« Château de Fontaine-Henry » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Château de Fontaine}}
{{Infobox Château
| nom = Château de Fontaine-Henry
| nom local =
| image = FranceNormandieFontaineHenryChateauEtChapelle.jpg
| image= Chateau de Fontaine-Henry.jpg
| légende = Vue du château et de la chapelle.
| légende=
| latitude = 49.2744
| longitude = -0.45
| référence =<ref>Coordonnées vérifiées sur [[Géoportail (France)|Géoportail]] et [[Google Maps]]</ref>
| commune = [[Fontaine-Henry]]
| lien commune = [[Commune française(France)|Commune]]
| région = [[Normandie]]
| lien région = Anciennes[[Territoires provincesdu royaume de France|Ancienne province]]
| subdivision = [[Basse-Normandie (région administrative)|Normandie]]
| lien subdivision = [[Région française{{!}}|Région]]
| subdivision2 = [[Calvados (département)|Calvados]]
| lien subdivision2 = [[Département français{{!}}|Département]]
| pays = {{France}}
| style = [[Architecture gothique|Gothique classique]] (1180-1230) et [[Architecture gothique|flamboyant]] (1420-début {{s-|XVI}}).<br />[[Style Louis XII]] (1495-1525/30)<br />[[Renaissance française|Première et Seconde Renaissance]] (1515-1559/1564)
| style= [[Architecture Renaissance|Renaissance]]
| type =
| architecte = Le Prestre (milieu du {{s-|XVI}}).
| début construction = [[AnnéesMoyen 1530Âge central|Moyen-Âge classique]]<br />Nouveau projet vers 1500
| fin construction = milieu du {{s-|XVI}}
| propriétaire initial = Famille de Tilly
| destination initiale = Seigneurie
| propriétaire actuel = PrivéMarquis Pierre-Apollinaire d'Oilliamson
| destination actuelle = Habitation
| classement= [[Monument historique (France)|Classé MH]], 05/04/1924 = {{classé MH|2011}}<br />{{Site classé,naturel 24/08/classé|1959|Parc}}
| site =
| géolocalisation = France/Calvados
}}
 
Le '''château de Fontaine-Henry''' est un château [[Architecture Renaissance|Renaissance]], situé dans la commune française de [[Fontaine-Henry]], dans le [[département français]] du [[Calvados (département)|département du Calvados]], en [[Normandie (région administrative)|région [[Basse-Normandie]].
 
Tel un ''château de la Loire égaré en Normandie''<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean de La Varende |titre=Châteaux de Normandie |sous-titre=Itinéraire sentimental |éditeur=Plon |lieu=Paris |année=1958 |passage=préface, {{p.|9}}}}.</ref>, l'édifice d'origine [[Moyen Âge|médiévale]] est rendu célèbre pour ses façades marquées principalement par les styles {{Style Louis XII}} et [[Renaissance française|Renaissance]]<ref name="Babelon">{{Ouvrage |auteur1=Jean-Pierre Babelon |titre=Châteaux de France au siècle de la Renaissance |éditeur=Flammarion/Picard |lieu=Paris |année=1989/1991 |pages totales=840 |format livre=32 cm|isbn=978-2-08-012062-5}}.</ref>. De par ses hautes toitures à la française culminant jusqu'à près de {{nobr|15 mètres}} de haut sur le « Gros pavillon » quadrangulaire, l'édifice est également considéré comme ''les plus hauts toits de France''<ref name="Sélection RD 252-253">{{Ouvrage |auteur1=Collectif |titre=Album des châteaux de France |éditeur=Sélection du reader's digest |lieu=Paris |année=1975 |pages totales=320 |passage=252-253 |isbn=978-2-7098-0015-0}}.</ref>.
Le château de Fontaine-Henry est classé [[Monument historique (France)|monument historique]] depuis [[1924]]<ref name=merimee>{{Mérimée|PA00111341}}</ref>.
 
C'est en scrutant l'ensemble des maçonneries et en comparant les devis et les plans des {{s2-|XVIII|XIX}}, que [[Bertrand Jestaz]] a tenté de reconstituer les différentes étapes de construction de cette accumulation de corps de logis. Ces conclusions furent reprises par [[Jean-Pierre Babelon]]<ref name="Babelon" />.
Il appartient à la même famille depuis environ dix siècles sans avoir jamais été vendu. Néanmoins, plusieurs noms s’y sont succédé<!-- « succédé » : le verbe employé intransitivement ou en transitif direct, ne s’accorde jamais en genre ni en nombre -->, car il a à plusieurs reprises été transmis par des femmes. Les familles de Tilly, [[Maison d'Harcourt|d’Harcourt]], de Morais, Boutier de Château d'Assy, de Montécler, de Marguerie, de Carbonnel, de Cornulier et d’Oilliamson l’ont donc tour à tour possédé par voie d’héritage.
 
Le château de Fontaine-Henry est classé au titre [[Monument historique (France)|monument historique]] par un arrêté du {{date-|5 avril 1924}}<ref>''Liste des immeubles protégés au titre de la législation sur les monuments historiques'' sur [[Légifrance]] {{lire en ligne| url=http://www.legifrance.gouv.fr/affichSarde.do;jsessionid=91A12C10B9083FD1605F6724EB1E7127.tpdjo05v_3?reprise=true&fastReqId=733490512&idSarde=SARDOBJT000007104580&page=14}}.</ref>. Ce classement est remplacé par un nouvel arrêté le {{date-|22 novembre 2011}}<ref name="merimee2">{{Base POP Mérimée|PA00111341}}.</ref>. L'édifice est aujourd’hui entouré d’un [[Jardin à l'anglaise|parc à l’anglaise]], qui a également été classé monument historique en 1959<ref name="merimee2" />.
Il existait à cet emplacement une forteresse dès le début du {{XIe siècle}}. La [[famille de Tilly]] l’a remplacée entre [[1200]] et [[1220]] par un nouveau château. De cette époque subsistent notamment la chapelle et des salles voûtées qui formaient autrefois le rez-de-chaussée du bâtiment d’habitation. Ces deux éléments donnent la mesure de l’ampleur et de l’importance de ce château au [[Moyen Âge]].
 
== Historique ==
En [[1374]] Jeanne de Tilly épousa [[Philippe d'Harcourt]] et lui apporta en dot, entre autres, cette seigneurie.
Le château de Fontaine-Henry est un domaine familial qui a traversé le temps en accumulant savoirs et objets<ref name=":52">{{Lien web |titre=Un château familial |url=http://www.chateaudefontainehenry.com/un-chateau-familial |site=chateaudefontainehenry.com |consulté le=23/07/2017 |brisé le = 2023-10-29}}.</ref>. Cela a été rendu possible car le château n'a jamais été vendu et s'est transmis de génération en génération depuis environ dix siècles<ref name="Sélection RD 252-253" />.
 
Possédant tour à tour le domaine par voie d’héritage, plusieurs noms s'y sont succédé. Parmi eux, la [[Maison d'Harcourt|famille d'Harcourt]] qui était une famille très puissante et proche du roi, de même que la [[Famille de Cornulier|famille Cornulier]] qui a apporté des souvenirs de la [[Révolution française|Révolution]] ou encore la famille [[Gabriel d'Oilliamson|d'Oilliamson]] qui est l'actuelle propriétaire du château<ref name=":52" />… Proche de [[Bayeux]], le domaine doit son nom à Henry de Tilly, fils d'un grand [[sénéchal de Normandie]], qui prend part à la [[huitième croisade]]<ref name="Sélection RD 252-253" />. Sur l'emplacement d'une première [[Fortification|forteresse]] du début du {{s-|XI}}, la [[famille de Tilly]] fait édifier entre 1200 et 1220 un nouvel édifice. De cette époque subsistent notamment la chapelle et des salles voûtées qui formaient autrefois le rez-de-chaussée du [[logis seigneurial]], témoignant encore aujourd'hui de toute l’ampleur du château au cours du [[Moyen Âge central|Moyen Âge classique]].
C’est la [[Maison d'Harcourt|famille d’Harcourt]] qui entrepris de reconstruire le château après la [[guerre de Cent Ans]]. Les travaux s’étalèrent sur pratiquement un siècle, entre la fin du {{XVe siècle}} et les années [[1560]]. On peut donc admirer sur sa façade ouest les différents styles employés, qui reflètent l’évolution de l’[[Architecture de la Normandie|architecture en Normandie]] et en France.
 
