« Coran » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ornd (discuter | contributions)
Aucun résumé des modifications
Hesan (discuter | contributions)
Lorsqu'on porte une accusation aussi grave que la manipulation de source, on le prouve. Remise de données supprimées + neutralisation
Ligne 615 :
* D'une part, les chercheurs qui acceptent avec plus ou moins de prudence les récits traditionnels, en maintenant l’idée qu'il y a un auteur unique du texte coranique. Ce qui implique que {{Citation|Mahomet maîtrisait parfaitement les cultures chrétienne et juive, et que la présence chrétienne dans le Hedjaz était plus significative qu’on ne le pensait<ref name=":1" />.}} Ce qui de facto exclut de l’étude du Coran la plupart des méthodes de la critique biblique<ref>G. Dye, ''Controverses sur les écritures canoniques de l'Islam'', éd. CERF</ref>{{Référence insuffisante|date=2 novembre 2018}}.
* D'autre part, des chercheurs plus critiques jugent {{Citation|impossible de prendre au sérieux la richesse et la complexité du corpus coranique tout en restant dans le cadre traditionnel. Ils sont conduits à voir le Coran comme un travail collectif (étalé sur plusieurs générations), en partie indépendant de la prédication de Mahomet. Pour eux, il semble très probable que des passages substantiels du Coran ont été rédigés par des lettrés et scribes chrétiens (et, dans une moindre mesure, juifs)}}<ref name=":1" />.
 
== Les contextes du Coran ==
Le Coran, ne possédant que peu de mentions d'événements, de personnages, est un texte avare sur son propre contexte. Les traditions islamiques ont donc formé un récit et un contexte<ref name=":312">Dye G., "Le corpus coranique : contexte et composition", ''Le Coran des historiens,'' t.1, 2019, p.735-846.</ref>. Néanmoins, les nouvelles recherches permettent de renverser l'image préconçue et traditionnelle sur l'Arabie préislamique et les inscriptions anciennes permettent d'inscrire celle-ci dans le contexte de l'Antiquité tardive<ref name="robin74">{{Chapitre|langue=|prénom1=Christian|nom1=Robin|titre chapitre=L'Arabie préislamique|auteurs ouvrage=|titre ouvrage=Le Coran des Historiens|tome=1|lieu=|éditeur=Editions du Cerf|année=2019|isbn=|lire en ligne=|passage=p.74 et suiv.}}.</ref>. L'Arabie préislamique ne peut donc être séparée de cette antiquité tardive<ref name="lindstedt">{{Chapitre|langue=en|auteur1=Ilkka Lindstedt|titre chapitre=Pre-Islamic Arabia and early Islam|auteurs ouvrage=|titre ouvrage=Routledge Handbook on Early Islam|lieu=|éditeur=Routledge|année=2017|isbn=|lire en ligne=|passage=p.159 et suiv.}}.</ref>. Il est donc nécessaire pour étudier le contexte d'apparition du Coran de prendre en compte le double contexte des productions méditerranéennes de l'Antiquité tardive et celui d'une Arabie possédant des particularités<ref>{{Harvsp|Robin|2019|p=137|id=}}.</ref>.
 
Si la manière par laquelle les influences ont été transmises peuvent encore faire débat, il est possible d'affirmer qu'il existe {{Citation|plusieurs contextes différents pour le Coran. Le premier contexte est sans aucun doute l'arabe, car il était écrit dans cette langue. Deuxièmement, l'élément biblique fort montre qu'il y avait aussi un contexte chrétien ou juif. [...] Il est également assez clair qu'il y avait un troisième contexte, celui de la religion arabe traditionnelle.}}<ref>Hämeen-Anttila J., "The Christian Context of the Qurʾān" dans ''Routledge Handbook on Christian–Muslim Relations,'' 2017</ref> Pour Dye, "cette insistance sur la culture biblique du Coran ne nie pas le substrat arabe préislamique, mais le situe dans une perspective différente de celle qui est impliquée par les récits de la tradition islamique"<ref>Dye G., "Le corpus coranique : contexte et composition", ''Le Coran des historiens,'' t.1, 2019, p.735-846.</ref>.
