Thierry Paulin
Thierry Paulin, né le à Fort-de-France en Martinique et mort le à la prison de Fresnes dans le Val-de-Marne est un présumé tueur en série français.
Thierry Paulin | ||
Tueur en série | ||
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Information | ||
Naissance | Fort-de-France, Martinique |
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Décès | (à 25 ans) Hôpital Bichat, Paris 18e |
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Cause du décès | Sida | |
Surnom | Le monstre de Montmartre, Le tueur de vieilles dames | |
Condamnation | , | |
Sentence | 2 ans de prison avec sursis (1983), 16 mois de prison (1987), Mort avant le procès du « Tueur de vieilles dames ». (son complice est condamné à perpétuité) |
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Actions criminelles | Meurtres | |
Victimes | 21 avouées, soupçonné de 38 affaires | |
Période | - | |
Pays | France | |
Régions | Île-de-France | |
Ville | Paris | |
Arrestation | , , | |
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Surnommé le « tueur de vieilles dames » et le « monstre de Montmartre », il avoue en 1987 les meurtres de 21 personnes commis par étranglement ou étouffement tandis que la justice lui en a attribué 18.
Biographie
modifierPaulin est né à Fort-de-France en Martinique. Enfant métis non désiré de Guy « Gaby » Paulin, maçon et de Rose-Hélène « Monette » Larcher 16 ans, alors amants[1]. Son père le reconnaît, mais part pour la métropole deux jours après sa naissance, laissant la mère se débrouiller avec le bébé. Paulin est élevé dès l'âge de dix-huit mois par sa grand-mère paternelle, qui possédait le restaurant le Maman-Jojo sur la plage de L'Anse à l'Âne et qui prêtait peu d'attention à son petit-fils. Pendant ce temps, sa mère se marie et a cinq enfants. Quand il a 10 ans, sa mère le reprend, il a beaucoup de mal à s'intégrer à ses demi-frères et demi-sœurs. À partir de ce moment, son comportement devient erratique et violent envers les autres enfants à l'école, se révélant dissimulateur. Sa mère reprend contact avec son père biologique, qui vit à Toulouse au Mirail, il est marié et a deux enfants. Elle lui réclame la pension alimentaire, il refuse et emmène son fils chez lui[2].
En métropole, Paulin a du mal à s'intégrer parmi ses camarades blancs et il a de grandes difficultés scolaires. Il obtient le BEPC, mais échoue au CAP de coiffure, et au CAP de mécanique et électricité-auto. À 17 ans, il décide de devancer l'appel du service militaire : il rejoint le 14e RPCS où il est affecté au salon de coiffure ; cependant, les autres soldats le rejettent du fait qu'il est métis et homosexuel[1].
Les faits et l'enquête
modifierPremier délit et condamnation
modifierLe , rue Ledru-Rollin à Toulouse alors qu'il est en permission, il dévalise une femme de 75 ans dans son épicerie, la menaçant avec un couteau. Malgré son foulard, il est reconnu par l'épicière et est vite arrêté pour ce vol de 1 400 francs. Il est écroué, mais relâché dix jours plus tard.
Le , il est condamné à deux ans de prison avec sursis pour vol avec violence, mais sa peine ne figurera pas dans son casier judiciaire. Paulin est libre, mais il est exclu de son régiment et affecté à l’école des fusiliers marins à Lorient d'où il est renvoyé, puis à la base aéronavale de Toussus-le-Noble où il est chargé de la tonte des pelouses[3].
Début , Paulin apprend que sa mère et sa famille viennent d'emménager à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Il part habiter chez eux, mais leurs relations sont difficiles[1].