La branche ainée des [[Famille de Tilly|Tilly]] transmet ses terres à la [[Maison d'Harcourt|famille d'Harcourt]] lorsque Jeanne de Tilly épouse en 1374 [[Philippe d'Harcourt]]. Elle lui laisse alors en dot plusieurs [[seigneurie]]s dont [[Fontaine-Henry]]<ref name="Sélection RD 252-253" />.
Le premier [[Architecture gothique|gothique]] très simple est en effet rapidement remplacé par le [[Architecture gothique#Le gothique flamboyant|gothique flamboyant]], puis par la première [[Architecture Renaissance|Renaissance]] française. Mais l’élément le plus curieux du château se trouve à gauche de cette façade. On peut en effet remarquer une superposition de colonnes, qu’une inscription date précisément de [[1537]], ce qui semble être remarquablement précoce pour une telle réalisation.
 
C’est la famille d’Harcourt qui entreprend de reconstruire le château après la [[guerre de Cent Ans]]. Conservant le domaine durant cinq générations, les travaux s'étalent entre la fin du {{s-|XV}} et les années 1560 sur pratiquement un siècle, lui conférant son aspect actuel<ref name="Sélection RD 252-253" />. Fontaine-Henry devient alors une demeure de prestige et acquiert cette harmonie très inédite qui en fait un chef-d'œuvre des styles {{Style Louis XII}} et [[Renaissance française|Renaissance]], à l'instar des hôtels [[Hôtel d'Escoville|d'Escoville]] et [[Hôtel de Than|de Than]] à Caen<ref name="ADTLB & habitants">{{Lien web|auteur1=Avec la participation des habitants de Fontaine-Henry|titre=Fontaine-Henry : Le château et sa seigneurie|url=file:///C:/Users/johan/Downloads/Fontaine%20Henry.pdf|site=Mon village se raconte|éditeur=ADTLB|consulté le=21/07/17}}.</ref>.
De plus de 15 mètres de haut, le toit qui surmonte ce bâtiment, est considéré comme le plus haut de France.
 
Plus tard, une Harcourt porte la seigneurie en dot chez les Morais, dont l'un des descendants épouse [[Françoise de Sévigné]] et est le beau-fils de la célèbre épistolière<ref>Cf. [[Madame de Sévigné#Mariage|#Mariage]] en ce qui concerne la légitimité du titre.</ref>.
Ce château, œuvre de [[Jean d'Harcourt]], seigneur de [[Fontaine-le-Henri]] et de son fils [[Pierre d'Harcourt]], baron de [[Briouze]], fut remanié aux {{s2-|XVIII|e|XIX|e|}} sur sa façade est.
 
Jusqu’au {{s-|XVIII}}, la route de [[Thaon]] continue de passer par sa cour, via une porte monumentale située au sud et nommée ''[[Gloria, laus et honor|Gloria laus]]'' (« gloire et louanges »)<ref>« Gloire et louange », du titre d'un chant de [[Procession religieuse|procession]], attribué à [[Théodulf d'Orléans|Théodulfe d'Orléans]] et toujours en vigueur aujourd'hui pour la procession du [[dimanche des Rameaux]] dans l'[[Catholicisme|Église catholique]].</ref>. C'est à partir de ce point de vue que les façades de dentelles de pierre et « les plus hauts de France » ont été conçues pour impressionner le visiteur et ce, bien que son emplacement se soit retrouvé, avec le temps, au centre du parc, à la suite des modifications postérieures de l'ensemble du domaine<ref name="ADTLB & habitants" />.
Il est aujourd’hui entouré d’un [[Jardin anglais|parc à l’anglaise]], classé monument historique en [[1959]]<ref name=merimee />.
 
Au cours du {{s-|XIX}}, Henry de Carbonnel, marquis de Canisy, hérite de Fontaine-Henry. C'est à cette époque qu'est entreprise la réalisation du bâtiment abritant encore la galerie et la salle à manger, tandis que la globalité des jardins sont transformés en un [[Jardin à l'anglaise|parc à l'anglaise]].
Le château, entièrement meublé, et toujours habité, abrite une remarquable collection de tableaux constituée durant la [[Révolution française|Révolution]]. Des peintures de [[Nicolas Mignard]], [[Rubens]], [[Corrège]] ou [[Titien]] ornent les murs des salons.
 
L'ensemble revient à sa fille adoptive, la marquise de Cornulier, dont la petite fille épouse le comte Pierre [[Gabriel d'Oilliamson|d'Oilliamson]]. Au début du {{s-|XX}}, ils entreprennent une restauration discrète du château<ref name="Sélection RD 252-253" />.
==Notes et références==
<references />
 
L'actuel châtelain, le marquis Pierre-Apollinaire d'Oilliamson, a ouvert largement son domaine au tourisme afin de mettre en valeur le patrimoine historique et artistique du domaine. Dans cette optique, le marquis invite les visiteurs à se replonger dans {{nobr|800 ans}} d'histoire avec un programme estivale d'animations baptisé ''Les enchantées''<ref name=":52" />.
==Voir aussi==
*[[Liste des châteaux de Normandie]]
 
<gallery mode="packed">
{{Château}}
Château_de_Fontaine-Henry_3.JPG|La façade principale du [[corps de logis]] du château (1500-1537)<ref name="Babelon" />.
{{Portail|Normandie|Châteaux de France}}
Vitrail_de_Jean_de_Saint-Gilles_et_de_Jeanne_de_Tilly_(XVe_siècle).JPG|Jeanne de Tilly et Jean de Saint-Gilles, son époux, représentés sur un [[vitrail]] de [[Maître de Saint Gilles|Gauthier de Campes]], provenant de l'[[Betton|église de Betton]] en [[Ille-et-Vilaine]] ([[musée de Cluny]], début du {{s-|XVI}}).
</gallery>
 
== Le château ==
[[Catégorie:Monument historique du Calvados]]
Depuis le sobre gothique de la chapelle et du [[Logis seigneurial|Vieux Logis]] jusqu'au décor de {{style Louis XII}} puis [[Renaissance française|Renaissance]] du Gros Pavillon, il est évident que, de père en fils, les [[Maison d'Harcourt|d’Harcourt]] eurent tous à cœur d'être en accord avec l'art de leur temps<ref name="Sélection RD 252-253" />.
[[Catégorie:Château du Calvados|Fontaine Henry]]
 
[[Catégorie:Architecture de la Renaissance]]
Bien que restée inachevée<ref name="Babelon" />, leur demeure reste l'un des plus précieux témoignages de l'évolution du [[Architecture de la Normandie|goût normand]] de {{souverain2|Charles VIII (roi de France)}} à {{souverain2|Henri II (roi de France)}}<ref name="Sélection RD 252-253" />.
 
