Take Five
Take Five est une composition du saxophoniste Paul Desmond écrite en 1959 pour l'album Time Out du quartet de Dave Brubeck.
Sortie | |
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Enregistré |
CBS 30th Street Studio, New York |
Durée | 5:24 |
Genre | Cool jazz, Musique expérimentale |
Compositeur | Paul Desmond |
Producteur | Teo Macero |
Label | Columbia Records |
Pistes de Time Out
Le titre vient d'un jeu de mots sur l'expression anglaise « take five », qui peut signifier « pause de cinq minutes »[1] ou encore « cinquième prise (enregistrement) ». Il souligne la mesure à cinq temps (cinq noires par mesure, ou
choisi pour ce morceau : le chiffre 5 indique le nombre de temps par mesure, soit 5, et le chiffre 4 indique l'unité de mesure du temps, soit la noire), rarissime dans le jazz des années 1950, et dans la musique en général. Plus simplement, il désigne alors cette écriture musicale établie sur une mesure à cinq temps. A noter que Joe Morello est à l'origine de ce morceau : il demanda à Paul Desmond de composer un morceau sur le rythme qu'il jouait.
Take Five est présent dans la sixième édition du Real Book.
Paul Desmond et le Dave Brubeck Quartet
modifierLe Dave Brubeck Quartet a enregistré ce morceau, devenu l'emblème de sa formation, à de nombreuses reprises. Véritable tube à l'époque malgré sa métrique inhabituelle, le thème est devenu un standard de jazz. La partition originale de Desmond que joue le Dave Brubeck Quartet contient ainsi un thème et deux improvisations bien distinctes, jouées généralement par le saxophoniste, sans oublier le solo de batterie de Joe Morello. Paul Desmond a écrit ultérieurement un autre thème à cinq temps Take Ten. Dave Brubeck, quant à lui, a écrit et joué avec son quartet Far More Blue et Far More Drums (présents sur l'album Time Further Out), toujours à 5/4.
Droits d'auteur
modifierEn 1959, Paul Desmond aurait déclaré : « Quand j'ai écrit Take Five, je croyais que c'était un morceau à jeter à la poubelle, et après l'avoir édité, j'étais prêt à échanger l'intégralité des droits d'auteur de Take Five contre un rasoir électrique de marque Ronson de seconde main »[2].
Paul Desmond a donné tous les droits d'auteur à la Croix-Rouge[3],[4], ce qui représentait plus de six millions de dollars en 2012[2],[5],[6],[7].
Cellule rythmique
modifierStructure
modifierTake Five est joué en Mib mineur avec des mesures de 5/4 (4 noires et 2 doubles-croches entrecoupées de silences). Le morceau est décomposable en 10 parties distinctes[8],[9] :
Partie | Descriptif |
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Partie 1 | Intro : Batterie, piano et contrebasse installent le groove 5/4 avec l'ostinato de deux accords : Mibm - Sibm7 x8. |
Partie 2 | Section A : Mélodie au saxo de deux fois quatre mesures similaires. Mélodie : Ré-Mi-Mi-Si puis Ré-Mi-Si-Mi. |
Partie 3 | Section B : Pont musical au saxo de deux fois quatre mesures similaires. Mélodie : Do-Si-La-Sol puis Do-Si-La-Fa. |
Partie 4 | Section A' : Mélodie : Ré-Mi-Mi-Si puis Ré-Mi-Mi-Si. |
Partie 5 | Section solo 1 : Solo improvisé au saxo. |
Partie 6 | Section solo 2 : Solo improvisé à la batterie. |
Partie 7 | Section A' (Mélodie : Ré-Mi-Mi-Si x2) précédée de l'ostinato d'introduction (Mibm - Sibm7). |
Partie 8 | Section B : Mélodie : Do-Si-La-Sol puis Do-Si-La-Fa. |
Partie 9 | Section A : Mélodie : Ré-Mi-Mi-Si puis Ré-Mi-Si-Mi. |
Partie 10 | Conclusion : Mélodie Si-Si-Mi (Mi persistant comme note finale). |
La note la plus haute d'un certain nombre de motifs est fréquemment accentuée (Voir Section B sur la quinte et Section solo 1).
