Teck de Java
Selon Altona (1922), le teck aurait été introduit à Java vers l’an 200 par des Indiens adeptes de Vishnu pour lesquels le teck était sacré[1].
L'exploitation du teck à Java est un enjeu de première importance pour la marine néerlandaise à partir du début XVIIe siècle, qui devra lui permettre d'accroitre son influence sur l'Insulinde.
Une politique de gestion des forêt est instaurée en 1620 par la Vereenigde Oostindische Compagnie, lorsque Batavia est fondée sur l'île de Java. Un garde forrestier est nommé et une taxe sur le bois coupé est instaurée. De telles politiques de régulation de la forêt étaient déja implantées avant les Hollandais, et les nouvelles mesures hollandaises ne seront pas suivies partout, puisque par exemple, un édit du sultan de Mataram en 1659, se réserve une forêt de Mandalika (en), notamment pour la production de mâts. L'exploitation du teck est instaurée par les Hollandais dès 1613, à partir du comptoir de Japara. La royauté de Mataram, jouera d'influence pour freiner ce commerce. La première guerre de Succession javanaise qui établit soutenu par la VOC, Pakubuwono Ier comme souverain permer à la VOC d'étendre son influence. Elle se voit également autorisée à implanter des chantiers navales là où elle le désire. Un système de travail forcé appelé blandong est instauré pour exploiter les forêts locales alors que la VOC augmente son emprise sur l'île. En 1743 elle obtient la prise de contrôle sur toutes les forêts de l'Île. Les forêts de teck régulièrement exploitée vont diminuer de la même façon, et la construction navale (en plus de la construction des maisons, la production de charbon de bois, le défrichage agricole) y joue un rôle non négligeable: pour la seule année 1779, 104 bateaux sont construits à Java par la Compagnie, dont le plus gros jauge 1 200 tonnes. Une harangue de Dirk van Hogendorp fin XVIIIe siècle concède toutefois que la forêt javannaise reste l'espoir de reconstruction d'une VOC sur le déclin. Une série de décrets promulgués par Herman Willem Daendels entre 1808 et 1811 marque la première prise en considération durable de la forêt javannaise[1].
Un rapport Jan Willem Hugo Cordes, décrit l'état de la forêt javanaise, vers 1875[2]:
« Les deux plus grands fleuves de Java le Kali Solo et le Kali Branlas traversent les plus belles forêts de djati de l'île. Ces forêts ont été malheureusement réduites et ne présentent plus que des tronçons séparés. Ce sont surtout les parties voisines du fleuve qui ont été le plus maltraitées. Les plus grandes forêts sont celles de Blora, de Bodjonegoro et de Temaijang dans la résidence de Rembang. Les plaines et les collines dépouillées ont été livrées à la culture sur les côtes et le long des rivières les forêts de djati ont fait place à des champs de riz d'une grande fertilité. Les forêts de djati de Chéribon ont presque entièrement disparu. »
A Rembang, à Toeban, à Bantzar, la compagnie des Indes orientales avait élevé d'immenses chantiers de construction navale. Il n en reste plus que des ruines[2].
« On peut estimer à 6 000 kilomètres carrés l’étendue des forêts de djati à Java. Il n y a plus de forêts vierges à Batavia, à Bantam, à Banjoumaas, à Bagelen et à Kadou les cinq résidences de Java. On en trouve de très petites à Brawang, à Pekalongan, à Djoezocarte, à Pasourrouan, à Probolingo, à Banjouwangie et à Madoura. Celle de Madouro n a pas plus de 800 kilomètres carrés et celle de Samarang 900 kilomètres carrés »[2]
Milieu XIX, le teck vient en différentes qualités[3]:
- Le djati songgoh est plus dur et plus lourd et est considéré comme adapté à la construction navale en particulier. La couleur du bois a différentes nuances allant du brun clair au brun foncé avec une teinte de violet qui change parfois en rouge ou en noir.
- tronc avec des épines ou plutôt avec des écailles pointues, on l'appelle djati duri ou chêne épineux, mais dans son tissu et sa qualité il correspond au djati songgoh. et conviennent parfaitement aux travaux de menuiserie.
Bibliographie
- Frédéric Durand, « Trois siècles dans l'île du teck. Les politiques forestières aux Indes néerlandaises (1602-1942) », Publications de la Société française d'histoire des outre-mers, vol. 13, no 1, , p. 251–305 (lire en ligne, consulté le )
- L'explorateur, la Société de géographie commerciale, (lire en ligne)
- (nl) Abraham Jacob van der Aa, Neerlands Oost-Indië, of Beschrijving der Nederlandsche bezittingen in Oost-Indië, (lire en ligne)
- (nl) Jan Willem Hugo Cordes, De djati-bosschen op Java, hunne natuur, verspreiding, geschiedenis en exploitatie, (lire en ligne)