Tep Vanny

militante cambodgienne pour les droits de l'homme
Tep Vanny
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Tep Vanny, (ទេព វន្នី en khmer), née le à Phnom Penh au Cambodge, est une militante cambodgienne des droits sur les terres et défenseuse des droits de l'homme.

Elle est la fondatrice et la dirigeante de « Boeung Kak 13 », un groupe de militants qui mènent des manifestations pacifiques depuis 2008 contre le gouvernement cambodgien qui loue des terres à une société privée, ce qui conduit à l'expulsion forcée de près de 20 000 habitants de la région du lac Boeung Kak au nord de Phnom Penh[1]. Ses arrestations successives et sa détention déclenchent une campagne internationale demandant sa libération.

Groupe de militants de Boeung Kak tenant une affiche de leur camarade militante emprisonnée Tep Vanny

Biographie modifier

Débuts professionnels, famille modifier

Tep Vanny commence par habiter dans la province de Kandal avant de déménager en 1998 à Phnom Penh, la capitale, où elle travaille comme épicière. Son mari Ou Kong Chea est fonctionnaire au ministère de la Défense. Ils ont deux enfants, Ou Kong Panha et Ou Sovann Neakreach. Ou Kong Chea perd son emploi lorsque le couple refuse d'accepter l'offre de rachat de leur terrain dans le quartier de Boueng Kak, à un prix qu'ils jugent inférieur à la valeur marchande[2],[3].

Militantisme modifier

Dans le cadre du programme de concession foncière économique (Economic Land Concession, ELC) du gouvernement cambodgien qui sert de base légale pour l'octroi de terres à des sociétés étrangères, les terres autour du lac Boeung Kak sont louées pour 79 millions de dollars[4] pour la réalisation d'un projet de développement immobilier à la société Shukaku Inc., propriété personnelle de Lau Meng Khin, sénateur du Parti du peuple cambodgien (CPP) au pouvoir, en partenariat avec le groupe chinois Erdos Hongjun Investment Corporation[5]. Cette action entraîne l'expulsion forcée d'environ 3 500 familles de leurs logements, soit 17 500 personnes[6].

Sous la direction de Tep Vanny, en réponse à ces expulsions de masse, les femmes de la région commencent à organiser des manifestations pacifiques sur le terrain. Le groupe devient connu sous le nom de « Boeung Kak 13 » et continue à protester même après les expulsions. Grâce à leurs actions, ils peuvent attirer l'attention sur le conflit et par la suite, en 2011, la Banque mondiale gèle tous les prêts au Cambodge[7]. Le groupe des militants de Boeung Kak 13 est arrêté par le gouvernement cambodgien ; le 24 mai 2012, ils sont reconnus coupables d'occupation illégale des terres et condamnés à deux ans et demi de prison[5],[8].

L'arrestation et l'emprisonnement des membres de Boeung Kak 13 sont rendus publics sur la scène internationale par Amnesty International dans le but d'obtenir l'annulation de leur condamnation lors d'une audience en appel le 26 juin 2012[9].

Tep Vannu est de nouveau arrêtée le pour avoir protesté contre la détention arbitraire de défenseurs des droits de l'homme, et elle est condamnée à six mois de prison pour « insulte à un agent public ». Au lieu d'être libérée à la fin de sa peine, les autorités ressortent une vieille affaire et la condamnent de nouveau le pour « violences intentionnelles avec circonstances aggravantes », en vertu de l'article 218 du Code pénal cambodgien[10]. Elle est condamnée à deux ans et six mois de prison[11]. Plusieurs organisations internationales de défense des droits humains comme Amnesty International et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) dénoncent cette condamnation arbitraire[12],[13].

En août 2018, Tep Vanny reçoit la grâce royale du roi Norodom Sihamoni du Cambodge à la demande du Premier ministre Hun Sen et elle est libérée de prison[14],[15]. Trois de ses camarades militants de Boeung Kak 13, Heng Mom, Bo Chhorvy et Kong Chantha, sont également graciés[16].

Reconnaissance internationale modifier

Tep Vanny est la porte-parole de la communauté du lac Boeung Kak et donne trois conférences aux États-Unis, ainsi qu'en France, au Brésil, aux Pays-Bas, à Singapour et en Thaïlande. En 2013, Tep Vanny reçoit le Vital Voices Global Leadership Award lors d'une cérémonie présidée par l'ancienne secrétaire d'État américaine Hillary Clinton[17],[18],[19].

Distinctions modifier

  • 2013 : Prix du leadership mondial Vital Voices[17].

Documentaire modifier

Le cinéaste Christopher Kelly sort le le documentaire Un printemps cambodgien. Les images ont été filmées sur une période de 6 ans et se concentrent sur les expulsions de terres effectuées par le gouvernement cambodgien dans la région du lac Boueng Kak. Le film suit les actions de trois militants cambodgiens des droits fonciers et défenseurs des droits humains, dont Tep Vanny[20].

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tep Vanny » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) « Joint Statement on the First Anniversary of the Grossly Unjust Imprisonment of Land Activist and Human Rights Defender Tep Vanny », Human Rights Watch,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en-US) « Tep Vanny: The Woman from Village Number 22 », The Women's International Perspective,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en-US) « From Housewife to Grassroots Warrior: The Rise of Tep Vanny », The Cambodia Daily,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en-US) « Timeline of the plight of Cambodia's imprisoned human rights activist », Southeast Asia Globe Magazine, (consulté le ).
  5. a et b (en) « The Boeung Kak 13 », The Economist (consulté le ).
  6. Cambodia Developmental Watch, « Boeung Kak Lake Lease Agreement - Some Questions for Discussion »,
  7. (en) Tran, « World Bank suspends new lending to Cambodia over eviction of landowners », The Guardian, (consulté le )
  8. « Tep Vanny Sentenced to Prison », frontlinedefenders.org.
  9. (en) « Cambodia: Quash convictions of 13 women imprisoned for ‘speaking out’ », www.amnesty.org, Amnesty International (consulté le ).
  10. « Tep Vanny sentenced to prison, Frontline Defenders »
  11. (en) « Cambodia: Land rights activist Tep Vanny released from prison following royal pardon », www.amnesty.org (consulté le )
  12. (en) « Cambodia: Sentencing of land rights defender Ms. Tep Vanny », Worldwide Movement for Human Rights (consulté le ).
  13. (en) « Release Tep Vanny and allow her the freedom to stand up for her community », www.amnesty.org (consulté le ).
  14. « Tep Vanny released from prison, Frontline Defenders »
  15. (en-US) « Cambodia frees leading land rights activist after royal pardon », sur reuters.com, Reuters (consulté le ).
  16. (en) « Cambodian Land Activist Freed, Journalists Granted Bail », VOA (consulté le ).
  17. a et b (en) « Vital Voices Award for Tep Vanny Helps Cambodia, Sia Phirum Says », sur voacambodia.com, VOA Cambodia (consulté le ).
  18. (en-US) « Tep Vanny - Vital Voices », Vital Voices, sur vitalvoices.org (consulté le ).
  19. (en-US) « Tep Vanny—From Boeng Kak Protester to Globe-Trotting Advocate », The Cambodia Daily,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « A Cambodian Spring – engrossing portrait of grassroots protesters », The Guardian, (consulté le )

Liens externes modifier