Tourelle pour une arme mixte et un mortier

artillerie de la ligne Maginot

La tourelle pour une arme mixte et un mortier modèle 1935 est l'un des types de tourelle qui équipent les blocs d'infanterie des ouvrages de la ligne Maginot. Il s'agit d'un modèle de tourelle à éclipse, installé en saillie sur la dalle de béton de son bloc et armé avec une arme mixte et un mortier de 50 mm.

plan en coupe
Schéma d'un bloc montrant le système de mise en batterie de la tourelle. On distingue bien l'un des 3 balanciers, relié par une chaîne au fût de la tourelle.

Son rôle était d'assurer la défense rapprochée de son ouvrage (notamment frontalement) et d'intervenir en renfort des casemates d'infanterie voisines.

Caractéristiques modifier

La tourelle pour une arme mixte et un mortier fait 2,55 mètres de diamètre extérieur pour un total de 151 tonnes. Sa partie mobile est mise en batterie à l'aide de trois contrepoids verticaux, disposés en triangle et suspendus à des chaînes. L'encombrement de la tourelle est ainsi plus faible que celui des autres modèles (il n'y a pas de balancier), le tout étant en équilibre, actionné par un moteur électrique ou manuellement. Une fois en batterie, elle émerge de 1,13 mètre au-dessus de son avant-cuirasse[1].

Son blindage est de 350 mm d'épaisseur d'acier pour la toiture et de 300 mm pour la muraille (partie entre la toiture et l'avant-cuirasse). Le cuirassement de la partie mobile (toiture et muraille) est coulé d'une seule pièce. Une fois la tourelle éclipsée, la toiture repose sur les voussoirs d'acier de l'avant-cuirasse scellées dans la dalle de béton du bloc.

Armes modifier

La tourelle est armée d'une part avec une arme mixte, composée d'un jumelage de mitrailleuses et d'un canon antichar, d'autre part avec un mortier de 50 mm.

Les deux mitrailleuses sont des MAC 31 de calibre 7,5 mm, capables de tirer à une portée pratique de 1 200 mètres[N 1],[2]. La dotation en munitions est théoriquement de 200 000 cartouches de 7,5 mm par jumelage, réparties entre les magasins de l'ouvrage et du bloc.

Le canon est un canon antichar de 25 mm modèle 1934 raccourci[N 2].

Le mortier est celui de 50 mm modèle 1935 (angle de tir à 45°).

Servants modifier

Équipements modifier

La muraille est percée de quatre orifices, un pour la lunette de tir, deux pour le jumelage de mitrailleuses et un dernier pour le canon antichar. S'y rajoute une cinquième embrasure pour le mortier, sur la toiture, ce qui lui permet de tirer même quand la tourelle est éclipsée.

Le refroidissement des tubes peut se faire par aspersion d'eau (20 litres d'eau sont prévus par jour, stockés dans des citernes situées à l'étage supérieur du bloc[N 3])[3].

La communication entre le PC de l'ouvrage et celui du bloc se fait par téléphone, celle entre le PC du bloc et le poste de pointage se fait par transmetteur d'ordres (système visuel copié sur celui de la marine), tandis que celle entre l'étage intermédiaire et la chambre de tir se fait par tuyau acoustique ou par transmetteur[N 4],[4].

Liste des tourelles modifier

Sept tourelles pour une arme mixte et un mortier sont commandées (marché du ) à la compagnie de Chatillon-Commentry et Neuves-Maisons (usine de Saint-Jacques à Montluçon)[5], toutes ont été installées sur le front Nord-Est.

Secteur fortifié de l'Escaut
Ouvrages Numéros du bloc Numéros de tourelle Remarques
Tallandier -[N 5] 601 Démantelée en 1941
Secteur fortifié de Maubeuge
Ouvrages Numéros du bloc Numéros de tourelle Remarques
Boussois 3 605 Démantelée en 1941
Héronfontaine - 604 Démantelée en 1941
Rocq - 606 Démantelée en 1941
Marpent Nord - 602 Démantelée en 1941
Marpent Sud - 603 Démantelée en 1941
Secteur fortifié de Boulay
Ouvrages Numéros du bloc Numéros de tourelle Remarques
Anzeling 9 607 Tourelle encore en place[N 6]

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La portée pratique des mitrailleuses en tir rasant est de 600 mètres, mais la hausse est établie jusqu'à 2 400 mètres pour le tir avec la balle lourde modèle 1929 D. La portée maximale est de 4 900 mètres.
  2. Le canon de 25 mm AC modèle 1934 a son tube raccourci à 1,50 mètre, ce qui limite sa portée utile à 800 mètres et son pouvoir de perforation à 40 mm de blindage (à 400 mètres et à 30°).
  3. Ces citernes sont alimentées par les eaux de ruissellement canalisées par des drains. En cas d'insuffisance, des wagonnets-citerne munis d'une pompe peuvent ravitailler les blocs en manque.
  4. Transmetteur d'ordres modèle 1937 C (Carpentier) entre le PC du bloc et la tourelle, transmetteur téleflex (plus compact) entre l'étage intermédiaire et la chambre de tir.
  5. Une casemate est monobloc.
  6. L'armement de la tourelle du bloc 9 de l'ouvrage d'Anzeling se trouve au musée du Simserhof.

Références modifier

  1. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française », , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1), p. 72.
  2. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 109-110.
  3. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 40.
  4. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 125-126.
  5. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 116.

Voir aussi modifier

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