Yirgalem Fisseha Mebrahtu

poète, écrivaine et journaliste érythréenne
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Yirgalem Fisseha Mebrahtu (en amharique : ይርጋለም ፍስሃ መብራቱ) ; née en 1981, est une poétesse, écrivaine et journaliste érythréenne. Elle est arrêtée en 2009 par le gouvernement érythréen et emprisonnée en raison de son activité de journalisme. Depuis 2018, elle vit en exil à Munich avec le soutien du PEN Center Allemagne.

Jeunesse et carrière

Née en 1981 à Adi Keyh en Érythrée [1], Yirgalem Fisseha Mebrahtu écrit de la poésie depuis son enfance. Depuis 1995 environ, elle participe à des événements littéraires dans son école, puis dans les médias privés et publics. Elle fonde ensuite le Club de littérature d'Adi Keyh avec d’autres jeunes écrivains, qui font partie d’un réseau de groupes similaires perçus comme faisant revivre la littérature érythréenne. [2] Jusqu'à l'interdiction des médias privés en 2001, elle travaille comme journaliste indépendante et publie des poèmes dans des magazines littéraires. Elle fréquente en 2002 l'Institut de formation des enseignants de la capitale Asmara. De septembre 2003 à février 2009, elle est écrivaine, présentatrice et directrice de programmes à la station de radio Radio Bana du ministère érythréen de l'Éducation. Elle y réalise des émissions sur la santé, reçoit des médecins et fournit des informations sur le VIH. [3]

Yirgalem Fisseha Mebrahtu (à droite) avec Tanja Kinkel en 2023.

Elle est arrêtée le 9 février 2009 avec une trentaine d'autres personnes dans le bâtiment de la radio, seule femme parmi les personnes arrêtées. [3] [4] Elle est accusée d'avoir des liens avec des médias étrangers, et d'autres accusations dont un complot en vue d'assassiner le président et de dénigrer des hommes politiques. [5] Elle passe les deux premières années en cellule d'isolement dans la prison de Mai Swra, où elle est même torturée. Après six ans de prison sans inculpation ni procès, elle est libérée en 2015. Elle tente de fuir l’Érythrée deux ans après, mais elle est arrêtée à la frontière et de nouveau emprisonnée pendant quatre mois. Après sa libération, elle réussit à s'enfuir en Ouganda. [6] [7]

Sa détention retient l'attention des médias internationaux, dans le contexte d'un débat sur les droits humains en Érythrée. [6] [8] [9] [10] Elle est soutenue par l'association d'écrivains PEN International. En 2014, Reporters sans frontières l'inclut dans sa première liste des 100 héros de la liberté de la presse. [11]

Elle peut aller à Munich en décembre 2018 grâce à la bourse Writers in Exile du PEN Club d'Allemagne. [12] Elle loge dans un appartement du PEN, où Stella Nyanzi lui succède. [13]

Poésie

Yirgalem Fisseha Mebrahtu publie en 2019 ses 130 poèmes écrits avant son emprisonnement, et après sa libération et son départ en exil. Ils paraissent pour la première fois dans le recueil de poèmes ኣለኹ (Je suis vivant) écrit en tigrinya ; la traduction en allemand en est publiée en 2022. [14] Selon l'éditeur, les poèmes se répartissent en deux catégories, d'une part le calme, la lâcheté, la pudeur et le courage, et d'autre part la tension, la bataille du vice et de la décence, de la violence et de la justice, de la destruction et de la procréation, de la persécution et de la mort. [15] En 2022, elle publie 33 nouvelles et essais en tigrinya, dans lesquels elle s'affranchit du thème de la persécution et choisit des sujets plus libres. [1]

Notes et références

  1. a et b (de) « Yirgalem Fisseha Mebrahtu », www.literaturportal-bayern.de (consulté le )
  2. (en) International, « 'Becoming a writer is an offense in the eyes of… », PEN International, (consulté le )
  3. a et b (de) Schriever, « München: Die Freiheit, zu sagen, was ist », Süddeutsche.de (consulté le )
  4. (en) Country Reports on Human Rights Practices: Report Submitted to the Committee on Foreign Affairs, U.S. House of Representatives and Committee on Foreign Relations, U.S. Senate by the Department of State in Accordance with Sections 116(d) and 502B(b) of the Foreign Assistance Act of 1961, as Amended, U.S. Government Printing Office, (lire en ligne)
  5. (de) « Yirgalem Fisseha Mebrahtu », Fritz Bauer Forum (consulté le )
  6. a et b « Noch immer am Leben », www.falter.at (consulté le )
  7. (de) « Yirgalem Fisseha Mebrahtu | Deutscher Kulturrat » (consulté le )
  8. « Wochenspiegel Ost | 43/2019 », w.epd.de (consulté le )
  9. ARTICLE 19 from October 2012: Eritrea: A Nation Silenced (PDF; English); accessed 11 November 2022.
  10. PEN International: Writers in prison Committee. Case list January–December 2013 (PDF; English) ; accessed 11 November 2022
  11. Reporters Without Borders: Press Freedom Heroes 2014, accessed 11 November 2022
  12. (de) « WiE-Stipendiat/innen », PEN-Zentrum Deutschland (consulté le )
  13. (de) Scherf, Buchwald, Schriever et Bremmer, « Fünf für München: Doppelgänger, Farbenpracht und Sprachgewalt », Süddeutsche.de (consulté le )
  14. « Ich bin am Leben – Verlag Das Wunderhorn », www.wunderhorn.de (consulté le )
  15. (en-GB) « ኣለኹ (Alekhu) » (consulté le )