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[[Fichier:Hyperbola E.svg|thumb|right|200px|L’aire sous l’hyperbole est égale à 1 sur l’intervalle {{math|[1;e]}}.]]
Le nombre '''{{math|e}}''' est une [[Table de constantes mathématiques|constante mathématique]]<ref>La typographie des constantes mathématiques requiert l’utilisation de la [[police romaine]], pour réserver l’[[italique (typographie)|italique]] aux variables.</ref> valant environ 2,71828 et parfois appelée '''nombre d'Euler''' ou '''constante de Néper''' en référence aux mathématiciens [[Leonhard Euler]] et [[John Napier]] (par une variante orthographique de son nom). Il ne doit pas être confondu avec la [[constante d'Euler-Mascheroni]] (notée {{math|γ}}).
 
Ce nombre est approchédéfini auà la fin du {{XVIIe}} siècle, dans lesune calculscorrespondance liésentre à[[Gottfried laWilhelm découverteLeibniz|Leibniz]] deset [[logarithmeChristian Huygens]]s, maiscomme il apparait pourétant la première fois en tant qu'objet d'étude en 1683, lorsque [[Jacquesbase Bernoulli(analyse)|base]] détermine ladu [[limitelogarithme (mathématiques)|limitenaturel]]. deAutrement ladit [[suiteil (mathématiques)|suiteest numérique]]caractérisé depar termela généralrelation {{math|ln(1e) +{{=}} 1/''n'')<sup>''n''</sup>}}. Ilou estde ensuitefaçon identifié comme base du [[logarithme naturel]]<ref>Oxford English Dictionary, 2nd ed.</ref> par [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]]. Autrement dit,équivalente il est lal'image valeur ende 1 depar la [[fonction exponentielle]], réciproque du logarithme naturel, d'où la notation {{math|exp(''x'') {{=}} e<sup>''x''</sup>}}. La décomposition de cette fonction en [[série entière]] mène à la définition de {{math|e}} par Euler comme somme de la [[Série (mathématiques)|série]]<ref>Encyclopedic Dictionary of Mathematics 142.D</ref> :
:<math>\mathrm e = 1+\frac{1}{1} + \frac{1}{1\times 2} + \frac{1}{1\times 2\times 3} + \frac{1}{1\times 2\times 3 \times 4} + \cdots</math>
Ce nombre apparait aussi comme [[limite (mathématiques)|limite]] de la [[suite (mathématiques)|suite numérique]] de terme général {{math|(1 + 1/''n'')<sup>''n''</sup>}} et dans de nombreuses formules en analyse telles l'[[identité d'Euler]] (<math>\mathrm e^{\mathrm i\pi}+1 = 0</math>) ou la [[formule de Stirling]] qui donne un [[équivalent]] de la [[factorielle]], mais. ilIl intervient aussi en théorie des probabilités ou en combinatoire.
 
Ce nombre apparait dans de nombreuses formules en analyse telles l'[[identité d'Euler]] (<math>\mathrm e^{\mathrm i\pi}+1 = 0</math>) ou la [[formule de Stirling]] qui donne un [[équivalent]] de la [[factorielle]], mais il intervient aussi en théorie des probabilités ou en combinatoire.
 
Euler démontre que {{math|e}} est [[nombre irrationnel|irrationnel]], donc que son [[développement décimal]] n'est pas [[suite périodique|périodique]], et en donne une première approximation avec 23 décimales. Il explicite aussi son développement en [[fraction continue]]. En 1873, soit plus d'un siècle plus tard, [[Charles Hermite]] montre même que le nombre {{math|e}} est [[nombre transcendant|transcendant]], c'est-à-dire qu'il n'est racine d'aucun [[polynôme]] non nul à coefficients entiers.
 
