« Sourate » : différence entre les versions

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Les lexicographes anciens ont rapproché le terme ''sura'' de la racine s-w-r qui se retrouve dans "mur" et "construction". D'autres ont préféré l'associer à s-ʾ-r, dans son sens de «laisser un petit reste». Pour Boisliveau, "l’hésitation des lexicographes arabes quant à la racine et au sens montre que le terme n’est probablement pas arabe. Il s’agit donc d’un emprunt à une autre langue ou bien d’une création sous influence d’une autre langue."<ref name=":8">A.S. Boisliveau, ''Le Coran par lui-même'', 2014, {{p.|82}} et suiv.</ref>.
 
Les recherches modernes ont posé l'hypothèse, sans consensus, de lien avec un mot [[hébreu]]. Watt et Bell l'associent au syriaque ''ṣūrṭā'' signifiant «un écrit», «une partie d’une Écriture», ou «les Écritures saintes»<ref name=":8" />. Boisliveau souligne quequ'une laéventuelle connaissance de ce terme [[syriaque]] ''ṣūrṭā'' par au moins "certaines personnes à l'époque de l'apparition du Coran", impliquerait alors qu'il soit "fort possible qu’il ait été utilisé dans le texte coranique avec l’intention de donner, par ce terme nouveau, une connotation de sacralité à l’exemple de ''ṣūrṭā'' pour l’[[Écriture sainte]] des chrétiens"<ref name=":8" />.
 
Pour [[Angelika Neuwirth|Neuwirth]], une hypothèse étymologique serait une dérivation du mot syriaque ''shūrayā'', “commencement, ” et désignant de courts psaumes chantés avant une lecture. Aucune de ces étymologies, de ce mot qui apparaît pour la première fois en arabe dans le Coran, n'est certaine<ref name=":7">A. Neuwirth, "Suras", ''Encyclopedia of the Qur'an'', vol. 5, 2006, {{p.|166}} et suiv.</ref>. Pour Dye et Decharneux, on ne sait pas si "l'emprunt [de ce terme à une langue étrangère] est antérieur ou non à la période de composition du Coran"<ref>G. Dye, J. Decharneux, "Sourate 10", ''Le Coran des Historiens,'' 2019, p. 418 et suiv.</ref>. En même temps, Boisliveau souligne la particularité du terme arabe ''sūra'', "mot nouveau, — donc mystérieux —, "créé ad hoc" par le texte coranique"<ref name=":8" />.
 
=== Sens coranique ===
Le mot ''sura'' n'est présent que 9 fois dans le Coran. Trois types d'emploi avec pour sens de "quelque chose que Dieu a fait descendre sur Mahomet", sont présents, une fois comme titre où il désigne, le Coran ou une partie de celui-ci , trois fois dans un contexte de polémique et du [[Dogme de l'inimitabilité du Coran|défi coranique]]. Les cinq dernières occurrences sont liées à un auditoire appartenant à la communauté de Mahomet<ref name=":8" />.
 
Pour Neuwirth, "dans le Coran, ''sūra'' signifie en premier lieu une unité textuelle petite d’une étendue indéfinie"<ref name=":9">Angelika Neuwirth, ''The Qur'an and Late Antiquity,'' Oxford University Press, 2019, (trad : ''Der Koran als Text der Spätantike, 2010)''{{p.|163-164}}</ref>. En 2006, Neuwirth explicitait : " le terme ''sūra'' est utilisé dans le Coran, bien qu'il se réfère à l'origine à une unité textuelle indéterminée, plus petites que les ''sūras'' finalement fixées"<ref>Angelika Neuwirth, "Structural, linguistic and literary features", ''The cambridge companion to the Qur'an'', Cambridge, 2006, {{p.|97}}</ref>. [[Guillaume Dye|Dye]], rejoignant [[Alfred-Louis de Prémare|Prémare]], rappelle que "le terme ''sura'', dans le texte même du Coran, a un sens plus limité : il désigne un simple fragment de texte, et non une sourate entière"<ref>Guillaume Dye, "Le corpus coranique : contexte et composition", ''Le Coran des historiens'', 2019, t.1, {{p.|790}}.</ref>{{,}}<ref group="note">Pour Segovia, " le sens du terme coranique est différent et plus large [ du sens qui lui fut assigné plus tard] car il pourrait se référer à une "section", une "phrase" ou un "fragment" dans le texte". Cela explique le peu de sens relevé par Gallez de demander, dans le défi coranique, d'apporter "10 "chapitres" comme celui-ci".
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C. Segovia, "Sourate 2", ''Le Coran des Historiens,'' 2019, p. 55 et suiv.</ref>. Pour Boisliveau, "si l’on s’en tient à son utilisation dans le texte coranique, [ce terme] désigne une partie du Coran dont on ne sait les délimitations. Ses origines et le pourquoi de son utilisation restent obscurs"<ref name=":8" />.
 
