Statues-menhirs du groupe provençal
Les statues-menhirs du groupe provençal sont un ensemble d'une cinquantaine de petites stèles anthropomorphes, datées du Néolithique, assimilées à des statues-menhirs, qui doivent leur nom à leur découverte dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence.
Historique
modifierUn premier ensemble de huit stèles est découvert en 1838 à la Puagère dans le quartier du vieux Sénas désormais conservé au musée Calvet d'Avignon, puis un second ensemble en 1870 à la Bastidonne à Trets, désormais conservé au Musée d'Archéologie nationale. A ce jour, le groupe provençal comprend une cinquantaine de petites stèles[1].
Description
modifierIl s'agit de petites stèles, les deux exemplaires entiers mesurent de 0,26 à 0,46 m (les autres ont été découvertes fragmentées), ne comportant que la représentation d'un visage, pour lesquelles la qualification de statue-menhir paraît un peu excessive[2]. À la suite des travaux de Sylvain Gagnière, on les classent dans trois groupes différents : le groupe dit « venaissin » ou « stèles à cupules », le groupe dit « des stèles à décor de chevrons » et le groupe dit « des stèles lisses à décor peint » ou « stèles de type Château Blanc »[2],[3],[1].
Le groupe « venaissin » comporte des stèles découvertes dans le Vaucluse (Avignon, L'Isle-sur-la-Sorgue) et les Alpes-de-Haute-Provence. Ces stèles sont de petite taille de 0,25 à 0,45 m de hauteur, en forme de borne avec un sommet arrondi et une base plane permettant de les poser au sol. Le décor est disposé en arc de cercle. La figure anthropomorphe est très schématisée, avec des sourcils arrondis, des yeux traités en creux, mais sans décoration, et systématiquement associée avec des cupules disposées sur les différentes faces de la stèle[3],[1]. Elles sont sculptées dans des blocs de molasse calcaire. Ces stèles comportent des éléments comparables au groupe languedocien dont elles constitueraient une extension orientale[1].
Le groupe « des stèles à décor de chevrons » semble lié au bassin de la Durance[2]. Il comporte des stèles légèrement plus hautes (0,25 à 0,45 m) que celles du groupe venaissin avec un large sommet horizontal et une extrémité inférieure destinée à être plantée dans le sol. Les motifs du décor sont rectilignes (hachures), géométriques (chevrons) et les cupules inexistantes[1]. Le visage, rectangulaire, est dessiné en creux avec un bloc nez-sourcils en relief et des yeux en relief (Cavaillon, Puyvert n°1 et n°2) ou en creux (Font de Malte). Il est entouré de motifs gravés très fins et soignés (Puyvert n°1 et n°2, Font de Malte) ou plus sommaires (Sénas, Mont Sauvy) parfois interprétés comme une représentation des cheveux. Les traits du visage sont parfois très abstraits (Trets) et dans certains cas ils étaient probablement uniquement peints, avec la disparition de la peinture, il n'en demeure que des stèles aniconiques qui n'ont pu être identifiées que par le travail de préparation de la pierre (Château-Blanc, L'Ubac)[3]. La pierre, un calcaire dur à grain fin, n'est sculptée que sur une seule face[1].
Le groupe dit « des stèles lisses à décor peint » comprend sept stèles découvertes à Château Blanc (Ventabren), les deux stèles découvertes dans le dolmen de l'Ubac et deux stèles découvertes en réemploi dans le dolmen du Pouget. Elles ne comportent pas de décor gravé, mais soigneusement préparées, elles portent des traces de pigment rouge (bauxite à Château Blanc)[1].
Ces stèles ont toutes été découvertes dans un contexte archéologique funéraire. Elles sont attribuées au Néolithique récent (entre 3600 et 3300 avant J.-C.) mais leur utilisation primaire dans un contexte différent avec remploi funéraire ultérieur n'est pas exclu[3].
Galerie
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Stèle de Lauris, du type « décor à chevrons ».
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Stèle du rocher des Doms, du type « venaissin ».
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Stèle au musée préhistorique de Quinson, du type « venaissin ».
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Stèle au musée préhistorique de Quinson, du type « venaissin ».
Notes et références
modifier- d'Anna et al. 2015, p. 773-774.
- d'Anna, Gutherz et Jallot 1995.
- d'Anna 2002.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- André d'Anna, « Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Âge de Bronze », dans Statues-menhirs, des énigmes de pierre venues du fin des âges, Vérone, Éditions du Rouergue, , 222 p. (ISBN 978-2-8126-0348-8), p. 165-166
- André d'Anna, « A propos des stèles de Lauris-Puyvert (Vaucluse) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 72, no 6, , p. 191-192 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.1975.8374, lire en ligne)
- André d'Anna, Christiane Bosansky, Ludovic Bellot-Gourlet, François-Xavier Le Bourdonnec, Jean-Louis Guendon, Adrien Reggio et Stéphane Regnault, « Les stèles gravées néolithiques de Beyssan à Gargas (Vaucluse) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 112, no 4, , p. 761-768 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.2015.14599, lire en ligne)
- André d'Anna, Xavier Gutherz et Luc Jallot, « Les stèles anthropomorphes et les statues-menhirs néolithiques du sud de la France », dans Notizie archeologiche bergomensi, vol. 3 : Statue-stele e massi incisi nell'Europa dell'età del rame, Civico Museo Archeologico di Bergamo, , p. 143-165
- André d'Anna, Nathalie Lazard-Dhollande et Olivier Lemercier, « Une stèle anthropomorphe néolithique trouvée près de Cavaillon (Vaucluse) acquise par le musée des Antiquités Nationales », Antiquités nationales, no 29, , p. 21-26
- André d'Anna et Maurice Pezet, « Une nouvelle stèle anthropomorphe découverte à Orgon (Bouches-du-Rhône) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 72, no 7, , p. 218-219 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.1975.8378, lire en ligne)
- Christiane Bosansky et André d'Anna, « Deux nouvelles stèles néolithiques en Provence : Beyssan à Gargas (Vaucluse) », Bulletin de la société préhistorique française, vol. 112, no 1, , p. 145-47 (lire en ligne)
- Sylvain Gagnière et Jacky Granier, « Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon », Gallia préhistoire, vol. 6, no 1, , p. 31-62 (DOI https://doi.org/10.3406/galip.1963.1221, lire en ligne)
- Sylvain Gagnière et Jacky Granier, « Nouvelles stèles anthropomorphes chalcolithiques de la vallée de la Durance », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 64, no 3, , p. 699-706 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.1967.4136, lire en ligne)
- Anne Hasler, « Les stèles de la nécropole tumulaire néolithique de Château Blanc (Ventabren, Bouches-du-Rhône) », dans Actes du 2e colloque international sur la statuaire mégalithique. Saint-Pons de Thomières, septembre 1997, (lire en ligne), p. 105-112
- Gérard Sauzade, « Découverte au village du Beaucet (Vaucluse) d'une nouvelle stèle anthropomorphe à chevrons du néolithique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 84, no 6, , p. 172-176 (lire en ligne)
- Philippe Walter, Catherine Louboutin et Anne Hasler, « Les stèles anthropomorphes de la Bastidonne, Trets (Bouches-du-Rhône) et l’usage de la couleur sur les stèles provençales de la fin du Néolithique », Antiquités nationales, no 29, , p. 28-33 (lire en ligne)