Tatsumi Kumashiro

réalisateur japonais

Tatsumi Kumashiro (神代辰巳, Kumashiro Tatsumi?) ( - ) est un réalisateur japonais bien connu pour ses films Roman Porno primés de nombreuses fois et unanimement salués par la critique comme Sayuri, strip-teaseuse (一条さゆり 濡れた欲情, Ichijo Sayuri: Nureta yokujo?) (1972) et La Femme aux cheveux rouges (en) (赫い髪の女, Akai kami no onna?) (1979). On l'appelait « le réalisateur le plus constant dans le succès de toute l'histoire du cinéma japonais[1],[2] ». Pour Allmovie, il est « indiscutablement le plus important réalisateur japonais des années 1970[3],[4]. »

Tatsumi Kumashiro
Naissance
Saga (Kyūshū, Japon)
Nationalité Drapeau du Japon Japonaise
Décès (à 67 ans)
Tokyo (Japon)
Profession Réalisateur
Scénariste
Films notables La Femme aux cheveux rouges (en)
La Tristesse du bâton

Biographie

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Débuts

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Kumashiro est né le à Saga, préfecture de Saga, Japon. Il est le premier garçon d'un pharmacien. Son père, maître de judo et descendant de samouraï applique une discipline stricte et est un fervent partisan de la philosophie guerrière de Yamamoto Tsunetomo telle que décrite dans l' Hagakure, le livre des samouraïs, ainsi que dans les exploits militaires japonais des années 1930 et 1940. Kumashiro se rebelle très tôt contre la tyrannie paternelle en se plongeant dans la pensée libérale, la littérature occidentale et le cinéma. Kumashiro intègre l'École de Médecine au cours de la Seconde Guerre mondiale afin de se soustraire à la conscription mais abandonne ces études dès que la guerre prend fin avec la défaite du Japon. Il étudie la littérature anglaise à l'université Waseda mais, décidant qu'il ne pouvait pas vivre décemment comme écrivain, il entre, en 1952, en tant qu'assistant-réalisateur aux studios Shōchiku puis migre chez Nikkatsu[4] en 1955.

Kumashiro travaille en tant qu'assistant réalisateur et scénariste jusqu'à ce que la chance lui sourie enfin en lui donnant la possibilité de réaliser son premier film, Fan Life, en 1968. L'histoire est celle de la fille d'une stripteaseuse qui souhaite embrasser la même carrière que sa mère. L'actrice principale du film, Hatsue Tonooka, épousera Kumashiro un peu plus tard dans l'année. Leur mariage finit par un divorce au bout de quelques mois seulement. Le film reçoit des critiques élogieuses mais s'avère être un échec au box office. Nikkatsu met donc à nouveau la carrière de réalisateur de Kumashiro en sommeil[5].

Le succès

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« Mes films traitent des personnes pas de la biologie[6] »
-- Tatsumi Kumashiro[7]

En 1971, les studios Nikkatsu sont au bord de la faillite en raison du détournement de leurs spectateurs au profit de la télévision. Ils décident d'orienter leur production quasi exclusivement vers les films roses. Plusieurs réalisateurs, ne souhaitant pas travailler dans le film pornographique, quittent les studios laissant le champ libre à de nouveaux réalisateurs[8],[9].

Nikkatsu donne carte blanche aux réalisateurs de ses Roman Porno mais exige néanmoins un quota de quatre scènes de sexe ou de nudisme par heure de spectacle[2]. C'est dans ses conditions, à l'âge de 44 ans, que Nakkutsu offre à Kumashiro sa seconde chance de réalisateur à part entière. Ses films tireront pleinement profit de la nouvelle politique indulgente de Nikkatsu en expérimentant les notions de temps et d'espace cinématographiques de façon quasi surréaliste. Son premier Roman porno, Wet Lips (濡れた唇, Nureta kuchibiru?) (1972), histoire assez simpliste d'une prostituée et de son amant en fuite après avoir tué le souteneur, est un succès tant auprès des critiques que du box office et assoira la carrière de réalisateur de Kumashiro[10].

Son film suivant, Sayuri, strip-teaseuse (一条さゆり 濡れた欲情, Ichijo Sayuri: Nureta Yokujo?) (1972) est à nouveau un succès auprès des critiques comme du public. La plus grande actrice pornographique de l'époque, Sayuri Ichijo[11], interprète le rôle-titre et gagne le prix Kinema Junpō de la Meilleure Actrice[12]. Lors de la remise du prix de la Meilleure Réalisation et du Meilleur Scénario au cours de la même cérémonie, Kumashiro commente : « Si je peux filmer ce que je veux sans subir la pression de ce qu'il adviendra, je suis motivé[13]. »

Au cours des 20 années qui suivirent, Kumashiro a réalisé une série de films lucratifs qui reçurent un accueil favorable auprès des critiques. Du jamais vu jusqu'alors dans l'histoire cinématographique du Japon[14], il réalise, seul, dix produits entre 1972 et 1973[9]. Sa carrière prolifique et couronnée de succès lui vaut le titre de « Roi des Roman Porno de Nikkatsu[2],[9] ». À l'opposé de maints cinéastes réputés comme Nagisa Oshima, qui introduisent parfois de la pornographie dans leur films, l'éditeur New Yorkais du journal cinématographique Film Quarterly, William Johnson, qualifie Kumashiro d'« indiscutable dispensateur de pornographie à l'écran dont les films présentent également 'un intérêt sérieux[15]. ».

François Truffaut qualifie le film Derrière les parois de papier (四畳半襖の裏張り, Yojo-han fusuma no urabari?) (1973) de « grand cinéma » ajoutant : « le jeu des acteurs est parfait et le film plein d'humour. L'esprit généreux de Jean Renoir habite la louange de la beauté féminine et la dérision de la stupidité masculine de ce film[16]. ».

A Man and a Woman Behind the Fusuma Screen: Enduring Skin (四畳半襖の裏張り, Yojo-han fusuma no urabari: Shinobi hada?), le film de Kumashiro paru en 1974 met en scène la Reine des Roman Porno de l'époque, Junko Miyashita (en). Le critique Tadao Satō interpelle cette production comme étant « film pornographique de maître riche en émotion, anarchie et nihilisme[17]. »

Junko Miyashita remporte en 1979 le prix Hochi News de la meilleure actrice à la suite de sa prestation dans le film de Kumashiro intitulé La Femme aux cheveux rouges (en) (赫い髪の女, Akai kami no onna?) (1979). Ce film a été qualifié d'« un des meilleurs films roses de Nikkatsu »[18].

Décès de Kumashiro

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Au cours des années 1980, alors que la vidéo pornographique draine la plupart des amateurs de Roman Porno, la santé de Kumashiro défaille. Il souffre d'une embolie pulmonaire en 1983 mais poursuit son travail jusqu'à son décès. Il réalise ses deux derniers films La Tristesse du bâton (棒の哀しみ, Bo no kanashimi?) (1994)[4] puis Immoral: Indecent Relations (インモラル・淫らな関係, Immoral: Midarana kankei?) (1995)[19] lorsqu'il est pris d'un malaise. Placé sous une tente à oxygène, il décède d'une défaillance cardio plumonaire aigüe le .

