« Bâillement » : différence entre les versions

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Le '''bâillement''' est un comportement [[réflexe]], [[phylogénétique]]ment ancien, stéréotypé mais modulable et physiologiquement contemporain des étirements musculaires lors de l'éveil. Il est isolé lors du besoin de sommeil, de l'angoisse, de la faim ou de l'ennui et est présent chez beaucoup d'[[animal|animaux]], dont tous les [[mammifère]]s, (y compris l'[[Homo sapiens|humain]]) les reptiles, et les oiseaux.
[[Image:Catyawn.jpg|thumb|300px|right|Chat bâillant]]
Le bâillement est un comportement physiologique banal, décrit dès l'[[Antiquité]] par [[Hippocrate]] qui pensait que le bâillement permettait l'évacuation de la fièvre, comme une cheminée évacue la fumée. Oublié après les publications de [[Jean-Martin Charcot]], la [[médecine]] du {{XXe siècle}} n'y a pas attaché beaucoup d'intérêt jusqu'aux [[années 1980]], marquées par les progrès de la [[neurophysiologie]] et de la [[neuropharmacologie]] qui lui redonnent sens.
 
[[Fichier:Joseph Ducreux (French - Self-Portrait, Yawning - Google Art Project.jpg|vignette|redresse|''Autoportrait'' par [[Joseph Ducreux]] (v. 1783).]]
==Description physiologique==
[[Fichier:Le grand bailleur Lequeu.jpg|vignette|redresse|Bâilleur par [[Jean-Jacques Lequeu|Lequeu]].]]
Le cycle du bâillement se déroule en trois phases suivies d'une sensation de bien-être et de détente : une longue inspiration, une [[apnée]] d'environ une seconde, durant laquelle l'[[acuité auditive]] diminue (en raison de l'ouverture des [[trompe d'Eustache|trompes d'Eustache]]), et une expiration rapide, parfois accompagnée d'une stimulation des [[glandes lacrymales]] et associée ou non à des étirements. Sans améliorer l'[[oxygène|oxygénation]] [[cerveau|cérébrale]], comme cela fut répété pendant des siècles, le bâillement apparaît comme une stimulation de notre vigilance ; il joue un rôle dans la communication non-verbale en particulier chez les [[primate]]s, chez qui il est lié au taux de [[testostérone]].
Le '''bâillement''' est une contraction intense de certains muscles du visage et du [[Diaphragme (organe)|diaphragme]] entraînant une [[inhalation]] profonde d'air par l'ouverture de la bouche, suivie d'une courte, mais profonde et rapide, expiration. C'est un comportement physiologique et « [[réflexe (réaction motrice)|réflexe]] » banal qui existe dès le [[stade fœtal]] chez de nombreux animaux, y compris les poissons. Il est donc [[phylogénétique]]ment ancien. Stéréotypé<ref>{{article|lang=en |auteur1=R. R. Provine |titre=Yawning as a stereotyped action pattern and releasing stimulus |journal={{lang|en|Ethology}} |numéro=72| année=1986 |passage=109–122 |doi=10.1111/j.1439-0310.1986.tb00611.x }}.</ref>, il est néanmoins modulable et associé chez les humains comme chez d'autres espèces animales à des étirements musculaires ([[pandiculation]]).
 
On l’associe souvent à la [[Fatigue (physiologie)|fatigue]] (au besoin de [[sommeil]]), à la [[faim]]<ref>{{Lien web|url=http://baillement.com/recherche/leptine_ghreline.html |site=baillement.com |titre=Leptine, ghréline, histamine et bâillements |date=mars 2005 |consulté le=5 avril 2018}}.</ref>, {{réfnéc|à la [[sexualité]], au [[bien-être]] et, surtout, à l’[[ennui]].|motif=Lié à sexualité? vraiment?|date=4 avril 2018}}
Alors que le bâillement disparaît dans les syndromes extra-pyramidaux ([[maladie de Parkinson]]), les salves de bâillements répétés sont pathologiques et peuvent révéler de multiples pathologies cérébrales [[neurologie|neurologiques]] ou neuropsychologiques. Les causes de bâillements [[iatrogène]]s sont fréquentes.
 
Il est présent chez tous les [[vertébrés]]<ref name ="Le Point">{{lien web|url=https://www.lepoint.fr/societe/pourquoi-on-baille-24-06-2010-1209791_23.php|auteur1=Violaine de Montlcos |titre=Pourquoi on bâille |auteur2=Olivier Walusinski |périodique=[[Le Point]] |date=24 juin 2010}}.</ref>{{refins|motif=Semble inconsistant que cela concerne tous les vertébrés, mais moins les herbivores, et la référence semble difficile à vérfifier.|date=4 avril 2018}}, ce qui inclut notamment les [[mammifère]]s (il est moins fréquent chez les herbivores que chez les carnivores), les reptiles, les poissons et les oiseaux<ref>{{article|lang=en |prénom1=M. L. |nom1=Miller |prénom2=A. C. |nom2=Gallup |prénom3=A. R. |nom3=Vogel |prénom4=S. M. |nom4=Vicario |prénom5=A. B. |nom5=Clark |titre=Evidence for contagious behaviors in budgerigars (Melopsittacus undulatus): an observational study of yawning and stretching |périodique=Behav. Process. |numéro=89 | année=2012 |passage=264–270 |doi=10.1016/j.beproc.2011.12.012 }}.</ref>.
Le tronc cérébral associé au [[diencéphale]] (cerveau intermédiaire) est le siège de ce réflexe mais le curieux phénomène de la contagion du bâillement ([[échokinésie]]), propre à l'homme et aux primates les plus proches de l'homme (chimpanzé), implique la mise en jeu des lobes frontaux (capacités d'[[imitation]] et d'[[empathie]]). L'[[embryologie]] et l'[[ontogénèse]] montrent le parallélisme entre succion et bâillement.
 
== Dans l'histoire des sciences ==
Le déroulement du bâillement fait intervenir de nombreux neurotransmetteurs ; la [[dopamine]] joue un rôle central, en activant la production d'[[ocytocine]] par le noyau paraventriculaire de l'[[hypothalamus]]. L'ocytocine active la sécrétion [[cholinergique]] de l'[[hippocampe (cerveau)|hippocampe]] et l'[[acétylcholine]] déclenchent le bâillement par effet sur les récepteurs muscariniques des muscles du [[larynx]], du [[visage]] et de la [[mâchoire]] impliqués dans son déroulement. Les multiples projections du noyau paraventriculaire sur le [[locus cœruleus]] et la réticulé du tronc cérébral sont les déterminants de l'effet du bâillement sur la vigilance. Ce schéma trop simplificateur omet d'autres [[molécule]]s également impliquées telles [[NO]], [[glutamate]], [[GABA]], [[sérotonine]], [[ACTH]], [[Melanocyte-stimulating hormone|MSH]], [[hormone sexuelle|hormones sexuelles]], [[hypocrétine]] et autres neuro-peptides. Cette richesse neurophysiologique explique l'intérêt de l'observation du bâillement pour des tests [[pharmacologie|pharmacologiques]] des nouveaux [[psychotrope]]s.
Ce phénomène physiologique est décrit dès l'[[Antiquité]], par exemple par [[Hippocrate]], qui pensait, dans son ''Traité des vents'', que le bâillement permettait l'évacuation de la fièvre, comme une cheminée évacue la fumée.
 
D'autres médecins romains faisaient un lien entre une [[mortalité infantile]] élevée et le fait que les bébés bâillaient beaucoup (idée du bâillement mortel et contagieux).
== Un acte communicatif ==
Le bâillement est un acte communicatif. Le bâillement d'une personne implique bien souvent le bâillement des personnes se trouvant dans son entourage<ref>[http://www.explic.com/7828-baillement.htm Pourquoi le bâillement est t-il communicatif ?]</ref>.
Ce comportement se retrouve chez les animaux. Il a ainsi été étudié chez les loups vivant en meute{{refnec}}.
 
