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La papeterie en Provence est un témoignage vivant de l'histoire technologique et culturelle de la France. Elle reflète le génie humain de la région à apprivoiser son environnement naturel pour développer un secteur industriel florissant. Bien que les moulins à papier traditionnels aient en grande partie disparu, l'esprit de cette époque perdure, invitant à une réflexion sur l'importance de préserver et de valoriser les métiers anciens face aux défis contemporains.

Émile Noël Marie Isnard, dans Les papeteries de Provence au XVIIIe siècle (1916), a notamment pu présenter l'histoire des nombreuses papeteries ayant existé sur le territoire.

Historique

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Introduction à la tradition papetière provençale

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La Provence, avec son climat doux et ses cours d'eau, s'est historiquement imposée comme un lieu propice au développement de l'artisanat et de l'industrie. Parmi les nombreuses activités qui y ont fleuri, la papeterie occupe une place spéciale, mêlant savoir-faire ancestral et innovation. Cet article retrace les origines de la papeterie en cette région ensoleillée de France, détaillant comment ce métier est devenu partie intégrante de l'identité provençale.

L'origine de la fabrication du papier en Provence remonte au XIVe siècle, période durant laquelle l'Europe commence à s'initier à cette technique venant d'Orient via les Maures en Espagne et les échanges commerciaux avec l'Italie. Les premiers moulins à papier provençaux voient le jour notamment près de l'actuelle ville de Fontaine-de-Vaucluse, où la proximité de sources abondantes et la facilité d'accès à des matières premières comme le lin et le chanvre ont favorisé leur implantation.

Essor économique

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Filigrane pour papier avec les armoiries de la papauté, utilisé dans la papeterie de la famille Légier à Brignoles

Au temps de la Méditerranée médiévale et de la Renaissance, les échelles du Levant désignaient les ports du bassin oriental de la Méditerranée contrôlés par les puissances européennes, principalement les républiques maritimes italiennes comme Venise et Gênes, mais aussi les Français et les Espagnols. Ces ports servaient de points d'ancrage pour le commerce maritime entre l'Orient et l'Occident. Ils étaient des centres névralgiques où l'on échangeait des marchandises diverses, allant des épices aux textiles, et bien sûr, au papier.

L'industrie papetière en Provence a profité de sa position géographique favorable, non loin de ces échelles du Levant, pour exporter son papier vers l'Orient. La qualité du papier provençal était appréciée, ce qui a permis aux producteurs de la région de s'imposer sur le marché international. L'accès aux routes maritimes à travers les ports comme Marseille, et les relations diplomatiques et commerciales avec les territoires d'outre-mer, ont favorisé le commerce provençal. On retrouve notamment des traces de l'utilisation du papier produit en Provence jusqu'au Vatican.

Marseille, en particulier, joua un rôle clé dans cette dynamique marchande. La ville a fonctionné comme un carrefour pour les marchands de papier provençaux qui cherchaient à exporter leurs produits. Les négociants marseillais établirent des liens commerciaux avec les échelles du Levant, déployant une flotte qui a permis d'étendre l'influence commerciale de la Provence bien au-delà de ses frontières traditionnelles.

Les revenus issus de la vente de papier permirent non seulement la prospérité des papetiers de Provence, mais contribuèrent également au développement économique de la région dans son ensemble. De plus, l'exportation du papier favorisa le rayonnement culturel de la France en Méditerranée, à une époque où le papier était étroitement lié à la diffusion de la connaissance et des idées.

Transformation et déclin

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Vers la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle, la révolution industrielle transforma la production de papier. Les techniques de fabrication se mécanisèrent, et la matière première évolua avec l'introduction de la pâte à papier issue du bois. Ces changements entraînèrent une compétition accrue et un déclin progressif pour les papeteries traditionnelles de Provence. Les échelles du Levant perdirent également de leur importance avec la modification des routes commerciales et l'émergence de nouveaux acteurs économiques mondiaux.

Bien que l'industrie du papier en Provence et les échelles du Levant ne jouent plus le rôle prépondérant qu'ils avaient dans le passé, ils laissent derrière eux un héritage riche. Aujourd'hui, ce passé est célébré et préservé à travers le tourisme culturel, les musées et les ateliers de fabrication de papier qui perpétuent les techniques traditionnelles. La vente de papier provençal via les échelles du Levant demeure ainsi une page illustre de l'histoire de la région, témoignant d'une époque où le savoir-faire local avait une résonance internationale.

Les fleuves et rivières du papier de Provence

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Plusieurs rivières provençales ont permit l'établissement de moulins à papier sur le territoire :

Liste des papeteries des Bouches-du-Rhône

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En bénéficiant de l'Huveaune, de nombreuses papeteries ont été en activité dans les Bouches-du-Rhône.

La papeterie d'Aubagne

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La famille marseillaise des de Bausset possédait en 1715 deux moulins a papier à Aubagne ; ces deux moulins passèrent ensuite aux mains de Jean Coumeirant (1728) puis de la famille Ruel dont nous retrouverons souvent le nom. En 1745, Toussaint Ruel a un seul moulin avec 20 piles et 2 cuves ; il fabrique 5 qualités de papier jugées excellentes, étant donné la mauvaise qualité des eaux de l'Huveaune. En 1771, Claude Ruel a deux moulins avec une cuve dans chacun d'eux. Il fabrique 11 différentes qualités de papier et au total 130 ballons par an et par cuve, La papeterie d'Aubagnc périclita peu après. Claude Ruel fut obligé de fermer ses fabriques faute d'ouvriers et en partie ruiné par ceux qu'il avait employés (1778).[1]

La papeterie de Gémenos

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Les papeteries de Saint-Pons à Gémenos, aujourd'hui encore en pleine activité (1916), faisaient partie au XVIIIe siècle du fief de la puissante famille d'Albertas. Elles étaient tenues à ferme en 1728 par les sieurs Dreveton et Bonefoy, en 1745 par les Ruel ; en 1771 les quatre moulins en produisent de 11 qualités ; il y avait une cuve par moulin rendant annuellement 130 ballons.[2]

Liste des papeteries du Var

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Les Paradou Légier à Brignoles

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Moulin à papier Légier
Le Paradou
Présentation
Type
Moulin à papier
Fondation
XIIe siècle
Style
Provençal
Propriétaire
Famille Légier
Localisation
Commune
Brignoles
Adresse
408 Chem. du Val de Camps, 83170 Brignoles
Coordonnées
Carte

Les moulins à papier de Brignoles, plus considérables, furent au nombre de trois au moins jusqu'en 1728. L'enquête de 1745 n'en porte que deux. Pendant tout le siècle ces papeteries appartinrent à la famille Légier ; en 1771 l'une à Honoré Légier produit 90 balles par an, l'autre à J.-F. Légier en produit 120.[3]

Origines

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La présence du Paradou est apparue dans certains livres et documents comme le livre de Mr Edmond Ortigues sur le village de Camps. Il évoque le Paradou comme bastide connue en 1016, mais en remontant plus en arrière on y noterai la présence de 8 villas romaines très anciennes. Le Paradou étant cité comme bâtisse à l’entrée du Val-de-Camps (de l’aval du camps) dans la Charte de Childebert, faisant état du domaine du frère de Clovis en 582, et devant être cédé aux sœurs clarisses de la Celle.

Le 30 mai 1491, ce moulin situé “als destres de la Cella” avait fait l’objet d’un contrat passé entre Antoine de Ventura de Brignoles d’une part et Barthelemy et Mathieu Malavini[4] (père et fils) de Pignerolles, en Piémont, d’autre part. Cela en ferait donc parmi les plus vieux moulins à papier de France, avec celui de Troyes en 1348[5].

Le petit Paradou, est déjà connu comme paroir à draps en 1543 et comme appartenant à la famille Monier[6].

Acquisition par les Légier

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Papeterie de Tourves

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Articles connexes

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Notes et références

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Références

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  1. Emile Isnard, Les papeteries de Provence au XVIIIe siècle, p. 42 - 43
  2. Emile Isnard, Les papeteries de Provence au XVIIIe siècle, p. 44
  3. Emile Isnard, Les papeteries de Provence au XVIIIe siècle, p. 46
  4. Inventaire d’un Moulin à Papier à Brignoles, 30 Mai 1491 (Archives du Var 3E7/205)
  5. « Grands moulins de Notre-Dame et de la Rave », sur Wikipédia
  6. Cadastre de Brignoles de 1543, acte notarial f°95 établi par Maître Guilhem Monier

Bibliographie

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  • Émile Isnard, Les papeteries de Provence au XVIIIe siècle (1916)

Liste des portails

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