« Séisme de Lisbonne » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
SC Lusoense (discuter | contributions)
m a déplacé Tremblement de terre de Lisbonne de 1755 vers Tremblement de terre de Lisbonne en écrasant sa redirection
→‎Culture populaire : Correction coquille - supprimé l'e en trop dans le nom "Wells"
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
 
(396 versions intermédiaires par plus de 100 utilisateurs sont masquées)
Ligne 1 :
{{Titre mis en forme|Séisme du {{1er}} novembre 1755 à Lisbonne}}
{{Infobox Séisme
| nom = TremblementSéisme de terre1755 deà Lisbonne
| carte = 1755 Lisbon Earthquake Locationearthquake.gifjpg
| carte-taille = 250
| légende = Cette [[eau-forte]] de [[1755]] montre les ruines de [[Lisbonne]] en flammes et un tsunami submergeant les navires du port.
| légende = Localisation de l'épicentre présumé du séisme
| date = {{date|1er|novembre|1755}} à 9h40{{nobr|9 h 40}}
| magnitude = entre 8,5 et 9 [[Échelle de magnitude du moment|<small>''Mw''</small>]]
| latitude = 36
| longitude = -11
| géolocalisation = Océan Atlantique
| régions = {{Portugal 1707}}<br />[[Fichier:Flag of Morocco 1666 1912.svg|21px|border]] [[Maroc]]<br />Nord de l'[[Europe]] ([[Finlande]], ...)
| victimestsunami = entre 50 000 et 100 000 morts.= 5 à 15
| régions = {{Portugal 1707}} ({{Portugal}})<br />{{Empire chérifien 1895}} ({{Maroc}})<br />{{Espagne (1748-1785)}} ({{Espagne}})
| victimes = entre {{unité|50000}} et {{unité|70000|morts}}
}}
Le '''séisme de Lisbonne''', survenu le {{date|1|novembre|1755}}, est une catastrophe qui fit entre {{nombre|50000}} et {{nombre|70000 morts}}<ref name="nombre">Le nombre de victimes est très variable selon les sources. Tokuji Utsu cite deux valeurs probables : {{formatnum|55000}} ou {{formatnum|62000}}, « ''{{langue|en|A list of deadly earthquakes in the world : 1500-2000}}'' », dans ''{{langue|en|International Handbook of earthquake and engineering seismology}}'',{{éd.}} W. H. K. Lee, H. Kanamori, P. C. Jennings et C. Kisslinger, Academic Press, Amsterdam, 2002{{ISBN|0-12-440652-1}}.</ref> parmi les {{nombre|275000 habitants}} de [[Lisbonne]]. La secousse fut suivie par un [[tsunami]] et des [[incendie]]s, qui détruisirent dans sa quasi-totalité la [[capitale]]. Avec les victimes indirectes, son bilan dépasserait les {{nombre|100000 morts}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Poirier|titre=Chapitre 2. Les effets et les causes du séisme|périodique=Hors collection|date=2005|lire en ligne=https://www.cairn.info/tremblement-de-terre-de-lisbonne--9782738116666-page-63.htm?contenu=resume|consulté le=2022-06-27|pages=63–92}}.</ref>. Le tremblement de terre frappa également d'autres régions au [[Portugal]] ainsi qu'en [[Espagne]] et au [[Maroc]], et le tsunami jusqu'à l'autre côté de l'[[océan Atlantique]].
 
Ce tremblement de terre n'ayant pas été enregistré grâce à des [[sismographe]]s, sa [[Magnitude (sismologie)|magnitude]] et son épicentre ont été calculés de manière indirecte, en fonction du contexte géologique et de la répartition des destructions. Les sismologues estiment sa magnitude entre 8,5 et 9<ref>J. M. Martinez-Solares, ''{{langue|es|Los efectos en España del terremoto de Lisboa}}'', Instituto Geografico Nacional, Madrid 2001.</ref>{{,}}<ref>A. C. Johnston, « ''{{langue|en|Seismic moment assessment of earthquakes in stable continental regions. III. New Madrid 1811–1812, Charleston 1886, and Lisbon 1755}}'' », ''Geophys. J. Int.'', {{n°}}126, 1996, {{p.}}314–344. A. Jhonston associe une erreur de 0,39 à cette estimation (tableau 8, page 336).</ref>. Son [[épicentre]] exact reste discuté, mais se situait dans l'[[océan Atlantique]], probablement à environ {{unité|200|km}} au sud-ouest du [[Cap Saint-Vincent (Portugal)|cap Saint-Vincent]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=M. A.|nom1=Baptista|prénom2=S.|nom2=Heitor|prénom3=J. M.|nom3=Miranda|prénom4=P.|nom4=Miranda|titre=The 1755 Lisbon tsunami; evaluation of the tsunami parameters|périodique=Journal of Geodynamics|volume=25|numéro=1|date=1998-01-01|issn=0264-3707|doi=10.1016/S0264-3707(97)00019-7|lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264370797000197|consulté le=2022-06-27|pages=143–157}}.</ref>. D'après les études [[paléosismologie|paléosismologiques]], le [[temps de récurrence]] d'un tel séisme est de l'ordre de {{nombre|1500}} à {{nombre|2000|ans}}.
Le '''tremblement de terre de Lisbonne de 1755''' a eu lieu à [[Lisbonne]] ([[Portugal]]) le [[1er novembre|1{{er}} novembre]] [[1755]] à 9h40<ref>L'heure précise est difficile à estimer car les témoignages varient et la position de la faille responsable de ce séisme est encore aujourd'hui un sujet de débat. 9h40 est l'heure la plus citée et provient de l'analyse faite par von Hans Woerle dans ''Der Erschutterungsbezirk des grossen Erdbedens zu Lissabon'', livre de 150 pages publié à Munich en 1900. Elle est reprise par Harry Fielding Reid en 1914 dans son article : The lisbon earthquake of november 1, 1755. ''Bull. Seism. Soc. Am.'', '''4''', 53-80.</ref> du matin.
 
La catastrophe intensifia les tensions politiques au Portugal et perturba profondément les ambitions [[Colonialisme|coloniales]] du pays au {{s-|XVIII}}. En pleine période des [[Siècle des Lumières|Lumières]], cet événement fut par ailleurs amplement discuté par les [[philosophe]]s européens et inspira de nombreux développements sur le thème de la [[théodicée]] ou du [[sublime]]. Du côté des scientifiques, il accéléra le mouvement, engagé depuis peu, de la conscience du [[Risque naturel|risque]]<ref name="2005quenet">{{ouvrage |id= |libellé= Quenet 2005 |langue= fr |auteur1= Grégory Quenet |titre= Les Tremblements de terre aux {{sp-|XVII|et|XVIII}}s. La naissance d'un risque |nature ouvrage= publication issue d'une thèse de doctorat |lieu= |éditeur= éd. Champ Vallon |collection= |date= 2005 |pages= 592 |passage= |résumé= https://www.lhistoire.fr/les-tremblements-de-terre-aux-xviie-et-xviiie-si%C3%A8cles-la-naissance-dun-risque |présentation en ligne= https://www.scienceshumaines.com/les-tremblements-de-terre-aux-xviie-et-xviiie-siecles-la-naissance-d-un-risque_fr_5026.html |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' --> |consulté le= }}.</ref>.
Il s'agit d'un des [[tremblement de terre|tremblements de terre]] les plus destructeurs et les plus meurtriers de l'histoire. Selon les sources<ref>Le nombre de victimes est très variable selon les sources. Tokuji Utsu cite deux valeurs probables : {{formatnum:55000}} ou {{formatnum:62000}} (A list of deadly earthquakes in the world : 1500-2000. Dans International Handbook of earthquake and engineering seismology, Eds. W. H. K. Lee, H. Kanamori, P. C. Jennings et C. Kisslinger. Academic Press. Amsterdam. 2002 {{ISBN|0-12-440652-1}}</small>.</ref>, on dénombre entre {{formatnum:50000}} et {{formatnum:100000}} victimes. La secousse fut suivie par un [[tsunami]] et des [[incendie]]s, qui détruisirent la ville de Lisbonne dans sa quasi-totalité. Ce séisme, le premier à avoir fait l'objet d'études scientifiques poussées, entraîna la naissance de la [[sismologie]] moderne<ref>[http://www.oboulo.com/tremblement-terre-lisbonne-1755-48147.html Naissance de la sismologie moderne], page visitée le 12 février 2010.</ref>.
 
