Trémolo
Un trémolo, ou tremolo (terme italien signifiant « tremblant »), est soit un effet monophonique de variation répétitive du volume d'une seule note, soit une alternance polyphonique de deux ou plusieurs sons sous forme d'accords.
Suivant les instruments de musique, sa notation diffère. Ce peut être un tremblement (voix), un roulement (percussions), un coup de langue répété (flûtes), un mouvement d'archet (instruments à cordes frottées) ou de médiator (instrument à cordes pincées), un système mécano-pneumatique (harmonium) ou une rapide alternance digitale (piano).
Comme le trille ou le vibrato, le trémolo est un ornement destiné à rendre un son ou un groupe de sons plus expressif. Il peut s'agir aussi d'une technique pour obtenir un son prolongé pour les instruments ne pouvant soutenir un son, comme le xylophone ou la mandoline.
Il peut être mesuré avec une vitesse d’articulation fixée par la notation, ou sans division rythmique précise correspondant à un frémissement, une oscillation aussi vive que possible.
Le trémolo peut également être produit de manière électronique, intégré dans un amplificateur ou dans une pédale d'effet : c'est alors un effet audio qui fait varier le volume cycliquement.
Notation
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Antonio Vivaldi (1678-1741) Les Quatre Saisons, L'Été | |
3e mouvement où les trémolos symbolisent le tonnerre. |
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Des difficultés à utiliser ces médias ? | |
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L'alternance entre les sons répétés du trémolo peut être écrite en notes réelles, en croches, doubles-croches ou triples-croches comme dans Le trémolo : grande étude pour le pianoforte[1] op. 61 de Charles Mayer, Le trémolo pour violon et piano[2] Op.30 de Charles-Auguste de Bériot ou Tremolo in octaves pour piano[3] de Maurice Strakosch.
Le trémolo est aussi indiqué par des abréviations d'une, deux ou trois barres qui coupent la hampe, le nombre varie selon la durée de la note. Dans le cas d'une ronde (qui n'a pas de hampe), les trois barres obliques du trémolo sont indiquées au-dessus ou en dessous de la note.
Si l'alternance est entre plusieurs sons, les barres sont dessinées entre les notes.
Le trémolo est parfois noté par l'abréviation « trem. ».
Instruments de musique
modifierVoix
modifierLe trémolo vocal est une vibration au niveau du larynx qui abrite les cordes vocales[4], contrairement au vibrato qui est une ondulation de la colonne d'air au niveau du diaphragme[5]. Il est utilisé dans la voix parlée parfois involontairement, sous le coup d'une forte émotion (comme André Malraux lors de son discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon[6][source secondaire nécessaire]), ou volontairement pour rendre un discours plus pathétique.
D'un rendu très artificiel, cette vibration créée par la répétition rapide d'un ou de deux sons[7] est peu employée en technique vocale après le XVIIIe siècle ( ou pas du tout), les exécutants préférant le vibrato naturel[réf. nécessaire]. Il est par contre un trait caractéristique du Stile concitato ou style agité typique de Claudio Monteverdi.
Claviers
modifierCertains instruments de musique mécanique, tels que le piano mécanique ou l'orgue limonaire, permettent d'obtenir un trémolo.
Cordes frottées
modifierViolon : frotter les cordes très rapidement dans les deux sens.
Cordes pincées
modifierEn guitare classique comme en guitare flamenca, le trémolo est une technique de main droite. La forme générale est une note basse jouée avec le pouce, suivie d'une note aiguë jouée avec les autres doigts (index, majeur et annulaire) et répétée plusieurs fois rapidement. Le trémolo est appelé « arpège sur une corde »[réf. souhaitée].
La forme classique répète le schéma p a m i (pouce, annulaire, majeur, index), alors que la forme flamenco rajoute une note aiguë et a pour schéma p i a m i[réf. souhaitée]. Un des morceaux les plus célèbres se jouant avec cette technique est Recuerdos de la Alhambra[8] de Francisco Tárrega.
Le trémolo est majoritairement utilisé pour jouer les notes longues sur la mandoline ou le banjo avec le médiator (ou plectre). Il constitue l'une des caractéristiques de ces deux instruments où la résonance des cordes (presque absente surtout sur le banjo de sonorité "sèche") est insuffisante pour prolonger une note dans sa durée. C'est le cas aussi pour le psaltérion, la balalaïka et la domra, le bouzouki, le charango ou le quattro.
Instruments à vent
modifierPour les instruments à vent, le flatterzunge est un roulement lingual et même « dental[9] » utilisé pour produire certains effets spéciaux à la trompette, à la flûte traversière, au basson ou à l'harmonica donnant un effet de trémolo.
Percussions
modifierPar roulement des maillets : le xylophone et la marimba, le cymbalum et le hackbrett.
Par va-et-vient : les clochettes et grelots, le tambourin et maracas.
Effet audio
modifierLe trémolo est également un effet audio produit de manière électronique, par des pédales d'effets ou intégré dans des amplificateurs. On l'utilise sur des guitares électriques, des orgues Hammond ou des synthétiseurs[10]. Il est souvent confondu avec le vibrato, qui est une variation de la hauteur d'une note.
Un tremolo électronique comprend en général deux réglages : l'intensité de la modulation (jusqu'à quel niveau le volume diminue), et la vitesse de la modulation. Certaines pédales ou appareils comportent également un réglage de la forme de l'onde : sinusoïdale, triangulaire, carrée ou en dents de scie[11].
Notes et références
modifier- Charles Mayer, Le trémolo: grande étude pour le pianoforte (1835) éditions Hofmeister
- Charles-Auguste de Bériot, Le trémolo (1840) sur l'IMSLP
- Maurice Strakosch, Tremolo in Octaves (1849) sur l'International Music Score Library Project
- Le larynx sur http://www.futura-sciences.com/.
- Sirvart Kazandjian Pearson : Chanter avec son corps: Appui sur le diaphragme, soutien par les abdominaux, diction avec une bonne élocution, Éditeur Solal Éditeurs, 2015, p. 294 (ISBN 2353272983)
- Discours d'André Malraux au Panthéon, le 19 décembre 1964 sous la présidence du général de Gaulle.
- CNRTL Le trémolo 2e paragraphe : chant.
- Partition de Recuerdos de la Alhambra sur l'IMSLP
- Emily Freeman Brown, A Dictionary for the Modern Conductor, Rowman & Littlefield Publishers p. 432, (ISBN 978-0810884007). Lire en ligne : « trémolo dental »
- (en) Jean-Michel Réveillac, Musical Sound Effects: Analog and Digital Sound Processing, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-119-48262-8, lire en ligne), p. 74
- (en) Dave Hunter, The Rough Guide to Guitar, Rough Guides UK, , 311 p. (ISBN 978-1-4053-8873-3, lire en ligne)
Bibliographie
modifier- Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : Technique, formes, instruments, éditions Bordas, coll. « Science de la Musique », , 1109 p. [détail des éditions] (ISBN 2-04-005140-6)
- Denis Arnold : Dictionnaire encyclopédique de la musique en 2 tomes, (Forme rondo T. I, p. 831) Université d'Oxford — Laffont, 1989. (ISBN 2-221-05654-X)