=== Le Moyen Âge « classique » ({{sp-|XI|-|XIII|s}}) : la forteresse ===
<gallery mode="packed">
Fichier:FranceNormandieFontaineHenryChapelle.jpg|La chapelle romane voûtée d'[[ogive (architecture)|ogives]] au {{s-|XIII}}, avant d'être compartimentée au milieu du {{s-|XVI}}.
Fichier:Château de Fontaine-Henry 17.JPG|Les [[Croisée d'ogives|croisées des voûtes]] sont encore marquées par le [[architecture gothique|style gothique primitif]] (début du {{s-|XIII}}).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 18.JPG|Voûtes [[Croisée d'ogives|quadripartites]] (début du {{s-|XIII}}).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 16.JPG|Les [[Croisée d'ogives|croisées des voûtes]] sont encore marquées par le [[architecture gothique|style gothique primitif]] (début du {{s-|XIII}}).
Fichier:Fontaine Henry.JPG|L'une des deux tours du châtelet primitif, englobée dans le Gros Pavillon au {{s-|XVI}}.
</gallery>
 
Sur l'emplacement d'une première [[château fort|forteresse]] du début du {{s-|XI}}, deux puissantes [[Baronnage anglo-normand|familles anglo-normandes]], la [[famille de Tilly]] et la [[Maison d'Harcourt|famille d’Harcourt]], érigent à partir du tout début du {{s-|XIII}} un château selon le même dispositif qu'au [[Château de Caen|château ducal de Caen]]. Il se compose alors d'un vaste ensemble de trois bâtiments : les appartements seigneuriaux ou [[logis seigneurial]] (en latin ''camera''), la Grande-Salle ou salle de réception (désignée dans certains textes latins antérieurs au {{s-|XII}} par le terme ''aula'', mais les textes en ancien français la désignent comme la ''grant salle'') et la chapelle (en latin ''capella'')<ref name="ADTLB & habitants" />.
 
Au nord-est de l'édifice actuel, planté dans la déclivité qui s'amorce vers le vallon, on imagine une importante masse fortifiée qui pourrait être un [[donjon]]. La cour qui précédait la façade de cet édifice était autrefois close par de hauts murs crénelés flanqués de puissantes tours percées de [[meurtrière]]s connectées à un chemin de ronde. Suivant une disposition déjà observée à Caen<ref name="ADTLB & habitants" /> et qui se développera au {{s-|XIV}}, ces [[courtine]]s montaient presque jusqu'au sommet des tours, permettant ainsi une meilleure circulation des défenseurs<ref name="JP Willesme 1993">{{Ouvrage |auteur1=Jean-Pierre Willesme |titre=La grammaire des styles |sous-titre=l'Art Gothique |éditeur=Flammarion |collection=La grammaire des styles |lieu=Bel |année=1993 |pages totales=63 |isbn=978-2-08-010347-5}}.</ref>. Tournée vers le nord, l'entrée de la forteresse était défendue par un puissant [[Châtelet (architecture)|châtelet]] encadré par deux hautes tours polygonales, qui seront englobées dès le {{s-|XVI}} dans le gros pavillon quadrangulaire. Outre un système d'[[assommoir]] et de [[pont-levis]], l'ensemble était clos par un [[Fossé (infrastructure)|fossé]] dont il ne reste plus de traces<ref name="Babelon" />. La chapelle castrale qui se trouve à présent quelque peu isolée dans le parc était vraisemblablement comprise dans l’[[Muraille|enceinte]]<ref name="caumont v3">{{Ouvrage|auteur1=Arcisse de caumont|préface=Robillard de Beaurepaire, Eugène de (1827-1899).|titre=Statistique monumentale du Calvados|volume=3|éditeur=J. Floch (Mayenne)|nature ouvrage=monographie imprimée|année=1846-1867|format livre=23 cm|bnf=ark:/12148/bpt6k31502w|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31502w}}.</ref>.
 
Malgré toute son ampleur, cette forteresse sera probablement détruite au cours de la [[Guerre de Cent Ans en Normandie|guerre de Cent Ans]]<ref name="Sélection RD 252-253" />.
 
De cette époque nous sont parvenus des segments de voûte du {{s-|XI}}, la chapelle encore toute romane réalisée par Henry de Tilly (voûtée d'[[Ogive (architecture)|ogives]] au {{s-|XIII}} et modifiée en partie au {{s-|XVI}}) et les caves voûtées en [[croisée d'ogives]] des {{s2-|XII|XIII}} qui formaient autrefois le rez-de-chaussée du [[logis seigneurial]]. Par leur sobriété, ces éléments se rattachent au style [[Architecture gothique|gothique classique]] (1180-1230)<ref name="JP Willesme 1993" />, alors contemporain de la [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|cathédrale de Chartres]] et de [[Cathédrale Saint-Étienne de Bourges|Bourges]], reflétant par là même le soin apporté à l'esthétisme de la bâtisse.
 
=== Le Bas Moyen Âge ({{sp-|XIV|-|XV|s}}) : une reprise en main ===
[[Fichier:Chateau de Fontaine-Henry.jpg|vignette|Vue de la ''maison du fermier'' réalisé dans un [[Architecture gothique|style gothique flamboyant]] marqué par la sobriété.]]
Lorsque Jeanne de Tilly épouse [[Philippe d'Harcourt]], en 1374, elle lui apporte en [[dot]] plusieurs seigneuries dont celle de Fontaine-Henry<ref name="Sélection RD 252-253" />. C'est à cette époque qu'est entreprise la reconstruction générale du [[Château fort|château médiéval]] détruit en partie au cours de la [[Guerre de Cent Ans en Normandie|guerre de Cent Ans]]. Ces travaux seront poursuivis par leurs descendants, conférant peu à peu à l'édifice son aspect actuel<ref name="Sélection RD 252-253" />.
 
En rompant avec la disposition primitive de la forteresse qui unissait [[Châtelet (architecture)|châtelet]] et [[corps de logis]], on reconstruit, à partir de la fin du {{s-|XIV}}, l'extrémité nord de l'édifice pour en faire l'habitation du fermier<ref name="Babelon" />. Réalisées dans un [[Architecture gothique|style gothique flamboyant]] très sobre au milieu du {{s-|XV}}, la tourelle d'escalier et la dernière travée de droite du corps central correspondent à cette première phase de travaux<ref name="caumont v3" />.
 
=== Le style {{Louis XII}} (1495-1515/1530) : la féerie ===
[[Fichier:FranceNormandieFontaineHenryChateauFacade.jpg|vignette|gauche|257x257px|Le [[Logis seigneurial|logis]] central de {{style Louis XII}}.]]
En 1497, [[Jean d'Harcourt]], lieutenant au [[Bailliage et sénéchaussée|bailliage]] de [[Caen]], hérite du domaine par son père. Il s'engage alors avec son fils Pierre, baron de [[Briouze]], dans une reconstruction totale du logis seigneurial<ref name="Babelon" />.
 