Paulin devient serveur au Paradis latin, cabaret parisien renommé, entre-autres, pour ses spectacles de travestis. Il y rencontre un autre serveur, Jean-Thierry Mathurin, alors âgé de 18 ans. Mathurin, né en Guyane, est toxicomane et se prostitue. Paulin est toxicomane lui aussi, mais moins sévèrement que Mathurin. Ils tombent amoureux et deviennent amants[4]. Paulin commence une carrière d'artiste au Rocambole, boîte de nuit de Villecresnes, dans le Val-de-Marne, s'habillant en drag queen en chantant les morceaux de son artiste préférée, Eartha Kitt[5]. Un soir, sa mère est invitée à venir voir le spectacle de son fils. Elle quitte le club précipitamment, en larmes, quelques secondes après le début du spectacle. Il la rejoint peu après et lui confirme ce qu'elle vient de comprendre, il est homosexuel. La mère de Paulin le chasse de chez elle, car il l'a menacée avec un couteau et a frappé au ventre sa demi-sœur enceinte alors qu'elle tente de s'interposer. Il s'installe avec Mathurin dans un hôtel rue Victor-Massé, dans le 9e. À l'automne , Paulin et Mathurin sont renvoyés du Paradis latin, à la suite d'une violente scène de jalousie de Paulin, au cours de laquelle il menace de mort Mathurin, et casse du mobilier et de la vaisselle. Paulin se lance dans le trafic de stupéfiants[4].
Première vague de meurtres
modifierLe , deux femmes âgées sont agressées à Paris. Germaine Petitot, 91 ans, survit mais le traumatisme subi l'empêche de se souvenir des détails ou la description de ses agresseurs. Anna Barbier-Ponthus meurt après avoir été battue et asphyxiée par un oreiller. Ses assassins lui dérobent 300 francs (45 euros)[6].
Du 5 octobre au , huit femmes âgées sont agressées et assassinées à leurs domiciles, dans le 18e. La violence des crimes est horrible, les victimes ont leur tête glissée dans un sac plastique, battues à mort et certaines ont été forcées de boire des détergents. Dans toutes ces affaires, les motivations de ces meurtres sont toutes crapuleuses (vol de bijoux et d'argent). Des enquêtes rapportèrent que Paulin engageait des conversations avec les femmes qui lui semblaient les plus laides et inamicales et il choisissait les plus fragiles[6]. L'un des meurtres attire l'attention de l'inspecteur Bernard Laithier. L'un des meurtriers avait fait boire un liquide à base de soude caustique, à l'une des victimes, découverte le . Il emmène le bidon de liquide à son bureau, pour s'en servir lors de l'arrestation des deux tueurs.
Au même moment, Paulin et Mathurin mènent un style de vie complètement extravagant, passant leurs nuits en discothèque, buvant du champagne et sniffant de la cocaïne. Fin , ils décident de partir pour Toulouse quelques mois chez le père de Paulin. Mais son père n'accepte pas l'homosexualité de son fils : s'ensuivent de violentes disputes, mettant fin à l'idylle de Paulin et Mathurin. Mathurin retourne à Paris, mais Paulin, quant à lui, tente de monter sa propre entreprise de spectacles de travestis. Mais cela se solde par un échec, à l'automne 1985[7].
Deuxième vague de meurtres
modifierEntre le et le , huit autres femmes âgées sont assassinées et détroussées à leurs domiciles. La police est incapable d'identifier le tueur, bien que les enquêteurs aient quelques pistes. La police arrive à faire le lien, grâce à une empreinte digitale, entre l'agresseur et les meurtres de l'automne 1984.
Arrestation et incarcération
modifierÀ l'été , à Alfortville, Paulin agresse un de ses trafiquants de cocaïne. Il le menace avec un pistolet d'alarme puis le frappe à coup de batte de baseball. Le dealer porte plainte. Paulin est arrêté le , puis écroué.
Il est condamné en à 16 mois de prison, une peine qu'il effectue à la prison de Fresnes. Après sa libération, le , il apprend qu'il a contracté le virus du sida[8],[9].
Derniers meurtres, dernières fêtes et arrestation
modifierSe sachant condamné à court terme par sa maladie, Paulin profite de la vie en organisant de gigantesques fêtes, dépense beaucoup d'argent. Paulin paye ses fêtes avec des cartes de crédit et chèques volés provenant de ses victimes.
Le , la série reprend avec le meurtre de Rachel Cohen, 79 ans. Le même jour, il s'attaque à Berthe Finalteri, qui suffoque et qui est laissée pour morte. Le 27 novembre, il étrangle Geneviève Germond qui sera sa dernière victime présumée. Berthe Finalteri, qui s'était évanouie, survit. Sur la base de son témoignage et de celui d'un voisin ayant croisé Thierry Paulin dans les escaliers, la police fait un portrait-robot de l'agresseur. Il ressemble à un métis d'1,80 mètre d'une vingtaine d'années coiffé à la Carl Lewis, au nez épaté et aux cheveux crépus décolorés en blond, une boucle à l'oreille gauche.