Les [[hindous]] pensaient que, lors du bâillement, des esprits pénétraient dans le corps par la bouche.
Il est aussi amusant de savoir que le bâillement est contagieux également chez les aveugles et que donc la contagion ne se fait pas que visuellement{{refnec}}.
 
Certaines religions y voient l’entrée du diable dans le corps ou, selon d’autres interprétations, que le diable se moque des hommes au moment du bâillement, d’où la coutume {{pas clair|assez universelle}} de mettre la main devant sa bouche lorsque l’on bâille<ref name="Walusinksi">{{Citation épisode|lang=fr |prénom1=Olivier |nom1=Walusinksi |titre=Olivier Walusinksi |série=[[La Tête au carré]] |minutes=60 | diffusion=5 novembre 2009 |chaîne={{lnobr|France Inter}} |consulté le=}}.</ref>.
Cette contagion est probablement due à un groupe de [[neurone]]s spécialisés appelés [[Neurone miroir|neurones miroirs]]<ref>[{{pdf}} http://www.baillement.com/recherche/pourlascience_avril09.pdf Le bâillement est-il contagieux ?]</ref>.
 
Oublié après les publications de [[Jean-Martin Charcot]], la [[médecine]] du {{s-|XX}} n’y a pas attaché beaucoup d’intérêt jusqu’aux {{lnobr|années 1980}}, marquées par les progrès de la [[neurophysiologie]] et de la [[neuropharmacologie]] qui lui redonnèrent sens. Une étude récente (2016) montre que plus le cerveau d’un animal est gros, plus son bâillement moyen est long. Le bâillement pourrait ainsi avoir évolué avec le cerveau et l’intelligence<ref>{{article|lang=en |prénom1=G. |nom1=Roth |prénom2=U. |nom2=Dicke |titre=Evolution of the brain and intelligence |journal=Trends Cogn. Sci. |numéro=9 | année=2005| passage=250–257 |doi=10.1016/j.tics.2005.03.005 }}.</ref>.
== Notes ==
<references />
 
== Description physiologique ==
==Voir aussi==
[[Fichier:Fetal yawning 4D ultrasound ecografia 4D Dr. Wolfgang Moroder.theora.ogv|vignette|redresse|Bâillement d’un fœtus à {{nobr|30 semaines}} de grossesse — image mobile en trois dimensions par ultrasons, travail du {{Dr|Wolfgang}} Moroder.]]
{{commons|Category:Yawn|le bâillement}}
Les bâillements surviennent environ {{nombre|250000|fois}} au cours d’une vie, soit une moyenne de {{unité|5|à=10|fois}} par jour, avec une fréquence plus forte au réveil et chez le nourrisson jusqu’à sa {{3e|semaine}} environ — preuve de son caractère archaïque ({{cf.}} la [[loi de von Baer]])<ref name="Walusinksi" />.
{{Wiktionnaire|bâillement}}
[[Pandiculation]]
 
Le cycle d’un bâillement complet se déroule en trois phases suivies d’une sensation de bien-être et de détente :
===Sources===
# d’abord une longue inspiration ;
<!--voir la page de discussion de cet article pour l'autorisation de reproduction et les explications-->
# puis une [[apnée]] d’environ une seconde, durant laquelle l’[[acuité auditive]] diminue (en raison de l’ouverture des [[trompes d’Eustache]]) ;
* [http://www.baillement.com www.baillement.com]
# finalement une expiration rapide, parfois accompagnée d’une stimulation des [[glandes lacrymales]] et associée ou non à des étirements.
 