== Séisme ==
Ce séisme n'ayant pas été enregistré grâce à des [[sismographe]]s, sa [[magnitude d'un tremblement de terre|magnitude]] et son épicentre ont été calculés de manière indirecte, en fonction du contexte géologique et de la répartition des destructions. Les sismologues estiment sa magnitude entre 8,5 et 8,7 sur l'[[échelle de Richter]]<ref>Martinez-Solares J. M. (2001). Los effectos en España del terremoto de Lisboa, Instituto Geografico Nacional, Madrid.</ref>{{,}}<ref>Johnston A. C. (1996). Seismic moment assessment of earthquakes in stable continental regions. III. New Madrid 1811–1812, Charleston 1886, and Lisbon 1755, ''Geophys. J. Int.'', '''126''', 314–344. A. Jhonston associe une erreur de 0.39 à cette estimation (tableau 8, page 336).</ref>.
=== Europe ===
Le tremblement de terre frappe vers {{heure|9|40}}<ref>L'heure précise est difficile à estimer car les témoignages varient et la position de la faille responsable de ce séisme est encore aujourd'hui un sujet de débat. {{heure|9|40}} est l'heure la plus citée et provient de l'analyse faite par von Hans Woerle dans ''{{langue|de|Der Erschutterungsbezirk des grossen Erdbedens zu Lissabon}}'', livre de 150 pages publié à Munich en 1900. Elle est reprise par Harry Fielding Reid en 1914 dans son article : « ''{{langue|en|The lisbon earthquake of november 1, 1755}}'' », ''Bull. Seism. Soc. Am.'', {{n°|4}}, {{p.|53-80}}.</ref> au matin de la fête [[Catholicisme|catholique]] de la [[Toussaint]], le {{1er}} novembre. Selon des sources contemporaines{{Référence nécessaire|date=5 mars 2022}}, trois secousses distinctes se produisent sur une durée d'une dizaine de minutes, causant de larges fissures (jusqu'à cinq mètres) et dévastant la ville. Les survivants se ruent vers l'espace ouvert et supposé sûr que constituent les quais du port, et y assistent à un reflux de la [[mer]] comme ils n'en ont jamais vu, laissant à nu des fonds marins où s'échouent et se disloquent des navires perdant leurs marchandises. Plusieurs dizaines de minutes après le séisme, un énorme [[tsunami]] avec des vagues de cinq à quinze mètres de haut submerge le port et le centre-ville situés sur le [[Tage]]. Il est suivi de deux nouvelles vagues. Les zones épargnées par le tsunami sont quant à elles touchées par des incendies (les chutes de cheminées favorisant l'éparpillement des feux domestiques) qui font rage pendant cinq jours.
 
[[Fichier:Lisbon 1755 tsunami travel times.jpg|left|thumb|Calculs du temps horaire mis par les tsunamis à travers l'Atlantique le {{1er}} novembre 1755.|alt=]]
Son [[épicentre]] exact reste discuté, mais se situait probablement dans l'[[océan Atlantique]], à environ 200&nbsp;km au sud-ouest du [[cap Saint-Vincent]]<ref>Baptista, M. A., Miranda, P. M., Miranda, J.M., and Mendes Victor, L.: Constrains on the source of the 1755 Lisbon tsunami inferred from numerical modelling of historical data. J. of Geodynamics, '''25''' (2), 159–174, Pergamon Press, 1998.</ref>. D'après les études [[paléosismologie|paléosismologiques]], le [[temps de récurrence]] d'un tel séisme est de l'ordre de 1500 à 2000 ans. La catastrophe intensifia les tensions politiques au Portugal et perturba profondément les ambitions [[Colonialisme|coloniales]] du pays au {{XVIIIe siècle}}. Cet événement, intervenant en pleine période des [[Siècle des Lumières|Lumières]], fut par ailleurs amplement discuté par les philosophes européens et inspira de nombreux développements sur le thème de la [[théodicée]] ou du sublime.
 
Lisbonne n'est pas la seule ville [[Portugal|portugaise]] affectée par la catastrophe : les destructions touchent tout le sud du pays, en particulier l'[[Algarve]]. Les secousses du séisme sont ressenties partout en [[Europe]], jusqu'en [[Finlande]]. D'autres tsunamis atteignant des hauteurs de vingt mètres frappent les côtes atlantiques de l'[[Afrique du Nord]]<ref>A. Levret, « ''{{langue|en|The effects of the November 1, 1755 Lisbon Earthquake in Morocco}}'' », ''Tectonophysics'', {{n°}}193, 1991, {{p.}}83–94.</ref>, ou traversent l'[[océan Atlantique]] jusqu'à la [[Martinique]] et la [[Barbade]] où ils atteignent respectivement des hauteurs de {{unité|1.80|}} et {{unité|1.50|m}}<ref name="NOAA NGDC">National Oceanic and Atmospheric Organisation, National Geophysical Data Center, [http://www.ngdc.noaa.gov/nndc/struts/results?EQ_0=456&t=101650&s=9&d=92,183&nd=display Tsunami Events Search : Lisbon : Tsunami Runups], consulté le 16 mars 2012.</ref>. La vague atteint {{unité|3.08|m}} à [[Penzance]] en [[Cornouailles]]<ref name="NOAA NGDC"/>.
== Le séisme ==
{{HistoirePortugal}}
Le tremblement de terre frappa au matin de la fête [[Catholicisme|catholique]] de la [[Toussaint]], le {{1er novembre}}. Des sources contemporaines indiquent que trois secousses distinctes se produisirent sur une durée d'une dizaine de minutes, causant de larges fissures (jusqu'à 5 mètres) et dévastant la ville. Les survivants se ruèrent vers l’espace ouvert et supposé sûr que constituaient les quais, et y assistèrent au reflux de la [[mer]], laissant à nu des fonds marins jonchés d’épaves de navires et de marchandises perdues. Plusieurs dizaines de minutes après le séisme, un énorme [[tsunami]] avec des vagues d'une hauteur de 5 à 10 mètres submergea le port et le centre-ville avant d’atteindre le [[fleuve]] du [[Tage]]. Il fut suivi de deux nouvelles vagues. Les zones épargnées par le tsunami furent quant à elles touchées par des incendies (les chutes de cheminée favorisant l'éparpillement des feux domestiques) qui firent rage pendant cinq jours.
 