Reprises
modifierTake Five a été repris par de nombreux jazzmen tels que George Benson, qui en propose une version jazz-funk, et Quincy Jones, qui en a enregistré une version big band.
Des paroles ont même été écrites sur ce morceau, à l'origine créé pour quartet piano-saxophone-contrebasse-batterie. Elles sont notamment chantées par Al Jarreau et par Carmen McRae, accompagnée de Brubeck lui-même au piano.
Traversant les frontières du style jazz, le thème Take Five se retrouve dans la musique jamaïcaine avec des versions de King Tubby, du saxophoniste Val Bennett en reggae (sous le titre The Russians are Comming, première reprise jamaïcaine), de Derrick Morgan, de Rico Rodriguez, Jacob Miller, ou encore du deejay Dillinger.
Richard Anthony a produit une adaptation : "Ne boude pas" 1962 chez Columbia / Pathé-Marconi
Diffusion
modifierTake five est considéré comme le standard de jazz le plus diffusé dans le monde[réf. souhaitée].
Liste non exhaustive des reprises
modifier- 1962 : Monica Zetterlund (en suédois I New York)
- 1962 : Richard Anthony (en français Ne Boude pas)
- 1962 : Jacqueline François (en français Ne boude pas)
- 1963 : Antonio Diaz « Chocolaté » Mena (Eso Es Latin Jazz... Man!)
- 1963 : Quincy Jones (Take Five)
- 1963 : Davey Graham (The Guitar Player)
- 1968 : Val Bennett (The Russians Are Coming)
- 1973 : Chet Atkins
- 1974 : Augustus Pablo (Ital Dub, The Big Rip Off)
- 1974 : George Benson (Take Five)
- 1976 : King Tubby
- 1977 : Al Jarreau (Look To The Rainbow)
- 1978 : Jacob Miller (Standing Firm)
- 1985 : Tito Puente et George Shearing, LP Mambo Diablo (Take Five)
- 1986 : George Benson (Live from Montreux)
- 1991 : Acoustic Alchemy (Reference Point)
- 1992 : Grover Washington, Jr. (Take Five (Take Another Five))
- 1996 : The Specials (Take Five)
- 1997 : Aziza Mustafa Zadeh (Jazziza)
- 1999 : The String Cheese Incident (Carnival '99)
- 2002 : Rodrigo y Gabriela (Foc)
- 2002 : Plankton (Plankton)
- 2008 : New York Ska-Jazz Ensemble (Step Forward)
- 2009 : Bugge Wesseltoft (Playing)
- 2010 : Stevie Wonder (North Sea Jazz Festival)
- 2011 : Eliane Elias (Light My Fire)
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Take Five » (voir la liste des auteurs).
- En anglais familier : to take five minutes off.
- Denisa Kerschova, « Allegretto - Le programme musical de Denisa Kerschova : Le choix des auditeurs » [audio], France Musique, (consulté le ).
- Ted Gioia, The Jazz Standards: A Guide to the Repertoire, 27 septembre 2012.
- Gene Lees, Cats of Any Color: Jazz Black and White, 9 janvier 2001.
- Taylor Ho Bynum, « The Brilliance of Dave Brubeck », The New Yorker, .
- Croix-Rouge américaine, Paul Desmond – Celebrating a Legacy of Music and Compassion (consulté le 24 mars 2015).
- ArtsJournal.com, (1) Desmond On « Take Five ». (2) A Financial Report, 15 avril 2011.
- Richard J. Lawn, Experiencing Jazz, Routledge, 20 mars 2013.
- Austin Lee Barnes, Analysis of selected percussion literature: Concerto for vibraphone and orchestra by Ney Rosauro, Surface tension by Dave Hollinden, Urban sketches for percussion trio by Lon W. Chaffin, Take five by Paul Desmond, and DT supreme by Austin Barnes, Université d'État du Kansas, 2012.
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :