Tirailleurs malgaches
Les tirailleurs malgaches, et par extension les différents militaires coloniaux d'origine malgache, sont des combattants de l'armée française recrutés parmi les habitants de Madagascar.
Avant 1914
modifierLa compagnie de tirailleurs sakalaves de Madagascar est créée le . En 1892, l'unité passe à deux compagnies et est renommée tirailleurs de Diego Suarez. Le régiment colonial de Madagascar, recruté avant l'expédition de Madagascar de 1895, compte un bataillon malgache[1].
Le régiment de tirailleurs malgaches (RTM) est créé le , en incorporant les tirailleurs de Diego Suarez. Le , ce régiment, majoritairement stationné à Tamatave, devient le 1er RTM lorsque le 2d RTM est créé. Le 3e RTM est créé le et le 4e le [1].
Le 4e RTM est dissous dès juin 1911[2]. Les trois régiments de tirailleurs malgaches reçoivent leur drapeau des mains du président Raymond Poincaré le [3].
Première Guerre mondiale
modifierPendant la Première Guerre mondiale, les Malgaches sont considérés initialement comme impropres à la guerre en Europe, notamment par le général Joffre, malgré les demandes du gouverneur général de la colonie, Hubert Garbit[4]. Le recrutement des Malgaches est finalement autorisé et Garbit organise la mobilisation des Malgaches[5],[6]. Il s'engagera lui-même en 1917[6]. Le premier contingent est envoyé en octobre 1915 vers la métropole, suivi de cinq autres en 1916[7]. Les 21 bataillons de tirailleurs malgaches, comme les Indochinois, furent plutôt utilisés pour des travaux de Génie ou en usine d’armement, à l'exception de trois bataillons entraînés au combat, le 12e BTM étant le seul engagé au feu[8]. Les bataillons malgaches furent formés entre 1916 et 1918, essentiellement dans le Var et la plupart furent dissous en 1918, environ 15 000 hommes étant mutés dans l’artillerie coloniale[réf. souhaitée]. 45 863 Malgaches servirent dans les rangs de l'Armée française (dont 41 355 au titre des Armes)[réf. nécessaire]. Parmi les combattants, 10 000 furent incorporés dans des régiments d'artillerie lourde. Au total 3 101 Malgaches furent tués ou portés disparus et 1 835 blessés[7].
Entre-deux-guerres
modifierLes bataillons de tirailleurs malgaches participent à l'occupation de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale[9]. En mars 1923, les tirailleurs malgaches forment cinq bataillons de chasseurs-mitrailleurs stationnés en France[10], auxquels s'ajoute en octobre le 41e régiment de tirailleurs coloniaux[8]. Un bataillon est engagé et partiellement détruit lors de la grande révolte syrienne de 1925, le 42e bataillon de tirailleurs coloniaux.
En 1926, les trois régiments de l'île sont réorganisés en deux régiments mixtes de Madagascar (1er et 2e RMM) et un régiment de tirailleurs malgaches. À la même époque, deux régiments de tirailleurs malgaches sont mis sur pied en France, le 41e et le 42e[11].
Seconde Guerre mondiale
modifier27 676 Malgaches sont affectés à la défense de leur île en mai 1940 tandis que 14 675 sont alors en France. Les régiments d'artillerie des divisions d'infanterie coloniale sont renforcés de nombreux Malgaches[12]. Deux unités d'infanterie à recrutement malgache sont engagées lors de la campagne de France, le 41e régiment de mitrailleurs d'infanterie coloniale et la 42e demi-brigade de mitrailleurs coloniaux, où elles sont détruites.
Pendant l'occupation, des tirailleurs malgaches faits prisonniers par les Allemands en 1940 s'évadent et rejoignent la Résistance, à l'image de Justin Resokafany[13].
Après 1945
modifierAprès l'insurrection malgache de 1947[14], les deux régiments mixtes de Madagascar ne sont constitués que de soldats français ou de tirailleurs sénégalais, les malgaches servant au sein du bataillon de tirailleurs malgaches[15]. Celui-ci devient en 1958 le 12e bataillon d'infanterie de marine, dissous en 1962[16].