Sur les {{unité|275000|habitants}} de Lisbonne, environ {{unité|60 000}} trouvent la mort<ref name="nombre"/>. D'autres régions grandement affectées sont l'Andalousie et la Galice dont les ports principaux (Cadix, Séville, La Corogne) sont tellement détruits que le commerce maritime mondial s'en trouve bouleversé{{Référence nécessaire|date=5 mars 2022}}, le trafic avec les Amériques s'opérant dorénavant avec les ports d'Europe du Nord (France, Pays-Bas, Grande-Bretagne). Ceci a pour conséquence la perte de la suprématie maritime de l'Espagne dans l'Atlantique.
[[Image:Lisbon 1755 tsunami travel times.jpg|left|thumb|Calculs du temps horaire mis par les tsunamis à travers l'Atlantique le 1er Novembre 1755]]
 
Environ 85 % des bâtiments de Lisbonne sont détruits, y compris les plus célèbres de ses palais et bibliothèques, brillants exemples d'une [[architecture]] [[style manuélin|manuéline]] du {{s-|XVI}} typiquement portugaise. Plusieurs bâtiments relativement épargnés par le séisme sont détruits par les incendies qui s'ensuivent. Un [[Opéra (édifice)|opéra]] nouvellement construit, baptisé du nom prémonitoire d'''Opéra Phoenix'', est réduit en cendres. Le Palais Royal, juste au bord du [[Tage]] (actuellement : place ''Terreiro do Paço)'', est également détruit : à l'intérieur, les {{unité|70000|volumes}} de la bibliothèque royale sont perdus, tout comme des centaines d'œuvres d'[[art]] dont des [[Peinture (art)|peintures]] de [[Titien]], [[Pierre Paul Rubens|Rubens]] et du [[Le Corrège|Corrège]]. Des archives royales extrêmement précieuses disparaissent, notamment les comptes rendus détaillés des grandes explorations réalisées par [[Vasco de Gama]] et d'autres navigateurs.
[[Image:1755 Lisbon earthquake.jpg|thumb|left|Cette gravure en [[cuivre]] de [[1755]] montre les ruines de [[Lisbonne]] en flammes et un tsunami submergeant les navires du port.]]
 
Le tremblement de terre a par ailleurs raison des principaux édifices religieux de Lisbonne, en particulier la [[Cathédrale Santa Maria Maior de Lisbonne|cathédrale Santa Maria Maior]], durement éprouvée, les [[Basilique (christianisme)|basiliques]] São Paulo, Santa Catarina, [[Monastère de Saint-Vincent de Fora|São Vicente de Fora]], et enfin l'église de la Miséricorde. L'hôpital royal de Tous les Saints, le plus grand hôpital du monde à l'époque, est consumé par le feu avec plusieurs centaines de ses patients. La tombe du héros national [[Nuno Álvares Pereira]] est aussi perdue, et les visiteurs de Lisbonne peuvent encore aujourd'hui se promener parmi les ruines du [[Couvent des Carmes de Lisbonne|couvent des Carmes]], qui ont été préservées pour rappeler la catastrophe aux Lisboètes.
Lisbonne ne fut pas la seule ville [[Portugal|portugaise]] affectée par la catastrophe : les destructions touchèrent tout le sud du pays, en particulier l’[[Algarve]]. Les secousses du séisme furent ressenties partout en [[Europe]], jusqu’en [[Finlande]]. D’autres tsunamis atteignant des hauteurs de vingt mètres frappèrent les côtes de l’[[Afrique du Nord]]<ref>Levret, A.: The effects of the November 1, 1755 Lisbon Earthquake in Morocco, Tectonophysics, 193, 83–94, 1991.</ref>,
ou traversèrent l’[[océan Atlantique]] jusqu’en [[Martinique]] ou à la [[Barbade]]. Une vague de trois mètres de haut se jeta sur les côtes sud de l’[[Angleterre]].
 
=== Maroc ===
Sur les {{formatnum:275000}} habitants de Lisbonne, environs 60 000{{Référence nécessaire}} trouvèrent la mort. {{formatnum:10000}} autres personnes perdirent la vie de l’autre côté de la [[mer Méditerranée]], au [[Maroc]] notamment, où les villes de [[Fès]], [[Meknès]], [[Marrakech]] ainsi que les côtes marocaines furent ravagées. 85% des bâtiments de Lisbonne furent détruits, y compris les plus célèbres de ses palais et bibliothèques, brillants exemples d’une [[architecture]] [[manuélin]]e du {{XVIe siècle}} typiquement portugaise. Plusieurs bâtiments relativement épargnés par le séisme furent détruits par les incendies qui s’ensuivirent. Un [[Opéra (bâtiment)|opéra]] flambant neuf, baptisé du nom prémonitoire d’''Opéra Phoenix'', fut réduit en cendres. Le Palais Royal, juste au bord du [[Tage]] et à l’emplacement actuel de la place ''Terreiro do Paço'', fut également détruit : à l’intérieur, les {{formatnum:70000}} volumes de la bibliothèque royale furent perdus, tout comme des centaines d’œuvres d’[[art]] incluant des [[peinture]]s de [[Titien]], [[Rubens]] et du [[Le Corrège|Corrège]]. Des archives royales extrêmement précieuses disparurent, et avec elles le compte-rendu détaillé des grandes explorations réalisées par [[Vasco de Gama]] et d’autres navigateurs.
Dix mille personnes perdent la vie de l'autre côté du [[détroit de Gibraltar]], au [[Maroc]] notamment, où les villes côtières ([[Tanger]], [[Assilah]], [[Larache]], [[Mehdia|Maamora]], [[Salé]], [[Rabat]], [[Mazagan]]<ref>J Goulven. ''La place de Mazagan sous domination portugaise'' (1502-1769, Paris).</ref>, [[Casablanca|Anfa]], [[Safi]], [[Essaouira]] et [[Agadir]]) sont ravagées<ref>
T Cherkaoui, A El Hassani, M Azaoum. Impacts du tremblement de terre de 1755 au Maroc: histoire, société et religion. Lisboa: ''Witnesses of chaos, aspects of the 1755 Lisbon earthquake''. Miguel Telles Antunes, João Luís Cardoso. Academia das ciências de Lisboa 2017: 53-68.</ref>. À [[Rabat]], la colonnade de la tour [[tour Hassan|Hassan]] est endommagée et le dôme du minaret est détruit<ref>{{Ouvrage |id=2005kessel |langue= fr |prénom1= Bernard |nom1= Kessel |titre= Les Zemmours : entre vignes et lauriers roses |lieu= Paris |éditeur= Association des auteurs autoédités |date= 2005 |pages totales= 314 |passage=32 |lire en ligne= |résumé= }}.</ref>{{,}}<ref>M Boujendar. Histoire de Rabat
مقدمة الفتح من تاريخ رباط الفتح « Muqaddimat al-fath min tarikh ribat al-fath » , imprimerie du Bulletin officiel, Rabat, Maroc en 1345 de l’Hégire correspondant à 1924.</ref>. À [[Tanger]], le tsunami s'est arrêté à deux kilomètres à l'intérieur des terres, au pied des murailles de la [[Tanger-Médina|médina]] située sur les hauteurs. À [[Salé]], le tsunami a entraîné des morts et des dégâts importants. La forme de l'estuaire du fleuve [[Bouregreg]] a été profondément modifiée<ref>T. Zeroual. ''Les tremblements de terre dans la région du Maghreb et leurs répercussions sur l’Homme et son environnement'', 2005.</ref>. Al-Qadiri, historien [[maroc]]ain qui a été témoin oculaire du séisme à [[Fès]], a rapporté une description précise du tsunami qui a submergé la ville de [[Salé]] :
{{citation bloc|Et l’on reçut des nouvelles de [[Salé]] que la mer se retira très loin et la population de Salé sortit pour contempler ce spectacle ; mais le flot revint vers le rivage et s’avança vers l’intérieur des terres jusqu’à une ''[[Parasange|massâfa]]'' (environ cinq à six kilomètres), de nombreuses personnes moururent. Ce flot rencontrant une caravane composée d’un grand nombre de bêtes de somme et de gens se rendant à Marrakech, l’engloutit tout entière. Il emporta toutes les felouques et les barques qui se trouvaient sur le rivage, et une barque fut retrouvée à plus d’une ''massâfa'' de la mer…|référence=<ref>M.B.A.T. AL QADIRI, Nashr al-matâni li-ahl al qarn al-hâdi âshar wa Tâni. 4 vol., imp. Rabat : Al-Talib, Rabat. Traduction française : GRAULLE, A. & MAILLARD, P. – Archives Marocaines, XXI. Paris, 1913. Histoire du 11ème et 12ème siècle « Nachr al-matani li’ahli al-qarn al-hadi achar wa at-tani »; édition critique réalisée par Mohamed Hajji et Ahmed Taoufiq (1986).</ref>}}
 
D'autres villes marocaines non côtières ([[Meknès]], [[Fès]], etc.) ont durement ressenti le séisme. Celui-ci causa moins de dégâts à [[Marrakech]] mais la frayeur de la population y fut grande. Une réplique survenue 18 jours après a été particulièrement meurtrière à [[Fès]] et surtout [[Meknès]]. Le site romain de [[Site archéologique de Volubilis|Volubilis]] a subi d'importants dégâts.
Le tremblement de terre eut par ailleurs raison des principaux édifices [[Religion|religieux]] de Lisbonne, en particulier la [[cathédrale]] de Santa Maria, les [[Basilique religieuse|basiliques]] de São Paulo, Santa Catarina, São Vicente de Fora, et enfin l’église de la Miséricorde. L’Hôpital Royal de Tous les Saints, le plus grand hôpital du monde à l’époque, fut consumé par le feu avec plusieurs centaines de ses patients. La tombe du héros national [[Nuno Álvares Pereira]] fut aussi perdue, et les visiteurs actuels de Lisbonne peuvent toujours se promener sur les ruines du [[Couvent des Carmes (Lisbonne)|couvent des Carmes]], qui furent préservées pour rappeler la catastrophe aux lisboètes.
 
== Causes ==
De nombreux [[Animal|animaux]] pressentirent le danger et prirent la fuite vers les reliefs avant l’arrivée des eaux. Le séisme de Lisbonne est le premier cas historique où un tel comportement est dûment observé et étudié.
Les causes [[Géologie|géologiques]] du tremblement de terre et de l'activité sismique de la région continuent à être débattues par les scientifiques de notre époque<ref>N. Zitellini, L. A. Mendes Victor, J. D. Cordoba, ''et al.'', « {{langue|en|Source of 1755 Lisbon Earthquake and tsunami Investigated}} », ''EOS'', {{n°}}82, 2001, {{p.}}26.</ref>, qui manquent de données de qualité en sus des récits historiques. Des géologues ont émis l'hypothèse que la faille qui aurait joué lors de cette secousse se trouverait dans le golfe de Cadix. Dans cette région, la [[Plaque africaine|plaque tectonique africaine]] pousse la [[plaque eurasiatique]] vers le nord-ouest à la vitesse de quatre millimètres par an. Une partie de la plaque africaine océanique plonge en effet, par un mécanisme de [[subduction]], sous le bloc continental d'[[Mer d'Alboran|Alboran]], une micro plaque installée entre les plaques africaine et eurasiatique.
 
Entre dix et quarante kilomètres de profondeur, les tensions s'accumulent au point de friction entre les deux plaques pour se relâcher et provoquer un gros séisme analogue à celui de 1755 tous les {{nombre|1500}} à {{nombre|2000|ans}}. Ce n'est pas le seul scénario de la catastrophe. Des sismologues{{Qui|date=31 décembre 2019}} évoquent aussi une faille située sous la vallée du [[Tage]], ou encore l'existence d'un haut-fond — appelé le Marquis de Pombal — situé en mer, au sud-ouest du Portugal. Enfin une dernière hypothèse a été soulevée, celle mettant en cause un autre haut-fond, le banc de Gorringe, situé à l'aplomb de la limite des plaques Eurasie et Afrique. La comparaison avec un séisme analogue en 1969 (Mw = 7,3) pourrait aussi montrer qu'il s'agit d'un système compressif (avec une composante [[décrochement|décrochante]]).
Les causes [[Géologie|géologiques]] du tremblement de terre et de l’activité sismique de la région continuent à être débattues par les scientifiques de notre époque<ref>Zitellini, N., Mendes Victor, L. A., Cordoba, J. D., ''et al.'': Source of 1755 Lisbon Earthquake and tsunami Investigated, EOS, 82, 26, 2001.</ref>, qui manquent de données de qualité en sus des récits historiques. Des géologues ont émis l’hypothèse que la faille qui aurait joué lors de cette secousse se trouverait dans le golfe de Cadix. Dans cette région, la plaque tectonique africaine pousse la plaque eurasiatique vers le nord-ouest à la vitesse de 4 mm par an. Une partie de la plaque africaine océanique plonge en effet, par un mécanisme de subduction, sous le bloc continental d'Alboran, une micro plaque installée entre les plaques africaine et eurasiatique.
 
== Conséquences immédiates ==
Entre 10 et 40 km de profondeur, les tensions s'accumulent au point de friction entre les deux plaques pour se relâcher et provoquer un gros séisme analogue à celui de 1755 tous les 1500-2000 ans. Ce n'est pas le seul scénario de la catastrophe. Des sismologues évoquent aussi une faille située sous la vallée du [[Tage]], ou encore l'existence d'un haut-fond — appelé le Marquis de Pombal — situé en mer au sud-ouest du Portugal. Enfin une dernière hypothèse a été soulevée, celle mettant en cause un autre haut-fond, le banc de Gorringe, situé à l'aplomb de la limite des plaques Eurasie et Afrique. La comparaison avec un séisme analogue en 1969 (Mw = 7.3) pourrait aussi montrer qu'il s'agit d'un système compressif (avec une composante [[décrochement|décrochante]]).
La famille royale échappa sans dommage à la catastrophe. Le roi [[Joseph Ier (roi de Portugal)|Joseph {{Ier}}]] et sa cour s'étaient absentés de la ville après avoir assisté à une messe au lever du soleil, en raison du souhait d'une des filles du roi qui désirait passer des vacances hors de la capitale. Après la catastrophe, Joseph se mit à nourrir une peur incontrôlable à l'idée de vivre entre des murs, et la cour s'installa dans un gigantesque complexe de tentes et de pavillons sur les collines d'[[Ajuda (Lisbonne)|Ajuda]], à l'époque encore en bordure de [[Lisbonne]]. La [[claustrophobie]] du roi ne s'apaisa jamais, et ce n'est qu'après sa mort que sa fille [[Marie Ire (reine de Portugal)|Marie {{Ire}}]] entama la construction de l'actuel [[Palais national d'Ajuda|palais royal d'Ajuda]], sur l'ancien site des tentes.
 
[[Fichier:Lisbon1755hanging.jpg|thumb|left|Les ruines de Lisbonne : les survivants habitèrent pour un temps dans des tentes en bordure de la ville, comme le montre cette gravure [[Allemagne|allemande]] de [[1755]].]]
== Les conséquences immédiates ==
[[Fichier:Lisbon1755hangingdetail.JPG|thumb|Détail : des exécutions suivirent le séisme. Au moins {{nombre|34|pilleurs}} furent pendus, dans le plus complet désordre. Afin de dissuader le pillage, le roi ordonna l'édification d'échafauds en plusieurs endroits de la ville.]]
 