Signe des temps, la façade du nouveau bâtiment est désormais monumentale : passées les décennies de tourmente et les derniers avatars de la [[guerre de Cent Ans]], Fontaine-Henry fait montre de cette volonté nouvelle d'éblouir et de marquer la puissance [[Noblesse|nobiliaire]] retrouvée en empruntant au vocabulaire architectural des édifices religieux<ref name=":232">{{Ouvrage|auteur1=Claude Mignot|nom2=Daniel Rabreau|nom3=Sophie Bajard|titre=Temps Modernes {{sp-|XV|-|XVIII|s}}|éditeur=Flammarion|collection=Histoire De L'art|lieu=Paris|année=6 octobre 2010|pages totales=575 pages|isbn=978-2-08-012181-3}}.</ref>. Bien que construit, à peu d'années près, dans la continuité de la maison du fermier, la sobriété du [[Architecture gothique|style gothique flamboyant]] de ce premier édifice se voit déjà supplantée par un style de transition entre le gothique et la [[Renaissance française|Première renaissance]], situant cette phase de travaux dans le plein essor du {{style Louis XII}} (1495-1515/1530)<ref name="Ducher p80" />.
[[Fichier:FranceNormandieFontaineHenryChateauFenetre.jpg|vignette|La lucarne de {{style Louis XII}}<ref name="Ducher p80">{{Ouvrage|auteur1=Robert Ducher|photographe=Pierre Devinoy|titre=Caractéristiques des styles|passage=p80|lieu=Paris|éditeur=Flammarion éditeur|année=1963|pages totales=410|isbn=9782080113597}}.</ref>.|gauche|355x355px]]
Ce nouveau [[corps de logis]]{{efn|La façade du corps de logis offre comme celle d'[[Manoir d'Argouges|Argouges]] une bonne évolution de l'architecture depuis le milieu du {{s-|XV}} jusqu'aux premières années du {{s-|XVI}}<ref name="Seydoux_1998">{{Ouvrage |auteur1=Philippe Seydoux |photographe=[[Serge Chirol]] |titre=La Normandie des châteaux et des manoirs |lieu=Strasbourg |éditeur=Éditions du Chêne |collection=Châteaux & Manoirs |année=1998 |pages totales=232 |passage=21 |isbn=978-2851087737}}.</ref>.}} rappelle d'ailleurs certaines dispositions contemporaines, observées au [[château de Blois]] ou au [[palais de justice de Rouen]]<ref name="Comte Palustre 1892">{{Ouvrage|auteur1=Léon Palustre|directeur1=Jules Comte|titre=L'architecture de la Renaissance|éditeur=ancienne maison Quentin, Libraires-Imprimerie réunies|lieu=Paris, 7 rue Saint-Benoît|année=1892|isbn=978-1-5087-0118-7}}.</ref>, particulièrement dans l'aspect traditionnel des hauts [[Comble (architecture)|combles]] et dans l'élévation régulière et symétrique des trois [[travée]]s centrées sur une [[lucarne]] richement ornée interrompant une [[balustrade]] ajourée ornée de [[gargouille]]s<ref name="Babelon" />. Influencées de l'[[Italie]], ces superpositions plus régulières d'ouvertures, reliées entre-elles par des [[moulure]]s, annoncent clairement le quadrillage des parois extérieures sous la Première Renaissance<ref name="Ducher p80" />. Dans le même esprit, si le traitement de la balustrade, surmontant l'ensemble, semble encore pleinement dans l'esprit du gothique flamboyant, il n'en annonce pas moins les réalisations de la [[Renaissance française]] par l'ordonnance et la stylisation de ses motifs<ref name="Ducher p80" />.
 
Typique du style {{Louis XII}}, l'élargissement des [[Fenêtre à croisée|fenêtres]] sur cette partie de l'édifice, véhicule une notion de luxe tandis que leur abondance participe à la féerie du château<ref name="Lincy & Tisserand 1992">{{Ouvrage |auteur1=Le Roux de Lincy et L.M. Tisserand |titre=Le Paris de Charles V et de Charles VI vu par des écrivains contemporains |éditeur=Paradigme|lieu=Caen|année=1992}}.</ref> : outre l'apport de la clarté, ces ouvertures élargies permettent désormais une aération plus importante des pièces dans un souci nouveau d'hygiène de vie<ref name=":022">Actes du premier colloque international de l'association verre et histoire Paris-La Défense/ Versailles, 13-15 octobre 2005. Intervention de Sophie Lagabrielle, conservateur en chef, Musée du Moyen Âge, Paris.</ref>.
 
Suivant une tendance de l'époque, l'arc brisé en [[Ogive (architecture)|ogive]] a partout été remplacé par ''[[Accolade (architecture)|l'arc en accolade]]'' ou ''arc en talon''<ref name=":42">{{Ouvrage|auteur1=Eugène Viollet-le-Duc|titre=Dictionnaire raisonné de l'architecture française du {{sp-|XI|au|XVI}} |tome=1|éditeur=Imprimerie de E. Martinet|lieu=Paris, rue Mignon|année=1854-1868|pages totales=664|passage=Accolade|isbn=978-3-8491-3597-3}}.</ref>, conférant à l'ensemble une parenté avec l'[[hôtel de ville de Compiègne]], où l'on retrouve d'ailleurs le même type de [[Lucarne|lucarnes flamboyantes]] surmontées d'[[arcature]]s ajourées. C'est cette tradition française qui séduira [[Sebastiano Serlio|Serlio]] lors de son arrivée à Paris en [[1540 en arts plastiques|1540]] : les lucarnes " ''sont de grand ornements pour les édifices comme une couronne''" et les grands [[Comble (architecture)|combles]] couverts d'ardoise bleutées sont "''des choses très plaisantes et nobles''"<ref name=":232" />.
 
Malgré toutes ces nouveautés, l'accès aux étages du nouveau [[Logis seigneurial|logis]] a dû poser problème. L'escalier de la maison du fermier devenant sans doute insuffisant, les [[Maison d'Harcourt|d'Harcourt]] semblent avoir hésité quelque temps avant de se résoudre à réaliser une nouvelle tour d'escalier qui semble comme plaquée contre l'édifice<ref name="Babelon" />. Cette réalisation n'en représente pas moins aujourd'hui l'un des principaux intérêts du château. Bien plus qu'un changement de style catégorique, l'originalité réside ici dans la non-pénétration de la tour à l'intérieur du logis et dans le plan carré très inhabituel, sans doute influencé par la volonté de symétrie avec la tour de la maison du fermier, mais finalement incommode pour y loger un [[escalier à vis]] de plan circulaire. S'il s'agit là d'une nouvelle variation sur le thème de la tour d'escalier saillante inspirée par les réalisations du [[château de Meillant]] et plus encore du [[château de Blois]] de {{Louis XII}}<ref name="Comte Palustre 1892" /> : cet édifice n'en représente pas moins une interprétation simplifiée de la tour d'escalier du [[château de Saint-Ouen de Chemazé]]. On y retrouve non seulement le même plan quadrangulaire et la même exubérance du décor en bandeaux horizontaux mêlant les éléments gothiques traités en méplat à certains motifs antiquisants<ref name="Comte Palustre 1892" /> mais également le même type de couronnement en [[Terrasse (architecture)|terrasse]] cerné d'une lourde [[balustrade]] à demi militaire<ref name="Babelon" />, ajourée ici de motifs composés de [[Soufflet (vitrail)|soufflets]] et [[Mouchette (vitrail)|mouchettes]].
 
Tous ces éléments confèrent à l'ensemble, une parenté inattendue avec l'[[Style manuélin|architecture manuéline]] du Portugal<ref name="Babelon" />.
 
===  La Première Renaissance (1515 à 1530/1540) : le temps des réalisations ===
[[Fichier:Château de Fontaine-Henry 1.JPG|gauche|vignette|333x333px|Sur la gauche de l'image, tandis que l'ancien [[Châtelet (architecture)|châtelet]] d'entrée [[Moyen Âge|médiéval]] a été englobé dans le ''gros Pavillon'', ses tours d'angle polygonales ont été conservées après avoir été rhabillées d'une série de [[Baie (architecture)|baies]] superposées de [[Renaissance française|style Renaissance]].]]
À la suite d'une brève interruption du chantier, on constate une reprise des travaux, attribuée au même Jean d'Harcourt. Mais cette reprise tout en modifiant le projet initial, va finalement rendre l'ensemble de la construction indéchiffrable. L'intention de [[Maison d'Harcourt|d'Harcourt]] a en effet évoluée : par la réalisation d'une nouvelle [[Aile (architecture)|aile]], il souhaite désormais joindre l'ancien [[Châtelet (architecture)|châtelet d'entrée]], pour l'intégrer dans son nouveau [[corps de logis]]<ref name="Babelon" />.
 
Pour autant, la tâche s'avère plus difficile que prévu : à la suite de la disparition progressive des [[Rempart|remparts]] et du [[donjon]] attenant, cette ancienne porte fortifiée s'est retrouvée isolée du reste de l'édifice moderne et ne présente plus le même alignement que ce nouveau corps du logis. Afin de réaliser le raccord, la future construction devra comporter deux [[redent]]s successifs<ref name="Babelon" />.
 
