« Adolf Eichmann » : différence entre les versions
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'''Adolf Eichmann''' est un membre du [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|parti nazi]], [[crime de guerre|criminel de guerre]], fonctionnaire du [[Troisième Reich]], né à [[Solingen]] le {{Date de naissance|19|mars|1906}} et mort exécuté dans la prison de [[Ramla]], près de [[Tel Aviv-Jaffa]], le {{Date de décès|31|mai|1962}}.
Il a atteint le rang de [[Schutzstaffel|SS]]-''[[Obersturmbannführer]]''
Nommé pendant la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]] à la tête du ''Referat IV B4'' (« bureau IV B4 du RSHA ») du [[Reichssicherheitshauptamt|RSHA]], qui s'occupe des {{Citation|[[Judenberater|affaires juives et de l'évacuation]]}}, il est responsable de la logistique de la « [[shoah|solution finale]] »
Ayant réussi à échapper à la justice après la capitulation allemande, et notamment au [[procès de Nuremberg]], il est retrouvé, puis capturé par des agents du [[Mossad]] en {{date-|mai 1960}} à [[Buenos Aires]], en [[Argentine]], où il vivait depuis dix ans sous le nom de Ricardo Klement. Dans des conditions rocambolesques, il est exfiltré vers [[Israël]], où il est condamné à mort et exécuté à l'issue d'un retentissant procès tenu à partir d'{{date-|avril 1961}} à [[Jérusalem]].
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Au lycée, il adhère au [[Jungfrontkämpferverband]], la section de jeunesse de l'association des anciens combattants austro-germaniques. Pro-germanique et anti-républicaine, cette association est néanmoins tolérée par les autorités autrichiennes<ref name=HA31/>.
Il quitte
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=== Du NSDAP à la SS ===
La même année, à {{nombre|26|ans}}, il assiste avec son père à une réunion du [[Austrofascisme|Parti nazi autrichien]], sur l'invitation du père d'[[Ernst Kaltenbrunner]], un vieil ami de la famille<ref name=HA31/>. Fortement impressionné par cet épisode qui détermine son engagement dans le [[nazisme]], il rejoint la [[Schutzstaffel|SS]] autrichienne, le {{date|1|avril|1932}}, avec le grade de SS-''[[Anwärter]]''
Il est pleinement intégré à la SS en {{date-|novembre 1932}} comme SS-''[[Mann (grade)|Mann]]'' ({{numéro|45 326}}). Il sert alors à mi-temps dans la [[Allgemeine SS]] de [[Salzbourg]]. Lorsqu'il s'engage dans les SS, il ne connait pas le [[programme en 25 points|programme en {{Nobr|25 points}}]] du [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|NSDAP]], et n'a pas lu {{Incise|ni ne lira jamais}} ''[[Mein Kampf]]''<ref name=HA31/>. Au cours de son procès à Jérusalem, il déclare : {{Citation|Le programme du parti n'avait pas d'importance. On savait à quoi l'on souscrivait<ref>H. Arendt, {{opcit}}, chap. III, cité {{p.}}108-109 dans l'éd. Gallimard, 2002.</ref>.}}
Au [[printemps]] [[1933]], alors qu'[[Adolf Hitler|Hitler]] a obtenu en mars les [[Loi allemande des pleins pouvoirs de 1933|pleins pouvoirs]], première étape de la « mise au pas » (''[[Gleichschaltung]]'') du pays, sa famille n'ayant pas abandonné la nationalité allemande, il retourne en Allemagne. Il demande son intégration à plein temps dans la SS, qui est acceptée. En {{date-|novembre 1933}}, il est promu
En 1934, il choisit de faire carrière dans la SS et demande son transfert dans le [[Sicherheitsdienst]] (SD), alors dirigé par [[Reinhard Heydrich]]. Service de renseignement de la SS, le SD avait pour objectif initial d'effectuer du renseignement et du « contre-espionnage » dans les rangs du [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|NSDAP]]. Selon son témoignage lors de son procès, il croit en fait rejoindre le service de sécurité du ''[[Reichsführer-SS|Reichsführer]]'', c'est-à-dire l'équipe des gardes du corps des hauts dignitaires nazis, plutôt que le Service de sécurité du Reich<ref name="HAIII">Hannah Arendt, {{opcit}}, {{p.}}36-37 (éd. Penguin Classics, 1992), chap. III, ({{p.}}97 sq. éd. Gallimard, 2002).</ref>.
