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Annulation du passage en force de Hesan sur un plan de section longuement débattu en Pdd (Cf Pdd/"Contexte(s) du Coran"), texte introductif Pov introduit par Hesan manipulant des sources et ne prenant pas en compte le volet linguistique de la thématique développée dans la section "Place du Coran dans la littérature tardive". + énième tentative de noyer le passage le mieux sourcé de l’article (« Le Coran … premier véritable monument de la prose… ») malgré mes réserves (sourcés) en Pdd.
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* D'autre part, des chercheurs plus critiques jugent {{Citation|impossible de prendre au sérieux la richesse et la complexité du corpus coranique tout en restant dans le cadre traditionnel. Ils sont conduits à voir le Coran comme un travail collectif (étalé sur plusieurs générations), en partie indépendant de la prédication de Mahomet. Pour eux, il semble très probable que des passages substantiels du Coran ont été rédigés par des lettrés et scribes chrétiens (et, dans une moindre mesure, juifs)}}<ref name=":1" />.
 
=== Les contextesPlace du Coran dans la littérature arabe ancienne ===
CeLe contexteCoran permetest de considérer le Coranconsidéré comme étant le premier véritable monument de la prose<ref group="Note">{{Citation|Auparavant, il existait quelques textes rimés, chansons et poésies en arabe, et ceci explique que le Koran soit rythmé}}. D'après Guy Franco, « L'Islam aujourd'hui », dans [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97869384 Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse], vol. 157, 1995, {{p.|198}}</ref> en langue arabe<ref name="Versteegh1">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Kees|nom1=Versteegh|prénom2=Mushira|nom2=Eid|prénom3=Alaa|nom3=Elgibali|prénom4=Manfred|nom4=Woidich|prénom5=Andrzej|nom5=Zaborski|titre=The Encyclopedia of Arabic Language and Linguistics|sous-titre=History of Arabic|éditeur= Brill Academic|volume=2|année=2006-2009|passage=264|isbn=9004149732}}.</ref>{{,}}<ref name="Kouloughli1">{{ouvrage|prénom1=Djamel Eddine|nom1=Kouloughli|titre=L'arabe (Que sais-je)|éditeur=Presses Universitaires de France|année=2007|pages totales=128|passage=44-45|isbn=9782130559610}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1= Gerhard|nom1= Bowering|titre=Encyclopedia of The Qur’an|sous-titre=Chronology and the Qur’an|volume=1|passage=316|éditeur= Jane Dammen Mc Auliffe ed. Brill Academic|volume=1|année=2001|passage=316|isbn=9004114653}}.</ref>{{,}}<ref name="griffith1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Sidney H.|nom=GRIFFITH|titre=The Bible in Arabic|sous-titre=The scriptures of the people of de book in the language of islam|éditeur=Princeton University Press| année=2013|isbn=9780691150826}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|prénom1= Gregor|nom1=Schoeler|titre=Écrire et transmettre dans les débuts de l’islam|passage=26|éditeur=Presses Universitaires de France|année=2002|passage=26|isbn=2130528155}}.</ref> et pour Déroche, le plus ancien livre en arabe<ref>{{Chapitre|auteur=[[François Déroche]]|titre chapitre=La calligraphie dans le monde musulman|titre ouvrage=Contemporary Philosophy: A New Survey|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2007|passage=142}}</ref>. Pour Langhlade, {{citation|le premier et le plus ancien document littéraire authentique <ref group="Note">L'auteur distingue une Coran "authentique" d'un corpus poétique préislamique à l'"authenticité au moins relative" </ref> connu en arabe reste, jusqu'à ce jour, le Coran<ref>Langhade, Jacques. Chapitre I. La langue du coran et du Hadit In : Du Coran à la philosophie : La langue arabe et la formation du vocabulaire philosophique de Farabi [en ligne]. Damas : Presses de l’Ifpo, 1994 (généré le 24 septembre 2018). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/ifpo/5268>. {{ISBN|9782351595008}}. DOI : 10.4000/books.ifpo.5268.</ref>}}. Muhammad al-Sharkawi soutient dans son ouvrage ''Histoire et développement de la langue arabe'' que le Coran est {{citation|le texte le plus important dans l'histoire de la langue arabe}}<ref name="al-Sharkawi">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Muhammad|nom1= al-Sharkawi|titre=History and Development of the Arabic Language|sous-titre=from pre-islamic times to the age of conquests|passage=227|éditeur=Routledge| année=2016|isbn=1138821500|pages totals=245|passage=227|isbn=1138821500}}.