« Sourate » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Kelym (discuter | contributions)
→‎Sens coranique : Neiutralisation d'une extrapolation à partir de la même source.
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
Hesan (discuter | contributions)
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 :
[[Image:The Blue Qur'an - Qur'anic Manuscript.jpg|vignette|Une partie de la sourate [[Al-Baqara]] (La Génisse) écrite sur deux feuillets du [[Coran bleu de Kairouan|Coran bleu]] provenant à l'origine de la bibliothèque de la [[Grande Mosquée de Kairouan]] (en [[Tunisie]])<ref>[https://www.qantara-med.org/public/show_document.php?do_id=651 Feuillet du coran bleu (Qantara Patrimoine Méditerranéen)]</ref>]]
 
Une '''sourate''' (en [[arabe]] : {{lang|rtl|ar|سورة}}, sūraʰ , pl. {{lang|rtl|ar|سور}}, suwar, « sourate » ; en [[araméen|syriaque]] :''' '''śirţâ/śûrat ''ṣūrṭā'': « ligneécrit, écritpartie »<ref>{{Ouvrage|langued'une =écriture |auteur1 = Köbert|titre = Vocabularium Syriacum|lieu = |éditeur = |année = 1956|pages totales = |isbn = |lire en ligne = |passage = p. 133.}}</ref>») est, en son sens coranique, une unité textuelle non délimitée du [[Coran]] ou, en son sens plus tardif, unune unité fixe souvent traduit par « chapitre » par comparaison avec les chapitres de livre de la [[Bible]], bien qu'à la différence que les sourates ne sont pas dans le Coran en ordre chronologique.
 
114 sourates, classées dans un ordre de longueur assez sensiblement décroissant, forment le texte coranique. Cet ordonnancement fait partie du [[Recherches sur la datation du Coran|processus de rédaction]], encore mal connu, du Coran et des [[Approches traditionnelles de la transmission du Coran|traces anciennes d'autres ordres]] sont attestées.
 
Cette séparation en sourates interroge les [[Islamologie|chercheurs]] quant à la chronologie du processus redactionnelrédactionnel du texte coranique, que ce soit au niveau des sourates ou des [[Aya (islam)|versets]]. Bien que l'approche chronologique de ce texte reste importante, l'ordre chronologique de rédaction du Coran semble innaccessibleinaccessible.
 
== Dans le Coran ==
 
=== Étymologie ===
Les lexicographes anciens ont rapproché le terme ''sura'' de la racine s-w-r qui se retrouve dans "mur" et "construction". D'autres ont préféré l'associer à s-ʾ-r, dans son sens de «laisser un petit reste». Pour Boisliveau, " l’hésitation des lexicographes arabes quant à la racine et au sens montre que le terme n’est probablement pas arabe. Il s’agit donc d’un emprunt à une autre langue ou bien d’une création sous influence d’une autre langue."<ref name=":8">A.S. Boisliveau, ''Le Coran par lui-même'', 2014, {{p.|82}} et suiv.</ref>.
 
Les recherches modernes ont posé l'hypothèse, sans consensus, de lien avec un mot [[hébreu]]. Watt et Bell l'associent au syriaque ''ṣūrṭā'' signifiant «un écrit», «une partie d’une Écriture», ou «les Écritures saintes»<ref name=":8" />. Boisliveau émetsouligne l'hypothèseque d'unela connaissance préalable de ce terme [[syriaque]] [''ṣūrṭā]'' par au moins "certaines personnes à l'époque de l'apparition du Coran", ce qui impliquerait alors qu'il soit "fort possible qu’il ait été utilisé dans le texte coranique avec l’intention de donner, par ce terme nouveau, une connotation de sacralité à l’exemple de ''ṣūrṭā'' pour l’Écriturel’[[Écriture sainte]] des chrétiens"<ref name=":8" />. EnPour même[[Angelika tempsNeuwirth|Neuwirth]], elleune soulignehypothèse laétymologique particularitéserait duune termedérivation arabe [sūra],du mot nouveausyriaque ''shūrayā'', "mystérieux"“commencement, "créé adet hoc"désignant aude seincourts dupsaumes textechantés coraniqueavant pourune s'auto-désignerlecture. ouAucune dude moinsces pour "désigner une partieétymologies, de lui-même",ce avecmot pourqui sensapparaît :en "quelquearabe chosedans quele DieuCoran, a faitn'est descendre sur Mahomet"certaine<ref name=":87">A. Neuwirth, "Suras", ''Encyclopedia of the Qur'an'', vol. 5, 2006, {{p.|166}} et suiv.</ref>.
 