Tout comme le roi, le Premier ministre Sebastião de Melo (le futur [[Sebastião José de Carvalho e Melo|marquis de Pombal]]) survécut au tremblement de terre. On lui attribue la citation suivante : « Maintenant ? Enterrez les morts et nourrissez les vivants<ref name=":0">{{Lien web |langue=pt-BR |prénom=Estado de|nom=Minas|prénom2=Estado de|nom2=Minas|titre=Riqueza de Ouro Preto reconstruiu Lisboa apos terremoto no Seculo 18|url=https://www.em.com.br/app/noticia/gerais/2015/10/24/interna_gerais,700993/riqueza-de-ouro-preto-reconstruiu-lisboa-apos-terremoto-no-seculo-18.shtml|site=Estado de Minas|date=2015-10-24|consulté le=2021-07-17}}.</ref>. » Avec le pragmatisme qui caractérisait ses méthodes de gouvernement, il organisa immédiatement les secours et la reconstruction. Il envoya en ville des équipes de lutte contre le feu afin d'éteindre les flammes au plus vite, et chargea d'autres personnes de rassembler les milliers de cadavres. On ne disposait que de peu de temps pour cette tâche macabre avant de possibles [[épidémie]]s. Contrairement à la coutume, et malgré les souhaits exprimés par les représentants de l'[[Église catholique|Église]], de nombreux corps furent entassés sur des barques et immergés au large des bouches du [[Tage]]. Pour empêcher les désordres en ville, et notamment pour dissuader d'éventuels pilleurs, des potences furent érigées aux endroits les plus visibles : au moins trente-quatre personnes furent exécutées. L'armée portugaise fut mobilisée pour entourer la ville et bloquer la fuite des habitants en état de travailler, afin de les obliger à dégager les ruines.
La famille royale échappa sans dommage à la catastrophe. Le roi [[Joseph Ier de Portugal|Joseph I{{er}}]] et sa cour s’étaient absentés de la ville après avoir assisté à une messe au lever du soleil, en raison du souhait d’une des filles du roi qui désirait passer des vacances hors de la capitale. Après la catastrophe, Joseph se mit à nourrir une peur incontrôlable à l’idée de vivre entre des murs, et la cour s’installa dans un gigantesque complexe de tentes et de pavillons sur les collines d’Ajuda, à l’époque encore en bordure de [[Lisbonne]]. La [[claustrophobie]] du roi ne s’apaisa jamais, et ce n’est qu’après sa mort que sa fille [[Marie Ire de Portugal|Marie I{{re}}]] entama la construction de l’actuel [[Palais royal d'Ajuda]], sur l’ancien site des tentes.
 
Peu après le début de la crise, le Premier ministre et le roi engagèrent des [[Architecture|architectes]] et des [[Ingénierie|ingénieurs]], et moins d'un an plus tard, Lisbonne était déjà dégagée de ses ruines et en cours de reconstruction. Le roi tint à profiter de cette occasion pour édifier une ville nouvelle et parfaitement ordonnée : les grandes places et les larges avenues devaient caractériser la nouvelle Lisbonne. À quelqu'un qui l'interrogeait sur l'utilité de rues aussi spacieuses, le marquis de Pombal répondit qu'« un jour, elles seront petites »<ref name=":0" />.
[[Image:Lisbon1755hanging.jpg|thumb|left|'''Les ruines de Lisbonne''' : les survivants habitèrent pour un temps dans des tentes en bordure de la ville, comme le montre cette gravure [[Allemagne|allemande]] de [[1755]].]]
[[Image:Lisbon1755hangingdetail.JPG|thumb|'''''Détail''''': des exécutions suivirent le séisme. Au moins 34 pilleurs furent pendus, dans le plus complet désordre. Afin de dissuader le pillage, le roi ordonna l’édification d’échafauds en plusieurs endroits de la ville.]]
 
Les bâtiments construits sous l'égide de Pombal comptent parmi les premiers exemples de constructions antisismiques en Europe grâce à l'emploi de la {{Lien|trad=Gaiola (construction)|fr=cage Pombaline}} (gaiola pombalina) insérée dans la maçonnerie des nouveaux immeubles. {{Référence souhaitée|De petits modèles en bois furent construits pour procéder à des tests, et des tremblements de terre furent simulés en faisant défiler des troupes autour|date=24 septembre 2022}}. Le nouveau centre-ville de Lisbonne, connu désormais sous le nom de « centre pombalin » (''[[Baixa pombalina|Baixa Pombalina]]''), est aujourd'hui l'une des attractions [[Tourisme|touristiques]] les plus prisées de la ville. Des quartiers d'autres villes portugaises furent aussi reconstruits selon les principes de Pombal, comme [[Vila Real de Santo António]] en [[Algarve]].
Tout comme le roi, le Premier ministre Sebastião de Melo (le [[marquis de Pombal]]) survécut au tremblement de terre. On lui attribue la citation suivante : « Maintenant ? Enterrez les morts et nourrissez les vivants ». Avec le pragmatisme qui caractérisait ses méthodes de gouvernement, il organisa immédiatement les secours et la reconstruction. Il envoya en ville des équipes de lutte contre le feu afin d’éteindre les flammes au plus vite, et chargea d’autres personnes de rassembler les milliers de cadavres. On ne disposait que de peu de temps pour cette tâche macabre avant de possibles [[épidémie]]s. Contrairement à la coutume, et malgré les souhaits exprimés par les représentants de l’[[Église catholique|Église]], de nombreux corps furent embarqués sur des barques et immergés au large des bouches du [[Tage]]. Pour empêcher les désordres en ville, et notamment pour dissuader d’éventuels pilleurs, des échafauds furent érigés aux endroits les plus visibles : au moins 34 personnes furent exécutées. L’armée portugaise fut mobilisée pour entourer la ville et bloquer la fuite des habitants en état de travailler, afin de les obliger à dégager les ruines.
 
Par ailleurs, cette catastrophe, qui causa des dommages très coûteux, mit fin à l'âge d'or du Portugal. Le port de Lisbonne fut très touché, et la vie économique, très bouleversée, mit le Portugal en retrait dans la poursuite de l'aventure coloniale, au profit de la Grande-Bretagne<ref name=":0" />.
Peu après le début de la crise, le Premier ministre et le roi engagèrent des [[Architecture|architectes]] et des [[Ingénierie|ingénieurs]], et moins d’une année plus tard, Lisbonne était déjà dégagée de ses ruines et en cours de reconstruction. Le roi tint à profiter de cette occasion pour édifier une ville nouvelle et parfaitement ordonnée : les grandes places et les avenues larges devaient caractériser la nouvelle Lisbonne. À quelqu’un qui l’interrogeait sur l’utilité de rues aussi spacieuses, le marquis de Pombal répondit qu’ « un jour, elles seront petites ». Le trafic chaotique de la Lisbonne du {{XXIe siècle}} ne peut que lui donner raison.
 
Le nombre de victimes, directes et indirectes, est estimé à {{formatnum:40000}} ou {{nombre|45000|morts}}. La catastrophe a coûté au Portugal entre 32 et 48 % de son [[produit intérieur brut]], soit l'équivalent de 3,7 milliards d'euros<ref name="geostrategia">{{lien web |url=https://www.geostrategia.fr/le-seisme-de-lisbonne-en-1755-retour-sur-une-gestion-de-crise-marquante/ |site=geostrategia.fr |titre= Le Séisme de Lisbonne en 1755 : Retour sur une gestion de crise marquante | date = 23 octobre 2017 |consulté le = 29 janvier 2020 |auteur1=Guillaume DELATOUR |auteur2=Paul-Henri RICHARD|auteur3=Patrick LACLEMENCE|auteur4=A. HUGEROT}}.</ref>.
Les bâtiments construits sous l’égide de Pombal comptent parmi les premiers exemples de constructions anti-sismiques au monde. De petits modèles en [[bois]] furent construits pour procéder à des tests, et des tremblements de terre furent simulés en faisant défiler des troupes autour. Le nouveau centre-ville de Lisbonne, connu désormais sous le nom de « centre pombalin » (''Baixa Pombalina''), est aujourd’hui l’une des attractions [[Tourisme|touristiques]] les plus prisées de la ville. Des quartiers d’autres villes portugaises furent aussi reconstruits selon les principes de Pombal, comme la [[Vila Real de Santo António]] dans l’[[Algarve]].
 
