Utilisateur:Amina Embarek/Brouillon

  Le 23 Avril de l'année 1843, deux fortes colonnes expéditionnair , venant de directions opposés, faisaient la jonction à Snab ou EL ESNAM. L'une ,dite de Mostaganem, sous les ordres de M.le général Gentil,était composée de troupes appartenant à la division d'Oran. La seconde, commandée par le maréchal Bugeaud, venait d'Alger. Ces deux colonnes étaient suivies chacune d'un convoi considérable de prolonges et de bêtes de sommes. L'intention du maréchal était de dominer, pour toujours, la riche vallée du chélif, et de créer, au centre de cette vallée, un établissement important qui put communiquer avec un port voisin, afin de pouvoir ravitailler ses colonnes et être toujours prêt à s'opposer aux entreprises, si hardies et si pleines d'audace, de l'émir Abd -el -Kader, le plus redoutable et le plus constant ennemi de la domination française. En choisissant la position d'El Esnam, point intermédiaire et à peu près à égale distance de Milianah et de Mostaganem, nos troupes pouvaient à volonté se porter dans les montagnes difficiles et escarpées de l'Ouarensénis, par la vallée du Tygraout, et communiquer avec le pont de Ténès, par la vallée de l'Oued Rhean  (Ruisseau des Lauriers -roses).
 Ce fut donc au milieu de vastes ruines romaines, cachées en partie par de grandes herbes et des broussailles formées de ronces, de lentisques et de jujubiers sauvages, que le champ fut établi. 

M.Eugène Cavaignac, colonel de Zouaves, fut désigné par le maréchal pour prendre le commandement supérieur des troupes laissées dans la subdivision d'El Esnam, dont Ténès faisait partie. El Esnam reçut bientôt officiellement le nom d'Orléansville, en mémoire du jeune prince qui venait d'être ravi à la France et à l'armée,dont souvent il avait partagé les dangers et dont il était l'idole. Il fallait trouver un homme de coeur et de génie pour lui confier le plan dû aux vastes conceptions de M.le maréchal Bugeaud, et qui put créer, avec le peu de moyens mis à sa disposition, deux villes importantes :cet homme fut le colonel Eugène Cavaignac.

 Nos premières journées passées à Orléansville furent consacrées à mettre à couvert les munitions de guerre et à placer sous des tentes, faites de tissus arabes, les vivres et les malades. Un fossé de trois mètres de profondeur et d'autant de large fut creusé au sud et à l'est du camp. Le commandant du génie, M.Tripier, dont l'activité répondait à celle du colonel carvaignac s'empressa de faire fortifier la presqu'île de Tygraout où fut établis le parc aux boeufs et les magasins de l'administration. Sur le point culminant du plateau, furent posés les fondements d'un vaste hôpital militaire muni de tous ces accessoires. M.Beaud, capitaine du génie, fut chargé de la direction de cette édifice, l'un des mieux établis de l'Algérie sous le triple rapport de la solidité, de la distribution et de l'hygiène. Tous les différents travaux furent poussés avec une activité dont il serait difficile de se rendre compte,si l'on ne savait combien l'impulsion à tous ceux qui subissent volontairement, ou même sans s'en apercevoir, l'ascendant de sa volonté. 
 Pendant l'époque des débordements du chélif, toutes les communications avec le port de tenez étaient interrompues, et tous les objets nécessaire pour la ville naissante y étaient retenus. Il devint donc indispensable de jeter un pont sur le fleuve. Le capitaine Renan, de l'armée du génie, fut chargé par le commandent Tripier de diriger les travaux de cette difficile entreprise. Cet officier parvint, dans l'espace de quelques mois, à joindre les deux rives du fleuve au moyen d'un pont en bois, dit à l'américaine. Cepont a cent vingt mètres et est appuyé aux deux extrémités sur deux culées faites parties en madriers et parties en maçonnerie. Les trois arches dont il se compose reposent sur des pilotis solidement fixés. Cet ouvrage a frappé d'étonnement les Arabes, quand ils ont vu q'il était assez solide pour voir résisté jusqu'ici aux crues si subites et si rapide du chélif.
     Souvenir de l'Algérie ou sur Orléansville, Cambrai,F.Deligne, imprimeur-libraire de l-Archevêché,1854,P.1-3.