Résine de mélèze

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La résine de mélèze est récoltée des arbres du genre larix, et forme la térébenthine de Venise.

Récolte de la térébenthine dans le Vaud

Dans le pays de Vaud, en Suisse, les paysans percent en différents endroits, avec des tarières qui ont jusqu'à un pouce de diamètre, le tronc des Mélèzes vigoureux, en commençant à trois ou quatre pieds de terre, et en remontant jusqu'à dix ou douze. Ils choisissent de préférence l'exposition du midi, les places d'anciennes branches rompues dont ils voient suinter la térébenthine, et ils ont soin de faire leurs trous en pente. Ils adaptent à leur orifice des gouttières faites en bois de Mélèze par le moyen desquelles la térébenthine coule dans des auges disposées à cet effet au pied des arbres. Une fois par jour ou au plus tard tous les deux ou trois jours, la térébenthine qui a coulé dans les auges est recueillie dans des baquets de bois et transportée à la maison où on la passe à travers un tamis de crin; lorsqu'il est arrivé que quelques corps étrangers s'y sont mêlés[1].

Les trous qui n'ont pas donné de résine ou qui cessent d'en fournir sont bouchés avec des chevilles, et on les rouvre douze à quinze jours après; ils donnent alors pour l'ordinaire plus de térébenthine que ceux qu'on perce pour la première fois. La récolte de la térébenthine commence à la fin de mai et elle se continue jusqu'au milieu ou à la fin de septembre. La quantité qui coule est toujours proportionnée à la chaleur du jour et à l'exposition plus ou moins au midi[1].

On croit dans la vallée de Chamonix que plus les trous sont profonds, plus la résine a de qualité en conséquence; on les fait pénétrer jusqu'au centre de l'arbre. Les Mélèzes vigoureux peuvent fournir pendant quarante à cinquante ans, sept à huit livres de térébenthine chaque année, mais l'opinion commune est que cela les énerve et que le bois des arbres qui ont ainsi donné de la térébenthine n'est plus aussi propre aux constructions de toute espèce et qu'il n'est bon qu'à brûler et à faire du charbon. Les Mélèzes trop jeunes ou trop vieux ne donnent que peu de térébenthine, aussi choisit on ceux qui sont dans toute leur vigueur. La résine de Mélèze reste toujours liquide et de la consistance d'un sirop épais, elle est claire, transparente, de couleur jaunâtre, d'un goût un peu amer et d'une odeur aromatique assez agréable. Elle est connue dans le commerce sous le nom de térébenthine de Venise. On l'emploie en médecine, elle a absolument les mêmes propriétés que celle du sapin[1].

En Russie beaucoup de personnes de l'un et l'autre sexe tiennent presque sans cesse de cette résine dans leur bouche et la font tourner continuellement d'un côté de la bouche à l'autre de telle manière qu on les prendrait pour une « espèce d'hommes ruminans[1] ».

Si l'on distille cette résine avec de l'eau, on en obtient une huile essentielle, mais qui n'est pas si estimée que celle qu'on retire en distillant la térébenthine du Sapin.

Autres produits du Mélèze

Le second produit du Mélèze est un suc particulier d'un goût fade et sucré qui vers la fin de mai et dans les mois de juin et juillet suinte pendant la nuit de l'écorce des jeunes branches, selon les uns ou selon d'autres transsude des bourgeons et des feuilles sur lesquels il se coagule en petits grains blancs et gluants faciles à écraser. Le matin avant d'être frappés des rayons du soleil, les jeunes Mélèzes en sont souvent tout couverts mais ces grains disparaissent bientôt si on ne les a pas ramassés. Les vents froids s'opposent à la formation de ce suc qui est connu sous le nom de Manne de Briançon et dont les anciens historiens du Dauphiné ont fait une merveille. Cette manne est un peu purgative, mais moins que celle de la Calabre qui vient sur des frênes (Fraxinus ornus, Fraxinus rotundifolia et Fraxinus parviflora) Elle n'est pas en usage; si ce n est parmi les gens de la campagne dans les pays où il y a beaucoup de Mélèzes[1].

Une autre production du Mélèze est une gomme susceptible de se dissoudre dans l'eau et qui aurait une partie des propriétés de la gomme arabique. Cette matière connue depuis quelque temps en Russie sous le nom de Gomme d'Orenbourg n'est autre chose qu'un suc visqueux qui perce du noyau intérieur des arbres et qui coule de leur cime le long de leur tronc lorsque le feu attaque les Mélèzes jusqu'à la moelle[1].

  1. a b c d e et f Nouveau Duhamel, ou traite des arbres et arbustes que l'on cultive en France, rédigé par G.-L.-A. Loiseleur Deslongchamps. Lire en ligne