</ref>, voire {{citation|un texte fondateur}}<ref name="al-Sharkawi" />. Des chercheurs<ref name=":kashouh1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Hikmat|nom=KASHOUH|titre=The Arabic Versions of the Gospels|sous-titre=The Manuscripts and their Families|éditeur=De Gruyter|année=2011|isbn=9783110228588}}.</ref>{{,}}<ref name=":shahid1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Irfan|nom=SHAHID|titre=Byzantium and the Arabs|sous-titre=in the Fourth century 1984, in the Fifth century 1995, in the Sixth century vol.1 2002, vol.2 2010|éditeur=De Boccard}}.</ref>{{,}}<ref name=":corriente1">CORRIENTE, Federico, “The Psalter Fragment from the Umayyad Mosque of Damascus: A Birth Certificate of Nabaṭī Arabic”, in Monferrer-Sala, Jan Pedro (ed.), ''Eastern Crossroads: Essays on Medieval Christian Legacy, 303–20, Piscataway'': Gorgias Press, 2007.</ref> estiment possible l'existence de traductions écrites de textes liturgiques chrétiens ou d'extraits bibliques en arabe remontant à l'époque préislamique. D’autres<ref name="griffith1" />{{,}}<ref name=":vollandt1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Ronny|nom=VOLLANDT|titre=Arabic Versions of the Pentateuch|sous-titre=A Comparative Study of Jewish, Christian, and Muslim Sources|éditeur=Brill|année=2015|isbn=9789004289918}}.</ref>{{,}}<ref name=":biblia1">{{Article |langue=en |prénom1=Nathan |nom1=Gibson |prénom2=Miriam L. |nom2=Hjälm |prénom3=Peter |nom3=Tarras |prénom4=Ronny |nom4=Vollandt| prénom5=Vevian|nom5=Zaki|titre=Biblia Arabica: An Update on the State of Research |périodique=Between the Cross and the Crescent: Studies in Honor of Samir Khalil Samir, S.J. on the Occasion of His Eightieth Birthday |année=2018 |lire en ligne=https://hcommons.org/deposits/item/hc:19681/ |consulté le=2019-06-11 |prénom5=Vevian |nom5=Zaki }}.</ref> contestent cette hypothèse vu qu’elle repose sur des extrapolations<ref name=":extrapolation1" group="Note">L'extrapolation est un procédé déductif utilisé en sciences historiques. Les chercheurs ici (Griffith, Vollandt, Gibson) contestent plutôt l'usage qui en est fait par les premiers (Kachouh, Shahid, Corriente).</ref>{{,}}<ref name=":extrapolation2" group="Note">Griffith, repris par Vollandt et le groupe de recherche sur les traductions arabes de la Bible [https://biblia-arabica.com/about-us/ Biblia Arabica], dit que certains chercheurs ''extrapolent à partir de textes post-islamiques les plus anciens pour en arriver à postuler un ancêtre préislamique antérieur pour une version donnée'' [Kashouh, par exemple, relève des archaïsmes dans certaines traductions], au moment où d’autres ''procèdent de manière diachronique en commençant par les origines les plus anciennement documentées du christianisme répandu parmi les Arabes et citent des éléments de preuve sur l’existence d’une bible écrite, ou de parties de celle-ci, tel que cela est rapporté dans les archives historiques'' [En particulier, un argument récurrent est que les missionnaires chrétiens avaient pour habitude de traduire des portions des Écritures chrétiennes dans la langue locale]. En page 162, il écrit que ''ces hypothèses reposent sur des extrapolations à partir d’éléments de preuves trop fragmentaires ou trop éloignées pour supporter de manière logique le poids des conclusions qui en sont tirées''.</ref> et achoppe en l'absence de preuve manuscrite<ref name=":tradbible" group="Note">La Bible fait sa première apparition en arabe dans les écrits des apologistes chrétiens du {{s-|VIII}}/ {{s-|II}} de l’hégire. Le nombre total de manuscrits contenant des versions arabes de la Bible est estimé à environ dix mille. Malgré des progrès constants sur le terrain, l’équipe de recherche Biblia Arabica estime qu’un travail énorme reste à venir sur ces manuscrits. Plusieurs livres ne sont que sporadiquement touchés, tels que les épîtres catholiques, les Actes des apôtres et l'Apocalypse. Les manuscrits de ces unités doivent être inventoriés, les différentes versions classées et leur transmission textuelle investiguée. Il