L'étude des plus anciens manuscrits coraniques atteste du fait que les unités textuelles appelées "sourates" appartiennent "aux conceptions formelles du discours coranique lui-même"<ref name=":9" />.Pour Neuwirth, « la date exacte à laquelle cette unité textuelle ''Sura'' désigne, dans le Coran, une courte unité textuelle de longueur non-définie] a été identifiée avec les unités distinguées comme sourates dans le codex reste incertaine, mais l'étymologie la plus probable semble indiquer que ce qui était initialement prévu était une courte unité textuelle.». Celles-ci avaient originellement un rôle liturgique<ref name=":9" />. Pour Boisliveau, ce n'est qu'''a'' ''posteriori'' — "assez rapidement semble-il" — que ce terme a été utilisé dans la tradition musulmane pour désigner "un chapitre coranique très clairement délimité - ce qui n’est pas le cas dans l’emploi du mot dans le texte [coranique]"<ref group="note">Sur les 9 occurrences coraniques du terme, il n'apparait qu'une seule fois dans une introduction métatextuelle (sourate 24) où il "désigne le Coran ou plutôt une partie du Coran, que Dieu a fait descendre". Ayant acquis le sens de "de quelque chose que Dieu a fait descendre sur Mahomet, d’une partie du Coran", "seule l’utilisation dans le verset introductif de la sourate Q24 semble véritablement soutenir ce sens."
 
Reprenant une définition de Neuwirth, Azaiez précise, dans son commentaire de la sourate 24, ''sura'' a le sens d'unité textuelle de longueur indéterminée à l'intérieur du Coran". Pour Neuenkirchen, "il ressort des dix usages de ''sura'' dans le Coran que le Coran n'a pas alors [le] sens plus tardif de "chapitre"".
 
Ce terme a servi par la suite à désigner les chapitres du Coran, sens qui ne peut être véritablement soutenu que par une seule utilisation dans l’introduction de la sourate 24, utilisation qui ne contredit par ailleurs pas "l’usage coranique dans lequel il s’agit de quelque chose que Dieu a fait descendre sur Mahomet, d’une partie du Coran".
P. Neuenkirchen, "Sourate 47", ''Le Coran des Historiens,'' 2019, p. 1499 et suiv.
 
M. Azaiez, "Sourate 24", ''Le Coran des Historiens,'' 2019, p. 869 et suiv.</ref>. Cet usage est permis par "le fait que le mot n’existait pas auparavant"<ref name=":8" />.
 
 
En même temps, Boisliveau souligne la particularité du terme arabe ''sūra'', "créé ''ad hoc''", "un mot nouveau – donc mystérieux" par le texte coranique pour s'auto-désigner ou du moins pour "désigner une partie de lui-même", avec pour sens : "quelque chose que Dieu a fait descendre sur Mahomet"<ref name=":8" />.
P. Neuenkirchen, "Sourate 47", ''Le Coran des Historiens,'' 2019, p. 1499 et suiv.
 
M. Azaiez, "Sourate 24", ''Le Coran des Historiens,'' 2019, p. 869 et suiv. A.S. Boisliveau, ''Le Coran par lui-même'', 2014, {{p.|82}} et suiv.</ref>. Cet usage est permis par "le fait que le mot n’existait pas auparavant"<ref name=":8" />.
 
== Les sourates du Coran - Description ==
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