Utilisateur:Chékéné Patéhallé Thaddée/Brouillon

PIBOU

INTRODUCTION

L’histoire de Pibou est une étude spécifique et limitée d’histoire de Pibou. Je suis allé de la création, de l’existence et de l’évolution de Pibou pour réaliser mon travail.

Faire l’histoire de Pibou c’est raconter la vie des familles qui est souvent étroitement liée à celle de ce village selon  son évolution au fil des temps. C’est retracer les repères géographiques de ce village. C’est parler également du paysage, de l’environnement, de l’occupation du sol et des pratiques agricoles de Pibou, des événements communautaires propres à Pibou, du social, du patrimoine, de l’habitation, de la chefferie, des notables, etc.

C’est l’amour de ce village caché qui m’a poussé à faire connaître son histoire aux jeunes de Pibou, à la génération future et aux autres.

Ce travail n’était pas facile pour de raison des sources d’informations.

I-                  SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE PIBOU

1.1-           La  présentation de Pibou

Pibou se trouve dans le Département du Lac-Léré plus précisément dans la Commune de Guelo.

Il compte 5690 habitants pour 712 concessions selon  le recensement  local de 2010.

Il est limité au Nord par Guelo et par Konbalda (Poudoué), à l’Est par Mararaï (Poudoué) et Baïbi, au Sud par Zahvou et Kokoïdjou et à l’Ouest par Zahdjouli. Pibou est situé à 15 kilomètres du Sud de Guelo et à 30 kilomètres environs à l’ouest de Lagon.

Pibou est le village le plus étendu, formé de huit (08) quartiers : Zalli (la capitale), Guelamé, Tchilwolou, Makeuré, Mararaï, Makeumaye, Zahvaing et Chakkika (Maïndjimi). Pibou a une superficie qu’on peut estimer approximativement 100 kilomètres carré (km2).

Tableau récapitulatif

Quartiers Concessions Population
01 Zalli 161 1022
02 Guelamé 109 839
03 Tchilwolou 109 1010
04 Makeuré 84 937
05 Zahvaing 69 503
06 Mararaï 67 638
07 Makeumaye 59 403
08 Chakkika 54 338
09 Total 712 5690


1.2-           La morphologie de Pibou

En effet, on y trouve dans la partie du Sud des roches et des grosses pierres disposées sous forme de colline où abritent différentes sortes d’espèces sauvages. Ce lieu est communément appelé Baltessalé ou Chemgoï.

Une partie du sol au Sud est constituée de petits grains de sable, des graviers et des pierres et le reste des parties de la localité est sablonneux, argileux et granulé.

En hydrographie, Pibou regorgeait et regorge des points d’eau permanents pendant toutes les deux saisons. Il y a des marais permanents comme Eltchilli, Elso, Magouvo, Magadang, Panaï-mboring, Zahbimourhouri, Teloum Makoïmourchanni, El Tchilwolou… ces points d’eau sont alimentés par des rivières et marigots. En effet, les marécages et les terrains humides sont riches en cultures maraichères.

La végétation est du type de forêts denses couvertes des différentes variétés d’arbres, d’arbrisseaux et d’herbes. On peut trouver à Pibou : prosopis Africana (haa), coldenia procumbins (ɓaŋni), combretum velutinum (goodəwoi), bauhinia retimlata (səpəəre), ficus gnaphalo carpa (wuuri), boswellia odorattum (gbemme), sterculia setigera (təsõorĩ), bombax costatum (njokke), pseudo-cedrelakotschii (kpokki), boswellia papysifera (məliiɗokri), acacia macostachya (waa billi), anogeissus leiocarpus (gəəre), parkii abiglobosa (bəlee), annona senegalensis (təpaŋrĩ), anena acidede (naitãhrĩ), combretum glutinosum (cenne), tamarindus indica (baa), diospyros mespiloformis (məŋgẽere), bridelia feruginia (təgɓəgɓəri), butyrospermum parkii (kəəre), zizyphus mauritania rhammacae (emme), ficus discranotyla (cuŋni), strychnos innocua (dakəlokke). Et pennisetum pedicellatum (maṽakke), gynandropus (tambelle), hyparrhenia (vahe), setaria pallide-fusca (matəramsyẽe), tribulus terrestris (tammbãarĩ), commelina benghalensis (dahmərgwii), commelina diffusa (təzyee əə), cynodon daclon (karɗaŋ), cassia tora (naa bemsyeari), cardiospermum halicacabum (tə pep pep), rotbonellia exaltata (sãhmme).

Jadis, Eltchilli était impénétrable pour de raison de sa densité forestière, de touffe serrée d’arbrisseaux, d’arbustes, d’herbes, d’arbres (cilli, saari, wuuri, njokke, kə̃əre, nyahswãhməəzunyiŋrĩ, kəzyeere, kəsyiiri, vahe, varre, də̃əre, syenni, syiŋjuu…). Eltchilli prend sa source au Sud du village (Magadang) et s’étend vers Ellaro pour déverser à El-Ouaya. C’était une forêt bien fermée avec une faune nombreuse et variée : des singes, des tigres, des biches, des hyènes, des chimpanzés, des crocodiles, des vipères, des pythons, des tortues, des varans, des lézards…

Malheureusement, les hommes ont presque détruit cet environnement aujourd’hui à Pibou.