convient également de noter, en ce qui concerne l'examen des techniques de traduction, que les études sur l'Ancien Testament en arabe sont assez avancées, alors que pour le Nouveau Testament arabe il y a encore du chemin à faire. ''(Biblia Arabica, an update on the state of research, 2018)''</ref>. Le consensus actuel au sein de la recherche est que des textes littéraires et liturgiques circulaient probablement à cette époque en arabe sous forme de traditions orales<ref name=":biblia1" />{{,}}<ref name=":vollandt2">{{Article |langue=en |prénom=Ronny |nom=Vollandt |titre=The Status Quaestionis of Research on the Arabic Bible |périodique=Semitic Linguistics and Manuscripts, Studia Semitica Upsaliensia 30 |année=2018|pages :442-467|lire en ligne= https://biblia-arabica.com/news/a-status-quaestionis-of-research-in-the-arabic-bible/ |consulté le=2019-06-20|pages :442-467 }}</ref>.
Le Coran, ne possédant que peu de mentions d'événements, de personnages, est un texte avare sur son propre contexte. Les traditions islamiques ont donc formé un récit et un contexte<ref name=":31">Dye G., "Le corpus coranique : contexte et composition", ''Le Coran des historiens,'' t.1, 2019, p.735-846. </ref>. Néanmoins, es nouvelles recherches permettent de renverser l'image préconçue et traditionnelle sur l'Arabie préislamique et les inscriptions anciennes permettent d'inscrire celle-ci dans le contexte de l'Antiquité tardive<ref name="robin74">{{Chapitre|langue=|prénom1=Christian|nom1=Robin|titre chapitre=L'Arabie préislamique|auteurs ouvrage=|titre ouvrage=Le Coran des Historiens|tome=1|lieu=|éditeur=Editions du Cerf|année=2019|isbn=|lire en ligne=|passage=p.74 et suiv.}}.</ref>. L'Arabie préislamique ne peut donc être séparée de cette antiquité tardive<ref name="lindstedt">{{Chapitre|langue=en|auteur1=Ilkka Lindstedt|titre chapitre=Pre-Islamic Arabia and early Islam|auteurs ouvrage=|titre ouvrage=Routledge Handbook on Early Islam|lieu=|éditeur=Routledge|année=2017|isbn=|lire en ligne=|passage=p.159 et suiv.}}.</ref>. Il est donc nécessaire pour étudier le contexte d'apparition du Coran de prendre en compte le double contexte des productions méditerranéennes de l'Antiquité tardive et celui d'une Arabie possédant des particularités<ref>{{Harvsp|Robin|2019|p=137|id=}}.</ref>.
 
L'étude des fragments de prose remontant à la période préislamique a permis de relever de nombreuses formes linguistiques et stylistiques similaires à celles retrouvées dans le texte coranique<ref name="Versteegh1">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Kees|nom1=Versteegh|prénom2=Mushira|nom2=Eid|prénom3=Alaa|nom3=Elgibali|prénom4=Manfred|nom4=Woidich|titre=The Encyclopedia of Arabic Language and Linguistics|sous-titre=History of Arabic|volume=2|passage=264|éditeur=Brill Academic|année=2006-2009|isbn=9004149732|nom5=Zaborski|prénom5=Andrzej}}.</ref>. Ces fragments ne sont cependant attestés que sous la forme d'inscriptions ou de graffiti<ref>Pierre Larcher. Arabe préislamique, arabe coranique, arabe classique: un continuum?. Karl-Heinz Ohlig & Gerd-R. Puin. Die dunklen Anfänge. Neue Forschungen zur Enstehung und frühen Geschichte des Islam, Verlag Hans Schiler, {{p.|248-265}}, 2005. 〈halshs-00132005〉</ref>. Une inscription particulière avait attiré l’attention de [[Christian Robin]] : l’hymne de Qaniya<ref name=":22">{{Article|prénom1=Christian|nom1=Robin|titre=Les plus anciens monuments de la langue arabe|périodique=Revue du monde musulman et de la Méditerranée|volume=61|numéro=1|date=1991|issn=0997-1327|doi=10.3406/remmm.1991.1510|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1991_num_61_1_1510#remmm_0997-1327_1991_num_61_1_T1_0122_0000|consulté le=2018-09-28|pages=113–125}}</ref>, une composition littéraire de 27 vers découverte au Yémen et remontant au {{s-|I}} de notre ère qui {{citation|semble être le plus ancien poème monorime de la littérature universelle}}<ref name=":22" />. Relevant d’étroites parentés avec la qasida (forme la plus élaborée du poème arabe préislamique), Robin se demande si ce texte est bien l’ancêtre de la poésie arabe. Après avoir exposé les points de divergences, ce dernier conclut que {{citation|l'hymne de Qâniya n'est pas à proprement parler l'ancêtre de la qasïda}}<ref name=":22" />.
Si la manière par laquelle les influences ont été transmises peuvent encore faire débat, il est possible d'affirmer qu'il existe {{Citation|plusieurs contextes différents pour le Coran. Le premier contexte est sans aucun doute l'arabe, car il était écrit dans cette langue. Deuxièmement, l'élément biblique fort montre qu'il y avait aussi un contexte chrétien ou juif. [...] Il est également assez clair qu'il y avait un troisième contexte, celui de la religion arabe traditionnelle.}}<ref>Hämeen-Anttila J., "The Christian Context of the Qurʾān" dans ''Routledge Handbook on Christian–Muslim Relations,'' 2017</ref> Pour Dye, "cette insistance sur la culture biblique du Coran ne nie pas le substrat arabe préislamique, mais le situe dans une perspective différente de celle qui est impliquée par les récits de la tradition islamique"<ref name=":31" />.
 
On sait encore peu de choses sur l'histoire de l'élaboration de la poésie préislamique<ref name="Kouloughli1">{{ouvrage|prénom1=Djamel Eddine|nom1=Kouloughli|titre=L'arabe (Que sais-je)|passage=44-45|éditeur=Presses Universitaires de France|année=2007|pages totales=128|isbn=9782130559610}}.</ref> qui n’est connue qu’à travers des recensions écrites à partir du {{s-|IX}}<ref name="Kouloughli1" />. Les analystes modernes ont été surpris par {{citation|la grande homogénéité linguistique de l’ensemble du corpus}}<ref name="Kouloughli1" />. C’est ce même fait remarquable qui avait suscité des doutes chez certains spécialistes du début du {{s-|XX}} concernant son authenticité. Ce scepticisme a été rejeté par des spécialistes plus modérés à l’image de [[Régis Blachère]] qui affirme qu’il {{citation|est impossible de mettre en doute la représentativité de l’ensemble du corpus}}<ref name="Kouloughli1" />. C’est surtout avec le développement des recherches sur les littératures de tradition orale que l’on a pu mieux comprendre les caractéristiques du corpus poétique préislamique et reconnaître son authenticité au moins relative<ref name="Kouloughli1" /> ». Il est à noter aussi que la poésie préislamique serait, à la base, une littérature de tradition orale, transmise par la mémoire d’un « transmetteur »<ref>Déroche, François. « Chapitre IV - La transmission du texte », Le Coran. Presses Universitaires de France, 2017, {{p.|69-90}}.</ref>.
==== Place du Coran dans la littérature arabe ancienne ====
L'étude des fragments de prose remontant à la période préislamique a permis de relever de nombreuses formes linguistiques et stylistiques similaires à celles retrouvées dans le texte coranique<ref name="Versteegh1">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Kees|nom1=Versteegh|prénom2=Mushira|nom2=Eid|prénom3=Alaa|nom3=Elgibali|prénom4=Manfred|nom4=Woidich|titre=The Encyclopedia of Arabic Language and Linguistics|sous-titre=History of Arabic|volume=2|passage=264|éditeur=Brill Academic|année=2006-2009|isbn=9004149732|nom5=Zaborski|prénom5=Andrzej}}.</ref>. Ces fragments ne sont cependant attestés que sous la forme d'inscriptions ou de graffiti<ref>Pierre Larcher. Arabe préislamique, arabe coranique, arabe classique: un continuum?. Karl-Heinz Ohlig & Gerd-R. Puin. Die dunklen Anfänge. Neue Forschungen zur Enstehung und frühen Geschichte des Islam, Verlag Hans Schiler, {{p.|248-265}}, 2005. 〈halshs-00132005〉</ref>. Une inscription particulière avait attiré l’attention de [[Christian Robin]] : l’hymne de Qaniya<ref name=":22">{{Article|prénom1=Christian|nom1=Robin|titre=Les plus anciens monuments de la langue arabe|périodique=Revue du monde musulman et de la Méditerranée|volume=61|numéro=1|date=1991|issn=0997-1327|doi=10.3406/remmm.1991.1510|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1991_num_61_1_1510#remmm_0997-1327_1991_num_61_1_T1_0122_0000|consulté le=2018-09-28|pages=113–125}}</ref>, une composition littéraire de 27 vers découverte au Yémen et remontant au {{s-|I}} de notre ère qui {{citation|semble être le plus ancien poème monorime de la littérature universelle}}<ref name=":22" />. Relevant d’étroites parentés avec la qasida (forme la plus élaborée du poème arabe préislamique), Robin se demande si ce texte est bien l’ancêtre de la poésie arabe. Après avoir exposé les points de divergences, ce dernier conclut que {{citation|l'hymne de Qâniya n'est pas à proprement parler l'ancêtre de la qasïda}}<ref name=":22" />.
 
On sait encore peu de choses sur l'histoire de l'élaboration de la poésie préislamique<ref name="Kouloughli1">{{ouvrage|prénom1=Djamel Eddine|nom1=Kouloughli|titre=L'arabe (Que sais-je)|passage=44-45|éditeur=Presses Universitaires de France|année=2007|pages totales=128|isbn=9782130559610}}.</ref> qui n’est connue qu’à travers des recensions écrites à partir du {{s-|IX}}<ref name="Kouloughli1" />. Les analystes modernes ont été surpris par {{citation|la grande homogénéité linguistique de l’ensemble du corpus}}<ref name="Kouloughli1" />. C’est ce même fait remarquable qui avait suscité des doutes chez certains spécialistes du début du {{s-|XX}} concernant son authenticité. Ce scepticisme a été rejeté par des spécialistes plus modérés à l’image de [[Régis Blachère]] qui affirme qu’il {{citation|est impossible de mettre en doute la représentativité de l’ensemble du corpus}}<ref name="Kouloughli1" />. C’est surtout avec le développement des recherches sur les littératures de tradition orale que l’on a pu mieux comprendre les caractéristiques du corpus poétique préislamique et reconnaître son authenticité au moins relative<ref name="Kouloughli1" /> ». Il est à noter aussi que la poésie préislamique serait, à la base, une littérature de tradition orale, transmise par la mémoire d’un « transmetteur »<ref>Déroche, François. « Chapitre IV - La transmission du texte », Le Coran. Presses Universitaires de France, 2017, {{p.|69-90}}.</ref>.