Il y est effectivement transféré en novembre et est promu ''[[Oberscharführer]]''
Au bout de quatre ou cinq mois, il est transféré au département du SD chargé des {{Citation|[[Judenberater|affaires juives]]<ref name=HAIII/>}}. Il réussit à être assigné au centre de commandement du [[Sicherheitsdienst]] (SD), à [[Berlin]], où il est rapidement remarqué par ses supérieurs qui le promeuvent au rang de SS-''[[Hauptscharführer]]'' en 1935 puis à celui de SS-''[[Untersturmführer]]''
Entretemps, il épouse Vera Liebl (1909-1993) le {{date-|21|mars|1935}}. Le couple a quatre fils, Klaus (Berlin, 1936-2015), Horst Adolf (Vienne, 1940-2015), Dieter Helmut (né en 1942 à [[Prague]]) et [[Ricardo Eichmann|Ricardo Francisco]] (né en [[1955]] à [[Buenos Aires]]) ; ce dernier, archéologue, a dénoncé les crimes de son père<ref>[https://www.liberation.fr/planete/1995/06/20/ricardo-eichmann-pour-la-premiere-fois-ce-professeur-de-tubingen-a-accepte-de-parler-ouvertement-de-_137060 ''Libération'' 20 juin 1995]</ref>.
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Après l’[[Anschluss]] ({{date-|mars 1938}}), Eichmann est envoyé à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], à la section du SD établie dans la ville et reçoit l'ordre de prendre la responsabilité des affaires juives<ref>{{Ouvrage |prénom1=David |nom1=Cesarini |titre=Adolf Eichmann |lieu=Paris |éditeur=Tallandier |année=2010 |isbn=978-2-847-34484-4}}, {{p.|87}}.</ref> et d'organiser l'expulsion des Juifs d'Autriche (dite « émigration forcée »)<ref name="HAAut">H. Arendt, {{opcit}}, chap. III ({{p.}}109-112 dans l'éd. Gallimard, 2002).</ref>. À ce poste, il est promu SS-''[[Obersturmführer]]'' (lieutenant).
À la fin de la même année, marquée par la [[nuit de Cristal]] (à laquelle il aurait participé d'après [[Benjamin Murmelstein]]<ref>''[[Le Dernier des injustes]]'', film documentaire réalisé par [[Claude Lanzmann]], 2013.</ref>), il est désigné par le commandement SS pour former le ''Zentralstelle für jüdische Auswanderung'', le « [[Bureau central pour l'émigration juive]] », chargé de l'expulsion. En huit mois, {{Unité|45000 Juifs}} sont expulsés par son action<ref name=HAAut/> ; en dix-huit mois, il arrive au nombre de {{Unité|150000 Juifs}} expulsés, soit 60 % de la population juive autrichienne<ref name=HAAut/>. Il est assisté dans cette tâche par l'avocat {{lien|lang=de|Erich Rajakowitsch}}, qui a l'idée de monter un « fonds d'émigration » alimenté par les Juifs les plus aisés afin de permettre aux plus pauvres de payer leur expulsion<ref name=HAAut/>. L'une des premières mesures d'Eichmann est de libérer les notables juifs, pour la plupart internés dans des camps, afin ensuite de les convaincre de collaborer à l'organisation de cette expulsion massive<ref name=HAAut/>. Il organise également le montage des différents
À la suite d'une réunion en {{date-|septembre 1939}} où Heydrich prône la création d'une réserve juive aux confins du Reich, Eichmann reçoit le {{date-|6 octobre 1939-}} l'accord<ref>Selon Christopher Browning, accord surinterprété par Eichmann. Il se serait agi d'un vague accord sans ordre de mission précis.</ref> d'[[Heinrich Müller]], chef de la Gestapo, de déporter au-delà de la [[Vistule]] quelque {{Unité|80000 Juifs}} du territoire annexé de [[Province de Haute-Silésie|Haute-Silésie]] orientale. Le {{date-|15 octobre 1939-}}, il trouve l'endroit où installer le camp, le village de [[Nisko]] près de [[Lublin]]. Le {{date-|17 octobre 1939-}}, le premier convoi part pour Nisko. En tout près de {{Unité|5000 Juifs}} de Vienne, du protectorat et de Haute-Silésie orientale seront expulsés vers Nisko. Mais le plan ''Nisko'' est stoppé fin {{date-|octobre 1939}} par [[Heinrich Himmler|Himmler]] qui le juge peu compatible avec sa priorité de réinstaller les ''[[Volksdeutsche]]''<ref>{{Ouvrage |prénom1=Christopher |nom1=Browning |traducteur=Jacqueline Carnaud et Bernard Frumer |titre=Les origines de la solution finale : l'évolution de la politique antijuive des nazis, septembre 1939-mars 1942 |lieu=Paris |éditeur=Les Belles Lettres Éd. du Seuil |collection=Histoire |année=2009 |pages totales=631 |isbn=978-2-757-80970-9 |oclc=937777483}}, {{p.|88-101}}.</ref> dans les territoires nouvellement conquis par le Reich.
=== Seconde Guerre mondiale ===
Au début de la [[Seconde Guerre mondiale]], Eichmann est promu SS-''[[Hauptsturmführer]]''
[[Image:WP Adolf Eichmann 1942 (extracted file).jpg|vignette|200px|Adolf Eichmann en uniforme SS en 1942]]
Eichmann retourne à Berlin en [[1939]], après la formation du « Bureau central de sécurité du Reich » ([[Reichssicherheitshauptamt|RSHA]]) qui unit sous une seule administration les différents services de police et de renseignement ([[Sicherheitsdienst|SD]], [[Gestapo]], etc.). En {{date-|décembre 1939}}, il est désigné à la tête du RSHA ''Referat IV B4'', le service du RSHA qui s'occupe des {{Citation|[[Judenberater|affaires juives et de l'évacuation]]}} avec [[Rolf Günther]] et [[Friedrich Suhr]], chefs des deux sous-sections « évacuations » et « législation ». En {{date-|août 1940}}, il rédige le [[plan Madagascar|plan ''Madagascar'']] (''Reichssicherheitshauptamt'' : ''Madagaskar Projekt'') qui prévoit la déportation de l'ensemble de la population juive d'Europe occidentale dans la colonie française de [[Madagascar]]. Promu SS-''[[Sturmbannführer]]''
En [[1942]], [[Reinhard Heydrich]] convoque Eichmann à la [[conférence de Wannsee]] (où
Son travail est remarqué et, en [[1944]], il est nommé en [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]] pour organiser la déportation au départ de ce pays vers les camps de la mort : il envoie {{formatnum:450000}} des {{Unité|800000 Juifs}} hongrois dans les [[chambre à gaz|chambres à gaz]]. À l'{{Nobr|été 1944}}, il négocie avec [[Rudolf Kastner]], responsable d'une petite organisation juive, et permet le départ vers la Suisse d'un peu plus d'un millier de Juifs ({{formatnum:1684}} sur {{Unité|450000 Juifs}} hongrois envoyés par lui dans les camps). En 1960, il prétend dans le magazine ''[[Life]]'' que Kastner {{Citation|avait accepté de faire tout son possible pour que les Juifs n'opposent aucune résistance à leur déportation, et même qu'ils se comportent correctement dans les camps de regroupement, si je fermais les yeux et laissais quelques centaines ou quelques milliers de jeunes Juifs émigrer vers la [[Palestine]]. C'était une bonne affaire<ref>Seán Mac Mathúna, [http://www.fantompowa.net/Flame/arendt.htm « Hannah Arrendt (sic) on Kastner and the fate of Hungary's Jews »]. Voir aussi directement H. Arendt, {{opcit}}, chap. III, {{p.}}106-107 dans l'éd. Gallimard, 2002.</ref>.}}
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