Fusillés de Soubizergues

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Le 14 juin 1944, vingt-cinq personnes sont assassinées à Soubizergues, commune de Saint-Georges (Cantal) par la Gestapo épaulée par la Milice, en représailles de la mort, lors d'un affrontement, de Hugo Gessler, capitaine SS à Murat.

Contexte

En mai-juin 1944, les maquisards se rassemblent, notamment au Mont Mouchet (plateau à cheval sur les départements du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère) en attendant le signal de l'insurrection. Début juin, les Allemands appuyés par la milice tentent à plusieurs reprises une offensive contre les maquisards. C'est dans ce contexte de répression violente des actions résistantes (importantes dans les secteurs de Murat et Saint-Flour), alors que le débarquement a commencé, qu'il faut comprendre l'arrestation de civils et résistants et leur exécution sommaire de Soubizergues.

Chronologie des faits

Le 9 juin 1944, à Saint-Flour, commune du Cantal, les premières arrestations commencent par celles de trois inspecteurs de la surveillance du territoire, René Chapoulet, Georges Badoc et Pierre Bergeret venus de Clermont-Ferrand et suspectés d'appartenir à la résistance. Le 10 juin, la Milice et la Gestapo arrêtent à Saint-Flour une quarantaine d’habitants parmi lesquels trois membres de la famille Mallet, l’épouse du docteur, sa fille et l’un de ses fils, Pierre. Ces personnes sont transférées à l’hôtel Terminus, siège de la Gestapo, où ils sont regroupés avec les personnes arrêtées le 9 juin. Deux jours plus tard, le 12 juin, 13 prisonniers supplémentaires arrivent à Saint-Flour. Ils ont été arrêtés à Murat par Hugo Geissler, haut responsable du Service de sécurité du Reich. Ce dernier était en mission pour réprimer la résistance particulièrement active depuis le Mont Mouchet et ses environs cantaliens. Durant les journées du 10, 11 et 12 juin le nombre total des personnes arrêtées s’élève à cinquante-trois dont sept femmes. Dans la nuit du 12 juin 1944, Gessler est assassiné par des résistants à Murat. La nuit suivante, du 13 au 14 juin, les allemands se réunissent avec des responsables de la milice dans une des salles de l'hôtel Terminus pour régler le sort des prisonniers. Parmi tous ces otages, une liste de vingt-cinq hommes à fusiller ( quatre israélites, deux musulmans, des civils, des résistants et quatre inconnus) est alors établie par le capitaine Deck, chef de la Kommandantur, le capitaine Hartmann et le lieutenant Kross. Le 14 juin, à l'aube, les vingt-cinq personnes sont donc emmenées dans deux camionnettes au pont de Soubizergues (commune de Saint-Georges) situé à deux kilomètres de Saint-Flour. Elles sont placées en rang pour être fusillées dans le dos avec des fusils mitrailleurs. Dès lors, les vingt-cinq corps sont alignés, étendus face contre terre.  Et suivant les ordres donnés par le chef de la Kommandantur Deck, les cadavres sont inhumés sur place. Un peloton de la Milice creuse une fosse pour enterrer les corps.

portraits des victimes de Soubizergues

Le médecin légiste identifie vingt corps. Le plus jeune des fusillés avait 16 ans. Les Allemands quittent Saint-Flour dans la nuit du 23 au 24 août 1944.

Identités des victimes

  • Marcel Grawold
  • Roger Grawold
  • Edgard Lévy
  • Raymond Winter
  • Georges Badoc
  • Jean Baudart
  • Becquet
  • Belarbi
  • Pierre Bergeret
  • Michel Buche
  • Raymond Chalvignac
  • Joseph Cheyrouse
  • Pierre Delquié
  • Inconnu
  • Inconnu
  • Inconnu
  • Charles Leber
  • Pierre Mallet
  • Joseph Pascal
  • Arsène Peschaud
  • Louis Pons
  • Marie, Joseph, Henri Rassemusse
  • Élie, Albert Raynal
  • Jean Roux
  • André Trouillard

La construction d’un monument

Le monument en mémoire des fusillés de Soubizergues a été financé par le Souvenir Français  et installé en 1945 sur le lieu même de l'exécution. Il a été inauguré le 14 juin 1946 en présence des autorités civiles et militaires départementales, des associations d’Anciens Combattants et des Victimes de Guerre. Le monument se compose de vingt-cinq stèles, chacune portant le nom et l'âge d'une victime à l’exception de quatre qui portent la mention « inconnu » et d'une pierre dressée à base pyramidale et ornée sur une face d’une croix de Lorraine portant la mention : « Le 14 juin 1944, au bas de ce talus, 25 patriotes furent fusillés par les Allemands » Sur l’autre face, une croix de Lorraine et la mention « A nos Martyrs ».

Le temps de mémoire

première cérémonie en présence de 8000 personnes

Le 27 août 1944 a eu lieu la première cérémonie à Soubizergues, en présence de 8000 personnes.

Dès lors, chaque année, le 14 juin, à 6 heures du matin (à l'heure du massacre), sur le lieu de la fusillade, se déroule une cérémonie avec un dépôt de gerbe et le ravivage de la flamme. Ce sont souvent des collégiens et des jeunes musiciens qui participent à la commémoration avec les élus locaux. Les collégiens éteignent leur torche les uns après les autres, symbolisant les pertes de chaque vie.

Références

René Amarger, Des braises sous la cendre, Souvenir d'un résistant, 2003.

Mgr de La Vaissière, Les journées tragiques dans le diocèse de Saint-Flour, du 6 juin au 24 août 1944, Union des A.C.V.G de Saint-flour, 2010.

Henri Joannon, Remember ! : souviens-toi, Association des déportés internés et familles du Cantal, 2004

https://fusilles-40-44.maitron.fr/?article195267

https://vpah-auvergne-rhone-alpes.fr/ressource/le-monument-des-fusill%C3%A9s-soubizergues