Suttonella ornithocola

Suttonella ornithocola est une bactérie aérobie, gram-négative en forme de bâtonnet de la famille des cardiobactéries[2]. Elle est le déclencheur d'une pneumonie bactérienne évoluant vers une nécrose pulmonaire, chez divers oiseaux chanteurs de la famille des mésanges. Elle a depuis le début des années 2000 été identifiée comme la cause de la mort massive de mésanges bleues en Europe centrale puis de l'ouest.


Caractéristiques modifier

Suttonella ornithocola est une bactérie gram-négative en forme de bâtonnet aérobie. Les cellules sont immobiles, non encapsulées et non sporulées. Les colonies formées sur gélose au sang sont uniformément rondes, légèrement convexes, translucides et d'un gris légèrement chatoyant[3].

Les bactéries ont été cultivées sur une columbia au sang avec du sang de mouton dans une atmosphère aérobie avec un ajout de 5% de dioxyde de carbone. Les bactéries hémolytiques ont formé des colonies d'un diamètre d'environ 2 à 3 millimètres sur le substrat en 48 heures. En outre, il a été démontré qu'elles se développent à différentes températures (25 °C, 37 °C, 42 °C) ainsi que dans des conditions aérobies et anaérobies sur différents substrats[3].

Pathologie modifier

Suttonella ornithocola a été identifiée comme l'agent causal d'une pneumonie chez les mésanges et la cause de plusieurs décès massifs d'oiseaux.

Symptômes modifier

Les oiseaux malades deviennent apathiques et ne sont plus capable de manger. Ils se posent au sol et ne cherche plus à s’enfuir si quelqu'un s'approche, puis tombent sur le côté, les yeux fermés et finissent par mourir. Des symptômes respiratoires sont souvent manifestes, parfois avec une perte de plumes sur la tête, les yeux fermés xxxc.

Écoépidémiologie modifier

Suttonella ornithocola a été découverte et identifiée après que de nombreux oiseaux chanteurs, principalement des mésanges bleues mâles, soient morts entre l'hiver 1995 et le printemps 1996 à cause d'une infection inconnue jusqu'alors.

Comme elles étaient les seules bactéries importantes qui ont pu être trouvées, elles ont été identifiées comme le déclencheur de la maladie[3],[4]. Elles sont donc des déclencheurs de pneumonie et, d'après les résultats histologiques, elles ont été trouvées principalement sur des sujets présentant une nécrose pulmonaire aiguë[5].

Ces études ont également démontré que l'infection par Suttonella ornithocola est endémique dans les populations d'oiseaux britanniques et qu'elle atteint son pic saisonnier au début du printemps[6]. En , la bactérie a également été à l'origine d'une épidémie parmi les mésanges de l'ouest de l'Allemagne[7].

En 2020, les pays touchés sont en Europe au moins l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne et la France ; au Luxembourg, l’association natur&ëmwelt a lancé un appel à la population pour qu'on lui signale les cas observés ; elle a reçu en mars-avril-, 228 notifications relatives à 371 mésanges bleues observées malades ou déjà mortes, souvent autour de nichoirs ce qui laisse penser que la maladie est significativement contagieuse entre mésanges. Selon les autorités luxembourgeoises (ministères de l'Agriculture et de l'Environnement), ce microbe n'affecte que la famille des mésanges et non d’autres espèces d’oiseaux et il ne s'agit pas d'une zoonose (il n'infecte pas l’être humain)[8],[9].

Taxonomie modifier

La bactérie Suttonella ornithocola a été isolée du tissu pulmonaire de diverses mésanges mortes, à savoir la mésange bleue (Cyanistes caeruleus), la mésange charbonnière (Parus major) et la mésange à longue queue (Aegithalos caudatus), et a été identifiée comme une espèce distincte des cardiobactéries au sein des protéobactéries en 2005 sur la base de caractéristiques morphologiques, biologiques moléculaires et biochimiques. La bactérie Suttonella indologenes, également présente chez les oiseaux, a été identifiée comme l'espèce apparentée la plus proche, avec environ 5% de différence dans les séquences de gènes considérées. La souche B6/99/2T (=CCUG 49457T=NCTC 13337T) a été spécifiée comme le type pour cette nouvelle espèce[3].

voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Dewhirst FE, Paster BJ (2005b) Genus III. Suttonella Dewhirst, Paster, La Fontain and Rood 1990, 429VP. In: Brenner DJ, Krieg NR, Staley JT, Garrity GM (eds) Bergey’s manual of systematic bacteriology, vol 2, 2nd edn, The Proteobacteria, Part B, The Gammaproteobacteria. Springer, New York, pp 130–131
  • Dewhirst FE, Paster BJ, La Fontaine S, Rood JI (1990) Transfer of Kingella indologenes (Snell and Lapage 1976) to the Genus Suttonella gen. nov. as Suttonella gen. nov. as Suttonella indologenes comb. nov.; transfer of Bacteroides nodosus (Beveridge 1941) to the genus Dichelobacter gen. nov. as Dichelobacter nodosus comb. nov.; and assignment of the genera Cardiobacterium, Dichelobacter, and Suttonella to Cardiobacteriaceae fam. Nov. in the Gamma Division of Proteobacteria on the basis of 16S rRNA sequence comparisons. Int J Syst Bacteriol 40:426–433
  • Foster G, Malnick H, Lawson PA, Kirkwood J, MacGregor SK, Collins MD (2005) Suttonella ornithocola sp. nov., from birds of the tit families, and emended description of the genus Suttonella. Int J Syst Evol Microbiol 55:2269–2272

Références modifier

  1. Foster G, Malnick H, Lawson PA, Kirkwood J, MacGregor SK, Collins MD (2005) Suttonella ornithocola sp. nov., from birds of the tit families, and emended description of the genus Suttonella. Int J Syst Evol Microbiol 55:2269–2272
  2. Edward R.B Moore, Sashka A. Mihaylova & Margarita Gomila (2014) 7 The Family Cardiobacteriaceae, in The Prokaryotes pp 135-146.
  3. a b c et d Geoffrey Foster, Henry Malnick, Paul A. Lawson, James Kirkwood, Shaheed K. MacGregor, Matthew D. Collins: Suttonella ornithocola sp. nov., from birds of the tit families, and emended description of the genus Suttonella. In: International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, Band 55, Nr. 6, 2005; S. 2269–2272. DOI:10.1099/ijs.0.63681-0.
  4. J. K. Kirkwood, S. K. Macgregor, H. Malnick, G. Foster: Unusual mortality incidents in tit species (family Paridae) associated with the novel bacterium Suttonella ornithocola. Veterinary Record 158, 2006; S. 203–205.
  5. Becki Lawson, Henry Malnick, Tom W. Pennycott, Shaheed K. Macgregor, Shinto K. John, Gwen Duncan, Laura A. Hughes, Julian Chantrey, Andrew A. Cunninghama: Acute necrotising pneumonitis associated with Suttonella ornithocola infection in tits (Paridae). The Veterinary Journal 188 (1), April 2011; S. 96–100. doi:10.1016/j.tvjl.2010.03.010
  6. Gabriela Peniche, Julia Rodriguez-Ramos Fernandez, Chris Durrant, Shinto K. John, Shaheed K. Macgregor, Andrew A. Cunningham, Becki Lawson: Nested PCR for Suttonella ornithocola reveals widespread infection in British Paridae species. In: European Journal of Wildlife Research, Band 63, Mai 2017; 50. DOI:10.1007/s10344-017-1105-6.
  7. Tödlicher Erreger rafft Blaumeisen in Deutschland dahin, Der Standard, 27 avril 2020.
  8. « Au Luxembourg - Des dizaines d'oiseaux retrouvés sans vie », sur Au Luxembourg - Des dizaines d'oiseaux retrouvés sans vie (consulté le )
  9. « Explications Mortalité des Mésanges Bleues - Update », sur natur&ëmwelt, (consulté le )