The Power of the Dog

film réalisé par Jane Campion et sorti en 2021
The Power of the Dog
Description de l'image The power of the dog (film) Logo.png.
Titre québécois Le Pouvoir du chien
Titre original The Power of the Dog
Réalisation Jane Campion
Scénario Jane Campion
Musique Jonny Greenwood
Acteurs principaux
Sociétés de production See-Saw Films
Pays de production Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Canada Canada
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Drame
Durée 126 minutes
Sortie 2021

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

The Power of the Dog, ou Le Pouvoir du chien au Québec, est un film multinational écrit, coproduit et réalisé par Jane Campion, sorti en 2021. Il s'agit de l'adaptation du roman américain de Thomas Savage (1967)[1].

Il est sélectionné et présenté en avant-première, le , à la Mostra de Venise, où Jane Campion obtient le Lion d'argent de la meilleure réalisatrice. Il remporte également trois Golden Globes dont celui du meilleur film dramatique, ainsi que l'Oscar de la meilleure réalisation pour Jane Campion lors de la 94e cérémonie des Oscars, le .

Le titre est un emprunt au psaume 22:21 : « Protège mon âme contre le glaive, ma vie contre le pouvoir des chiens ! ». Dans la traduction française de 2019, le verset en exergue au roman[note 1] est traduit ainsi : « Délivre mon âme de l'épée / Et mon être aimé, du pouvoir du chien[2]. »

Synopsis modifier

Le film s'ouvre sur une voix off qui déclare, encore pendant le générique : « Après la mort de mon père, je ne voulais qu'une chose : le bonheur de ma mère. Quel homme serais-je si je n'aidais pas ma mère ? »

Montana, 1925 : tous deux dans le début de la quarantaine, les frères Burbank, l'aîné Phil (Cumberbatch) et George (Plemons) de deux ans son cadet, exploitent ensemble le plus vaste et prospère ranch de l'État, qui emploie deux domestiques (Lemon et McKenzie) et plusieurs cow-boys. Grand, athlétique et peu porté sur l'hygiène personnelle, Phil (qui a fait de brillantes études à Yale avant de reprendre en mains les activités quotidiennes du ranch, que ses parents abandonnaient pour aller vivre dans un hôtel de Salt Lake City) est un homme brillant et dur qui vénère la mémoire de Bronco Henry, le cowboy qui fut son mentor dans sa jeunesse. Trapu et replet, George s'avère être un homme doux et sensible, toujours bien habillé, qui s'occupe de la comptabilité et de l'administration du domaine. Alors qu'ils mènent un troupeau vers la gare d'une ville proche, ils s'arrêtent dans une auberge tenue par Rose (Dunst), une aubergiste veuve d'un médecin suicidé, et son fils adolescent Peter (Smit-McPhee). La rencontre ne se passe pas bien, Phil se moquant ouvertement de l'aspect efféminé de Peter, et ne cachant pas son mépris. Plus tard dans la soirée, George vient consoler Rose, blessée par les insultes envers son fils. Par la suite, ils se fréquentent, sur une base hebdomadaire.

Presque clandestinement, George décide d'épouser Rose, ce qui déplaît fortement à Phil, qui ne voit en elle qu'une intrigante attirée par leur fortune. Voulant devenir chirurgien, Peter reste en ville pour ses études de médecine. Au ranch, Phil se montre méprisant et brutal envers Rose au quotidien, et n'hésite pas à la ridiculiser devant les cow-boys, les parents Burbank (Conroy et Carroll), et même le gouverneur de l'État (Carradine). George étant très souvent absent pour les affaires du ranch, Rose se retrouve régulièrement presque seule avec cet homme qui lui est si hostile. Un lapin, ramené à la maison et qui enchante Rose, est froidement disséqué par Peter au prétexte de s'initier à la chirurgie.

Un jour, alors qu'il est au ranch pour les vacances d'été, Peter découvre une clairière dans laquelle Phil vient se réfugier. Ce dernier s'y baigne seul, loin du regard de ses cow-boys. Le jeune homme découvre un abri de fortune dans lequel des magazines montrant des hommes presque nus sont cachés. L'un de ces magazines est dédicacé par Bronco. Phil détecte la présence de l'intrus et le chasse, mais on comprend que Phil est un homosexuel refoulé qui hait son état, ce pourquoi il se montre aussi misanthrope, cruel et "chien" envers tout ce qui n'incarne pas à ses yeux une vision idéalisée (voire toxique) de la masculinité.

