Stanislas Joseph François Xavier Rovère
Joseph Stanislas François Xavier Alexis Rovère de Fontvielle, né le à Bonnieux (Vaucluse), mort le à Sinnamary (Guyane), est un général et homme politique de la Révolution française.
Joseph Stanislas François Xavier Alexis Rovère de Fontvielle | ||
Joseph-Stanislas Rovère (Album du Centenaire) | ||
Naissance | Bonnieux (Vaucluse) |
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Décès | (à 50 ans) Sinnamary, France |
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Origine | France | |
Arme | Cavalerie | |
Grade | Général de brigade | |
Années de service | 1772 – 1798 | |
Autres fonctions | Député du Vaucluse Député des Bouches-du-Rhône |
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Premier député du Vaucluse à la Convention, représentant montagnard en mission à Lyon et dans le Vaucluse, député royaliste au Conseil des Anciens, il sera victime du Coup d'État du 18 fructidor an V et déporté en Guyane.
Son frère, Siméon Rovère, docteur en théologie et grand vicaire d'Apt, né et mort à Bonnieux, a été élu évêque du Vaucluse en .
Avant la Révolution
modifierFils d'un aubergiste qui a réalisé une fortune assez considérable, il reçoit une instruction étendue et cherche de bonne heure à se pousser dans la société aristocratique, mais son origine roturière le gêne, et il se fait composer à Avignon une généalogie de complaisance, au moyen de laquelle il peut joindre le titre de « marquis de Fontvielle » à ceux de « seigneur de la Ramide et du Villars-lès-Gap », et se prétend descendant d'une illustre famille italienne, les della Rovere.
Il entre en service en 1772, dans la compagnie des mousquetaires du roi, et il devient capitaine commandant des gardes suisses du légat du pape à Avignon. Malgré son riche mariage, il est obligé de revendre son commandement, à cause de son train de vie dispendieux.
Sous la Révolution
modifierRovère est candidat de la noblesse de Provence aux États généraux de 1789 mais n'est pas élu. Il dirige, avec Patrix et Mathieu Jouve Jourdan dit «Jourdan Coupe-Tête », les bandes qui infestent le Comtat Venaissin ; le massacre de la Glacière d'Avignon (16-) trouve en lui un audacieux apologiste, et c'est grâce à ses démarches et à son intervention auprès de l'Assemblée nationale le , que les assassins doivent l'amnistie qui leur est accordée le , d'où son surnom de « portier de la Glacière »[1].
L'Assemblée législative
modifierIl est élu le à l'Assemblée législative par le district de Carpentras, ancien Comtat Venaissin rattaché alors au département de la Drôme.
La Convention
modifierUn peu plus d’un mois après le , il est élu à la Convention cette fois par le district d’Avignon rattaché alors au département des Bouches-du-Rhône [2]. Il intervient avec Agricol Moureau, nouveau procureur de la commune d'Avignon, pour obtenir la création d'un 87e département français qui porterait le nom de Vaucluse. Les deux hommes obtiennent gain de cause le : un décret réunit les districts d'Apt, Avignon, Carpentras et Orange[3]. Il est affecté au nouveau département dont il devient le premier député. À la Convention, Rovère siège à la Montagne et vote la mort au procès de Louis XVI.
En , il est envoyé comme représentant en mission, avec Basire et Legendre, à Lyon. Les trois représentants vont imposer à l’hôtel de ville Antoine-Marie Bertrand, un ami de Chalier, chassé le , dresser des listes de proscription et décider un impôt forcé de six millions quand éclate l’insurrection du .
Il est nommé chef de brigade le , au 14e régiment de chasseurs à cheval, et le il est choisi comme représentant du peuple en mission dans les Bouches-du-Rhône avec Poultier. Peu après, il achète le couvent des Célestins de Sorgues, près d’Avignon [4]. À la fin de l’année, des plaintes arrivent au Comité de salut public, l’accusant de diriger les bandes noires organisées pour le pillage des biens nationaux et de s’enrichir à l’abri de ses fonctions. Robespierre le fait rappeler[5].
Dès lors, son nom figure avec d’autres représentants en mission rappelés (Barras, Tallien, Fréron, Fouché, etc.) sur les listes de députés destinés à être livrés prochainement au Tribunal révolutionnaire et que font circuler dans les milieux intéressées, à la veille du 9 thermidor, les opposants à Robespierre. Il n’intervient pas dans les débats du 8 et 9 thermidor à la Convention mais, dans la nuit du 9 au 10, lorsque la Convention nomme Barras pour commander la force armée, il est l’un des sept membres qu’elle lui adjoint et il l'aide efficacement lors des opérations contre l’Hôtel de ville où s’est réfugié Robespierre.
Après le 9 thermidor, à la Convention qu’il préside du au , il se signale avec Fréron par ses attaques, contre les Jacobins et l’ancien gouvernement révolutionnaire et vire au royalisme. Il est promu général de brigade le , à l’armée des Alpes.
Compromis dans l'Insurrection des royalistes du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), il est un moment arrêté, le , comme l'un des promoteurs de l'insurrection.
Le Directoire
modifierLa Convention se sépare le . Anticipant une poussée contre-révolutionnaire aux élections, les conventionnels se sont réservés par décret les deux-tiers des sièges des nouvelles assemblées. Rovere est élu dans le nouveau tiers avec une forte majorité de royalistes et va siéger au Conseil des Anciens. Rovere est alors partisan d’une monarchie constitutionnelle, comme d’autres anciens conventionnels ayant participé à la chute de Robespierre (Boissy d’Anglas, Durand-Maillane). Il fait partie du Club de Clichy, dont les membres se réunissent rue de Clichy dans l’hôtel de Bertin.
Le , il achète au citoyen Sade le château de La Coste, qui fait face à Bonnieux, son village natal.
Aux élections du pour le renouvellement d’un tiers des membres des deux conseils, la poussée royaliste se confirme. Le conflit entre le Directoire et les Conseils va se résoudre par le Coup d'État du 18 fructidor an V (). 42 membres des Cinq-Cents et 11 députés des Anciens, dont Rovere, plus le Directeur Barthélemy et le Président du Conseil des Anciens, André-Daniel Laffon de Ladebat, sont déportés sans jugement.
Rovere est envoyé avec les autres détenus à Rochefort dans des chariots grillagés puis embarqués pour la Guyane. À Sinnamary, il tombe malade et demande alors à pouvoir s'installer à Cayenne. Après plusieurs refus, il est finalement autorisé à se rendre à Cayenne. Fortement affaibli et incapable de marcher, il est embarqué accompagné de l'abbé Brottier à bord d'une goélette. Pour des raisons de mauvaise mer, le bateau doit faire demi-tour pour retourner à Sinnamary où il meurt le [6].
Il a épousé en secondes noces Mme d'Agoult, épouse divorcée d'un émigré. Elle s'est embarquée pour aller le rejoindre et apprend sa mort en arrivant à Cayenne. Le couple a un fils, Jules, qui devient un illusionniste assez célèbre.
Notes et références
modifier- « Lettres inédites de J.-S. Rovère, membre du conseil des Anciens, à son frère Simon-Stylite, ex-évêque constitutionnel du département de Vaucluse », Revue des questions historiques, volume 91, Librairie de Victor Palmé, 1912, p. 312.
- Liste des députés du département Bouches-du-Rhône
- Marc Maynègre, Agricol Moureau in De la Porte Limbert au Portail Peint, histoire et anecdotes d’un vieux quartier d’Avignon, Sorgues, 1991, p. 192.
- Robert Bailly, Dictionnaire des communes du Vaucluse, Éd. A. Barthélemy, Avignon, 1986, p. 413.
- on trouve dans le carnet de Robespierre la mention : « Représentans à rappeler : Boursault, Réraut, Rovère » (Albert Mathiez, Études sur Robespierre, Le carnet de Robespierre, Éditions Sociales, 1973, p. 226)
- Histoire du Bagne de Guyane
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Victorin Laval Lettres inédites de J. S. Rovère, membre du Conseil des Anciens, à son frère Siméon-Stylite, ex-évêque constitutionnel de Vaucluse, Éd. Champion, Paris, 1908
- Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. –, Paris, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », , [détail des éditions] (ISBN 978-2-221-08850-0)
- Philippe de Ladebat : Seuls les morts ne reviennent jamais : les pionniers de la guillotine sèche en Guyane française sous le Directoire Éditions Amalthée, Nantes, 2008 [1]
- André-Daniel Laffon de Ladebat : Journal de déportation et discours politiques, EDILIVRE, Paris, 2009 [2]
- (en) « Generals Who Served in the French Army during the Period 1789 - 1814: Eberle to Exelmans »
- Docteur Robinet, Jean-François Eugène et J. Le Chapelain, Dictionnaire historique et biographique de la révolution et de l'empire, 1789-1815, volume 2, Librairie Historique de la révolution et de l’empire, 886 p. (lire en ligne), p. 716.
- Étienne Charavay, Correspondance général de Carnot, tome 3, imprimerie Nationale, , p. 155.
- (pl) « Napoléon.org.pl »
- « Stanislas Joseph François Xavier Rovère », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :