'objets du culte destiné à la vénération du peuple. Ces statues jouent le rôle d'intercesseur auprès des dieux car elles portent en elles une part de l'essence divine du souverain<ref>{{harvsp|Manouvrier|1996|p=464-466 et 556}}.</ref>.
 
== Fonctions ==
{{Article détaillé|Fonctions pharaoniques}}
 
=== Prêtre suprême ===
[[Fichier:GD-EG-Louxor-106-2.JPG|vignette|gauche|alt=un groupe de deux statues|[[Horemheb]] agenouillé devant [[Atoum]] avec deux pots d'offrandes dans les mains - fin de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - [[Musée de Louxor]].]]
 
Le [[Temple de l'Égypte antique|temple égyptien]] est un lieu sacré qui accueille sur terre une parcelle de l'[[Divinités égyptiennes|éternité divine]]. Au plus profond du sanctuaire, la [[Divinités égyptiennes#Statues cultuelles|statue divine]] concentre en elle le mystère des forces cosmiques à l'œuvre dans l'univers. À heure fixe, les [[Clergé de l'Égypte antique|prêtres]] prodiguent à la statue des soins domestiques précis. D'une manière théorique, Pharaon est seul autorisé à approcher la statue. Dans les faits, physiquement absent, il est remplacé par les prêtres, ses substituts. Pharaon est toutefois omniprésent par l'image. L'entière décoration des murs est consacrée à sa rencontre avec la divinité. De multiples gestes d'offrande sont accomplis. Boissons, nourritures, parures, onguents et minéraux sont apportés afin d'entretenir les forces divines qui assurent la prospérité au pays<ref>{{harvsp|Cauville|2011|p=3-17}},<br />{{Harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=124-127}}.</ref>. D'après certains textes, Pharaon se place avec ferveur et sincérité sous la dépendance des dieux. Dès la {{IVe dynastie égyptienne}}, la statuaire royale le montre dans des attitudes serviles ; à genoux avec des objets rituels dans les mains ou les levant dans un geste d'offrande et d'adoration. Cette soumission a pour corollaire l'obéissance. Pharaon se doit d'appliquer les ordres reçus par les dieux. Ces ordres divins sont très divers ; construire un temple, monter une expédition, ériger une paire d'[[obélisque]]s, creuser un puits dans le désert, etc.
 
Le rythme biologique des divinités est calqué sur celui des humains avec son alternance de sommeil et de veille, s’ajoute à cela la nécessité de se nourrir. Le rôle de Pharaon est d’entretenir cette vitalité. Toutes les richesses, tous les vêtements, toutes les nourritures qui convergent vers le temple et ses entrepôts sont un devoir contractuel entre les dieux et les humains mais Pharaon en est le seul garant et responsable<ref>{{harvsp|Cauville|2011|p=11-17}}.</ref>. En tant que concept référentiel, la [[Maât]] permet à Pharaon de maintenir un contact intime avec les forces divines à l'œuvre sur terre depuis le ciel. Dans l'iconographie des temples, l'offrande de la Maât est une scène qui montre Pharaon tendre à une divinité une corbeille sur laquelle est assise Maât. Par ce geste, Pharaon déclenche les cycles divins qui assurent la vie. En offrant la Maât terrestre telle une nourriture, il montre à la divinité à laquelle il s'adresse qu'il est capable d'organiser le bien-être général. En retour de ce don, sans doute le plus précieux de tous, Pharaon obtient des dieux que le système perdure par l'envoi de la Maât cosmique que sont les cycles du temps et des saisons<ref>{{harvsp|Menu|2004|p=95-97}}.</ref>.
 
=== Nourricier ===
 
{{Article connexe|Nil|Hâpy|Agriculture dans l'Égypte antique}}
[[Fichier:Medinet Habu Ramses III18.JPG|vignette|alt=mur décoré|[[Hâpy]] agenouillé et portant un plateau d'offrandes - [[Médinet Habou]] - {{XXe dynastie égyptienne}}.]]
 
L'[[Égypte antique]] a fondé sa prospérité sur les eaux du [[Nil]]. Le régime annuel du fleuve est marqué par deux extrêmes ; la [[crue]] et l'[[étiage]] qui sans cesse se répètent. Chaque année au mois de juin, la crue est attendue avec fébrilité et impatience. Avec fatalisme, un bon niveau d'inondation est espéré. Les Égyptiens n'ont jamais imaginé que Pharaon était capable de commander (tel un dieu) le phénomène de l'inondation. Son rôle est moindre et se limite à obtenir la bienveillance des divinités ; la régularité et l'abondance des eaux étant assurées par le moyen des offrandes cultuelles. La coopération entre Pharaon et les dieux est une question de survie mutuelle. Au sein des temples, l'approvisionnement des autels dépend de l'inondation et celle-ci n'est accordée qu'à la condition d'un service régulier et généreux<ref>{{harvsp|Posener|1960|p=60-61}}.</ref>. Affilié aux dieux, Pharaon est le garant de la fertilité des terres et de la fécondité des troupeaux d'élevage. Le bien-être général de la population est, entre-autres, assuré par la mise en œuvre de rituels festifs annuels destinés à provoquer la prospérité agricole avant la mise en culture des sols. Lors de la montée des eaux de la crue, Pharaon dirige des rituels où la force fécondante de [[Hâpy]] est encouragée par des offrandes jetées dans le fleuve ; pains, gâteaux, fleurs, fruits, statuettes à l'image du dieu. En tant que prêtre suprême, il peut aussi ordonner des sacrifices supplémentaires si la crue est jugée insuffisante. Dès l'[[Ancien Empire]], des [[famine]]s sont toutefois évoquées. La providence royale est cependant présentée comme le contraire exact des calamités de la famine. En ordonnant l'ouverture des réserves, Pharaon met fin à la pauvreté et telle une puissance surnaturelle assure l'abondance générale<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=164-166}}.</ref>.
 
=== Guerrier ===
[[Fichier:Narmer Palette, Egypt, c. 3100 BC - Royal Ontario Museum - DSC09726.JPG|vignette|gauche|alt=Objet ovoïde gris|Réplique de la ''[[Palette de Narmer]]'', {{Ire dynastie égyptienne}}, [[Musée royal de l'Ontario|Royal Ontario Museum]].]]
 
L'imaginaire religieux égyptien est dominé par le mythe du conflit originel entre [[Rê]] et le serpent [[Apophis]]. Dans cette vision pessimiste d'un univers sans cesse menacé, l'expression courante « le banc de sable d'Apophis » est une [[métaphore]] qui sert à désigner la « [[famine]] » et d'une manière générale la « détresse ». Or, pour ce peuple antique, à la pensée très globalisante, les crises mythiques, politiques, sociales et individuelles se réfèrent les unes aux autres. Aussi, quand dans le mythe, Rê triomphe d'Apophis alors, sur terre, c'est Pharaon qui triomphe de toute famine, épidémie, rébellion et guerre. Dans cette optique, tout rebelle, envahisseur et pillard est une manifestation du chaos primordial. Chaos que Pharaon se doit d'éradiquer par sa puissance guerrière<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=42}}.</ref>. La scène du « massacre de l'ennemi » est une représentation du triomphe royal dont la reproduction perdure sur les trois millénaires de la civilisation pharaonique. Pharaon est montré debout, armé d'une massue et tenant par les cheveux un ennemi agenouillé. La massue est brandie bien haut, prête à fracasser le crâne d'un captif apeuré, les bras levés dans un ultime geste défensif. Le [[Char|char de combat]] est introduit en Égypte durant la [[Deuxième Période intermédiaire]] lorsque le [[Delta du Nil]] est sous la domination des [[Hyksôs]]. Ces derniers sont chassés hors du royaume par [[Ahmôsis Ier|Ahmôsis]] au début de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}. Le char de guerre jouant dès lors un grand rôle au cours des opérations militaires, celui-ci devient le nouveau symbole du pouvoir pharaonique. Le roi est montré debout sur son char et crible de flèches ses ennemis. Les représentations historiques de ce genre sont relativement peu nombreuses jusqu'à {{noble|Thoutmôsis III}} mais elles se multiplient sous {{noble|Ramsès II}} à [[Karnak]], à [[Louxor]], au [[Ramesséum]] et dans les temples [[nubie]]ns. Symbole de l'oppression égyptienne, l'image de Pharaon sur son char est battue en brèche dans le ''[[Livre de l'Exode]]'' lorsque la charrerie égyptienne est engloutie dans la mer, victime de la puissance du Dieu de [[Moïse]]<ref>{{Harvsp|Collectif|2014|loc=Renaud Pietri, « Le roi en char au Nouvel Empire », p. 13-22}}.</ref>.
 
=== Législateur ===
[[Fichier:PepiII-DecreeOfOfficialExactionForTempleOfMin MetropolitanMuseum.png|vignette|alt=morceau de pierre|Fragment d'un décret d'exonération fiscale en faveur du temple de Min accordé par {{noble|Pépi II}} - {{VIe dynastie égyptienne}} - [[Metropolitan Museum of Art]].]]
 
L'[[Égypte antique]] est une civilisation qui n'a pas connue de magistrats professionnels. Quel que soit leur rang hiérarchique, les fonctionnaires de Pharaon exercent un pouvoir judiciaire lié à leur fonction. Aucune distinction n'est faite en justice et religion ou entre [[droit pénal]] et [[droit civil]]. La pratique de la [[palabre]] domine et une solution de médiation est tentée afin d'assurer la paix sociale. Pour s'assurer de la véracité des paroles de l'accusé, celui-ci doit prêter serment sur la Vie de Pharaon ou sur la Vie des dieux. Trahir ce serment, c'est s'exposer à la peine de mort. Dans les cas les plus graves, la procédure devient inquisitoriale avec le recours à la torture. Tel est le cas dans l'affaire du ''[[Ramsès III#Conspiration et meurtre|Complot du Harem]]'' où les criminels ont visé la personne de {{noble|Ramsès III}}. En dernière instance, le droit de juger revient à Pharaon surtout lorsqu'il est question d'appliquer la peine de mort. Au cours du premier millénaire avant notre ère s'est aussi largement pratiqué le recours juridique aux dieux par le moyen des pratiques [[Divinités égyptiennes#Oracles|oraculaire]]s<ref>{{harvsp|Menu|1998|p=233-245}}.</ref>. L'État égyptien se caractérise par une organisation basée sur un vaste ensemble de lois écrites conservées dans des archives mises sous la responsabilité du [[Vizir dans l'Égypte antique|vizir]] ; le plus proche collaborateur du souverain. D'une manière générale, les [[wikt:hymne|hymnes]] [[Apologie|apologétiques]] chargent Pharaon de « raffermir » les lois, de les « parfaire », de les « promulguer » et de les « faire appliquer ». Le fonctionnement effectif de la monarchie est assuré par les lois (''hépou'') [[Promulgation|promulguées]] au moyen de décrets royaux (''oudjou nesout'' ; littéralement, les « ordres du roi »). Ces décrets recouvrent une vaste réalité de décisions tels les annonces d'un nouveau règne, les lettres à des fonctionnaires ou à des courtisans, les arrêtés de nomination ou de destitution, les ordres à l'administration comme l'organisation d'une campagne militaire, d'une expédition minière, de l'élévation d'un obélisque ou de la levée d'un impôt exceptionnel. Le souverain peut aussi décider de favoriser un temple en le dotant de terres, de desservants et de cheptels supplémentaires voire d'ordonner son embellissement, sa rénovation ou sa complète reconstruction. Les décrets concernent aussi l'organisation du culte funéraire de ses proches courtisans par le don d'un sarcophage, d'un mastaba ou d'une fondation agricole destinée à la production des offrandes alimentaires. Il apparaît ainsi que les décrets ont soit une portée générale comme l'amélioration des conditions sanitaires, soit une portée particulière comme l'exemption fiscale d'un seul domaine. La composition des décrets fait appel au discernement royal après discussion et consultation des notables, des courtisans mais aussi par la consultation des écrits d'archives<ref>{{harvsp|Bonhême|Forgeau|1988|p=181-182}}.</ref>.
 
== Famille royale ==
 
À l'image des dieux, les pharaons ont brouillé les liens familiaux en pratiquant à l'occasion des unions incestueuses ou rituelles. Grand [[Polygamie|polygame]], Pharaon dispose de nombreuses concubines ; la première de toutes étant la [[Grande épouse royale]]. Garante du sang royal, certaines princesses ont endossé la charge monarchique à l'image d'[[Hatchepsout]]. Évoluant dans un [[Harem dans l'Égypte antique|harem]], ces concubines sont parfois des étrangères, filles de rois voisins. Lieu de rivalités intestines, le harem fut parfois secoué par des [[Conspirations dans l'Égypte antique|conspirations]] visant à éliminer un pharaon sénescent.
 
=== Pratiques matrimoniales ===
 
==== Inceste royal ====
{{Article connexe|Place des femmes dans l'Égypte antique|Inceste}}
[[Fichier:Ägyptischer Maler um 1350 v. Chr. 001.jpg|vignette|gauche|alt=jeune couple|[[Toutânkhamon]] et sa sœur-épouse [[Ânkhésenamon]] - {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - [[Musée égyptien du Caire]].]]
Nombre de travaux [[Ethnologie|ethnologiques]] réalisés depuis la fin du {{s-|XIX}} ont mis en avant les fondements structurels des royaumes africains. D'une manière générale, en [[Afrique]], toute société humaine (petites communautés de quelques villages ou vastes royaumes) se caractérise par son [[Société lignagère|organisation lignagère]]. Symbole d'une unité réalisée à partir de la diversité, le roi africain est l'arbitre suprême de la société qu'il gouverne. Il est un individu isolé car placé en dehors des [[wikt:lignage|lignages]] de l'édifice social. Son pouvoir sacré, magique et religieux s'établit sur une distanciation morale en rupture avec les règles matrimoniales traditionnelles. Aussi, dans plusieurs États africains, au moment de l'intronisation, le roi réalise un acte rituel transgressif ; un [[inceste]] avec une sœur ou une tante qui, par son horreur et sa bestialité, le rejette en dehors des lignages<ref>{{harvsp|de Heusch|1987|p=222-223}},<br>{{Harvsp|Adler|2000|p=26-27}}.</ref>.
 
Ce retournement ou ce brouillage des règles matrimoniales se retrouve déjà dans les pratiques royales de l'Égypte pharaonique. Dans les mythes, les unions frère-sœur sont bien attestées de même pour d'autres relations scabreuses ; [[Shou]] avec sa sœur [[Tefnout]], [[Geb]] avec sa sœur [[Nout]], viol de Tefnout par son fils Geb, [[Seth#Homosexualité divine|relations homosexuelles]] entre [[Seth]] et son neveu [[Horus]]. Quant à [[Osiris]] et [[Isis]], ils sont les principes de la fertilité et selon [[Plutarque]], ils s'unissent déjà dans le sein maternel de [[Nout]]<ref>{{harvsp|Aufrère|2005|p=271}}.</ref>. Dans la famille royale, le mariage frère-sœur est bien documenté, notamment sous l'[[Ancien Empire]] et plus particulièrement sous les {{Dynastie égyptienne|IVe}} et {{VIe dynastie égyptienne}}s<ref>{{harvsp|Baud|1999|p=370}}.</ref>. Cette constatation est tout aussi valable pour les [[Moyen Empire|Moyen]] et [[Nouvel Empire]]s. Sous la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}, le roi [[Toutânkhamon]] est issu de l'union d'[[Akhenaton]] avec sa sœur, une princesse pour nous encore anonyme (momie de la ''[[Younger Lady|Jeune Dame]]''). En âge de se marier, Toutânkhamon épouse sa demi-sœur [[Ânkhésenamon]] et conçoit d'elle deux enfants mort-nés. Il faut cependant se garder d'[[ethnocentrisme]] car le tabou de l'inceste varie fortement d'une société à l'autre. L'horreur de l'union frère-sœur n'a ainsi pas eu cours en Égypte sous [[Période romaine de l'Égypte|annexion romaine]]. D'après les recensements de cette époque, ce type d'union est même assez fréquent dans le [[Oasis du Fayoum|Fayoum]] où il représente près d'un tiers des mariages<ref>{{harvsp|Hopkins|1994}}.</ref>. Cette pratique n'a bien évidemment pas été introduite par les Romains. Pour les époques antérieures, en Égypte, ce type d'union est toléré sans être fréquemment attesté. Certains types d'inceste sont malgré tout réprimés. Les unions parents-enfants sont condamnées de même que les relations maritales ou adultérines entre un individu avec deux [[Consanguinité|consanguins]] à savoir un homme avec deux sœurs ou inversement une femme avec deux frères (inceste de second type)<ref>{{harvsp|Baud|1999|p=364-366}}.</ref>. De ces interdits les pharaons se sont largement affranchis et cela à toutes les époques ; sans doute par rite d'inversion<ref>{{Harvsp|Leclant|2005|p=1130}}.</ref>. Sous l'[[Ancien Empire]], il est possible de penser que [[Khéops]] ait fait de ses filles ses épouses rituelles ; ces dernières disposant d'un tombeau près de sa [[Pyramide de Khéops|pyramide]]. On sait de manière certaine que {{noble|Pépi Ier}} a épousé deux sœurs {{noble|Ânkhésenpépi Ire}} et {{noble|Ânkhésenpépi II}} (inceste de second type). Au [[Nouvel Empire]], il est attesté qu'{{noble|Amenhotep III}}, [[Akhenaton]] puis {{noble|Ramsès II}} et {{noble|Ramsès III}} ont convolé rituellement avec plusieurs de leurs filles<ref>{{harvsp|Obsomer|2012|p=250-260}},<br />{{Harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=34-36}}.</ref>.
 
==== Transmission de la royauté ====
 
Après une révolte humaine, le dieu-roi [[Rê]] s'est retiré vers le ciel en laissant aux dieux de l'[[Ennéade]] la direction du monde, puis à des rois semi-divins et enfin à des monarques humains, les pharaons, qui sont ses fils et représentants sur terre. La légitimité de Pharaon se fonde donc sur une ascendance divine. Selon le ''[[Théogamie|Mythe de la théogamie]]'', chaque fois que le [[démiurge]] [[Amon-Rê]] désire engendrer un représentant terrestre, il prend l'apparence du pharaon régnant et s'unit charnellement à une humaine qui, de ce fait, devient la reine mère<ref>[[Pascal Vernus]], ''Dictionnaire amoureux de l'Égypte pharaonique'', Paris, 2010, Plon.</ref>. En Égypte ancienne, il n'existe aucun mot pour désigner l'institution du mariage et aucune cérémonie publique ou privée n'a existé pour les particuliers. Le mariage est un état de fait, une cohabitation d'un homme et d'une femme au sein d'une même maison<ref>{{harvsp|Forgeau|1986|p=178-179}}.</ref>. Grand [[Polygamie|polygame]], Pharaon dispose d'un grand nombre de concubines. Au sein des temples, ce fait est généralement passé sous silence dans l'iconographie où l'accent est surtout mis sur la relation entre le roi et son épouse principale, cette dernière jouant un rôle rituel d'importance. Au niveau de la famille royale, la règle successorale est la [[primogéniture]] illustrée par le mythe d'[[Osiris]] et son fils [[Horus]]. Dans les faits, de par la grande [[mortalité infantile]], une grande souplesse a prévalu et nombre de princes issus d'un même souverain mais de mères différentes ont ainsi pu se prévaloir du titre de « fils aîné du roi »<ref>{{harvsp|Baud|1999|loc=''passim''}}.</ref>.
 
[[Fichier:HouseAltar-AkhenatenNefertitiAndThreeOfTheirDaughters.png|vignette|gauche|redresse=1.3|alt=vieille pierre sculptée et décorée|[[Akhenaton]] en compagnie de son épouse [[Néfertiti]] et de trois princesses - {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - [[Altes Museum]].]]
 
Selon toute apparence, les petits-fils royaux dont le père n'a lui-même pas régné sont exclus de la succession. À défaut d'héritier mâle, la transmission s'effectue au plus proche parent par droit d'aînesse, de frère aîné à frère cadet. Si une lignée est épuisée, la transmission peut passer à une autre branche de la famille royale. Une même famille peut ainsi se répartir sur plusieurs dynasties, comme les {{Dynastie égyptienne|IVe}} et {{Ve dynastie égyptienne}}s, les {{Dynastie égyptienne|XVIIe}} et {{XVIIIe dynastie égyptienne}}s et probablement aussi les {{Dynastie égyptienne|XIXe}} et {{XXe dynastie égyptienne}}s<ref>{{harvsp|Servajean|2014|p=139-140}}.</ref>.
 
Dans l'idéal, la légitimité de l’héritier de la couronne est garantie, tout à la fois, par l'origine royale du père et de la mère. Contrairement à une idée largement répandue, il n'existe pas de [[matriarcat]] et la transmission n'est pas véhiculée par la lignée de la mère. L'épouse n'est que la gardienne de la pureté royale donnée au futur héritier. Si l'héritier est issu d'une épouse secondaire ou d'une concubine, il se doit d'épouser sa demi-sœur née de la [[Grande épouse royale]]. Dans ce cas, la continuité de la dynastie passe par l'épouse mais le pouvoir revient à l'époux. C'est donc à la fois le souci d’assurer la légitimité de l’héritier du trône et la volonté de souligner la nature divine de Pharaon qui explique la prérogative royale de l’inceste<ref>{{harvsp|Forgeau|1986|p=183-184}}.</ref>. Le mariage avec une princesse du sang royal n'est cependant pas une obligation et nombre de pharaons ont pris des roturières pour Grande épouse. De plus, tel pharaon dont la légitimité était douteuse ou contestée pouvait légitimer sa prise du pouvoir en faisant valoir qu'elle avait été voulue par la divinité. Le dieu marquait son choix par un signe, une naissance prodigieuse ([[théogamie]]) pour les rois de la {{Ve dynastie égyptienne}} et pour [[Hatchepsout]], un rêve de l'heureux élu tel {{noble|Thoutmôsis IV}} au pied du [[Sphinx de Gizeh|Grand Sphinx]] ou un oracle rendu par [[Amon]] au bénéfice d'[[Horemheb]] et d'[[Alexandre le Grand]]<ref>{{harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|loc=''passim''}}.</ref>.
 
=== Place des femmes ===
 
==== Cinq pharaonnes ====
{{Article connexe|Nitocris|Néférousobek|Hatchepsout|Ânkh-Khéperourê|Taousert}}
 
Sur les quelque {{unité|345|pharaons}} qui ont gouverné l'Égypte durant plus de trois millénaires, on ne connaît que cinq femmes qui ont réussi à accéder à la charge suprême. D'après l'[[historien]] [[Manéthon de Sebennytos]] ({{sav-|III}} avant notre ère), le principe juridique qu'une [[femme]] puisse devenir pharaon a été accepté par les Égyptiens sous le règne de [[Ninetjer]], le troisième souverain de la {{IIe dynastie égyptienne}} ({{sav-|XXVIII}} avant notre ère).
 
À toutes les époques, la suprématie masculine fut affirmée. Aussi, le règne des femmes est souvent associé à la déliquescence du pouvoir monarchique et se présente comme la prolongation d'une dynastie en proie aux difficultés<ref>{{Harvsp|Leclant|2005|p=1878-1879}}.</ref>.
 
[[Fichier:Louvre 0320O7 01.jpg|vignette|Buste de la pharaonne [[Néférousobek]] - {{XIIe dynastie égyptienne}} - [[Musée du Louvre]].]]
 
La pharaonne [[Nitocris]] semble n'être qu'un personnage légendaire. Les sources grecques parlent de ce souverain comme d'une femme ([[Hérodote]], Manéthon, [[Ératosthène]]) mais le nom grec de Nitokris semble dériver du nom égyptien Nétikerti, un roi de la fin de la {{VIe dynastie égyptienne}} mentionné par le ''[[Canon royal de Turin]]'' et assimilable au roi [[Netjerkarê]] de la ''[[Liste d'Abydos|Table d'Abydos]]''. Aucun autre document archéologique égyptien ne mentionne Nitokris. Selon la tradition grecque, Nitokris aurait régné à la fin de la {{VIe dynastie égyptienne}} après l'assassinat de son frère {{noble|Mérenrê II}}. Au moyen d'une ruse, elle se serait vengée des meurtriers en tuant un grand nombre d'Égyptiens puis, pour éviter des représailles, se serait suicidée<ref>{{harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=92}},<br>{{Harvsp|Leclant|2005|p=1530}}.</ref>.
 
Le personnage de [[Néférousobek]] « la beauté de Sobek » est incontestable ; elle est la fille du pharaon {{noble|Amenemhat III}} et la sœur-épouse d'{{noble|Amenemhat IV}} auquel elle succède. La fin de son règne marque la fin de la {{XIIe dynastie égyptienne}} et le début de la {{XIIIe dynastie égyptienne}}. Selon le ''Canon royal de Turin'' son règne se limite à trois années et dix mois. Le [[Musée du Louvre]] conserve d'elle une statue fragmentaire, acéphale et se réduisant au buste. Elle porte une robe féminine et, par-dessus, le pagne masculin des pharaons. Sur les épaules, on devine qu'elle porte aussi la coiffe [[némès]]. Sa sépulture est une petite [[Pyramide nord de Mazghouna|pyramide]] édifiée à [[Mazghouna]]<ref>{{harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|p=64, 146}},<br />{{harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=93}}.</ref>.
 
[[Fichier:WLANL - koopmanrob - Maat-ka-Re Hatsjepsoet (RMO Leiden).jpg|vignette|gauche|alt=statue marbrée d'une reine|Statue d'[[Hatchepsout]] - {{XVIIIe dynastie égyptienne}} - [[Rijksmuseum van Oudheden]].]]
 
La plus célèbre des cinq pharaonnes est [[Hatchepsout]] « Celle qui est à la tête des nobles dames » ({{XVIIIe dynastie égyptienne}}). Fille aînée de {{noble|Thoutmôsis Ier}} et épouse de son demi-frère {{noble|Thoutmôsis II}}, elle devient après la mort de son époux la régente du très jeune {{noble|Thoutmôsis III}}, son beau-fils. La septième année de la régence, elle s'empare du pouvoir, se fait couronner et établit une [[Titulature royale dans l'Égypte antique|titulature royale]]. {{noble|Thoutmôsis III}} est, dans les apparences, associé au pouvoir et tous les événements restent datés par rapport à son règne. Hatchepsout conserve le pouvoir jusqu'à sa mort en l'{{nobr romains|an XXII}}. Son règne n'est pas marqué par des conquêtes mais par nombre de restauration architecturales à [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]] et en province. Son nom est surtout associé à son temple funéraire de [[Deir el-Bahari]] dont les parois relatent, entre autres, l'expédition navale vers le [[pays de Pount]]. Considérée comme une usurpatrice par ses successeurs mâles, ses [[cartouche (hiéroglyphe égyptien V10)|cartouches]] ont été martelés et son nom écarté des annales royales officielles<ref>{{Harvsp|Tyldesley|1997}},<br />{{Harvsp|Desroches Noblecourt|2002}}.</ref>.
 
Une autre pharaonne, plus hypothétique et dont l'identité n'est pas connue avec certitude, est [[Ânkh-Khéperourê]]<ref group=n>Ou plutôt Ânkh(t)Khéperourê, car le ''t'' est la marque du féminin, et cette forme est attestée sur plusieurs chatons de bague inscrits, montrant que ce pharaon aurait bien été une femme.</ref> « Les manifestations de Rê sont vivantes ». Elle appartient à la même {{XVIIIe dynastie égyptienne}} qu'[[Hatchepsout]] (qui en était le cinquième pharaon), mais elle est plus tardive puisqu'elle en serait le onzième pharaon. On sait en tout cas que c'est probablement une ''Reine'' qui succède à [[Akhenaton]]<ref name="Smenkhkarê"/>, le pharaon d'une réforme théologique contestée s'orientant vers le [[monothéisme]]. À la mort de celui-ci, elle monte sur le trône pendant une période trouble soumise à la pression de l'offensive des [[Hittites]], l'empire concurrent de l’Égypte de l'époque. Elle aurait régné seulement trois années, entre 1338 et 1335 avant notre ère environ (dates elles aussi controversées<ref name="Mérytaton"/>). Un débat existe sur la question de savoir qui fut cette pharaonne de transition : était-ce [[Mérytaton]], la fille aînée d'Akhenaton et de [[Néfertiti]], devenue [[grande épouse royale]] de son père à la mort de sa mère (c'est l'hypothèse la plus fréquemment retenue) ? Ou bien serait-ce Néfertiti elle-même qui aurait survécu à son royal époux, alors qu'une majorité d'égyptologues pensent qu'elle serait morte avant Akhenaton<ref name="Mérytaton">{{Lien web|langue=fr|auteur=Joël Guilleux |titre= Mérytaton |url=http://www.antikforever.com/Egypte/Reines/ankh-kheperoure.htm |site=Antikforever.com, "4000 ans d'histoire..." |consulté le= 19/12/2020}}.</ref> ? Par ailleurs cette pharaonne aurait peut-être partagé le trône en l'{{nobr romains|an II}} de son règne avec [[Smenkhkarê]], un roi dont l'identité et l'existence sont encore plus hypothétiques que les siennes : serait-il un des fils d'{{noble|Amenhotep III}} ou d'{{noble-|Amenhotep IV}}-[[Akhenaton]] et demi-frère de Mérytaton<ref name="Smenkhkarê"> {{Lien web|langue=fr|auteur=Joël Guilleux |titre= {{XVIIIe|dynastie}}|url=http://www.antikforever.com/Egypte/Dyn/18b.htm#Smenkhkare|site= Antikforever.com, "4000 ans d'histoire..." |consulté le= 19/12/2020|passage={{§|5}} sur Smenkhkarê}}.</ref> ? Peut-être était-il plutôt [[Zannanza]], prince hittite qu'Ânkh-Khéperourê aurait mandé comme époux à l'empereur hittite {{noble|Suppiluliuma Ier}}, pour rétablir des relations diplomatiques et apaiser le conflit avec l'adversaire ? À moins que cette demande de prince hittite comme nouvel époux d'une pharaonne ou d'une reine n'ait émané un peu plus tard d'[[Ânkhésenamon]], troisième fille d'Akhenaton et alors jeune veuve de son demi-frère le pharaon [[Toutânkhamon]]. En tout cas, quelles que fussent leurs identités, ce règne (conjoint ?) est bref : quelques mois tout au plus pour Smenkhkarê<ref name="Smenkhkarê"/>, et tout juste trois ans pour Ânkh-Khéperourê qui aurait peu survécu à son éventuel époux<ref name="Mérytaton"/>. Rappelons que selon l'hypothèse la plus courante, Mérytaton meurt très jeune, à 17 ans<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Joël Guilleux |titre= {{XVIIIe|dynastie}}|url=http://www.antikforever.com/Egypte/Dyn/18b.htm#Smenkhkare|site= Antikforever.com, "4000 ans d'histoire..." |consulté le= 19/12/2020|passage={{§|4}} sur Ânkh(t)Khéperourê - Néfernéferouaton}}.</ref>, mais on n'a pas encore retrouvé sa tombe ni sa momie<ref name="Mérytaton"/> ; et c'est Toutânkhamon qui lui succède. Selon une hypothèse récente (2019) de l'égyptologue Valérie Angenot de l'[[université du Québec]], qui s'appuie sur une longue analyse iconographique de nombreuses représentations, ce ne serait pas une seule {{Citation|mais deux reines qui auraient pris la succession d'[[Akhenaton]]. Deux des six filles du pharaon, [[Mérytaton]] et [[Néfernéferouaton Tasherit]]<ref group=n> Mérytaton et Néfernéferouaton seraient alors deux personnes distinctes et Néfernéferouaton ne serait pas, en ce cas, le deuxième nom de titulature d'Ânkh-Khéperourê.</ref>, qui auraient été couronnées de façon conjointe pour régner sur l'Égypte, [... parce] qu'à la mort de son père Akhenaton, Toutânkhamon, âgé de quatre à cinq ans, était trop jeune pour régner<ref> {{article|langue=fr |périodique=[[Geo (magazine)|GÉO]] |auteur=Émeline Férard|titre=Deux reines égyptiennes pourraient-elles avoir régné avant Toutânkhamon ?|année=2019 |mois=04 |jour=30 |url=https://www.geo.fr/histoire/deux-reines-egyptiennes-pourraient-elles-avoir-regne-avant-toutankhamon-195460|consulté le=20/12/2020 }}.</ref> }}. Toujours est-il aussi que cette période est marquée par une grande confusion à la fois religieuse, politique, dynastique et militaire.
 
Bien moins fameuse qu'Hatchepsout est la pharaonne [[Taousert]] « La Puissante » dont le règne clos la {{XIXe dynastie égyptienne}}, une quinzaine d'années après la mort de {{noble|Ramsès II}} dont elle est une probable petite-fille. Fille de [[Mérenptah]], elle épouse son demi-frère {{noble|Séthi II}} et s'empare du pouvoir après la mort du chétif [[Siptah]]. Elle adopte une titulature royale et fonde un temple funéraire à Thèbes. Son nom est écarté des annales et sa tombe est réutilisée par son successeur, le roi [[Sethnakht]] de la {{XXe dynastie égyptienne}}<ref>{{harvsp|Servajean|2014|loc=''passim''}}.</ref>.
 
==== Grande épouse royale ====
{{Article connexe|Grande épouse royale}}
[[Fichier:Abu Simbel Nefartari Sistrum.jpg|vignette|alt=fresque|[[Néfertari (épouse de Ramsès II)|Néfertari]], épouse de {{noble|Ramsès II}} - {{XIXe dynastie égyptienne}} - [[Petit temple d'Abou Simbel]].]]
En [[Égypte antique]], l'accès d'une femme au pouvoir suprême est un fait hors norme. D'une manière générale, les femmes de la famille royale sont des personnes qui, contrairement aux hommes, n'occupent pas de positions dans la hiérarchie administrative de l'État. De par ses titres, la reine n'est pas un personnage indépendant. Bien au contraire, elle se définit de par ses liens parentaux avec le souverain en tant que ''mout nesout'' « mère du roi », ''sat nesout'' « fille du roi » ou ''hemet nesout'' « épouse du roi »<ref>{{harvsp|Baud|1999|p=333, 185, 192}}.</ref>. Grand [[Polygamie|polygame]], Pharaon peut multiplier les mariages mais seule la ''hemet nesout ouret'' ou « Grande épouse du roi » joue un rôle d'importance dans l'idéologie politico-religieuse de la monarchie. Les héritiers du trône doivent en principe être les fils de la Grande épouse, mais par défaut, ils peuvent être issus d'une épouse secondaire. Dès la {{Ire dynastie égyptienne}}, les reines ont joué le rôle de proche conseillère du roi. Certaines ont mis à profit leur compétence politique en tant que reine-mère, régente ou tutrice. Tel est le cas de la reine {{noble|Ânkhésenpépi II}} dont le fils {{noble|Pépi II}} est monté sur le trône à l'âge de six ans ({{VIe dynastie égyptienne}}). À partir du [[Nouvel Empire]], en tant que ''hemet netjer'' « épouse du dieu » ou ''djeret netjer'' « main du dieu », la reine incarne l'aspect féminin du [[démiurge]] [[Amon-Rê]] ; le principe qui entretient les ardeurs sexuelles et créatrices du maître de l'univers. Ces reines, en tant qu'incarnation terrestre de la déesse [[Mout]] sont venues à porter une perruque arborant une dépouille de [[vautour]] (symbole des qualités maternelles)<ref>{{harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=47, 54-55}}.</ref>. Parmi ces grandes dames, on peut retenir les noms de [[Tétishéri]] l'ancêtre des rois de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}, d'[[Ahmès-Néfertary]] la première des [[Divine adoratrice d'Amon|Divines adoratrices]], de [[Tiyi (épouse d'Amenhotep III)|Tiyi]] l'épouse d'{{noble|Amenhotep III}}, de la belle [[Néfertiti]] l'épouse d'[[Akhenaton]], de [[Néfertari (épouse de Ramsès II)|Néfertari]] l'épouse de {{noble|Ramsès II}}. Pour cette dernière, son époux lui a consacré le [[petit temple d'Abou Simbel]] et une [[QV66|tombe thébaine]] qui a conservé son admirable décoration murale d'origine<ref>{{harvsp|Obsomer|2012|p=231-244}}.</ref>.
 
==== Harem ====
{{Article connexe|Harem dans l'Égypte antique|Enfant du Kep}}
[[Fichier:Musicians and dancers on fresco at Tomb of Nebamun.jpg|vignette|gauche|redresse=1.3|alt=Deux danseuses égyptiennes dansant frénétiquement|Musiciennes et danseuses - [[Nouvel Empire]] - [[British Museum]].]]
L'institution de l’''ipet-nesout'' « appartement du roi » ou ''per khener'' « maison de la réclusion » est approximativement traduite par le mot « [[harem]] » en référence à la résidence des concubines des [[sultan]]s [[musulman]]s de l'[[Empire ottoman]]. En [[Égypte antique]], le harem est une institution parallèle à l'administration royale et indépendante de celle-ci. C'est le lieu de résidence de la [[Grande épouse royale]], des épouses secondaires, des ''khékérout nesout'' « Ornements du roi » et des ''néferout'' « les Beautés ». En ce lieu vivent aussi les enfants royaux, les veuves des pharaons défunts ainsi que leurs suivantes et leurs servantes. Ce vaste groupement humain dispose de sa propre structure de gestion assurée par une hiérarchie administrative de scribes, de percepteurs et de gardiens masculins ; le tout sous la mainmise de la Grande épouse. Le harem possède son propre domaine agricole qui lui assure des revenus réguliers et considérables (troupeaux, pâturages, champs, pêcheries, chasses). Durant leurs journées, les femmes pratiquent le [[Filage textile|filage]] et le [[tissage]] d'une manière industrielle et leurs productions alimentent les temples et la cour royale<ref>{{harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=65-66}}.</ref>. Il n'existe pas qu'un seul harem car cette institution se trouve dans les principales villes du royaume ; à [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]], à [[Memphis (Égypte)|Memphis]] et à [[Akhetaton]] (sous [[Akhenaton]]). Il semble aussi avoir existé une structure itinérante placé dans la suite de pharaon et l'accompagnant à chaque instant, même durant les guerres en territoires étrangers. {{noble|Ramsès II}} a ainsi été accompagné d'une partie de sa famille durant la [[bataille de Qadesh]]. Un des harems le plus considérable a été édifié en Moyenne-Égypte, dans le [[Oasis du Fayoum|Fayoum]] à Mer-Our, l'actuelle Médinet Gourob<ref>{{Article|langue=en|auteur=[[Ian Shaw (égyptologue)|Ian Shaw]]|titre=Seeking the Ramesside Royal Harem : New Fieldwork at Medinet el-Gurob|périodique=Ramesside Studies in Honour of Ken Kitchen|année=2011|lire en ligne=https://www.academia.edu/1085428/_Seeking_the_Ramesside_royal_harem_new_fieldwork_at_Medinet_el-Gurob_Ramesside_Studies_in_Honour_of_Ken_Kitchen_ed._M._Collier_and_S._Snape_Bolton_Rutherford_Press_2011_pp.453-63}}.</ref>. Ce lieu fondé par {{noble|Thoutmôsis III}} a été très florissant sous {{noble|Amenhotep III}} et, selon toute apparence, a encore fonctionné sous les [[Époque ramesside|ramessides]]<ref>{{harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=66-67}},<br />{{Harvsp|Maruéjol|2007|p=114-115}},<br />{{Harvsp|Servajean|2014|p=189-191}}.</ref>. Le harem égyptien n'est pas qu'un lieu de villégiature royale et une unité économique florissante. Les princes royaux y sont éduqués aux côtés des fils des grands dignitaires locaux et étrangers. Les compagnons d'enfance du futur pharaon sont généralement destinés à de brillantes carrières professionnelles en tant que directeur administratif, commandant militaire, héraut ou échanson. Entre le début de la {{Dynastie égyptienne|XIIe}} et la fin de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}, le palais et le harem forment ces jeunes gens dans le Kep ; une salle des appartements royaux spécialement réservée à l'instruction<ref>{{Harvsp|Maruéjol|2007|p=116}}.</ref>.
 
==== Épouses étrangères ====
{{Article connexe|Diplomatie dans le Proche-Orient ancien|Lettres d'Amarna}}
 
Dès l'[[Ancien Empire]], des princesses étrangères sont devenues les épouses secondaires des rois égyptiens. [[Sahourê]] semble ainsi avoir reçu auprès de lui une princesse de [[Byblos]]. Inversement, durant le [[Moyen Empire]] des Égyptiennes ont été envoyées auprès des dirigeants de cette ville [[phénicie]]nne. Les unions diplomatiques sont cependant mieux renseignées pour la période du [[Nouvel Empire]]. Durant tout le deuxième millénaire avant notre ère, les pharaons successifs ont échangé avec leurs homologues du [[Moyen-Orient]] une intense correspondance en [[akkadien]], la langue diplomatique de l'époque ; pour preuve les tablettes [[cunéiforme]]s découvertes à [[Amarna]] en Égypte, à [[Ougarit]] dans l'actuelle [[Syrie]] et à [[Hattusa]] dans l'actuelle [[Turquie]].
 
[[Fichier:Moyen Orient Amarna 1.svg|vignette|redresse=1.8|Carte du Moyen-Orient au -{{sav-|XIV}}.]]
 
D'après une tombe commune découverte en 1916 par des pilleurs dans la [[Vallée des Singes (Égypte)|Vallée des Singes]], on sait que {{noble|Thoutmôsis III}} a épousé trois [[Canaan (région)|cananéennes]] ; les princesses Manheta, Manouai et Marouti<ref>{{harvsp|Maruéjol|2007|p=106-108}}.</ref>. En son temps, {{noble|Thoutmôsis IV}} épouse une princesse du [[Mittani]], la fille du roi {{noble|Artatama Ier}}. Son fils et successeur {{noble|Amenhotep III}} épouse au moins quatre princesses étrangères de haute lignée. [[Giloukhepa]], fille de l'empereur {{noble|Shuttarna II}} du [[Mittani]] arrive en l'an 10 avec une escorte de {{unité|317|dames}} et servantes. En l'an 36, elle est suivie par sa nièce [[Tadukhipa]], sœur de l'empereur [[Tushratta]]. Il est aussi attesté qu'{{noble|Amenhotep III}} a épousé une sœur et peut-être une fille du roi {{noble|Kadashman-Enlil Ier}} de [[Babylone (civilisation)|Babylonie]]<ref>{{harvsp|Cabrol|2000|p=129-136}}.</ref>. Après la mort d'{{noble|Amenhotep III}}, la princesse [[Tadukhipa]], vu son haut rang devient une épouse secondaire d'[[Akhenaton]]. Par la suite, ce dernier a aussi épousé une babylonienne, fille de {{noble|Burna-Buriash II}}<ref>{{harvsp|Desroches Noblecourt|1986|p=40}}.</ref>. Parmi les nombreuses épouses secondaires de {{noble|Ramsès II}} figurent des princesses nubiennes du pays de [[Nubie|Ouaouat]] et des princesses asiatiques, filles des rois vassaux. La mariage le plus prestigieux est célébré en la {{34e|année}} de règne lorsque l'empereur [[Hittites|hittite]] {{noble|Hattusili III}} envoie en Égypte sa fille aînée [[Maâthornéferourê]]<ref>{{Harvsp|Desroches Noblecourt|1996|p=337-344}}.</ref>.
 
== Pratiques et croyances funéraires ==
 
=== Pyramides d'Égypte ===
 
==== Monuments funéraires ====
{{Article détaillé|Complexe pyramidal égyptien}}
[[Fichier:Pyramide Djedkare Isesi 3.jpg|vignette|redresse=1.3|alt=dessin par ordinateur|Essai d'élévation du complexe de la pyramide de [[Djedkarê Isési]] et de sa reine restée anonyme.]]
Dans l'imaginaire collectif contemporain, les [[Pyramides d'Égypte|pyramides]] sont le symbole de l'[[Égypte antique]]. La pyramide est le monument où le corps du pharaon mort est déposé dans un [[sarcophage]] afin de le préserver. Là, s'opère une transformation mystique où la dépouille passe de l'immobilité de la mort vers une vie nouvelle auprès des grands dieux du [[Divinités égyptiennes|panthéon égyptien]]. L'origine du tombeau pyramidal remonte à l'[[Ancien Empire]]. Durant la [[période thinite]] ({{Dynastie égyptienne|Ire}} et {{IIe dynastie égyptienne}}s), chaque pharaon se fait inhumer dans un tombeau surmonté par un [[mastaba]] de forme rectangulaire. Sous [[Djéser]], premier roi de la {{IIIe dynastie égyptienne}}, la superposition de six mastabas de pierre donne la [[Complexe funéraire de Djéser#La pyramide|pyramide à degrés]]. Le passage vers la [[pyramide à faces lisses]] est réalisé par étapes sous le règne de [[Snéfrou]] ({{IVe dynastie égyptienne}}) : [[Pyramide de Meïdoum|pyramide à sept degrés]] à [[Meïdoum]], [[pyramide rhomboïdale]] à [[Dahchour]] (Sud) et [[Pyramide rouge|pyramide parfaite]] à Dahchour (Nord). Ses successeurs, [[Khéops]] et [[Khéphren]] se font édifier les plus imposantes à [[Plateau de Gizeh|Gizeh]] (147 et {{unité|144|mètres}} de haut). Les pharaons qui suivent se contentent de monuments plus modestes à Gizeh, [[Saqqarah]] et [[Abousir]]. Les puissants pharaons du [[Moyen Empire]] poursuivent la pratique, à [[Licht]] notamment. Les pillages de la fin de l'[[Ancien Empire]] ont incité les architectes à doter ces édifices de mesures de sécurité plus compliquées avec des corridors à [[Herse (architecture)|herse]]s et des impasses. Le pharaon [[Ahmôsis Ier|Ahmôsis]] (fondateur de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}) est le dernier souverain à bénéficier d'une pyramide, grâce à son [[Pyramide d'Ahmôsis|cénotaphe]] d'[[Abydos (Égypte)|Abydos]]. Toute pyramide bénéficie d'une substructure intérieure qui comprend des couloirs qui relient une succession de chambres funéraires. Dès la fin de la {{IVe dynastie égyptienne}}, l'intérieur se normalise et suit une règle stricte d'une enfilade de trois chambres successives. Chaque pyramide est desservie par un [[Complexe pyramidal égyptien#Le temple haut|temple haut]] adossé à son pied et qu'une [[Complexe pyramidal égyptien#La chaussée|chaussée couverte]] relie à un [[Complexe pyramidal égyptien#Le temple bas|temple bas]] aménagé en bordure d'un canal en liaison avec le [[Nil]]. Généralement de plus petites pyramides sont édifiées autour de celle du pharaon pour recevoir les dépouilles de la mère ou des épouses royales<ref>{{harvsp|Leclant|2005|p=1844-1846: ''Pyramide'' par Rainer Stadelmann}},<br />{{Harvsp|Vernus|Yoyotte|1988|p=138-139 : ''Pyramides''}}.</ref>. La mémoire du pharaon défunt est entretenue par l'intermédiaire d'un culte funéraire rendu dans les temples haut et bas par un personnel de prêtres spécialement affecté à cette charge. Ces derniers sont rémunérés par les revenus d'une fondation et sont logés, le temps de leur office, dans des cités dortoirs, les ''villes de pyramide''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Daniel|nom1=Soulié|titre=Villes et citadins au temps des pharaons|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2002|passage=pages 108-113, Des cités dortoirs : les villes de pyramide}}.</ref>.
 
{|align="center" style="border:1px solid #993300;"
|-
| colspan="2" align="center" | '''Éléments du complexe pyramidal'''<br />[[pyramide rhomboïdale]] du pharaon [[Snéfrou]] ({{IVe dynastie égyptienne}}) à [[Dahchour]].
|-
|<imagemap>
Fichier:Bent_Pyramid_Complex.png|400 px|center|
 
rect 211 748 270 855 [[Pyramide satellite]]
rect 121 521 328 701 [[Pyramides d'Égypte|Pyramide]]
rect 331 588 371 636 [[Complexe pyramidal égyptien#Le temple haut|temple haut]]
poly 311 467 448 351 576 300 574 267 612 255 628 280 982 125 984 157 472 391 369 466 314 464 [[Complexe pyramidal égyptien#La chaussée|chaussée cérémonielle couverte]]
rect 984 24 1060 159 [[Complexe pyramidal égyptien#Le temple bas|temple bas]]
 
desc bottom-right
</imagemap>
| valign="top" |
# [[Pyramides d'Égypte|Pyramide]]
# Pyramide satellite
# [[Complexe pyramidal égyptien#Le temple haut|temple haut]]
# [[Complexe pyramidal égyptien#La chaussée|chaussée cérémonielle]]
# [[Complexe pyramidal égyptien#Le temple bas|temple bas]]
|}
 
==== ''Textes des pyramides'' ====
{{Article détaillé|Textes des pyramides{{!}}''Textes des pyramides''}}
[[Fichier:Unas Pyramidentexte.jpg|vignette|gauche|alt=mur couvert de hiéroglyphes|redresse=1.2|Chambre intérieure de la [[pyramide d'Ounas]] couverte de textes - {{Ve dynastie égyptienne}}.]]
 
Les chambres funéraires de la plupart des [[Pyramides d'Égypte|pyramides]] sont restées [[wikt:anépigraphe|anépigraphes]] (sans inscriptions). Les pyramides des pharaons [[pyramide d'Ounas|Ounas]], [[pyramide de Téti|Téti]], {{noble|Pyramide de Pépi Ier|Pépi Ier}}, {{noble|Pyramide de Mérenrê Ier|Mérenrê Ier}}, {{noble|Pyramide de Pépi II|Pépi II}} et [[pyramide de Qakarê-Ibi|Qakarê-Ibi]] présentent toutefois l'intérêt exceptionnel de voir figurer sur leurs parois les ''[[Textes des pyramides]]''. Ces inscriptions sont les plus anciens textes religieux connu à ce jour et sont à la base de nos connaissances sur les fondements de la religion égyptienne. Les formules magiques et liturgiques qui composent cette collection sont très disparates. Elles témoignent de différents courants de pensée mais toutes se rejoignent dans une préoccupation unique ; assurer à Pharaon une survie éternelle. Les moyens pour parvenir à l'éternité sont multiples. Dans certains passage, le défunt est identifié à [[Osiris]] et règne sur les morts dans le sombre royaume de l'Occident. Dans d'autres, influencé par la doctrine des prêtres d'[[Héliopolis (Égypte)|Héliopolis]], Pharaon est le dieu solaire [[Rê]] qui parcourt glorieusement le ciel dans ses barques [[Barque Mândjyt|diurne]] et [[Barque Mésektet|nocturne]]<ref>{{harvsp|Leclant|2005|p=2155-2156 : ''Textes des pyramides''}}.</ref>. Dans l’''[[Hymne cannibale]]'', la force magique de Pharaon est entretenue par l’absorption du corps des dieux débités en morceaux. À l'occasion de dialogues ésotériques avec un [[Passeur (Égypte antique)#Traversée royale|passeur récalcitrant]], la traversée d'un canal est assimilé à un voyage vers les contrées de l'Au-delà. Dans d'autres formules, encore, Pharaon désire sortir de sa pyramide et monter vers les étoiles afin de briller éternellement, sans fatigue, dans le ciel nocturne. Le thème majeur de tous ces textes est la montée de Pharaon vers les contrées céleste. Pour ce faire de nombreux moyens d'ascension sont mis à sa disposition, le Pharaon grimpe à une corde ou à une échelle fixée entre ciel et terre, navigue dans des barques mythiques, devient flamme ardente ou fumée d'encens, se transforme en oiseau (faucon, oie, pélican, vautour, etc), en taureau sauvage, en serpent, en insecte, marche, nage, bondit ou pagaye dans des attitudes sportives ; devient nuage, orage, lumière, vent ou air<ref>[[Christian Jacq]], ''Le Voyage dans l'autre monde selon l'Égypte ancienne : épreuves et métamorphoses du mort d'après les textes des pyramides et les textes des sarcophages'' (thèse de {{IIIe|cycle}} en Études égyptologiques, soutenue à Paris en 1979), [[Éditions du Rocher]], coll. « Civilisation et tradition », Monaco, 1986, 492 p, {{ISBN|2-268-00456-2}}.</ref>.
 
=== Nécropole thébaine ===
 
Avec les pharaons du [[Nouvel Empire]] prend fin la période de construction des [[pyramides d'Égypte]]. Durant près de {{unité|500|ans}}, sous les {{Dynastie égyptienne|XVIIIe}}, {{Dynastie égyptienne|XIXe}} et {{XXe dynastie égyptienne}}s se met en place une pratique funéraire qui consiste à effectuer une scission géographique entre la tombe et le temple mémoriel (ou [[Temple des millions d'années]]).
 
==== Hypogées de la vallée des Rois ====
{{Article détaillé|Hypogée|Vallée des Rois}}
[[Fichier:Tal der Könige 09.jpg|vignette|gauche|alt=montagne rouge pointue|Vue sur la montagne thébaine.]]
 
Durant tout le [[Nouvel Empire]], la plupart des pharaons ont été inhumés à l'ouest de [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]]. Leurs tombes souterraines ([[hypogée]]s) ont été creusées au sein de la [[vallée des Rois]], un [[oued]] situé au nord-est de « [[La Cime]] », une colline pyramidale qui culmine à {{unité|300|mètres}} de haut. Les Anciens Égyptiens ont probablement vu dans cette élévation naturelle un symbole du tertre primordial sur lequel s'est éveillé [[Rê]] à l'aube des temps. Sur les trente-deux pharaons de cette époque, au moins vingt-six ont fait le choix de ce lieu. La plus ancienne tombe royale connue sur le site est celle de {{noble|Thoutmôsis Ier}} ([[KV20|Tombe {{n°|20}}]]), la dernière étant celle qui a été apprêtée pour {{noble|Ramsès XI}} ([[KV4|Tombe {{n°|4}}]]). Vers la fin, la vallée était percée par une soixantaine de tombes royales ou princières ce qui ne manqua pas de poser des problèmes de place et d’empiétement. Le choix du lieu de creusement revenait aux architectes et aux carriers. Ce choix était ensuite approuvé par le vizir et le pharaon. Une fois le lieu choisi, se déroulait un rituel de purification et de fondation par le creusement de quatre à cinq petits puits dans lesquels étaient déposés des offrandes (outils, vases, amulettes). Il n'existe pas deux tombes royales semblable. La taille d'une tombe n'est pas corrélée avec la longueur du règne même si des considérations de temps et de ressources ont pu entrer en jeu. Son plan dépend bien plus des notions théologiques élaborés par les prêtres pour le pharaon défunt car les textes et les scènes pariétales qui y figurent servent à son [[composition de l'être dans l'Égypte antique#Ba|âme]] comme des guides sur les chemins de l'[[Au-delà (Égypte antique)|au-delà]]. La vie des ouvriers et artisans chargés de creuser puis décorer ces tombes est relativement bien documentée. Ceci grâce aux vestiges archéologiques de leur lieu d'habitation ; le village de [[Deir el-Médineh]] composé de près de soixante-dix maisons regroupées à l'intérieur d'un mur d'enceinte<ref>{{harvsp|Weeks|2001|p=112-123}}.</ref>.
 
<gallery mode="packed" caption="Plans de quatre tombes de la vallée des rois" heights="300">
KV35.jpg|[[KV35|tombeau d'{{noble-|Amenhotep II}}]] - {{XVIIIe dynastie égyptienne}}.
KV62 Tutankhamun.jpg|[[Tombeau de Toutânkhamon]] - {{XVIIIe dynastie égyptienne}}.
KV17 - Seti I Schematic.jpg|[[KV17|tombeau de {{noble-|Séthi Ier}}]] - {{XIXe dynastie égyptienne}}.
KV7 Rameses II Schematic.jpg|[[KV7|tombeau de {{noble-|Ramsès II}}]] - {{XIXe dynastie égyptienne}}.
</gallery>
 
==== Temple des millions d'années ====
{{Article détaillé|Temple des millions d'années}}
[[Fichier:SFEC AEH -ThebesNecropolis-2010-RamsesIII045.jpg|vignette|gauche|alt=vestiges|Vue aérienne sur le temple des millions d'années de {{noble|Ramsès III}} - [[Médinet Habou]] - {{XXe dynastie égyptienne}}.]]
 
Après l'[[hypogée]], le [[temple des millions d'années]] est le second élément architectural du culte funéraire des pharaons du [[Nouvel Empire]]. Chacun de ces temples a été édifié à la lisière du désert sur la rive occidentale de [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]] dans une zone que les voyageurs grecs de l'Antiquité ont baptisée ''Memnonnia''. Elle s'étend au pied de [[La Cime]] qui est la colline au sein de laquelle ont été creusées les tombes pharaoniques. S'ils avaient tous été conservés intacts, ces temples auraient constitué une rangée quasi ininterrompue depuis le [[Temple des millions d'années de Séthi Ier|temple]] de {{noble|Séthi Ier}} à [[Cheikh Abd el-Gournah|Gournah]], au nord, jusque vers le [[Temple des millions d'années de Ramsès III|temple]] de {{noble|Ramsès III}} à [[Médinet Habou]], au sud, en passant entre autres par les temples de {{noble|Montouhotep II}} et [[Hatchepsout]] à [[Deir el-Bahari]], le [[Ramesséum]] (temple de {{noble|Ramsès II}}) et l'Aménophium (temple d'{{noble|Amenhotep III}}). L'état de conservation de ces édifices est très divers. L'Aménophium, le plus gigantesque, a très tôt disparu : dès la [[Époque ramesside|période ramesside]]. Aujourd'hui, il n'en reste plus que les deux [[colosses de Memnon]]. Ceux de {{noble|Séthi Ier}} et {{noble|Ramsès II}}, sont très ruinés et le mieux conservé est celui de {{noble|Ramsès III}}<ref>{{harvsp|Weeks|2001|p=54-58}}.</ref>.
 
Le rôle des temples des millions d'années est avant tout funéraire. Dans les décors du [[Naos|saint des saints]] sont évoquées les multiples formes de renaissance de Pharaon sous les aspects d'[[Osiris]] et de [[Rê]]-[[Horakhty]]. Ces lieux servent cependant aussi à commémorer les victoires militaires et tous les hauts-faits royaux car les dieux ont confié à Pharaon la charge de promouvoir l'ordre afin d'asseoir la [[Maât]] (harmonie cosmique et sociale). Ces temples sont, en outre, aussi consacrés au dieu [[Amon]] car les rois qui y sont honorés le sont en qualité d'invités de cette grande divinité. Chaque année au cours de la [[Belle fête de la vallée]] ([[Phaophi|{{2e|mois}}]] de la saison de l'[[Akhet|Inondation]]), les statues d'[[Amon]] et de [[Mout]] quittaient leurs temples de [[Karnak]] et se rendaient en procession dans la [[nécropole thébaine]] avec des arrêts dans chaque temple des millions d'années. Tous ces sanctuaires disposaient d'un important personnel de prêtres et de serviteurs et drainaient de considérables ressources en nature entreposées dans des greniers attenants<ref>{{harvsp|Weeks|2001|p=54-109}}.</ref>.
 
==== Momies pharaoniques ====
{{Article connexe|TT320|KV35}}
[[Fichier:DB320 Tomb.jpg|vignette|alt=rocher|Entrée de la cachette royale de Deir el-Bahari ([[TT320]]).]]
Les momies de la plupart des grands pharaons du [[Nouvel Empire]] sont parvenues jusqu'à nous. À la fin de la {{XXe dynastie égyptienne}} débutent les premiers [[Pillage des tombeaux égyptiens|pillages des tombeaux]] de la [[vallée des Rois]] ; les pilleurs étant avides de s'emparer des bijoux précieux disposés entre les bandelettes des [[momie]]s ou rangés dans des coffrets funéraires. Le phénomène s'accentue au début de la {{XXIe dynastie égyptienne}}. Pour préserver les corps, les autorités de cette époque décident d'exhumer les dépouilles royales, de les regrouper puis de les cacher en des lieux secrets. Durant plusieurs millénaires, ces momies sont oubliées de tous. En 1871, les trois frères Mohamed, Ahmed et Soliman Abd el-Rassoul, habitants du village de [[Cheikh Abd el-Gournah|Gournah]], découvrent une de ces cachettes. Durant dix ans, ils profitent de cette aubaine et vendent discrètement des amulettes précieuses à de riches touristes. En 1878, l'égyptologue [[Gaston Maspero]] prend connaissance de ce trafic d'antiquités. Le {{date-|6 juillet 1881}}, après enquête de la police, les trois frères révèlent l'emplacement de la cachette située dans les rochers de [[Deir el-Bahari]]. [[Émile Charles Albert Brugsch|Émile Brugsch]] est le premier scientifique à descendre dans la [[TT320|cachette royale]], à l'origine une tombe creusée pour le grand-prêtre {{noble|Pinedjem II}}. Dans un désordre indescriptible, il constate la présence d'une cinquantaine de momies dont celles des plus illustres pharaons des {{Dynastie égyptienne|XVIIe}}, {{Dynastie égyptienne|XVIIIe}}, {{Dynastie égyptienne|XIXe}} et {{XXe dynastie égyptienne}}s ; [[Seqenenrê Tâa]], {{noble|Ahmôsis Ier}}, {{noble|Amenhotep Ier}}, {{noble|Thoutmôsis Ier}}, {{noble|Thoutmôsis II}}, {{noble|Thoutmôsis III}}, {{noble|Ramsès Ier}}, {{noble|Séthi Ier}}, {{noble|Ramsès II}}, {{noble|Ramsès III}}, {{noble|Ramsès IX}}. Après un très rapide dégagement, les momies sont déposées à [[Louxor]] puis acheminées par bateau jusqu'au [[Le Caire|Caire]] où elles arrivent à la mi-juillet. Les années suivantes, elles sont étudiées par [[Gaston Maspero]] et son équipe du [[Musée de Boulaq]]<ref>{{harvsp|Janot|2008|p=67-71}}.</ref>. L'année 1898 est la date de la découverte d'une seconde cache. Après avoir procédé à des sondages de terrain dans la [[vallée des Rois]], l'égyptologue [[Victor Loret]] découvre, le 6 mars, l'entrée de la tombe d'{{noble|Amenhotep II}}. Il y constate la présence de la momie de son propriétaire ainsi que les corps de huit autres pharaons : {{noble|Thoutmôsis IV}}, {{noble|Amenhotep III}}, [[Mérenptah]], {{noble|Séthi II}}, [[Siptah]], {{noble|Ramsès IV}}, {{noble|Ramsès V}}, {{noble|Ramsès VI}}. Dans les mois suivant ces deux découvertes, les momies ont été «débandelettées» et les mieux conservées exposées au public. Elles sont à présent conservées par le [[Musée égyptien du Caire]]. Certaines identifications effectuées par Maspero sont maintenant controversées ; celle de {{noble|Thoutmôsis Ier}} n'est ainsi probablement pas la bonne<ref>{{harvsp|Janot|2008|p=75-79}}.</ref>.
 
<gallery mode="packed" caption="Momies de quatre pharaons du Nouvel Empire" heights="200">
Thutmose II mummy head.png|{{noble|Thoutmôsis II}}
Ramses II mummy head view.jpg|{{noble|Ramsès II}}
Merneptah mummy head.png|[[Mérenptah]]
Ramses III mummy head.png|{{noble|Ramsès III}}
</gallery>
 
==== Trésor funéraire de Toutânkhamon ====
{{Article détaillé|Toutânkhamon|Tombeau de Toutânkhamon}}
[[Fichier:Tuts Tomb Opened.JPG|vignette|gauche|alt=|[[Howard Carter]] et un assistant égyptien occupés à nettoyer la momie du jeune pharaon.]]
Le règne du pharaon [[Toutânkhamon]] a été court et peu glorieux (fin de la {{XVIIIe dynastie égyptienne}}). Il monte sur le trône, très jeune, à l'âge de neuf ans et meurt précocement avant ses vingt ans. À l'occasion de ses funérailles, il bénéficie à l'instar des autres pharaons d'une tombe dans la [[vallée des Rois]] dotée d'un riche matériel funéraire. Dans les années suivantes, son tombeau a été visité par deux fois par les [[Pillage des tombeaux égyptiens|pilleurs de tombe]]. Mais le jeune souverain n'ayant pu imposer sa renommée à ses contemporains, sa tombe a cependant été très vite oubliée de tous. La redécouverte de ce tombeau quasiment inviolé remonte à novembre 1922 après plusieurs années de fouilles infructueuses conduites par [[Howard Carter]] et financées par [[George Herbert (égyptologue)|Lord Carnarvon]]<ref>{{harvsp|Gros de Beler|2000|p=26-43}}.</ref>. Le tombeau se présente comme un modeste [[hypogée]] avec un couloir en pente douce qui conduit vers quatre salles souterraines regorgeant de plus d'un millier d’[[artéfact (archéologie)|artéfacts]] : trônes, fauteuils, lits funéraires et lits utilitaires, coffres, malles, boîtes, chars d'apparat et chars utilitaires, vaisselle, statues, statuettes, vêtements, oushebtis, etc.<ref>{{Lien web
| langue = en
| auteur = The Griffith Institute
| url = http://www.griffith.ox.ac.uk/gri/carter/HomePage.html
| titre = Tutankhamun: Anatomy of an Excavation. The Howard Carter Archives. Photographs by Harry Burton. List of Objects.
| année = 2000-2004
| site = www.griffith.ox.ac.uk
| consulté le = 5 avril 2015}}.</ref>. Entre l'automne 1922 et l'hiver 1927, la sépulture est méticuleusement vidée de son contenu.
 
L'ensemble des objets est à présent conservé par le [[Musée égyptien du Caire]]. Dans la chambre funéraire, la momie du pharaon repose dans trois cercueils anthropomorphes de taille croissante. Le tout est déposé dans un sarcophage de pierre de forme rectangulaire, long de {{unité|2.74|m}} sur {{unité|1.47|m}} de large. Ce dernier est lui-même protégé par une succession de trois chapelles en bois doré de taille dégressive, emboîtées les unes dans les autres, la plus grande occupant presque tout l'espace de la chambre funéraire. Sur leurs parois, la décoration évoque des chapitres du ''[[Livre des morts des Anciens Égyptiens|Livre des Morts]]'', du ''[[Livre de l'Amdouat]]'' et du ''[[Livre de la vache du ciel]]''<ref>{{harvsp|Gros de Beler|2000|p=71-73}}.</ref>.
 
<gallery mode="packed" caption="Trésor funéraire de Toutânkhamon" heights="200">
Cano ja 49 tut.jpg|Quatre vases canopes en albâtre dans leur coffret.
Vase à parfums (tombe de Toutânkhamon musée du Caire) (1814754389).jpg|Vase à parfum.
Toutankamon-expo 18 1e-chap.JPG|Vue sur l'intérieur de la première chapelle en bois dorée (réplique).
</gallery>
 
=== Nécropole royale de Tanis ===
{{Article connexe|Tanis|Nécropole royale de Tanis}}
[[Fichier:Tanis Temple d'Amon & nécropole.jpg|vignette|alt=dessin par ordinateur|Essai de restitution du temple d'Amon à Tanis et de la nécropole royale (en bas à droite).]]
Durant la [[Troisième Période intermédiaire]], la ville de [[Tanis]] est la grande métropole de [[Basse-Égypte]] et le lieu de résidence des pharaons. Elle se présente comme la jumelle septentrionale de [[Thèbes (Égypte)|Thèbes]] avec ses grands temples consacrés à [[Amon]], [[Mout]] et [[Khonsou]]. À cette époque, à la suite d'incessants pillages, la [[vallée des Rois]] est abandonnée. Aussi, c'est dans l'[[Tanis#Le temenos d'Amon|enceinte du temple d'Amon de Tanis]] que l'égyptologue français [[Pierre Montet]], entre 1939 et 1946, a découvert les sépultures des pharaons des {{Dynastie égyptienne|XXIe}} et {{XXIIe dynastie égyptienne}}s : {{noble|Psousennès Ier}}, [[Amenemopet (pharaon)|Amenemopet]], [[Siamon]], {{noble|Psousennès II}}, {{noble|Sheshonq II}}, {{noble|Takélot Ier}}, {{noble|Osorkon II}}, {{noble|Sheshonq III}} et {{noble|Sheshonq IV}}. L'inclusion de la nécropole royale dans l'enceinte religieuse constitue une innovation qui caractérise le premier millénaire avant notre ère et l'on retrouve la même situation à [[Saïs]] pour les sépultures royales de la {{XXVIe dynastie égyptienne}}<ref>{{harvsp|Leclant|2005|p=2123 : ''Tanis'' par Dominique Valbelle}}.</ref>.
 
La plupart des sépultures de Tanis ont été découvertes inviolées. La tombe de {{noble|Psousennès Ier}} était intacte. Ce pharaon reposait dans un imposant sarcophage rectangulaire en [[granit]] rouge qui refermait un cercueil en granit noir de forme [[Anthropomorphisme|anthropomorphe]]. Dans ce dernier, la dépouille était placée dans un cercueil en argent massif ; lui aussi anthropomorphe. À cause de l'humidité du [[Delta du Nil]], la momie a été trouvée très dégradée mais sur son visage était placé un masque en or. Il est le plus finement ouvragé de tous ceux découvert à Tanis mais est loin de soutenir la comparaison avec celui de [[Toutânkhamon]], plus ancien<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=178-181}}.</ref>.
 
<gallery mode="packed" caption="Nécropole royale de Tanis" heights="200">
Necropole de Tanis.jpg|Restitution de la nécropole (vue générale).
TanisSarcophagus.jpg|Sarcophage dans son caveau.
Golden Mask of Psusennes I.jpg|masque funéraire de {{noble|Psousennès Ier}}.
</gallery>
 
== Postérité ==
 
=== Textes antiques ===
 
==== Littérature égyptienne ====
{{Article connexe|Littérature de l'Égypte antique}}
[[Fichier:Sinuhe-Papyrus (Papyrus Berlin 3022).jpg|redresse=1.3|vignette|gauche|alt=Papyrus montrant une écriture hiératique (Moyen Empire) répartie en 17 colonnes de dix à quatorze caractères chacune|Fac-similé du ''Papyrus Berlin 3022'' avec le début du ''[[Conte de Sinouhé]]''.]]
 
Un nombre appréciable de [[conte]]s de l'[[Égypte antique]] ont été redécouverts depuis les débuts de l'[[égyptologie]] au milieu du {{s-|XIX}}. Dans quelques uns de ces récits, Pharaon apparaît comme l'un des personnages. Il s'agit soit d'un souverain fictif ou anonyme soit un monarque historique dont le nom est entré dans la légende. Le ''[[Conte de Sinouhé]]'' daté de la {{XIIe dynastie égyptienne}} est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de cette littérature. Le personnage principal, Sinouhé, fuit l'Égypte après le meurtre d'{{noble|Amenemhat Ier}} lors d'un complot. Après avoir passé plusieurs années en exil chez des nomades, il revient au pays rappelé par {{noble|Sésostris Ier}} qui lui accorde son pardon sur ses errements<ref>{{harvsp|Lefebvre|1949|p=1-25}}.</ref>. Les contes du [[Papyrus Westcar]] sont contemporains de cette époque. Le début est perdu, mais dans le reste qui nous est parvenu, le pharaon [[Khéops]] se fait narrer de prodigieuses histoires du passé par ses fils [[Khéphren]], [[Baoufrê]] et [[Djédefrê]]<ref>{{harvsp|Lefebvre|1949|p=70-90}}.</ref>. Le ''Conte prophétique'' ou ''[[Prophétie de Néferti]]'' a une portée plus politique. Pour tromper son ennui, [[Snéfrou]] convoque auprès de lui le sage Néferti pour lui prédire l'avenir du pays. Ce dernier lui décrit une nation bouleversée par les troubles, les invasions et les dissensions. Il rassure toutefois le souverain en annonçant l'avènement d'Amény, un pharaon sauveur ; sans doute {{noble|Amenemhat Ier}}. Ce sombre tableau est généralement interprété comme une description de la chaotique [[Première Période intermédiaire]]<ref>{{harvsp|Lefebvre|1949|p=91-105}}.</ref>. Dans le ''[[Conte des deux frères]]'' rédigé au milieu de la [[Époque ramesside|période ramesside]], le héros [[Bata (dieu égyptien)|Bata]] combat un pharaon anonyme qui a organisé le rapt de sa compagne<ref>{{harvsp|Lefebvre|1949|p=137-158}}.</ref>. De la même époque date le conte du ''Prince prédestiné'' dont la fin est malheureusement perdue. Un pharaon sans héritier, obtient un fils après une prière adressée aux dieux. Les [[Sept Hathor]] révèlent toutefois qu'une malédiction mortelle plane sur le jeune prince. Anxieux, le pharaon enferme l'enfant dans une maison en plein désert. Le prince parvient toutefois à convaincre son père de le laisser partir au loin afin d'accomplir son destin<ref>{{harvsp|Lefebvre|1949|p=114-124}},<br />{{Harvsp|Posener|1960|p=89-103 : Le roi des contes}}.</ref>.
 
==== Chroniques bibliques ====
{{Article détaillé|Royaume de Juda|Liste des rois d'Israël}}
[[Fichier:FrenchBible2.JPG|vignette|alt=livre posé sur une table|La Sainte Bible.]]
 
Dans la [[Bible]], les annales juives de l'[[Ancien Testament]] mentionnent plusieurs pharaons historiques de la [[Troisième Période intermédiaire]] et de la [[Basse époque]] (première moitié du premier millénaire avant notre ère). Le pharaon libyen {{noble|Sheshonq Ier}} ({{XXIIe dynastie égyptienne}}) apparaît sous les noms de ''Sesaq'' ou ''Shishak''. Dans le ''[[Premier Livre des Rois]]'' (11, 40), il accueille [[Jéroboam Ier|Jéroboam]], un serviteur rebelle de [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]]. Après la mort de ce dernier, Jéroboam retourne en [[Royaume de Juda|Juda]] mais en conflit avec [[Roboam]], fils de Salomon, il fonde le [[Royaume d'Israël]] (ou [[Samarie]]). D'après le ''[[Deuxième Livre des Chroniques]]'' (12, 1-16), ce même Sheshonq profite de la désunion juive et monte un raid guerrier contre [[Roboam]], fils de Salomon. Il assiège [[Jérusalem]] et parvient à acheter la paix en se faisant livrer les trésors cultuels du [[Temple de Salomon|temple]] à l'exception de l'[[Arche d'alliance]]. Après ce haut fait, le pharaon s'attaque à Jéroboam, son ancien protégé qui prend la fuite vers la Jordanie. L'archéologie confirme ce raid guerrier car Shesonq s'est arrêté à [[Megiddo]] où il fit ériger une stèle commémorative proclamant sa victoire<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=185-186}}.</ref>. D'après le ''[[Deuxième Livre des Rois]]'' (17, 1-6), [[Osée (roi)|Osée]], le dernier roi d'Israël, a tenté de s'allier avec le pharaon So pour affranchir son pays de la tutelle [[assyrie]]nne. Les documents égyptiens ne mentionnent pas de pharaon So mais il s'agit peut-être d'un [[diminutif]] du prénom {{page h'|Osorkon}}, en l'occurrence celui d'{{noble|Osorkon IV}}. Le nom de [[Taharqa]] de la {{XXVe dynastie égyptienne}} apparaît dans le ''[[Deuxième Livre des Rois]]'' (19, 9) et le ''[[Livre d'Isaïe]]'' (37, 9) à propos de sa guerre contre l'[[Assyrie]] de [[Sennachérib]]<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=192}}.</ref>. {{noble|Nékao II}} de la {{XXVIe dynastie égyptienne}} est présenté dans le ''[[Deuxième Livre des Rois]]'' (23, 29) et le ''[[Deuxième Livre des Chroniques]]'' (35, 20-25) comme le responsable de la mort de [[Josias]], seizième [[Royaume de Juda|roi de Juda]], lors de la [[Bataille de Megiddo (609 av. J.-C.)|bataille de Megiddo]] en 609 avant notre ère<ref>{{harvsp|Clayton|1995|p=196}},<br />{{Harvsp|Segond|1968}}.</ref>.
 
==== Mythes et légendes grecques ====
[[Fichier:NAMA Héraclès & Busiris.jpg|vignette|alt=vase décoré|Héraclès tuant le roi égyptien [[Busiris (mythologie)|Busiris]] - vers -470 - [[Musée national archéologique d'Athènes]].]]
 
Un épisode du mythe d'[[Héraclès]] (Hercule) se déroule en Égypte à l'époque du règne de [[Busiris (mythologie)|Busiris]]<ref group=n>Ce nom est inspiré de celui d'[[Osiris]] et de sa ville de [[Bousiris (Égypte)|Bousiris]] : « Per-Ousir », la Demeure d'Osiris.</ref>, un pharaon imaginaire présenté comme le fils de [[Poséidon]]. Pour éloigner la famine de son royaume, Busiris sacrifie chaque année à [[Zeus]] un étranger de passage. Une année, Busiris capture Héraclès mais ce dernier se libère de ses liens et tue le roi et un grand nombre d'Égyptiens devant l'autel sacrificiel<ref>{{Ouvrage|nom1=Robert Graves|lien auteur1=Robert Graves|titre=Les mythes grecs|lieu=Paris|éditeur=GLM|année=1958|réimpression=2001|passage=400}}.</ref>. Au {{sav-|V}} avant notre ère, l'historien grec [[Hérodote]] est le premier à prendre du recul face à ce mythe qu'il perçoit comme une sottise, les Égyptiens ne sacrifiant pas les humains (''[[Histoires|Euterpe]]'', {{XLV}}). À propos des souverains égyptiens, le même auteur insère, sans trop y croire, des épisodes légendaires aux faits historiques. Il s'attarde longuement à narrer le conte de ''Rhampsinite'' « Ramsès fils de Neith », un roi possesseur d'un grand trésor mais dévalisé à plusieurs reprises par un astucieux voleur (''Euterpe'', {{CXXI}}). Hérodote continue en affirmant que ce même ''Rhampsinite'' descendit vivant dans les Enfers auprès de [[Isis|Deméter]] et que depuis lors les prêtres égyptiens commémorent cet épisode par une fête annuelle (''Euterpe'', {{CXXII}})<ref group=n>Cette fable n'est pas sans rappeler un conte de l'époque ptolémaïque où [[Khâemouaset (fils de Ramsès II)|Khâemouaset]] (fils de {{noble|Ramsès II}} descend dans la [[Douât]] guidé par son fils Saousir pour voir le [[Jugement de l'âme (Égypte antique)|tribunal d'Osiris]] rendre la justice aux âmes des défunts.</ref>. Le successeur de ''Rhampsinite'' serait le tyrannique [[Khéops]] qui causa la ruine du pays en obligeant {{unité|100000|hommes}} à participer à la construction de sa pyramide. Manquant d'argent, Khéops aurait obligé sa propre fille à se prostituer (''Euterpe'', {{CXXIV}}-{{CXXVI}}). [[Khéphren]] aurait été tout aussi retors, contrairement à [[Mykérinos]] plus soucieux de justice (''Euterpe'', {{CXXIX}}). L'historien grec poursuit son exposé en évoquant des souverains plus proches de son époque tels [[Amyrtée]], {{noble|Psammétique Ier}} et [[Chabaka]]<ref>Philippe-Ernest Legrand, ''Hérodote : L'Égypte, {{nobr romains|Histoires II}}'', Paris, Les Belles Lettres, 1997.</ref>. Bien plus tardif est le ''[[Roman d'Alexandre]]'' dont la première version connue, celle du [[Pseudo-Callisthène]], remonte aux environs du {{s-|III}} de notre ère. Au commencement de ce recueil de légendes, le conquérant [[Alexandre le Grand]] est présenté comme le fils bâtard du pharaon [[Nectanébo II|Nectanébo]] en exil en [[Royaume de Macédoine|Macédoine]] depuis sa défaite contre les [[Perses]]. La reine [[Olympias]], stérile, craint d'être répudiée par son mari {{noble|Philippe II (roi de Macédoine)}}. Devenu mage et astrologue, Nectanébo annonce à la reine que le dieu [[Ammon (dieu)|Ammon]] lui donnera un fils lors d'une [[Théogamie|rencontre théogamique]]. Il se fait passer pour le dieu et engendre Alexandre<ref>Aline Tallet-Bonvalot, ''Le roman d'Alexandre'', Paris, GF-Flammarion, 1994, {{p.|37-49}}.</ref>. Très prisé dans l'Europe du [[Moyen Âge]], le roman se voit amputé de cet épisode dans ses versions en [[Ancien français]]. Pour les auteurs médiévaux, la bâtardise d'Alexandre n'est qu'une calomnie diabolique visant à salir la réputation d'Olympias<ref>Laurance Harf-Launcner, ''Le roman d'Alexandre'', Paris, [[Le Livre de poche]], 1994, {{p.|82-83}}.</ref>.
 
==== Moïse contre {{noble-|Ramsès II}}, un mythe moderne ====
[[Fichier:Yul Brynner in The Ten Commandments film trailer.jpg|vignette|alt=Pharaon d'opérette|[[Yul Brynner]] dans le rôle de {{noble|Ramsès II}} - ''[[Les Dix Commandements (film, 1956)|Les Dix Commandements]]'' - 1956.]]
 
Durant tout le {{s-|XX}}, de nombreux [[scientifique]]s ([[historien]]s, [[Exégèse biblique|biblistes]], [[théologie]]ns, {{page h'|exégète}}s) ou même de simples [[Autoformation|autodidactes]] ont tenté de cerner la véracité historique de la sortie hors d'[[Égypte antique|Égypte]] du [[Hébreux|peuple hébreu]]. Dans le ''[[Livre de l'Exode]]'', le nom du souverain égyptien, contemporain de [[Moïse]], n'est pas mentionné. Anonyme, il n'est désigné que par le terme « Pharaon » ou par l'expression équivalente de « roi d'Égypte ». L'identité de ce personnage a été l'objet de nombreuses spéculations de la part de ceux qui se représentent l'Exode comme un événement réel. Les principaux souverains du [[Nouvel Empire]] ont tour à tour été mis en avant comme candidat : {{noble|Ahmôsis Ier}}, {{noble|Thoutmôsis III}}, {{noble|Amenhotep II}}, [[Akhenaton]], [[Aÿ]], {{noble|Ramsès II}}, [[Mérenptah]] (liste non exhaustive). Pour chacun de ces candidats de nombreux arguments permettent de conclure par la négative. Prenant le contrepied de ces hypothèses, l'égyptologue allemand [[Rolf Krauss]] a tenté de démontrer que l'obscur pharaon [[Amenmes]] a été à l'origine du personnage de Moïse<ref>{{harvsp|Krauss|2000}}.</ref>. Dans la [[culture populaire]], {{noble|Ramsès II}} est largement identifié au [[pharaon de l'Exode]] et est présenté comme l'adversaire de Moïse et de son Dieu. Dans les faits, aucun document historique ou archéologique (tant égyptien qu'israélite), ne vient corroborer cette thèse. Ce [[lieu commun]] est malgré tout entretenu par les moyens de la [[culture de masse]] d'origine [[États-Unis|nord-américaine]]. Sans doute s'agit-il, consciemment ou non, de donner à Moïse un adversaire prestigieux et ainsi renforcer auprès du grand public sa stature prophétique<ref>{{harvsp|Römer|2008|p=105-111|id=bib}}.</ref>. En 1923, [[Cecil B. DeMille]] réalise pour la [[Paramount Pictures]] ''[[Les Dix Commandements (film, 1923)|Les Dix Commandements]]'', un film muet épique, où Moïse ([[Theodore Roberts]]) affronte {{noble|Ramsès II}} ([[Charles de Rochefort]]). En 1956, ce même réalisateur livre un [[remake]] spectaculaire, lui aussi nommé ''[[Les Dix Commandements (film, 1956)|Les Dix Commandements]]'' où les mêmes adversaires sont respectivement incarnés par [[Charlton Heston]] et [[Yul Brynner]]. Ce même affrontement est dépeint en 1998 dans ''[[Le Prince d'Égypte]]'', un long-métrage d'animation réalisé par les studios [[DreamWorks SKG]]. En 2000-2002, une comédie musicale française écrite par [[Élie Chouraqui]] et [[Pascal Obispo]] s'inscrit dans la lignée en s'attribuant le titre des ''[[Les Dix Commandements (comédie musicale)|Dix Commandements]]''. En 2014, le film ''[[Exodus: Gods and Kings]]'' réalisé par [[Ridley Scott]] pérennise à son tour ce mythe moderne et l'on voit l'acteur [[Joel Edgerton]] jouer le rôle du pharaon Ramsès contre le prophète incarné par [[Christian Bale]].
 
=== Culture populaire ===
 
==== Péplums ====
{{Article détaillé|Péplum}}
 
Le péplum est un [[genre cinématographique]] de [[fiction historique]] dont l'action se déroule dans l'Antiquité dans des décors restituant plus ou moins fidèlement l'[[Empire romain]], la [[Grèce antique]] ou l'[[Égypte antique]]. De nombreux films se sont attachés à faire revivre les pharaons célèbres. Il n'est pas lieu ici de les citer tous. Comme évoqué plus haut, dans les films s'inspirant de la [[Bible]], l'affrontement entre [[Moïse]] et Pharaon est régulièrement mise en scène comme dans ''[[Les Dix Commandements (film, 1956)|Les Dix Commandements]]'' (1956) ou dans ''[[Exodus: Gods and Kings]]'' (2014). L'origine de la présence des juifs en Égypte est quant à elle évoquée dans une production [[Italie|italo]]-[[Yougoslavie|yougoslave]] de 1960 ; ''[[L'Esclave du pharaon]]'' qui restitue la vie du patriarche [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] ; un esclave vendu par ses frères devenu le puissant conseiller du pharaon.
 
En 1954, le film américain ''[[L'Égyptien]]'' (''{{Langue|en|texte=The Egyptian}}'') de [[Michael Curtiz]] adapte librement le roman ''[[Sinouhé l'Égyptien]]'' de l'écrivain finlandais [[Mika Waltari]] paru en 1945. Fils de médecin, Sinouhé ([[Edmund Purdom]]) est recueilli par ses parents alors que nouveau-né il dérivait dans une barque sur le Nil, puis médecin lui-même il officie dans un quartier pauvre de la ville. Bien que de condition modeste, il devient l'ami et le médecin du très pacifique pharaon [[Akhenaton]] ([[Michael Wilding]]), ainsi qu'avec l'ambitieux et fougueux [[Horemheb]] ([[Victor Mature]]), général et futur pharaon<ref>[http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2011/01/legyptien-egyptian-michael-curtiz-1954.html « ''L'Égyptien - {{Langue|en|texte=The Egyptian}}'', Michael Curtiz (1954) »].</ref>.
 
En 1955, ''[[La Terre des pharaons]]'' (''{{Langue|en|texte=Land of the Pharaohs}}'') de [[Howard Hawks]], tourné en [[CinemaScope]], relate l’épopée de la construction titanesque de la pyramide de [[Khéops]]. Ce dernier est joué par le britannique [[Jack Hawkins]] et est présenté comme un despote [[Mégalomanie|mégalomane]]. Ce film s'est avéré être un échec commercial et artistique. Avec le recul, il vaut surtout pour quelques-unes de ses reconstitutions tel le long panoramique qui montre l'étendue des carrières où des milliers de figurants {{incise|jusqu'à {{formatnum:12000}}}} travaillent à ériger le tombeau de pharaon<ref>[http://www.dvdclassik.com/critique/la-terre-des-pharaons-hawks « ''La Terre des pharaons'' (''{{Langue|en|texte=Land of the Pharaohs}}'') »].</ref>.
 
Sorti en 1966, ''[[Le Pharaon]]'' (''{{Langue|pl|texte=Faraon}}'') est un péplum polonais réalisé par [[Jerzy Kawalerowicz]], tiré du roman homonyme de [[Bolesław Prus]] publié en 1897. L'action se déroule à la fin de la [[Époque ramesside|période ramesside]] dans une Égypte antique en déliquescence. L'action décrit les manipulations des hauts-prêtres conservateurs à l'encontre du nouveau monarque {{noble-|Ramsès XIII}} (pharaon fictif joué par Jerzy Zelnik), jugé trop progressiste à leurs yeux, et qu'ils finiront par éliminer en jouant de la crédulité populaire. Le pouvoir communiste de l'époque, en finançant le film, invitait à y voir une métaphore de sa propre situation face à la puissante Église catholique polonaise<ref>[http://www.peplums.info/pep25a.htm « Le Pharaon (Jerzy Kawalerowicz, Pologne - 1965) »].</ref>.
 
==== Romans historiques ====
{{Article connexe|Liste de romans sur l'Égypte antique classés par auteur}}
[[Fichier:Christian Jacq, au Salon du Livre de Paris 2013 (8594182587).jpg|alt=image d'un homme en pleine discussion|vignette|[[Christian Jacq]] au Salon du livre de Paris en 2013.]]
L'[[Égypte antique]] et sa culture ont très tôt inspiré les auteurs de fiction. Le ''Séthos'' de [[Jean Terrasson]] (1670-1750) a connu au {{s-|XVIII}} un réel succès d'édition et a popularisé la notion de « [[Mystères d'Osiris|mystères égyptiens]] ». À partir de la seconde moitié du {{s-|XIX}}, avec le développement de l'[[égyptologie]] et la redécouverte des pharaons, des romanciers ont imaginé des [[Roman historique|fictions]] avec pour toile de fond un épisode (parfois majeur) de l'Histoire pharaonique. Dans ce genre littéraire, sont généralement mêlés des événements et des personnages réels et fictifs. L'intrigue s'efforce d'apparaître vraisemblable en regard de la vérité historique et l'auteur s'appuie quelquefois sur une importante documentation. En 1939, l'Égyptien [[Naguib Mahfouz]] met sa poésie au service du conte pharaonique ''La Malédiction de Râ'' qui se déroule sous le règne de [[Khéops]]. En 1943, ''L'Amante du pharaon'' a pour personnage principal la courtisane [[Rhodope (hétaïre)|Rhodopis]] de laquelle s'éprend le jeune pharaon {{noble|Mérenrê II}}. En 1974, l'auteure [[Andrée Chedid]] publie ''Néfertiti et le Rêve d'Akhnaton : Les Mémoires d'un scribe''. L'égyptologue et romancier [[Christian Jacq]] a quasiment exploité toutes les époques égyptiennes ; ''[[La Reine Soleil]]'' (1988) décrit le couple formé par [[Toutânkhamon]] et [[Ânkhésenamon|Ânkhésenpaaton]], les cinq tomes de ''Ramsès'' (1995-1996) constituent une biographie romancée du fougueux {{noble|Ramsès II}}, ''Le Pharaon noir'' (1997) relate les luttes de [[Piânkhy]] contre les princes libyens, les trois tomes de ''La Reine liberté'' (2001-2002) relatent l'expulsion des [[Hyksôs]], en quatre tomes ''Les Mystères d'Osiris'' (2003-2004) narrent des intrigues sous le règne de {{noble|Sésostris III}}, les trois tomes de ''Et l'Égypte s'éveilla'' (2010-2011) montrent la formation du royaume égyptien sous la conduite de [[Narmer]], tandis que ''Imhotep, l'inventeur de l'éternité'' (2011) est une biographie fictive du concepteur de la pyramide de [[Djéser]]<ref>{{Lien web
| langue = en
| url = http://www.worldcat.org/search?qt=worldcat_org_all&q=Christian+Jacq
| titre = Christian Jacq
| année = 2015
| site = www.worldcat.org
| consulté le = 3 mai 2015}}.</ref>. Il est aussi possible de signaler les ouvrages du romancier [[Guy Rachet]], passionné d'archéologie et d'égyptologie ; en deux tomes ''Les Vergers d'Osiris'' (1981) montre une action située à la fin de la [[Époque ramesside|période ramesside]], les cinq tomes du ''Roman des Pyramides'' (1997-1998) se déroulent sous la {{IVe dynastie égyptienne}} durant les règnes des constructeurs des [[pyramides de Gizeh]] ([[Khéops]], [[Khéphren]] et [[Mykérinos]]) et ''Les larmes d'Isis'' en trois tomes (2006-2007) sous l'occupation des pharaons Hyksôs<ref>{{Lien web
| langue = fr
| url = http://www.worldcat.org/search?q=Guy+Rachet&qt=results_page
| titre = Guy Rachet
| année = 2015
| site = www.worldcat.org
| consulté le = 3 mai 2015}}.</ref>.
 
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références |groupe=n}}
 
=== Références ===
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets
| wiktionary = pharaon
| commons = Category:Pharaohs
}}
=== Bibliographie ===
 
==== Liens internesArchitecture ====
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Adam|prénom2=Christiane|nom2=Ziegler|titre=Les pyramides d'Égypte|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette Littérature]]|année=1999|pages totales=213|isbn=2-7028-2579-6}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Zahi|nom1=Hawass|lien auteur1=Zahi Hawass|directeur1=Zahi Hawass|titre=Trésors des Pyramides|lieu=Vercelli (Italie)|éditeur=White Star|année=2003|réimpression=2011|pages totales=416|isbn=978-88-6112-382-3}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Kent R.|nom1=Weeks|directeur1=Kent R. Weeks|titre=La Vallée des rois|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gründ|Gründ]]|année=2001|pages totales=434|isbn=978-2-7000-2154-7}}.
 
==== Dictionnaires ====
* Aller plus loin :
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Maria Carmela |nom1=Betrò |titre=Hiéroglyphes |sous-titre=Les mystères de l'écriture |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=1995 |pages totales=251 |isbn=2-08-012465-X}}.
** les [[attributs du pharaon]],
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Yvonne |nom1=Bonnamy |prénom2=Ashraf |nom2=Sadek |titre=Dictionnaire des hiéroglyphes |sous-titre=hiéroglyphes-français |lieu=Arles |éditeur=[[Actes Sud]] |année=2010 |pages totales=986 |isbn=978-2-7427-8922-1}}.
** la [[titulature des pharaons]], (ensemble des titres portés par pharaon).
* {{Ouvrage|langue originale=en|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Corteggiani|lien auteur1=Jean-Pierre Corteggiani|illustrateur=Laïla Ménassa|titre=L'Égypte ancienne et ses dieux, dictionnaire illustré|lieu=Paris|éditeur=éditions Fayard|année=2007|pages totales=589|isbn=978-2-213-62739-7}}.
* l'Égypte :
* {{Ouvrage|prénom1=Maurizio|nom1=Damiano-Appia|titre=L'Égypte. Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne Égypte et des civilisations nubiennes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gründ|Gründ]]|année=1999|pages totales=295|isbn=2-7000-2143-6}}.
** l'[[Égypte antique]],
* {{en}} {{Ouvrage | id = AHG | auteur = [[Alan Henderson Gardiner]] | titre = Egyptian Grammar | éditeur = Oxford University Press | année = 1973}}.
** l'[[Égypte]] d'aujourd'hui.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Dessoudeix|titre=Chronique de l'Égypte ancienne|sous-titre=Les pharaons, leur règne, leurs contemporains|lieu=Arles|éditeur=[[Actes Sud]]|année=2008|pages totales=780|isbn=978-2-7427-7612-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Leclant|lien auteur1=Jean Leclant|responsabilité1=directeur|titre=Dictionnaire de l'Antiquité|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2005|réimpression=2011|pages totales=2390|isbn=978-2-13-058985-3}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Guy|nom1=Rachet|titre=Dictionnaire de la Civilisation égyptienne|lieu=Paris|éditeur=Larousse-Bordas|année=1998|pages totales=268|isbn=2-7028-1558-8}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pascal|nom1=Vernus|lien auteur1=Pascal Vernus|prénom2=Jean|nom2=Yoyotte|lien auteur2=Jean Yoyotte|titre=Dictionnaire des pharaons|lieu=Paris|éditeur=Éditions Noêsis|année=1988|réimpression=1998|pages totales=226|isbn=2-7028-2001-8}}.
 
==== Biographies des grands pharaons ====
* Et aussi : Les jeux vidéo [[pharaon (jeu vidéo) |Pharaon]] et [[Immortal Cities : les Enfants du Nil]].
(classement par ordre chronologique des règnes)
* {{Ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Baud|titre=Djéser et la {{IIIe|dynastie}}|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=2002|réimpression=2007|pages totales=302|isbn=978-2-7564-0147-8}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Nathalie|nom1=Favry|titre={{noble-|Sésostris Ier}} et le début de la {{XIIe|dynastie}}|lieu=Paris|année=2009|éditeur=Pygmalion|pages=380|isbn=9782756400617}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Tallet|lien auteur1=Pierre Tallet|titre={{noble-|Sésostris III}} et la fin de la {{XIIe|dynastie}}|lieu=Paris|année=2005|éditeur=Pygmalion|pages=332|isbn=2857048513}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Christophe|nom1=Barbotin|titre=Âhmosis et le début de la {{XVIIIe|dynastie}}|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=2008|pages totales=295|isbn=978-2-85704-860-2}}.
* {{Ouvrage | prénom1=Joyce | nom1=Tyldesley | lien auteur1=Joyce Anne Tyldesley | titre=Hatshepsout | sous-titre=La femme pharaon | lieu=Monaco | éditeur=[[Éditions du Rocher]] | année=1997 | pages totales=289 | isbn=978-2-268-02516-2}}.
* {{Ouvrage | prénom1=Christiane | nom1=Desroches Noblecourt| lien auteur1=Christiane Desroches Noblecourt | titre=La Reine mystérieuse Hatchepsout | lieu=Paris | éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]] | année=2002 | pages totales=502 | isbn=2-7028-7078-3}}.
* {{Ouvrage|nom1=Maruéjol|prénom1=Florence|titre={{noble-|Thoutmosis III}} et la corégence avec Hatchepsout|éditeur=Pygmalion|année=2007|lieu=Paris|pages=478|isbn=9782857048947}}.
* {{ouvrage|prénom1=Agnès|nom1=Cabrol|titre={{noble-|Amenhotep III}} le magnifique|éditeur=Le Rocher|lieu=Monaco|année=2000|pages totales=536|isbn=2268035832}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dimitri|nom1=Laboury|titre=Akhenaton|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=2010|pages totales=477|isbn=978-2-7564-0043-3}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christiane|nom1=Desroches Noblecourt|lien auteur1=Christiane Desroches Noblecourt|titre=Toutânkhamon, vie et mort d'un pharaon|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=1963|réimpression=1988|pages totales=312|isbn=2-85704-012-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Aude|nom1=Gros de Beler|lien auteur1=Aude Gros de Beler|titre=Toutânkhamon|lieu=Paris|éditeur=Molière / GLM|année=2000|pages totales=133|isbn=2-7028-4342-5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Madeleine|nom1=Della Monica|titre=Horemheb|sous-titre=général pharaon|lieu=Paris|éditeur=Maisonneuve et Larose|année=2001|pages totales=151|isbn=2-7068-1468-3}}.
* {{Article|nom1=Collectif|titre=Horemheb : Grand serviteur de l'État et pharaon|année=2014|périodique=[[Égypte, Afrique et Orient]]|lieu=Montségur|issn=1276-9223}}.
* {{ouvrage|prénom1=Julie|nom1=Masquelier-Loorius|titre={{noble-|Séthi Ier}} et le début de la {{XIXe|dynastie}}|éditeur=Pygmalion|lieu=Paris|année=2013|pages totales=489|isbn=9782756400587}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Christiane|nom1=Desroches Noblecourt|titre={{noble-|Ramsès II}}, la véritable histoire|pages totales=426|éditeur=Pygmalion|année=1996|isbn=285704481X|lieu=Paris}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Colette J.|nom1=Manouvrier|titre=Ramsès le dieu et les dieux ou la théologie politique de {{noble-|Ramsès II}}|année=1996|éditeur=Diffusion ANRT|lieu=Lille|isbn=9782729515454|pages=745|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ephe_0000-0002_1995_num_108_104_15229}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Claude|nom1=Obsomer|titre={{noble-|Ramsès II}}|lieu=Paris|éditeur=Pygmalion|pages=558|isbn=9782756405889|année=2012}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Servajean|titre=Mérenptah et la fin de la {{XIXe|dynastie}}|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=2014|pages totales=399|isbn=978-2-7564-0991-7}}.
* {{ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Grandet|titre={{noble-|Ramsès III}}, histoire d'un règne|éditeur=Pygmalion|lieu=Paris|année=1993|pages=419|isbn=2857044089}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Tallet|lien auteur1=Pierre Tallet|titre=Douze reines d’Égypte qui ont changé l’Histoire|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=2013|pages totales=288|isbn=978-2-7564-0677-0|isbn2=2-7564-0677-5}}.
 