 
Ce contexte permet de considérer le Coran comme étant le premier véritable monument de la prose<ref group="Note">{{Citation|Auparavant, il existait quelques textes rimés, chansons et poésies en arabe, et ceci explique que le Koran soit rythmé}}. D'après Guy Franco, « L'Islam aujourd'hui », dans [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97869384 Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse], vol. 157, 1995, {{p.|198}}</ref> en langue arabe<ref name="Versteegh1" />{{,}}<ref name="Kouloughli1" />{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Gerhard|nom1=Bowering|titre=Encyclopedia of The Qur’an|sous-titre=Chronology and the Qur’an|volume=1|passage=316|éditeur=Jane Dammen Mc Auliffe ed. Brill Academic|année=2001|isbn=9004114653}}.</ref>{{,}}<ref name="griffith1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Sidney H.|nom=GRIFFITH|titre=The Bible in Arabic|sous-titre=The scriptures of the people of de book in the language of islam|éditeur=Princeton University Press|année=2013|isbn=9780691150826}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|prénom1=Gregor|nom1=Schoeler|titre=Écrire et transmettre dans les débuts de l’islam|passage=26|éditeur=Presses Universitaires de France|année=2002|isbn=2130528155}}.</ref> et pour Déroche, le plus ancien livre en arabe<ref>{{Chapitre|auteur=[[François Déroche]]|titre chapitre=La calligraphie dans le monde musulman|titre ouvrage=Contemporary Philosophy: A New Survey|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2007|passage=142}}</ref>. Pour Langhlade, {{citation|le premier et le plus ancien document littéraire authentique <ref group="Note">L'auteur distingue une Coran "authentique" d'un corpus poétique préislamique à l'"authenticité au moins relative" </ref> connu en arabe reste, jusqu'à ce jour, le Coran<ref>Langhade, Jacques. Chapitre I. La langue du coran et du Hadit In : Du Coran à la philosophie : La langue arabe et la formation du vocabulaire philosophique de Farabi [en ligne]. Damas : Presses de l’Ifpo, 1994 (généré le 24 septembre 2018). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/ifpo/5268>. {{ISBN|9782351595008}}. DOI : 10.4000/books.ifpo.5268.</ref>}}. Muhammad al-Sharkawi soutient dans son ouvrage ''Histoire et développement de la langue arabe'' que le Coran est {{citation|le texte le plus important dans l'histoire de la langue arabe}}<ref name="al-Sharkawi">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Muhammad|nom1=al-Sharkawi|titre=History and Development of the Arabic Language|sous-titre=from pre-islamic times to the age of conquests|passage=227|éditeur=Routledge|année=2016|isbn=1138821500|pages totals=245}}.</ref>, voire {{citation|un texte fondateur}}<ref name="al-Sharkawi" />. Des chercheurs<ref name=":kashouh1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Hikmat|nom=KASHOUH|titre=The Arabic Versions of the Gospels|sous-titre=The Manuscripts and their Families|éditeur=De Gruyter|année=2011|isbn=9783110228588}}.</ref>{{,}}<ref name=":shahid1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Irfan|nom=SHAHID|titre=Byzantium and the Arabs|sous-titre=in the Fourth century 1984, in the Fifth century 1995, in the Sixth century vol.1 2002, vol.2 2010|éditeur=De Boccard}}.</ref>{{,}}<ref name=":corriente1">CORRIENTE, Federico, “The Psalter Fragment from the Umayyad Mosque of Damascus: A Birth Certificate of Nabaṭī Arabic”, in Monferrer-Sala, Jan Pedro (ed.), ''Eastern Crossroads: Essays on Medieval Christian Legacy, 303–20, Piscataway'': Gorgias Press, 2007.</ref> estiment possible l'existence de traductions écrites de textes liturgiques chrétiens ou d'extraits bibliques en arabe remontant à l'époque préislamique. D’autres<ref name="griffith1" />{{,}}<ref name=":vollandt1">{{ouvrage|langue=en|prénom=Ronny|nom=VOLLANDT|titre=Arabic Versions of the Pentateuch|sous-titre=A Comparative Study of Jewish, Christian, and Muslim Sources|éditeur=Brill|année=2015|isbn=9789004289918}}.</ref>{{,}}<ref name=":biblia1">{{Article |langue=en |prénom1=Nathan |nom1=Gibson |prénom2=Miriam L. |nom2=Hjälm |prénom3=Peter |nom3=Tarras |prénom4=Ronny |nom4=Vollandt |titre=Biblia Arabica: An Update on the State of Research |périodique=Between the Cross and the Crescent: Studies in Honor of Samir Khalil Samir, S.J. on the Occasion of His Eightieth Birthday |année=2018 |lire en ligne=https://hcommons.org/deposits/item/hc:19681/ |consulté le=2019-06-11 |prénom5=Vevian |nom5=Zaki }}.