Taj Saltaneh
Taj Saltaneh Khatoun ( - ) Bshkounah est la fille de Nasseredin Shah et la sœur de Mozaffaredin Shah, tous deux Shah d'Iran. Elle a été une des femmes les plus progressistes de son époque. Elle a écrit Khaterāt-e Taj Saltaneh (« Les mémoires de Taj Saltaneh »), autobiographie dans laquelle elle révèle les conditions de vie déplorables des femmes iraniennes.
Biographie
modifierElle est née vers 1883, à Téhéran, membre de la dynastie kadjar, fille de Nasseredin Shah, Shah d’Iran. Elle n’a pu suivre pendant son enfance qu’une année d’enseignement, l’instruction donnée aux jeunes filles étant assez réduite. Elle est mariée, très jeune, alors qu’elle n’a que 14 ans, comme il est alors d’usage. Ne voulant pas se contenter du peu d’éducation qu’elle a pu recevoir, elle s’initie à la littérature persane, arabe et française, à l’histoire, à la philosophie, et aux arts (musique et peinture)[1],[2].
Son père, dont elle était la fille préférée, est assassiné en 1896, quelques années avant ce mariage qui lui est imposé. Le pouvoir revient à son demi-frère, Mozaffaredin Shah qui ne l’apprécie pas. Elle critique ouvertement ses choix politiques et son despotisme. Passionnée par la philosophie des Lumières et la Révolution Française, elle prédit un soulèvement en Iran. Mozaffaredin Shah meurt début , alors que les protestations contre son régime s’intensifient dans le pays. C’est le mouvement appelé révolution constitutionnelle persane de 1905 à 1911[1]. Cette révolution a pour conséquence la fondation d'un parlement en Iran. Elle se prolonge par le Mouvement constitutionnaliste du Gilan, rébellion qui ne se termine qu’en 1921. Finalement la dynastie kadjar est balayée en 1925 par un militaire, Rezâ Pahlavi, aidé par les Anglais.
Elle meurt à Téhéran le , laissant un journal autobiographique, rédigé sous la forme d’une longue lettre[2], important à la fois comme document historique et comme œuvre littéraire[1]. Le voile y est le symbole de l’infériorisation des femmes[2]. Ses mémoires reprennent ainsi ses observations, durant un voyage à Tabriz, sur les femmes vivant et travaillant dévoilées sans que ceci n'encourage une prostitution. Elle y décrit aussi de façon très ouverte sa vie intime, ainsi que le fonctionnement du harem royal. Cette autobiographie lui permet également d'affirmer ses idées, et ses convictions favorables à la mise en place d'un cadre constitutionnel, le mashrouteh : « D’où vient le progrès ? De la Loi. Quand est-ce que la Loi peut s’appliquer ? Dès le moment où le despotisme prend fin. La mashrouteh est donc mieux que le despotisme. »[2]
Principale publication
modifier- Khaterāt-e Taj Saltaneh (« Les mémoires de Taj Saltaneh »), Téhéran, Nashré Tarikh Moasser, 1982.
Références
modifier- Anvar 2013, p. 4195.
- Chafiq-Beski 2011.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Shireen Mahdavi, « Taj al-Saltaneh, an Emancipated Qajar Princess », Middle Eastern Studies, vol. 23, no 2, , p. 188-193 (lire en ligne).
- (en) Afsaneh Najmabadi et William L. Hanaway, Women's Autobiographies in Contemporary Iran, Harvard CMES, , 78 p. (lire en ligne), « A Different Voice : Taj – os-Saltaneh », p. 17-31.
- (en) Lois Beck et Guity Nashat, Women in Iran from 1800 to the Islamic Republic, University of Illinois Press, , 288 p. (lire en ligne), p. 9, 15-17, 52-53, 76-84.
- Chahla Chafiq-Beski, Islam politique, sexe et genre, Presses universitaires de France, coll. « Partage du savoir », (lire en ligne), « Le voile des femmes, miroir magique de la modernité mutilée »
- Leili Anvar, « Tâj ol-Saltaneh [Téhéran 1884 – id. 1936] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 4195.
Webographie
modifier- (en) « Children of Nasser-ed-Din Shah Qajar (Kadjar) », sur qajarpages.org.
- (en) Massoume Price, « Historically significant women in Iran and the neighboring areas », sur payvand.com, .