« Kirkouk » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Kirkouk (homonymie)}}
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{{Infobox Commune d'Irak
| nom = Kirkouk
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| autres noms = Kerkük, Karkuk<br />{{ar}} كركوك <BR /> {{ku}} Kerkûk
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'''Kirkouk''' est une ville du nord de l'[[Iraq]] ([[Kurdistan irakien]]) capitale de la province de [[Kirkuk (province)|Kirkouk]].
 
'''Kirkouk''' est une ville du nord de l'[[Irak]], capitale de la [[Kirkouk (province)|province homonyme]].
L'histoire de Kirkouk remonte à l'antique Mésopotamie. Elle s'est développée sur le site de l'antique [[Arrapha]], une des principales villes de l'empire néo-assyrien.
 
Aujourd'hui, elle est un des plus grands centres pétroliers de l'Irak.
Aujourd'hui, elle est un des plus grands centres pétroliers de l'Irak.
 
La ville et sa périphérie sont habitées en 2020 par près de deux millions de personnes<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=|nom1=Dawood|prénom1=Shahinez|titre=Kirkouk la disputée|url=https://www.monde-diplomatique.fr/mav/169/DAWOOD/61257|site=Le Monde diplomatique|périodique=|date=2020-02-01|consulté le=}}</ref>.
 
== Géographie ==
[[Fichier:1933 קירקוק עיראק - בן ציון ישראלי btm11297.jpg|vignette|gauche|Vieux pont de Kirkouk en 1933.]]
La ville, située près du [[Zagros]] entre [[Bagdad]] et [[Mossoul]], est arrosée par la [[Khasa]], un ruisseau saisonnier, affluent du [[Tigre (fleuve)|Tigre]].
 
== Population ==
[[Fichier:Caravanserai in Kirkuk 01.jpg|vignette|gauche|[[Caravanserail]] de Kirkouk en 2017.]]
L'encyclopédiste [[Empire ottoman|ottoman]] [[Sami Frashëri|Shamsaddin Sami]], auteur du Qamus al-A’lam publié à Istanbul en 1897<ref>Shamsadin Sámi, Qamus al-A’lam, Istanbul: Mihran Press, 1896, sous l'entrée 'Kirkouk'</ref>, décrit la démographie de Kirkouk de cette manière : « Les Kurdes représentent les trois quarts de la population. Le quart restant est composé de [[Turcomans d'Irak|Turcomans]], d'Arabes et autres. Y vivent également 760 juifs et 500 [[Assyriens|Assyro-Chaldéens]] ».
 
Le recensement de 1957 réalisé par le gouvernement irakien présente les chiffres suivants :
{{nombre|187593|Kurdes}}, {{nombre|109620|Arabes}}, {{nombre|83371|[[Turcomans d'Irak|Turcomans]]}} et {{nombre|10000|chrétiens}} [[Chaldéens (Antiquité)|chaldéens]]<ref>Associated Press, 13 février 2007, ''In north, a new war may pit Kurd against Arab''</ref>.
 
À partir des années 1980, le régime de Saddam Hussein s'engage dans un processus d'arabisation qui le conduit à chasser ou déplacer les populations non-arabes de Kirkouk et à y placer des Arabes du Sud de l'Irak. Ces derniers sont incités à venir s'installer en lieu et place des Kurdes contre des avantages financiers et en nature (maison, terre, etc.). Le nettoyage ethnique est d'ailleurs une visée majeure du [[génocide kurde]] perpétré par le régime irakien (génocide plus connu sous le nom d'[[Anfal]])<ref>{{Lien web|langue=en |titre=Genocide in Iraq: The Anfal Campaign Against the Kurds (Human Rights Watch Report, 1993) |url=https://www.hrw.org/legacy/reports/1993/iraqanfal/#Table%20of |site=Human Rights Watch}}</ref>.
 
À la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, de nombreux Kurdes chassés de leurs terres reviennent s'installer à Kirkouk. Depuis, les Kurdes seraient redevenus majoritaires à Kirkouk, suivis des Arabes et des minorités turkmène et chrétienne.
 
== Histoire ==
L'histoire de Kirkouk remonte à l'antique [[Mésopotamie]]. Elle s'est développée sur le site de l'antique [[Arrapha]], une des principales villes de l'[[empire néo-assyrien]]<ref name="Encyclopædia Universalis">{{Lien web|langue=fr|titre=KIRKOUK|url=http://www.universalis.fr/encyclopedie/kirkouk/|site=Encyclopædia Universalis|consulté le=2017-08-26}}</ref>.
 
Le nom de ''Karka'' remonte à l'[[époque hellénistique]]<ref name="Encyclopædia Universalis"/>.
 
Le tell qui recouvre son site archéologique est surmonté d'une petite mosquée, ''Nābi Daniel'', où la tradition voit la tombe du prophète [[Daniel (prophète)|Daniel]]<ref name="Encyclopædia Universalis"/>.
 
Au début du {{s-|XVI}}, Kirkouk appartenait à la [[Iran|Perse]] [[Séfévides|séfévide]]. Elle est conquise en 1554 par les Ottomans qui en font la capitale d'une province, l'[[eyalet de Chahrizor]], absorbé plus tard par [[Eyalet de Bagdad|celui de Bagdad]].
[[Fichier:Aerial Kirkuk.jpg|vignette|Vue aérienne de Kirkouk vers 1940.]]
Elle est prise par les Britanniques pendant la [[campagne de Mésopotamie]] en {{date-|octobre 1918}}<ref>Ian Rutledge, ''Enemy on the Euphrates : the British Occupation of Iraq and the Great Arab Revolt 1914-1921'', New York, Saqi, 2014.</ref>.
 
Elle doit son essor moderne au {{s-|XX}} à la suite de la découverte, le {{Date-|15 octobre 1927}}, du [[Kirkouk (gisement)|plus vaste gisement pétrolifère d'Irak]] qui amena à la création de l'''[[Iraq Petroleum Company]]'' (IPC).
 
=== Kirkouk depuis 1945 ===
 
Dans les [[années 1990]], Kirkouk est l'une des villes irakiennes touchée par la politique d'arabisation décidée par [[Saddam Hussein]] dans le cadre de l'opération [[Anfal]]. La chute de ce dernier et l'adoption d'une [[Constitution de l'Irak|nouvelle constitution]] prévoient la tenue d'un référendum (article 140), destiné à abolir toutes les mesures prises par le régime de Saddam et à rétablir l'équilibre démographique prévalant avant celui-ci, en exigeant le rattachement du Kirkouk à la [[Kurdistan irakien|Région autonome du Kurdistan]]<ref>{{Lien archive|url=http://www.uniraq.org/documents/iraqi_constitution.pdf|titre=IRAQI CONSTITUTION|format=pdf|horodatage archive=20080212210908}}</ref>.
 
La ville de Kirkouk a une grande valeur symbolique pour les Kurdes qui affirment y être installés depuis l'époque des anciens [[Hourrites]]. Mais elle est aussi revendiquée par les [[Arabes]] [[Sunnisme|sunnites]], qui voudraient la rattacher à une « région sunnite » du nord-ouest de l'Irak, et par les [[Turcomans d'Irak|Turkmènes]]<ref>[http://ekurd.net/mismas/articles/misc2011/5/kirkuk685.htm "Why Kirkuk is important to Kurds & Kurdistan? oil, symbol or history ? ", Ekurd Daily, 11 septembre 2011]</ref>.
 
Néanmoins, les élections locales, largement déterminées par les facteurs ethniques, ont donné la mairie à un parti kurde, l'[[Union patriotique du Kurdistan]] (UPK)<ref>[http://www.aljazeera.com/news/middleeast/2014/04/iraq-election-what-voters-kirkuk-say-201441085446401658.html "Iraq election: What voters in Kirkuk say", Al Jazeera, 28 avril 2014]</ref>.
 
[[Fichier:PKK flags and Kurdistan Regional Government flag flying over Kirkuk 05.jpg|vignette|Drapeaux du [[Gouvernement régional du Kurdistan]] et du [[PKK]] dans le quartier de Rahim Awa en septembre 2017.]]
Cependant, la [[Turquie]], qui voit le rattachement de Kirkouk au Kurdistan d'un très mauvais œil, fait pression afin d'éviter la tenue de ce référendum, initialement prévu le {{date-|15 décembre 2007}}, et qui a été reporté plusieurs fois. En effet, après la chute de l'[[Empire ottoman]], la Turquie moderne a toujours convoité en vain les régions septentrionales d'Irak (Kirkouk, mais aussi Mossoul et [[Erbil]]). Seul un accord entre [[Ankara]] et [[Bagdad]] autorise l'[[armée turque]] à effectuer des opérations militaires dans cette zone. Ainsi, il y a eu, jusqu'en {{date-|octobre 2007}}, 24 opérations militaires turques dans le Nord de l'Irak<ref>{{Lien brisé |langue=tr |url=http://www.ensonhaber.com/gundem/86436/sinir-otesi-operasyon-nedir-ne-degildir.html |titre=Qu'est-ce que l'Opération hors frontières ? |site=www.ensonhaber.com}}</ref>.
 