</ref> contestent cette hypothèse vu qu’elle repose sur des extrapolations<ref name=":extrapolation1" group="Note">L'extrapolation est un procédé déductif utilisé en sciences historiques. Les chercheurs ici (Griffith, Vollandt, Gibson) contestent plutôt l'usage qui en est fait par les premiers (Kachouh, Shahid, Corriente).</ref>{{,}}<ref name=":extrapolation2" group="Note">Griffith, repris par Vollandt et le groupe de recherche sur les traductions arabes de la Bible [https://biblia-arabica.com/about-us/ Biblia Arabica], dit que certains chercheurs ''extrapolent à partir de textes post-islamiques les plus anciens pour en arriver à postuler un ancêtre préislamique antérieur pour une version donnée'' [Kashouh, par exemple, relève des archaïsmes dans certaines traductions], au moment où d’autres ''procèdent de manière diachronique en commençant par les origines les plus anciennement documentées du christianisme répandu parmi les Arabes et citent des éléments de preuve sur l’existence d’une bible écrite, ou de parties de celle-ci, tel que cela est rapporté dans les archives historiques'' [En particulier, un argument récurrent est que les missionnaires chrétiens avaient pour habitude de traduire des portions des Écritures chrétiennes dans la langue locale]. En page 162, il écrit que ''ces hypothèses reposent sur des extrapolations à partir d’éléments de preuves trop fragmentaires ou trop éloignées pour supporter de manière logique le poids des conclusions qui en sont tirées''.</ref> et achoppe en l'absence de preuve manuscrite<ref name=":tradbible" group="Note">La Bible fait sa première apparition en arabe dans les écrits des apologistes chrétiens du {{s-|VIII}}/ {{s-|II}} de l’hégire. Le nombre total de manuscrits contenant des versions arabes de la Bible est estimé à environ dix mille. Malgré des progrès constants sur le terrain, l’équipe de recherche Biblia Arabica estime qu’un travail énorme reste à venir sur ces manuscrits. Plusieurs livres ne sont que sporadiquement touchés, tels que les épîtres catholiques, les Actes des apôtres et l'Apocalypse. Les manuscrits de ces unités doivent être inventoriés, les différentes versions classées et leur transmission textuelle investiguée. Il convient également de noter, en ce qui concerne l'examen des techniques de traduction, que les études sur l'Ancien Testament en arabe sont assez avancées, alors que pour le Nouveau Testament arabe il y a encore du chemin à faire. ''(Biblia Arabica, an update on the state of research, 2018)''</ref>. Le consensus actuel au sein de la recherche est que des textes littéraires et liturgiques circulaient probablement à cette époque en arabe sous forme de traditions orales<ref name=":biblia1" />{{,}}<ref name=":vollandt2">{{Article |langue=en |prénom=Ronny |nom=Vollandt |titre=The Status Quaestionis of Research on the Arabic Bible |périodique=Semitic Linguistics and Manuscripts, Studia Semitica Upsaliensia 30 |année=2018 |lire en ligne=https://biblia-arabica.com/news/a-status-quaestionis-of-research-in-the-arabic-bible/ |consulté le=2019-06-20|pages :442-467 }}</ref>.
 
Certaines caractéristiques linguistiques rapprochent la langue du Coran de celle de la poésie préislamique (rime, syntaxe, usages de formules...). Cela a été utilisé comme argument par {{citation|les adversaires du Prophète musulman pour dévaloriser son message}}<ref name="Kouloughli1" />. S’il est clair que le texte coranique « rappelle, par de nombreux traits les textes attribués par la tradition à la période antérieure, il est cependant incontestable qu’il a introduit dans la fusha (langue arabe) des éléments nouveaux qui joueront un rôle fondamental dans le développement ultérieur de la langue arabe »<ref name="Kouloughli1" />. Pour Kouloughli, le Coran a fait « exploser »<ref name="Kouloughli1" /> les cadres mentaux traditionnels de la pensée arabe en intégrant des thématiques métaphysiques, juridiques et idéologiques radicalement neuves. Il ajoute que la variété stylistique du texte servira de modèle à tous les développements littéraires ultérieurs de cette langue<ref name="Kouloughli1" />.
