The Exploration Company

The Exploration Company est une entreprise franco-allemande constructeur de véhicules spatiaux[1] fondée en 2021. Basée à Munich, en Allemagne, et à Mérignac près de Bordeaux, en France, la société développe, construit et exploite la capsule spatiale Nyx, un vaisseau cargo devant à terme évoluer pour transporter des humains.

Historique modifier

The Exploration Company a été fondée en juillet 2021 par Hélène Huby, PDG et ex-Airbus, accompagnée par un groupe d'ingénieurs spatiaux qui avaient travaillé ensemble sur des programmes spatiaux européens chez Airbus et ArianeGroup, dont les programmes ATV et son successeur ESM (module service du vaisseau Orion)[2],[3],[4].

En novembre 2021, l'entreprise lève 5 millions d'euros[5],[6].

En février 2023, l'entreprise annonce une levée de fonds de 40 millions d'euros pour développer sa capsule Nyx, bouclée avec succès[4], ce qui en fait la plus grosse série A du secteur en Europe[7].

Le 29 mai 2023, The Exploration Company a remporté un contrat de l'Agence spatiale européenne (ESA) pour étudier des solutions pour les futurs véhicules spatiaux européens à usage unique ou réutilisables, couvrant les applications micro-mini, moyennes, lourdes et habitées. Au total, l'ESA a attribué quatre contrats sur ce thème. Les trois autres sont attribués aux sociétés ArianeGroup, Avio et SENER. Ces quatre contrats sont destinés à contribuer à la réalisation de la Vision 2030+ de l'ESA, initiée en 2021, et qui vise à créer des vaisseaux de soutien petits, moyens et lourds basés sur un ensemble commun de modules réutilisables et standardisés[8].

En octobre 2022, The Exploration Company est un des lauréats du volet spatial du plan d'investissement d'avenir France 2030 pour son travail sur son moteur au méthane liquide[9]. L'entreprise est à nouveau un des lauréats du volet spatial en juillet 2023 pour son projet DEMARLUS[10].

En septembre 2023, l'entreprise annonce un accord avec Axiom Space pour le ravitaillement en fret de sa station sous forme de pré-contrat soumis à la validation de jalons technologiques lors du développement de son vaisseau[11].

Capsule spatiale Nyx modifier

Caractéristiques modifier

Le véhicule Nyx est un modèle classique, composée d'un module de service cylindrique et d'une capsule spatiale conique (en dôme, bombée, afin d'augmenter le volume utilisable[12]), seule capable de rentrer sur Terre. Il mesure 4 mètres de diamètre pour une masse totale de 8 tonnes[4]. Il doit être capable d'emporter 4 000 kg de charge utile en orbite terrestre basse pendant 6 mois maximum, répartis en 2 500 kg de fret pressurisé et 100 kg de fret non pressurisée à bord de la capsule qui seront renvoyées sur Terre, le module de service du véhicule devant être capable de transporter 1 400 kg de fret non pressurisé[6]. Nyx doit pouvoir voler librement jusqu'à six mois, afin d'emporter des expériences, et doit pouvoir s'amarrer à des stations spatiales afin d'y livrer du fret.

Le vaisseau Nyx répond aux critères du programme LEO Cargo Return Service de l'Agence spatiale européenne (équivalent du programme COTS de la NASA)[13].

Nyx doit pouvoir ensuite livrer jusqu'à 5 000 kg de fret en orbite lunaire (station Lunar Gateway) et même déposer du fret à la surface de la Lune et réaliser des vols surface vers surface sur la Lune.

Bien que les premières missions de l'entreprise soient des missions de fret, Nyx est conçu pour pouvoir finalement transporter des humains[14].

Les interfaces de Nyx sont ouvertes et son système d'exploitation est un logiciel open source, pour permettre à la clientèle de faciliter le développement de leurs technologies et applications embarquées[15]. La capsule Nyx est de nature modulaire avec plusieurs options de configuration pour différents objectifs de mission et destinations, tout en étant indépendante du lanceur[16],[17]. The Exploration Company vise également un modèle durable et écologique : Nyx est réutilisable (jusqu'à cinq fois[18]), doit pouvoir être ravitaillée en orbite et doit utiliser des ergols verts comme du peroxyde d'hydrogène concentré (high-test peroxide (en)) et du bio-méthane[19],[20],[21]. Ce dernier ergol doit alimenter le moteur Huracan en cours de développement, qui doit pouvoir être produit à plus de 80% par impression 3D[22].

Développement modifier

The Exploration Company prévoit de développer deux démonstrateurs à plus petite échelle. Le premier, surnommé Bikini, est une capsule de 60 centimètres de diamètre pesant environ 40 kilogrammes[4],[23]. Il doit être lancé sur le vol inaugural d'Ariane 6 et valider le profil général de la capsule et la protection thermique. Cependant, l'entreprise évoque également une fusée indienne, le Polar Satellite Launch Vehicle, pour un lancement qui serait moins soumis aux retards de développement d'Ariane 6[24],[11],[25]. Le second démonstrateur, nommé Mission Possible, est une capsule plus grande mesurant 2,5 m de diamètre et pesant 1600 kg, capable d'emporter 300 kg de charge utile (déjà réservés par l'Agence spatiale européenne, l’agence spatiale allemande et le CNES). Il doit être lancé par une Falcon 9 en 2024 et valider une rentrée plus contrôlée avec propulsion et un parachute[4],[23]. La version à grande échelle, nommée Mission Odyssey, doit voler en 2026[26].

The Exploration Company achève fin décembre 2023 l'examen des exigences du système (System Requirements Review) de Nyx[27].

Moteur-fusée Typhoon modifier

Fin 2023, The Exploration Company annonce développer un moteur-fusée de forte puissance, soit 200 tonnes de poussée, alimenté au méthane, grâce à un cofinancement du CNES. Ce moteur, de la même catégorie que le Raptor de SpaceX doit permettre de rattraper le retard des lanceurs européens et envisager un lanceur super lourd[28],[29]. Il s'approche également des performances (250 tonnes de poussée) demandée par l'Agence spatiale européenne pour le développement d'un nouveau moteur-fusée de forte poussée, mené dans le cadre du programme Future Launcher Preparatory Program[30].

Objectifs modifier

La clientèle visée par l'entreprise comprend les agences spatiales et les stations spatiales ainsi que les entreprises spatiales et non spatiales[26],[31].

Notes et références modifier

  1. (en) « IAF : The Exploration Company GmbH », sur Fédération internationale d'astronautique (consulté le )
  2. (en-US) Aria Alamalhodaei, « The Exploration Company is developing a brand new reusable orbital spacecraft », sur TechCrunch, (consulté le )
  3. (en-US) Al Root, « SpaceX Isn't the Only Space Company That Can Raise Money », sur Barron's (consulté le )
  4. a b c d et e (en-US) Jason Rainbow, « European startup gets $44 million for space station transportation vehicles », sur SpaceNews, (consulté le )
  5. Damien Copitet, « The Exploration Company lève 40 millions d’euros », sur www.planetegrandesecoles.com, (consulté le ).
  6. a et b (en-US) Andrew Parsonson, « The Exploration Company aims to offer Europe independent access to space », sur European Spaceflight, (consulté le )
  7. Vincent Lamigeon, « Nyx, la capsule spatiale européenne qui veut concurrencer SpaceX », sur Challenges, (consulté le ).
  8. (en) « Signature of industrial contracts for the consolidation of the common building blocks for future European reusable launch systems », sur Agence spatiale européenne, (consulté le )
  9. « France 2030 : Présentation des premiers résultats du volet spatial » [PDF], sur www.gouvernement.fr, (consulté le ).
  10. « Présentation des résultats du volet spatial de France 2030 » [PDF], sur www.gouvernement.fr, (consulté le ).
  11. a et b Michel Cabirol, « Spatial : Et le jour de gloire est arrivé pour The Exploration Company », sur La Tribune, (consulté le ).
  12. (en) The Exploration Company, « We have passed the system requirement review », sur LinkedIn, (consulté le ).
  13. (en) Andrew Parsonson, « Has ESA Stacked the Deck for The Exploration Company? », sur europeanspaceflight.com, (consulté le ).
  14. Hassan Meddah, « The Exploration Company, la start-up franco-allemande qui veut révolutionner la logistique spatiale », sur L'Usine nouvelle, (consulté le )
  15. (en) Erik Kulu, « The Exploration Company - Factories in Space », sur www.factoriesinspace.com (consulté le )
  16. (en-GB) « NYX | The Exploration Company », sur The Business in Space Growth Network (consulté le )
  17. (en-US) Éanna Kelly, « SpaceX challenger raises €40m to build Europe's first reusable rocket », sur Sifted, (consulté le )
  18. (en) Alan Neuhauser, « The Exploration Company raises €40M for green space capsule », sur Axios, (consulté le )
  19. (en) Garrett Reim, « The Exploration Company Raises €40m For Reusable Space Capsule », sur Aviation Week & Space Technology, (consulté le )
  20. (en) « The Exploration Company Selects Benchmark Space Systems Propulsion System To Power its 'Mission Possible' Demonstrator Flight in 2024 », sur www.benchmarkspacesystems.com, (consulté le )
  21. (en) The Exploration Company, « Our reusable & throttable orbital bio-methane & oxygen engine has reached another successful milestone! », sur LinkedIn, (consulté le ).
  22. Tristan Carballeda, « Qui est The Exploration Company, la start-up qui veut conquérir la Lune ? », sur Journal du Geek, (consulté le ).
  23. a et b Alexandre Laurent, « Espace : The Exploration Company veut diviser par 4 le prix de la logistique spatiale », sur www.placeco.fr, (consulté le ).
  24. Thomas Coignac, « Basée à Mérignac, The Exploration Company va envoyer une capsule dans l'espace en octobre », sur France Bleu Gironde, (consulté le ).
  25. (en) Aria Alamalhodaei, « The Exploration Company signs agreements with Axiom, Indian Space Research Organization », sur TechCrunch, (consulté le ).
  26. a et b (en) « The Exploration Company Secures €40 Million Funding », sur Spacewatch Global, (consulté le )
  27. (en) Andrew Parsonson, « The Exploration Company Completes Key Review for LEO Cargo Vehicle », sur europeanspaceflight.com, (consulté le ).
  28. Hassan Meddah, « La France va développer un nouveau moteur de fusée pour rivaliser avec le Starship de SpaceX », sur L'Usine nouvelle, (consulté le ).
  29. (en) Andrew Parsonson, « The Exploration Company Begins CNES Backed Rocket Engine Development », sur europeanspaceflight.com, (consulté le ).
  30. (en) Andrew Parsonson, « ESA Wants to Develop a “Very High Thrust” Rocket Engine », sur europeanspaceflight.com, (consulté le ).
  31. (de) Larissa Holzki, « Raumfahrt: Raumschiff-Start-up sammelt 40 Millionen Euro ein », sur Handelsblatt, (consulté le )

Voir aussi modifier

Liens externes modifier