 
=== Place du Coran dans la littérature arabe ancienne ===
Ligne 632 ⟶ 637 :
Pour Déroche, le Coran est le plus ancien livre en arabe<ref>{{Chapitre|auteur=[[François Déroche]]|titre chapitre=La calligraphie dans le monde musulman|titre ouvrage=Contemporary Philosophy: A New Survey|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2007|passage=142}}</ref>. L’étude des manuscrits permet de mieux connaître ces livres anciens, les traditions de copies et leur cheminement vers un modèle standardisé, « réellement reconnu qu’à partir du IXe siècle »<ref name=":36">Eleonore Cellard, "Les manuscrits coraniques anciens", ''Le Coran des historiens,'' t.1, 2019, p. 665-701</ref>. Les premiers manuscrits sont de formes variées ce qui pourrait illustrer « l’hétérogénéité des pratiques scripturaires de cette époque ». L’observation du codex parisino-petropolitanus l’inscrit ainsi dans une technique de composition grecque, copte et christo-palestinienne. C’est aussi le cas des manuscrits en style A dont la manière d’organiser les feuillets disparaît dans la première moitié du VIIIe siècle<ref name=":36" />. À propos du style B1.a, l’auteur précise qu’« Au niveau de la composition des cahiers, on s’oriente déjà vers une structure standard : celle employée majoritairement par la tradition syriaque ». Ces styles seront bouleversés au cours du VIIIe siècle, probablement à la fin de la période ommeyade<ref name=":36" />.
 
Pour Gilliot, l'insistance du texte coranique sur son arabité s'inscrit dans une volonté de se distinguer de ses matériaux constitutifs non-arabe<ref name=":28">{{Article|prénom1=Claude|nom1=Gilliot|titre=Le Coran, production littéraire de l’Antiquité tardive ou Mahomet interprète dans le “lectionnaire arabe” de La Mecque|périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée|numéro=129|date=2011-07-16|issn=0997-1327|doi=10.4000/remmm.7054|lire en ligne=http://journals.openedition.org/remmm/7054|consulté le=2019-02-10|pages=31–56}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Claude|nom1=Gilliot|titre=Des indices d’un proto-lectionnaire dans le « lectionnaire arabe » dit Coran|périodique=Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres|volume=155|numéro=1|date=2011|doi=10.3406/crai.2011.93159|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2011_num_155_1_93159|consulté le=2019-02-10|pages=455–472}}</ref>. D'après lui, le Coran s'inscrit dans le cadre de la littérature antique, certains passages pouvant être rapproché des lectionnaires syriaques<ref name=":28" />, d'autre de la littérature homélitique<ref>Gabriel Said Reynolds, «The Qurɛānic Sarah as Prototype of Mary», dans ''The Bible in Arab Christianity'', edited by David Thomas, Leyde, Brill, 2007, {{p.|193-206}}.</ref>. En effet, il peut être observé, dans le Coran, une volonté d'interprétation et de traduction de récits des autres livres sacrés dans l'esprit, bien vivant durant l'antiquité tardive, du ''targum<ref name=":28" />.'' Par rapport à l’hypothèse de Luxenberg qui fait remonter l’origine du texte coranique à des lectionnaires syriaques, Herbert Berg<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom=Herbert|nom=Berg|titre=Routledge Handbook on Early Islam|sous-titre=The collection and canonization of the Qur’an|passage=37-48|éditeur=Routledge|année=2017|isbn=9781138821187}}.</ref> note qu’un nombre très restreint de chercheurs a été convaincu par son argumentaire dont Claude Gilliot qui lui aussi fait dans l’exception avec son hypothèse analogue de lectionnaires pré-coraniques.Pour Hoyland, {{citation|Le Coran est à bien des égards le dernier document de l’antiquité tardive et nous fournit un moyen de relier l’Arabie, les origines de l’islam et Antiquité tardive}}<ref name=":112" />.
 
Une des difficultés des recherches sur les contextes coraniques n'est pas de déterminer si une influence de l'Antiquité tardive existe mais comment ces idées ont été transmises<ref>Dye, « Le corpus coranique : contexte et composition », ''Le Coran des historiens, ''t.1, 2019, p. 770 et suiv.</ref>. Ainsi, la question de la place occupée par des populations juives et chrétiennes en Arabie, et plus particulièrement dans le Hedjaz est discutée par les chercheurs<ref group="Note">Si l'influence chrétienne sur le Coran est largement admise, Jaakko Hämeen-Anttila&nbsp;rejette les théories qui donnent une place encore plus importante à celui-ci en faisant naître le Coran dans un milieu exclusivement chrétien. L'auteur cite la thèse de Wansbrough qui fait naître le Coran dans « un milieu sectaire de chrétiens (et de juifs) », Lülling qui défend que « la communauté mecquoise devait avoir été chrétienne » et son successeur Luxenberg, Hawting qui situe la naissance du Coran en Irak... (Hämeen-Anttila J., "The Christian Context of the Qurqn",&nbsp;''Routledge Handbook on Christian–Muslim Relation''s, Routledge, 2017.)</ref>. Certains auteurs ont prouvé l'existence d'un monothéisme bien plus présent en Arabie que ce qui est transmis par les traditions musulmanes<ref name=":37">Christian&nbsp;Robin,&nbsp;''« L'Arabie préislamique »'', dans&nbsp;''Le Coran des Historiens'',&nbsp;t.&nbsp;1, Editions du Cerf,&nbsp;2019, p.74 et suiv.</ref> et Griffith souligne que ces communautés appartenaient aux courants dominants au Moyen Orient de cet Antiquité tardive (melkites, jacobites et nestoriens...). Il rejette la vision de nombreux chercheurs qui fait naître le Coran dans des milieux dissidents, comme les «Nazaréens», les Elkasaites ou les Ebionites, non attestés en Arabie au VIIe siècle<ref>(en)&nbsp;Sidney H.&nbsp;GRIFFITH,&nbsp;''The Bible in Arabic : The scriptures of the « people of de book » in the language of islam'', Princeton University Press,&nbsp;2013&nbsp;([[International Standard Book Number|ISBN]]&nbsp;[[Spécial:Ouvrages de référence/9780691150826|9780691150826]]),&nbsp;p.&nbsp;54-55.</ref><ref group="Note">Ce même auteur considère, entre autre, que le Coran possède de nombreux écho à la littérature syriaque, notamment aux écrit d'Ephrem le Syriaque (« Christian Lore and the Arabic Qur'an », p. 109)</ref>Ainsi, la tribu de&nbsp;[[Quraych|Quraish]]&nbsp;entretenait des liens étroits avec&nbsp;[[Byzance]]. De même, le chef de la confédération de tribus à laquelle appartenait Mahomet était vraisemblablement chrétien<ref name=":37" />. A l'inverse, certains chercheurs s'appuient sur l'absence de source dans le Hedjaz<ref group="Note">Aussi, Jaakko Hämeen-Anttila&nbsp;rapporte le fait qu'il n'y a, à l'heure actuelle, aucune preuve de l'existence de textes chrétiens syriaques (ou autres) ni de traductions de bible pré-islamique dans le hejaz du VIIe siècle. Ce dernier rejette également l'option d'hymnes et de serrements chrétiens transmis oralement aux proto-musulmans</ref> pour défendre la non-implantation de communautés de chrétiens dans cette région<ref>Hämeen-Anttila J., "The Christian Context of the Qurqn",&nbsp;''Routledge Handbook on Christian–Muslim Relation''s, Routledge, 2017.</ref><ref group="Note">Pour cet auteur, l'absence de communauté chrétienne ne remet pas en cause les influences chrétiennes sur le Coran ou son appartenance au contexte de l'Antiquité tardive. « Il ne fait aucun doute que le Coran contient une certaine quantité de matériaux chrétiens, ce qui signifie qu'il a émergé dans un contexte où le christianisme était présent d'une manière ou d'une autre. » Le rôle des différents contextes du Coran, pour cet auteur, nécessite de plus amples recherches.</ref> ou une implantation en cours<ref>Dye, « Le corpus coranique : contexte et composition », ''Le Coran des historiens, ''t.1, 2019, p. 770 et suiv.</ref>. Néanmoins, une distinction doit être faite entre l'absence d'implantation d'une communauté et l'absence d'exposition  à des idées<ref>Dye, « Le corpus coranique : contexte et composition », ''Le Coran des historiens, ''t.1, 2019, p. 770 et suiv.</ref>. . Plusieurs « options » non-exclusives existent pour expliquer la présence de cette influence mais la question reste ouverte<ref group="Note">Les quatre options logiques avancées par l'auteur seraient (1) l'existence de lettrés chrétiens au Hedjaz, (2) une dissémination orale importante (3) une vie de Mahomet au moins partiellement hors du Hedjaz, (4) une déconnexion de certains passage du Coran de la vie de Mahomet. L'auteur considère qu'un mélange de l'option 2 et de la 4 est plausible.</ref><ref>Dye, « Le corpus coranique : contexte et composition », ''Le Coran des historiens, ''t.1, 2019, p. 770 et suiv.</ref>.