===Lien externe=Fonctions ==
Le bâillement pourrait avoir une ou plusieurs fonctions et il pourrait y avoir différents types (et fonctions associées) de bâillements<ref>{{article|lang=en |prénom1=A. |nom1=Leone |prénom2=P. F. |nom2=Ferrari |prénom3=E. |nom3=Palagi | titre=Different yawns, different functions? Testing social hypotheses on spontaneous yawning in Theropithecus gelada |journal=Sci. Rep. |numéro=4 |année=2014 |passage=4010 |doi=10.1038/srep04010 }}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lang=en |prénom1=S. J. |nom1=Vick |prénom2=A. |nom2=Paukner| titre=Variation and context of yawns in captive chimpanzees (Pan troglodytes) |journal=Am. J. Primatol. |numéro=72 |année=2010 |passage=262–269 |doi=10.1002/ajp.20781 }}.</ref>. Plusieurs hypothèses sont discutées depuis des siècles.
*[http://eureka.povlab.org/fiche.php?qid=20 ''Qu'est-ce que le bâillement ?'' sur Eurêka]
 
Une fonction présumée et reprise régulièrement depuis le {{s-|XVIII}} après que le médecin hollandais {{lien|lang=de|Johannes de Gorter}} l’eut popularisée en [[1755 en science|1755]] dans ''{{lang|la|De perspiratione insensibili}}''<ref>{{Lien web|prénom1=Johannes |nom1=de Gorter |lang=la |lire en ligne=https://archive.org/stream/bub_gb_fK2a2qICYdUC#page/n0/mode/2up |site=archive.org | titre=De perspiratione insensibili |année=1755 }}.</ref>, est l’[[oxygène|oxygénation]] [[cerveau|cérébrale]] ; le bâillement étant selon lui censé répondre à l’[[Coma#Hypoxie cérébrale|hypoxie cérébrale]].
{{réflexe}}
{{Portail neurosciences}}
 
Le bâillement pourrait être une stimulation réflexe de la vigilance, par augmentation de la [[Clairance (biologie)|clairance]] du liquide céphalo-rachidien (interprétations difficiles car les [[Électro-encéphalographie|études électro-encéphalographiques]] sont perturbées par l'intense activité électrique que le bâillement provoque lors de ces enregistrements).
 
Il pourrait aussi jouer un rôle dans la [[thermorégulation]] de l’organisme<ref>{{article|lang=en |prénom1=M. L. |nom1=Shoup-Knox |prénom2=A. C. |nom2=Gallup |prénom3=G. G. |nom3=Gallup |postnom3={{Jr.}} |prénom4=E. C. |nom4=McNay |titre=Yawning and stretching predict brain temperature changes in rats : support for the thermoregulatory hypothesis |journal=Front. Evol. Neurosci. |numéro=2 |année=2010 |passage=1–5 |doi=10.3389/fnevo.2010.00108 }}.</ref> et notamment pour le refroidissement du cerveau<ref>{{Article|langue=en |prénom1=M. |nom1=Cabanc |prénom2=H. |nom2=Brinnel |titre=Blood flow in the emissary veins of the human head during hyperthermia |périodique={{lang|en|European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology}} |année=1985 |volume=54 |numéro=2 |passage=172–176 }}.</ref> (un système de refroidissement diminue la contagiosité du bâillement<ref>{{article|lang=en |prénom1=A. C. |nom1=Gallup |prénom2=G. G. |nom2=Gallup |postnom2={{Jr.}} |titre=Yawning as a brain cooling mechanism: nasal breathing and forehead cooling diminish the incidence of contagious yawning |journal=Evol. Psychol. |numéro=5 |année=2007 |passage=92–101 |doi=10.1177/147470490700500109 }}.</ref>).
 
Il joue un rôle important dans la [[communication non verbale]], au moins chez certaines espèces, dont en particulier chez les [[primate]]s. Chez ceux-ci, il est lié au taux de [[testostérone]] ; ainsi les mâles macaques dominants bâillent beaucoup avant et après l'accouplement, et une fois castrés, ils ne bâillent plus<ref name="Walusinksi" />.
 
== Pathologie ==
Des bâillements trop fréquents ou anormalement rares peuvent être associés à certaines pathologies<ref>{{article|lang=en |prénom1=O. |nom1=Walusinski |titre=Yawning in diseases |journal=Eur. Neurol. |numéro=62 | année=2009 | passage=180–187 |doi=10.1159/000228262 }}.</ref>. Alors que le bâillement disparaît dans les [[Syndrome extrapyramidal|syndromes extrapyramidaux]] ({{ex}} [[maladie de Parkinson]]), des salves de bâillements répétés sont pathologiques et peuvent révéler de multiples pathologies cérébrales [[Neurologie|neurologiques]] ou neuropsychologiques.
 
Des causes de bâillements [[iatrogène]]s existent et sont fréquentes (notamment suite à prise d'[[antidépresseur]]s [[sérotoninergique]]s).
 
Le [[tronc cérébral]] associé au [[diencéphale]] (cerveau intermédiaire) est le siège de ce réflexe. Mais le curieux phénomène de la contagion du bâillement ([[échokinésie]]), propre à l'homme et aux primates les plus proches de l'homme (chimpanzé), implique aussi la mise en jeu des lobes frontaux (capacités d'[[Mimétisme|imitation]] et d'[[empathie]]).
 
L'[[embryologie]] et l'[[ontogenèse]] évoquent un parallélisme entre succion et bâillement.
 
Le déroulement du bâillement fait intervenir de nombreux neurotransmetteurs ; la [[dopamine]] joue un rôle central, en activant la production d'[[ocytocine]] par le noyau paraventriculaire de l'[[hypothalamus]]. L'ocytocine active la sécrétion [[cholinergique]] de l'[[Hippocampe (cerveau)|hippocampe]] et l'[[acétylcholine]] déclenche le bâillement par effet sur les récepteurs muscariniques des muscles du [[larynx]], du [[visage]] et de la [[mâchoire]] impliqués dans son déroulement. Les multiples projections du noyau paraventriculaire sur le [[locus cœruleus]] et la réticulé du tronc cérébral sont les déterminants de l'effet du bâillement sur la vigilance. Ce schéma trop simplificateur omet d'autres [[molécule]]s également impliquées telles que [[monoxyde d'azote]], [[glutamate]], [[Acide γ-aminobutyrique|GABA]], [[sérotonine]], [[Hormone corticotrope|ACTH]], [[Melanocyte-stimulating hormone|MSH]], [[Hormone sexuelle|hormones sexuelles]], [[hypocrétine]] et autres neuropeptides. Cette richesse neurophysiologique explique l'intérêt de l'observation du bâillement pour des tests [[Pharmacologie|pharmacologiques]] des nouveaux [[psychotrope]]s, du fait de sa propriété instinctive.
 
== Acte communicatif ==
[[Fichier:Yawning Infant, August 2018.jpg|vignette|Bébé baillant]]
Le bâillement est un acte communicatif touchant 75 % de la population, 25 % étant peu ou pas sensible à cette contagion<ref>{{Article|langue=en |prénom1=R. R. |nom1=Provine |titre=Yawning as a stereotyped action pattern and releasing stimulus |périodique={{lang|en|Ethology}} |année=1986 |volume=72 |passage=109–122 }}.</ref>. Acte de [[mimétisme]], le bâillement d’une personne implique bien souvent le bâillement des personnes se trouvant dans son entourage et est corrélé à l’[[empathie]]. Ce comportement mimétique ne se retrouve que chez les [[primate]]s<ref name ="Le Point" /> donc des êtres doués d’[[empathie]]<ref name ="Le Point" />. L’action n’est pas une action réflexe, mais une forme de communion empathique selon le docteur Olivier Walusinksi, spécialiste français du bâillement<ref name ="Le Point" />. Une personnalité [[schizoïde]] ne reproduira pas de bâillement<ref name ="Le Point" />. Le bâillement est contagieux également chez les [[aveugle]]s, la contagion ne se fait donc pas que visuellement<ref>{{Lien web|lang=fr |url=http://baillement.com/baillement-contagion.html |site=baillement.com |titre=De la réplication du bâillement |date=1er décembre 2012 |consulté le=5 avril 2018}}.</ref>. Cette contagion est due à un groupe de [[neurone]]s spécialisés appelés [[neurones miroirs]]<ref>{{article|lang=fr |prénom1=Olivier |nom1=Walusinski |titre=Le bâillement est-il contagieux ? |périodique=[[Pour la Science]] |numéro=378 |année=2009 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr |prénom1=Hugo |nom1=Jalinière |série=Cerveau et psy |titre=Question de la semaine : Pourquoi bâiller est-il contagieux ? |périodique=[[Sciences et Avenir]] |date=18 mai 2017 |lire en ligne=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/pourquoi-bailler-est-il-contagieux_100834 |consulté le=5 avril 2018}}.</ref>. Une étude récente, menée par Ivan Norscia et Elisabetta Palagi de l'université de Pise en Italie a démontré que la contagion du bâillement est plus élevée en réponse à des parents, puis amis, puis des connaissances, et enfin des étrangers<ref name="norsciapalagi">{{Article|langue=en |prénom1=I. |nom1=Norscia| prénom2=E. |nom2=Palagi |titre=Yawn contagion and empathy in ''Homo sapiens'' |périodique=[[PLoS ONE]] |année=2011 |volume=6 |numéro=12 |passage=e2847254 |doi=10.1371/journal.pone.0028472 }}.</ref>. En se fondant sur ces résultats les auteurs concluent que la contagion du bâillement est affectée par le lien empathique qui connecte deux personnes, en considérant les humains dans leur milieu naturel<ref name="norsciapalagi" />.
 
== Bâillement et taille du cerveau ==
Une étude<ref name="Study2016Gallup">{{article|lang=en |auteur1=Andrew C. Gallup |auteur2=Allyson M. Church |auteur3=Anthony J. Pelegrino |titre=Yawn duration predicts brain weight and cortical neuron number in mammals |date= octobre 2016 |doi=10.1098/rsbl.2016.0545 |périodique={{lang|en|Biology Letters}} |volume=12 |numéro=10}}.</ref> publiée en 2016 par trois psychologues américains dans ''{{lang|en|Biology Letters}}'', basée sur l’analyse de vidéos de bâillements trouvées sur [[YouTube]] de {{nobr|29 [[mammifère]]s}} d’espèces différentes (souris, chatons, renards, hérissons, morses, éléphants<ref>{{Lien web|lang=en |titre=Animals Yawning |format électronique=vidéo |description=Exemple vidéo |url=https://www.youtube.com/watch?v=B907aaDw7Ec |date=19 juin 2013 }}.</ref> et humains) montre que plus l’espèce a un petit cerveau (et donc dotée d’un cortex moins riche en [[neurone]]s), plus la durée de bâillement est courte<ref name="Study2016Gallup" />.
 
Un primate baille plus longtemps qu'un non-primate et c'est au sein de l'espèce humaine (dont le cerveau abrite environ {{nobr|12 milliards}} de neurones corticaux) que le bâillement moyen est le plus long : un peu plus de {{nobr|6 secondes}}<ref name="Study2016Gallup" />. Chez l'[[éléphant d'Afrique]] comparable à l'homme pour le poids de son cerveau, et qui dispose d'un nombre similaire de neurones corticaux, le bâillement dure environ {{nobr|6 secondes}}. À l'opposé la souris a un bâillement moyen d'environ {{nombre|1.5|seconde}}<ref name="Study2016Gallup" />.
 