== Définition par les logarithmes ==
== Histoire ==
=== PremièresLogarithme approchesnépérien ===
[[Image:John Napier.jpg|thumb|right|[[John Napier]]]]
Au début du {{s|XVII}}, le mathématicien écossais [[John Napier]] construit les premières [[table de logarithmes|tables de logarithmes]], qui permettent de simplifier des calculs de [[produit (mathématiques)|produits]] et [[division|quotients]] mais aussi [[racine carrée|racines carrées]], [[racine cubique|cubiques]] et autres. Elles consistent à associer à chaque nombre d'une liste un autre nombre (appelé ''logarithme''), de façon à ce qu'une relation de [[proportionnalité]] entre quatre termes de la première liste se traduise par des différences égales entre les termes correspondants de la seconde liste<ref>Simone Trompleur, [http://www.librecours.org/documents/4/478.pdf ''L'histoire des logarithmes''], p. 5.</ref> : si {{math|''a''}}, {{math|''b''}}, {{math|''c''}} et {{math|''d''}} ont pour logarithmes respectifs {{math|''A''}}, {{math|''B''}}, {{math|''C''}} et {{math|''D''}}, alors la relation {{math|{{frac|''a''|''b''}} {{=}} {{frac|''c''|''d''}}}} est équivalente à la relation {{math|''A''−''B'' {{=}} ''C''−''D''}}.
{{article détaillé|Table de logarithmes}}
 
Plus précisément, Napier fixe un ''rayon'' initial de dix millions<ref>Ce rayon correspond au rayon d'un cercle dans lequel sont calculés les valeurs trigonométriques, variant donc entre 0 et 10{{exp|7}} et non entre 0 et 1 comme actuellement.</ref> et construit une liste dans laquelle chaque nombre permet de calculer le suivant en lui soustrayant un dix-millionnième de sa valeur. Ces opérations successives sont donc des multiplications itérées par {{math|1−10{{exp|−7}}}} et la liste constitue une [[suite géométrique]] de premier terme 10{{exp|7}}. Le logarithme de chaque nombre de la liste étant son rang d'apparition, la formule du logarithme népérien s'écrit alors :
Ces tables sont conçues à partir d'une modélisation [[cinématique]] dont les paramètres peuvent être modifiés, aboutissant à d'autres tables présentant les mêmes fonctionnalités. En 1624, [[Henry Briggs]], correspondant avec Napier, fixe à 0 le logarithme de 1 et s'arrange pour que le logarithme de 10 vaille 1. Le choix de Briggs est fondé sur le système de numération en base 10, mais son [[logarithme décimal]] est lié au nombre {{math|e}} par son [[taux d'accroissement]] en 1 qui s'approche de {{math|log(e)}}. Toutefois il n'y a pas de traces d'une telle interprétation à cette époque<ref>Briggs, Wallis, Ialley, Sharp, [http://books.google.fr/books?id=8-42AAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=Henry+Briggs&hl=fr&sa=X&ei=-eCFT5PwGqL80QXcstWvBw&sqi=2&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false ''Mathematical tables'', p. 27].</ref>.
:<math>\operatorname{NapLog}(x) = \log_{1-10^{-7}}(x.10^{-7}) = \frac{\ln(x.10^{-7})}{\ln(1-10^{-7})}</math>
 
Napier interprète cette construction à l'aide d'un problème [[cinématique]] dans lequel un mobile se déplace à vitesse constante et un autre se déplace sur une longueur finie avec une vitesse proportionnelle à la distance qui lui reste à parcourir. En termes modernes, le problème se traduit donc par deux [[équation différentielle|équations différentielles]] dont les solutions sont linéaire pour le premier mobile et exponentielle pour le second. En égalant les vitesses initiales des deux mobiles et en fixant à 10{{exp|7}} la longueur à parcourir pour le second mobile, la position {{math|''L''}} du premier mobile s'obtient à partir de la distance restante {{math|''x''}} du premier mobile par la formule :
La condition d'annulation du logarithme en 1 est cruciale pour la simplification des calculs car la table transforme alors les produits en sommes. Cette propriété s'écrit en formulation moderne : {{formule|log(''a'' ''b'') {{=}} log(''a'') + log(''b'')}}. En 1647, [[Grégoire de Saint-Vincent]] met en évidence une relation analogue entre les aires de domaines délimités par une branche d'[[hyperbole (mathématiques)|hyperbole]] et son [[asymptote]]. En 1661, [[Christian Huygens]] fait le lien entre les logarithmes et la [[quadrature (mathématiques)|quadrature]] de l'hyperbole, et en particulier celle d'équation {{formule|''x'' ''y'' {{=}} 1}}. Le [[logarithme naturel]] est donc mis en évidence, mais sa base ({{math|e}}) n'est pas identifiée.
:<math>L = -10^7\ln(x.10^{-7})</math>
 