En {{date-|juin 2014}}, au cours de la [[seconde guerre civile irakienne]], Kirkouk est menacée par l'avance rapide des djihadistes de l'[[État islamique (organisation)|État islamique]]<ref>[http://www.lefigaro.fr/international/2014/06/22/01003-20140622ARTFIG00158-sur-la-frontiere-entre-tribus-d-irak-et-kurdes.php Sur la frontière entre tribus d'Irak et Kurdes], lefigaro.fr, 22 juin 2014</ref>. Le {{date-|12 juin}}, les [[peshmerga]]s kurdes occupent la ville évacuée en hâte par les troupes gouvernementales irakiennes. Seule la police, constituée d'Arabes et de Kurdes originaires de la ville, reste sur place<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2014/06/22/dans-kirkouk-la-kurde-en-attendant-les-barbares_1047817 "Dans Kirkouk la Kurde, en attendant les «barbares»", Libération, 22 juin 2014]</ref>. [[Massoud Barzani]], président de la Région du Kurdistan, annonce que le rattachement de Kirkouk au Kurdistan sera durable, et, le {{date-|30 juin}}, demande aux [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] de superviser un prochain référendum<ref>[http://ovipot.hypotheses.org/10342 Jean Marcou, "La Turquie prête à accepter l’indépendance des Kurdes irakiens ?", Ovipot, {{1er}} juillet 2014]</ref>.
La ville est peuplée de 1,200,000 habitants environ (en 2008).
 
Au début de 2016, une longue tranchée jalonnée de postes fortifiés sépare Kirkouk des zones tenues par l'État islamique. Elle protège la ville des attentats-suicides, mais beaucoup d'habitants craignent qu'elle ne devienne une frontière permanente entre le Kurdistan et l'Irak<ref>[http://www.liberation.fr/planete/2016/03/01/a-kirkouk-une-tranchee-a-double-tranchant_1436815 "A Kirkouk, une tranchée à double tranchant", Libération, {{1er}} mars 2016]</ref>.
== Démographie ==
L'encyclopédiste ottoman Shamsaddin Sami, auteur du Qamus al-A’lam publié à Istanbul en 1897<ref>Shamsadin Sámi, Qamus al-A’lam, Istanbul: Mihran Press, 1896, sous l'entrée 'Kirkouk'</ref>, décrit la démographie de Kirkouk de cette manière : « Les Kurdes représentent les trois quarts de la population. Le quart restant est composé de [[Turcomans d'Irak|Turcomans]], d'Arabes et autres. Y vivent également 760 juifs et 460 Chaldéens ».
 
Le {{date-|13 octobre}}, le gouvernement de Bagdad adresse un ultimatum aux peshmergas, leur demandant de se retirer sur leurs positions d'avant 2014. Le {{date-|16 octobre 2017}}, les forces armées irakiennes et les [[Hachd al-Chaabi|unités de mobilisation populaire]] reprennent la ville de Kirkouk<ref>{{Article|langue=fr|titre=Irak : les Kurdes perdent le contrôle de Kirkouk|périodique=Le Monde.fr|date=2017-10-16|issn=1950-6244|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/moyen-orient-irak/article/2017/10/16/irak-des-milliers-d-habitants-fuient-les-quartiers-kurdes-de-kirkouk-en-raison-d-une-operation-militaire-de-bagdad_5201697_1667109.html|consulté le=2017-10-16}}</ref>.
Le recensement de 1957 réalisé par le gouvernement irakien présente les chiffres suivants :
178 000 Kurdes, 48 000 [[Turcomans d'Irak|Turcomans]], 43 000 Arabes et 10 000 chrétiens chaldéens.<ref>Associated Press, 13 février 2007, ''In north, a new war may pit Kurd against Arab''</ref>
 
Le gouvernement turc n'a jamais rompu avec un discours revendiquant la région de Kirkouk, comme celle de Mossoul, du fait de leur appartenance à l'ancien empire ottoman<ref name=":0" />.
A partir des année 1980, le régime de Saddam Hussein s'engage dans un processus d'arabisation qui le conduit à chasser ou déplacer les populations non-arabes de Kirkouk et à y placer des Arabes du Sud de l'Irak. Ces derniers son incités à venir s'installer en lieu et place des Kurdes contre des avantages financier et en nature (maison, terre, etc.). Le nettoyage ethnique est d'ailleurs une visée majeure du [[génocide kurde]] perpétré par le régime irakien (génocide plus connu sous le nom d'[[Anfal]])<ref>http://www.hrw.org/legacy/reports/1993/iraqanfal/#Table%20of</ref>.
 
Un drone turc a été détruit par un Pantsir de l’armée irakienne, celui-ci s’approchant trop de la ville de Kirkouk<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Irak : un «drone turc» abattu par l'armée dans une ville du nord |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/irak-un-drone-turc-abattu-par-l-armee-dans-une-ville-du-nord-20240829 |site=Le Figaro |date=2024-08-29 |consulté le=2024-08-31}}</ref>.
A la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, de nombreux Kurdes chassés de leurs terres reviennent s'installer à Kirkouk. Depuis, les Kurdes sont redevenus marjoritaires à Kirkuk, suivi des Arabes et des minorités turkmène et chrétienne.
 
== Équipements et infrastructures ==
== Le futur de Kirkouk ==
L'[[université de Kirkouk]] est ouverte en 2003.
L'article 140 de la Constitution irakienne prévoit la tenue d'un référendum sur le rattachement du Kirkouk à la Région autonome du Kurdistan<ref>http://www.uniraq.org/documents/iraqi_constitution.pdf</ref>. Il exige également qu'avant la tenue du référendum, toutes les mesures doivent être prises pour rétablir l'équilibre démographique prévalant avant l'arabisation menée par Saddam Hussein dans le cadre de l'[[Anfal]].
 
== Notes et références ==
Initialement prévu le 15 décembre 2007, le référendum a été reporté plusieurs fois.
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{commonscat|Kirkuk}}
{{Autres projets|commons=Category:Kirkuk}}
* [[Citadelle de Kirkouk]]
 
== RéférencesBibliographie ==
* Liam Anderson et Gareth Stansfield, ''Crisis in Kirkuk: The Ethnopolitics of Conflict and Compromise'', University of Pennsylvania, 2009 [https://books.google.fr/books?id=MqXyFmFSlTgC&pg=PA19&dq=bagdad+railway,+kirkuk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiElL25k6bjAhVcBGMBHS0CD9YQ6AEIQDAD#v=onepage&q=bagdad%20railway%2C%20kirkuk&f=false]
<references />
 
== Liens externes ==
{{Portail|Kurdistan|Irak|géographie}}
{{Lien AdQ|arLiens}}
* {{Lien web|auteur=Anna Fifield|url=http://www.jeuneafrique.com/187882/archives-thematique/la-bataille-pour-kirkouk/ |titre=La bataille pour Kirkouk |site=[[Jeune Afrique]] |date=11 décembre 2008}}
* {{Lien web|auteur=Arthur Quesnay |url=http://ifpo.hypotheses.org/5286 |titre=La construction d’un jeu politique communautaire “par le haut” ? Le cas de Kirkuk | site=Les Carnets de l’[[Ifpo]] |date=25 juillet 2013}}
* {{Lien web|auteur=[[Allan Kaval]] |url=http://www.monde-diplomatique.fr/2014/07/A/50613 |titre=Dans Kirkouk, la Jérusalem kurde |site=Le Monde diplomatique |date=juillet 2014}}
* {{Lien web|langue=en |auteur=Michael Knights |url=http://www.aljazeera.com/indepth/opinion/2015/09/kirkuk-key-national-reconciliation-iraq-150923084554413.html |titre=Kirkuk may be key to national reconciliation in Iraq |site=[[Al Jazeera]] |date=23 septembre 2015}}
* {{Lien web|auteur=Chloe Cornish |url=http://www.irinnews.org/fr/report/102008/la-trag%C3%A9die-des-sunnites-irakiens |titre=La tragédie des sunnites irakiens |site=IRIN |date=17 septembre 2015}}
 
[[Catégorie:{{Portail|Irak|Kurdistan]]|géographie}}
 
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