C'est dans cette nouvelle optique qu'en reprenant le chantier, on décide de poursuivre vers le sud la façade la plus avancée de la [[Escalier à vis|tourelle d'escalier]] du logis [[Style Louis XII|{{Louis XII}}]], en la soudant si étroitement à la nouvelle aile que les maçonneries de l'angle de la tourelle sont reprises au plus près afin de limiter une quelconque rupture dans le développement des [[Frise (architecture)|frises]] et des panneaux d'[[Arabesque (beaux-arts)|arabesques]]<ref name="Babelon" />. Le développement de ces motifs qui vont former le caractère nouveau de cette extension architecturale, témoignent par leur prolifération de l'effacement progressif du style Louis XII au profit de la [[Renaissance française|Première Renaissance]] (1515-1530/40)<ref name="Comte Palustre 1892" />.
 
En effet, le début du règne de {{François Ier}} ayant débuté, la grammaire [[Renaissance italienne|décorative italienne]] se fait de plus en plus présente<ref name="Babelon" />. Elle tapisse désormais la façade d'un quadrillage de [[corniche]]s et de [[pilastre]]s à [[Chapiteau (architecture)|chapiteaux]] antiquisants que des [[rinceau]]x et autres arabesques viennent envahir à profusion jusque dans les [[Allège (architecture)|allèges]] des fenêtres<ref name="JP Willesme 1993" />. Pour autant, c'est presque à regret que les derniers raffinements [[Art gothique|gothiques]] cèdent face à la [[Renaissance]]<ref name="JP Willesme 1993" /> et l'on note encore bien des hésitations dans l'acceptation du nouveau vocabulaire stylistique : c'est ainsi que l'[[ébrasement]] des ouvertures se voit encore ornée de [[Frise (architecture)|frises]] de feuillages au naturel héritée de l'époque {{Louis XII}}<ref name="Comte Palustre 1892" />.
[[Fichier:FranceNormandieFontaineHenryChateauFacade.jpg|vignette|gauche|334x334px|Transition du {{style Louis XII}} au profit de la [[Renaissance française|Première Renaissance]] (1515-1530/40) : sur la gauche, la façade sud de l'[[Escalier à vis|escalier]] du logis Louis XII est reprise et soudée à la nouvelle aile afin de limiter une quelconque rupture dans le développement des [[Frise (architecture)|frises]] et des panneaux d'[[Arabesque (beaux-arts)|arabesques]].]]
Alors que les travaux se poursuivent par la réalisation d'une seconde [[travée]], l'orientation de l'édifice change radicalement. Dans le but de faire coïncider au mieux l'aile de raccord avec l'ancien [[Châtelet (architecture)|châtelet]] est conçue une nouvelle façade se développant en équerre par rapport à la précédente, créant ainsi un second [[redent]]<ref name="Babelon" />. Cette dernière élévation réalisée en face et de manière parallèle à celle de l'ancien châtelet va permettre de créer une jonction avec celui-ci et de l'englober dans une nouvelle construction qui formera le gros pavillon d'angle<ref name="Babelon" />.
 
C'est grâce à l'observation de cette façade orienté nord (moins la [[lucarne]]), flanquée de son [[échauguette]] coiffée en [[Poivrière (architecture)|poivrière]] et le mur plein en retour, que l'on peut prendre aujourd'hui toute la pleine mesure du volume ajouté à l'ancienne [[Châtelet (architecture)|porte fortifiée]]<ref name="Babelon" />. Par opposition au reste de l'édifice, la poursuite des [[Frise (architecture)|frises]] en arabesques et l'apparition de motifs en forme de losanges et de [[Médaillon (architecture)|médaillons]] isolés sur cette nouvelle façade, témoigne à Fontaine-Henry, de la pleine acceptation de la [[Renaissance française|Première Renaissance]]<ref name="JP Willesme 1993" /> lié au développement du style [[Tours|tourangeau]]<ref name="Comte Palustre 1892" /> hors de ses frontières naturelles. Les lucarnes aux frontons triangulaires ornés de [[balustre]]s peuvent d'ailleurs être rapprochées de celles du [[château de la Possonnière]] qui fut modifié à la même époque pour le père de [[Pierre de Ronsard|Ronsard]]<ref name="Comte Palustre 1892" />.
 
Dans un souci de synchronisation dans l'exécution du chantier, des embellissements sont réalisés sur l'ancien châtelet médiéval fortifié afin de lui assurer une unité stylistique avec le reste des bâtiments<ref name="Babelon" />. C'est d'abord l'ancienne tour nord-est du châtelet, donnant sur le vallon, qui est reprise. Datée précisément de 1537 par l'inscription de son gable, une [[lucarne]] ornée de [[dauphin]]s vient alors créer un puits de lumière pour le bel [[escalier à vis]] nouvellement réalisé<ref name="Babelon" />. Ces différents travaux de réfection et d'ornementation se poursuivent dès lors simultanément sur la tour Nord-ouest et c'est dans le but de lui donner un aspect plus unifié avec le reste de l'édifice que sa façade donnant sur la [[cour d'honneur]] se voit percée de toute une série de [[Baie (architecture)|baies]] aux motifs géométriques épurés<ref name="JP Willesme 1993" />.
 
C'est avec cette dernière tranche de travaux que vient s'achever toute cette longue série de réalisations. Tout en transformant de manière significative le [[corps de logis]] d'esprit médiéval en un véritable « [[Châteaux de la Loire|château de la Loire]] », ces ouvrages ont été le vecteur d'un changement stylistique : encore très présents au début du chantier, les motifs pleins de verve et de fantaisie de la [[Renaissance française|Première Renaissance]] ont fini par évoluer vers un [[classicisme]] épuré marquant au château de Fontaine-Henry, l'avènement de la [[Renaissance française|Seconde Renaissance]].
 
=== La Seconde Renaissance (1540 à 1559/1564) : le Classicisme ===
[[Fichier:Fontaine-Henry (14), puits devant le château.JPG|gauche|vignette|Puits de la cour d'honneur du château réalisé par l'architecte caennais Blaise Le Prestre (milieu du {{s-|XVI}}).|233x233px]]
Si l'achèvement de la série de travaux d'embellissement avait été marqué par la maturation du style apparu au début du {{s-|XVI}}, le véritable tournant stylistique de Fontaine-Henry, prend naissance lorsqu'une dernière campagne de travaux est entreprise par Jean d'Harcourt sur la façade ouest du pavillon quadrangulaire<ref name="Babelon" />. Désormais, l'époque a changé et le foyer d'art de [[Caen]] est maintenant bien vivant, imbu d'un décor [[Classicisme|classique]] et de conceptions ambitieuses<ref name="Babelon" /> alors que le [[Châteaux de la Loire|Val de Loire]] se retrouve soudainement relégué en conservatoire des formes de la Première Renaissance<ref name="JP Willesme 1993" />. À la suite de l'arrivée de [[Sebastiano Serlio|Serlio]] à Paris en 1540, cette nouvelle génération d'artistes, parmi ceux actifs à Caen, opère une synthèse originale entre les leçons de l'antiquité, celle de la [[Renaissance italienne]] et les traditions nationales<ref name="Comte Palustre 1892" />.
 
