Mortier de terre

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Le mortier de terre appelé quelquefois mortier ordinaire est un mortier fait avec de l'argile ou de la terre franche. Ce type de mortier est ou a été probablement employé partout dans le monde. Dans les pays industrialisés, il a été remplacé par le mortier de ciment à partir du XIXe siècle.

En France, dans les campagnes où les fours à chaux étaient éloignés et la chaux rare et chère on se contentait souvent pour faire du mortier de terre crue mais franche et un peu grasse en la délayant avec de l'eau. Il s'en trouvait qui avait beaucoup de ténacité. Quelquefois on y mélangeait de la paille ou du foin haché, du regain et même de la chaux, si on en avait pour lui donner plus de consistance, ou le rendre plus maniable. On s'en servait alors particulièrement pour la bauge et les torchis[1].

La terre était exploitée à proximité des travaux que l'on exécutait. On en « hourdait » les maçonneries ordinaires en moellons ou en briques[2].

La terre argileuse s'extrait facilement à l'aide de la pioche. Pour en fabriquer le mortier, on en étalait une certaine quantité sur une aire convenablement préparée; dessus on jettait de l'eau pour la détremper et on la réduisait en une pâte plus ou moins ferme en la manipulant avec la pelle et la pioche ou mieux avec le rabot en fer, sorte de houe à la lame très inclinée permettant d'écraser les mottes. Ce rabot en fer était quelquefois remplacé par une simple morceau de bois de 20cm de longueur sur 10cm de largeur, arrondi et aminci et percé au milieu d'un trou pour y fixer la manche. Le rabot en bois avait l'inconvénient de pénétrer difficilement dans la terre et d'en mal pulvériser les mottes; celui en fer était de beaucoup préférable.

Dans la campagne quand la terre s'extrayait tout près de la construction, il arrivait quelquefois qu'après en avoir pioché un peu le garçon la transformait en mortier sur le tas même. Ayant porté ce mortier au maçon il piochait une nouvelle quantité de terre qu il transformait en mortier et il continuait ainsi de suite quelquefois jusqu'à des profondeurs assez considérables.

Pour que le mortier de terre ne se ramollisse pas on garantissait de la pluie et de l'humidité les maçonneries qui en étaient hourdées en les recouvrant lorsque le mortier était sec et avait perdu son humidité d'un enduit, soit en mortier de chaux, soit en plâtre, qui puisse résister aux intempéries de l'air. Ce genre de maçonnerie était fréquemment employé pour la construction des [construction agricole[|maisons rurales]] et des murs de clôture dans les pays où l'on avait des matériaux bien gisants et offrant par eux mêmes une certaine stabilité lorsqu'on les range les uns sur les autres.

On faisait aussi du mortier avec une terre franche composée d'argile et d'une forte proportion de sable; on l'employait exclusivement à la construction des maçonneries de briques qui devaient être soumises à l'action du feu comme par exemple celles des fourneaux de machines à vapeur.

Dans le Limousin, la terre argileuse, dite « tuf gras », appelée aussi terre grasse, extraite de l'arène locale est employée jusqu'au milieu du XIXe siècle. Elle a servi pour les terres battues des sols, pour lier les maçonneries de pierres et pour remplir les vides des constructions en pans de bois[3]. Même pour les grandes agglomérations, le mortier était souvent sans chaux, l'arène contenant elle-même son propre liant : l'argile des feldspaths dissous, la solidité des murs était d'abord assurée par l'agencement soigné des pierres[4].

Le mortier de terre est employé dans des technique de Torchis, de Pisé ou de Bauge qui peuvent être assimilés à des bétons de terre

On construisait aussi avec des briques desséchées au soleil et posées avec un mortier d'argile, à la manière adoptée en Lorraine: l'exécution étant facile et peu coûteuse. On labourait en plusieurs sens une portion de terre dont la surface est calculée en raison de la dimension du bâtiment à construire; on battait avec une masse cette portion de terre et la forme en surface unie; puis, avec des règles et un tranchant, on coupait cette terre battue en lignes droites, espacées de 8 à 9 pouces, et par d'autres transversales de quatre à cinq pouces de distance. Tous ces carreaux ainsi tracés présentaient un champ couvert de briques. On laissait cette terre bien sécher et prendre le plus de consistance possible, et, après un temps convenable, on enlèvait chaque carreau qui présentait alors la forme d'une brique de deux pouces environ d'épaisseur. C'est avec de pareilles briques qu'on élèvait un bâtiment, en posant chaque assise, à la manière ordinaire, sur un lit de la même terre délayée en consistance de mortierl[5].

Notes et références

  1. M. De Fontenay. Manuel des constructions rustiques, ou guide pour les constructions rurales. Encyclopédie Roret, Paris, 1836. Consulter en ligne
  2. Joseph Claudel, L. Laroque. Pratique de l'art de construire. Dunod, 1870. Consulter en ligne
  3. Mortiers de terre argileuse sur mpflimousin.free.fr
  4. Le mortier traditionnel sur mpflimousin.free.fr
  5. A. Sénac, J. J. Jung. Bulletin des sciences agricoles et économiques : Quatrième section du Bulletin universel des sciences et de l'industrie, Volume 3. 1825 (Consulter en Ligne

Voir aussi

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