 
==== Place du Coran dans la littérature de l'Antiquité tardive ====
Cette approche du Coran au sein de la littérature arabe préislamique est aujourd'hui complétée par une vision plus large de celui-ci au sein de la littérature de l'antiquité tardive<ref>{{Lien web|titre=Histoire du Coran entre antiquité tardive et établissement des orthodoxies islamiques|url=https://enseignements-2016.ehess.fr/2016/ue/1491/|site=EHESS|date=2016|consulté le=}}</ref>. Ces travaux créent depuis deux décennies un « profond bouleversement » pour la recherche sur le Coran et {{citation|examinent les conditions de son émergence dans un contexte qui est celui de l'Antiquité tardive}} grâce aux outils de la linguistique<ref>Mehdi Azaiez (dir.), Sabrina Mervin (coll.), ''Le Coran : nouvelles approches'', CNRS Éditions, Paris, 2013 : https://books.google.fr/books?id=0-s9AgAAQBAJ&pg=PT1&lpg=PT1&dq=coran+%22profond+bouleversement%22+%22examinent+les+conditions+de+son+%C3%A9mergence+dans+un+contexte+qui+est+celui+de+l%27Antiquit%C3%A9+tardive%22&source=bl&ots=2S2aASREiX&sig=ACfU3U0T6H-ZzwQWW84fgQnZLIff4zRQ6g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjMhY-QmsfgAhWPAGMBHeXGDiQQ6AEwBXoECAEQAQ#v=onepage&q=coran%20%22profond%20bouleversement%22%20%22examinent%20les%20conditions%20de%20son%20%C3%A9mergence%20dans%20un%20contexte%20qui%20est%20celui%20de%20l'Antiquit%C3%A9%20tardive%22&f=false</ref>. "La démonstration de l'appartenance du Coran aux traditions textuelles bibliques datant de ce que l'on appelle maintenant l'Antiquité tardive" est pourtant ancienne<ref>Amir-Moezzi M., Dye G., ''Le Coran des historiens,'' t. 1, 2019, p.25.</ref>. Angelica Neuwirth voit dans ce contexte une rupture avec les études précédentes [d'un contexte arabe]{{Référence nécessaire|date=19 février 2019}}. À l'inverse, Gilliot inscrit ces études dans la continuité<ref name=":07">Mathieu Terrier, ''Le Coran, nouvelles approches'', sous la direction de Mehdi Azaiez, avec la collaboration de Sabrina Mervin, Paris, CNRS Éditions, 2013 dans ''Revue de l'histoire des religions'' 2016, 233, {{p.|431-434}}.</ref>. L'antiquité tardive est caractérisée par les influences byzantines et romaines, chrétiennes, juives et zoroastrienne<ref>{{Ouvrage|prénom1=François|nom1=Déroche|titre=La voix et le calame. Les chemins de la canonisation du Coran: Leçon inaugurale prononcée le jeudi 2 avril 2015|éditeur=Collège de France|date=2016-12-16|isbn=9782722604445|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=-a-9DQAAQBAJ&pg=PA5&lpg=PA5&dq=coran+antiquit%C3%A9+tardive&source=bl&ots=yaZM8Qp3lG&sig=ACfU3U3Vsy3TK2QvrhUOd97Q0j01n_6yPw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi67uHO5LDgAhV85eAKHTO1Cac4ChDoATAJegQIAhAB#v=onepage&q=coran%20antiquit%C3%A9%20tardive&f=false|consulté le=2019-02-10}}</ref> dans un contexte de syncrétisme religieux<ref name=":07" /> et sans qu'il soit toujours possible de séparer le contexte juif et chrétien<ref name=":31" />. . L'Arabie préislamique était en contact étroit avec les régions voisines<ref>Barbara Finster, «Arabia in Late Antiquity: An Outline of the Cultural Situation in the Peninsula at the Time of Muhammad», dans ''The Qurɛān in Context.Historical and Literary Investigations into the Qurɛānic Milieu'', edited by Angelika Neuwirth, Nicolai Sinai, and Michael Marx, Leyde, Brill, 2010,{{p.|61-114}}</ref>. Pour Hoyland, {{citation|Si nous approuvons la validité de ces contributions arabes à la formation de l’islam, est-ce que cela signifie que la théorie « [islam comme religion] sortant d’Arabie » l'emporte sur la théorie « né de l'Antiquité tardive » ? Il semble pour moi qu'il existe un moyen de sortir de cette dichotomie, à savoir d'accepter que l'Arabie au moment de Mahomet faisait déjà partie du monde antique}}<ref name=":112">Robert Hoyland, ''Early Islam as a Late Antique Religion'' dans ''The Oxford Handbook of Late Antiquity'', 2012.</ref>.
 
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