Pour Neuwirth, une hypothèse étymologique serait une dérivation du mot syriaque shūrayā, “commencement, ” et désignant de courts psaumes chantés avant une lecture. Aucune de ces étymologies, de ce mot qui apparaît en arabe dans le Coran, n'est certaine<ref name=":7">A. Neuwirth, "Suras", ''Encyclopedia of the Qur'an'', vol. 5, 2006, {{p.|166}} et suiv.</ref>.
 
=== Sens coranique ===
Le mot ''sura'' n'est présent que 9 fois dans le Coran. Trois types d'emploi sont présents, une fois comme titre où il désigne le Coran ou une partie de celui-ci, trois fois dans un contexte de polémique et du [[Dogme de l'inimitabilité du Coran|défi coranique]]. Les cinq dernières occurrences sont liées à àun auditoire appartenant à la communauté de Mahomet<ref name=":8" />.
 
Pour Neuwirth, "Dansdans le Coran, ''sūra'' signifie en premier lieu une unité textuelle petite d’une étendue indéfinie"<ref name=":9">Angelika Neuwirth, ''The Qur'an and Late Antiquity,'' Oxford University Press, 2019, (trad : ''Der Koran als Text der Spätantike, 2010)''{{p.|163-164}}</ref>. En 2006, Neuwirth explicitait : " Lele terme ''sūra'' est utilisé dans le Coran, bien qu'il se réfère à l'origine à une unité textuelle indéterminée, plus petites que les ''sūras'' finalement fixées"<ref>Angelika Neuwirth, "Structural, linguistic and literary features", ''The cambridge companion to the Qur'an'', Cambridge, 2006, {{p.|97}}</ref>. [[Guillaume Dye|Dye]], rejoignant [[Alfred-Louis de Prémare|Prémare]], rappelle que "le terme ''sura'', dans le texte même du Coran, a un sens plus limité : il désigne un simple fragment de texte, et non une sourate entière"<ref>Guillaume Dye, "Le corpus coranique : contexte et composition", ''Le Coran des historiens'', 2019, t.1, {{p.|790}}.</ref>. Pour Boisliveau, "si l’on s’en tient à son utilisation dans le texte coranique, [ce terme] désigne une partie du Coran dont on ne sait les délimitations. Ses origines et le pourquoi de son utilisation restent obscurs"<ref name=":8" />.
 
L'étude des plus anciens manuscrits coraniques atteste du fait que les unités textuelles appelées "sourates" appartiennent "aux conceptions formelles du discours coranique lui-même"<ref name=":9" />.Pour Neuwirth, « la date exacte à laquelle cette unité textuelle [''Sura'' désigne, dans le Coran, une courte unité textuelle de longueur non-définie] a été identifiée avec les unités distinguées comme sourates dans le codex reste incertaine, mais l'étymologie la plus probable semble indiquer que ce qui était initialement prévu était une courte unité textuelle.». Celles-ci avaient originellement un rôle liturgique<ref name=":9" />. Pour Boisliveau, ce n'est qu'à''a'' ''posteriori'' — "assez rapidement semble-il" — et dans la tradition musulmane que ce terme a été utilisé pour désigner "un chapitre coranique très clairement délimité". En- mêmece temps,qui cen’est dernierpas usagele figurecas audans seinl’emploi du mot dans le texte [coranique,]"<ref augroup="note">Sur les 9 occurrences niveaucoraniques du versetterme, introductifil den'apparait laqu'une seule fois dans une introduction métatextuelle (sourate 24,) et neil contredit pas"désigne le sensCoran premierou quiplutôt renvoiune àpartie "quelquedu choseCoran, que Dieu a fait descendre sur Mahomet"<ref name=":8" />.
 
Ayant acquis le sens de "de quelque chose que Dieu a fait descendre sur Mahomet, d’une partie du Coran", ce terme ''sura'' a acquis (dans la tradition musulmane) un usage technique pour désigner un chapitre du Coran. Selon Boisliveau, "seule l’utilisation dans le verset introductif de la sourate Q24 semble véritablement soutenir ce sens."</ref> Cet usage est permis par "le fait que le mot n’existait pas auparavant"<ref name=":8" />.
 
En même temps, Boisliveau souligne la particularité du terme arabe ''sūra'', mot nouveau, "créé ''ad hoc''" — et en cela, "mystérieux"— par le texte coranique pour s'auto-désigner ou du moins pour "désigner une partie de lui-même", avec pour sens : "quelque chose que Dieu a fait descendre sur Mahomet"<ref name=":8" />.
 
== Les sourates du Coran - Description ==
[[Image:FirstSurahKoran.jpg|vignette|upright|gauche|''[[Fatiha]]'' : sourate liminaire du [[Coran]].]]
Le Coran est constitué de 114 sourates de longueurs inégales : la plus courte contient 3 [[verset]]s (''[[Aya (islam)|ayat]]'') et la plus longue 286. Le Coran contient 6236 versets ([[Aya (islam)|ayat]]). Elles sont présentées dans un ordre de longueur assez sensiblement décroissant, et non dans l'ordre chronologique des révélations<ref name=":0">Chebel M., « Sourate », ''Les 100 mots du Coran.'' Presses Universitaires de France, 2017.</ref>. Deux hypothèses sont présentées par Kouloughli quant à l'ordre non-chronologique. Il pourrait servir à faciliter la mémorisation ou pourrait être lié à l'existence de fils conducteurs entre elles. "Cette dernière hypothèse mériterait d’être explorée systématiquement."<ref name=":3">Kouloughli, "Le Coran: quelques données lexico-statistiques" , http://icar.cnrs.fr/llma/sommaires/LLMA_8_06_Kouloughli_Coran.pdf</ref>. Cuypers remarque que cet ordonnancement par ordre décroissant de taille "corresponde à un certain usage dans l’Antiquitél’[[Antiquité]], puisque les [[Épîtres de Paul|épîtres de saint Paul]] sont également disposées ainsi dans le [[Nouveau Testament]]"<ref>M. Cuypers, ''La composition du Coran'', 2011, {{p.|15}}.</ref>.
 
Les titres attribués aux sourates (par exemple, « Le Voyage nocturne », « La Lumière », « Les Femmes » ou « La Génisse ») consistent en des mots-clés extraits soit du début soit du corps du texte<ref name=":11">Angelika Neuwirth, ''"The Qur'an and Late Antiquity"'', Oxford University Press, 2019, {{p.|164}}</ref>{{,}}<ref name=":1">Déroche Fr., "Chapitre II - Structure et langue" Dans ''Le Coran'', 2017, {{p.|26}} -45</ref>. Ceux-ci renvoient soit à un mot frappant, soit au thème dominant de la sourate en question<ref name=":1" />{{,}}<ref group="note">Liati déconseille de traduire "sourate" par "chapitre", les sourates n'ayant pas, exceptées pour certaines courtes, de thématiques uniques.<br />
Ligne 41 ⟶ 43 :
C. Segovia, "Sourate 2", ''Le Coran des Historiens'', 2019, t. 2a, {{p.|55}} et suiv.
</ref>, semble s'être faite graduellement<ref name=":12" />.
Pour la plupart des sourates<ref name=":10" />, plusieurs noms utilisés pour les désigner sont recensés<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":3" />. « Ainsi, la première sourate du Coran, outre son nom de Fatiḥa (Introduction), est connue sous plus d’une dizaine d’autres dénominations. De même, la sūra 112, à laquelle il est généralement référé comme sūrat al-ʼIḵlāṣ, est connue sous une douzaine d’autres noms.»<ref>Kouloughli, ''"Le Coran: quelques données lexico-statistiques"'', note 7 {{p.|62-63}}</ref> Le cas du titre de la Fatiha, avec celui de la sourate 112, est particulier puisqu'il ne dérive pas du contenu de la sourate mais de sa fonction<ref>P. Neuenkirchen, "Sourate 1", ''Le Coran des Historiens, t. 2a'', 2019, {{p.|17}} et suiv.</ref>. Outre des noms, certains sourates ont reçu des épithètes<ref name=":12" />. Néanmoins, l'édition du Caire (1924) a participé à "l'établissement de titres uniformes"<ref name=":10" />. Excepté dans le monde indo-pakistanais, la diversité de ces noms n'est plus utilisée<ref name=":10" />.
 