Marqué par cette évolution, l'architecte de la dernière campagne de travaux de Fontaine-Henry nous est connu, c'est Blaise Le Prestre<ref name="Babelon" />. Déjà actif dans la région, sa présence au domaine est attestée dès 1544 lorsqu'il construit dans le château un grand escalier droit marquant le début d'une série de travaux : Tout en reprenant les dispositions caractéristiques de la cour de l'[[hôtel d'Escoville]] à Caen (1533-1540) dont il serait l'auteur, Le Prestre garnit la façade ouest du gros Pavillon, restée inachevée, en développant une superposition régulière de trois étages de colonnes à chapiteaux, scandée d'[[Entablement|entablements]] ''à l'antique'', venant en quelque sorte habiller et dissimuler l'extrême disparité des percements<ref name="Babelon" />. À l'exemple des travaux de [[Jean Bullant]] sur l'aile nord du [[château d'Écouen]] (1532-1567)<ref name="Comte Palustre 1892" />, cette véritable dentelle de pierre est considérée comme l'un des premiers exemples d'un [[portique (architecture)|portique]] à l'[[Antiquité classique|antique]], juxtaposant les [[Ordre architectural|trois ordres]], [[Ordre dorique|dorique]], [[Ordre ionique|ionique]] et [[Ordre corinthien|corinthien]], prônée par les traités d'architecture de [[Vitruve]]<ref name="Comte Palustre 1892" />.
[[Fichier:Château de Fontaine-Henry 1.JPG|gauche|vignette|317x317px|À l'exemple de la cour de l'[[hôtel d'Escoville]] à Caen où il a travaillé : Le Prestre superpose trois étages de colonnes à chapiteaux sur le ''Gros Pavillon'' (milieu du {{s-|XVI}}).]]
Afin de parachever cet ensemble, Le Prestre a probablement imaginé l'immense [[Comble (architecture)|comble]] venant en quelque sorte équilibrer les toitures pointues de l'ancien [[Châtelet (architecture)|châtelet médiéval]]<ref name="Babelon" />. Ces combles extrêmement élevés dominent ainsi, par leur ampleur, tout l’édifice tandis que la colossale cheminée, guère moins considérable que celles de [[Château de Chambord|Chambord]]<ref name="caumont v3" />, vient prouver, selon l’idée très-juste de [[Louis de La Saussaye]], que dans les châteaux du {{s-|XVI}}, ces accessoires sont devenus de véritables monuments<ref name="caumont v3" />. Comme pour impressionner le visiteur, le découpage de ces « plus hauts toits de France », concourent à l'effet majestueux de l'ensemble, transformant symboliquement ce gros Pavillon d'angle en une sorte de [[donjon]] d'apparat dans la continuité du [[château d'Argy]] et à l'exemple du pavillon d'entrée de [[Château de Valençay|Valençay]].
 
Malgré son implication et un début d'aménagement de la cour d'honneur par la création d'un puits à colonnes, on peut croire que les projets de Le Prestre ne purent jamais être véritablement menés à leur termes. Certaines amorces de travaux visibles au niveau de la cheminée Est, laissent à penser que le bâtiment de raccord aurait dû lui aussi, être coiffé d'un grand comble<ref name="Babelon" /> tandis que la suite du logis de {{style Louis XII}} aurait pu être rebâti dans le style nouveau<ref name="Babelon" />. Pour autant, ces derniers chantiers réalisés à Fontaine-Henry restent l'une des plus belles expressions de l'art de la [[Renaissance française|seconde renaissance]] (1540 à 1559/1564)<ref name="Ducher p80" />, préférant la beauté des lignes à la richesse du décor<ref name="Lincy & Tisserand 1992" />. Pour preuve, il suffit juste de comparer le gros pavillon carré avec un château de la [[Renaissance française|Première Renaissance]] pour constater les différences profondes entre l'architecture des deux époques. Tout l'appareil défensif, mâchicoulis et chemin de ronde d'[[Château d'Azay-le-Rideau|Azay-le -Rideau]] a disparu ici purement et simplement tandis que les formes rondes des tours d'angle de Chambord se sont transformées comme à [[Château d'Ancy-le-Franc|Ancy-le-Franc]] et [[Château de Villandry|Villandry]], en un simple gros pavillon quadrangulaire<ref name="Ducher p80" />.
 
Cette évolution du goût à Fontaine-Henry, est également sensible au niveau de l'[[Ornement (architecture)|ornementation]]. Il suffit de comparer l'immense [[lucarne]] ajoutée par Le Prestre sur la face nord avec les réalisations du [[Val de Loire]], pour se rendre compte du chemin parcouru<ref name="Ducher p80" />. À l'étagement de [[pinacle (architecture)|pinacles]], de [[Niche (architecture)|niches]] à coquilles et de petits [[Arc-boutant|arcs-boutants]] de la Première Renaissance, succède au château de Fontaine-Henry, une composition de lignes épurées très sobrement ornées, où de simples [[Cannelure (architecture)|cannelures]] ''à l'antique'' remplacent dans les [[Pilastre|pilastres]], les [[Rinceau|rinceaux]] et [[Arabesque (beaux-arts)|arabesques]] de l'époque de {{François Ier}} : un style plus épuré et réfléchi a désormais succédé aux grâces légère de la Première Renaissance<ref name="Ducher p80" /> et bien que les références à la [[Renaissance italienne]] restent prépondérantes, elles s'effacent déjà devant les exemples pris directement du [[Antiquité|monde romain]], préfigurant l'affirmation d'un style « national » français dès le milieu du {{s-|XVII}}<ref name=":232" />.
 
=== L'époque moderne (début du {{s-|XVII}} - 1792) : l'accalmie ===
Jusqu’au {{s-|XVIII}}, la route de [[Thaon]] passe par sa cour, via une porte monumentale située au sud et nommée "[[Gloria, laus et honor|''Gloria laus'']]" ("Gloire et louange" du titre d'un chant de [[Procession religieuse|procession]], attribué à [[Théodulf d'Orléans]] et toujours en vigueur aujourd'hui pour la procession du [[dimanche des Rameaux]] dans l'[[Catholicisme|Église catholique]]). C'est à partir de ce point de vue que les façades de dentelles de pierre et « les plus hauts de France » sont conçus pour impressionner le visiteur<ref name="ADTLB & habitants"/>.
 
Sous le règne de {{Louis XV}}, on finit par remanier la façade Est de l'édifice<ref name="Sélection RD 252-253" />, remplaçant, par là-même, le dernier mur médiéval de l’antique [[logis seigneurial]]. Cette partie n’avait cependant jamais été aussi ornée que les façades de la [[Cour d'honneur|cour]] : le côté Est n'ayant eu qu'une vocation défensive, protégé par la pente rapide du vallon, dans lequel coule encore aujourd'hui la petite rivière de [[Mue (rivière)|Mue]]<ref name="caumont v3" />.
 
=== L'époque contemporaine (depuis 1792) : le renouveau ===
Henry de Carbonnel, marquis de Canisy, hérite du domaine de Fontaine-Henry. Il construit le bâtiment qui abrite la galerie et la Salle à manger et fait tracer un parc à l'anglaise. L'ensemble revient à sa fille adoptive, la marquise de Cornulier, dont la petite fille épouse le comte Pierre [[Gabriel d'Oilliamson|d'Oilliamson]]. Celui-ci entreprend, au début du {{s-|XX}}, une restauration discrète du château<ref name="Sélection RD 252-253" />.
 
L'actuel châtelain, le marquis Pierre-Apollinaire d'Oilliamson, a ouvert largement son domaine au tourisme afin de mettre en valeur le patrimoine historique et artistique du domaine. Dans cette optique, le marquis invite les visiteurs à se replonger dans {{nobr|800 ans}} d'histoire avec un programme estival d'animations baptisé "Les enchantées"<ref name=":52" />. 
 