== Implications socialespolitiques et philosophiques ==
[[Fichier:Voltaire.jpg|thumb|left|upright=0.5|[[Voltaire]].]]
Le [[Séisme|tremblement de terre]] secoua bien plus que des villes et des bâtiments. [[Lisbonne]] était, et demeure, la capitale d'un pays profondément [[Catholicisme|catholique]], qui était réputé pour la foi de ses habitants et la vigueur de l'évangélisation dans ses [[Colonialisme|colonies]]. La catastrophe survint de plus le jour d'une fête catholique essentielle et détruisit la plupart des [[église (édifice)|églises]] et édifices religieux les plus importants. La [[théologie]] et la [[philosophie]] du {{s-|XVIII}} pouvaient difficilement expliquer une telle manifestation de colère divine.
 
Le tremblement de terre eut une forte influence sur de nombreux penseurs [[Europe|européens]] de l'époque des [[Siècle des Lumières|Lumières]]. Plusieurs d'entre eux mentionnèrent ou firent allusion à cet événement dans leurs écrits, notamment [[Voltaire]] dans ''[[Candide]]'' (chapitres 5 et 6) ou dans son ''[[s:Poème sur le désastre de Lisbonne|Poème sur le désastre de Lisbonne]]''. Le caractère arbitraire avec lequel les personnes mouraient ou survivaient fut souligné par Voltaire dans la critique du « ''[[meilleur des mondes possibles]]'' » qui l'opposait à [[Leibniz]]. Comme l'a écrit [[Theodor W. Adorno|Theodor Adorno]] en [[1966]], « le tremblement de terre de Lisbonne suffit à guérir Voltaire de la [[théodicée]] de Leibniz » (''Dialectique Négative'', 361). Une violente controverse s'est d'ailleurs déroulée entre [[Voltaire]] et [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] au sujet de l'optimisme et de la question du mal sur la Terre, un thème qui suscitait de nombreux débats entre théologiens, philosophes et savants au {{s-|XVIII|e}}. D'autres auteurs du {{s-|XX|e}}, à la suite d'Adorno, ont rapproché cette catastrophe de la [[Shoah]], en ce sens que les deux événements ont eu un impact suffisamment bouleversant pour transformer la [[culture]] et la philosophie européennes.
[[Image:Voltaire.jpg|thumb|left|upright=0.5|'''Voltaire''']]
Le [[tremblement de terre]] secoua bien plus que des villes et des bâtiments. [[Lisbonne]] était (et reste) la capitale d’un pays profondément [[Catholicisme|catholique]], qui était réputé pour la foi de ses habitants et la vigueur de l’évangélisation dans ses [[Colonialisme|colonies]]. La catastrophe survint de plus le jour d’une fête catholique essentielle et détruisit la plupart des [[église (édifice)|églises]] les plus importantes. La [[théologie]] et la [[philosophie]] du {{XVIIIe siècle}} pouvaient difficilement expliquer une telle manifestation de colère divine.
 
[[Fichier:Immanuel Kant (portrait).jpg|thumb|upright=0.5|left|[[Emmanuel Kant|Kant]].]]
Le tremblement de terre eut une forte influence sur de nombreux penseurs [[Europe|européens]] de l’époque des [[Siècle des Lumières|Lumières]]. Plusieurs d’entre eux mentionnèrent ou firent allusion à cet événement dans leurs écrits, notamment [[Voltaire]] dans ''[[Candide]]'' ou dans son [[s:Poème sur le désastre de Lisbonne|poème sur le désastre de Lisbonne]]. Le caractère arbitraire avec lequel les personnes mouraient ou survivaient fut souligné par Voltaire dans la critique du ''meilleur des mondes possibles'' qui l’opposait à [[Leibniz]]. Comme l’a écrit [[Theodor Adorno]] en [[1966]], « le tremblement de terre de Lisbonne suffit à guérir Voltaire de la [[théodicée]] de Leibniz » (''Dialectiques Négatives'', 361). Une violente controverse s'est d'ailleurs déroulée entre [[Voltaire]] et [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] au sujet de l'optimisme et de la question du mal sur la Terre, un thème qui suscitait de nombreux débats entre théologiens, philosophes et savants au {{XVIIIe siècle}}. D’autres auteurs du {{XXe siècle}}, à la suite d’Adorno, ont rapproché cette catastrophe de l’[[Holocauste]], en ce sens que les deux événements ont eu un impact suffisamment bouleversant pour transformer la [[culture]] et la philosophie européennes.
Le concept philosophique du [[sublime]], bien qu'il soit apparu avant 1755, a été développé et fortement valorisé par [[Emmanuel Kant]], qui a tenté de saisir toutes les implications du séisme de Lisbonne. Fasciné par la catastrophe, le jeune Kant collecta toutes les informations qui lui étaient accessibles et les utilisa pour formuler dans trois textes successifs une théorie sur la cause des séismes. Sa théorie, qui reposait sur le mouvement de gigantesques cavernes souterraines remplies de gaz chauds, fut démentie par la [[science]] moderne, mais représentait néanmoins la première tentative d'expliquer un tremblement de terre par des facteurs [[nature]]ls et non [[surnaturel]]s. Selon [[Walter Benjamin]], le petit livre de Kant sur les séismes « représente probablement les débuts de la [[géographie]] scientifique en [[Allemagne]], et très certainement ceux de la [[sismologie]] ».
 
[[Werner Hamacher]] a même avancé que le tremblement de terre a eu un impact sur le [[Lexique|vocabulaire]] philosophique, fragilisant la [[métaphore]] traditionnelle du « fondement » des théories : « Sous l'influence du tremblement de terre de Lisbonne, qui a touché l'esprit européen à une époque des plus sensibles, la métaphore du fondement a complètement perdu son apparente innocence ; elle n'était désormais plus une simple figure de style. » Hamacher affirme que les certitudes bien ''fondées'' de [[René Descartes]] ont commencé à être ébranlées à la suite du séisme.
[[Image:Immanuel Kant (portrait).jpg|thumb|upright=0.5|left|'''Kant''']]
Le concept philosophique du sublime, bien qu’il soit apparu avant 1755, a été développé et fortement valorisé par [[Emmanuel Kant]], qui a tenté de saisir toutes les implications du séisme de Lisbonne. Le jeune Kant, fasciné par la catastrophe, collecta toutes les informations qui lui étaient accessibles et les utilisa pour formuler dans trois textes successifs une théorie sur la cause des séismes. Sa théorie, qui reposait sur le mouvement de gigantesques cavernes souterraines remplies de gaz chauds, fut démentie par la [[Sciences|science]] moderne, mais représentait néanmoins la première tentative d’expliquer un tremblement de terre par des facteurs [[nature]]ls et non [[surnaturel]]s. Selon [[Walter Benjamin]], le petit livre de Kant sur les séismes « représente probablement les débuts de la [[géographie]] scientifique en [[Allemagne]], et très certainement ceux de la [[sismologie]] ».
 
Pour la vie politique interne du [[Portugal]], le tremblement de terre fut dévastateur. Le Premier ministre du roi était un favori, mais l'[[aristocratie]] le méprisait pour ses origines de simple écuyer de campagne (son titre de [[marquis de Pombal]] ne lui fut octroyé qu'en [[1770]]). Le Premier ministre, en retour, détestait les [[Noblesse|nobles]] de souche, qu'il considérait comme [[Corruption|corrompus]] et incapables de la moindre action. Avant le {{date-|1 novembre 1755}}, la lutte pour le pouvoir et les faveurs du roi était constante, mais la très grande compétence dont fit preuve le marquis après la catastrophe eut pour effet de couper les vieilles factions aristocratiques du pouvoir. Une opposition silencieuse et rancunière commença à se former à l'encontre du roi [[Joseph Ier (roi de Portugal)|Joseph {{Ier}}]], qui atteignit son paroxysme lors d'une tentative d'assassinat du roi, suivie de l'élimination du puissant [[José de Mascarenhas da Silva|duc d'Aveiro]] et de la famille Távora (voir « [[Procès des Távora]] »).
[[Werner Hamacher]] a même avancé que le tremblement de terre a eu un impact sur le [[vocabulaire]] philosophique, fragilisant la [[métaphore]] traditionnelle du « fondement » des théories : « Sous l’influence du tremblement de terre de Lisbonne, qui a touché l’esprit européen à une époque des plus sensibles, la métaphore du fondement a complètement perdu son apparente innocence ; elle n’était désormais plus une simple figure de style ». Hamacher affirme que les certitudes bien ''fondées'' de [[René Descartes]] ont commencé à être ébranlées à la suite du séisme.
 
== Naissance de la sismologie ==
Pour la vie politique interne du [[Portugal]], le tremblement de terre fut dévastateur. Le Premier ministre du roi était un favori, mais l’[[aristocratie]] le méprisait pour ses origines de simple écuyer de campagne (son titre de marquis de Pombal ne lui est octroyé qu’en [[1770]]). Le Premier ministre, en retour, détestait les [[Noblesse|nobles]] de souche, qu’il considérait comme [[Corruption|corrompus]] et incapables de la moindre action. Avant le [[1er novembre|1{{er}} novembre]] [[1755]], la lutte pour le pouvoir et les faveurs du roi était constante, mais la très grande compétence dont fit preuve le marquis après la catastrophe eut pour effet de couper les vieilles factions aristocratiques du pouvoir. Une opposition silencieuse et rancunière commença à se former à l’encontre du roi [[Joseph Ier de Portugal|Joseph I{{er}}]], et atteint son paroxysme lors d’une tentative d’assassinat du roi, suivie de l’élimination du puissant duc d’[[Aveiro]] et de la famille Tavora. (''Voir [[Histoire du Portugal]]'')
L'action du Premier ministre ne se limita pas aux questions pratiques de la reconstruction. Le marquis ordonna également qu'un questionnaire soit envoyé à toutes les [[paroisse]]s du pays à propos du séisme et de ses effets. Y figuraient entre autres les questions suivantes.
 
== La naissance de la sismologie ==
 
L’action du Premier ministre ne se limita pas aux questions pratiques de la reconstruction. Le marquis ordonna également qu’un questionnaire soit envoyé à toutes les [[paroisse]]s du pays à propos du séisme et de ses effets. Y figuraient entre autres les questions suivantes :
 
* Combien de temps a duré le tremblement de terre ?
* Combien de répliques ont été ressenties ?
* Quel type de dommage a été causé ?
* Les animaux ont-ils eu un comportement étrange ? (cetteCette question anticipait sur les études réalisées pendant les [[années 1960]] par des sismologues [[République populaire de Chine|chinois]].)
* Qu’estQu'est-il arrivé aux puits et aux points d’eaud'eau ?
 
Les réponses à ces questions, ainsi qu’àqu'à d’autresd'autres, sont toujours conservées dans la [[Institut des archives nationales|tour de Tombo]], le centre des archives nationales<ref>{{Lien web |titre=Memórias Paroquiais - Arquivo Nacional da Torre do Tombo - DigitArq |url=http://digitarq.arquivos.pt/details?id=4238720 |site=digitarq.arquivos.pt |consulté le=2021-07-17}}.</ref>. En étudiant et en recoupant les comptes-rendus des différents [[Prêtre catholique|prêtres]], les chercheurs modernes ont été en mesure de reconstituer la catastrophe d’und'un point de vue scientifique, ce qui euteût été impossible sans l’enquêtel'enquête menée par le [[PombalSebastião José de Carvalho e Melo|marquis de Pombal]]<ref>{{Article |langue=pt |auteur1=BRAGA, Joana |titre=Memórias Paroquiais : Índice |périodique=Lisboa : Arquivo Nacional da Torre do Tombo |date=2014 |lire en ligne=https://antt.dglab.gov.pt/wp-content/uploads/sites/17/2008/09/Memorias-paroquiais-indice-final-2014.pdf}}.</ref>. Ce dernier, par conséquent, est souvent considéré comme un précurseur de la [[sismologie]] contemporaine<ref>{{Lien web |titre=Memórias Paroquiais de 1758 |url=http://www.fcsh.unl.pt/memorias/atlas/apresentacao.html |site=www.fcsh.unl.pt |consulté le=2021-07-17}}.</ref>.
 
Ce séisme du 1{{er}}Date|1 novembre 1755}} a eu une importance capitale pour la sismologie. Il a donné l’occasionl'occasion à [[Emmanuel Kant|Kant]] d’écrired'écrire une monographie à son sujet et de mener une longue réflexion sur les causes des séismes ('': {{Citation|Les tremblements de terre nous révèlent que, vers la surface, la terre est creusée de cavernes, et que, sous nos pieds, des galeries de mine secrètes courent de toutes parts en de multiples dédales. Ceci sera sans aucun doute établi par les progrès dans l'histoire des tremblements de terre. [...] Les cavités contiennent toutes un feu ardent, ou du moins une matière combustible qui n'a besoin que d'une légère stimulation pour faire rage avec furie alentour et ébranler ou même fendre le sol au -dessus.''). }}
 
Le séisme a également provoqué de nombreuses publications, ainsi que des sermons et poèmes (''[[Poème sur le désastre de Lisbonne]]'', de [[Voltaire]], et la réaction de [[Jean-Jacques Rousseau]] à ce poème, ''Lettre sur la providenceProvidence''). De nombreux scientifiques proposèrent ou adaptèrent des théories ([[Tobias Mayer]], astronome allemand, [[Johan Friedrich Jacobi]], mathématicien allemand, [[Johann Gottlob Kruger]], médecin et philosophe allemand, ou [[John Michell]], géologue et astronome britannique). Cette réflexion scientifique était cependant déjà engagée et la catastrophe de Lisbonne n'a fait que l'amplifier. Car pour ne parler que de la France, 751 séismes ont touché le territoire français aux {{sp-|XVII|et|XVIII}}s. Ainsi, quatre tremblements de terre ont marqué le règne de Louis XIV : le 21 juin 1660 dans les Pyrénées (coïncidant avec le mariage du roi), le 12 mai 1682 dans les Vosges, le 14 août 1708 en haute Provence et le 6 octobre 1711 dans le Poitou. Au [[siècle des Lumières]], les années 1750 constituent un autre moment de forte activité sismique. En conséquence, dès les années 1740, les membres de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] se sont penchés sur les phénomènes sismiques<ref name="2005quenet"/>.
 
== Culture populaire ==
 
* 1898 - [[La Guerre des mondes]] de H.G. Wells. Le tremblement de terre est cité au chapitre XIII où la possible arrivée des Martiens à Londres est comparée au tremblement de terre de Lisbonne<ref>{{Article|prénom1=Herbert George|nom1=Wells|titre=La Guerre des mondes|périodique=Mercure de France|pages=657–665|date=1899|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/La_Guerre_des_mondes/I/13|consulté le=2023-11-29}}</ref>.
* 2014 - ''{{Langue|en|[[Assassin's Creed Rogue]]}}''. Dans le jeu vidéo, le personnage principal Shay Cormac se retrouve responsable malgré lui du tremblement de terre{{Refnec|date=29 novembre 2023}}.
* 2015 - Album concept ''1755'' du groupe de métal portugais [[Moonspell]].
 
== Notes et références ==
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets
{{commons|Lisbon earthquake of 1755}}{{Wikisource œuvre|Poème_sur_le_désastre_de_Lisbonne|du '''Poème sur le désastre de Lisbonne'''}}
| commons = Category:Lisbon earthquake of 1755
}}{{Autres projets
| wikisource = Poème sur le désastre de Lisbonne
| wikisource titre = du '''Poème sur le désastre de Lisbonne'''
}}
 
=== Bibliographie ===
* {{en}} : Joao F.B.D. Fonseca, « ''{{langue|en|The source of the Lisbon Earthquake}}'' », ''Science'', ({{n°}}308), 2005.
* {{fr}} : Jean-Paul Poirier, ''Le tremblement de Terre de Lisbonne'', éditions Odile Jacob, 2005 {{ISBN|2-7381-1666-3}}.
* {{mul|pt}} - {{|fr}} : Martins Oliveira, ''Histoire du Portugal'', édition La Différence, 1994, traduit du portugais par Claire Cayron {{ISBN|2-7291-1021-6}}.
* {{fr}} : Christiane Galus, « De nouvelles hypothèses sont avancées pour expliquer le tremblement de terre de Lisbonne », ''[[Le Monde]]'', {{date-|2 novembre 2005}}.
* Grégory Quenet, ''Les Tremblements de terre en France aux {{s2-|XVII|e|XVIII|e}} – La naissance d'un risque'',{{éd.}} Champ Vallon, {{coll.}} « Époques », Seyssel, 2005, 586{{nb p.}}{{ISBN|2876734141|978-2876734142}}.
* Jean-Pierre Dupuy, ''Petite métaphysique des tsunamis'', Seuil, coll. Points Essais, 2005.
*{{en}} Théodore E.D. Braun, John B. Radner (Dir), ''The Lisbon earthquake of 1755 : Representations and reactions'', ''Studies on Voltaire and eighteenth century'' ''(SVEC)'', 2005:02, Oxford, [[Voltaire Foundation]], 2005.
 
'''En littérature''' :
==== Notes et références ====
* [[Élie Bertrand]], ''[[s:Mémoires historiques et physiques sur les tremblemens de terre|Mémoires historiques et physiques sur les tremblemens de terre]]'' (1757) ;
{{Références|colonnes=2}}
*[[Voltaire]], ''[[Poème sur le désastre de Lisbonne]]'' (1756) ;
 
* [[Voltaire]], ''[[Candide]]'' (1759) ;
==== Littérature ====
* [[Matias Aires]], ''{{langue|pt|Problema de Arquitetura Civil}}'' (posthume, 1770) ;
* {{fr}} : '''[[Voltaire]]''', ''[[Candide]]'', entre autres éditeurs : Pocket, 2004 {{ISBN|2-266-14711-0}} - {{EAN|9782266147118}}
* {{fr}} : '''[[Goethe]]''', ''[[Souvenirs de ma vie, poésiePoésie et véritéVérité]]'' (1808-1831).
* {{fr}} : '''Elie Bertrand''', ''Mémoires historiques et physiques sur les tremblements de terre'', [[Pays-Bas]], [[1757]] - <small>([http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SRCH?IKT=12&TRM=099683377&COOKIE=U10178,Klecteurweb,D2.1,Eea3423ee-1,I250,B341720009+,SY,A\9008+1,,J,H2-26,,29,,34,,39,,44,,49-50,,53-78,,80-87,NLECTEUR+PSI,R78.239.224.113,FN PPN 099683377])</small>
 
=== Articles connexes ===
 
* [[Histoire du Portugal]]
* [[Histoire de Lisbonne]]
* [[Séisme]]
* [[Séisme|Tremblement de terre]] | [[Liste de catastrophes sismiques]]
* [[Catastrophe naturelle]] | [[Liste de catastrophes naturelles au Portugal]]
 
=== Liens externes ===
 
* {{en}} [http://nisee.berkeley.edu/lisbon/ Images et descriptions historiques du séisme de Lisbonne de 1755]
* {{fr}} [http://www.herodote.net/histoire11011.htm 1{{er1er}} novembre 1755 tremblement de terre à Lisbonne (Hérodote.net)]
* [http://www.1789-1815.com/1755_11_01lisbonne.htm Article « Lisbonne » de l'''Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers'']
* {{fr}} [http://www.site-magister.com/volrous2.htm La querelle Voltaire/Rousseau à propos du séisme et de la Providence (Magister)]
* {{fr}} [http://www.1789-1815.com/1755_11_01lisbonne.htm Article ''Lisbonne'' de l'Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]
* {{en}} [http://www.cgul.ul.pt/docs/nhess_01.pdf Une étude de l'origine géologique du séisme de Lisbonne de 1755 (2003)]
* {{en}} [http://www.univie.ac.at/Wissenschaftstheorie/heat/heat-1/heat001f.htm Histoire de la sismologie]
 
{{Palette|Histoire du Portugal|Séismes au Maroc}}
{{Portail|Cliopédia|Sciences de la Terre et de l'Univers|Portugal}}
 
[[Catégorie:Histoire du Portugal]]
[[Catégorie:Lisbonne]]
[[Catégorie:Séisme en Europe|Lisbonne 1755]]
[[Catégorie:1755]]
[[Catégorie:Séisme avant 1800]]
 
{{Portail|géologie|risques majeurs|Lisbonne|Portugal|Espagne|Maroc|XVIIIe siècle}}
{{Lien AdQ|eo}}
{{Lien BA|de}}
 
[[Catégorie:Séisme au Portugal|Lisbonne 1755]]
[[ar:زلزال لشبونة]]
[[Catégorie:Séisme en Espagne|Lisbonne 1755]]
[[bg:Лисабонско земетресение]]
[[Catégorie:Séisme au Maroc|Lisbonne 1755]]
[[bs:Veliki potres u Lisabonu]]
[[caCatégorie:TerratrèmolSéisme de Lisboamagnitude de9 à 9,9|Lisbonne 1755]]
[[Catégorie:Séisme au XVIIIe siècle|1755 Lisbonne]]
[[cs:Zemětřesení v Lisabonu]]
[[Catégorie:Tsunami dans l'océan Atlantique|Lisbonne 1755]]
[[da:Jordskælvet i Lissabon 1755]]
[[Catégorie:Histoire de Lisbonne]]
[[de:Erdbeben von Lissabon 1755]]
[[Catégorie:Novembre 1755]]
[[en:1755 Lisbon earthquake]]
[[Catégorie:Incendie au XVIIIe siècle]]
[[eo:Lisbona tertremo en 1755]]
[[Catégorie:Tsunami du XVIIIe siècle]]
[[es:Terremoto de Lisboa de 1755]]
[[Catégorie:Tsunami au Portugal]]
[[et:Lissaboni maavärin]]
[[Catégorie:Tsunami au Maroc]]
[[fi:Lissabonin maanjäristys 1755]]
[[gl:Terremoto de Lisboa de 1755]]
[[he:רעידת האדמה בליסבון (1755)]]
[[hr:Potres u Lisabonu 1755.]]
[[hu:1755-ös lisszaboni földrengés]]
[[id:Gempa Lisbon 1755]]
[[it:Terremoto di Lisbona del 1755]]
[[ja:リスボン地震 (1755年)]]
[[nl:Aardbeving Lissabon 1755]]
[[no:Jordskjelvet i Lisboa]]
[[pl:Trzęsienie ziemi w Lizbonie (1755)]]
[[pt:Sismo de Lisboa de 1755]]
[[ru:Лиссабонское землетрясение]]
[[sr:Земљотрес у Лисабону (1755)]]
[[sv:Jordbävningen i Lissabon 1755]]
[[th:แผ่นดินไหวที่ลิสบอน พ.ศ. 2298]]
[[tr:1755 Lizbon Depremi]]
[[uk:Лісабонський землетрус 1755]]
[[vi:Động đất Lisboa 1755]]
[[zh:1755年里斯本大地震]]
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Séisme_de_Lisbonne ».