Pour la plupart des sourates<ref name=":10" />, plusieurs noms utilisés pour les désigner sont recensés<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":3" />. « Ainsi, la première sourate du Coran, outre son nom de ''[[Al-Fatiha|Fatiḥa]]'' (Introduction), est connue sous plus d’une dizaine d’autres dénominations. De même, la sūrasourate 112, à laquelle il est généralement référé comme ''[[Al-Ikhlas|sūrat al-ʼIḵlāṣ]]'', est connue sous une douzaine d’autres noms.»<ref>Kouloughli, ''"Le Coran: quelques données lexico-statistiques"'', note 7 {{p.|62-63}}</ref> Le cas du titre de la ''Fatiha'', avec celui de la sourate 112, est particulier puisqu'il ne dérive pas du contenu de la sourate mais de sa fonction<ref>P. Neuenkirchen, "Sourate 1", ''Le Coran des Historiens, t. 2a'', 2019, {{p.|17}} et suiv.</ref>. Outre des noms, certains sourates ont reçu des épithètes<ref name=":12" />. Néanmoins, l'[[édition du Caire]] (1924) a participé à "l'établissement de titres uniformes"<ref name=":10" />. Excepté dans le monde indo-pakistanais, la diversité de ces noms n'est plus utilisée<ref name=":10" />.
Pour Neuwirth, "il apparait que les sūra dans le contexte coranique remplissent, dans une certaine mesure, la fonction de subdivisions textuelles familières au judaïsme et au christianisme. En effet, pour l'auteur, cette subdivision est liée à une énonciation liturgique mais daterait, à la différence des judaïsme et christianisme, de la période orale et pré-canonique de celui-ci. Certaines sourates posent néanmoins des difficultés, comme lorsqu'elles paraissent être des collections de textes non-reliés<ref name=":7" />. Gilliot rapproche les sourates des psaumes bibliques<ref>{{Article |auteur1=Gilliot, Claude |titre=Le Coran, production littéraire de l’Antiquité tardive ou Mahomet i... |périodique=[[Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée]] |numéro=129 |éditeur=Publications de l'Université de Provence |date=16-07-2011 |isbn=978-2-85399-792-8 |issn=0997-1327 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/remmm/7054 |consulté le=28-07-2020 |pages=31–56 }}.</ref>. Cela rejoint les recherches d'Angelika Neuwirth qui considère que les premières sourates sont des "relectures des Psaumes", reprennant le même langage formel et la même imagerie<ref>Angelika Neuwirth, "Two Faces of the Qur’ān: Qur’ān and Muṣḥaf", ''Oral Tradition'', 25/1, 2010, {{p.|141-156}}.</ref>. Neal Robinson voit dans les 114 logia de l'apocryphe "Evangile selon Thomas", un précédent au 114 sourates<ref>Neal Robinson, "The Qur’an and Christianity", ''The Oxford Handbook of Qur'anic Studies'', 2020, {{p.|152}} et suiv.</ref>.
 
Pour Neuwirth, "il apparait que les ''sūra'' dans le contexte coranique remplissent, dans une certaine mesure, la fonction de subdivisions textuelles familières au [[judaïsme]] et au [[christianisme]]. En effet, pour l'auteur, cette subdivision est liée à une énonciation liturgique mais daterait, à la différence des judaïsme et christianisme, de la période orale et pré-canonique de celui-ci. Certaines sourates posent néanmoins des difficultés, comme lorsqu'elles paraissent être des collections de textes non-reliés<ref name=":7" />. [[Claude Gilliot|Gilliot]] rapproche les sourates des [[Livre des Psaumes|psaumes bibliques]]<ref>{{Article |auteur1=Gilliot, Claude |titre=Le Coran, production littéraire de l’Antiquité tardive ou Mahomet i... |périodique=[[Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée]] |numéro=129 |éditeur=Publications de l'Université de Provence |date=16-07-2011 |isbn=978-2-85399-792-8 |issn=0997-1327 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/remmm/7054 |consulté le=28-07-2020 |pages=31–56 }}.</ref>. Cela rejoint les recherches d'Angelika Neuwirth qui considère que les premières sourates sont des "relectures des Psaumes", reprennantreprenant le même langage formel et la même imagerie<ref>Angelika Neuwirth, "Two Faces of the Qur’ān: Qur’ān and Muṣḥaf", ''Oral Tradition'', 25/1, 2010, {{p.|141-156}}.</ref>. Neal Robinson voit dans les 114 ''logia'' de l'apocryphe "[[Évangile selon Thomas|Evangile selon Thomas]]", un précédent au 114 sourates<ref>Neal Robinson, "The Qur’an and Christianity", ''The Oxford Handbook of Qur'anic Studies'', 2020, {{p.|152}} et suiv.</ref>.
 
Le nom est davantage utilisé que le numéro par les commentateurs musulman pour désigner une sourate<ref name=":10" />. L'usage savant occidental favorise leur désignation par leur numéro en chiffres romains<ref name=":12" />. Dans les éditions modernes du Coran, selon une habitude qui se met progressivement en place à partir du {{s-|X}}, sont présentés le titre de la sourate, le nombre de verset et le "lieu de révélation" en tête de sourate<ref name=":1" />.
 
== La mise en place d'un ordonnancement ==
Des récits traditionnels rapportent que [[Mahomet]] aurait donné des instructions, au fur et à mesure de la révélation, pour indiquer le positionnement des versets au sein des sourates. L'historicité de ces récits fait débat au sein des chercheurs occidentaux. [[François Déroche|Fr. Déroche]] évoque l'opposition entre [[Theodor Nöldeke|Nöldeke]] qui soutenait que que ce travail d'ordonnancement date de la recension, donc après la mort de Mahomet<ref name=":1" /> tandis que [[Friedrich Schwally|Schwally]] considérait "qu’une portion importante du Coran avait déjà sa forme définitive du vivant du Prophète"<ref name=":1" />. C'est "au moins en partie" le cas de Neuwirth qui défend une composition pré-rédactionnelle des sourates<ref>Neuwirth, Angelika. “Du Texte De Récitation Au Canon En Passant Par La Liturgie: A Propos De La Genèse De La Composition Des Sourates Et De Sa Redissolution Au Cours Du Développement Du Culte Islamique.” ''Arabica'', vol. 47, no. 2, 2000, {{p.|194–229}}.</ref>. Néanmoins, pour l'auteur, si cette séparation en sourates<ref group="note">Neuwirth se base sur le principe de l'unité des sourates. Cette approche est minoritaire pour la Recherche, pour qui qui "la tendance prédominante dans les recherches récentes [est] à atomiser ou à ignorer cette forme.".
 
La recherche se pose la question de l'articulation entre l'unité de la sourate et celle d'éléments textuels plus courts. Les visions de Bell (selon laquelle les sourates sont composées de morceaux en désordre) et de Cuypers (qui défend une unité de composition) sont considérées par Dye comme des extrêmes qui "posent une série de problèmes". L'auteur considère que plusieurs possibilités -de la sourate reprise telle quelle à celle principalement composée après la mort de Mahomet et passant par celle connaissant un processus rédactionnelle long- doivent être envisagées au cas par cas.
Ligne 54 ⟶ 57 :
- Angelika Neuwirth, ''"The Qur'an and Late Antiquity"'', Oxford University Press, 2019, {{p.|163-164}}.
 
- Guillaume. Dye, "Le corpus coranique : contexte et composition", ''Le Coran des Historiens'', t.1, 2019, {{p.|799}} et suiv.</ref> date de la rédaction du Coran qu'elle date de "quelque temps avant le règne du calife omeyyade [...] [[Abd Al-Malik (calife omeyyade)|Abd al-Malik]], l'auteur considère que leur ordonnancement est un "ajustement textuel tardif"<ref name=":7" />.
 
La mise en place de l'ordre des sourates nous est mal connu, certains groupements n'étant pas uniquement liés à leur longueur. D'autres recensions coraniques concurrentes à la vulgate, établies au {{s-|VII}} par des [[Sahaba|sahabas]], montrent des ordres ponctuellement (pour Déroche) ou sensiblement (pour Dye<ref name=":6">G. Dye, ''Pourquoi et comment se fait un texte canonique : quelques réflexions sur l’histoire du Coran'' in G. Dye, A. Van Rompaey & C. Brouwer (Eds.), ''Hérésies : une construction d’identités religieuses'', Bruxelles, Ed. de l’Université de Bruxelles, 2015, <abbr>p.</abbr> 67 et suiv.</ref>) différents. Pour Déroche, "on ignore si [ces variations] étaient fondées sur des différences dans le nombre des versets des sourates concernées"<ref name=":1" />. De ce qui en a été décrit, elles peuvent avoir un nombre de sourates légèrement différent ; celle d'[[Ubay ibn Ka'b|Ubayy]], par exemple, en aurait compté 116<ref group="note">Pour Cuypers et Gobillot en 2014, il est à remarquer qu' "aucun de ces textes [recensions concurrentes à la vulgate] ne nous est parvenu". Elles nous sont néanmoins connus par les recensions.
 
Certains manuscrits de Sana'a montrent tout de même des différences d'ordonnancement des sourates. À propos de ceux-ci, M.-A. Amir-Moezzi écrit : « En sus de quelques variantes orthographiques et lexicographiques mineures, 22 % des {{nombre|926|groupes}} de fragments étudiés présentent un ordre de succession de sourates complètement différent de l'ordre connu ; le découpage en versets ne correspond à aucun des 21 systèmes connus. Ce qui est frappant, c'est que l'ordre des sourates se rapproche le plus de celui des codex de Ubayy et d'Ibn Mas'ûd. »
Ligne 64 ⟶ 67 :
M.Cuypers et G. Gobillot, ''"Idées reçues sur le Coran - entre tradition islamique et lecture moderne"'', éd. Le Cavalier Bleu, 2014, {{p.|22}}
 
E. Cellard, "Les manuscrits coraniques anciens", ''Le Coran des Historiens'', t.1, 2019, {{p.|675}}.</ref>{{,}}<ref name=":1" />. La sourate 12 a ainsi fait débat parmi certains théologiens quant à son appartenance au Coran<ref group="note">Elle était ainsi rejetée par des "groupes kharidjites".</ref>{{,}}<ref>J. Decharneux, "Sourate 12", ''Le Coran des Historiens'', 2019, t.2a, {{p.|509}} et suiv.</ref>{{,}}<ref>Gilliot CL., "Origines et fixation du texte coranique" dans <nowiki>''</nowiki>Études<nowiki>''</nowiki> 2008/12, 409, {{p.|643-652}}.</ref>. La question de l'ordonnancement du Coran est liée à sa mise par écrit. Si le point de vue traditionnel est celle d'une fixation au moment de la standardisation d'[[Othmân ibn Affân|Uthman]], des témoignages attestent l'existence de recensions utilisant d'autres ordres et de rares spécimens de manuscrits, découverts à Sanaa au Yémen, montrent un ordre des sourates divergeant. Néanmoins, ils demandent à être étudiés plus en détail <ref>Yassin DUTTON, ''"The Form of the Qur’an : Historical Contours"'', in ''"The Oxford Handbook of Qur'anic Studie"'', Oxford Université Press, 2020, {{p.|187}}</ref>. La circulation de ces versions non-canoniques est connue jusqu'à une date tardive. Ainsi, des témoignages évoquent celle d'[[Abdullah ibn Masud|Ibn Mas'ûd]] au {{s-|X}}<ref>François Déroche, « ''Cours : La voix et le calame. Les chemins de la canonisation du Coran'' », ''Histoire du Coran. Texte et transmission'', 2015-2016, {{p.|421}}.</ref>.
 
Ces questions sont aussi évoquées lors de la troisième phase d'élaboration du Coran, celle de la [[Approches traditionnelles de la transmission du Coran|réforme d'al-Hajjaj]] (début {{s-|VIII}}), qui se serait, pour certaines sources anciennes, limité à "rectifier des lectures déficientes ou à y mettre en ordre les versets, voire les sourates <ref name=":6" />{{,}}<ref name=":4">Gilliot CL., "Origines et fixation du texte coranique" dans ''Études'' 2008/12, 409, {{p.|643-652}}.</ref>.
 
== La chronologie des sourates ==
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Sourate ».