Utilisateur:AlexandreAssatiani/Zviadisme

Sémantique

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Le terme « zviadisme » est un exemple de néologisme politique décrivant la philosophie ultranationaliste, mais vague, des partisans du premier président géorgien, Zviad Gamsakhourdia. Le mot apparait pour la première fois dans les cercles occidentaux en 1992, quand le journaliste étatsunien Michael Dobbs rédige un article pour le The Washington Post mois de deux semaines après le renversement Zviad Gamsakhourdia suite au coup d'État de 1991-1992. Dans son article, intitulé Life -and Death- after Communism (« Vie [et mort] après le communisme »), il explique :

« En tentant de consolider son pouvoir, Gamsakhourdia emprunte de nombreuses techniques politiques de ses prédecesseurs communistes. Il développe une marque de populisme autoritaire, connu comme le Zviadisme, construit autour d'un sens parfois xénophobique de l'identité nationale de la Géorgie. »

En réalité, le terme « zviadisme » reste rare dans l'historiographie et l'étude politique de la Géorgie, y compris en Géorgie elle-même. Il est bien plus probable que le terme n'est qu'un dérivé de « zviadistes », le mot utilisé pour décrire les partisans de l'ancien président. En effet, les zviadistes sont souvent associés avec la guerre civile géorgienne, le mouvement opposant la présidence d'Edouard Chevardnadzé en Mingrélie et certaines forces politiques contemporaines, tandis que le zviadisme est plus souvent utilisé par certains experts occidentaux, tel que l'historien Stephen F. Jones en 2013 et l'écrivain Tim Burford en 2011 et le professeur britannique Laurence Broers en 2001.

Positions politiques de Zviad Gamsakhourdia

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Nationalisme

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La base fondamentale de la philosophie politique de Zviad Gamsakhourdia est le nationalisme géorgien, un nationalisme souvent décrit comme « ultranationalisme » avec des tendances radicales contre les minorités éthniques. Ce nationalisme est la source du dissidentisme de nombreux Géorgiens à partir des années 1970, mené par Gamsakhourdia et Merab Kostava, demandant l'indépendance de la Géorgie vis-à-vis de l'Union soviétique. En effet, d'après ces dissidents, la Géorgie souffre durant l'ère soviétique d'une sévère persécution contre ses valeurs, menaçant la potentielle perte de l'identité nationale des Géorgiens. Gamsakhourdia est arrêté par les autorités en 1977, avant d'être libéré dans des circonstances controversielles deux ans plus tard, tandis que ses associés parviennent à vaincre une proposition par Moscou de retirer le géorgien comme langue officielle de la République socialiste soviétique de Géorgie en 1978.

Suite à la libéralisation du système politique en URSS sous Mikheïl Gorbatchev, Zviad Gamsakhourdia et son parti nationaliste, la « Table ronde », arrivent au pouvoir à Tbilissi en novembre 1990. La platforme politique de l'alliance suivant Gamsakhourdia est centrée sur la promesse d'indépendance de la Géorgie, une promesse qui est vue avec suspicion par certaines minorités éthniques qui voient les risques derrière la rhétorique nationaliste de l'ancien dissident. Le 31 mars 1991 (l'anniversaire de Gamsakhourdia lui-même), le gouvernement de Gamsakhourdia organise un référendum sur l'indépendance de la république, qui est approuvé par 99,5% des 3,3 millions de votants et le 9 avril, le Conseil suprême de la Géorgie déclare la restoration de l'indépendence géorgienne, perdue en 1921.

La politique de Zviad Gamsakhourdia étant basé sur cet indépendantisme, il passe sa courte présidence à tenter de centraliser et de consolider la Géorgie. Toutefois, cette politique se transforme bientôt en un nationalisme populiste opposant l'État aux résidents d'orgines éthniques différentes. « La Géorgie aux Géorgiens » devient un slogan officieux du mouvement zviadiste, tandis que le gouvernement indépendant considère une loi sur la citoyenneté géorgienne obligeant tout citoyen de prouver ses origines géorgiennes depuis 1921 (ou 1800 pour les zviadistes les plus radicaux). En 1991, le journal étatsunien The Baltimore Sun cite un diplomate occidental anonyme qui décrit le nationalisme de Gamsakhourdia comme « touchant le fascisme ». Gamsakhourdia parle également d'interdire les mariages entre éthnicités et de commencer un programme d'éducation « patriotique », et menace de qualifier comme traitre les Géorgiens de la diaspora qui refusent de retourner au pays.

Zviad Gamsakhourdia et ses partisans eux-mêmes refusent toute description comme étant affiliée au fascisme et préfèrent décrire leur idéologie comme une opposition à un « impérialisme » de Moscou. Depuis le renversement de Gamsakhourdia, les gouvernements géorgiens successifs font des efforts à se rapprocher des minorités éthniques du pays, culminant avec la présidente Salomé Zourabichvili se décrivant comme la « présidente de tous les citoyens géorgiens, qu'ils soient géorgiens, abkhazes, ossètes, kurdes, azerbaïdjanais, yézidis, assyriens, arméniens, kistines, grecs, russes, ukrainiens ou juifs ».

Il est intéréssant de noter que les zviadistes actuels nient le nationalisme radicale de Gamsakhourdia, attribuant les actions du premier président à une campagne contre le KGB, plutôt que contre les minorités. Ceux-ci disent que le slogan « la Géorgie aux Géorgiens » est non pas un slogan des zviadistes, mais une propagande russe pour tarnir l'image de Gamsakhourdia, ainsi qu'une déclaration officielle de 1988 du Parti national-démocrate, le même parti qui accusera plus tard Gamsakhourdia de crimes ultranationalistes.

La question ossète

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En 1922, les autorité soviétiques forment le district autonome d'Ossétie du Sud en Géorgie, centré sur la ville de Tskhinvali. La décision est l'une des causes des premières révoltes contre le régime communiste dans les années 1920 et cette opposition grandit à partir des années 1950, quand les autorités sud-ossètes choisissent de retirer l'alphabet géorgien comme alphabet officiel de la langue ossète, afin d'adopter le script cyrillique. La rhétorique nationaliste de Zviad Gamsakhourdia, qui grandit à travers les années 1980, ne fait que créer une division claire entre les autorités de Tbilissi et de Tskhinvali, qui est encouragé par la vente illégale d'armes à certaines milices ossètes par les troupes soviétiques. Mois d'un mois après l'arrivée au pouvoir de Gamsakhourdia, Tskhinvali déclare la formation d'une « république démocratique soviétique » indépendante de la Géorgie, tandis que le Conseil suprême à Tbilissi abolit l'autonomie sud-ossète.

Gamsakhourdia décrit les Ossètes de Géorgie comme des « terroristes », des « agents directs du KGB et du Kremlin » et des « nouveaux arrivés sans droit de terre ». D'après sa pensée ultranationaliste, les Ossètes résidant en Géorgie se doivent d'émigrer en Ossétie du Nord (en Russie), étant donné leur arrivée « aux XVIIIe, XIXe, XXe siècles ».

La situation culmine le 5 janvier 1991, quand des forces policières sont envoyées par Gamsakhourdia pour désarmer les milices sud-ossètes, menant à un conflit sanglant qui dure jusqu'à ce que le chef d'État Edouard Chevardnadzé signe l'Accord de Sotchi pour mettre fin à la Première guerre d'Ossétie du Sud en juin 1992. Le conflit voit la mort de près de 1 000 individus des deux côtés et la destruction de près de 100 villages dans le territoire de l'ancien district autonome d'Ossétie du Sud.

La politique de Zviad Gamsakhourdia envers les Ossètes et l'Ossétie du Sud reste l'une des plus grandes critiques de son régime et de son idéologie. C'est ce traitement qui a qualifié le zviadisme comme une philosophie ultranationaliste. Toutefois, certain zviadistes sont contre la description négative de la campagne de Gamsakhourdia contre les séparatistes sud-ossètes. En 2018, la zviadiste Leïla Tsomaïa note que la majorité des victimes ossètes du conflit sont des membres des milices qui terrorisent les villages géorgiens depuis 1989, citant notamment les meurtres de trois mineurs par des Ossètes dans le district de Tskhinvali en 1990.

Abkhazie

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Tandis que la position anti-ossète de Gamsakhourdia reste claire, il y a une plus grande confusion sur les relations entre le gouvernement nationaliste de Tbilissi et la province autonome d'Abkhazie lors de sa présidence. L'Abkhazie, une région historiquement géorgienne mais avec une minorité abkhaze éthniquement différente des Géorgiens, obtient un statut quasi-indépendant suite à l'invasion soviétique de la Géorgie en 1921, avant de retourner sous l'orbite de Tbilissi en 1936, en tant que république autonome. La montée du nationalisme géorgien mène à de nombreuses protestations en Abkhazie par les Abkhazes (qui ne constituent que 18% de la population de l'Abkhazie en 1991).

Les partisans de Zviad Gamsakhourdia entrent souvent en conflit avec les nationalistes abkhazes. En 1990, la république socialiste soviétique autonome d'Abkhazie annonce sa séparation du reste de la Géorgie, un choix illégal par la constitution géorgienne de l'époque. En réponse, Zviad Gamsakhourdia et ses partisans organisent de larges manifestations et un blocus du chemin de fer menant vers Sokhoumi (la capitale abkhaze), ce qui pousse les autorités communistes, en préparation des premières éléctions démocratiques d'octobre 1990, à interdire la participation de partis régionaux, donc interdisant tout parti nationaliste en Abkhazie.

Toutefois, une fois arrivé au pouvoir, Gamsakhourdia évite de se lancer dans un conflit armé en Abkhazie, comme il l'avait fait en Ossétie du Sud. Il entre en négociation avec Vladislav Ardzinba, le chef séparatiste des autorités abkhazes, avec qui il s'accorde de préserver l'Abkhazie en Géorgie et de réserver 28 sièges au sein de la législature autonome d'Abkhazie aux Abkhazes, contre seulement 26 aux Géorgiens (qui constituent toutefois 47% de la population totale de l'Abkhazie). Les zviadistes affirment que seul Gamsakhourdia a été capable de régler le problème du séparatisme abkhaze, tandis que Gamsakhourdia lui-même déclare après son renversement que la déclaration d'indépendance future par l'Abkhazie ne s'est déroulé qu'en raison du coup d'État contre le gouvernement légitime de Tbilissi.

En février 1992, le Conseil militaire de Géorgie, qui remplace Zviad Gamsakhourdia, abolit l'autonomie abkhaze en rétablissant la constitution de 1921 de la République démocratique de Géorgie. C'est en réponse de cet acte que Vladislav Ardzinba s'engage à une politique séparatiste ouverte, tandis que la population géorgienne reste largement favorable à Gamsakhourdia. Ce n'est qu'alors que le ministre de la Défense géorgien, Tenguiz Kitovani, envoie des troupes en Abkhazie, enclanchant une guerre qui culmine en septembre 1993 avec la perte de Sokhoumi et le nettoyage éthnique des Géorgiens d'Abkhazie.

Quand Zviad Gamsakhourdia retourne en Géorgie pour combattre les autorités centrales en 1992, il rentre par Sokhoumi. Les zviadistes actuels attribuent la différente approche de Gamsakhourdia envers l'Abkhazie en une amitié ancestrale entre les Abkhazes et la province géorgienne de Mingrélie, d'où vient Gamsakhourdia lui-même.

Arméniens, Turcs et autres

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Zviad Gamsakhourdia reste hostile aux autres minorités ethniques habitant la Géorgie durant sa présidence, notammant envers les Arméniens, les Azerbaïdjanais et les Turcs. En décembre 1990, lors d'un entretien avec le journal britannique Times of London, il déclare que la majorité des Arméniens et Azerbaïdjanais résidant en Géorgie (et constituant 20% de la population totale en 1990 et la majorité de la population dans certaines régions de Géorgie septentrionale) sont des « ennemis ». La population arménienne se retrouve ouvertement opposé à Gamsakhourdia, qui ne parvient pas à établir son contrôle sur la région de Djavakhetie. Un large exode d'Arméniens de la région se déroule sous Gamsakhourdia.

Gamsakhourdia interdit également le retour en Géorgie des Meskhètes, un group ethnique turco-géorgien exilé en Asie centrale sous la dictature de Joseph Staline. Ce point reste une cause de tensions entre le président et son opposition, menant Gamsakhourdia à promettre le retour des Meskhètes durant le coup d'État de 1991-1992, en tant que concession pour l'opposition. Toutefois, la question des Meskhètes n'est toujours pas résolu jusqu'aujourd'hui.

La montée du zviadisme mène aussi à de nombreuses tensions avec la communauté azerbaïdjanaise de Kvemo Kartli, y compris des protestations et des clashs avec les communautés géorgiennes. Durant l'arrivée au pouvoir de Gamsakhourdia, les Azerbaïdjanais demandent une autonomie régionale autour de Bortchali, suite à quoi des milices zviadistes pillent des villages et expulsent de nombreuses familles azerbaïdjanaises de Dmanissi et de Bolnissi. Durant un discours à Kvareli, Gamsakhourdia accuse la population azerbaïdjanaise de vouloir s'engager dans un conflit armé en Kakhétie.

De nos jours, les groupes nationalistes arméniens et azerbaïdjanais restent suspicieux des ultranationalistes géorgiens, qui sont souvent surnommés « néo-zviadistes ».

Nationalisme mingrélien

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Né dans une famille influente dans la province de Mingrélie en Géorgie éoccidentale, Zviad Gamsakhourdia bénéficie d'une large popularité parmis la population mingrélienne, non seulement durant sa présidence, mais aussi pendant son exil, son retour en Géorgie durant la guerre civile de 1993 et depuis sa mort. En 1989, Gamsakhourdia publie un essai intitulé « La question mingrélienne », dans lequel il explique l'identité géorgienne de la Mingrélie, tout en appréciant un language et une certaine culture différenciée. Ainsi, durant les larges manifestations opposant Gamsakhourdia à Tbilissi en septembre 1991, des centaines de Mingréliens débarquent dans la capitale pour organiser des protestations opposés, tandis que durant le coup d'État de 1991-1992, un battaillon de femmes armées mingréliennes sont utilisées comme garde personelle du président.

The Jamestown Foundation, un think-tank étatsunien, décrit :

« La loyauté des habitants de Mingrélie est expliqué par le fait que Gamsakhourdia était un Mingrélien. Les Mingréliens sont prochement liés, ethniquement et culturellement, aux Géorgiens mais sont linguistiquement distingués depuis le VIIIe siècle. Ils ont non seulement des traditions différentes des autres régions de Géorgie, mais ils parlent aussi un langage qui est proche du géorgien mais est syntaxiquement différent. »

Le 16 janvier 1992, quelque dix jours après son exil, Gamsakhourdia appelle à la déclaration d'une république indépendante de « Mingrélie-Abkhazie » pour opposer le Conseil militaire dirigeant Tbilissi. Mais cet appel n'est qu'éphemère. C'est toutefois à Zougdidi, la capitale régionale, que Gamsakhourdia fait son entrée triomphante en 1993, expulsant les troupes du gouvernement central et prenant contrôle de la Mingrélie et de Gali, le district ethniquement mingrélien d'Abkhazie. Cette arrivée mène à une guerre civile sanglante entre les Mingréliens et le gouvernement central qui aboutit en une défaite de Gamsakhourdia et sa mort dans des circonstances mystérieuses le 31 décembre 1993.

Durant les années 1990, la Mingrélie reste un bastion du zviadisme. Mais cela mène à une large persécution par le groupe paramilitaire Mkhedrioni, qui pille et ravage une majorité des communautés autour de Zougdidi. Certains zviadistes de Mingrélie restent armés à travers les années 1990, mais le gouvernement central parvient à diviser le camps en offrant une amnistie à tous ceux qui abandonnent les armes. Ces mêmes zviadistes de Mingrélie sont impliqués dans la tentative d'assassinat contre le président Edouard Chevardnadzé en 1998. En 2003, les premières manifestations contre le gouvernement de Chevardnadzé qui culminent avec la Révolution des Roses commencent en Mingrélie. De nos jours, les zviadistes continuent à avoir une large influence dans la politique mingrélienne, ce qui est évident avec la décision de financer un musée dédié à Gamsakhourdia à Khiboula (lieu de décès du président) par Bidzina Ivanichvili, le président du parti Rêve géorgien, peu de temps avant les éléctions municipales de 2019.

Politique internationale

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Anti-Russie

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Outre le nationalisme géorgien, le zviadisme est centré, tout comme la présidence de Zviad Gamsakhourdia, sur un rejet de l'impérialisme russe et des sentiments profondément anti-russes. La Géorgie fait parti de l'Empire russe du début du XIXe siècle jusqu'en 1918, puis est annexé par l'URSS en 1921, faisant de Moscou le seul pouvoir impérial abolissant l'État géorgien depuis les envahisseurs arabes du VIe siècle, un fait utilisé comme justificatif par Gamsakhourdia de sa politique anti-russe.

Gamsakhourdia accuse souvent la Russie de vouloir abolir l'indépendance géorgienne et est souvent accusé de paranoïa anti-russe. En effet, le président voit des espions de Moscou dans tous les cercles de la société, ce qui l'engage à fermer des agences de média, arrêter ses opposants et interdir certains partis politiques. Sous son mandat, la Géorgie est l'une des premières républiques à déclarer son indépendance et en décembre 1991, il refuse de rejoindre la Communauté des États indépendants, l'organisation de partenariat des anciennes républiques soviétiques sous l'égide de Moscou. Son rejet envers la CEI est, d'après la rhétorique zviadiste moderne, la cause du coup d'État de 1991-1992.

Le coup d'État lui-même est souvent décris par les zviadistes comme un « putsch de Moscou » et non pas comme une guerre civile entre Géorgiens. De même, la guerre civile entre zviadistes et le gouvernement central qui dure jusqu'en décembre 1993 est aussi vu par le zviadisme comme une guerre entre le gouvernement légitime de Géorgie et des forces d'occupation russes. Cette désignation est soulignée par le fait que des troupes russes, peu de temps avant responsables de la perte de l'Abkhazie, sont utilisés pour aider Edouard Chevardnadzé à prendre contrôle du port stratégique de Poti des mains des zviadistes.

Caucase

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Malgré les tendances ultranationalistes de Gamsakhourdia, celui-ci est aussi un partisan d'une certaine unité caucasienne, afin de remplacer Moscou par Tbilissi comme centre d'influence de la région. À ce but, le président devient le seul chef d'État international à reconnaitre l'indépendance de la République tchétchène d'Itchkérie, qui tente de se libérer du joug de la Russie sous Djokhar Doudaïev. En 1991, Gamsakhourdia appelle à tous les Géorgiens résidant en Tchétchénie à soutenir Doudaïev et les deux dirigeants proposent une confédération caucasienne pour lutter contre l'impérialisme russe.

Après son renversement, Zviad Gamsakhourdia trouve refuge à Grozny, où il devient conseiller de Doudaïev et où ses troupes zviadistes entraînent les gardes tchétchènes. En tant que Président en-exil, il signe un accord avec le dirigeant tchétchène en février 1992 sur la coopération entre son gouvernement et Grozny, tout en proposant des premiers plans pour la formation d'une Union des États caucasiens. En réponse, la Russie encourage la création de la Confédération des Peuples des montagnes du Caucase du Nord, une organisation proto-politique dont le seul but est de confronter la Géorgie. Gamsakhourdia envoie toutefois une ambassade pour représenter son gouvernement exilé auprès de la Confédération.

L'idée d'une « maison caucasienne » n'est pas aussi bien acceptée par les autres peuples du Caucase, qui craignent une domination géorgienne. Ce sont ces mêmes peuples qui forment une alliance en 1993 pour commettre un nettoyage ethnique contre les Géorgiens en Abkhazie. Toutefois, le zviadisme est partisan d'un plan d'unité du Caucase pour rivaliser contre Moscou et pour affirmer la domination de Tbilissi en tant que centre culturel et politique de la région entière. En 2015, Tsotné Gamsakhourdia, fils cadet de l'ancien président et l'un des chefs du mouvement zviadiste, dit que le but des forces anti-Gamsakhourdia dans les années 1990 était spécifiquement d'empêcher une alliance intra-caucasienne.

Zviadisme : pro-occidental

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Le zviadisme rejette clairement toute alliance basé à Moscou et c'est ainsi que Zviad Gamsakhourdia refuse de rejoindre la Communauté des États indépendants. Il n'est toutefois pas isolationaliste et, comme son père, l'écrivain Konstantine Gamsakhourdia, refuse de décrire la Géorgie comme une nation eurasiatique, mais plutôt comme un membre clair de l'Europe orientale. Dès le début de sa présidence, il voit les États-Unis comme l'alternative démocratique du monde soviétique et tente, en vain, de faire reconnaitre son gouvernement par Washington.

Histoire

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Origines philosophiques

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Le zviadisme trouve ses racines dans un nationalisme géorgien qui date de la fin du XIXème siècle, alors que la Géorgie est encore sous le joug de l'Empire russe. Notamment, il cite le poète Ilia Tchavtchavadzé, qui est connu pour son slogan « Patrie, langue, religion », dans ses ouvrages et nomme son organisation la « Société de Saint Ilia le Juste » en 1988. Un écrivain et poète de profession, Gamsakhourdia fait parti de l'intelligentsia géorgienne qui cherche à former un État géorgien comme centre du Caucase, protecteur des valeurs chrétiennes et libérales de l'Occident. Comme l'écrivain Niko Nikoladzé, le nationalisme de Gamsakhourdia envisage la création d'une fédération de nations caucasiennes.

La dissidence de Gamsakhourdia est directement lié à son père, Konstantine Gamsakhourdia, un des plus célèbres romanciers géorgiens du XXe siècle et l'un des rares dissidents qui survit aux purges de Staline. Celui-ci se présente souvent en tant que partisan des révoltes géorgiennes, tel que le soulèvement de 1924. Ce Gamsakhourdia est l'auteur de nombreux ouvrages qui parlent de la culture séparée, indépendante et pro-occidentale de la Mingrélie et de ses proches relations avec l'Abkhazie, des faits qui se montrent importants durant la présidence de son fils. Le fils de Zviad Gamsakhourdia, aussi nommé Konstantine Gamsakhourdia, théorise plus tard que c'est à cause de ces origines pro-occidentales de la Mingrélie que cette dernière est ignorée par les services d'intelligence russes.

Zviad Gamsakhourdia passe la première étape de sa carrière dans le mouvement dissident nationaliste en Géorgie. Il est accompagné par d'autres dissidents, tel que Merab Kostava et Guia Tchantouria, et est largement influencé par les travaux de la République démocratique de Géorgie, dont il adopte les symboles après son arrivé au pouvoir en 1990. Suite à sa libération en 1979, il devient un des principaux dirigeants du mouvement dissident et commence à organiser de nombreuses protestations contre l'Union soviétique. Le zviadisme commence à apparaitre suite à la division du mouvement vers la fin des années 1980, une division qui mène à deux éléctions compétitives en octobre 1990 pour le Conseil suprême de Géorgie : les partisans de Zviad Gamsakhourdia sont reconnu par Moscou comme le gouvernement légitime de Tbilissi, tandis que son opposition, aussi nationaliste, forme un parlement alternatif. Les zviadistes deviennent largement actifs durant le début des conflits ethniques en Abkhazie et en Ossétie du Sud, organisant de larges manifestations à Sokhoumi et à Tskhinvali en 1989.

Présidence de Gamsakhourdia

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Zviad Gamsakhourdia, en tant que chef du mouvement indépendantiste, bénéficie d'une large popularité au début de son mandat. Son parti remporte 54% des voix lors des premières éléctions démocratiques de l'URSS en Géorgie en octobre 1990, obtennant ainsi 155 des 250 sièges du Soviet suprême de la RSS de Géorgie. Suite à la déclaration d'indépendance du 9 avril 1991, il sort victorieux des éléctions présidentielles du 26 mai, avec près de 87% des voix.

Mais tandis que son support populaire diminue avec ses tendances autoritaires, les zviadistes se coalescent pour former des groupes afin de se différencier des opposants qui, peu de temps avant, soutenait le Président. À partir de septembre 1991 et suite à la révolte du chef de la Garde nationale Tenguiz Kitovani, une grande partie de la population de Tbilissi commence à opposer Gamsakhourdia et à organiser de larges manifestations contre le dirigeant nationaliste, qui s'engage dans une campagne de fermer certaines agences de média et d'emprisonner des opposants politiques. En réponse, des milices armés de zviadistes s'entamment dans des campagnes de provocation contre les protestataires, particulièrement lors de la manifestation du 22 septembre.

Les zviadistes sont largement actifs durant le coup d'État qui plonge Tbilissi dans une guerre civile du 22 décembre 1991 au 6 janvier 1992. Outre les forces du ministère des Affaires intérieures qui restent fidèles au président, de nombreux zviadistes arrivent de Géorgie occidentale afin de protéger le chef d'État, qui est alors enfermé dans sa casemate sous le parlement géorgien. Ces zviadistes sont organisés en plusieurs milices, tel que le Battaillon des Collants noirs, qui inclue des femmes armées venant de Mingrélie, et Lemi (ლემი, « lion »), une milice de jeune Svanes. Ces volontaires parviennent à protéger la casemate pendant deux semaines, avant de fuir la capitale.

Le 3 janvier 1992, le Conseil militaire de Géorgie, le gouvernement auto-proclamé de l'opposition anti-Gamsakhourdia, prend contrôle de la majorité de la capitale et interdit toute manifestation zviadiste. En réponse, Gamsakhourdia appelle à la désobéisance civile, menant à des milliers de zviadistes à manifester dans les rues de Tbilissi. Entre 3 000 et 4 000 zviadistes manifestent le jour-même, avant que le Conseil militaire disperse la foule en tuant quatre protestataires. 2 000 autres partisans du président marchent dans les rues de la capitale le 5 janvier, défiant les ordres du Conseil militaire.

Hors de Tbilissi, les zviadistes sont particulièrement avantageux en Géorgie occidentale, où ils prennent contrôle de Koutaïssi. Ils établissent également un bastion à Roustavi qui est évacué par le Conseil militaire durant le coup d'État.

Zviad en exil

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Location Date Note
Tbilissi 7 janvier Entre 3 000 et 4 000 zviadistes manifestent dans le quartier de Sabourtalo. Le Conseil militaire disperse la manifestation.
Sokhoumi (Abkhazie) 7 janvier La majorité des manifestants sont des Géorgiens d'Abkhazie.
Sokhoumi 8 janvier 2 000 zviadistes réclament le retour de Gamsakhourdia et encouragent des actes d'insubordination.
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Guerre civile

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Zviadistes sous Chevardnadzé

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Division du mouvement sous Saakachvili

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Depuis 2013

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Organisation

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Factions armées

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Organisation politique

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Dans la société

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Symbolisme

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Opposition au Catholicos

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Opinion publique

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Critiques

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Influence dans le reste du Caucase

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Zviadistes notables

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Voir aussi

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Liens internes

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Liens externes

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Bibliographie

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Notes et références

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Références

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