Gaz de bois

gaz manufacturé
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Le gaz de bois, est un gaz manufacturé (et gaz de synthèse) obtenu par distillation(ou pyrolyse[1]) du bois. Le gaz de bois, fût proposé comme gaz d'éclairage en 1800 par l'ingénieur français Philippe Lebon.

Histoire

Philippe Lebon (1767 - 1804)

Entre 1785 et 1786, l'ingénieur Philippe Lebon invente le gaz d'éclairage en France. Ses travaux l'amènent à mettre en évidence les propriétés des gaz de distillation du bois. En Août 1800, il publia un mémoire sous le titre suivant, « Thermolampes ou poêles qui chauffent, éclairent avec économie, et offrent, avec plusieurs produits précieux, une force applicable à toutes espèces de machine »[2]

Dans ses premiers appareils, Lebon distille du bois pour recueillir, les gaz, l'huile, le goudron, l'acide pyroligneux, mais son mémoire annonce la possibilité de distiller toutes substances grasse et la houille.

La thermolampe de Lebon, dans son brevet de 1799

Philippe Lebon ne se borne pas à annoncer ses résultats mais il les met en pratique: sa Thermolampe trouve sa première application avec l'éclairage de la ville de Paris. Il installe pour la première fois ce système dans l'hôtel de Seigneley à Paris le 11 octobre 1801[3]. Le système se compose d'un vaste four à bois dont les gaz produits par distillation sont acheminés dans les différentes pièces de l'hôtel par différents tuyaux pour les éclairer, tandis que l'hôtel est chauffé par la chaleur produite par le four.

Philippe Lebon, mort prématurément, sera lu par ses successeurs, l'anglais William Murdoch et l'allemand Frédéric-Albert Winsor, qui préférerons la houille au bois. Ils seront à l'origine de l'essor de l'industrie du gaz en Angleterre.

Le gaz de bois de Lebon

En chauffant le bois Lebon obtient un gaz malodorant qu'il appelle gaz hydrogène, nom qui va lui rester pendant près de trente ans.

La majorité des composants du bois sec ne sont pas distillables : En effet, le bois est constitué principalement de macromolécules: Cellulose (environ 50 %), Lignine (20 à 30 %), Hémicellulose (15 à 25 %). Pour le reste différentes matières organiques : polysaccharides, pentosanes, hexosanes, résines, tannins, colorants, cires, alcaloïdes, ainsi que d'un faible pourcentage (de 1 à 1,5 %) d'éléments minéraux)[4]. Pour les résineux, on observe une faible quantité de résines, de l’ordre de 3%, qui seules peuvent donner lieu à un vrai distillat.

La Composition chimique du bois (50 % de carbone, 42 % d'oxygène, 6 % d'hydrogène, 1 % d'azote et 1 % de cendre) montre que, contrairement à la houille, dans le bois même parfaitement sec, l’oxygène représente plus du tiers du poids total, ce qui est un handicap certain[5]..

La distillation (pyrolyse[1]) du bois permet généralement d'obtenir les produits suivants[6][5]:

Son système et la mauvaise qualité de son gaz ne connaissent pas le succès escompté. En choisissant le bois plutôt que la houille comme matière première, il choisit le moins bon parti économique. Mélanger la fourniture de lumière et celle de chaleur avec son thermolampe n'était pas des plus judicieux: Les jours d’été ou on a encore besoin de lumière, alors que faire de la chaleur. D'autre part il n’a jamais pu lever l'obstacle de l’épuration dont on doit la solution aux Anglais.

Développement du gaz de bois en Suisse en 1890

En 1870, on applique en Suisse et en Bavière une modification du procédé de Lebon, due au chimiste Pettenkofer. « On charge une cornue unique chauffée à la tourbe avec 50 kilogrammes de bois de sapin bien sec; en 1 heure 1/2 on a complété la distillation et le produit se compose d'environ 20 mètres cubes de gaz, 20% de charbon très-compacte, et 5 à 7 % d'excellent goudron. Le gaz contient environ 25% d'acide carbonique dont on le prive à la façon ordinaire; purifié, il renferme 18,5 % d'hydrogène, 62 d'oxyde de carbone, 9,5 de gaz des marais (méthane), et 7,70 d'autres hydrocarbures. Lorsqu'on le brûle dans des becs à trous larges, il peut, suivant l'auteur, éclairer plus que le gaz de houille ordinaire[7]. »

Gazogène

Voiture équipée d'un gazogène

Les gazogènes sont les descendants direct des thermolampes de Lebon.

Le gazogène, inventé au XIXe siècle, est un appareil permettant de produire un gaz combustible à partir de matières solides et combustibles tels que bois, charbon de bois, coke ou anthracite, permettant d'alimenter des moteurs spéciaux, dits à gaz pauvres, des moteurs à explosion classiques ou bien des chaudières.

Ce système (sous la forme mise au point par Georges Imbert) fut utilisé couramment pour pallier l'absence de carburant automobile pendant la Seconde Guerre mondiale.

Délaissé pour un pétrole abondant et bon marché, il faudra attendre les crises pétrolières pour remettre au gout du jour le principe du gazogène dénommé désormais "gazeïfieur à bois" [8].

Installation moderne de gazéification du bois en cogénération

Les techniques de gazéification du bois trouvent des application comme carburant automobile ou la cogénération de chaleur et d'électricité. De multiples déchets de bois inutilisés sont valorisés par ces systèmes mais aussi n'importe quel type de végétaux (biomasse).

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. a et b Les opérations de distillation décrites dès le XVIIIe siècle doivent plus justement être appelées pyrolyse, craquage thermique ou Cokéfaction ({subst:lien/Conversion automatique|Distillation sèche|trad=Destructive distillation|lang=en}}).
    Dans l'acceptation moderne, la pyrolyse est la décomposition d'un composé organique par la chaleur pour obtenir d'autres produits (gaz et matière) qu'il ne contenait pas. La distillation est lui un procédé de séparation constituants d'un mélange homogène dont les températures d'ébullition sont différentes.
  2. Désiré Magnier Nouveau manuel complet de l'éclairage au gaz, ou Traité élémentaire et pratique à l'usage des ingénieurs, directeurs, etc. LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE FORET 1849 (Livre numérique Google)
  3. Michel Raoult, Histoire du chauffage urbain, Éditions L'Harmattan, 2007, p.31.
  4. « TECHNOLOGIE DU BOIS - La composition chimique du bois », inforets.free.fr (consulté le )
  5. a et b LES DÉBUTS OBSCURS DU GAZ D’ÉCLAIRAGE sur un site consacré à la chimie
  6. Gérard Sarlos, Pierre-André Haldi, Pierre Verstraete: Systèmes énergétiques: Offre et demande d'énergie : méthodes d'analyse. PPUR presses polytechniques, 2003Livre numérique google
  7. Charles Adolphe Wurtz, Jules Bouis. Dictionnaire de chimie pure et appliquée: comprenant la chimie organique et inorganique, la chimie appliquée à l'industrie, à l'agriculture et aux arts, la chimie analytique, la chimie physique et la minéralogie, Volume 2. Hachette, 1870(Livre numérique Google)
  8. Le gazogène sur econologie.com