Ces résultats sont compatibles avec l’hypothèse ancienne voulant que bâiller ait un effet physiologique lié au cerveau (effet d’amélioration du flux sanguin et de refroidissement du cerveau)<ref>{{Lien web|lang=en |auteur1=Emily Underwood |url=https://www.sciencemag.org/news/2016/10/bigger-your-brain-longer-you-yawn |site=sciencemag.org |titre=The bigger your brain, the longer you yawn |éditeur=Science, Brain & Behavior Plants & Animals |date=4 octobre 2016 |doi=10.1126/science.aah7379}}.</ref>. Cette hypothèse stipule que les cerveaux les plus grands ont des besoins thermolytiques plus importants et, comme la production de chaleur est liée à l’activité neuronale (et au nombre de neurones), un animal avec un plus grand cerveau devrait bailler plus longtemps pour produire un effet de refroidissement comparable.
 
Une autre étude<ref name=":0">{{Article |langue=en |prénom1=Jorg J. M. |nom1=Massen |prénom2=Margarita |nom2=Hartlieb |prénom3=Jordan S. |nom3=Martin |prénom4=Elisabeth B. |nom4=Leitgeb |titre=Brain size and neuron numbers drive differences in yawn duration across mammals and birds |périodique=Communications Biology |volume=4 |numéro=1 |date=2021-05-06 |issn=2399-3642 |doi=10.1038/s42003-021-02019-y |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s42003-021-02019-y |consulté le=2021-06-05 |pages=1–10 }}</ref>, parue en 2021 dans ''[[Nature (revue)|Nature]]'', analyse des vidéos de bâillements de mammifères (507 individus de 60 espèces) et d’[[Oiseau|oiseaux]] (280 individus et 48 espèces). Les résultats montrent une relation claire entre la masse cérébrale, le nombre de neurones et la durée du bâillement, autant chez les mammifères que chez les oiseaux. Cela suggère également que ce réflexe est très conservé dans les taxons et remonte au moins à l’ancêtre commun des oiseaux et mammifères.
 
La durée moyenne de bâillements chez les mammifères est de 3,4 secondes et celle chez les oiseaux est de 1,46 secondes<ref name=":0" />. Les oiseaux baillent moins longtemps que les mammifères, même à masse corporelle et cérébrale comparable. Cela peut s’expliquer par 3 particularités des oiseaux<ref name=":0" />. La température du sang des oiseaux est plus élevée de 2°C que la température du sang des mammifères, impliquant un échange entre le sang et l’atmosphère facilité et la non-nécessité pour un oiseau de bâiller aussi longtemps qu’un mammifère pour avoir le même effet de refroidissement. L’adaptation morphologique des oiseaux, le [[Rete mirabile|rete mirabile ophthalmicum]], augmente l’efficacité du transfert d’énergie entre le cerveau et la circulation pour permettre un refroidissement sélectif du cerveau. La taille du [[bec]] pourrait être un autre facteur déterminant la longueur du bâillement car il s’agit d’un site de perte de chaleur spécifique chez les oiseaux.
 
== Dans l'art ==
La [[chorégraphe]] et [[danseuse]] [[Sandra Abouav]] créa en {{Date-|mars 2017}} un spectacle entièrement consacré au bâillement et à ses métamorphoses : « À bouche que veux-tu » (pièce pour {{nobr|5 danseurs}}, sur une musique originale de [[Vincent Cespedes]])<ref>{{Lien web|lang=fr |prénom1=Yvan |nom1=Amar |url=http://www.rfi.fr/emission/20171013-sandra-agouav-choregraphe-damien-arnaud-president-cercle-communicants-francophones |titre=Danse des mots |sous-titre=Sandra Abouav, chorégraphe et Damien Arnaud, président du Cercle des communicants francophones |éditeur=[[Radio France internationale|RFI]] |date=13 octobre 2017 |lien auteur1=Yvan Amar |consulté le=5 avril 2018}}.</ref>.
 