Filmographie partielle

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Sauf indication contraire, la filmographie de Tatsumi Kumashiro est extraite de :


Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Notes et références

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  1. « the most consistently successful director in Japan's cinematic history ».
  2. a b et c Weisser 1998, p. 204.
  3. « arguably the most important Japanese director to emerge during the 1970s ».
  4. a b et c (en) Jonathan Crow, « Tatsumi Kumashiro (Biography) », Allmovie.com (consulté le ).
  5. Weisser 1998, p. 137-138.
  6. « My films are about people not biology ».
  7. Weisser 1998, p. 257.
  8. (en) Patrick Macias, TokyoScope: The Japanese Cult Film Companion, San Francisco,, Cadence Books, (ISBN 978-1-56931-681-8 et 1-56931-681-3), « Nikkatsu's Roman Porno », p. 187-188.
  9. a b et c Johnson 2003, p. 12.
  10. Weisser 1998, p. 494.
  11. Johnson 2003, p. 14.
  12. (en) J. Hoberman, « Waking the Dread... A Tatsumi Kumashiro Retrospective », The Village Voice, (consulté le ).
  13. Weisser 1998, p. 204-205.
  14. Weisser 1998, p. 495.
  15. Johnson 2003, p. 11-12.
  16. (en) « The World of Geisha (Yojohan fusuma no urabari) », Kino International (consulté le ).
  17. (en) Tadao Sato (trad. Gregory Barrett), Currents in Japanese Cinema, 1982, Le Livre de Poche, (ISBN 978-0-87011-815-9 et 0-87011-815-3), p. 262.
  18. Weisser 1998, p. 514-515.
  19. Weisser 1998, p. 206.
  20. Les Amants mouillés : titre français du film à l'occasion de sa sortie en DVD. Voir l'article de Gwenaël Germain, « Le Roman-Porno japonais : attention, cinéma social sulfureux », Asyalist,‎ (lire en ligne).
  21. L'Enfer des femmes, forêt humide : titre français du film lors de la rétrospective « Centenaire de la Nikkatsu » du au à la Cinémathèque française.
  22. Derrière les parois de papier (1973) - Festival des trois continents.
  23. Derrière le rideau de Fusama : titre français du film lors de la rétrospective « La Nikkatsu où la modernité toujours recommencée » du 2 octobre au 27 octobre 2007 à la MCJP
  24. Rue de la joie (1974) - Festival des trois continents.
  25. L'Extase de la rose noire : titre français du film lors de la rétrospective « La Nikkatsu où la modernité toujours recommencée » du 9 septembre au 27 octobre 2007 à la MCJP
  26. L'Extase de la rose noire : titre français du film à l'occasion de sa sortie en DVD. Voir l'article de Gwenaël Germain, « Le Roman-Porno japonais : attention, cinéma social sulfureux », Asyalist,‎ (lire en ligne).
  27. « La Femme aux cheveux rouges (1979) », sur dvdfr.com (consulté le ).
  28. La Rousse (1979) - Festival des trois continents
  29. La Tristesse du bâton (1994) : titre français du film lors de la rétrospective « 100 ans de cinéma japonais (2e partie) » du 23 janvier au 25 février 2019 à la Cinémathèque française.
  30. (ja) « 46e prix Kinema Junpō - (1972年) », sur kinenote.com (consulté le ).
  31. (en) Stuart Galbraith, Japanese Filmography : A Complete Reference to 209 Filmmakers and the Over 1250 Films Released in the United States, 1900 Through 1994, Mcfarland, , 509 p. (ISBN 978-0-7864-0032-4), p. 476.
  32. (ja) « 第37回 ブルーリボン賞 » [« 37e cérémonie des Blue Ribbon Awards »], Version archivée (consulté le ).
  33. (ja) « 1994年 第37回 ブルーリボン賞 » [« 37e cérémonie des Blue Ribbon Awards - (1994) »], sur allcinema.net (consulté le ).
  34. (ja) « 毎日映画コンクール 第49回(1994年) » [« 49e cérémonie des prix du film Mainichi - (1994) »], sur mainichi.jp (consulté le ).
  35. (ja) « 第 19 回日本アカデミー賞優秀作品 » [« 19e cérémonie des Japan Academy Prize - (1996) »], sur japan-academy-prize.jp (consulté le ).
  36. (ja) « 第 3 回日本アカデミー賞優秀作品 » [« 3e cérémonie des Japan Academy Prize - (1980) »], sur japan-academy-prize.jp (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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