Or l'[[approximation affine]] du logarithme naturel en 1 permet d'approcher {{math|ln(1−10{{exp|−7}})}} par {{math|−10{{exp|−7}}}} avec une précision de l'ordre de {{math|10{{exp|−14}}}}, soit 7 chiffres significatifs. Les tables de valeurs obtenues par Napier offrent donc à la lecture les mêmes premières décimales que celles du logarithme naturel et en particulier, son logarithme vaut 10{{exp|7}} entre les sinus de 21°35' et de 21°36, où l'on retrouve<ref>Voir la [http://www.17centurymaths.com/contents/napier/spreadsheettables.pdf table de valeurs du logarithme népérien] pour un angle de 21°, p. 44.</ref> les premières décimales de {{math|{{frac|1|e}}}} (à savoir {{math|3678}}). Mais ce nombre n'est pas mis en évidence par Napier.
Étrangement, une table de valeurs du logarithme naturel apparait dans un appendice de l'ouvrage de Napier ''Mirifici logarithmorum canonis descriptio'', attribué à [[William Oughtred]]<ref>O'Connor, Robertson, [http://www.gap-system.org/~history/PrintHT/e.html ''The number e''], MacTutor History of Mathematics.</ref> et daté de 1618 soit bien avant le travail de Huygens et même avant les tables de Briggs. Mais les motivations de ces calculs ne sont pas connus.
 
=== ProblèmeLogarithme des intérêts composésdécimal ===
En 1624, [[Henry Briggs]], correspondant avec Napier, modifie les paramètres de construction des tables de logarithmes. D'abord il fixe à 0 le logarithme de 1, ce qui revient à choisir un rayon unitaire. Ses tables transforment alors les produits en sommes, ce qui s'écrit en formulation moderne : {{formule|log(''a'' ''b'') {{=}} log(''a'') + log(''b'')}}. Ensuite, il fixe à 1 le logarithme de 10, ce qui fait qu'une multiplication par 10 d'un nombre se traduit par un ajout d'une unité à son logarithme.
En 1683, [[Jacques Bernoulli]] étudie le problème des [[intérêts composés]] : deux augmentations successives de 50 % font une augmentation de plus de 100 %, quatre augmentations de 25 % font encore davantage et dix augmentations de 10 % encore plus. En multipliant le nombre d'augmentations et en divisant d'autant le pourcentage l'augmentation globale peut-elle devenir arbitrairement grande ou est-elle majorée ?
{{article détaillé|Taux d'évolution}}
 
Briggs obtient ainsi une table de valeurs du [[logarithme décimal]]<ref>Briggs, Wallis, Ialley, Sharp, [http://books.google.fr/books?id=8-42AAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=Henry+Briggs&hl=fr&sa=X&ei=-eCFT5PwGqL80QXcstWvBw&sqi=2&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false ''Mathematical tables'', p. 27].</ref>, fondé sur le système de numération en base 10, mais la notion de [[fonction (mathématiques)|fonction]] n'a pas encore émergé à l'époque. En particulier, il n'y a pas de trace d'une évaluation d'un [[taux d'accroissement]] en 1, qui aurait pu faire apparaitre une approximation de {{math|log(e)}}.
L'augmentation de {{math|''p''}} % se traduisant par une multiplication par un facteur de {{math|(1+{{frac|''p''|100}})}}, la répétition d'une telle augmentation correspond à la multiplication par une [[puissance d'un nombre|puissance]] de ce facteur. {{références nécessaires|Le problème se ramène donc à l'étude de la suite de terme général {{math|(1 + 1/''n'')<sup>''n''</sup>}}. Bernoulli montre que cette suite converge vers une valeur finie, comprise entre 2 et 3}}. Ce nombre, qui n'a alors pas encore de dénomination, est égal à {{math|e}}.
 
=== Base du logarithmeLogarithme naturel ===
La condition d'annulation du logarithme en 1 est cruciale pour la simplification des calculs car la table transforme alors les produits en sommes. Cette propriété s'écrit en formulation moderne : {{formule|log(''a'' ''b'') {{=}} log(''a'') + log(''b'')}}. En 1647, [[Grégoire de Saint-Vincent]] met en évidence une relation analogue à celle du logarithme entre les aires de domaines délimités par une branche d'[[hyperbole (mathématiques)|hyperbole]] et son [[asymptote]]. En 1661, [[Christian Huygens]] fait le lien entre les logarithmes et la [[quadrature (mathématiques)|quadrature]] de l'hyperbole, et en particulier celle d'équation {{formule|''x'' ''y'' {{=}} 1}}. Le [[logarithme naturel]] est donc mis en évidence, mais sa base ({{math|e}}) n'est pas identifiée.
C’est dans une lettre de [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] à Huygens que ce nombre est enfin identifié comme la base du logarithme naturel, mais Leibniz lui donne le nom de <math>b</math>.
 
C’est dans une lettre de [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] à Huygens que ce nombre est enfin identifié comme la base du logarithme naturel,<ref>[http://books.google.fr/books?id=vtBGAAAAcAAJ&pg=PA33#v=onepage&f=false maisCorrespondance entre Huygens et Leibniz, luip. donne33]</ref>, levers nom1690, demais <Leibniz le note {{math>|b</math>}}.
=== Apport d'Euler ===
Bien qu'on lise parfois que la lettre {{math|e}} a été choisie en l'honneur d'Euler<ref name="mathworld">{{en}} {{Lien web|url=http://mathworld.wolfram.com/e.html|titre=e|auteur=Jonathan Sondow|éditeur=Wolfram Mathworld|consulté le=10 mai 2011}}</ref>, la notation « {{math|e}} » est due en réalité à Euler lui-même, apparaissant dans une lettre que celui-ci adresse à [[Christian Goldbach|Goldbach]] en 1731.
On ignore la raison exacte de ce choix ; {{math|e}} pour exponentielle ? ou tout simplement {{math|e}} comme première voyelle disponible dans le travail d’Euler.
 
== Redéfinition par l'exponentielle ==
C’est aussi Euler qui donne le développement de {{math|e}} en série
=== Nouvelle notation ===
[[File:Leonhard Euler 2.jpg|thumb|right|[[Leonhard Euler]].]]
En 1728, Euler note<ref name="funcwolfram">[http://functions.wolfram.com/Constants/E/35/ Histoire de {{math|e}}] sur functions.Wolfram.com.</ref> {{math|e}} la limite de {{math|(1+''x''){{exp|{{frac|1|''x''}}}}}} lorsque {{math|''x''}} tend vers 0.
 
Il fait part de cette notation à [[Christian Goldbach|Goldbach]] dans un courrier en 1731. Le choix de la lettre est parfois interprété comme un hommage au nom d'Euler lui même<ref>{{Lien web|url=http://mathworld.wolfram.com/e.html|titre=e|auteur=Jonathan Sondow|éditeur=Wolfram Mathworld|consulté le=10 mai 2011}}</ref> ou l'initiale de « exponentielle ».
 
=== Relation avec la base du logarithme naturel ===
Euler relie le nombre {{math|e}} et la base du logarithme népérien en la valeur en 1 de la [[fonction exponentielle]]<ref>Leonhard Euler, [http://eulerarchive.maa.org/docs/originals/E101capitel7.8.pdf ''Introductio in analysin infinitorum'', volume 1 chapitre 7]</ref>, qui est la seule fonction égale à sa [[dérivée]] valant 1 en 0. Cette fonction admettant une décomposition en [[série entière]], Euler obtient le développement de {{math|e}} en série sous la forme
: <math> \mathrm e = 1 + \dfrac{1}{1!} + \dfrac{1}{2!} + \cdots + \dfrac{1}{k!}+ \cdots</math>
dont une valeur approchée avait déjà été calculée par [[Isaac Newton]] en 1669<ref name="funcwolfram" />.
et en fraction continue :
: <math>\mathrm e=2+\frac{1}{1+\frac{1}{2+\frac{1}{1+\frac{1}{1+\frac{1}{4+\frac{1}{1+\frac{1}{1+\frac{1}{6+\ldots}}}}}}}}</math>
 
