Tir couplé
Un tir couplé, tir en doublette ou communément nommé doublette, en anglais double tap, est une technique de tir où deux coups sont tirés en succession rapide sur la même cible avec la même image de visée (par opposition à la paire contrôlée, où une deuxième image de visée est acquise pour le second coup)[1],[Note 1].
Le terme double-frappe (double tap en anglais également) désigne aussi une pratique décriée, utilisée notamment par les aviations russes et syriennes, qui consiste à revenir sur les lieux d'une frappe aérienne après quelques minutes et à viser le même lieu une seconde fois, afin de faire un maximum de victimes en visant les survivants ainsi que les personnes venues les secourir. Cette tactique, qualifiée de "terroriste"[2] est utilisée par la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Histoire
modifierWilliam Ewart Fairbairn (1885-1960) et Eric Anthony Sykes (en) (1883-1945) sont des policiers britanniques qui ont travaillé à Shanghai dans les années 1930 et qui ont mis au point cette technique afin de surmonter les limites des balles blindées (BB), ils sont à l'origine de cette technique.
Les munitions du type balle blindée sont couramment utilisées par les militaires pour assurer la fiabilité de l'alimentation en balles de l'arme, respecter la convention de La Haye de 1899 relatives aux munitions non expansibles et pour améliorer la pénétration[3]. Le problème des balles blindées est qu'elles tendent à ne pas causer suffisamment de dégâts, nécessitant plus de coups et un meilleur placement des coups.
Le terme « tir couplé » est utilisé pour décrire une technique plus large consistant à tirer deux projectiles rapidement et avec précision pour neutraliser l'objectif à atteindre. La pratique est utilisée par les équipes tactiques de police, le personnel militaire, le GIGN, les unités de combat antiterroriste et les membres du personnel des forces d'opérations spéciales.
Le fusil d'assaut russe AN-94 peut automatiquement tirer deux balles en une rafale rapide pour mieux pénétrer le gilet pare-balles.
Les tirs couplés font partie intégrante de l'exercice de tir au pistolet de combat El Presidente mis au point par Jeff Cooper dans les années 1970 et publié dans le numéro de janvier/février de l'American Handgunner (en) en 1979. Cooper a également mis au point dans les années 1970 le Tir mozambicain, qui permet, si les deux premiers tirs n'ont pas neutraliser la personne d'ajouter un troisième coup à la tête.
L'instruction et la pratique de pousser la détente avec deux doigts améliorent la précision globale, car le tireur n'a souvent pas l'arme complètement étendue sur le premier coup, ce qui signifie que le second tir est généralement le meilleur. Le terme marteau est parfois utilisé pour décrire un tir couplé dans lequel les viseurs de l'arme à feu ne sont pas corrigé par le tireur entre les tirs.
Technique
modifierDans la technique du tir couplé, après le premier tir effectué, le tireur récupère rapidement la stabilité de l'arme pour un deuxième coup rapide. Cette compétence peut être pratiquée en tirant deux coups à la fois, en prenant du temps entre les coups pour bien revoir la mire. Avec de l'entraînement, le temps qui s'écoule entre les deux tirs devient de plus en plus court jusqu'à ce qu'il donne l'impression à l'observateur que les coups sont tirées d’affilé sans re-viser.
Double frappe aérienne
modifierLe terme a également été utilisé plus récemment pour désigner la pratique consistant à faire suivre une frappe — par exemple un missile, des frappes aériennes, des tirs d'artillerie ou une attaque à l'aide d'un dispositif explosif improvisé — avec une seconde frappe quelques minutes plus tard au même endroit, pouvant frapper des équipes d'intervention, des secouristes et des médecins se précipitant sur le site après la première frappe.
Les États-Unis ont de nombreuses fois eu recours à cette tactique lors de leurs intervention au Moyen-Orient et au Pakistan[4]
L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont eu recours à des frappes en tir couplé au Yémen, les États-Unis au Pakistan.
L'utilisation de la double frappe aérienne est largement répandue lors de la guerre civile syrienne, par les aviations de la Russie et du régime syrien. L'objectif en Syrie est de tuer les survivants et les secouristes intervenus pour venir en aide aux victimes d'une première frappe aérienne[5],[6],[7]. Selon la Défense civile syrienne, plus de la moitié de ses secouristes ayant péri ont été tués au cours de doubles-frappes[8],[9].
La Russie utilise de nouveau la double-frappe en lors de l'invasion de l'Ukraine en 2022[10],[11] et en 2023[12],[13].
Israël utilise la double-frappe au Liban en 2024[14].
Cette tactique visant des civils et des secours, elle constitue un crime de guerre[15],[13].
Filmographie
modifierAu cinéma
modifier- 1997 : Double Frappe (Double Tap) de Greg Yaitanes[16]
- 2000 : Double Tap (鎗王 - Cheung wong) de Law Chi-Leung (en)[17]
À la télévision
modifier- 2021 : Double Tap (Shuang Tan), 1re saison, de Fèi Yù-Zhú et Chén Zhòu-Fēi[18]
Notes et références
modifierNotes
modifier(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Double tap » (voir la liste des auteurs).
- Définition traduite par : « Deux coups très rapides tirés d'une arme de poing, tous deux dirigés par le viseur. Aussi appelée paire contrôlée. Les deux coups sont tirés à un séquençage plus lent qu'un Hammer qui est tiré à une cadence proche de la répétition cyclique des caractéristiques de l'arme à feu ».
Références
modifier- (en) Fr. Frog, « Small Arms Terminology Reference : Double-Tap », sur frfrogspad.com, (consulté le ).
- « Quand la Russie utilise une tactique interdite pour faire plus de victimes », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
- « Déclaration (IV,3) concernant l'interdiction de l'emploi de balles qui s'épanouissent ou s'aplatissent facilement dans le corps humain… », sur ICRC (consulté le ).
- (en) Glenn Greenwald, « US drone strikes target rescuers in Pakistan – and the west stays silent », sur The Guardian, (consulté le )
- (en-GB) « Idlib double tap air strikes: Who’s to blame? », BBC News, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « HuffPost is now a part of Verizon Media », sur consent.yahoo.com (consulté le ).
- (en-GB) Raf Sanchez, « Aleppo horror: dozens of civilians killed in Russian and Syrian strikes », The Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le ).
- « Soutien aux Casques blancs », sur whitehelmets.org (consulté le ).
- (en) « Air strikes kill White Helmets rescuers in Hama », sur aljazeera.com (consulté le ).
- (en) Clarissa Ward,Brent Swails,Scott McWhinnie, « As Russian rockets rain down on Kharkiv, its paramedics are risking their lives to save others », sur CNN, (consulté le ).
- (en) « Video: Russian forces use 'double-tap' strikes to hit first responders », sur EMS1 (consulté le ).
- (en) « EXPLAINED: Russia’s Devastating – and Illegal – ‘Double Tap’ Strikes on Ukraine », sur Get the Latest Ukraine News Today - KyivPost (consulté le ).
- « Guerre en Ukraine : Moscou accusé de pratiquer le «double tap», ces bombardements en deux temps qui ciblent les secours », sur Libération (consulté le ).
- « Au Liban, l’impossible bilan humain par les secouristes », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Alexandre Horn, pour Libération, « Guerre en Ukraine: la Russie utiliserait une tactique décriée pour venir à bout de son adversaire », sur La Libre.be, (consulté le ).
- « Double Tap (1997) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
- « Cheung wong (2000) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
- « Série : Double Tap (2021) », sur SensCritique (consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Fr. Frog, A Glossary of Terms Relating to Firearms, Their Use, and Possession for the Hoplophobe, the Non-shooter, or Individuals Employed by the Media [« Glossaire des termes relatifs aux armes à feu, à leur utilisation et à leur possession pour les personnes ayant peur des armes (hoplophobe), le non-tireur ou les personnes employées par les médias »], Cottonwood (Arizona), Excalibur Press / John Schaefer (réimpr. 2018) (1re éd. 1994), 14 × 21 cm (lire en ligne).