Tempête de poussières sur Mars

Des tempêtes de poussières balayent périodiquement la surface de la planète Mars. Elles peuvent être très localisées mais de 1877 à , au moins 10 tempêtes planétaires furent reportées, les plus importantes ayant eu lieu en 1956, 1971, 1973, 1977, 1982 et 2001[1].

Tempête globale de 2001, avant à gauche et pendant à droite.

Cause modifier

Les tempêtes de poussières sur Mars ont les mêmes causes que les tourbillons de poussières dans les déserts sur Terre. Le rayonnement solaire réchauffe l'air dans la couche proche de la surface alors que les couches supérieures demeurent très froides. L'air chaud étant moins dense que l'air froid, la masse d'air est instable et la poussée d'Archimède la fait monter. Une convergence des vents au sol, pour remplacer l'air des parcelles d'air qui montent, déplace la poussière dans le processus. Celle-ci est également aspirée en altitude en tourbillonnant[2],[3].

Comme la pression atmosphérique n'est que le centième de la pression terrestre et que la friction est faible, ces tourbillons peuvent atteindre de très grandes dimensions. Ces grandes tempêtes se combinent parfois en tempêtes globales, couvrant l'ensemble de la planète dans la poussière atmosphérique. Les plus imposantes ne se produisent que pendant l'été austral de Mars. À ce moment, la planète est à son plus proche du Soleil et le contraste de température entre les hémisphères est à son maximum, permettant le déclenchement du processus[2],[3],[4].

Les tempêtes globales soulèvent assez de poussières pour couvrir complètement la planète et bloquer le soleil, mais cela sonne leur glas. Le rayonnement solaire n'atteignant plus la surface de la planète, elles se dissipent finalement[2],[3]. Les observations depuis les années 1950 ont démontré leur fréquence d'une à toutes les trois années martiennes[5]. Les tempêtes de plus petite envergure sont beaucoup plus fréquentes.

Classification modifier

Classification de Cantor et al. (2001) modifier

Des tempêtes de poussières se produisent à plusieurs échelles sur Mars. Ces tempêtes peuvent être classées en trois grandes catégories : locales, régionales et planétaires. Cantor et al. définissent en 2001 les tempêtes locales comme ayant une taille inférieure à 1,6 million de kilomètres carrés (à comparer à la surface totale de la planète, 144,8 millions de kilomètres carrés) et une durée inférieure à 2 sols[6]. Ils définissent comme tempêtes régionales les tempêtes de taille et durée supérieures[6].

Nouvelle classification (2016) modifier

Les tempêtes sont maintenant classées en trois catégories, nommées A, B et C[7] :

  • Les tempêtes de type A proviennent du pôle Nord pendant l'hiver boréal (en même temps que l'été austral), puis traversent l'équateur en direction de l'hémisphère sud. Lors de l'entrée en contact avec les températures plus chaudes des vents du sud, la tempête de poussière reçoit un coup de pouce automatique augmentant sa taille et sa puissance ;
  • Les tempêtes de type B sont des tempêtes d'été boréal qui commencent dans l'hémisphère sud. Bien qu'elles ne soient pas aussi grandes en taille que celles de type A, les tempêtes de type B peuvent être tout aussi dangereuses en raison de leur tendance à se regrouper avec d'autres tempêtes de type B et à créer une brume sèche régionale ;
  • Les tempêtes de type C trouvent elles leur origine dans l'hémisphère nord pendant l'hiver nordique (en même temps que l'été austral). Comme celles de type A, ces tempêtes se déplacent dans la partie sud de la planète où les vents chauds augmentent sa puissance. Cependant, les tempêtes de type C peuvent varier en taille et en puissance de façon plus importante que les tempêtes de type A et de type B.

Effets modifier

Vue des panneaux solaires de Spirit recouverts de poussières.
Le rover Spirit après la tempête de poussières de 2007.

Les vents dans une tempête martienne peuvent atteindre 100 km/h mais la pression atmosphérique n'est que d'un centième de celle sur Terre[2]. Cela veut dire que ces vents sont équivalents à un vent beaucoup plus faible sur Terre. Même les tempêtes globales ne peuvent soulever que la fine couche de poussière de surface, celle-ci ayant la consistance de la poudre de talc, qui est toujours disponible car aucune pluie ne vient l'amalgamer[2]. Celle-ci ne peut causer beaucoup de dégâts, surtout une érosion lente par friction. Cependant, elle pourrait être préjudiciable aux sondes spatiales qui s'y posent en bloquant le rayonnement solaire et en s'accumulant sur les panneaux solaires[2].

Quand la sonde Mariner 9 est arrivée en orbite en 1971, au lieu d'images détaillées et claires elle envoya des photos floues en pleine tempête de poussières, seul le volcan Olympus Mons était clairement visible[8]. La tempête dura des mois. Le , le télescope Hubble a noté le début d'une tempête dans le bassin Hellas Planitia. Celle-ci, qui prit une ampleur planétaire, dura des mois et couvrit le ciel martien de poussières, augmentant son albédo et réduisant la température moyenne diurne de surface de 4 °C la saison suivante[9].

Au milieu de 2007, une autre tempête globale a posé un sérieux problème aux robots Spirit et Opportunity de la mission Mars Exploration Rover. Leurs panneaux solaires ne pouvant fournir assez d'énergie, la plupart de leurs fonctions furent mises hors-circuit jusqu'à la fin de la tempête. Même après, les poussières collant aux panneaux réduisirent leur autonomie[10].

Liste de tempêtes importantes modifier

Tempête de mai-juin 2018 modifier

Le , le Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) détecte une tempête. Celle-ci se développe au cours des jours suivants et couvre le 35 millions de kilomètres carrés, soit un quart de la surface de la planète. Cette tempête a lieu près de là où se trouve l'astromobile Opportunity (MER-B). La profondeur optique τ atteint la valeur de 10,8, ce qui signifie que seulement 0,0020 % de la lumière solaire atteint le sol et que donc il fait complètement nuit même en plein jour. Pour cette raison, Opportunity, dont l'énergie est fournie par des panneaux solaires, est obligé de cesser ses activités puis à entrer en mode de défaut de faible puissance[29].

Notes et références modifier

  1. « Météorologie martienne », sur www.nirgal.net (consulté le ).
  2. a b c d e et f (en) Kathryn Mersmann, « Facts and fiction of martian Dust Storms », NASA, (consulté le ).
  3. a b et c (en) C. E. Leovy et R. W. Zurek, « Mechanisms for Mars Dust Storms », Journal of Atmospheric Sciences, AMS, vol. 30, no 5,‎ , p. 749-762 (DOI 10.1175/1520-0469(1973)030<0749:MFMDS>2.0.CO;2, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. (en) « Duststorms on Mars », sur whfreeman.com (consulté le ).
  5. (en) Richard W. Zurek et Leonard J. Martin, « Interannual variability of planet-encircling dust storms on Mars », Journal of Geophysical Research, vol. 98, no E2,‎ , p. 3247–3259 (DOI 10.1029/92JE02936, Bibcode 1993JGR....98.3247Z, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  6. a et b Kazunori Ogohara et T. Satomura, « Regionality of Dust Storm Expansion on Mars » [« Régionalité de l'expansion des tempêtes de poussières sur Mars »], The Fourth International Workshop on the Mars Atmosphere: Modelling and observation, Paris, France.,‎ (lire en ligne [PDF])
  7. (en) Kevin Ibe, « Dust Storms on Mars », American Herald,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) « Planet Gobbling Dust Storms », NASA (consulté le ).
  9. (en) Lori K. Fenton, Paul E. Geissler et Robert M. Haberle, « Global warming and climate forcing by recent albedo changes on Mars », Nature, vol. 446, no 7136,‎ , p. 646–649 (PMID 17410170, DOI 10.1038/nature05718, Bibcode 2007Natur.446..646F, lire en ligne [PDF]).
  10. (en) « Mars Exploration Rover Mission: Press Releases », NASA, (consulté le ).
  11. « APOD: August 9, 1999 - A Martian Dust Storm Approaches », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  12. « APOD: 2000 October 9 - A Polar Martian Dust Storm », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  13. a b et c « THEMIS keeps an eye on Mars for dust | Mars Odyssey Mission THEMIS », sur themis.asu.edu (consulté le )
  14. « APOD: 2001 October 17 - Mars Engulfed », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  15. « APOD: 2001 July 27 - Martian Dust Storm », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  16. « APOD: 2001 October 1 - A Global Dust Storm on Mars », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  17. « APOD: 2002 December 24 - Spring Dust Storms at the North Pole of Mars », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  18. « APOD: 2003 July 10 - Dust Storm Over Northern Mars », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  19. « Mars Global Surveyor MOC2-374 Release », sur www.msss.com (consulté le )
  20. « Une violente tempête de poussière s'étend sur Mars », sur Futura (consulté le ).
  21. « APOD: 2007 July 25 - Global Dust Storms Threaten Mars Rovers », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  22. (en) « The Fact and Fiction of Martian Dust Storms », sur NASA (consulté le ).
  23. Futura-Sciences, « En images : une tempête de poussière se lève sur Mars ! », sur Futura-Sciences (consulté le )
  24. « APOD: 2010 February 5 - Dust Storm on Mars », sur apod.nasa.gov (consulté le )
  25. www.20minutes.ch, 20 Minutes, 20 Min, www.20min.ch, « 20 minutes - La NASA a repéré une tempête sur Mars - Monde », sur 20 Minutes (consulté le )
  26. « La Nasa observe une vaste tempête de poussière sur Mars », sur tdg.ch/ (consulté le )
  27. « La Nasa observe une vaste tempête de poussière sur Mars », sur 24heures.ch/ (consulté le )
  28. « Une tempête de poussière martienne vue par MOM », sur Tom's Guide, (consulté le )
  29. a et b (en) « Opportunity Hunkers Down During Dust Storm », sur NASA (consulté le ).

Articles connexes modifier