Théodore (préfet d'Égypte)

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Théodore (en latin : Theodorus, en grec byzantin : Θεόδωρος) est un général byzantin, connu pour avoir commandé l'armée byzantine lors de la conquête musulmane de l'Égypte à partir de 639-640. Il sert notamment comme dernier gouverneur de l'Égypte romaine de 641 au 17 septembre 642.

Biographie

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Jean de Nikiou rapporte que des membres de la famille de Théodore vivent à Saûnâ, une localité identifié à Saïs par Hermann Zotenberg. Il est de confession chalcédonienne sans être connu pour son hostilité envers les non-Chalcédoniens, alors majoritaires en Egypte.

Dans les années 630, l'Empire byzantin connaît les débuts de l'expansion de l'Islam. Rapidement, ses provinces du Proche-Orient sont assaillies et débordées après la bataille de Yarmouk en 636, aboutissant à la conquête de la Syrie et de la Palestine, isolant l'Egypte. En décembre 639, les armées musulmanes d'Amr ibn al-As pénètrent en Egypte. Théodore est alors maître des milices, c'est-à-dire qu'il dirige les forces militaires de la province, en lien avec Cyrus de Phase, à la fois gouverneur civil (préfet d'Egypte) et patriarche d'Alexandrie. Théodore tarde à réagir avec vigueur à l'invasion, marquée d'abord par le siège de Péluse, qui tombe en février 640 par manque de soutiens. Théodore réagit par l'envoi d'une force vers la forteresse de Babylone et d'éclaireurs à Bilbéis pour ralentir l'ennemi. Il renforce les défenses de Babylone, creusant un fossé devant les remparts et positionnant un corps d'armée entre ces deux lignes de défense. Les Musulmanes ne tardent pas à assiéger la forteresse, en dépit de la solidité apparente des murailles, bardées de tours et de bastions. Selon les sources musulmanes, les Byzantins seraient six fois plus nombreux. Pendant deux mois, des combats indécis se déroulent et permettent aux Byzantins de tenir leurs positions.

A l'occasion de ce siège, les Musulmans lancent diverses attaques sur des positions alentours et finissent par tendre un piège à un certain Jean, chargé de la défense de l'Egypte arcadienne (la région d'Oxyrhynque). Cette nouvelle aurait plongé Théodore dans une profonde affliction, que Jean de Nikiou compare à celles de David à propos de Saül. Il rassemble ses forces alors que des renforts, menés par Anastase, le gouverneur civil de l'Egypte arcadienne et Théodose, préfet d'Alexandrie, se précipitent vers Babylone. Une certaine confusion règne alors autour de la position d'Abusir el-Meleq, lieu de la mort de Jean que Théodore se serait efforcé de reprendre par l'envoi de troupes. Un autre corps d'armée, mené par un certain Léonce, décrit comme obèse et peu compétent, aurait dû également se rendre dans cette localité mais, estimant que Théodore dispose déjà de forces suffisantes, n'aurait laissé sur place qu'un petit contingent. Quoi qu'il en soit, la détermination byzantine suffit à contraindre Amr à se replier, tandis que Théodore s'efforce de recouvrer le corps de Jean, jeté dans le Nil. Une fois retrouvé, il est embaumé pour être envoyé auprès de l'empereur Héraclius. Ce dernier n'en jette pas la moins la responsabilité de sa mort sur Théodore qui, pour sa part, estime qu'Anastase et Théodose ont influencé l'opinion de l'empereur en sa défaveur, contribuant à semer la zizanie parmi les officiels byzantins.

En Egypte, les combats se poursuivent autour de la cité d'Héliopolis. En juin, 12 000 Musulmans dirigés par Zubayr ibn al-Awwam arrivent en renfort, qui persuadent Amr de s'en prendre à cette cité byzantine, suffisamment proche de Babylone pour soutenir celle-ci. Amr s'y rend avec la moitié de ses hommes, contraignant Théodore à envoyer des renforts à Héliopolis. Anastase et Théodose dirigent alors la cavalerie. Quand les deux armées se rencontrent, c'est un désastre pour les Byzantins, qui sont encerclés et massacrés. Bientôt, Zubayr parvient à repérer les points faibles de l'enceinte d'Héliopolis et ses hommes parviennent à submerger la garnison. Seuls trois cents hommes survivent et parviennent à rejoindre Babylone, où leurs récits sèment la panique chez certains défenseurs, qui fuient à leur tour vers Nikiou.

Cette défaite entraîne l'abandon de la cité de Fayoum par le gouverneur byzantin Domentianus. Amr en profite pour s'emparer de toute cette région presque sans résistance, ce qui lui permet de renforcer son encerclement de Babylone, alors que Domentianus manque de troupes pour tenir Nikiou. A Babylone même, Théodore continue de mener la défense depuis son quartier-général situé sur l'île de Roda. Là, il échange des émissaires avec Amr, qu'il finit par rencontrer en personne mais sans parvenir à un accord. Dans la nuit du 20 décembre 640, un petit groupe de Musulmans menés par Zubayr parvient à escalader les remparts et à ouvrir les portes de la forteresse, dont les Musulmans parviennent à s'emparer. Les Byzantins sont contraints de refluer sur l'île de Roda.

Théodore ordonne alors à deux généraux de rassembler une armée dans le delta du Nil. Amr réagit en envoyant une force d'interposition mais les deux généraux byzantins refusent d'obéir à Théodore. Celui-ci prend alors la tête de la troupe byzantine et parvient à battre Amr. Les Musulmans doivent quitter le delta du Nil sans être parvenus à prendre de positions stratégiques mais, en dépit de ce succès, Théodore ne récupère pas Babylone. L'épilogue intervient le 6 avril 641 avec l'assaut final des Musulmans sur Roda. Les Byzantins sont contraints à la fuite vers Nikiou.

Sources

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  • (en) Fred Donner, The Early Islamic Conquests, Princeton University Press, (ISBN 0-691-05327-8)