== Définitions ==
Le nombre {{math|e}} peut être défini de plusieurs façons différentes, chaque définition donnant bien sûr le même résultat :
[[Fichier:Exp derivative at 0.svg|right|frame|Différentes courbes exponentielles. Seule celle de base {{math|e}} (en bleu) a une tangente de pente 1 à l'origine.]]
DeLes façondifférentes équivalente,caractérisations lede nombrela fonction exponentielle parmi les autres [[exponentielle de base a|fonctions exponentielles de base quelconque]] permettent aussi de redéfinir {{math|e}} estcomme caractérisél'unique par leréel faittel que la [[fonction (mathématiques)|fonction]] qui à tout [[nombre réel]] {{math|''x''}} associe {{math|e<sup>{{exp|''x''</sup>}}}} estsoit égale à sa propre [[dérivée]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|nom1=Jerrold E. Marsden, Alan Weinstein|titre=Calculus|éditeur=Springer|année=1985|isbn=0387909745|lire en ligne=http://books.google.com/?id=KVnbZ0osbAkC&printsec=frontcover}}</ref> ou admette une dérivée valant 1 en 0.
* <math>\mathrm e</math> est le réel tel que <math>\ln(\mathrm e) = 1</math> lorsqu’on définit la fonction <math>\ln</math> comme la [[primitive]] de la fonction <math>x \mapsto \tfrac1x</math> qui s’annule en 1. C’est pourquoi cette constante est aussi appelée la '''base des logarithmes naturels'''
* <math>\mathrm e</math> est le réel tel que <math>\exp(1) = \mathrm e</math> lorsqu’on définit la fonction <math>\exp</math> comme l’unique fonction vérifiant <math>u'= u</math> et <math>u(0)=1</math>.
* <math>\mathrm e</math> est la limite de la suite <math>(1 + \tfrac 1n)^n</math> (quand ''n'' tend vers l’infini).
* <math>\mathrm e</math> est égal à la somme de la [[série (mathématiques)|série]] infinie <math>\displaystyle\sum_{k=0}^\infty \dfrac{1}{k!}</math> (avec la convention <math>0!=1</math>).
 
L’équivalence de ces quatre définitions provient des relations qui lient la fonction exponentielle, la fonction logarithme et les limites de suites.
 
De façon équivalente, le nombre {{math|e}} est caractérisé par le fait que la [[fonction (mathématiques)|fonction]] qui à tout [[nombre réel]] {{math|''x''}} associe {{math|e<sup>''x''</sup>}} est égale à sa propre [[dérivée]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|nom1=Jerrold E. Marsden, Alan Weinstein|titre=Calculus|éditeur=Springer|année=1985|isbn=0387909745|lire en ligne=http://books.google.com/?id=KVnbZ0osbAkC&printsec=frontcover}}</ref>.
== Propriétés ==
=== Irrationnalité ===
 
La décomposition de {{math|e}} par la série exponentielle permet de démontrer [[raisonnement par l'absurde|par l'absurde]] qu'il est [[nombre irrationnel|irrationnel]].
=== Théorie des nombres ===
[[File:Leonhard Euler 2.jpg|thumb|[[Leonhard Euler]].]]
La constante de Néper apparaît largement dans la [[théorie des nombres]]. Les mathématiciens se sont très tôt intéressés à la nature du nombre <math>\mathrm e</math>. L’irrationalité de <math>\mathrm e</math> fut démontrée par [[Leonhard Euler|Euler]]<ref>{{Article|lang=en |auteur=Ed Sandifer |url=http://www.maa.org/editorial/euler/How%20Euler%20Did%20It%2028%20e%20is%20irrational.pdf |titre=How Euler did it |périodique={{lang|en|[[Mathematical Association of America|M.A.A.]] on line}} |année=2006 |format=pdf }}.</ref> en 1737 et l’irrationalité de ses puissances entières par [[Jean-Henri Lambert|Lambert]] en 1761<ref>Alain Juhel, [http://www.bibnum.education.fr/mathématiques/théorie-des-nombres/lambert-et-l’irrationalité-de-π-1761 Lambert et l’irrationalité de Pi (1761)].</ref>.
La démonstration peut se faire grâce à son développement en série (voir la [[#Démonstration de l'irrationalité de e|démonstration de l’irrationalité de {{math|e}}]], ci-dessous) soit par son développement en [[fraction continue]].
 
La preuve de la [[nombre transcendant|transcendance]] de <math>\mathrm e</math> fut établie par [[Charles Hermite]] en 1873. On en déduit que, pour tout rationnel <math>r</math> non nul (ce qui inclut les entiers naturels), <math>\mathrm e^r</math> est aussi transcendant ; le [[théorème de Gelfond-Schneider]] permet de démontrer également que, par exemple, <math>\mathrm e^\pi</math> est transcendant, mais on ne sait pas encore (2011) si <math>\mathrm e^{\mathrm e}</math> et <math>\pi^{\mathrm e}</math> sont transcendants ou non.
 
Les propriétés de ce nombre sont à la base du [[Théorème d'Hermite-Lindemann|théorème d’Hermite-Lindemann]].
 
Il a été [[conjecture|conjecturé]] que <math>\mathrm e</math> était un [[nombre normal]].
 
==== Démonstration de l'irrationalité ====
 
Le nombre <math>\mathrm e</math> est égal à la somme de la série de l’exponentielle de 1 :
: <math>\mathrm e = \sum_{n = 0}^{\infty} \dfrac{1}{n!}</math>
 
Ce développement peut être employé pour montrer qu’il est [[nombre irrationnel|irrationnel]].
 
'''Démonstration'''.
 
Il s’agit de prouver que pour tout entier <math>b\,>0</math>, le nombre <math>b\,\mathrm e</math> n’est pas entier.
Ligne 86 ⟶ 66 :
Puisque <math>b\,!\ \mathrm e</math> est somme d’un entier et d’un non-entier, il n’est pas entier ; {{lang|la|''a fortiori''}}, <math>b\,\mathrm e</math> n’est pas entier, et cela pour n’importe quel entier <math>b\,>0</math>. Ainsi <math>\mathrm e\,</math> doit être irrationnel. [[CQFD (abréviation)|CQFD]].
 
=== Fraction continue ===
Une autre démonstration consiste à établir le développement en [[fraction continue]] du nombre {{math|e}}. Si la preuve est plus complexe, elle offre aussi plus de possibilités de généralisation. Elle permet de montrer que si ''x'' est un nombre rationnel non nul, alors {{math|e}}{{exp|x}} est irrationnel. Elle permet aussi d’établir que {{math|e}} n’est pas un [[entier quadratique|irrationnel quadratique]], c’est-à-dire n’est solution d’aucune équation du second degré à coefficients rationnels ({{cf.}} [[Fraction continue et approximation diophantienne]]). En revanche, pour aller plus loin, c’est-à-dire que pour montrer que {{math|e}} n’est solution d’aucune équation du troisième degré à coefficients rationnels, puis qu’il est [[nombre transcendant|transcendant]], ce qui signifie qu’il n’est solution d’aucune équation polynomiale à coefficients rationnels, de nouvelles idées sont nécessaires.
Euler a obtenu le développement en [[fraction continue]] de {{math|e}} sous la forme :
: <math>\mathrm e=2+\frac{1}{1+\frac{1}{2+\frac{1}{1+\frac{1}{1+\frac{1}{4+\frac{1}{1+\frac{1}{1+\frac{1}{6+\ldots}}}}}}}}</math>
ce qui lui a permis de démontrer que {{math|e}} est irrationnel<ref>{{Article|lang=en |auteur=Ed Sandifer |url=http://www.maa.org/editorial/euler/How%20Euler%20Did%20It%2028%20e%20is%20irrational.pdf |titre=How Euler did it |périodique={{lang|en|[[Mathematical Association of America|M.A.A.]] on line}} |année=2006 |format=pdf }}.</ref> en 1737.
 
=== Transcendance ===
=== Fonction exponentielle et équation différentielle ===
En 1761, [[Jean-Henri Lambert|Lambert]] démontre<ref>Alain Juhel, [http://www.bibnum.education.fr/mathématiques/théorie-des-nombres/lambert-et-l’irrationalité-de-π-1761 Lambert et l’irrationalité de Pi (1761)].</ref> l'irrationnalité des puissances entières de {{math|e}}.
Pour tout réel <math>x</math>, <math>\exp(x) = \mathrm e^x</math> où <math>\exp</math> est l’unique fonction <math>y</math> vérifiant l’équation différentielle <math>y' = y</math> et <math>y(0)= 1</math>. Cette fonction est appelée fonction exponentielle de base <math>\mathrm e</math>.
 
La preuve de la [[nombre transcendant|transcendance]] de <math>\mathrm e</math> fut établie par [[Charles Hermite]] en 1873. On en déduit que, pour tout rationnel <math>r</math> non nul (ce qui inclut les entiers naturels), <math>\mathrm e^r</math> est aussi transcendant ; le [[théorème de Gelfond-Schneider]] permet de démontrer également que, par exemple, <math>\mathrm e^\pi</math> est transcendant, mais on ne sait pas encore (2011) si <math>\mathrm e^{\mathrm e}</math> et <math>\pi^{\mathrm e}</math> sont transcendants ou non.
Elle permet de donner toutes les solutions de l’équation différentielle <math>y' = ay</math> qui sont les fonctions définies par <math>f(x) = C\mathrm e^{ax}</math>.
 
Les propriétés de ce nombre sont à la base du [[Théorème d'Hermite-Lindemann|théorème d’Hermite-Lindemann]].
La fonction exponentielle admet le développement en série suivant :
:<math>\forall x \in \R,\ \sum_{k=0}^\infty \frac{x^k}{k!} = \mathrm e^x</math>
 
Il a été [[conjecture|conjecturé]] que <math>\mathrm e</math> était un [[nombre normal]].
=== Fonction trigonométrique ===
 
La recherche de l’unique solution complexe à l’équation différentielle
== Applications ==
<math>u' = iu</math> et <math>u(0) = 1</math> conduit à la fonction
=== Problème des intérêts composés ===
<math>u(x) = \mathrm e^{ix}= \cos(x) + i\sin(x)</math> et à l’[[Identité d'Euler|identité d’Euler]] :
En 1685, [[Jacques Bernoulli]] étudie le problème des [[intérêts composés]] en progression continue : si un montant {{math|''a''}} rapporte un montant {{math|''b''}} d'intérêts au bout d'un temps fini, on peut considérer que ces intérêts s'acquièrent linéairement en fonction du temps. Mais sur l'intervalle de temps considéré, ces intérêts devraient eux-mêmes produire des intérêts, et ainsi de suite. Bernoulli obtient ainsi une expression qui évoque le développement en série exponentielle<ref>Jacques Bernoulli, [http://books.google.fr/books?id=HdBJAAAAMAAJ&pg=PA429#v=onepage ''Basileensis opera'', tome 1, p. 429].</ref>.
:<math> \mathrm e^{i\pi} + 1 = 0</math>
 
qui selon [[Richard Feynman]] est {{citation|la formule la plus remarquable du monde}}<ref>{{en}} [http://physicsworld.com/cws/article/print/27160 {{lang|en|''Equations as icons''}}].</ref> ({{math|e}} représentant l’analyse, {{math|i}} l’algèbre, <math>\pi</math> la géométrie, 1 l’arithmétique et le {{nobr|nombre 0}} les mathématiques). Euler lui-même aurait également été émerveillé de cette relation rassemblant cinq nombres fondamentaux : 0, 1, <math>\mathrm e</math>, <math>\mathrm i</math>, <math>\pi</math>.
Une autre démonstration consiste à établir le développement en [[fraction continue]] du nombre {{math|e}}. Si la preuve est plus complexe, elle offre aussi plus de possibilités de généralisation. Elle permet de montrer que si ''x'' est un nombre rationnel non nul, alors {{math|e}}{{exp|x}} est irrationnel. Elle permet aussi d’établir que {{math|e}} n’est pas un [[entier quadratique|irrationnel quadratique]], c’est-à-dire n’est solution d’aucune équation du second degré à coefficients rationnels ({{cf.}} [[Fraction continue et approximation diophantienne]]). En revanche, pour aller plus loin, c’est-à-dire que pour montrer que {{math|e}} n’est solution d’aucune équation du troisième degré à coefficients rationnels, puis qu’il est [[nombre transcendant|transcendant]], ce qui signifie qu’il n’est solution d’aucune équation polynomiale à coefficients rationnels, de nouvelles idées sont nécessaires.
 
=== Approximants de Padé ===
Puisque {{math|e}} possède un développement en [[fraction continue]] infini, il est [[nombre irrationnel|irrationnel]]. Les différents [[approximant de Padé|approximants de Padé]] permettent d’offrir de nombreuses expressions de {{math|e}} sous forme de fractions continues généralisées ({{cf.}} l’article [[Approximant de Padé de la fonction exponentielle]]). Elles permettent à [[Charles Hermite]] de démontrer la [[nombre transcendant|transcendance]] de ce nombre en 1873.
 
=== Décimales connues ===
 
La valeur numérique de {{math|e}} tronquée à 50 [[Système décimal|décimales]] est
Ligne 113 ⟶ 96 :
 
{| class="wikitable centre"
|+ '''Nombre de décimales connues de la constante ''{{math|e''}} '''
! Date || Décimales connues || Performance due à
|-
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