== La chapelle du château dite « Notre Dame du Val Busnel » ==
<gallery mode="packed">
Fichier:Château de Fontaine-Henry 14.JPG|Un fronton triangulaire classicisant est plaqué sur la Tourelle médiévale.
Fichier:Château de Fontaine-Henry 15.JPG|Le [[classicisme]] épuré des [[lucarne|lucarnes]], témoignant du style Le Prestre, exprime l'évolution esthétique de la [[Renaissance française|seconde renaissance]] (1540 à 1559/1564).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 12.JPG|Les trois bais du [[Chœur (architecture)|Chœur]] symbolisent la [[Trinité (christianisme)|Sainte Trinité]] ({{s-|XIII}}).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 13.JPG|Stalles à [[ogive (architecture)|ogives]] de style [[architecture gothique|gothique classique]] ({{s-|XIII}}).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 11.JPG|Abandon de la [[croisée d'ogives]] pour des [[Plafond à caissons|caissons]] [[Renaissance française|Renaissance]] ({{s-|XVI}}).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 6.JPG|Détails d'un des caissons Renaissance de la voûte.
Fichier:Château de Fontaine-Henry 7.JPG|Abandonné à la fin du {{s-|XIV}}, le retour des chapiteaux est manifeste dès le {{style Louis XII}}.
Fichier:Château de Fontaine-Henry 8.JPG|Chapiteau de fantaisie, n'ayant de corinthien que les [[volute|volutes]] ({{s-|XVI}}).
Fichier:Château de Fontaine-Henry 9.JPG|Les créations sont libres et trouvent parfois leur inspiration dans certaines productions [[art roman|romanes]].
</gallery>
 
[[Fichier:FranceNormandieFontaineHenryChapelle.jpg|vignette|Vue d'ensemble depuis l'aile nord de la chapelle du château, dite ''Notre Dame du Val Busnel'' ({{s-|XIII}}, transformée en partie au {{s-|XVI}} par Blaise le Prestre).|gauche|297x297px]]
Si la chapelle se trouve aujourd'hui quelque peu isolée dans le parc, elle faisait partie intégrante du château médiéval<ref name="Babelon" />. Située vraisemblablement dans la cour qui précédait la façade du château, elle était protégée par une [[Muraille|enceinte]] close d'un [[Fossé (infrastructure)|fossé]] dont il ne reste plus de traces<ref name="caumont v3" />.
 
D'origine [[Art roman|romane]], l'édifice est voûté de [[Croisée d'ogives|croisées d'ogives]] à la fin du {{s-|XIII}}, lors de travaux réalisés par la [[famille de Tilly]]. Une petite tour est alors accolée au côté nord du [[chevet]] avant qu'une partie de la nef ne soit reconstruite à une époque postérieure<ref name="caumont v3" />. Selon la tradition, des croix auraient été gravées sur les parois extérieurs de l'édifice, en mémoire d’un voyage entrepris en [[Terre sainte|Terre-Sainte]] par Henry de Tilly<ref name="caumont v3" /> qui participa à la [[huitième croisade]]<ref name="Sélection RD 252-253" />. Il semblerait aujourd'hui qu’il ne s'agisse que de [[croix de consécration]]<ref name="caumont v3" /> : cette chapelle aurait été abandonnée pendant quelque temps et après restauration, dut être consacrée de nouveau<ref name="caumont v3" />.
 
La paroi sud a conservé son style du {{s-|XIII}}, développant une série de fenêtres en [[Lancette (architecture)|lancettes]] surmontées d'une [[corniche]] à motifs en [[Dents-de-scie|dents de scie]]. Suivant la tradition [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictine]], les trois élégantes [[Baie (architecture)|baies]] en [[Ogive (architecture)|ogive]], percées dans le chevet, symbolisent la [[Trinité (christianisme)|Sainte Trinité]]<ref name="caumont v3" />.
 
À l’intérieur de la [[nef]], les murs s'ornent jusqu'au [[Chœur (architecture)|Chœur]] de l'église, d’arcatures [[Ogive (architecture)|ogivales]] à [[Colonne (architecture)|colonnettes]]<ref name="caumont v3" />. Dans chaque entrecolonnement, un siège est aménagé dans la pierre pour former une espèce de [[stalles]] réalisées dans une expression artistique assez rare<ref name="caumont v3" />. Sur l'[[Autel (christianisme)|autel]] du sanctuaire, des colonnettes supportent une [[niche (architecture)|niche]] destinée à abriter autrefois une [[Croix (christianisme)|croix]] ou un [[Tabernacle (meuble)|tabernacle]]<ref name="caumont v3" />.
 
Au cours du {{s-|XVI}}, dans un projet ambitieux de transformer le sanctuaire en deux [[Chapelle|chapelles]] superposées, suivant un type royal déjà observé au [[château de Biron]] en Dordogne, l'architecte Blaise Le Prestre a partagé la hauteur de l'ancien [[Art roman|vaisseau roman]] par une [[voûte]] surbaissée<ref name="Babelon" />. Créant la surprise, le niveau supérieur réalisé en [[Dalle (pierre)|dalles]] de pierre, repose sur des colonnes à [[Ordre composite|chapiteaux composites]] recevant des [[Arc diaphragme|arcs diaphragmes]] qui s'entrecroisent<ref name="Babelon" />. Afin de réaliser un appartement au-dessus de ce plafond, toute une série de [[Lucarne|lucarnes]] à [[Clocheton|clochetons]] a été percée dans la toiture tandis qu'un accès depuis l’extérieur est réalisé par la création d'une entrée surmontée d'un [[Fronton (architecture)|fronton triangulaire]] épuré, aménagée dans la tour d'escalier médiévale<ref name="caumont v3" />. Le style épuré et classicisant de l'ensemble, déjà observé sur la façade Ouest du gros pavillon du [[corps de logis]], témoigne des évolutions esthétiques de la [[Renaissance française|Seconde Renaissance]]<ref name="Ducher p80" />.
 
== Les décors intérieurs ==
[[Fichier:Maria Serra (Fontaine-Henry).jpg|vignette|315x315px|Maria Serre, mère de l'artiste, par [[Hyacinthe Rigaud]] (1695, collection privée du château de Fontaine-Henry).]]
L’intérieur du château a été plusieurs fois remanié et présente aujourd'hui une enfilade de pièces au décor [[Classicisme|classique]], principalement composé de [[lambris]].
 
Il reste cependant quelques décors d'origine : Dans l’escalier qui monte aux appartements du pavillon de 1537, un [[haut-relief]] de [[Livre de Judith|Judith et Holopherne]] orne le dessus d’une porte<ref name="caumont v3"/>. Tandis que Judith représentée en buste, tient de sa main gauche la tête d’[[Holopherne]], elle presse de sa main droite la poignée de son épée sur sa poitrine. Au-dessous, un cartouche indique :
 
"ON. VOIT. ICY. LE. POURTRAICT.
 
DE. JUDITH. LA. VERTUEUSE.
 
COME. PAR UN HAUTAIN FAICT
 
COUPPA LA TESTE FVMEVSE
 
D’HOLOPHERNES QUI. L’HEUREUSE
 
JERUSALEM EUT DEFAICT"<ref name="caumont v3" />
 
Le château, entièrement meublé et toujours habité, abrite une remarquable collection de tableaux constituée durant la [[Révolution française|Révolution]] par la [[Famille de Cornulier|famille Cornulier]]. Parmi cet ensemble, des peintures de [[Nicolas Mignard]], de [[Pierre Paul Rubens|Rubens]], du [[Le Corrège|Corrège]] ou encore du [[Titien]] ornent les murs des salons. On trouve également une remarquable collection de gravures de [[Adam François van der Meulen|Van der Meulen]], comparable à celles du [[Grand Trianon]].
 
Depuis le début du {{s-|XIX}}, un portrait par [[Hyacinthe Rigaud]] de sa mère, Maria Serre, fait partie d’un ensemble dont la plupart des autres éléments sont conservés.
 
Dans le Grand salon, un somptueux cadre en pierre sculpté enchâsse un charmant portrait de {{souverain2|Louis XIV}} enfant costumé en [[Mars (mythologie)|dieu Mars]], par [[Nicolas Mignard]]<ref name="Sélection RD 252-253" />.
 
== Les jardins ==
Au cœur d'un parc boisé, trois jardins historiques sont créés pour retracer l'Histoire des jardins du Moyen Âge au {{s-|XVIII}}.
 
Le parc du château est un site naturel classé depuis un arrêté du {{date-|24 août 1959}}<ref>[http://www.donnees.normandie.developpement-durable.gouv.fr/pdf/SITES/14069f.pdf Parc du château de Fontaine-Hnery].</ref>.
 
=== Le jardin médiéval Notre-Dame (inspiré du {{s-|XIII}}) ===
Dans le prolongement de la chapelle du Château dite ''Notre-Dame-du-Val-Busnel'', la conception, le dessin et le choix des cultures de ce jardin correspond très exactement à ce qui se faisait en ce début de {{s-|XIII}}, lors de la première construction du château de Fontaine-Henry par les [[Famille de Tilly|seigneurs de Tilly]]<ref name=":0">{{Lien web|titre=Le Jardin médiéval Notre Dame - {{s-|XIII}}|url=http://www.chateaudefontainehenry.com/lesjardinsmedievaux|site=chateaudefontainehenry.com|consulté le=26/07/17|brisé le = 2023-10-29}}.</ref>.
 
Créé avec le concours de l’''École du Paysage du [[Prieuré de Saint-Gabriel (Saint-Gabriel-Brécy)|Prieuré de Saint-Gabriel]]'', située à [[Saint-Gabriel-Brécy]], ce [[jardin médiéval]] établit une liaison visuelle avec l’[[Église de la Nativité-de-Notre-Dame de Fontaine-Henry|église paroissiale Notre-Dame-de-la-Nativité]]<ref name=":0" />.
 
Tout y est symbolique, et tout y est conçu pour être un lien entre la terre et le Ciel, avec des [[Condimentaires|plantes condimentaires]], des [[Plante médicinale|plantes médicinales]] (dites « simples), des plantes industrielles (par exemple des plantes à teintures), des [[Plante potagère|plantes potagères]] et des [[Plante ornementale|plantes ornementales]], dont un « ''jardin de la Vierge'' » selon la tradition commune aux châteaux et aux [[Monastère|monastères]]<ref name=":0" />.
 
=== ''Hortus Conclusus'' (inspiré des {{sp-|XIV|-|XV|s}}) ===
L{{'}}''hortus conclusus'' (« jardin enclos » en [[latin]]) était un petit enclos fleuri développé dans le [[cloître]] des monastères par les moines autour d'une statue de la Vierge Marie. L{{'}}''[[hortus conclusus]]'' a d'ailleurs maintes fois été représenté dans les productions artistiques du Moyen Âge, lié tout particulièrement aux scènes de l'[[Annonciation faite à Marie|Annonciation]].
 
Reprenant l'aspect esthétique de ces compositions, cet ensemble se compose, au château de Fontaine-Henry, d'un enclos doté d'une porte fermant à clef symbolisant le [[for intérieur]] et la [[Conscience|conscience intime]]<ref name=":1">{{Lien web|titre=Hortus Conclusus ({{sp-|XIV|-|XV|s}})|url=http://www.chateaudefontainehenry.com/hortus-conclusus|site=chateaudefontainehenry.com|consulté le=26/07/17|brisé le = 2023-10-29}}.</ref>. Il est semé d'herbe et parsemé de petites fleurs. Une fontaine y reflète l'âme de chacun et un banc d'herbe y invite à la méditation et au repos. Un arbre y rappelle le [[Éden|jardin d'Éden]]<ref name=":1" />.
 
Parallèlement, cette illustration d'un jardin de la [[Renaissance française|Renaissance]], siècle de changement, nous fait découvrir comment certains fruits et légumes ont été alors découverts, et sont devenus très prisés ». Ainsi, les [[Phaseolus|haricots]] ou encore les [[asperge]]s, alors « considérées comme [[aphrodisiaque]]s », débarquent dans les assiettes<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Greg Frazier|auteur2=Beverly Frazier|titre=Aphrodisiac cookery, ancient & modern|éditeur=Troubador Press|année=1970|passage=67}}.</ref>{{,}}<ref name="Pitrat Foury p183">{{Ouvrage|auteur1=Michel Pitrat|auteur2=Claude Foury|titre=Histoires de légumes|sous-titre=Des origines à l'orée du {{s-|XXI}}|éditeur=Éditions Quae|année=2003|passage=181-184|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=2M8DmYyUw-QC&printsec=frontcover}}.</ref>.
 
=== La Gerbe du Parnasse (inspiré du {{s-|XVII}}) ===
S'inspirant des bosquets à thèmes inspirés de la [[Mythologie grecque|mythologie gréco-latine]], qui jalonnaient autrefois le [[Domaine national de Marly-le-Roi|domaine de Marly]] (1684)<ref name=":2">{{Lien web|titre=La Gerbe du Parnasse ({{s-|XVII}})|url=http://www.chateaudefontainehenry.com/gerbe-parnasse|site=chateaudefontainehenry.com|consulté le=26/07/17|brisé le = 2023-10-29}}.</ref>, la Gerbe du [[Mont Parnasse|Parnasse]] a servi de modèle au dessin de la pelouse qui, à Fontaine-Henry, fait le lien entre la cour d’honneur, le château et la chapelle<ref name=":2" />. Le choix de ce style vise à établir une correspondance avec la façade de [[Classicisme|style Classique]] qui, à l’est a remplacé au début {{s-|XVIII}}, le dernier mur [[Moyen Âge|médiéval]] de l’antique [[logis seigneurial]]<ref name=":2" />.
 
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=note}}
 
=== Références ===
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons= Category:Château de Fontaine-Henry}}
 
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |auteur1=Léon Palustre |titre=L'architecture de la Renaissance |éditeur=Libraires-Imprimerie réunies |lieu=Paris, 7 rue Saint-Benoît, ancienne maison Quentin |année=1892 |isbn=978-1-5087-0118-7 |directeur1=oui }}.
* {{Ouvrage |auteur1=Robert Duché |photographe=Pierre Devinoy |titre=Caractéristiques des styles |éditeur=Flammarion éditeur |lieu=Paris |année=1963 |pages totales=410 |isbn=978-2-08-011359-7}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Eugène Viollet-le-Duc |titre=Dictionnaire raisonné de l’architecture française du {{sp-|XI|au|XVI}} |tome=1 |éditeur=Imprimerie de E. Martinet |lieu=Paris, rue Mignon, |année=1854-1868 |pages totales=664 |isbn=978-3-8491-3597-3}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Étienne Faisant |titre=Fontaine-Henry |éditeur=Monuments et sites de Normandie, [[Société des antiquaires de Normandie|S.A.N.]] |lieu=Caen |année=2010 |pages totales=96 |isbn=978-2-919026-00-5}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jean-Pierre Babelon |titre=Châteaux de France au siècle de la Renaissance |éditeur=Flammarion / Picard |lieu=Paris |année=1989/1991 |pages totales=840 |format livre={{unité|32|cm}} |isbn=978-2-08-012062-5}}.
 
=== Articles connexes ===
* [[Liste des châteaux du Calvados]]
* [[Architecture gothique]]
* {{Style Louis XII}}
* [[Renaissance française]]
 
=== Liens externes ===
{{Liens}}
 
{{Portail|châteaux de France|monuments historiques|Calvados|Moyen Âge central}}
 
[[Catégorie:Château monument historique dans le Calvados|Fontaine Henry]]
[[Catégorie:Site classé ou inscrit dans le Calvados]]
[[Catégorie:Monument historique classé en 2011]]
[[Catégorie:Architecture Renaissance dans le Calvados]]
[[Catégorie:Château de l'époque moderne]]