Des Malgaches servent au sein d'unités d'artillerie coloniale pendant la guerre d'Algérie, jusqu'en 1962[15].
Références
modifier- (en) René Chartrand, French Naval & Colonial Troops 1872–1914, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-4728-2617-6, lire en ligne), p. 20-21
- « La suppression du 4e régiment de tirailleurs malgaches », Bulletin du comité de l'Afrique française, XXIe année no 7, , p. 182-183 (lire en ligne)
- Éric Deroo, « Mourir : l'appel à l'empire », dans Pascal Blanchard, Culture coloniale : la France conquise par son empire, 1871-1931, Autrement, (ISBN 2-7467-0299-1 et 978-2-7467-0299-8, OCLC 300404235, lire en ligne), p. 107-117
- Richard S. Fogarty, « La « Plus Grande Guerre »: Les colonies, la race et l’armée française (1906-1916) », Mil neuf cent, vol. n° 33, no 1, , p. 97 (ISSN 1146-1225 et 1960-6648, DOI 10.3917/mnc.033.0097, lire en ligne, consulté le )
- « « L'image du tirailleur malgache de la Grande Guerre est brouillée » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Faranirina V. Rajaonah, « La grande guerre du côté des malgaches quelles perspectives pour des colonisés ? », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 255, no 3, , p. 27 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.255.0027, lire en ligne, consulté le )
- Éric Deroo et Antoine Champeaux, « Panorama des troupes coloniales françaises dans les deux guerres mondiales », Revue historique des armées, no 271, , p. 72–88 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
- Antoine Champeaux, « Le patrimoine de tradition des troupes indigènes », Revue historique des armées, no 271, , p. 89–106 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
- Chantal Valensky, « Soldats malgaches et culture française (fin du XIXe-première moitié du XXe siècle) », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 84, no 315, , p. 63–84 (DOI 10.3406/outre.1997.3539, lire en ligne, consulté le )
- Henri Vaudable, Histoire des troupes de marine, à travers leurs insignes: Des origines à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Service historique de l'Armée de terre, (ISBN 978-2-86323-092-3, lire en ligne), p. 73 & 185
- Clayton 1988, p. 367.
- « Les Troupes Coloniales en 1939-40 : la mobilisation et la période d'attente », L'Ancre d'or, no 256, (lire en ligne)
- Maurice Rives, « Les tirailleurs malgaches et sénégalais dans la résistance », Hommes & Migrations, vol. 1276, no 1, , p. 50–59 (DOI 10.3406/homig.2008.4802, lire en ligne, consulté le )
- Clayton 1988, p. 435.
- Clayton 1988, p. 369.
- Vaudable 1995, p. 94.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Hubert-Auguste Garbit, L'effort de Madagascar pendant la guerre, Paris, Augustin Challamel, (lire en ligne).
- (en) Anthony Clayton, France, Soldiers and Africa, Brassey's Defence Publishers, , 444 p. (ISBN 0-08-034748-7).
- Jacques Razafindranaly, Les soldats de la Grande île : d'une guerre à l'autre, 1895-1918, Paris, L'Harmattan, coll. « Repères pour Madagascar et l'Océan indien », (ISBN 978-2-738-49281-4, lire en ligne).
- Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre: Combats et épreuves des peuples d'outre-mer, Saint-Cloud (Hauts de Seine, Ed. 14-18, (ISBN 978-2-9519539-7-0, OCLC 951649837).
- Arnaud Léonard « La Grande Île dans la Grande Guerre. L'expérience combattante des Malgaches (1914-1918) » ()
—Travailleurs et soldats. Les hommes des colonies dans la Grande Guerre. - Henri Vaudable, Histoire des troupes de marine, à travers leurs insignes: Des origines à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Service historique de l'armée de terre, (ISBN 978-2-86323-092-3, lire en ligne).
- Chantal Valensky, Le soldat occulté : les Malgaches de l'armée française, 1884-1920, L'Harmattan, (ISBN 2-7384-2657-3 et 978-2-7384-2657-4, OCLC 35820481, lire en ligne).
Liens externes
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- Tiraera, la Grande île dans la Grande Guerre
- « iraera, la Grande île dans la Grande Guerre », sur aefe.fr.