Le , le portrait-robot est diffusé dans Paris. Le soir même, Thierry Paulin invite une trentaine de personnes, dont son avocat, dans un restaurant des Halles, le Tourtour, à l'occasion de ses 24 ans. La fête dure jusqu'à 3 h du matin. Le coût de la soirée de Paulin s'élève à 14 500 francs, financé à l'aide de l'argent de ses dernières victimes.
Le au soir, il invite une vingtaine de personnes dans un restaurant de Pigalle.
Le au soir, il organise sa dernière fête dans une boîte de nuit, avec des diplomates africains. C'est sa dernière soirée en liberté.
Identification, arrestation et incarcération
modifierGrâce à ces indications transmises à toutes les équipes de police, un commissaire, Francis Jacob, interpelle le suspect, rencontré par hasard dans la rue (48° 52′ 37″ N, 2° 21′ 08″ E) le [10].
Une fois arrêté, il avoue le meurtre de 21 personnes à l'issue de deux jours de garde à vue ; de l'avis des policiers qui enquêtent sur ses meurtres depuis trois ans, comme des magistrats chargés du dossier, le nombre de ses victimes présumées s'élève probablement à une trentaine.
À la première nuit tombée, l'inspecteur Bernard Laithier sort le liquide à base de soude caustique, que l'un des tueurs avait fait boire à une victime, trois ans plus tôt. Quand Bernard Laither lui demande sévèrement : « Et ça ! Qui c'est ! », Paulin se défend en disant « C'est pas moi ! ». L'inspecteur Laither lui répète à nouveau la question. Acculé, Paulin finit par dénoncer son complice, Jean-Thierry Mathurin.
Le , au petit matin, Jean-Thierry Mathurin est arrêté à son domicile. Il habite alors avec un travesti du Paradis Latin. Lui qui s'était depuis rangé, est rattrapé par ses crimes, commis à l'automne . Il avoue sa complicité pour les huit premiers meurtres.
Le , Thierry Paulin, 24 ans, est inculpé pour 18 assassinats, car trois ne concordent pas avec les informations de la police[11]. Et Jean-Thierry Mathurin, 22 ans, est inculpé pour 8 assassinats.
Les empreintes digitales de Paulin avaient été archivées par la police de Toulouse dès 1982. Les autorités se rendent compte après l'arrestation de Paulin qu'il aurait pu être identifié et interpellé beaucoup plus tôt, et que de nombreuses victimes auraient pu être épargnées s'il avait existé un fichier central regroupant toutes les empreintes digitales traitées de manière informatique. Cette affaire contribuera à la création du Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED).
Mort en prison
modifierDébut 1988, le corps de Thierry Paulin commence à succomber aux effets de la maladie. Après une année d'hospitalisation dans une chambre de l'hôpital Bichat dans un état de quasi-paralysie, il meurt des suites du sida à la prison de Fresnes, le , avant de pouvoir être jugé[12].
Liste des victimes connues
modifierDate de découverte | Date des faits | Identité | Nom d'épouse | Âge | Arrondissement | Lieu |
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Germaine Petitot | Michel | 91 | 18e | 43 rue Lepic | ||
Anna Ponthus | Barbier | 83 | 9e | 10 rue Saulnier | ||
Suzanne Foucault | - | 89 | 18e | 10 rue Nicolet | ||
Ioana Seicaresco | - | 71 | 18e | 60 boulevard de Clichy | ||
Alice Partouche | Benaïm | 84 | 18e | 15 rue Marc-Séguin | ||
Marie Choy | - | 80 | 18e | 7 rue Pajol | ||
Maria Cifre-Valle | Mico-Diaz | 75 | 18e | 27 rue des Trois-Frères | ||
Jeanne Lorent | Louis | 82 | 18e | 7 rue Armand-Gauthier | ||
Paule Victor | - | 77 | 17e | 8 rue Jacques-Kellner | ||
Estelle Billet Donjoux | 91 | 14e | 14 rue Lacaze | |||
6 janvier 1986 | Andrée Gescoffe | Ladam | 77 | 14e | 12 rue Baillou | |
Yvonne Couronne | 83 | 14e | 8 bis rue Sarrette | |||
Marjem Jurblum | 81 | 11e | 7 rue Pelée | |||
Françoise Vendôme | 83 | 12e | rue de Charenton | |||
Yvonne Schaiblé | - | 77 | 5e | 18/20 rue Censier | ||
Virginie Dégardin | Labrette | 76 | 12e | 25 rue de Wattignies | ||
Ludmila Liebermann | Lamont | 85 | 14e | 61 avenue du Général-Leclerc | ||
Rachel Cohen | 79 | 10e | rue du Château-d'Eau | |||
Berthe Finaltéri | 87 | 10e | rue d'Alsace | |||
Geneviève Germond | 73 | 10e | 22 rue Cail |
Procès et condamnation de son complice
modifierLe , Jean-Thierry Mathurin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 18 ans pour sa complicité dans les sept premiers meurtres et la première tentative de meurtre.
