Configurations de second tour

(Redirigé depuis Triangulaire (politique))

Les configurations de second tour font référence au nombre de candidats (ou de liste de candidats) présents au cours du tour de ballottage. Celles-ci peuvent être très variées, allant du simple duel à des scénarios plus complexes impliquant le maintien de plusieurs concurrents, tels que les triangulaires (trois candidats) ou les quadrangulaires (quatre candidats).

La présence de ces différentes configurations est en partie le fait du mode de scrutin de l'élection, mais aussi de l'influence de divers facteurs, tantôt liée à l'action du corps électoral, tantôt à celle des candidats qualifiés. Ainsi, l'étude du nombre de candidats participant au second tour peut en dire beaucoup sur une situation politique.

Les différents types

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Il existe de nombreux types de configurations de second tour, récapitulés dans le tableau ci-dessous :

Nombre de candidats au 2d tour Nom de la configuration
1 candidat unique au 2d tour
2 duel
3 triangulaire
4 quadrangulaire
5 quinquangulaire[1]
6 sexangulaire[2]
7 septangulaire[3]
8 octangulaire[3]
9 nonangulaire[3]
10 décangulaire[3]

Quelques remarques concernant le tableau sont à ajouter :

  • Notons que dans une élection à deux tours, il peut également arriver qu'un candidat remporte la victoire dès le premier tour, dans le cas où il parvient à réunir la majorité requise. Dans ce cas, le tour de ballottage n'a pas lieu[4],[5],[6],[7].
  • En France, il n'est pas possible à ce jour de trouver une configuration dans laquelle plus de 10 candidats/listes sont maintenus au second tour, car les élections comportant le plus bas seuil de maintien qualifient pour le tour de ballottage tous ceux qui sont parvenus à recueillir au moins 10 % des votes[7],[5].
  • Au cours d'une élection, toutes les configurations ne sont pas possibles à cause du mode de scrutin. Aussi, certaines situations sont favorisées, ou à l'inverse sont plus rares, selon l'action de plusieurs phénomènes décrits plus loin dans l'article.

Selon le mode de scrutin

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En France, les possibilités pour se qualifier au tour de ballottage sont très différentes en fonction du mode de scrutin, ce qui peut privilégier, défavoriser voire empêcher certaines configurations au second tour, selon les élections.

Aux élections législatives françaises

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Lors des élections législatives, une situation de ballottage est possible lorsqu'un candidat n'a pas obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés et un quart des inscrits. Dans ce cas, les candidats appelés au second tour sont les deux premiers ainsi que tous ceux qui ont obtenu un huitième des inscrits[4].

Les configurations de ballottage aux législatives peuvent donc être variées. Par exemple, on parle de triangulaire lorsque trois candidats sont qualifiés au second tour, ou de quadrangulaire lorsque quatre candidats sont retenus...

Dans le cadre d'un seuil minimum de 12,5 % des voix inscrites, il est aussi théoriquement possible que surviennent une quinquangulaire, une sexangulaire, voire une septangulaire, bien que les cas ne se soient jamais présentés lors des élections législatives. Une octangulaire se produirait dans le cas exceptionnel où 100 % des inscrits se sont exprimés, et où 8 candidats recueillent exactement 12,5 % des votes chacun !

Notons qu'il peut même n'y avoir qu'un seul candidat au second tour, lorsque tous les autres qualifiés se sont désistés.

Aux élections présidentielles françaises

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Au cours des élections présidentielles, un tour de ballottage est organisé si aucun candidat n'a réuni la majorité absolue des suffrages exprimés lors du premier tour. Dans ce cas, les candidats appelés au second tour sont les deux premiers arrivés en tête. Ainsi, cette élection admet uniquement le duel comme configuration de ballottage[8].

Aux élections régionales françaises

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Au cours des élections régionales, un tour de ballottage est mis en place si aucune liste de candidats n'a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés lors du premier tour. Dans ce cas, les listes autorisées à se maintenir au second tour doivent avoir recueilli au moins 10 % des suffrages exprimés. Notons que les listes ayant reçu un minimum de 5 % des voix des électeurs s'étant exprimés peuvent fusionner avec une liste qualifiée au second tour[5].

Ainsi, les configurations de ballottage peuvent être très diverses au cours de ces élections. En effet, le seuil minimal de qualification étant fixé au dixième des suffrages exprimés, il peut alors théoriquement se maintenir jusqu'à 10 listes maximum pour le second tour, contrairement à huit candidats au plus pour les législatives[5]. Si 9 listes sont en ballottage, on pourrait alors parler de nonangulaire et dans le cas exceptionnel du maintien de 10 listes, on pourrait parler de décangulaire. Le cas assez rare de la tenue d'un second tour avec une unique liste peut également arriver (lors de désistements ou de fusions avec d'autres listes)[3].

Aussi, contrairement aux élections législatives et départementales, le seuil minimal nécessaire pour se qualifier est en pourcentage de suffrages exprimés[5]. De cette façon, il est alors plus aisé pour une liste de parvenir à franchir cette barre des 10 %, car une forte abstention n'aurait donc aucune influence dans sa qualification au second tour.

Aux élections départementales françaises

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Lors des élections départementales, un second tour est organisé dans les cantons où aucun binôme n'est parvenu à recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés ainsi que les votes d'un quart des électeurs inscrits. Pour ce tour de ballottage, sont appelés les deux binômes arrivés en tête au premier tour ainsi que tous ceux qui ont obtenu au moins un huitième des voix des inscrits[6].

De cette façon, on peut alors retrouver des configurations de second tour assez variées, allant de la candidature unique (les autres binômes s'étant désister) au cas exceptionnel de l'octangulaire (où 8 binômes se maintiennent). Le seuil minimal nécessaire pour accéder au tour de ballottage étant le même que celui des législatives, on peut alors retrouver autant de situations de second tour différentes lors des départementales que lors de l'élection des députés.

Aux élections municipales françaises

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Au cours des élections municipales, dans les communes de plus de 1000 habitants, un tour de ballottage est mis en place dans le cas où aucune liste de candidats n'a réussi à obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés. Les listes qualifiées pour le second tour sont celles qui ont recueilli au moins 10 % des suffrages exprimés : de la même façon que pour les départementales, notons également que les listes qui ont réuni plus de 5 % peuvent fusionner avec une autre, sélectionnée au second tour[7].

Lors de ces élections , les situations de ballottages peuvent ainsi être très diverses, de la présence d'une seule liste (les autres s'étant désistées ou ayant fusionné avec celle-ci) au cas extraordinaire du maintien de 10 listes (on parlera alors de décangulaire, comme évoqué plus haut[3]).

De la même façon que pour les départementales, le seuil minimal nécessaire pour se qualifier étant en pourcentage d'électeurs exprimés[7], il est davantage possible de voir apparaître des configurations de ballottage à plus de deux candidats, car l'abstention ne joue alors aucun rôle dans la sélection des listes pour le second tour.

Dans les communes de moins de 1000 habitants, sont en ballottage tous les candidats n'ayant pas parvenu à obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés et le quart des électeurs inscrits lors du premier tour. Toutefois, il est difficile d'employer les notions de duel, de triangulaire, de quadrangulaire etc., car les différents candidats qualifiés au second tour peuvent figurer sur une même liste[9].

Occurrences dans les différentes élections

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Aux élections législatives françaises

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Configurations de ballottage de 1958 à 1997[10],[11]

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Ce tableau récapitule les différentes configurations de ballottage lors des élections législatives de 1958 à 1997 en France Métropolitaine (circonscriptions d'outre-mer et d'Algérie française exclues) :

Ballottage Élu dès le premier tour
Un seul candidat Duel Triangulaire Quadrangulaire Quinquangulaire Sexangulaire
1958 84 235 97 9 1 39
1962 1 227 129 12 96
1967 331 65 2 72
1968 1 266 49 154
1973 1 326 96 1 49
1978 8 409 1 56
1981 10 309 1 154
1986 Scrutin proportionnel à un seul tour
1988 19 413 8 115
1993 16 452 15 72
1997 12 457 79 7
Configurations à l'issue du 1er tour des législatives entre 1958 et 1997 en France métropolitaine

Dans les cases où aucun chiffre ne figure, le nombre d’occurrence est nul.

Quelques précisions à apporter :

  • Le nombre de sièges à l’Assemblée Nationale a beaucoup varié sur cette période, car il y a eu de nombreux redécoupages des circonscriptions législatives au début de la Vème République.
  • Lors des élections législatives de 1958, il y eut 9 quinquangulaires et 1 sexangulaire, mais le seuil était fixé à 5 % des inscrits.
  • Après la loi no 66-1022 du 29 décembre 1966 : le seuil minimal d'inscrits nécessaire pour se qualifier passe à 10 %.
  • Après la loi no 76-665 du 19 juillet 1976 : le seuil minimal d'inscrits nécessaire pour se qualifier passe à 12,5 % : c'est encore le cas aujourd'hui.
  • Les élections législatives de 1986 se sont déroulées au scrutin proportionnel à un seul tour, ce qui explique l'impossibilité de ballottage (ces élections ne figurent pas sur le diagramme).

Configurations de ballottage de 2002 à 2024[12]

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Ce tableau récapitule les différentes configurations de ballottage lors des élections législatives de 2002 à 2024 dans les 577 circonscriptions de France (circonscriptions d'outre-mer et des français établis à l'étranger prises en compte) :

Configurations à l'issue du 1er tour des législatives entre 2002 et 2024 dans les 577 circonscriptions de France
Ballottage Élu dès le premier tour
Un seul candidat Duel Triangulaire Quadrangulaire
2002 3 506 10 58
2007 2 464 1 110
2012 15 492 34 36
2017 1 571 1 4
2022 3 562 7 5
2024 1 409 89 2 76

Dans les cases où aucun chiffre ne figure, le nombre d’occurrence est nul.

Quelques précisions à apporter :

Nombre de triangulaires[10]

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Évolution du nombre de triangulaires aux élections législatives sous la Ve République

Plus spécifiquement, est répertorié ci-dessous le nombre de triangulaires pour chaque élection législative sous la Ve République :

Aux élections régionales françaises

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Configurations de ballottage depuis 2004

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Depuis 2004, il est possible de répertorier les différentes configurations de ballottage aux régionales. En effet, avant cette année-ci, ces élections se déroulaient au scrutin proportionnel à un seul tour[21].

Ce tableau récapitule les différentes configurations de ballottage lors des élections régionales de 2004 à 2021 en France[22] :

Ballottage Élu dès le premier tour
Duel Triangulaire Quadrangulaire Quinquangulaire Septangulaire
2004 5 20 1
2010 7 17 1 1
2015 6 10 1
2021 4 3 8 2
Configurations de ballottage à l'issue du 1er tour des régionales depuis 2004

Dans les cases où aucun chiffre ne figure, le nombre d’occurrence est nul.

Quelques précisions à apporter :

  • En Corse, le seuil de maintien pour accéder au second tour est fixé à 5 % des exprimés en 2004. Il passe ensuite à 7 % à partir des élections de 2010. Ce seuil étant inférieur à celui qui est décidé pour les autres régions (10 %), cela explique pourquoi les candidats peuvent être nombreux au second tour dans cette collectivité territoriale. Plus particulièrement, on comprend mieux le cas exceptionnel de la septangulaire en 2004[23].
  • Le nombre de régions participant aux élections de 2004 et de 2010 est de 26 (dont 4 en outre-mer). Après le redécoupage des régions en 2015, il n'y a plus que 17 régions qui participent à l’élection (dont 4 en outre-mer)[24],[25].

Aux élections présidentielles françaises

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Depuis que le président de la République est élu au suffrage universel direct (à partir de la révision constitutionnelle de 1962), il y a toujours eu un tour de ballottage entre les deux candidats ayant recueilli le plus de voix, étant donné qu'aucun n'a remporté plus de la moitié des votes au premier tour[8].

Aux élections municipales françaises

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Les municipales de 2014 : une élection aux configurations de ballottage multiples

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Les élections de 2014 témoignent de la diversité des configurations de ballottage, que l'on retrouve alors particulièrement lors des élections municipales. En effet, concernant les communes de plus de 1000 habitants, pas moins de 986 triangulaires ; 207 quadrangulaires ; 16 quinquangulaires et 1 sexangulaire ont alors eu lieu ![26]

Plus particulièrement, la sexangulaire s'est déroulée à Taiarapu-Est Faaone (Tahiti) : 6 candidats sur 7 sont parvenus à franchir le seuil minimal de maintien, d'où cette configuration électorale exceptionnelle en Polynésie[27].

Facteurs d'influence

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Le nombre de concurrents retenus au second tour des différentes élections est ainsi très disparate : il varie sans cesse au fil des ans, sans logique apparente à première vue. Pour cause, de nombreux facteurs d'influence, tantôt favorisant la présence de nombreux candidats, tantôt faisant chuter le nombre de qualifiés, sont à étudier pour mieux comprendre cette diversité de configurations au tour de ballottage.

Le seuil minimal pour être candidat au second tour

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En fonction de sa présence

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Dans certaines élections, comme les élections présidentielles en France, il n'y a tout simplement pas de seuil requis pour être qualifié au second tour : dans ce cas, le tour de ballottage ne retient que les deux candidats arrivés en tête lors du 1er tour. La seule configuration possible est alors le duel[8].

En fonction de son importance

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D'une façon évidente, plus le seuil de maintien nécessaire pour pouvoir être qualifié au second tour est élevé, moins il y a de candidats ou de listes qui parviennent à accéder au second tour, et donc moins on retrouve de configurations comportant de nombreux concurrents, comme les triangulaires, les quadrangulaires etc. Par contre, les duels sont alors largement favorisés.

En fonction de ses évolutions (exemple des législatives)

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Il faut dire aussi, concernant les élections législatives, que cette barre d'un huitième des inscrits n’a pas toujours été la même[28]. En effet, de nombreux changements de seuil ont été opérés depuis le début de la Ve République :

Le seuil minimal pour être candidat au 2d des législatives françaises réajusté (période 1958-1997)
  • après les ordonnances de 1958 et 1959, réinstituant entre autres le scrutin majoritaire à deux tours, le seuil minimal d’inscrits nécessaire pour être en ballottage est de : 5 % ;
  • après la loi no 66-1022 du 29 décembre 1966, le seuil minimal d’inscrits nécessaire pour être en ballottage est de : 10 %[29] ;
  • après la loi no 76-665 du 19 juillet 1976, le seuil minimal d’inscrits nécessaire pour être en ballottage est de : 12,5 %. C’est encore le cas aujourd’hui[30].

Le graphique ci-contre est d’ailleurs très parlant, et on constate que le nombre de seconds tours à plus de deux candidats s’effondre au fur et à mesure que ce seuil est augmenté.

Par ailleurs, il n’y a plus eu : ni de sexangulaire ; ni de quinquangulaire après le changement de seuil de 1966, et le nombre de quadrangulaires se réduit aussi drastiquement[10].

En fonction de sa nature (en % d'inscrits ou en % d'exprimés)

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Enfin, d'autre part, si le seuil de maintien au second tour est en pourcentage de suffrages exprimés, ce qui est le cas pour les élections régionales et municipales (pour les communes de plus de 1000 habitants)[5],[7], il est alors plus aisé pour une liste ou pour un candidat de parvenir à franchir cette barre, car une trop faible participation n'aurait donc aucune influence dans sa qualification.

En effet, dans le cas des élections départementales et législatives où un seuil en pourcentage d'inscrits est de vigueur, les candidats souhaitant se qualifier au second tour sont dépendant de l'abstention[6],[4]...

Le taux de participation

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Le taux de participation est donc un facteur d'influence non négligeable, concernant les configurations que l'on retrouve lors du second tour des élections législatives et départementales.

En effet, dans le cadre d'un seuil de maintien fixé à 12,5 % des inscrits, pour que 3 candidats se qualifient, il faut que le 3ème remporte donc au moins un huitième des suffrages des électeurs inscrits. Mais cela suppose alors qu’au moins trois huitième des inscrits (37,5 %) se déplacent aux urnes, car les deux premiers candidats reçoivent, de facto, autant ou plus de voix que le 3ème (25 % des inscrits au minimum à eux deux).

De même, pour que 4 candidats se qualifient, il faut que le 3ème et le 4ème remportent au moins, à eux deux, un quart (25 %) des suffrages des électeurs inscrits. Selon la même logique, cela suppose qu’au moins la moitié des inscrits (50 %) se déplace aux urnes.

Ainsi, une abstention dépassant les 62,5 % et 50 % interdit respectivement la possibilité de toute triangulaire et de toute quadrangulaire par exemple.

On peut d'ailleurs réitérer ce raisonnement pour les quinquangulaires, les sexangulaires…

Calcul du seuil de maintien en voix exprimées : diviser un huitième par le taux de participation

À partir du taux de participation, il est ensuite possible d'utiliser l'expression ci-contre afin de formuler le seuil de maintien en pourcentage de voix exprimées.

En effet, on part du seuil de maintien (12,5 % ou un huitième comme présenté dans la formule) pour le diviser par le rapport d'électeurs s'étant exprimés sur le nombre d'électeurs inscrits.

Les taux de maintien de certains cas de figure sont exposés dans le tableau ci-dessous :

Calcul du taux de maintien en voix exprimées pour 12,5 % d'inscrits
Inscrits ayant voté blanc
ou s'étant abstenus (%)
0 5 10 15 20 25 30 33 35 40 45 50 62,5
Inscrits s'étant exprimés
(%)
100 95 90 85 80 75 70 67 65 60 55 50 37,5
Taux de maintien
(% exprimés)
12,5 13,16 13,89 14,71 15,625 16,67 17,86 18,75 19,23 20,83 22,72 25 33,3

On comprend alors que plus la participation est élevée, plus cela favorise la possibilité qu’il y ait de nombreux qualifiés car le taux de maintien, en pourcentage d'exprimés, est alors plus faible.

Une corrélation entre participation et nombre de 2d tours à plus de deux candidats loin d'être évidente...

Pourtant, en comparant l'évolution du taux de participation et le nombre de seconds tours à plus de deux candidats au cours des élections législatives sous la Ve République, la corrélation est loin d'être évidente, comme l'expose le graphique ci-contre[10],[12],[31].

Toutefois, à partir de ce graphique, on peut constater deux choses :

  • Il est nécessaire que la participation soit suffisamment élevée pour avoir de nombreux seconds tours à plus de deux candidats (1958 ; 1962 ; 1973 ; 1997 et 2024)
  • Par contre, si la participation est très élevée, cela n’implique pas forcément un grand nombre de seconds tours à plus de deux candidats (1978 ; 1981 ; 1993)

Grâce à ces deux courbes, on comprend alors mieux le rôle de la participation dans la fréquence d’apparition des triangulaires et des quadrangulaires : plus celle-ci est élevée, plus elle favorise la possibilité qu’il y ait de seconds tours à plus de deux candidats (comme cela était expliqué précédemment)

Par contre, le fait que la participation soit très haute n’implique pas systématiquement que le nombre de triangulaires et de quadrangulaires monte en flèche, pour la simple et bonne raison que d'autres facteurs sont à prendre en compte.

La structuration des forces politiques

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Un autre facteur agissant sur le nombre de candidats retenus au second tour correspond à la structuration des forces politiques, c'est-à-dire par exemple la présence de bipolarisation, tripolarisation ou multipartisme dans la vie politique française.

Pour mieux cerner le sujet, voici quelques explications historiques concernant l’action de ces phénomènes sur la vie parlementaire française entre 1958 et 1997 :

  • Avant les années soixante-dix à quatre-vingt, il n’y avait pas à proprement parler deux forces politiques majeures en opposition. En effet, la SFIO (puis la FGDS), ce sont les socialistes, et le PCF, ce sont les communistes, ne se désistaient pas pour s'entraider, bien qu’ils soient tous deux de gauche. De même, les courants allant des radicaux à la droite modérée s'opposaient aux candidats du parti gaulliste. Une forme de multipartisme dominait alors[32].
  • La bipolarisation de la vie parlementaire fut par contre pleinement acquise entre les élections de 1978 et de 1986. En effet, on retrouve alors, durant cette période, deux grandes coalitions qui possèdent alternativement le pouvoir : la droite parlementaire (composée du RPR et de l’UDF) et la gauche parlementaire (composée des socialistes et des communistes)[32],[10].
  • Mais à partir des élections de 1986, le Front National de Jean-Marie Le Pen commence à prendre de l’ampleur lors des législatives. Plus particulièrement en 1997, son parti réalise une percée assez significative. Bien que le score obtenu par le FN soit honorable au premier tour, il ne remporte que très peu de sièges à l’Assemblée Nationale, à cause notamment des désistements dans le but de former « un front républicain » face à l’extrême-droite. On ne peut pas parler véritablement de tripolarisation, car le parti de Jean-Marie Le Pen est trop peu présent dans l’hémicycle, mais nous pouvons quand même signaler la montée d’un troisième camp dans la vie politique française[32],[33].

Le rapport entre bipolarisation, tripolarisation, multipartisme et le nombre de candidats qualifiés au second tour est donc le suivant :

En cas de bipolarisation, les électeurs vont se reporter massivement sur 2 camps politiques (de façon plus ou moins équilibrée). Dans cette situation, les autres candidats ne recueillent alors que très peu de voix : en général, ils n’atteignent pas le seuil minimal d’inscrits pour être qualifiés au second tour.

La bipolarisation favorise ainsi les duels.

Par contre, en cas de tripolarisation, les votes des français vont se répartir notamment sur 3 groupes politiques (de façon plus ou moins équilibrée). Ainsi, dans cette situation et avec une assez bonne participation, les trois candidats seront sélectionnés au second tour.

La tripolarisation favorise ainsi les triangulaires.

Enfin, en cas de multipartisme, les voix des électeurs seront éparpillées entre différents partis politiques : dans le contexte d'une participation plutôt élevée, on peut s'attendre à ce que 4 voire 5 candidats ou plus puissent être qualifiés.

Le multipartisme favorise les quadrangulaires,quinquangulaires, etc.

En superposant ce facteur d'influence à la courbe de l'évolution des seconds tours à plus de deux candidats au cours des élections législatives (1958 - 1997), la corrélation est assez bonne.

Influence de la bipolarisation, de la tripolarisation et du multipartisme dans le nombre de 2d tours aux législatives françaises (période 1958 - 1997)
  • Durant la période où le multipartisme domine, de très nombreux seconds tours se déroulent à plus de deux candidats. Aussi, on note plus précisément la présence de quadrangulaires, quinquangulaires et sexangulaire : cela n’arrivera plus durant le siècle après les élections de 1973, dernières marquées par le multipartisme ;
  • Pendant la période de bipolarisation, le nombre de triangulaires s’écroule, à seulement une occurrence pour chaque élection ;
  • Enfin, alors que le Front National commence à prendre de l’ampleur vers 1986, le nombre de seconds tours à plus de deux candidats remonte, jusqu’à atteindre une valeur assez importante en 1997. En effet, lors de ces élections, le parti de Jean-Marie Le Pen fait une percée : le nombre de triangulaires culmine alors à 79 (105 avant les désistements)[10].

Les désistements

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Un dernier facteur crucial dans la compréhension des configurations de seconds tours est le phénomène de désistement.

Avec ce processus, le nombres de triangulaires, quadrangulaires etc. qui auront véritablement lieu au second tour peut diminuer, du fait de l'abandon de certains candidats qualifiés. Un tel phénomène favorise donc les duels, au détriment des configurations comprenant plusieurs candidats au tour de ballottage.

Enfin, notons que seul le processus de désistement peut permettre la présence d'un candidat unique au second tour.

Il existe principalement trois raisons qui poussent les candidats maintenus au second tour à se désister :

Pour s'entraider au sein d'un même camp politique

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Premièrement, des candidats qualifiés au second tour peuvent se désister afin de favoriser leur camp politique.

Prenons un exemple : A, B et C sont trois candidats retenus pour le tour de ballottage.

À l'issue du premier tour, A est en tête, B est deuxième et C est dernier. Il se trouve que B et C appartiennent au même camp politique. En toute logique, dans le cas où C se désiste, on peut s'attendre à ce que ses électeurs se reportent sur B, car ce-dernier se trouve être proche des idées politiques de C. Dans une telle situation, il y alors plus de chances pour les électeurs des deux candidats les moins bien placés de voir finalement arriver en tête du second tour un candidat de leur nuance politique.

Ce phénomène se retrouve par exemple à gauche, où les représentants des diverses sensibilités arrivées au second tour (Europe Écologie Les Verts, Parti socialiste, Parti communiste français, La France insoumise par exemple) se désistent en faveur du meilleur d'entre eux[22]. Notons que dans le cas des scrutins des listes, comme lors des élections régionales ou des élections municipales (plus de 1000 habitants), les désistements peuvent se traduire plus particulièrement par des fusions entre les listes[5],[7].

Pour faire barrage à un autre parti politique

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D'autre part, il arrive également que des candidats qualifiés au second tour se désistent afin de faire barrage à un autre candidat.

Ce phénomène se retrouve plus particulièrement lors des élections législatives de 2024, alors que le Rassemblement national se situe en tête dans de nombreuses circonscriptions au 1er tour.

En effet, dans le cas de l'année 2024, 89 triangulaires ont été enregistrées[34] : ce nombre peut surprendre car cela représente une dizaine de plus seulement qu’en 1997[10], dans un contexte où le FN recueillait beaucoup moins de voix que le RN, et où la tripolarisation de la vie politique était loin d'être aussi présente qu'en cette année-ci.

Pour comprendre, il faut savoir qu'avant les désistements, le nombre de triangulaires s’élevait à 306, soit une valeur en adéquation avec le contexte de tripolarisation et de participation élevée rappelé plus haut. Au final, pas moins des deux tiers des triangulaires ont sauté, car beaucoup de candidats se sont retirés. La raison est la suivante : alors que le Rassemblement National est arrivé en tête au premier tour dans de nombreuses circonscriptions, la majorité présidentielle et le nouveau front populaire ont décidé de retirer leurs candidats arrivés en troisième position, afin de « faire barrage à l’extrême-droite » et de constituer un « front républicain »[34].

Ce processus de désistement des candidats les moins bien placés pour empêcher le favori de remporter l’élection s’était déjà produit auparavant (en 1997 par exemple, lorsque le Front national avait fait une percée) mais de façon beaucoup moins généralisée[35].

Parce que la victoire semble être impossible, le candidat qualifié en ballottage défavorable abandonne

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Enfin, une dernière raison pouvant expliquer le désistement de candidats retenus au second tour est tout simplement l'abandon, car la victoire leur semble être impossible.

C'est ce qui s'est passé en 2024 dans la deuxième circonscription de la Guyane, où deux candidats ont été qualifiés au tour de ballottage : M. Davy Rimane (Régionaliste) et Mme Sophie Charles (Divers centre) qui ont récolté respectivement 60,21 % et 25,49 % des suffrages exprimés au premier tour. Toutefois, M. Davy Rimane n'est pas parvenu à recueillir le suffrage d'un quart des électeurs inscrits, nécessaire pour être élu dès le premier tour. Le second tour était donc fait, le report de voix des autres candidats ne pouvant mathématiquement pas empêcher l’élection du favori[36]. C'est dans ce contexte que la Mme Sophie Charles, en ballottage défavorable, a fait le choix de jeter l'éponge en déclarant : « prendre acte des résultats du scrutin en continuant à relayer nos problématiques auprès du député qui sera élu samedi prochain. »[37],[38].

Ainsi, M. Davy Rimane a été candidat unique dans sa circonscription lors du second tour : il a donc remporté le scrutin avec 100 % des suffrages exprimés[36].

Synthèse

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Pour synthétiser les différents facteurs influençant sur le nombre de candidats retenus au second tour, voici un tableau récapitulatif :

Facteur d'influence Configurations favorisées Configurations défavorisées
Pas de seuil minimal pour se qualifier au 2d tour duel, élu dès le 1er tour (uniques possibilités) candidat unique au 2d tour, triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc. (impossible)
Seuil minimal nécessaire pour se qualifier au 2d tour en % d'exprimés triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc. duel
Seuil minimal nécessaire pour se qualifier au 2d tour en % d'inscrits duel triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc.
Abaissement du seuil minimal nécessaire pour se qualifier au 2d tour triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc. duel
Augmentation du seuil minimal nécessaire pour se qualifier au 2d tour duel triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc.
Forte participation* triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc. duel
Forte abstention* duel triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc.
Bipolarisation duel élu dès le 1er tour, triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc.
Tripolarisation triangulaire élu dès le 1er tour, duel, quadrangulaire, quinquangulaire etc.
Multipartisme triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc. élu dès le 1er tour, duel
Nombreux désistements duel, candidat unique au 2d tour triangulaire, quadrangulaire, quinquangulaire etc.
Aucun désistement (aucune influence) candidat unique au 2d tour (impossible)

*Notons que dans le cas des élections régionales et municipales (de plus de 1000 habitants) où le seuil de maintien est calculé à partir du nombre de voix exprimées, le taux de participation n'a aucune influence sur le nombre de qualifiés au second tour[5],[7].

Références

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  1. Nicolas Berrod, « Municipales : «quinquangulaire», un terme dont vous allez beaucoup entendre parler », Le Parisien, (consulté le )
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Voir aussi

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