Tentures de la Vie de la Vierge

pièce murale monument historique (PM51000663), cathédrale Notre-Dame de Reims (Marne, France)
Tentures de la Vie de la Vierge
Salle du Couronnement de la Vierge, Palais du Tau à Reims.
Artiste
Inconnu
Date
entre et
Technique
Dimensions (H × L)
4 m × 5 m cm
Format
17 x 4 × 5 m à l'origine
Propriétaire
Propriété de l'Etat
Localisation
Palais du Tau, Reims (France)
Protection

Les tentures de la Vie de la Vierge sont constituées d’un ensemble de dix-sept grandes tapisseries qui illustrent les événements clés de la vie de la Vierge Marie, depuis sa naissance jusqu'à son Assomption[2]. Elles sont tissées en laine et soie et exposées au palais du Tau.

Histoire modifier

Réalisation modifier

Elles ont été réalisées entre 1509 et 1531 et furent offertes par l'archevêque de Reims, Robert de Lenoncourt[2]. Elles avaient à la fois une fonction religieuse voire pédagogique pour instruire les fidèles sur la vie de la Vierge Marie. Elles étaient également utilisées pour décorer la cathédrale Notre-Dame de Reims lors des grandes fêtes religieuses.

Ces tapisseries sont classées au titre d’objet Monument historique en date du 28 février 1896[2].

Les cartons sont attribués au peintre d’origine flamande Gauthier de Campes[3].

Elles sont divisées en deux séries :

  • La première série (huit tapisseries) raconte l'enfance de la Vierge Marie et son mariage avec Joseph.
  • La deuxième série (neuf tapisseries) raconte la vie de Jésus-Christ, depuis sa naissance jusqu'à son Ascension.

Les tapisseries ne comportent pas de texte à proprement parler, mais des inscriptions brodées en lettres gothiques sur des phylactères permettent d'identifier les personnages et de commenter les scènes représentées. Elles portent les armoiries du cardinal Robert de Lenoncourt et du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Reims.

Parcours des tentures modifier

Elles ont été restaurées à plusieurs reprises, notamment au XIXe siècle.

Les tentures sont exposées au musée du palais du Tau depuis son ouverture en 1972.

Première pièce : Arbre de Jessé modifier

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Arbre de Jessé.

Thème de la tapisserie modifier

La tapisserie met en scène l’arbre de Jessé qui représente l'arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David, tel qu'apparaissant dans les Écritures[4].

Description modifier

Dans la tapisserie, l'arbre de Jessé est représenté comme un arbre stylisé, avec des branches étendues sur lesquelles sont perchées diverses figures bibliques.

Au centre de la tapisserie, Jessé est représenté endormi sur une banquette, entouré des prophètes Osée et Isaïe. De sa poitrine émerge une tige symbolique, aboutissant à une corolle de lys (symbolique de la pureté immaculée de la vierge), de laquelle émerge la Vierge Marie, tenant l'Enfant Jésus dans ses bras.
Les douze rois de Juda sont assis sur les branches et les rameaux de l'arbre.

  • Au milieu se trouve Josaphat. À ses côtés se trouvent d'autres rois, tels que Josias, Jonathan, Osias, et Asa.
  • Plus haut sur la branche, on trouve Abias, Zéchonias, et le roi David.
  • De l'autre côté de la Vierge, Salomon et Manassès sont représentés.
  • En bas de la tapisserie, Ézéchias et Roboam sont représentés conversant, symbolisant la réduction du royaume sous leur règne (période où le royaume d'Israël a été affaibli ou réduit).
  • Aux angles inférieurs de la composition se trouvent les prophètes, complétant ainsi la scène biblique riche en symboles et en détails.

Deuxième pièce : Anne et Joachim chassés du Temple modifier

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Anne et Joachim chassés du Temple.

Description modifier

Cette tapisserie est l'histoire de Joachim et Anne, les parents de la Vierge Marie, qui demeuraient sans enfants après vingt ans de mariage. S’étant rendu au Temple de Jérusalem pour y faire une offrande, Joachim fut chassé par le grand prêtre car il n’avait pas d’enfant.

Description modifier

Cette tapisserie expose une scène centrée autour du Temple.

  • Au bas des escaliers, une foule est rassemblée autour d'un groupe central comprenant le prêtre Isachar, vu de face, tournant le dos à l'autel et levant les mains vers le ciel, ainsi que les époux agenouillés. Joachim tient un agneau dans ses bras tandis qu'Anne baisse la tête, les mains jointes.
  • Aux angles inférieurs de la composition se tiennent deux prophètes (Probablement les deux prophètes Isaïe et Jérémie habituellement dans de nombreuses représentations artistiques de scènes bibliques).
  • En haut, de part et d'autre de l’escalier, sont présentées deux scènes de la Genèse. A gauche de l’escalier, l'ange exterminateur chasse Adam et Ève du Paradis. A droite de l’escalier, les deux femmes d'Elcana, Anne et Phenenna qui tient son jeune fils par la main, sont représentées. Plus loin, Anne et Elcana se présentent devant le grand-prêtre Héli qui se tient devant l'entrée du Temple.
  • Au-dessous, Joachim et Anne quittent le Temple. Anne s'appuie sur son époux qui donne une aumône à un bossu.

Troisième pièce : Rencontre d'Anne et Joachim à la porte dorée modifier

alternative textuelle
Rencontre d'Anne et Joachim à la porte dorée.

Thème de la tapisserie modifier

Joachim et Anne étaient mariés depuis vingt ans et n'avaient pas d'enfant. Ils ont été chassés du Temple pour cela (voir deuxième pièce). Joachim, se retire dans le désert pour prier et un ange apparaît et lui annonce que sa femme Anne donnera naissance à une fille qui sera bénie par Dieu et lui demande de se rendre à la porte dorée. Un ange apparait également à Anne, lui annonce la même chose et lui demande de se rendre à cette même porte. La tapisserie met en la scène la "Rencontre d'Anne et Joachim à la porte dorée"[5], [6].

Description modifier

Selon la prophétie de l'ange, Anne et Joachim se retrouve sur le seuil du temple de Salomon, qui est représenté comme un château médiéval. La porte dorée est surmontée d'une statue de Moïse tenant les tables de la Loi. Deux personnages sont représentés aux lucarnes de l'édifice.

  • En haut de la tapisserie, deux scènes antérieures à la rencontre des époux sont illustrées. En haut à gauche, un ange apparaît à Joachim au milieu de ses bergers pour lui annoncer la naissance d'une fille qu'il nommera Marie. En haut à droite, Anne, assise au pied d'un palmier, reçoit également la même révélation de l'ange alors qu'elle lit.
  • Autour de la muraille du temple, un fossé est représenté. À gauche, un berger nourrit des canards qui barbotent dans l'eau.

De l'autre côté, à droite, une femme agenouillée lave son linge tandis qu'un berger, appuyé sur la rampe du pont-levis, l'observe. L’ajout de deux scènes de la vie quotidienne par les artistes étaient un moyen régulièrement utilisé pour ancrer le réalisme de la tapisserie.

  • Aux angles inférieurs de la tapisserie, les prophètes sont représentés. Dans les représentations de l'histoire biblique, ils symbolisent souvent la continuité de la prophétie divine.

Quatrième pièce : La Naissance de Marie modifier

Cinquième pièce : Présentation de Marie au Temple modifier

alternative textuelle
Présentation de Marie au Temple.

Thème de la tapisserie modifier

La tapisserie met en scène la Présentation de la Vierge Marie au Temple. Elle est présentée par ses parents, Joachim et Anne, au grand prêtre Zacharie dans le Temple de Jérusalem[7].

Description modifier

Au premier plan, au milieu, Anne en robe rouge et manteau bleu, et Joachim, en robe bleue, manteau rouge doublé de brocart jaune, sont entourés d'une suite nombreuse constituée, à gauche par les jeunes filles et à droite par les jeunes gens[8]. Ils sont venus présenter la Vierge Marie, enfant, vue de dos, les cheveux flottants, vêtue d'une robe bleue symbole de pureté. Marie est représentée avec une auréole qui est un attribut iconographique traditionnellement utilisé pour représenter la sainteté et la pureté d'un personnage.

Elle est agenouillée sur les marches de l'escalier qui conduit au Temple. Le grand prêtre Zacharie, vêtu d'une chasuble dorée accueille la Vierge Marie à l'entrée du Temple. Il est entouré de prêtres et de lévites.

Ce registre reprend de nombreux codes symboliques :

  • La chasuble est un vêtement liturgique porté par les prêtres.
  • La couleur dorée symbolise la lumière divine, la gloire de Dieu et la sainteté du sacerdoce.
  • L’accueil par le grand prêtre Zacharie à la porte du Temple, maison de Dieu et lieu de purification, montre l’importance de Marie.

Aux angles supérieurs sont figurées deux saynètes :

  • Celle en haut à gauche représente des pêcheurs qui retirent de leurs filets une table d'or, symbolisant les tables de la loi données par Dieu à Moïse.
  • Celle en haut à droite représente la fille de Jephté, agenouillée devant le grand prêtre avec près d'elle, son père et des assistants.

Aux angles inférieurs se dressent deux prophètes (Ézéchiel et Daniel ?).

Sixième pièce : Perfections de Marie modifier

Septième pièce : Joseph et les prétendants ou les prétendants de Marie modifier

Huitième pièce : Mariage de la Vierge modifier

alternative textuelle
Le Mariage de la Vierge.

Thème de la tapisserie modifier

La tapisserie représente la scène du mariage de la Vierge Marie et de Joseph, telle qu'elle est racontée dans l'Évangile selon Matthieu. La scène se déroule dans le Temple de Jérusalem. Le grand prêtre Zacharie, vêtu d'une chasuble dorée, unit les mains de Marie et de Joseph.

Description modifier

  • En haut à gauche, union de Tobie et de Sarah[9].
  • En haut à droite, à l'entrée du Temple, escortés de leurs amis, Isaac et Rebecca, dont une petite fille porte la traîne de sa robe, sont unis par le grand prêtre.
  • En haut au milieu, le Temple surmonté des statues de Dieu le père, tenant les Tables de la Loi, et de deux anges agenouillés qui l'encensent. Devant les portes ouvertes, les époux sont unis par le grand prêtre Zacharie.
  • En bas à gauche, saint Joseph, revêtu d'un manteau rouge (couleur de la royauté), porte à la ceinture une aumônière (l’aumônière symbolise le rôle de Joseph en tant que protecteur de la Sainte Famille) ; de la main gauche, il tient sa toque et une baguette (La baguette est un symbole de l'autorité de Joseph en tant que chef de famille), de chaque côté, les parents et les invités avec leurs enfants.
  • À gauche, se tiennent les prétendants évincés portant chacun une baguette (La baguette est un symbole de l'autorité masculine, et les prétendants l'utilisent pour affirmer leur désir d'épouser Marie).
  • En bas à droite, se tiennent les compagnes de Marie.
  • En bas aux angles inférieurs, les prophètes sont assis sur des bancs de pierre.

Neuvième pièce : L'Annonciation modifier

Thème de la tapisserie modifier

La tapisserie raconte trois histoires bibliques : la tentation d'Ève par le serpent, l'Annonciation à Marie et enfin Le signe céleste donné à Gédéon.

Inscriptions modifier

Texte du phylactère du bas :
Le vil serpent faulsement argua nostre mère Eve et enfin la deceupt. L'ange divin Marie salua : se humiliant le filz de Dieu conceupt; Et Gédéon noble juge receupt signe celeste au mondain territoire par la pluie ou la rosée qui cheut sur la toison en signe de victoire.

Dixième pièce : Visitation modifier

Onzième pièce : Nativité modifier

Douzième pièce : Adoration des mages modifier

Treizième pièce : Présentation de Jésus au Temple modifier

Inscriptions modifier

Texte du phylactère du bas :
Comment jadis une jascune femme au temple alloit afin de présenter son premier filz, Marie la noble dame très humblement y a volu porter son fils Jhesus, pour la loi contempter, et n'en avoit quelque necessité. De Samuel est assez à noté qu'en pareil cas au temple fut porté.

Quatorzième pièce : Fuite en Égypte modifier

Quinzième pièce : Sainte Parenté ou les Trois Marie modifier

Seizième pièce : Dormition de la Vierge modifier

Inscriptions modifier

Texte du phylactère du bas :
Sarra femme d'Abrhan sans reprise fut à sa mort du peuple regrétée. La mort, Marie sœur d'Aron et Moïse, par les enfants d'Israël fut plorée. Aussi Marie, vierge très honorée, mère de Dieu, à son trepassement par apostre a esté lamentée et les chrestien aussi semblablement

Dix-septième pièce : Assomption ou Couronnement de la Vierge modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

Références modifier

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Élisabeth Taburet-Delahaye, La tenture de la Vie de la Vierge du Palais du Tau à Reims : Un chef-d'œuvre de la tapisserie française, (ISBN 978-2-7118-5939-9)
  • Marie-Noëlle Denis, Les tapisseries de la Vie de la Vierge à Reims : Étude iconographique et stylistique, (ISBN 978-2-7575-3936-4[à vérifier : ISBN invalide])
  • Geneviève Bresc-Bautier, La tenture de la Vie de la Vierge du Palais du Tau à Reims : Une source pour l'histoire de la dévotion mariale (Mémoire de maîtrise, Université de Reims Champagne-Ardenne),

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

  • Ressource relative aux beaux-artsVoir et modifier les données sur Wikidata :