Unterseeboot 20 (1912)

navire de guerre

SM U-20
Unterseeboot 20
illustration de Unterseeboot 20 (1912)
Le SM U-20 (première rang, deuxième en partant de la gauche) sur le quai des U-Boote de Kiel, Schleswig-Holstein, le 17 février 1914

Type Sous-marin
Classe U 19
Histoire
A servi dans  Kaiserliche Marine
Commanditaire Kaiserliche Marine
Constructeur Kaiserliche Werft
Chantier naval Danzig
N° de coque : 14
Commandé 25 novembre 1910
Quille posée 7 novembre 1911
Lancement
Mise en service
Statut Échoué le 4 novembre 1916
Équipage
Équipage 4 officiers et 31 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 64,15 m
(coque pressurisée : 50,50 mètres)
Maître-bau 6,10 m
(coque pressurisée : 4,05 mètres)
Tirant d'eau 3,58 m
Tirant d'air 4,52 m
Déplacement 650 t en surface
837 t en plongée
Propulsion 2 moteurs MAN 8 cylindres moteurs diesel en surface
2 moteurs électriques AEG en plongée
2 arbres d'hélice
Puissance 1 700 ch (1 250 kW) en surface
1 200 ch (883 kW) en plongée
Vitesse 15,4 nœuds (28,5 km/h) en surface
9,5 nœuds (17,6 km/h) en plongée
Profondeur 50 m
Caractéristiques militaires
Armement 2 tubes lance-torpilles de 45 cm à l'avant et à l'arrière avec 6 torpilles
1 canon de pont de 8,8 cm SK L/30 (à partir de 1916; x 2)
1 canon de pont de 10,5 cm SK L/40 avec 300 coups (à partir de 1917)
1 canon Hotchkiss de 3,7 cm
Rayon d'action 7 600 milles nautiques à 8 nœuds (14 070 km à 14,8 km/h) en surface
80 milles nautiques à 5 nœuds (148 km à 9,3 km/h) en plongée
Localisation
Coordonnées 56° 35′ 00″ nord, 8° 07′ 50″ est
Géolocalisation sur la carte : mer du Nord
(Voir situation sur carte : mer du Nord)
SM U-20 Unterseeboot 20
SM U-20
Unterseeboot 20
Géolocalisation sur la carte : Danemark
(Voir situation sur carte : Danemark)
SM U-20 Unterseeboot 20
SM U-20
Unterseeboot 20

Le sous-marin allemand Unterseeboot 20 (Seiner Majestät Unterseeboot 20 ou SM U-20[Note 1]), de type U 19 a été construit par la Kaiserliche Werft de Danzig, et lancé le pour une mise en service le . Il a servi pendant la Première Guerre mondiale sous pavillon de la Kaiserliche Marine.

Ce sous-marin est célèbre pour avoir coulé le paquebot Lusitania, le au large de l'Irlande, près du phare de Old Head of Kinsale, et causé ainsi près de 1 200 morts.

Caractéristiques techniques modifier

De type U 19, Le SM U-20 est long de 64,15 m, large de 6,1 m (maître bau), haut de 7,10 m,et était armé de six torpilles et d'un canon de pont de 8,8 cm SK L/30 et à partir de 1916 d'un deuxième, puis d'un canon de pont de 10,5 cm SK L/40 avec 300 coups à partir de 1917.
Doté d'une autonomie de 7 600 milles nautiques, sa vitesse était de 15,4 nœuds en surface et de 9,5 nœuds sous l’eau. Il pouvait plonger à une profondeur de 50 mètres environ.
À son bord se trouvait un équipage de quatre officiers et de 31 matelots.

Histoire modifier

Le , le SM U-20 patrouille au large de la côte Sud de l'Irlande sous le commandement du Kapitänleutnant Walther Schwieger. Trois mois plus tôt, le , les Allemands avaient établi un blocus des U-boote autour des îles britanniques et avaient déclaré tout navire s'y trouvant comme cible légitime.

Vers 13 h 40, Schwieger est au périscope et a vu un navire s'approcher. À une distance d'environ 700 mètres, Schwieger a remarqué qu'il avait quatre entonnoirs et deux mâts, ce qui en faisait une sorte de paquebot. Il l'a reconnu comme étant le Lusitania, un navire de la réserve de la flotte britannique, et a tiré une seule torpille. Elle a touché le côté tribord, presque directement sous le pont. Après l'explosion de la torpille, le paquebot fut brisé par une seconde explosion, probablement causée par de la poussière de charbon, une explosion de chaudière ou une explosion du système de propulsion - si bien que Schwieger lui-même fut surpris. En 18 minutes, le Lusitania a coulé avec 1 198 victimes. L'épave repose par 91 m de fond.
Quinze minutes après avoir tiré sa torpille, Schwieger note dans son journal de guerre : « Il semble que le navire ne restera à flot que pendant une très courte période. J'ai donné l'ordre de plonger à 25 mètres et de quitter la zone vers la mer. Je n'aurais pas pu tirer une autre torpille sur cette masse d'humains qui essaie désespérément de se sauver. »

Le naufrage a suscité une grande controverse sur la question de savoir si le Lusitania faisait de la contrebande de matériel de guerre vers l'Angleterre et sur le nombre de torpilles tirées sur ordre de Schwieger. Les Alliés et les États-Unis pensaient à l'origine que le SM U-20 avait tiré deux torpilles. Les enquêtes d'après-guerre ont montré qu'une seule avait été tirée.

Avant que le sous-marin ne retourne aux docks de Wilhelmshaven pour se ravitailler en carburant et en matériel, les États-Unis avaient officiellement protesté à Berlin contre la brutalité de son action.
Le Kaiser Guillaume II avait écrit dans les marges de la note américaine : « Totalement impertinent », « scandaleux », et « c'est la chose la plus insolente en termes de ton et de port[pas clair] que j'ai eue à lire depuis la note japonaise d'août dernier ». Néanmoins, pour tenir l'Amérique à l'écart de la guerre, le Kaiser a été contraint en juin d'annuler la guerre sous-marine sans restriction et d'exiger que les paquebots de passagers ne soient pas attaqués.

Le , Schwieger est de retour en mer, à 85 milles nautiques (157 km) de Fastnet Rock, un îlot emblématique de l'Atlantique Nord, au sud de la mer d'Irlande. Ce rocher abritait l'un des principaux repères de navigation de l'océan occidental, le phare du Fastnet, et tout navire entrant ou sortant de la mer d'Irlande pouvait le voir.

Le RMS Hesperian (1907-1915), paquebot de la Allan Line Steamship, entame une nouvelle traversée de Liverpool à Québec et Montréal, avec une cargaison civile, et sert aussi de navire-hôpital, transportant environ 800 passagers. Il est attaqué au large du Fastnet, occasionnant 32 morts. L'histoire de la Grande Guerre : La marine marchande, vol. II, de Hurd, se lit comme suit : « Quelques jours auparavant, le comte Bernsdorff, l'ambassadeur allemand, avait assuré au gouvernement américain que les paquebots de passagers ne seraient pas coulés sans avertissement et sans assurer la sécurité des non combattants à bord, à condition que les paquebots ne tentent pas de s'échapper ou d'offrir une résistance. »

Cette fois, Schwieger a été reçu avec un dégoût officiel à son retour à Wilhelmshaven. On lui ordonne de se présenter à Berlin pour s'expliquer et il doit s'excuser d'avoir coulé un autre paquebot au mépris d'un ordre direct de ne plus le faire. Il se plaignit ensuite du traitement qu'il avait subi à Berlin.

Le , le SM U-20 torpille le SS Cymric (1898-1916), paquebot de la White Star Line, près de Fastnet Rock en Irlande faisant cinq morts.

Au cours de sa carrière, du au , le SM U-20 a coulé 36 bateaux représentant un total de 144 300 tonnes.

Après sa mort le par suite du naufrage par mine du SM U-88 qu'il commandait, Schwieger fut pardonné à Berlin malgré le torpillage de trois paquebots. Il reçut la plus haute décoration allemande, le Pour le Mérite, pour avoir coulé 190 000 tonnes de navires.

Destin modifier

Le SM U-20 échoué sur les côtes danoises en 1916. Ses propres torpilles l'ont détruit.

Le , le SM U-20 s'est échoué sur la côte danoise au Sud de Vrist, un peu au Nord de Thorsminde, après avoir subi des dégâts sur ses moteurs à la position géographique de 56° 33′ N, 8° 08′ E. Le lendemain, son équipage a tenté de le détruire à l'aide d'explosifs, mais n'a réussi qu'à endommager l'avant du bateau, le rendant ainsi inopérant en tant que navire de guerre[1]. Le sous-marin est resté sur la plage jusqu'en 1925, date à laquelle le gouvernement danois l'a fait exploser[2]. La marine danoise a retiré le canon de pont et a rendu le navire inutilisable en perçant des trous dans des parties vitales. Le canon a été conservé dans les magasins navals de Holmen à Copenhague pendant près de 80 ans. La kiosque a été enlevé et placé sur la pelouse devant le musée local Strandingsmuseum St. George Thorsminde[2],[3],[4].

Le romancier Clive Cussler affirme que son Agence nationale sous-marine et marine National Underwater and Marine Agency (NUMA) a localisé les restes du SM U-20 en 1984, à environ 400 mètres du rivage[5].

L'épave fut ensuite relevée et le kiosque du sous-marin ainsi qu'une partie de la coque est visible aujourd'hui au musée d'histoire militaire de Vienne, en Autriche[6].

Commandants modifier

Flottilles modifier

Patrouilles modifier

Le SM U-20 a effectué sept patrouilles pendant son service.

Palmarès modifier

Le SM U-20 a coulé 37 navires marchands pour un total de 145 830 tonneaux et endommagé un navire marchand de 2 246 tonneaux et un navire de guerre de 397 tonnes.

Date Nom du navire Nationalité Tonnage[Note 2] Fait[7]
Ikaria Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 4 335 Coulé
Oriole Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 1 489 Coulé
1915 Tokomaru Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 6 084 Coulé
Bengrove Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 3 840 Coulé
Princess Victoria Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 1 108 Coulé
Florazan Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 4 658 Coulé
Earl of Lathom Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 132 Coulé
Candidate Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 5 858 Coulé
Centurion Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 5 495 Coulé
RMS Lusitania Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 30 396 Coulé
Marion Lightbody Drapeau de l'Empire russe Empire russe 2 176 Coulé
Ellesmere Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 1 170 Coulé
Leo Drapeau de l'Empire russe Empire russe 2 224 Coulé
Meadowfield Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 750 Coulé
Lennok Drapeau de l'Empire russe Empire russe 1 142 Coulé
Roumanie Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 599 Coulé
Frode Drapeau du Danemark Danemark 1 875 Coulé
Hesperian Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 10 920 Coulé
Dictator Drapeau du Royaume-Uni United Kingdom 4 116 Coulé
Douro Drapeau du Royaume-Uni United Kingdom 1 604 Coulé
Rhea Drapeau de l'Empire russe Empire russe 1 145 Coulé
Guatemala Drapeau de la France France 5 913 Coulé
Bordeaux Drapeau de la France France 4 604 Coulé
Caroni Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 652 Coulé
Mora Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 3 047 Coulé
Bakio Drapeau de l'Espagne Espagne 1 906 Coulé
Bernadette Drapeau de la France France 486 Coulé
Ruabon Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 004 Coulé
Marie Molinos Drapeau de la France France 1 946 Coulé
Galgate Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 356 Coulé
Cymric Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 13 370 Coulé
Aaro Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 603 Coulé
Ibo Drapeau du Portugal Portugal 397 Endommagé
Thelma Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 1 002 Coulé
Ethel Duncan Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 510 Coulé
Arromanches Drapeau de la France France 1 640 Coulé
Chieri Drapeau du Royaume d'Italie Royaume d'Italie 4 400 Coulé
Felix Louis Drapeau de la France France 275 Coulé
Fabian Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 2 246 Endommagé

Voir aussi modifier

Notes modifier

  1. "SM" pour "Seiner Majestät" (français : Sa Majesté) et combiné avec le U pour Unterseeboot peut être traduit comme Sous-marin de Sa Majesté.
  2. Le tonnage des navires marchands sont en Tonneaux. Les navires militaires sont désignés par le tonnage de leur déplacement.

Références modifier

  1. "Major themes of the exhibition", 'World War I'. Royal Danish Naval Museum (Archivé à partir de l'original le ).
  2. a et b Erik Larson, Dead Wake : The Last Crossing of the Lusitania, Crown, , « Epilogue: Person Effects », p. 349
  3. "Strandingsmuseum St. George Thorsminde". Archivé à partir de l'original le . Consulté le .
  4. "Sea War Museum Jutland".
  5. http://www.numa.net/expeditions/north_sea_and_english_channel_hunt.html North Sea and English Channel Hunt] « https://web.archive.org/web/20031228- »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  6. « Musée de l’Histoire militaire »
  7. « U-20 successes », UBoat.net (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Johannes Spiess (trad. Henri Schricke), Six ans de croisières en sous-marin [« Sechs Jahre U-Bootfahrten »], Paris, Payot, , 246 p. (OCLC 891254034)
  • Erich Gröner, Dieter Jung et Martin Maass (trad. Keith Thomas et Rachel Magowan), U-boats and Mine Warfare Vessels, vol. 2, London, Conway Maritime Press, (ISBN 0-85177-593-4)
  • (de) Eberhard Rössler, U-Bootbau bis Ende des 1. Weltkriegs, Konstruktionen für das Ausland und die Jahre 1935-1945, vol. I, Coblence, Bernard & Graefe, (ISBN 3-7637-5213-7)
  • (en) Paul Kemp, U-boats destroyed, German submarine losses in the World Wars, Londres, Arms & Armour Press, , 288 p. (ISBN 1-85409-321-5)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier