Troisième bataille de Kharkov
La troisième bataille de Kharkov a lieu sur le front de l'Est de la Seconde Guerre mondiale entre le et le .
Date |
– (24 jours) |
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Lieu |
Kharkov (Kharkiv), Ukraine actuelle |
Issue | Victoire tactique allemande |
Changements territoriaux | Le Reich allemand occupe à nouveau Kharkov et Belgorod |
Union soviétique Tchécoslovaquie[note 1] |
Reich allemand |
346 000 hommes | 70 000 hommes |
46 000 tués 14 000 prisonniers 600 chars 1200 pièces d'artilleries |
30 000 tués et blessés |
Batailles
Front de l’Est
Prémices :
Guerre germano-soviétique :
- 1941 : L'invasion de l'URSS
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1941-1942 : La contre-offensive soviétique
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie
Front central :
Front sud :
- 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne
Allemagne :
Front nord et Finlande :
Europe orientale :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 49° 58′ 00″ nord, 36° 19′ 00″ est | |
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Après sa défaite à la bataille de Stalingrad, le groupe d'armées Sud du Troisième Reich est menacé d'effondrement. Au cours de l'offensive Voronej-Kharkov (en), l'Armée rouge parvient à reprendre la ville de Kharkov le . Le maréchal Erich von Manstein réussit toutefois par une manœuvre stratégique, souvent comparée à un roque, à stabiliser le flanc sud, à encercler la ville le et à la reprendre le , détruisant 52 divisions soviétiques au passage. Encore aujourd'hui, cette contre-offensive est étudiée dans les académies militaires du monde entier comme un modèle de défense mobile (ru). Il s'agit de la dernière victoire significative de la Wehrmacht contre l'Union soviétique ; elle retarde de plus d'un an sa débâcle généralisée sur le front de l'Est.
Contexte
modifierAprès la capitulation de la VIe armée allemande à Stalingrad, l'Armée rouge entreprend une série d'offensives plus larges contre l'ensemble du groupe d'armées Sud. Les Allemands concentraient leurs défenses dans la boucle du Don pour protéger Rostov et la voie ferrée qui ravitaille les troupes encore dans le Caucase. Les Soviétiques enfoncent les défenses des Allemands et de leurs alliés roumains et hongrois sur plusieurs centaines de kilomètres, reprenant Kharkov et Koursk.
Mais l'offensive soviétique a considérablement étiré les lignes de ravitaillement et prélevé un lourd tribut sur les effectifs. Certaines divisions soviétiques sont réduites à lutter avec des effectifs de 1 000 à 1 500 hommes ; les troupes blindées avancées sont déconnectées de leurs échelons de support.
À la date du , il n’y a sur le front sud qui s’étend de la mer d'Azov à Kharkov que 495 chars allemands contre 5 000 soviétiques. Au mois de mars, sur l’ensemble du front sud, Manstein ne dispose que de 32 divisions contre 341 soviétiques. Si les divisions soviétiques alignent moins de combattants que les allemandes, le rapport est néanmoins de l'ordre de 7 contre 1. En outre, les Soviétiques sont beaucoup mieux organisés sur le plan logistique[1].
Chronologie
modifierEn janvier et , le maréchal Erich von Manstein parvient à contenir la pression soviétique sur le Don inférieur et peut reconstituer une réserve mobile grâce aux troupes évacuées du Caucase. Il décide de lancer, à partir du , une contre-offensive sur un front tourné vers le nord. Le plan est risqué, d'autant que le commandement allemand est démoralisé par la reddition de la 6e armée à Stalingrad le . Début février, Manstein obtient de Hitler l'autorisation de mener l'offensive.
La 1re Panzerarmee se retire du Caucase et abandonne Rostov. Le détachement commandé par le général Hollidt se déplace à l’est de sa position dans le bas Severski-Donets et se poste au bord du Mious. Le 48e corps blindé du général Kempf abandonne lui aussi les rives du Severski-Donets pour se placer au nord de Stalino, dans la région industrielle du Donbass.
Le , l’unité Kempf est obligée de quitter Kharkov afin d’éviter l'encerclement. Victorieux, les Soviétiques profitent de la large brèche ouverte entre Kempf et les formations postées sur le Severski-Donets à la hauteur d’Izioum. Ils continuent d’avancer par Lozovaïa et le , les premiers blindés soviétiques atteignent le Dniepr, pratiquement en vue de la base allemande de Zaporoje.
Les Soviétiques mènent leur action offensive conformément aux prévisions de Manstein, leur avancée permettant aux Allemands une contre-attaque puissante. En se retirant, Manstein attire les Russes dans un piège. En effet, l’unité Kempf est solidement installée à Kasnograd et, le , l’unité Hollidt et la 1re armée blindée se rejoignent au bord du Mious au nord de Stalino. Le 2e corps blindé SS, venu de France, est également présent avec ses bataillons équipés du tout nouveau char Tigre.
Manstein lance sa contre-offensive le avec 350 chars. Dans un mouvement coordonné, cinq divisions blindées, soutenues par une couverture aérienne massive, chargent vers le nord contre les colonnes du flanc gauche des Soviétiques. Tandis que le 48e corps blindé frappe vers Barvenovka, la 17e division blindée s’empare d’Izioum et de Protoponovka sur le Severski-Donets et les blindés de la SS avancent par Lozovaïa, rejoignant l’unité Kempf dans le nord. Les généraux soviétiques, jusqu’alors en pleine euphorie, sont totalement déconcertés.
Dans cette plaine, dont les cours d’eau sont gelés à cette époque de l’année, les blindés allemands peuvent se déplacer à leur vitesse maximale. Quelques formations soviétiques réussissent à s’échapper, mais la plupart sont anéanties. Le , de nombreuses unités blindées soviétiques sont déjà encerclées. Leurs pertes s’élèvent à 23 000 morts et blessés, auxquels il faut ajouter 9 000 prisonniers, 615 chars détruits et plus de 1 000 canons de toutes sortes. Le 48e corps blindé allemand poursuit sa percée fulgurante vers l’est jusqu’aux environs de Kharkov tandis que le 2e corps blindé SS avance plein nord droit sur la ville. Entre-temps, la 1re armée blindée à l’offensive entre Izioum et Lissitchansk a elle aussi mis les Soviétiques en déroute, et les a obligés à se replier de l’autre côté du fleuve.
Le , le froid intense s’adoucit un peu et avec le dégel apparaît la raspoutitsa, le pire obstacle pour un char. Le temps joue donc en faveur des Soviétiques et les colonnes allemandes n’ont d’autre issue que de poursuivre leur avancée le plus vite possible. Le 2e corps blindé SS commandé par Hausser, parvenu à encercler Kharkov, attaque la ville par le nord et par l’ouest, malgré les ordres explicites d'encercler la ville. La 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler y pénètre directement, ce qui entraîne quatre jours d’intenses combats de rues. Kharkov est reprise par les Allemands le , ralentissant l'exploitation de la percée. Deux jours plus tard, ils reprennent également Belgorod.
L'arrivée de la pluie, qui rend tout le terrain boueux, interrompt les opérations. Le front présente maintenant un saillant, objet de la bataille de Koursk en .
Bilan
modifierAprès la catastrophe de Stalingrad, la manœuvre de Manstein pour stabiliser le front est l’un des plus grands succès obtenus par un chef militaire durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est à l'origine de la perte d'environ 70 000 soldats de l'Armée rouge. Les pertes allemandes ont également été sérieuses. Le SS-Panzerkorps, qui s'est aventuré dans les combats de rue à Kharkov, a perdu environ 44 % de ses effectifs fin mars.
La troisième bataille de Kharkov démontre aux Soviétiques que la Wehrmacht, malgré Stalingrad, conserve un potentiel offensif. Leur objectif principal devient dès lors la destruction de l'arme blindée allemande dans le but de prendre définitivement le dessus.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Le 1er bataillon de campagne indépendant (en), formé par le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres, prend part aux combats à Sokolovo (en) en . Bien que d'une importance stratégique mineure, cette participation à la troisième bataille de Kharkov joue un rôle important dans la propagande de la Tchécoslovaquie socialiste d'après-guerre.
Références
modifier- [1].
Bibliographie
modifier- W. Fowler, « Kharkov 1943 », Connaissance de l’histoire mensuel, Hachette, no 46, , p. 52-57.