Voile islamique dans les écoles en France

Fait divers français
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La perception négative de l’Islam en France est aussi liée à l’activisme islamiste (voir aussi la section « islamisme en France »). En 2004, le gouvernement Français a décidé l’expulsion de plusieurs imams d’origine étrangère (dont certains en situation irrégulière), impliqués dans l’islamisme radical, ou faisant l’apologie de délits au nom de l’islam.

Au-delà de l’islamisme politique, la question de la compatibilité de l’islam avec les principes de la laïcité a culminé avec « l’affaire du foulard islamique » et le vote de la loi sur la laïcité.

  • Les faits :

La controverse sur le voile islamique a éclaté en octobre 1989, lorsque trois filles refusèrent d’enlever leurs voiles islamiques en classe au collège Gabriel Havez de creil. En Novembre 1989, le conseil d’état jugea que le port du voile islamique, en tant qu’expression religieuse, dans un établissement scolaire public, était compatible avec la laïcité. En décembre, le premier ministre Lionel Jospin publie une circulaire, statuant que les enseignant avait la responsabilité d’accepter ou de refuser le voile en classe, au cas par cas.

En Janvier 1990, trois filles sont exclues du collège Pasteur de Noyon (banlieue nord de Paris). Parallèlement, les parents de l’une des filles exclues du collège Gabriel Havez portent plainte pour diffamation contre le principal. Suite à ces évènements, les enseignants d’un collège de Nantua se mettent en grève contre le port du voile islamique à l’école. Une seconde circulaire ministérielle rappelle le besoin de respecter le principe de la laïcité dans les écoles publiques.

En septembre 1994, une nouvelle circulaire, la « circulaire Bayrou » est publiée, faisant la différence entre les symboles « discrets » pouvant être portés en classe, et les symboles « ostentatoires » (dont le voile islamique) devant être interdits dans les établissements publiques. En octobre de la même année, une manifestation est organisée par les élèves du lycée St. Exupéry de Mantes-La-Jolie, en faveur de la liberté de porter le voile en classe. En novembre, 24 filles voilées sont expulsées de ce même lycée, et du lycée Faidherbe à Lille.

Depuis 1994, 100 filles environ ont été exclues de collèges et de lycées publics pour port de voile islamique. Dans un cas sur deux environ, ces expulsions furent annulées par les tribunaux.

  • La problématique

Le débat sur le port du voile islamique est très virulent en France depuis 1989. La question la plus débattue est de savoir si, oui ou non, des élèves ont le droit de porter ce voile en classe dans les établissements publics (écoles, collèges, lycées, université). Cependant, cette controverse implique aussi la question des limites entre la laïcité et la prise en compte du fait religieux dans d’autres domaines des institutions publiques, tels que la demande formulée par certains musulmans que leur femme ou leur fille soient soignées par des médecins femmes, ou la volonté exprimée par certaines musulmanes, employées dans des administrations et au contact du public de porter le voile islamique au travail.

Une fraction des musulmans croit que le Coran dit que les femmes doivent porter le voile en dehors du cercle familial. Ils voient l’interdiction du voile au collège et au lycée comme une discrimination religieuse, et comme une tentative de la part des autorités de leur imposer des valeurs antireligieuses. La validité d’un tel point de vue est discutée dans le monde musulman.

Dans les sociétés traditionnelles musulmanes, si l’obligation pour les femmes de se couvrir la tête est quasi générale, l’importance de ce couvre-chef varie, depuis des « mouchoirs de tête » bariolés qui ne cachent pas l’ensemble des cheveux en Afrique noire, jusqu’à l’obligation de cacher l’intégralité de la chevelure sous un voile uni (Iran), une partie du visage (Yémen), les mains, voir le corps entier (certaines zones du Pakistan). Dans les sociétés musulmanes modernes, on observe parfois une levée partielle ou totale de cette obligation, et en particulier son absence dans la loi, voire l’interdiction du voile dans certaines situations professionnelles (Egypte, Turquie). Dans les faits, des musulmanes non voilées sont fréquentes dans des villes comme Istanbul ou Rabat. Au contraire, l’obligation de porter le voile fait partie du code pénal dans certains pays (Iran).

La position du gouvernement français, soutenu sur ce point par la majorité de l’opinion publique, est que la laïcité est incompatible avec le port de signes ostentatoires d’une religion, quelle qu’elle soit. Le président Jaques Chirac a dit en décembre 2003 que le port de symboles religieux ostensible dans tout établissement public porte atteinte à la séparation de l’église et de l’état, et risque d’attiser les tentions communautaires dans la société multiculturelle française, où les populations juives et musulmanes sont toutes les deux les plus importantes d’Europe de l’ouest.

La grande majorité du corps enseignant est opposée au port du foulard islamique en général, et tout particulièrement en classe. Le voile est vu comme un symbole d’aliénation de la femme. Les enseignants considèrent que leur responsabilité est de s’assurer de l’interdiction du foulard affin de protéger celles qui ne le portent pas de la pression sociale, tout en amenant celles qui le portent à cesser cette pratique.

Les femmes en France qui portent le foulard le font pour une grande vériété de raisons. Pour une bonne partie des jeunes qui ont retrouvé la religion musulmane, c'est une manière de revendiquer une identité face à une société où le racisme est très fort, comme le témoigne les 20% de voix pour le Front national en 2002.

Une complication de taille se retrouve dans les conséquence sociale du voile et dans un degrée moindre, du foulard. La porte du voile par de femmes le portent de leur propre choix constitue une certaine identification assez forte et -du point de vu visuel- assez frappante avec les islamistes et les fondamentalistes islamiques, c.a.d. avec ces gens qui refusent la démocratie séculière. En plus, la porte du voile rend plus difficile la protection de droits de ces femmes qui se trouvent forcées de le porter. Des rapports officiels et bon nombre d'autres indications permettent d'évaluer le nombre des femmes forcées à porter à plusieurs pourcents de la population concernée. Cela va souvent ensemble avec d'autres phénomènes de imposition de choix de vie comme la mariage. En Angleterre, des rapports estiment le nombre de mariages forcés à l'équivalent à plus de mille par an, avec un doublement entre 1995 et 2000.

  • La loi

En décmbre 2003, le président Chirac a décidé qu’une loi devait explicitement interdire tout signe religieux visible au nom de la laïcité. La loi sur la laïcité (appelée parfois « loi sur le voile islamique ») a été votée parle parlement en mars 2004. Elle interdit le port de tout signe religieux « ostensible », ce qui inclut le voile islamique, la kippa, et le port de grosses croix. La loi permet le port de symboles discrets de sa foi, tels que petites croix, étoiles de David, ou mains de Fatima. En principe la loi n'interdit pas le bandana, qui n'est pas un signe « qui permet en soi de savoir l'idéntité religieuse ». En pratique beaucoup d'écoles l'ont interdit.

  • Les conséquences

L’affaire du foulard et ses conséquences législatives ont révélés les problèmes liés à l’intégration de l’islam en tant que religion dans la société et les institutions françaises (par opposition au problème connexe de l’intégration des personnes). Cependant, elle a aussi amorcé la définition de la place de l’Islam dans la société française.

La controverse du foulard islamique a permis l’expression d’un islam français, indépendant des pays d’origine des musulmans de France. La présence de femmes musulmanes portant des voiles tricolores et clamant « Je suis française » dans les manifestations contre la loi « anti-foulard » organisées à Paris est un exemple, certes ponctuel, mais symptomatique d’une réalité sociale qui devient de plus en plus visible. Un sondage réalisé par le CSA en janvier 2004 permet de cerner cette réalité : Plus de 90% des personnes musulmanes interrogées se disent attachées à des principes tels que la république ou l’égalité homme-femme. Si ce pourcentage tombe a 68% pour le principe de séparation de l’église et de l’état, il reste élevé. En revanche, une nette majorité (50 à 65%) des personnes interrogées se déclare défavorables à la loi sur la laïcité, et verraient d’un bon œil que leur femme ou leur fille portent le voile.

Malgré quelques cas spectaculaires (musulmanes choisissant de se raser les cheveux affin de ne pas les montrer en public tout en respectant la lettre de la loi), le faible nombres de filles exclues des collèges et lycées publics après la mise en application de la loi a montré la compatibilité entre une foi revendiquée par plusieurs millions de français et leur intégration effective dans la république.

Ceux qui sont opposés à la loi mettent en avant le fait que les filles ont enlevé le foulard par intimidation et pas par conviction. Le collectif Une école pour toutes et pour tous (www.ecolepourtoutes-tous.org) s'occupe d'une opposition active à une loi qu'il considère comme discriminatoire et raciste.--

La question semble loin d'être réglée. Dans quelques départements, en particulier dans le 93, l'inspection académique a fait inscrire dans les règlements intérieurs des écoles primaires et maternelles l'interdiction pour les mamans voilées d'accompagner les sorties scolaires. Certaines mamans poursuivent les écoles en justice pour discrimination, d'autres ont réussi à convaincre les conseils d'école à refuser cette interdiction. D'autre part, les problèmes de violence contre les femmes qui veulent pouvoir faire leurs propres chiox de vies semblent encore plus loin d'être résolus. L'essentiel est sans doute de s'opposer à l'obligation de porter le foulard, tout comme à l'obligation de l'enlever.

Lien externe : Dossier sur le foulard dans la revue N° 9 de Socialisme International