Trésor des Chartes

archives anciennes de la Couronne de France.

Le Trésor des Chartes, en latin thesaurus chartarum, est le fonds le plus ancien des archives royales conservé par les Archives nationales françaises.

Historique modifier

La légende veut que la décision de conserver les archives de la couronne en un lieu unique ait été prise après la défaite de Fréteval. Le , Philippe Auguste affronte Richard Cœur de Lion aux abords de la forêt de Fréteval (près de Vendôme). Richard lui inflige une cuisante défaite, à l'issue de laquelle le roi de France perd ses équipages, son trésor et ses archives, dont le sceau royal, qu'il transportait dans ses campagnes militaires.

Philippe Auguste aurait alors été contraint de reconstituer ses chartes domaniales, les registres et archives particulières de la couronne royale.

Yann Potin a montré qu'il s'agissait d'une légende infirmée par les faits. La création d'un dépôt remonte plutôt à 1204, date de l'intégration du duché de Normandie au royaume de France. Ou plutôt c'est à partir de cette date que les actes administratifs commencent à être systématiquement conservés.

La légende des archives perdues lors de la bataille a été forgée par le pouvoir pour justifier de l'absence de fonds plus ancien, à l'image des archives anglaises. La dynastie capétienne souffre donc d'une fragilité juridique marquée par l'absence d'assises documentaires, d'où le recours à ce passé mythique des archives de la couronne[1].

Pierre-Denis Martin, Louis XV jeune sortant du Parlement en 1715. Musée Carnavalet
La démolition du Palais de Justice en 1777

À partir de 1231, les documents sont entreposés au Palais de la Cité[2]. En 1254, les archives et, plus tard vers 1300-1302 les registres de chancellerie contenant le plus souvent des chartes d'actes royaux scellés de cire verte, sont déposés au troisième étage de la sacristie de la Sainte-Chapelle du palais avec la bibliothèque royale, au-dessus du « trésor » de reliques et de joyaux conservé au rez-de-chaussée. Le tableau de Pierre-Denis Martin montrant le jeune Louis XV sortant d'un lit de justice tenu au Parlement en 1715 nous fait découvrir ce curieux bâtiment accolé à la Sainte-Chapelle. Les archives y restent jusqu'à la démolition du bâtiment en 1783 après l'incendie du Palais de la Cité en 1776 et la volonté de construire une aile à son emplacement[3]. Un dessin de Thomas Froideau, assistant de l'architecte Pierre Desmaisons chargé de la reconstruction du Palais de Justice, montre l'état 1777 avec le Trésor des Chartes à gauche encore debout.

Les archives de Philippe le Bel et de ses trois enfants occupent presque un tiers des documents conservés. On appelait « layettes » les coffres qui renfermaient ces archives.

Pierre Dupuy, garde de la Bibliothèque du roi et écrivain français, né à Agen en 1582, mort en 1651 travailla avec ardeur à l'inventaire du trésor des chartes.

Notes et références modifier

  1. Yann Potin, Trésor, écrits, pouvoirs. Archives et bibliothèques d'État en France à la fin du Moyen Âge, Paris, CNRS Éditions, 2020, p. 143.
  2. [PDF] Trésor des Chartes Série J (1 020 cartons, 422 registres) Archives nationales (France).
  3. Trésor des Chartes sur Structurae..

Articles connexes modifier

Liens externes modifier


Bibliographie modifier

Sources anciennes modifier

Travaux récents modifier

  • Krzysztof Pomian, « Les Archives, du Trésor des Chartes au Caran », dans Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, tome III, vol. 3, Paris Gallimard, 1992.
  • Yann Potin, La mise en archives du trésor des chartes (XIIIe-XIXe siècles), positions de thèse, École des chartes, 2007 [lire en ligne].
  • Yann Potin, Trésor, écrits, pouvoirs. Archives et bibliothèques d'État en France à la fin du Moyen Âge, Paris, CNRS Éditions, 2020
  • Olivier Guyotjeannin et Yann Potin, « La fabrique de la perpétuité : le trésor des chartes et les archives du royaume, XIIIe-XIXe s.», Revue de synthèse. Fabrique des archives, fabrique de l’histoire, 5e série, 2004, p. 15-44 (article suivi d’une bibliographie complète).