==== Liens externesÉtudes ====
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jan|nom1=Assmann|lien auteur1=Jan Assmann|titre=Maât, l'Égypte pharaonique et l'idée de justice sociale|lieu=Fuveau|éditeur=La Maison de Vie|année=1999|pages totales=173|isbn=2-909816-34-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Jan|nom1=Assmann|traducteur=Nathalie Baum|titre=Mort et au-delà dans l'Égypte ancienne|titre original=Tod und Jenseits im alten Ägypten|lieu=Monaco|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|collection=Champollion|année=2003|pages totales=684|isbn=2-268-04358-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sydney H.|nom1=Aufrère|titre=Pharaon foudroyé|sous-titre=Du mythe à l'histoire|lieu=Gérardmer|éditeur=Pages du Monde|année=2010|pages totales=365|isbn=978-2-915867-31-2}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Michel |nom1=Baud |lien auteur1=Michel Baud |titre=Famille royale et pouvoir sous l'Ancien Empire égyptien |éditeur=[[Institut français d'archéologie orientale|IFAO]] |année=1999 |réimpression=2005 |pages totales=675 |isbn=978-2-7247-0248-4}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Marie-Ange|nom1=Bonhême|prénom2=Annie|nom2=Forgeau|titre=Pharaon|sous-titre=Les secrets du Pouvoir|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|année=1988|pages totales=349|isbn=2-200-37120-9}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Peter A.|nom1=Clayton|traducteur=Florence Maruéjol|titre=Chronique des Pharaons|sous-titre=L'histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l'Égypte ancienne|lieu=Paris|éditeur=[[Casterman]]|année=1995|pages totales=224|isbn=2-203-23304-4}}. {{plume}}
* {{Article|nom1=Collectif|titre=Aspects de l'idéologie royale égyptienne|année=2014|lieu=Montségur|éditeur=Centre d'égyptologie|issn=1276-9223|périodique=[[Égypte, Afrique et Orient]]|numéro = 74}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sylvie|nom1=Cauville|titre=L'offrande aux dieux dans le temple égyptien|lieu=Paris-Leuven (Belgique)|éditeur=[[Peeters Publishers|Peeters]]|année=2011|pages totales=291|isbn=978-90-429-2568-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christiane|nom1=Desroches Noblecourt|lien auteur1=Christiane Desroches Noblecourt|titre=La Femme au temps des Pharaons|lieu=Paris|éditeur=Stock / Pernoud|année=1986|réimpression=2000|pages totales=255|isbn=2-234-05281-5}}.
* {{Article|prénom1=Christiane|nom1=Desroches Noblecourt|éditeur=CFEETK|périodique=Cahiers de Karnak|année=2003|numéro=11|titre=À propos des piliers héraldiques de Karnak : une suggestion|lire en ligne=http://www.cfeetk.cnrs.fr/fichiers/Documents/Ressources-PDF/Karnak_11/Desroches_387-404.pdf}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Henri|nom1=Frankfort|traducteur=Jacques Marty et Paule Krieger|titre=La royauté et les dieux|sous-titre=Intégration de la société à la nature dans la religion de l'ancien Proche Orient|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|année=1951|pages totales=436}}
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Grandet|titre=Les pharaons du Nouvel Empire|sous-titre=Une pensée stratégique (1550-1069 {{av JC}})|lieu=Monaco|éditeur=Le Rocher|collection=L'art de la guerre|année=2008|pages totales=281|isbn=978-2-268-06448-2}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Nicolas-Christophe|nom1=Grimal|lien auteur1=Nicolas Grimal|titre=Les Termes de la propagande royale égyptienne de la {{XIXe|dynastie}} à la conquête d'Alexandre|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie Nationale / Diffusion de Boccard|année=1986|pages totales=764|issn=0398-3595}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Francis|nom1=Janot|titre=Momies|sous-titre=Rituels d'immortalité dans l'Égypte ancienne|éditeur=White Star|année=2008|pages totales=366|isbn=978-88-6112-153-9}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Rolf|nom1=Krauss|titre=Moïse le pharaon|lieu=Monaco|éditeur=Le Rocher|année=2000|pages totales=328|isbn=2-268-03781-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claire|nom1=Lalouette|titre=Thèbes ou la naissance d'un empire|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=1995|pages totales=643|isbn=2-08-081328-5}}.
* {{Article|langue=en|prénom1=Maria Michela|nom1=Luiselli|titre=The Ancient Egyptian scene of Pharaoh smiting his enemies: an attempt to visualize cultural memory ?|périodique=Cultural Memory and Identity in ancient Societies|année=2011|lieu=Londres|passage=10-25|lire en ligne=https://www.academia.edu/4786379/_The_Ancient_Egyptian_scene_of_Pharaoh_smiting_his_enemies_An_attempt_to_visualise_cultural_memory_in_M._Bommas_ed._Memory_Culture_in_Ancient_Societies_vol._1_London_2011_pp._10-25}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Bernadette|nom1=Menu|titre=Recherches sur l'histoire juridique, économique et sociale de l'ancienne Égypte. {{II}}|lieu=Le Caire|collection=Bibliothèque d'étude|numéro dans collection=122|année=1998|réimpression=2008|pages totales=423|isbn=978-2-7247-0217-0}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Bernadette|nom1=Menu|préface=Charles de Lespinay et Raymond Verdier|titre=Égypte pharaonique|sous-titre=Nouvelles recherches sur l'histoire juridique, économique et sociale de l'ancienne Égypte|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2004|pages totales=391|isbn=2-7475-7706-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=J-EQ9UIqHnkC&printsec=frontcover}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thomas|nom1=Römer (préface)|titre=Ce que la Bible doit à l'Égypte|lieu=Paris|éditeur=Bayard / Le Monde de la Bible|année=2008|pages totales=284|isbn=978-2-227-47767-4|id=bib}}.
* {{Article|prénom1=Georges|nom1=Posener|lien auteur1=Georges Posener|titre=De la divinité du pharaon|périodique=Cahiers de la Société Asiatique|numéro=15|année=1960|lieu=Paris}}{{plume}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Vernus|titre=Affaires et scandales sous les Ramsès|sous-titre=la crise des valeurs dans l'Égypte du nouvel Empire|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=1993|pages totales=274|isbn=2-85704-393-7}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Toby A.H.|nom1=Wilkinson|titre=Early Dynastic Egypt|lieu=Londres|éditeur=[[Routledge]]|année=1999|pages totales=413|isbn=0-415-18633-1}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Hilary|nom1=Wilson|traducteur=[[Guy Rachet]]|titre=Lire et comprendre les hiéroglyphes|sous-titre=La méthode|éditeur=GLM|année=1993|réimpression=1996|pages totales=301|isbn=2-7028-1508-1}}.
 
==== Géographie ====
{{Wiktionnaire |pharaon}}
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Montet|lien auteur1=Pierre Montet|titre=Géographie de l'Égypte ancienne|sous-titre=Première partie ; To-Mehou, La Basse Égypte|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie Nationale, Librairie C. Klincksieck|année=1957|pages totales=224|lire en ligne=http://static.egyptology.ru/scarcebooks/montet/montet-1.pdf}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Montet|lien auteur1=Pierre Montet|titre=Géographie de l'Égypte ancienne|sous-titre=Deuxième partie ; To-Chemâ, La Haute Égypte|lieu=Paris|éditeur=Librairie C. Klincksieck|année=1961|pages totales=240|lire en ligne=http://static.egyptology.ru/scarcebooks/montet/montet-2.pdf}}.
 
==== Royauté sacrée ====
* [http://www.desir-egypte.org/page6.htm Désir d'Égypte] : Définition du rôle du pharaon
 
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alfred|nom1=Adler|lien auteur1=Alfred Adler (ethnologue)|titre=La Mort est le masque du roi|sous-titre=la royauté sacrée des Moundang du Tchad|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|année=1982|pages totales=430|isbn=2-228-13060-5}}.
{{Égypte antique}}
* {{Ouvrage|prénom1=Alfred|nom1=Adler|titre=Le pouvoir et l'interdit|sous-titre=Royauté et religion en Afrique noire|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=2000|pages totales=330|isbn=2-226-11664-8}}.
{{Portail |Egyptopedia}}
* {{Article|prénom1=Sydney H.|nom1= Aufrère|lien auteur1=Sydney Hervé Aufrère|titre=Quelques notes sur l'inceste en Égypte pharaonique, lagide et romaine|périodique=Barbares et civilisés dans l'Antiquité, cahier KUBABA 7|lieu=Paris|année=2005|éditeur=L'Harmattan|passage=269-279|lire en ligne=http://kubaba.univ-paris1.fr/2005/barbares_ci/aufrere.pdf}}.
* {{Article|prénom1=Anne|nom1=Forgeau|titre=La mémoire du nom et l'ordre pharaonique|périodique=Histoire de la famille. Tome 1./ Mondes lointains|passage=175-208|éditeur=Armand Colin (Le Livre de poche)|année=1986|lieu=Paris}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Luc|nom1=de Heusch|lien auteur1=Luc de Heusch|titre=Écrits sur la royauté sacrée|lieu=Bruxelles|éditeur=Éditions de l'Université de Bruxelles|année=1987|pages totales=314|isbn=2-8004-0928-2}}.
* {{Article|prénom1=Keith|nom1=Hopkins|titre=Le mariage frère-sœur en Égypte romaine|périodique=Épouser au plus proche : Inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la Méditerranée|année=1994|lieu=Paris|passage=79-95|isbn=2713210097|éditeur=Éditions EHESS}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Stephen|nom1=Quirke|titre=Le culte de Rê|sous-titre=L'adoration du soleil dans l'Égypte antique|lieu=Monaco|éditeur=Le Rocher|année=2004|pages totales=255|isbn=2-268-04926-4}}.
 
==== Traductions ====
[[Catégorie:Index égyptologique]]
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Paul |nom1=Barguet |titre=Textes des Sarcophages égyptiens du Moyen Empire |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Cerf]] |année=1986 |pages totales=725 |isbn=2-204-02332-9}}.
[[Catégorie:Pharaon|*]]
*{{Ouvrage|prénom1=Claude|nom1=Carrier|lien auteur1=Claude Carrier|titre=Textes des Pyramides de l'Égypte ancienne|lieu=Paris|éditeur=Cybèle|année=2009-2010|pages totales=417|isbn=978-2-915840-10-0}} en 6 volumes.
* {{Ouvrage|prénom1=Mohamed|nom1=Chiadmi (traducteur)|titre=Le Noble Coran|sous-titre=Nouvelle traduction française du sens de ses versets|lieu=Lyon|éditeur=Éditions Tawhid|année=2005|pages totales=760|lire en ligne=http://www.hisnulmuslim.com/coran/|id=Co}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Paul|nom1=Drach|prénom2=Robert-Jean|nom2=Victor|titre=Le Livre du juste Yaschar|lieu=Monaco|éditeur=Le Rocher|collection=Gnose|année=1981|pages totales=318|isbn=2-268-00096-6|lire en ligne=http://godieu.com/livre/livre-du-juste}}.
* {{Ouvrage|prénom1=André|nom1=Fermat|prénom2=Michel|nom2=Lapidus|titre=Les Prophéties de l'Égypte ancienne|lieu=Fuveau|éditeur=La maison de Vie|année=1999|pages totales=250|isbn=2-909816-33-8}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Claude|nom1=Goyon|lien auteur1=Jean-Claude Goyon|titre=Confirmation du pouvoir royal au nouvel an|sous-titre=Brooklyn Museum papyrus 47.218.50|lieu=Le Caire|éditeur=IFAO|année=1972|pages totales=142|isbn=978-0-913696-17-0}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Claire|nom1=Lalouette|lien auteur1=Claire Lalouette|préface=[[Pierre Grimal]]|titre=Textes sacrés et textes profanes de l'ancienne {{noble-|Égypte I}}|sous-titre=Des Pharaons et des hommes|éditeur=Gallimard|année=1984|lieu=Paris|isbn=2070711765|pages totales=345}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Gustave|nom1=Lefebvre|titre=Romans et contes égyptiens de l'époque pharaonique|lieu=Paris|éditeur=Librairie d'Amérique et d'Orient Adrien Maisonneuve|année=1949|réimpression=1976|pages totales=232}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Manéthon de Sebennytos|Manéthon]]|traducteur=W. G. Waddell|titre=Manetho with an english translation|lieu=Cambridge (Massachusetts)|éditeur=[[Harvard University Press]]|année=1940|réimpression=1964|lire en ligne=https://archive.org/stream/manethowithengli00maneuoft#page/n37/mode/2up}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Alessandro |nom1=Roccati |titre=La Littérature historique sous l'Ancien Empire égyptien |lieu=Paris |année=1982 |pages totales=320 |isbn=2-204-01895-3}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Louis|nom1=Segond|lien auteur1=Louis Segond|titre=La Sainte Bible|sous-titre=qui comprend l'Ancien et le Nouveau Testament traduits sur les textes originaux hébreu et grec|lieu=Genève|éditeur=La maison de la Bible|année=1968|lire en ligne=http://www.info-bible.org/lsg/INDEX.html}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pascal|nom1=Vernus|lien auteur1=Pascal Vernus|titre=Sagesses de l'Égypte pharaonique|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie Nationale|année=2001|pages totales=414|isbn=2-7433-0332-8}}.
 
==== Webographie ====
{{Lien BA|eo}}
* {{Ouvrage|prénom1=José|nom1=Do Nascimento|titre=Le Concept de pharaon selon le lexique politique des langues africaines|année=2011|mois=juillet|écouter en ligne=https://www.youtube.com/watch?v=2XuZn_ZCpos}}.{{Commentaire biblio|Conférence en ligne, durée 3 h 56 min.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Römer|lien auteur1=Thomas Römer|titre=L'Instauration de la Pâque et le passage de la mer. L'historicisation d'un mythe|lieu=Paris|éditeur=[[Collège de France]]|date=10 avril 2014|écouter en ligne=http://www.college-de-france.fr/site/thomas-romer/course-2014-04-10-14h00.htm|id=M1}}.{{Commentaire biblio|Conférence en ligne, durée 60 min.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Römer|titre=La Sortie d'Égypte|sous-titre=la construction d'une histoire mythique|lieu=Paris|éditeur=Collège de France|date=26 février 2015|écouter en ligne=http://www.college-de-france.fr/site/thomas-romer/course-2015-02-26-14h00.htm|id=M2}}.{{Commentaire biblio|Conférence en ligne, durée 60 min.}}
 
=== Articles connexes ===
[[af:Farao]]
* [[Attributs du pharaon]],
[[als:Pharao]]
* [[Titulature royale dans l'Égypte antique]], (ensemble des titres portés par pharaon).
[[ar:فرعون (لقب)]]
* Jeux vidéo ''[[pharaon (jeu vidéo)|Pharaon]]'' et ''[[Immortal Cities : Les Enfants du Nil]]''.
[[be:Фараон]]
 
[[bg:Фараон]]
=== Liens externes ===
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