== Galerie ==
<gallery>
File:Macaca fuscata juvenile yawning.jpg|Jeune macaque (''[[macaca fuscata]]'') bâillant.
File:Panthera_leo_yawn_(Kgalagadi,_2012).jpg|[[Lion]] (''panthera leo'') en train de bâiller.
File:GIPE25 - Un Tigre de Siberie (by).jpg|[[Tigre de Sibérie]] bâillant.
File:Catyawn.jpg|Chat bâillant.
File:Amphilophus labiatum, yawning in aquarium.jpg|''[[Amphilophus]]'' bâillant : [[Ouïe (anatomie des poissons)|ouïes]] ouvertes, nageoires en [[pandiculation]].
File:Hippopotamus in the Zambezi.jpg|Hippopotame commun ''([[Hippopotamus amphibius]])'' en train de bâiller.
</gallery>
 
== Bibliographie ==
 
* {{article|lang=en |prénom1=A. |nom1=Argiolas |prénom2=M. R. |nom2=Melis |titre=The neuropharmacology of yawning |journal=Eur. J. Pharmacol. |numéro=343 |année=1998 |passage=1–16 |doi=10.1016/s0014-2999(97)01538-0 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=R. |nom1=Baenninger |titre=Some comparative aspects of yawning in Betta splendens, Homo sapiens, Panthera leo, and Papio sphinx |journal=J. Comp. Psychol. |numéro=101 |année=1987 |passage=349–354 |doi=10.1037/0735-7036.101.4.349 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=J. J. |nom1=Barbizet |titre=Yawning |journal={{lang|en|Neurol. Neurosurg. Psychiatry}} |numéro=21 |année=1958 |passage=203–209 |doi=10.1136/jnnp.21.3.203 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=G. |nom1=Daquin |prénom2=J. |nom2=Micallef |prénom3=O. |nom3=Blin |titre=Yawning |journal={{lang|en|Sleep Med. Rev.}} |numéro=5 |année=2001 |passage=299–312 |doi=10.1053/smrv.2001.0175 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=A. C. |nom1=Gallup |titre=Why do we yawn? Primitive versus derived features |journal=Neurosci. Biobehav. Rev. |numéro=35 |année=2001 |passage=765–769 |doi=10.1016/j.neubiorev.2010.09.009 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=A. G. |nom1=Guggisberg |prénom2=J. |nom2=Mathis |prénom3=A. |nom3=Schnider |prénom4=C. W. |nom4=Hess |titre=Why do we yawn? |journal=Neurosci. Biobehav. Rev. |numéro=34 |année=2010 |passage=1267–1276 | doi=10.1016/j.neubiorev.2010.03.008 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=A. P. |nom1=Heusner |titre=Yawning and associated phenomena |journal=Physiol. Rev. |numéro=26 |année=1946 |passage=156–168 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=A. C. |nom1=Liang |prénom2=J. K. |nom2=Grace |prénom3=E. M. |nom3=Thompkins |prénom4=D. J. |nom4=Anderson |titre=Yawning, acute stressors and arousal reduction in Nadza booby adults and nestlings |journal=Physiol. Behav. |numéro=140 |année=2015 |passage=38–43 | doi=10.1016/j.physbeh.2014.11.029 }}.
* {{article|lang=en |prénom1=R. R. |nom1=Provine |titre=Yawning: the yawn is primal, unstoppable and contagious, revealing the evolutionary and neural basis of empathy and unconscious behavior |journal=Am. Sci. |numéro=93 |année=2005 |passage=532–539 |doi=10.1511/2005.56.980 }}.
* {{article|lang=en |auteur1=Olivier Walusinski |titre=How yawning switches the default-mode network to the attentional network by activating the cerebrospinal fluid flow |doi=10.1002/ca.22280 |périodique={{lang|en|Clinical Anatomy}} |numéro=27 |date=mars 2014 |passage=201–209}}.
 
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
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=== Article connexe ===
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