Par ailleurs, malgré le fait que la genèse de l’islam corresponde bien sur le plan chronologique à la période historique de l’antiquité tardive, d’autres chercheurs relativisent la prétendue influence de communautés juives ou chrétiennes sur l’élaboration du texte fondateur de l’islam. Sydney Griffith<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom=Sidney H.|nom=GRIFFITH|titre=The Bible in Arabic|sous-titre=The scriptures of the “people of de book” in the language of islam|éditeur=Princeton University Press| année=2013|isbn=9780691150826|passage=54-55}}.</ref> rejette carrément les suggestions qui relient les premiers musulmans aux hypothétiques communautés proto-islamiques judéo-chrétiennes (Nazaréens, Eksaites, Ebionites ou autres) dont il n’existe jusqu’à ce jour aucun élément matériel qui prouverait leur présence en Arabie du VIIe siècle. Il ajoute que les critiques coraniques doctrinaires qui s’adressaient aux communautés chrétiennes Melkites, Jacobites et Nestoriens (dont la présence est historiquement attestée durant cette période) étaient trop originales pour pouvoir émaner de groupes hérétiques judéo-chrétiens. Par rapport à l’hypothèse de Luxenberg qui fait remonter l’origine du texte coranique à des lectionnaires syriaques, Herbert Berg<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom=Herbert|nom=Berg|titre=Routledge Handbook on Early Islam|sous-titre=The collection and canonization of the Qur’an|éditeur=Routledge|année=2017|passage=37-48|isbn=9781138821187}}.</ref> note qu’un nombre très restreint de chercheurs a été convaincu par son argumentaire dont Claude Gilliot qui lui aussi fait dans l’exception avec son hypothèse analogue de lectionnaires pré-coraniques. Aussi, Jaakko Hämeen-Anttila<ref>{{ouvrage|langue=en|auteir=Jaakko Hämeen-Anttila|titre=Routledge Handbook on Christian–Muslim Relations|sous-titre= Christian Context of the Qur’an|éditeur=Routledge|année=2017|passage=23-32|isbn= 9781138818712}}.</ref> rapporte le fait qu’il n’y a, à l’heure actuelle, aucune preuve de l’existence de textes chrétiens syriaques (ou autres) ni de traductions de bible pré-islamique dans le hejaz du VIIe siècle. Ce dernier rejette également l’option d’hymnes et de serrements chrétiens transmis oralement aux proto-musulmans et revient plutôt à une position traditionnelle qui bien qu’admettant l’existence de contextes multiples affirme que le principal contexte coranique reste « sans aucun doute Arabe », qu’il n’y a aucune preuve tangible qui permette d’affirmer que Muhammad connaissait d’autres langues et que le rôle exact de chacun des autres contextes (chrétien, juif, religion arabe traditionnelle) nécessite de plus amples recherches.
 
=== Études sur la chronologie de l'élaboration du texte ===
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Coran ».