Il est placé en semi-liberté le , pour une durée de trois ans[13]. Il est en liberté conditionnelle depuis le .
Notes et références
modifier- Alain Bauer, Dictionnaire amoureux du Crime, Plon, , p. 403.
- Agnès Grossmann, L'enfance des criminels, Place Des Éditeurs, , p. 122.
- Paulin, Thierry, sur tueursenserie.org
- Alain Bauer, op. cit., p. 404
- Agnès Grossmann, L'enfance des criminels, Place Des Éditeurs, , p. 123.
- Sylvain Larue, Tueurs en série de France, Éditions De Borée, , p. 310
- Jean-Pierre Vergès, Les tueurs en série, Hachette Pratique, , p. 183.
- Jean-Pierre Vergès, Les tueurs en série, Hachette Pratique, , p. 184.
- Philippe Boggio, « Thierry Paulin : le tueur de vieilles dames enfin capturé », Le Monde, (lire en ligne)
- « Thierry Paulin - TUEURS EN SERIE.org », sur TUEURS EN SERIE.org (consulté le )
- « Thierry Paulin - Page 2 de 2 - TUEURS EN SERIE.org », sur TUEURS EN SERIE.org (consulté le )
- Serge Garde, Rémi Gardebled et Valérie Mauro, Guide du Paris des faits divers : du Moyen âge à nos jours, Le Cherche Midi, , p. 173.
- Le complice du tueur des vieilles dames est libéré, moreas.blog.lemonde.fr
Sources
modifierBibliographie
modifier- Serge Bornstein et Christiane Jumeaucourt-Nevchehirlian, L'assassin des vieilles dames, Éditions de Paris, 2005.
- Georges Moréas (conseiller technique) et Bill Waddell (conseiller technique), Dossier meurtre. Enquête sur les grands crimes de notre temps, vol. 1 : Le tueur de vieilles dames. Thierry Paulin : flambeur dans les boîtes la nuit, tueur le jour. Il faudra trois années pour le confondre, Paris, ALP, , 30 p.
Filmographie
modifierL'affaire a en partie inspiré Claire Denis pour son film J'ai pas sommeil, sorti en 1994.
Documentaires télévisés
modifier- « Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames » le dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2.
- « Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames » le dans Affaires criminelles sur NT1.
- « Affaire Thierry Paulin » (premier reportage) le dans Chroniques criminelles sur NT1.
- « Le tueur de vieilles dames » (deuxième reportage) de la « Spéciale : ils ont fait trembler Paris » le dans Crimes sur NRJ 12.
- « Thierry Paulin : le tueur de vieilles dames » dans Portraits de criminels sur RMC Story et sur RMC Découverte.
- « Affaire Thierry Paulin, le tueur et les vieilles dames » dans Au bout de l'enquête, la fin du crime parfait ? le sur France 2.
Émissions radiophoniques
modifier- « Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames » le dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.
- « Thierry Paulin : courtisan la nuit, assassin le jour » le dans Affaires Sensibles de Fabrice Drouelle sur France Inter.
- « Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames » le dans Hondelatte raconte de Christophe Hondelatte sur Europe 1.
- « Cerno, l'anti-enquête », podcast de Julien Cernobori.
Articles connexes
modifierLiens externes
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