Rose cherche dans l'alcool un refuge face à la méchanceté de son beau-frère, qui ne la laisse jamais en paix, et elle devient rapidement alcoolique. Après quelque temps, Phil commence cependant à se rapprocher de Peter, voulant « en faire un homme », rapprochement qui contrarie beaucoup sa mère. Tel Bronco en son temps, Phil apprend à Peter comment monter à cheval et promet de lui fabriquer un lasso en cuir. Une vraie complicité s'installe graduellement entre l'homme bourru et le frêle adolescent. Un jour, Peter découvre la carcasse d'une vache, morte de la maladie du charbon, dans les collines, et en prenant soin d'enfiler des gants, il prélève avec un scalpel une partie de sa peau. Quelques jours après, alors qu'il travaille avec Phil à l'érection d'une clôture, un jeune lapin passe devant eux se réfugier sous une pile de matériaux, et Phil se blesse sérieusement à la main en voulant l'attraper. À sa grande surprise, Phil voit Peter attraper le lapin, qui est blessé à une patte, pour le cajoler tendrement avant de lui rompre la nuque d'un coup sec.

Un peu plus tard, viennent au ranch des Indiens, qui passent parfois y essayer d'acheter des peaux. Phil est absent, mais on sait au ranch qu'en raciste assumé, il ne veut jamais leur vendre des peaux, même si elles ne lui servent à rien (puisqu'il les brûle). Ces gens sont donc renvoyés, mais Rose, qui est sous l'emprise de l'alcool, les rattrape et leur dit de prendre les peaux, pour lesquelles, en échange, les autochtones lui offrent une paire de gants ouvragés. Phil est furieux de la disparition des peaux en tant que telle, mais aussi parce qu'il n'a plus de cuir à sa disposition pour terminer, malgré sa blessure à la main qui cicatrise mal, le lasso qu'il a promis à Peter. Peter lui présente alors les lanières de cuir qu'il avait mises de côté, celles de la bête infectée, et que Phil s'empresse de ramollir dans une bassine d'eau pour les préparer à être tressées, s'infectant lui-même par sa main ensanglantée. Phil termine le lasso durant la nuit (promesse qu'il veut tenir car Peter doit partir le lendemain), sous les yeux de Peter, alors que semble passer un fort courant érotique, presque pervers de la part de Peter, entre eux.

Le lendemain, Phil ne quitte pas son lit. George découvre qu'il semble gravement malade et l'emmène en ville, où il décède. Le jour de l'enterrement, le médecin dit à George qu'il doit encore faire des analyses, mais qu'il soupçonne fortement Phil d'être mort de la maladie du charbon, ce qui surprend beaucoup George, car Phil, qui par vanité ne portait jamais de gants, évitait notoirement tout contact avec des bêtes malades de l'Anthrax. On comprend alors que les lanières de cuir que Peter avait données à Phil provenaient de la bête morte qu'il avait trouvée et qui était infectée par le bacille du charbon. Lorsque Georges et Rose rentrent de l'enterrement, on voit Peter, muni d'une paire de gants de protection, tenir et admirer le lasso fatidique, avant de le glisser sous son lit. Observant par la fenêtre sa mère et son beau-père s'enlacer, le jeune homme, qui s'était servi de son intelligence pour délivrer sa mère tant aimée du pouvoir du "chien" qui la torturait, esquisse un sourire satisfait, surtout quand il ouvre une bible (c'est l'unique fois qu'il l'ouvre devant nous) cherchant les versets du psaume de David :

« Délivre mon âme de l'épée / Et mon être aimé, du pouvoir du chien. »

Fiche technique modifier

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Distribution modifier

Version française[3]

Production modifier

Genèse et développement modifier

En , on annonce que Jane Campion est en train d'adapter le roman Le Pouvoir du chien (The Power of the Dog) du romancier américain Thomas Savage pour son prochain long métrage[4],[1].

Attribution des rôles modifier

En , on révèle que Jane Campion a choisi Benedict Cumberbatch et Elisabeth Moss pour ce prochain long métrage[4],[1]. En fin , Paul Dano est engagé à joindre ces deux acteurs[5]. En , on confirme Kirsten Dunst qui remplace Elisabeth Moss ayant refusé pour conflits d'emploi du temps[6]. En , Paul Dano a abandonné le projet en raison de son autre projet The Batman ; il est remplacé par Jesse Plemons[7].

En , on ajoute que Thomasin McKenzie, Kodi Smit-McPhee, Frances Conroy, Keith Carradine, Peter Carroll et Adam Beach sont également engagés[8].

Tournage modifier

La plaine de Maniototo, en pleine région d'Otago.

Le tournage a lieu en Nouvelle-Zélande (il débute le [9]), dans la plaine de Maniototo (en), en pleine région d'Otago, ainsi que la ville côtière de Dunedin[10] et à Auckland[11]. La production est suspendue en raison de la pandémie de Covid-19, et Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst et Jesse Plemons restent en Nouvelle-Zélande pendant le confinement du pays. Les transfrontalières[Quoi ?] étant accordées pour les membres de l'équipe, le tournage reprend le [12]. Il s'achève le [11].

Avant le tournage, Benedict Cumberbatch, poussé par la réalisatrice Jane Campion, passe deux mois dans le Montana afin de découvrir la vie dans un ranch et s'entraîner à diverses activités présentes dans le film, comme monter à cheval et gérer un troupeau de bétail. Pendant le tournage, la réalisatrice invite Benedict à jouer son rôle 24 heures sur 24, même en dehors des heures de tournage. Elle présente d'ailleurs l'acteur à l'équipe de tournage par le prénom du personnage « Phil » en disant : « Vous rencontrerez Benedict à la fin. Benedict est vraiment gentil. Phil est Phil. » Également pendant cette période, pour coller à son personnage (Phil Burbank), Benedict cesse de se laver, Phil se souciant peu de l'hygiène[13].

Accueil modifier

Festivals et sorties modifier

Le film est présenté en avant-première, le , à la Mostra de Venise, ainsi qu'au Festival international du film de Toronto dans la catégorie « Special Presentation » et au Festival du film de Telluride dans le même mois[14],[15]. À la fin de ces événements, le film projeté aux festivals à Charlottesville[16], à Londres[17], Middleburg[18], Mill Valley[19], Montclair[20], New York[21], San Diego[22], San Sebastian[23], Savannah[24] et Zurich[25].

Le film bénéficie d'une sortie limitée en Australie et en Nouvelle-Zélande le [26],[27] puis aux États-Unis et au Royaume-Uni le , avant la diffusion mondiale sur Netflix le [28],[29].

Critiques modifier

Sur le site Rotten Tomatoes, le film obtient un tomatometer de 95 %, sur la base de 288 critiques[30].

En France, le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3.95[31].

Sandra Onana de Libération avoue que « ce western tout en oscillations, tremblements sublimes et sensualité sourde est l’un des plus beaux films offerts par cette fin d’année »[32], tout comme Sophie Grassin de L'Obs ajoutant que « cette élégie superbe, à la fois machiavélique et délétère, prend le temps qu’il faut pour nous mener sur la piste de pulsions homoérotiques refoulées, mais pas que… »[33]. En revanche, Bruno Deruisseau des Inrockuptibles prévient que le film « ne raconte rien d’autre que la façon dont deux personnages en apparence fermés l’un à l’autre vont progressivement s’ouvrir, accepter d’être bouleversés par l’expérience de l’autre et s’apprivoiser, dans une dynamique mêlant érotisme et mutation du désir de domination en une forme d’amour refoulé »[34].

Clarisse Fabre du Monde le qualifie d'« un drame calibré et sans surprise sur une masculinité toxique »[35].

Distinctions modifier

Récompenses modifier

Nominations modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Dans la version originale en anglais: « Deliver my soul from the sword / My darling from the power of the dog ». La version retenue par l'auteur (que reflète la traduction en français) est importante car le deuxième vers du verset est un allusion claire à l'enjeu de l'histoire.