En ce qui concerne le climat, il est de type soudano-guinéen. La moyenne pluviométrique est de 1000 mm par an. La saison de pluie s’allonge sur six (06) mois.

II-               ORIGINES DE PIBOU

Pibou, dit-on, était une brousse tout à fait, une forêt dense et aquatique. A défaut des documents écrits, j’ai utilisé des documents muets et des traditions orales qui me sont des matériaux indispensables. A cet effet, j’ai trouvé que dans certaines parties de la localité, le sol est jonché d’outils artisanaux (morceaux de poteries, bracelets, bagues…) et de traces des anciennes habitations qui peuvent dater plus d’un siècle. Ce qui laisse croire que Pibou est un vieux village.

En ce qui concerne l’apparition des premiers hommes dans le milieu, l’histoire nous dit que les premiers occupants furent les grands chasseurs qui furent venus de Bahoré dans la région de Lamé vers le XIXème siècle (vers les années 1890) dans but d’exploiter ce milieu. En effet, la brousse était très propice à la chasse et à l’agriculture. C’est Palian-Ndao et son demi-frère Pa-ou qui furent les premiers à s’établir dans ce lieu. Ils sont des Bahoré. Pa-ou, lui, quitta Pibou pour s’installer à Pelganni à Guelo. Après les gens vinrent s’installer progressivement autour de lui. Quelques années plus tard, il avait vu que Guelo était bon et il avait demandé à Palian-Ndao et d’autres qui étaient à Pibou de les rejoindre à Guelo. Mais ils lui répondirent en terme de refus : «  ruu pee ɓuu nyee o » en Moundang, qui signifie « nous allons rester ici, nous n’irons pas là-bas ». Ce qui devient aujourd’hui Peeɓuu ou Pibou le nom de ce village. Ils refusèrent de rejoindre les autres qui se furent longtemps installés à Guelo car celui-ci  avait toutes les structures d’un village. Et ils préférèrent donc de rester en brousse pour leur chasse.

Selon l’histoire, Pibou et Guelo furent déguerpis vers les années 1900 ; les cases étaient brûlées, les habitants étaient chassés par les Blancs pour de raison d’épidémie qui sévissait en ce temps-là dans la région (période où Gong Tchomé II de Léré avait accueilli les Allemands dans la région). On leur avait demandé d’aller s’installer à Léré. C’est ainsi que tous les Bahoré de ces localités quittèrent en groupe pour s’établir successivement à Lampagam, à Pougoutendjing, à Kahtchilli, à Doué et à Lampto. L’histoire nous dit que les Bahoré étaient des gens qui aimaient vivre ensemble, être unis ; c’est pourquoi ils étaient en groupe. C’est à Lampto qu’ils eurent des problèmes avec les autochtones. C’est ainsi que le chef du village de Lampto demanda au Gong de Léré de faire repartir ses gens à Léré là où ils furent venus. Mais ceux-ci refusèrent de repartir à Léré en disant : «  nous allons repartir dans nos enclos ». Et effectivement ils repartirent à Guelo d’où ils étaient venus. Donc, Guelo signifie «  enclos » ou «  ancien enclos ».

C’était Zoua Poré, descendant de Pa-ou, qui revint fonder Guelo.

Lorsqu’ils revinrent tous à Pelganni à Guelo, ils demandèrent au Gong de Léré leur propre chef.

Quelques années plus tard (vers 1930 à 1940), Padang Zoua Poré, arrière petit-fils de Pa-ou, quitta Guelo pour habiter à Zahbimourhouri (Pibou) dans le but de gagner la bonne terre pour les cultures et le point d’eau pour ses bêtes. Il regagna ‘’ la cendre des cases brulées’’ de ses grands-parents à Pibou.  Malgré la menace de Gong de Guelo qu’eut subie Padang Zoua Poré dans ce lieu, il refonda définitivement ce village.

Un lieu plus propice à l’agriculture et à l’élevage, beaucoup des gens commencèrent à y venir s’installer : Dahdeu (Bahoré), Tetchouahré (Moundang), Tewang, père de Mbakdjou (Bahoré), Pandaré Pagou (Bahoré), Keuraï (Moundang), Djibiang (Lamé), Mabellé, père de Tchong-baï, Passouadjou, père de Panaching, Zebbé (Bankahe), Madeu Zahleuré (Bansoo), pour ne citer que ceux-là.

Au règne de Sahoulba Amadou à Léré (1944-1946), Padang Zoua Poré, Keuraï, Pandaré Pagou, Tewang, Djibiang et Zebbé demandèrent au Gong Ngaïzeu de Guelo leur propre chef de quartier (Djaouro). A cet effet, leur choix était sur Patchanné (le yérima) mais ils reçurent Mallaye qui exerçait en ce temps-là à Léré comme commis.

Lorsque Pibou se développait démographiquement, Mallaye Labaya était nommé comme le chef de Pibou par le Gong Paboung-ni de Lagon.

Selon l’histoire, Djibiang avait offert un bœuf au Gong Paboung-ni en présence de Gong Ngaïzeu à Mourchanni d’avoir nommé Mallaye comme le chef de village de Pibou.

III-            ORGANISATION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE DE PIBOU

3.1- La chefferie de Pibou

La chefferie est une entité politique et administrative sur un territoire limité à un ensemble de villages. Elle est une autorité traditionnelle légitime qui organise et régit les systèmes de gouvernance et administrative dans la société traditionnelle. La chefferie est organisée autour de fonctions politique (chef de village), administrative (chef de terre), religieuse (chef religieux). La chefferie est l’autorité politique détenue de façon permanente par un individu dans un groupe.

En effet, la succession à la chefferie  de Pibou se fait de père au fils ; lorsque le chef décède, on choisit parmi ses enfants celui qui peut mieux diriger le village pour le succéder.

L’administration et la politique sont assurées dans le village par le Gong et le conseil de notables.

Par ailleurs, la résidence de Sa Majesté Gong de Pibou est située en plein centre du village, au quartier Zalli, au Nord de l’Ecole Officielle dudit village en allant vers Makeuré (Konbalda).

En description, la résidence du chef de village (Goŋ) a une attraction et une considération particulières. Elle présente un décor magnifique et un insigne distinctif des autres concessions ordinaires, ce même décor est similaire dans tous les pays Moundang.

Dès l’entrée, les piliers (gros bois) plantés à droite et à gauche du portail et autres insignes d’une distinction honorifique font déjà le décor. Après avoir franchi le seuil du portail, en face, c’est le salon d’honneur, appelé « gə̃əre », une pièce d’une habitation destinée à recevoir des visiteurs, une case à toit conique en paille couronné comportant deux portes de part et d’autre. Ce salon est, selon la tradition moundang, l’œuvre du chef de terre en l’honneur du Gong.

Le Gong habite une construction spéciale située au centre du dispositif et entourée de plusieurs cases et zahdəəre de ses femmes et enfants. Car Gong a une très large famille dont plusieurs femmes et enfants.

Bref, la résidence de Gong est sacrée chez les Moundang ; ce même décor du palais du chef (Goŋ) est similaire dans tous les pays Moundang.

Le chef de village a un grand rôle à jouer dans sa circonscription: il est l’auxiliaire d’administration, il transmet les décisions de l’administration aux villageois et les doléances du village à l’administration vice-versa. En outre, il précise  le tribunal coutumier, il règle les conflits entre les habitants de son village par le concours de ses juges (Lakali) et de ses notables. Il est le gardien des us, des coutumes et des traditions.

Il veille à la vie de ses sujets, à l’ordre public, à la protection des cultures, des plantations et des récoltes contre tous les dangers, à l’hygiène, à l’assainissement, à la sécurité et à la sûreté, etc.

Il apporte également son concours aux de développement économique, social et culturel du village.

Les chefs du village de Pibou se sont succédés depuis la fondation jusqu’à nos jours. Leur liste se présente comme suit :

1-      Gong Mallaye Labaya (de 1945 au 02 avril 1965) 10 ans ;

2-      Gong Yahtchou Padang (de 1965 à 1967) 02 ans, régent ;

3-      Gong Ziannoné Mallaye (du 15-02-1967 au 23-11-2003) 36 ans ;

4-      Gond Fadeuné Ziannoné Jean (06-03-2004 jusqu’aujourd’hui).

3.2- Les dignitaires et les notables

Il y a des personnalités importantes et des responsables administratifs et politiques (za sãh goŋe). Ces hauts personnages en forment les ministres en miniature pour soutenir le chef du village. Ils sont revêtus d’une fonction éminente et  jouent le rôle très important pour garantir la vie de la population. Ils assistent le chef de village dans ses fonctions ; on peut citer entre autres :

·        Pa sərri : le chef de terre, issu de famille fondatrice qui prend possession du territoire. Comme on le dit souvent que : « la terre appartient aux premiers occupants ». Les premiers hommes à créer ce village ce sont les Bahoré. Cette famille fondatrice conserve toujours un droit éminent sur le sol, le chef de terre doit être Bahoré. Le rôle de chef de terre est d’intervenir à l’intronisation du chef (Goŋ) et à l’initiation. Il préside les rites agraires, décide du lieu et des calendriers de cultures, etc.

·        Pa yaŋ : le responsable du terroir, issu de la famille des nouveaux arrivants après la famille fondatrice. Pa yaŋ de Pibou est du clan Moundang Guelo. Il  travaille en étroite collaboration avec le chef de terre. En outre, ils sont les garants et chargés de la sécurité du village.

·        Pa êe ciŋ et pa kəndaŋni : les devins sont consultés pour toutes les cérémonies qui se déroulent au village : naissance, mariage, décès, fêtes, activités agraires, chasse… mais non praticables à Pibou de nos jours.

·        Wakiluu (swah byak yaŋ) : le ministre de l’intérieur et de la sécurité du village.

·        Kaïgama (swah sooje/we swahe): c’est le ministre de la défense, chef des forces armées au village.

·        Lakali (pa ŋgoŋ ɓə) : le juge ou le responsable de la justice.

·        Wadjiri (wel goŋlii) : le fils de la première princesse nommé par le Gong. Il représente le Gong dans des cérémonies en cas de son absence.

·        Djaouro (swah dahgbilli) : le chef de quartier.

·        Sarki sanu (swah faɓalle) : le ministre de l’élevage.

·        Sarki fadal (swah ŋgai goŋe) : le chef des notables et des protocoles.

·        Sarki pawa (swah luma) : la charge du marché.

Bref, l’organisation politique et administrative dans la société traditionnelle chez les Moundang est en quelque sorte une organisation complète de l’Etat en miniature.

IV-            ORGANISATION TRADITIONNELLE DE PIBOU

4.1- L’organisation de l’espace

Pibou est l’univers dans lequel vivent les habitants. L’espace est occupé d’une manière organisée et réglementée. En fait, il y a une hiérarchie entre les familles en fonction de leur ordre d’installation : la famille fondatrice est celle qui a créé le village, conserve pour toujours le droit éminent sur le sol et elle prend possession d’un territoire. Ensuite, les nouveaux arrivants.

Le domaine familial (habitations) comporte la maison du père, les cases des femmes groupées autour, des abris pour les chèvres et pour les moutons (jol səgwiiri ne jol pəsə̃əre), un poulailler (jol kãhe), une grange (celle, celmbəlai, daŋki…) pour le mil, le maïs, le haricot, le pois de terre…

L’ensemble des domaines familiaux constitue un quartier pour le village.

Le village a ses ilots, places sur lesquelles se réunissent les enfants pour les jeux de lune et autres jeux, une place du marché et des lieux sacrés.

Les terres sont occupées par les habitants pour les champs et parfois pour l’élevage.

4.2- L’organisation du temps

Selon l’histoire, les hommes ont éprouvé dès le départ le besoin de mesurer le temps pour régler leur activité quotidienne, de situer des événements passés ou de programmer des activités futures. Le Soleil et la Lune ont été leurs premières horloges, et l’alternance du jour et de la nuit, la succession des phases de la Lune et le cycle des saisons leur ont fourni des unités naturelles de temps. Les lunes et les saisons passaient pour rythmer la vie. L’année est rythmée par des fêtes, par des travaux champêtres (les semailles et récoltes) par des jours spéciaux, du jour du marché.

4.3- La hiérarchie

Dans la société traditionnelle, c’est l’ordre et le classement qui y règnent. On parle de la classe d’âge (jeune, adulte et vieux), du sexe (homme et femme) et de la valeur personnelle.

L’homme joue un grand rôle dans le ménage. Il est le chef de la famille (cellule communautaire) ; c’est lui qui gère et est responsable de tout. En outre, les cérémonies importantes ne sont destinées qu’aux hommes. Quant à la femme, elle a donc un rapport de soumission à son mari. Elle doit obéir à son mari, elle ne peut pas en aucun cas poser de question sur le culte des ancêtres, elle doit respecter les interdits, servir chaque jour un repas à son mari…

4.4- L’organisation sociale

La famille est la première cellule communautaire. Elle est composée d’un père, d’une mère ou des mères, des enfants, parfois des grands-parents, des petits-fils…la structure de la société Moundang est basée sur la famille (piicelle), le clan (zahbanne) et les catégories sociales.

Selon la tradition, chaque matin, tous les membres de la famille doivent se réunir autour de leur père honorable pour le saluer et recevoir des conseils de sa part. Parfois pour prendre connaissance de programme du jour. C’est en quelque sorte d’un signe de respect. Il en est de même pour un ancêtre de famille.

Le village a pour base la famille au sens large. Il est un groupement de plusieurs familles apparentées. Chaque famille est constituée des descendants d’un même ancêtre vénéré comme un dieu. Cette famille peut si nombreuse qu’elle devient un ‘’clan’’ ; plusieurs clans alliés forment une « tribu ».

Pibou est principalement constitué des Moundang et des Lamé. Ces gens se regroupent en clans. Chaque clan est issu d’un ancêtre qui le dirige ; pour les affaires importantes, on se retrouve autour de lui pour le conseil de famille.

Par ailleurs, si une nouvelle concerne le village tout entier, le crieur se charge de la répandre.

En somme, la vie des habitants de Pibou est fondée sur les valeurs communautaires qui se traduisent par la solidarité, la fraternité et la générosité lesquelles elles peuvent encore se manifester par l’acceptation de tout le monde au village par tous, les travaux de groupe, le partage du plat, la pratique de la solidarité et la reconnaissance de tous par tous.

V-               ECONOMIE DE PIBOU

L’économie du village repose sur l’ensemble des activités de la population relatives à la production et à la consommation des richesses. Ces richesses sont des ressources naturelles. Les activités économiques du village sont : l’agriculture, l’élevage, l’artisanat,  l’industrie, la chasse et le commerce.

5.1- L’agriculture

L’agriculture est l’activité la plus pratiquée à Pibou. Elle représente la première source de revenus. La vie quotidienne en saison de pluie est marquée par l’exubérance de cette vie, l’agriculture. C’est en quelque sorte un mariage entre les paysans et la nature pendant cette période. C’est pourquoi Sartre dit : « labourer, planter, manger, c’est faire l’amour avec la nature. » La plupart des habitants de Pibou embrassent la terre c’est-à-dire ils consacrent leur temps à l’agriculture. Les paysans s’intéressent aux cultures vivrières et commerciales comme les sorghos rouges (sorghum caudatum ou dura caudatum) appelés « zəmĩirĩ », le maïs (zeamays) appelé « sorzunyiŋrĩ », l’arachide (arrachis hypogea) appelé « swaa », le riz (oryza) appelé « sorfãa », le haricot (vigna inguculata) appelé « əə », le sésame (sesamum indicum) appelé « samme », le coton appelé « mbəro », la canne à sucre (saccharum officinum) appelée « tənjemme », les patates (ipomea patatas) appelées « madə̃əre », le manioc (manihot  esculenta) appelé « məmbaï », les sorghos blancs (sorghum guinea ou sorghum elegans) appelés «  gəzyo » et les arbres fruitiers…

De nos jours, le sol n’est plus fertile comme avant. Il est devenu pauvre sans engrais ou sans autres produits chimiques le rendement est faible.

5.2- L’élevage

L’élevage représente la deuxième source de revenus à Pibou après l’agriculture.

Les animaux les plus élevés à Pibou sont les bœufs (dəə), les moutons (pəsə̃əre), les chèvres (səgwiiri), les porcs (billi) et les volailles (kãhe, loo, mafokki, matəvaa wandalla). On les élève pour diverses raisons : vente, dot, dette, nourriture, sacrifice…

5.3- Les activités artisanales et industrielles

Quelques peu d’habitants pratiquent actuellement ces activités. Elles sont moins pratiquées. Ce sont :

§  Le tissage (dan gərəji təkine kaŋ zyimmi/mbəro) : c’est l’activité qu’on ne pratique plus de nos jours à Pibou. Le tisserand ou le tisseur fait le tissage à l’aide de fil de coton (gərəji) pour obtenir des tissus (zyimmi). Le tisserand utilise une fibre de coton (sum mbəro), une tige (kəsyiiri wala kee ŋgai), un objet rond enterre cuite (ŋgai) et une coupe (ŋhəə wala təkpel ŋgai) pour obtenir le fil (gərəji). Pour le tissage, il utilise des fils de chaîne (en longueur) et des fils de trame (en largeur). Les matériels utilisés pour ce tissage sont : des pédales, des baguettes d’enverjure, d’ensouple, lisses de navettes et de peigne. Après obtention du tissu, le tisserand utilise l’indigotier ou la teinture «  masəlai », plante tinctoriale pour le colorer.

§  La vannerie (fan kaŋni wala fan zyeb pə jolle) : le vannier confectionne divers objets tels que les sièges (fakalle), les corbeilles (balle (filtre de la boisson locale), sunduku), les paniers (keere, colle, kəraadaŋ), les lits (ɗeere), les nattes (yak kəsyiiri, yak syenni, daagwole goo mənəə) au moyen de tiges, de racines ou de fibres végétales entrelacées.

§  La poterie (fan vuuni) : cette activité est faite surtout chez les Moundang par les femmes. Elle permet d’obtenir des vases et des objets en terre cuite tels que les jarres, les canaris (daŋni, cii vuuri), etc. c’est à base de l’argile fine des termitières et autres assez plastique qu’on fait la  poterie.

§  La forge (coo cokke) : c’est l’activité de fabrication des objets de travail. Le forgeron (pa cokke) façonne généralement à chaud le fer ou l’acier. Il peut fabriquer : la houe (kpahe), la hache (kəlaɓɓe), la faucille (gwəəre), le couteau (nyahe), la lance (zəə), la sagaie (jemme), le harpon (kəpẽere), le manche (kə̃ər fanne)…


5.4- La chasse

La chasse était une activité la plus excellente. La brousse était très propice à la chasse, une forêt dense riche en gibiers : gibiers à poil et à plume. Elle se fait dans le but de nourrir la famille, parfois contre les animaux rongeurs et destructeurs de champs.

Le grand chasseur (gao) au pays Moundang a ses stratégies appelées « masə̃ə » et sa hutte, sa cabane est faite de branchages et de terre appelée «  talguu » pour garder tous les matériels de chasse. Ce lieu est sacré et interdit à toute souillure et à toute personne étrangère. Autrefois, il est chargé de l’organisation de la chasse dans le village voire la chasse destinée au chef du village appelée la fête de pintade, fête traditionnelle au village.

L’excellent chasseur a la panoplie telle que les flèches (guu), le carquois (sokki), l’arc (saŋni), la lance (zəə), la corne (təsolle).

Il faut aussi noter que la chasse peut être individuelle ou collective.

Mais la chasse est interdite de nos jours pour de raison de la conservation et de la sauvegarde de notre faune puis que les animaux sauvages sont rares ou presque pas.

5.5- Le commerce

Le commerce est une activité qui consiste en l’achat, la vente, l’échange de marchandises, de denrées etc.  C’est de petit commerce à Pibou. Les vendeurs vendent en détail leurs articles le jour du marché hebdomadaire ou permanemment.

VI-            HABITATION

L’habitation à Pibou est de la nouvelle forme d’architecture empruntée des constructions foulbé et européenne ; on n’utilisait pas de briques cuites avant, mais l’usage des briques en torchis séchées au soleil par élévation des constructions d’un plan carré ou rectangulaire. On construit aujourd’hui des cases à toit conique en paille et des maisons carrées et rectangulaires en paille ou en tôle. Les toitures coniques sont très largement débordantes et faites d’une armature de cannes de mil ou de minces branchages et de plusieurs épaisseurs de chaumes disposées en collerette (kpuu talle, wuu talle təkine gaŋgaŋ talle) que peut coiffer une calotte de vannerie. L’intérieur de la maison est crépi et poli à l’aide d’une pierre très lisse appelée « tərwãhe » pour avoir aussi des murs lisses et brillants. Puis on donne un vernis rouge et indélébile sur le mur interne bien lisse et brillant à l’aide de l’écorce d’un arbre, « gbemme » ou « məliiɗokri » cuite.     

L’édification des greniers « celle » est une œuvre longue et délicate, qui est proche de l’art du potier. Le grenier « celle » est toujours isolé du sol, l’intérieur est reparti en autant de casiers ou de compartiments appelés «  təgolle » que l’on y engrange des graines différentes. Dans certaines familles, on a « celle », « cyãarĩ », « celmbəlai », « daŋki ».  

Sinon l’habitation originale chez les Moundang est zahdəəre, une terrasse épaisse à une taille bien élevée. Zahdəə est construit à base d’argile mêlée de paille ou de bouse de vache. Il a la forme circulaire avec une toiture plate servant à sécher certaines récoltes ou autres choses et avec une fenêtre (zahtəhoo) au-dessus.

Jadis,  l’appartement de la femme est composé de :

-         La cuisine (yaŋ syeare) où se trouvent la meule à moudre le mil (ninni), le foyer (syeare) dans un angle et la jarre d’eau (cii bii) ;

-         La chambre à coucher (cok swəlli) comportant une banquette construite en terre servant comme le lit ;

-         La tour (pəwulli), lieu où l’on entasse des objets encombrants.

Donc, la construction d’une habitation est une paisible activité collective chez les Moundang qui réunit tous les membres d’une famille restreinte.

VII-         EDUCATION

Voyons les concepts théoriques  de valeurs fondamentales de l’éducation traditionnelle et moderne (l’école).  

7.1- L’éducation traditionnelle   

L’éducation traditionnelle est un ensemble d’idées, de doctrines, de mœurs, de pratiques, de connaissances, de techniques, d’habitudes et d’attitudes transmis de génération en génération aux membres d’une communauté humaine. Du fait du renouvellement perpétuel de ses membres, la communauté humaine se présente comme une réalité mouvante et dynamique. Ainsi, la tradition revêt à la fois un caractère normatif et fonctionnel.

La normativité se fonde essentiellement sur le consentement à la fois collectif et individuel. Elle fait de la tradition une sorte de convention collective acceptée par la majorité des membres, un cadre de référence qui permet aux Moundang de se définir ou de se distinguer d’un autre peuple.

La fonctionnalité d’une tradition se révèle dans son dynamisme et dans sa capacité d’intégrer de nouvelles structures ou des éléments d’emprunt susceptibles d’améliorer certaines conditions d’existence des membres de la communauté

L’éducation traditionnelle est essentiellement collective, pragmatique, fonctionnelle, orale, continue, mystique, homogène, polyvalente, et intégrationniste.

Cette éducation est celle qui est fondée sur les traditions proprement moundang et qui est transmise de génération en génération dans nos sociétés depuis la nuit de temps jusqu’aujourd’hui.

En effet, l’éducation traditionnelle coexiste aujourd’hui avec l’éducation dite « moderne » introduite avec la colonisation.  Elle ne signifie pas une éducation au rabais, archaïque ou dépassé et ne s’oppose pas à l’éducation moderne.

7.2- L’éducation moderne   

A titre de rappel, au Tchad, l’école a été créée  en 1911 à Mao au Kanem. Elle commença ainsi à se répandre progressivement dans toutes les régions du Tchad.

C’est ainsi qu’à Pibou, l’école a été créée le 24 janvier 1976 avec un effectif de cent (100) élèves et un maître bénévole en l’occurrence Monsieur Keudeu Jean (et Monsieur Wadou Pascal qui renonça très tôt à ce bénévolat). Cette école a été officialisée en 1980. Deux décennies plus tard, pour de raison de l’éloignement des établissements secondaires et d’autres difficultés d’études, le collège communautaire fut créé en octobre 2000 pour récupérer tous les jeunes de Pibou géographique qui étudiaient ailleurs. En 2009, ce collège fut officialisé. En 2011, il fut érigé en lycée. Donc, le taux de la scolarisation est appréciable dans la localité.

En somme, le but de l’éducation est de préparer les enfants pour l’âge adulte, d’acquérir les aptitudes intellectuelles et physiques, les compétences dans la vie, d’avoir une certaine maturité, d’adapter aux exigences de la vie.

Elle est au cœur de la culture, parce qu’elle transmet les valeurs et connaissances. L’éducation peut concourir par son action sur la formation de la jeunesse, donc de la société, de la pierre de lance de demain.

La vie d’un groupe ou d’un peuple dépend  de l’éducation. L’éducation reste maintenant l’affaire de tous.

En somme, les missions de l’école sont : instruire, socialiser et qualifier.

VIII-      TRADITIONS

La famille est la base de la société. Les familles vivent en communauté dans  un clan et une ethnie qui obéissent à des règles strictes. Ces règles sont les traditions qui sont donc présentes dans leur vie quotidienne.    

La tradition est un héritage culturel transmis par les générations précédentes. Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d’identité d’une communauté humaine.

Les Moundang sont des gens qui aiment valoriser leur groupe et leurs cultures ; ils veulent toujours conserver les règles ancestrales. Leurs cultures sont toujours solidement fondées sur la tradition.

La sagesse, l’initiation et les lois sociales jouent un rôle très important dans la société traditionnelle.

En effet, la sagesse se manifeste sous différentes formes : les proverbes, les contes, les adages, les énigmes, les devinettes, les dictons, paraboles, les chants, les fables (ɓə təɓoroo, samme, ɓə kikiŋ, ɓə lilii, samme, pa man lii faa, zahlii, ləŋni), etc.

L’initiation enseigne les croyances, la superstition, la morale, l’art et les techniques.

Tandis que la tradition enseigne ce qui est permis ou défendu, tabou ou interdit, les secrets de médecine, le sens des symboles qui rappellent l’origine du clan c’est-à-dire un animal ou une plante considérée comme ancêtre mythique ou un parent lointain (totem). Dans le cadre naturel, il y a le culte des morts, la foi dans les fétiches, la divination, les sacrifices, les lieux sacrés.

Selon la tradition, les gens sont repartis en classes d’âge et en sexe qui ont chacun leur rôle et leurs travaux déterminés. Les catégories de jeunes, adultes, vieux correspondent aux classes d’âge. Le respect de cet ordre social est strict.

Pibou, grand espace, où la nature et les dieux se concilient avec les hommes. Les activités varient au rythme des saisons. De surcroît, les après-midi chauds se passent sous les grands arbres, meilleurs salons et meilleurs vérandas pour les hommes où se développent les  commentaires, les discussions, les histoires et les épisodes. Les nuits succèdent aux jours avec des veillées douces. Elles sont paisibles et nourries des contes, des légendes, des devinettes au clair de lune ou autour du feu.

On peut dire que la tradition orale contribue à agrémenter la vie des hommes. Malheureusement, elle semble vouée à la mort de nos jours car les dépositaires de cette tradition disparaissent sans laisser d’héritiers. L’absence des vieillards, gardiens de ces trésors, présente une entrave très grave pour la communauté et nos cultures. C’est pourquoi j’ai dit : « un village sans vieillards, détenteurs des traditions, est semblable à un village sans centre de santé ».

·        Le « collège des femmes possédées », les ŋwəə syiŋrĩ :

En effet, après leur premier mariage et leur grossesse, les Moundang pouvaient aussi souffrir de problème de stérilité. Ainsi, lorsqu’une femme souffrait d’un mal qu’elle ne parvenait pas à endiguer, elle pouvait consulter les Za kǝndaŋni. Ceux-ci la dirigent ensuite vers le « collège des possédées ». Cette société initiatique de femmes, très hiérarchisée, était constituée comme un collège, avec des « anciennes », les ŋwǝǝ syiŋ syēe, «  les connaisseuses des médicaments », maitrisant les secrets et techniques thérapeutiques et les ŋwǝǝ syiŋ fãi, « celles qui sont arrivées nouvellement ».

Des objets symbolisaient l’appartenance aux différentes classes : chaque membre possédait différentes lances selon son rang et sa classe. Les novices avaient de simples haches, les premières initiées de lances en bois, ensuite, elles acquéraient des anneaux de cuivre autour de leur arme, puis lorsqu’elles étaient « connaisseuses » et complètement initiées, des lances de cuivre. Elles possédaient même leur propre lieu « thérapeutique », un endroit où officiaient des Za kǝndaŋni, «  les voyants qui prévoient l’avenir », un « hôpital destiné uniquement aux femmes et à leurs maux spécifiques, les maladies gynécologiques, comme les fibronnes, les pertes blanches, les règles douloureuses et bien sûr la stérilité.

Des musiciennes avaient des bǝlǝmme, les tambours allongés des Moundang et le wuu, une calebasse musicale dont on souffle dedans et le  gɓel pǝsyahe.

La maîtresse de cérémonie, la maswah syiŋrĩ restait alors immobile, ne dansant pas mais orientant les participantes. Les femmes enfermaient les esprits, camouflés avec les « médicaments » expulsés dans des goulots contenant de la terre ou du sable appelé ‘’ǝǝ’’. Sous forme d’esprit, la maladie était « condamnée » dans le goulot et ne pouvait plus en sortir. La maîtresse la « surveillait » pendant un mois, tout en prenant soin de la patiente et en lui donnant des instructions précises. Ainsi, chaque goulot contenait la maladie de chaque femme ».

La personne guérie devait retourner chaque année offrir un sacrifice au lieu qui   supporte le poids de la maladie de la patiente. On «  remerciait » l’endroit d’abriter «  l’esprit-maladie » et on lui offrait des sacrifices, sous forme de petit gibier bien souvent.

Pendant trois à quatre jours, les femmes organisaient des danses collectives. Elles demandaient à leurs enfants d’aller chercher en brousse des plantes médicinales, en effectuaient l’inventaire, les classaient et composaient directement des remèdes pour la patiente. Lors de ce rituel, elles étaient vêtues d’un simple cache-sexe en écorce d’arbre. Formant un cercle, la patiente se voyait entourée par les autres initiées. Toutes recouvertes de cendre, elles dansaient à reculons, pieds nus et mains jointes tout en gardant les yeux fermés, en effectuant de petits bonds en arrières.

·        Le rituel des premières règles, le ŋwǝǝ saŋni

Ce rituel des premières règles est destiné aux filles pubères âgées de 11 à 15 ans. Il constitue la première étape du processus matrimonial concernant les jeunes filles. La ‘’ maswah ŋwǝǝ saŋni’’, la prêtresse de ce rite de passage à l’âge adulte pour les jeunes filles voyant leurs premières menstruations doit « enterrer dans le sable des feuilles de l’arbre ‘’ voore’’ (kilegia africana), verser quatre fois de l’eau sur les pieds de la fillette nubile et prendre avec elle un bain de purification dans le marigot au bord duquel la cérémonie se déroule. Ce rite est officié dans le village.

Le caractère initiatique de ce rituel, qui dure deux jours et regroupe un petit nombre de jeunes fillettes du même quartier, est surtout marqué par les fustigations que les femmes infligent aux ‘’ŋwǝǝ saŋni’’. Il s’agit de garantir la fécondité des filles au seuil de leur puberté. Lors de ces pratiques, les femmes plus âgées enseignaient également aux novices certaines pratiques sexuelles, afin qu’elles soient des épouses prêtes pour le mariage.

Pour les Moundang, ce rite est initiatique et pédagogique, comporte une fonction sociale précise.

Selon la tradition, ces femmes initiées enseignaient la notion des travaux de ménage, de soumission et de respect aux jeunes filles,  leur apprendre les interdits et les tabous, ce qui est permis ou défendu.  Elles préparaient la vie des jeunes filles au mariage, surtout à la virginité.

En outre, il y a des fêtes et des cérémonies marquant le temps où se manifestent les cultures : la danse et les chants sont accompagnés par les instruments de musique (bələmmi, təsolle, tənjuŋni, jakle, yuŋni…)

En somme, c’est grâce aux coutumes que l’unité du peuple moundang est préservée. Tout peuple puise dans les coutumes le sentiment de force, de son identité et d’une certaine sécurité. En fait, la tradition est une référence pour chaque peuple.

IX-            RELIGIONS

La religion est l’ensemble des rites et des pratiques liées à la croyance en un ou plusieurs dieux contribuant à façonner la société.

On distingue trois formes  des religions à Pibou : l’animisme, le christianisme et l’islam.

·        L’animisme : est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les naturels, comme les pierres ou le vent, ainsi  qu’en des génies protecteurs.

C’est la croyance dans laquelle tous les êtres vivants, et même les objets, disposent d’une âme.

En effet, l’animisme est la forme des religions traditionnelles la plus importante. Il recouvre des pratiques très différentes.

Au pays moundang, les gens croyaient en plusieurs dieux : les mânes des ancêtres ou les ancêtres divinisés (məəzunyiŋ pa be lii ra), dieu de guérison, dieu guerrier, dieu des eaux douces, etc. s’ajoutent des rites qui permettaient aux vivants de communiquer avec les « invisibles ». Les hommes s’adressaient aussi aux génies des arbres, des eaux, de la terre, des animaux. C’est la crainte au bois sacré, aux fantômes, à l’obscurité, etc.

En fin, les rites du culte s’étaient souvent accompagnés de sacrifices. Pour bien disposer les dieux, il faut faire des sacrifices.

Aujourd’hui, une minorité des Piboulais pratiquent l’animisme.

·        Le christianisme : est apparu au Tchad au XXème siècle. En 1920, les missionnaires protestants furent venus à Léré et y eurent implanté l’Eglise Fraternelle Luthérienne d’Amérique qui devint l’Eglise Fraternelle Luthérienne au Tchad.

Il est fondé sur la personne et l’enseignement de Jésus-Christ. Pour les chrétiens, Jésus-Christ est le fils de Dieu, le seul Sauveur du monde.

Cette église fut fondée à Pibou en avril 1953 par le catéchiste Tchinbalbé Barnabas. Les catéchistes se furent succédés (Passiri Jean, Koye Nathan, Souféné Mika, Tchindebbé Paul…)

Ensuite, l’Eglise catholique fut créée en 1966 par Yahtchou Padang ;

Puis l’Eglise Evangélique au Tchad en 1976 par Patézéré Jean ;

Egalement l’Assemblée chrétienne au Tchad.

·        L’islam : est une religion de soumission à Dieu fondée par Mahomet. Le Coran, le livre saint, révélé à Mahomet par Dieu (Allah), est, avec la tradition (sunna), le fondement de la vie religieuse et politique.

Il est pratiqué par une minorité des Foulbé qui se trouvent dans la localité.

CONCLUSION

Pibou est un vieux village fondé vers le XIXème  siècle par les Bahoré venus de Bahoré dans la région de Lamé/Pala. Il n’était pas fondé par une conquête quelconque, mais il était une terre inhabitée et occupée par ces hommes, les excellents chasseurs pour avoir de bonne terre. Une terre propice à l’agriculture, beaucoup des gens commencèrent à y venir. Aujourd’hui, nous remarquons que Pibou est devenu un grand et vaste village.

Pibou, un grand village, on y trouve les centres importants tels que : les écoles, le lycée, le centre de santé, le marché et les différentes formes des confessions religieuses.

Pibou est un village d’accueil, de fraternité, de générosité et de solidarité.