Références modifier

  1. a b et c Anthony Moreira, « Benedict Cumberbatch et Elisabeth Moss dans le prochain Jane Campion », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
  2. Trad. Laura Derajinski, Éd. Gallemeister, 2019, p. 9 (ISBN 978-2-351-78637-6)
  3. [1]
  4. a et b (en) Justin Kroll, « Benedict Cumberbatch, Elisabeth Moss to Star in Jane Campion's New Film (EXCLUSIVE) », sur variety.com, (consulté le ).
  5. (en) Justin Kroll, « Paul Dano in Talks to Join Jane Campion's The Power of the Dog (EXCLUSIVE) », sur variety.com, (consulté le ).
  6. (en) Justin Kroll, « Kirsten Dunst to Replace Elisabeth Moss in Benedict Cumberbatch's Power of the Dog (EXCLUSIVE) », sur variety.com, (consulté le ).
  7. (en) Justin Kroll, « Jesse Plemons Joins Benedict Cumberbatch in Jane Campion's Power of the Dog (EXCLUSIVE) », sur variety.com, (consulté le ).
  8. (en) Amanda N'Duka, « The Power Of The Dog: 'Jojo Rabbit's Thomasin McKenzie, Kodi Smit-McPhee & More Join Benedict Cumberbatch In Netflix Drama », sur deadline.com, (consulté le ).
  9. (en) « Work starts on Netflix drama in Maniototo », sur odt.co.nz, (consulté le ).
  10. (en) « Campion film set arrives in Dunedin », sur odt.co.nz, (consulté le ).
  11. a et b (en) Sumith Prasad, « Where Was The Power of the Dog Filmed? », sur thecinemaholic.com, (consulté le ).
  12. (en) Tom Hunt, « Jane Campion movie starring Cumberbatch, Dunst is second film allowed in », sur i.stuff.co.nz, (consulté le ).
  13. Thomas Messias, « Benedict Cumberbatch raconte avoir sauvé une famille grâce à «The Power of the Dog» », sur Slate.fr, (consulté le )
  14. (en) Nick Vivarelli, « Venice Film Festival Full Lineup Unveiled – Live Updates », sur variety.com, (consulté le ).
  15. (en) Pete Hammond, « Telluride Film Festival: Will Smith's 'King Richard', Peter Dinklage Musical 'Cyrano', Joaquin Phoenix In 'C'mon C'mon', Ken Branagh's 'Belfast' Set To Premiere », sur deadline.com, (consulté le ).
  16. (en) Max Marcilla, « Virginia Film Festival returns to in-person events in October », sur nbc29.com, (consulté le ).
  17. (en) K. J. Yossman, « Benedict Cumberbatch Film The Power of the Dog to Headline BFI London Film Festival Gala », sur variety.com, (consulté le ).
  18. (en) Mark Johnson, « The Middleburg Film Festival Announces First Films in 2021 Lineup », sur awardsdaily.com, (version du sur Internet Archive).
  19. (en) Gideon Rubin, « Mill Valley Film Festival Award To Go To 'Belfast' Star: Report », sur patch.com, (consulté le ).
  20. (en) Liz George, « Montclair Film Festival To Open with Wes Anderson's The French Dispatch », sur baristanet.com, (consulté le ).
  21. (en) Dade Hayes, « Jane Campion's The Power Of The Dog Chosen As New York Film Festival Centerpiece », sur deadline.com, (consulté le ).
  22. (en) « The Power of the Dog », sur sdfilmfest.com (consulté le ).
  23. « Jane Campion's The Power of the Dog to compete at San Sebastian Film Festival », sur hlamgt.com, (consulté le ).
  24. (en) « The Power of the Dog », sur filmfest.scad.edu (consulté le ).
  25. (en) « The Power of the Dog - Zurich Film Festival », sur zff.com (consulté le ).
  26. (en) Transmission Films, sur Instagram, « Brava!! Jane Campion has won the Silver Lion award for Best Director at @labiennale. The Power of the Dog is in cinemas November 11. », (consulté le ).
  27. (en) « The Power of the Dog », sur nzfilm.co.nz (consulté le ).
  28. (en) Mike Fleming Jr., « Netflix Dates Fall Movies: A Whopping 42 Movies Coming At You », sur deadline.com, (consulté le ).
  29. (en) David Canfeld, « Jane Campion Finally Made a New Movie. She Gave It "Everything" », sur vanityfair.com, (consulté le ).
  30. (en) « The Power of the Dog » (consulté le ).
  31. « Le Pouvoir du chien » (fiche film), sur Allociné (consulté le ).
  32. Sandra Onana, « The Power of the Dog : avec Jane Campion, un western par-delà le bien et le mâle », sur liberation.fr, (consulté le ).
  33. Sophie Grassin, « Madres paralelas, Les Choses humaines, Animal… Les films à voir (ou pas) cette semaine », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  34. Bruno Deruisseau, « Dans Le Pouvoir du chien, Jane Campion perce la carapace du mâle alpha », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
  35. Clarisse Fabre, « Avec The Power of the Dog, Jane Campion signe un western prévisible sur l’univers viril d’un cow-boy », sur lemonde.fr, (consulté le ).

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier