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Booker T. Washington
Description de l'image Booker T Washington retouched flattened-crop.jpg.
Naissance
Hale's Ford, Virginie
Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès (à 59 ans)
Tuskegee, Alabama
Drapeau des États-Unis États-Unis
Nationalité Américain
Profession
Professeur
Autres activités
Militant des droits de l'homme
Homme politique
Auteur
Signature de Booker T. Washington

Booker Taliaferro Washington ( 5 avril 185614 novembre 1915[1]) était conférencier, défenseur des droits civiques, éducateur, professeur, auteur, poète américain[1]. Il était l’une des principales figures de la communauté afro-américaine des États-Unis entre 1890 et 1915. Représentant de la dernière génération de noirs nés sous l’esclavage, et se faisant le porte-parole de ces noirs qui étaient restés dans le New South dans un modus vivendi incommode avec les blancs du Sud, Washington a été capable au cours des 25 dernières années de sa vie de maintenir son statut de leader noir grâce aux sponsors de blancs puissants, à une aide substantielle à l’intérieur de la communauté noire, à son habileté à lever des fonds dans les deux camps pour l’éducation et à sa grande capacité à s’adapter aux réalités sociales de l’âge de la ségrégation[2].

Washington est né dans l’esclavage, d’un père blanc et d’une mère esclave dans la campagne du sud ouest de la Virginie. Après s’être émancipé, il effectua des travaux agricoles en Virginie-Occidentale avant d’aller à Hampton Roads dans l’espoir d’acquérir une éducation. Il s’est battu pour entrer à Hampton Normal and agricultural Institute (aujourd’hui Université d'Hampton) puis a suivi des études supérieures au Wayland Seminary. Après être revenu à Hampton pour occuper un poste de professeur, il a été le premier directeur du nouveau Tuskegee Institute en Alabama en 1881.

W. est devenu célèbre grâce à son discours à Atlanta en 1895, attirant l’attention des hommes politiques et du public en tant que porte-parole populaire des citoyens afro-américains. W. a construit un réseau national de partisans dans les communautés noires, des ministres, éducateurs et chefs d’entreprise noirs constituant le cœur de ses partisans. W. a joué un rôle déterminant dans la politique des noirs, gagnant un grand support dans la communauté noire et parmi les blancs libéraux (tout particulièrement les blancs aisés du Nord). Il a gagné l’accès au top national des leaders en politique, philanthropie et éducation. Les efforts de W. incluaient la coopération avec les blancs ainsi que l’appel au support de riches philanthropes, ce qui l’a aidé à lever des fonds pour construire et gérer des milliers de petites écoles communales et lycées pour l’éducation des noirs partout dans le Sud, initiative qui a perdurée de nombreuses années après sa mort.

Des critiques nordistes appelaient les partisans du Dr Washington la « machine de Tuskegee» (the "Tuskegee Machine"). Après 1909, W. était critiqué par les leaders de la nouvelle Association Nationale pour l’Avancement des Gens de Couleur (NAACP), en particulier W.E.B. Dubois, qui ont demandé un durcissement des manifestations pour les droits civils. W. répondit que la confrontation mènerait à un désastre pour les noirs, qui n’étaient pas en nombre suffisant, et que la coopération avec les blancs qui leur apportaient leur soutien était le seul moyen pour combattre le racisme omniprésent sur le long terme.[3]

En plus de ses contributions considérables dans le domaine de l’éducation, le Dr W. a écrit 14 livres : son autobiographie, Up from slavery, publiée pour la première fois en 1901, est toujours lue par beaucoup de gens aujourd’hui. Durant une période de transition assez difficile pour les États-Unis, il a beaucoup travaillé pour réunir tout le monde et pour installer de bonnes relations entre les différentes communautés. Son œuvre a beaucoup aidé à établir la fondation pour un accès toujours plus grand des noirs à une meilleure éducation, à un pouvoir d’achat et la compréhension du système judiciaire américain a conduit au mouvement pour les droits civils dans les années 1960 et à l’adoption d’importantes lois fédérales pour les droits civils.

Sa carrière

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Jeunesse

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Localisation de l'état de Virginie (en rouge), lieu de naissance de Booker T. Washinghton.

Booker T. Washinghton est né le 5 avril 1856, dans un bureau de poste de Hale’s Ford, en Virginie[4], à environ 4 kilomètres de Roanoke. Sa mère Jane était une esclave afro-américaine qui travaillait comme cuisinière sur la plantation Burrough, et son père, un blanc d'une plantation voisine, est inconnu[5]. Jane était l’esclave de James Burrough, un petit fermier de Virginie.[6]

Sa famille a gagné sa liberté en 1865, à la fin de la guerre civile. Dans Up from Slavery, Booker T. Washington se souvient son émancipation :[7]

« As the great day drew nearer, there was more singing in the slave quarters than usual. It was bolder, had more ring, and lasted later into the night. Most of the verses of the plantation songs had some reference to freedom.... Some man who seemed to be a stranger (a United States officer, I presume) made a little speech and then read a rather long paper -- the Emancipation Proclamation, I think. After the reading we were told that we were all free, and could go when and where we pleased. My mother, who was standing by my side, leaned over and kissed her children, while tears of joy ran down her cheeks. She explained to us what it all meant, that this was the day for which she had been so long praying, but fearing that she would never live to see. »

« Alors que le grand jour arrivait, on entendait plus de personnes chanter dans le quartier des esclaves que d’habitude. Le chant était plus assuré, vibrait plus et dura plus longtemps cette nuit-là. La plupart des chants dans les plantations faisaient référence à la liberté… Un homme qui semblait étranger (un officier des États-Unis je pense) a fait un petit discours puis a lu un assez long papier, la Proclamation d’Emancipation je crois. Quand il eut fini de lire, il nous a dit que nous étions tous libres et pouvions partir quand et où il nous plairait. Ma mère qui se tenait à mes côtés s’est penchée et a embrassé ses enfants alors que des larmes coulaient sur ses joues. Elle nous a expliqué ce que cela signifiait, que c’était le jour pour lequel elle priait depuis longtemps tout en ayant peur de ne jamais le voir. »

Pendant l’été 1865, alors qu’il avait neuf ans, il déménagea avec son frère John et sa sœur Amanda à Malden, dans le comté de Kanawha, dans l’ouest de la Virginie, pour rejoindre son beau-père Washington Ferguson. La mère de W. a eu une grande influence sur son éducation scolaire. Bien qu’elle ne sache pas lire elle-même, elle a acheté des livres d’orthographe à son fils pour l’inciter à lire. Elle l’inscrit ensuite à l’école élémentaire où Booker prit le nom de Washington car il avait découvert que les enfants n’avaient pas qu’un seul nom. Lorsque l’enseignante l’a appelé et lui a demandé son nom, il a répondu : « Booker Washington, comme si je m’étais appelé ainsi toute ma vie. »

Dès l'âge de 10 ans, il a été engagé en tant que serviteur de Viola Ruffner (née Knapp), la femme du général Lewis Ruffner, qui détenait l’usine à sel et la mine de charbon. Il travailla donc dans une usine à sel et une mine de charbon en Virginie Occidentale[1] avec sa mère et d’autres noirs émancipés, à mettre le sel en boite. Il a également travaillé dans la mine de charbon, et brièvement sur un bateau à vapeur. D’autres jeunes serviteurs n’avaient pas réussi à satisfaire les nombreuses exigences de Mme Ruffner, mais le zèle de Booker remplit ses conditions. Encouragé par Mme Ruffner, le jeune Booker alla à l’école et apprit à lire et à écrire. Bientôt, il rechercha un niveau supérieur que ce que son école locale pouvait lui offrir.

Quittant Malden à 16 ans, W. intégra le Hampton normal and agricultural institute, à l’Hampton Institute, en Virginie. Cette institution avait été spécialement crée afin d'aider les nouveaux affranchis à accéder à une éducation scolaire[8].

Les étudiants n’ayant pas beaucoup de revenus tels que W. pouvaient travailler à l’école pour payer leurs études. L’école normale de Hampton avait été créée pour former les enseignants du fait que l’éducation était considérée comme un besoin crucial pour la communauté noire. Le financement provenait du gouvernement fédéral et de groupes de protestants blancs. De 1878 à 1879, W. suivit des cours au Séminaire de Wayland à Washington D.C. puis revint enseigner à Hampton. Le président d’Hampton, Samuel C. Armstrong, recommanda W. pour qu’il soit le premier principal de l’institut Tuskegee, une école similaire fondée en Alabama.

Professorat et débuts politiques

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En 1881, le directeur d’Hampton, Samuel C. Armstrong, recommanda Booker T. Washinghton au poste de premier directeur de le Tuskegee Institute, la nouvelle école normale (université des enseignants) en Alabama. Il en fut le directeur jusqu’à la fin de sa vie.

W. était l’une des principales figures de la communauté afro-américaine des États-Unis entre 1890 et 1915, surtout après son discours à Atlanta en 1895. Il était vu par de nombreux politiciens et le public en général comme un porte-parole populaire pour les citoyens afro-américains. Représentant de la dernière génération de noirs nés sous l’esclavage, W. était généralement perçu comme un avocat crédible de l’éducation des affranchis, dans le sud en reconstruction de Jim Crow. Au cours des vingt dernières années de sa vie, il a maintenu sa position grâce à un réseau national de partisans – incluant des éducateurs, des ministres, des éditeurs et des chefs d’entreprise noirs – plus particulièrement les libéraux s’intéressant aux questions d’éducation et sociales. Les critiques ont appelé son réseau de partisan la « Machine de Tuskegee ». Il a gagné l'accès au top national des leaders en politique, philanthropie et éducation, récolté de grosses sommes, était consulté sur les problèmes de races et reçut des diplômes honorifiques des plus grandes universités américaines.

W. E. B. Du Bois

Mais la position de B. Washington ne faisait pas consensus. Il a été critiqué par les leaders du NAACP, notamment par W.E.B. Du Bois, qui se sont opposés à ses thèses modérées. W.E.B. Du Bois préconisait l’activisme pour obtenir des droits civils, et surnommait W. « Le grand accommodant ». L'un de ses proches associés, Monroe Trotter, fut arrêté par la police après avoir osé défier verbalement Washington lors d'un discours public à Boston en 1905. La même année, Trotter et Du Bois organisèrent un meeting de militants noirs au Canada, de l'autre côté des chutes du Niagara. La réunion conclut sur la rédaction d'un manifeste appelant au suffrage universel masculin, à l'élimination de toute forme de ségrégation raciale et à l'extension de l'instruction publique à tous, de manière non discriminatoire (et non pas, comme le voulait Washington, en fonction de la « vocation » ou du « mérite » individuel).

W. pensait au contraire que la confrontation entrainerait un désastre pour les noirs, moins nombreux. Il croyait que la coopération avec les blancs qui soutenaient le mouvement était le seul moyen d’éradiquer le racisme omniprésent sur le long terme.

W. contribua secrètement et de manière significative aux défis juridiques de la ségrégation et de l’affranchissement des noirs. En tant que personnage public, il pensait pouvoir réaliser plus de choses grâce à une accommodation intelligente aux réalités sociales du temps de la ségrégation.

Le travail accompli par W. en matière d’éducation lui a permis de faire appel au soutien de quelques uns des principaux philanthropes blancs tant sur le plan moral que sur le plan financier. Il se lia amicalement avec des self-made men tels que:

Ces individus et beaucoup d’autres hommes et femmes riches ont fait des dons pour ses causes, incluant les instituts Hampton et Tuskegee. Ces écoles ont été créé pour former des professeurs, mais les diplômés se sont heurtés à une difficulté majeure: le manque de moyens, dans un sud appauvri. Ils sont souvent revenus dans leurs communautés d'origine, mais n'y disposaient que de quelques écoles et peu de ressources pédagogiques. C'est pourquoi, W. a fait appel à son réseau de philanthropes au travers de programmes de collectes de fonds pour stimuler la construction de nombreuses écoles publiques en zones rurales, à destination des enfants noirs dans le sud. Ces efforts ont finalement contribué à la construction et au fonctionnement de 5 000 écoles et ont permis de subvenir aux besoins pour l’élévation sociale des noirs dans le sud à la fin du XIXe siècle av. J.-C. et le début du XXe siècle av. J.-C. siècle. Les écoles locales étaient source de fierté pour la commune et n’avaient pas de prix pour les familles afro-américaines, qui faisaient face à la pauvreté et à une ségrégation qui limitaient sérieusement les chances pour le futur des élèves. Une grande partie de l’héritage de W., le nombre des écoles rurales modèles a augmenté grâce aux collectes de fonds réalisées par les Fonds Rosenwald dans les années 1930.

Fondation de l'Institut de Tuskegee

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La maison de Booker T. Washington à l'université de Tuskegee, autour de 1906

Sur recommandation du président de l'université de Hampton, le général Armstrong, Washington fonde en 1881 la première école normale (chargée de former les enseignants) destiné aux populations noires dans le Sud, l'institut de Tuskegee en Alabama.[9] Remarqué dès ses débuts par une institutrice blanche et Yankee, puis par le fondateur du Hampton Institute, Booker Washington commença une carrière d’éducateur pour les Afro-Américains, créa le Tuskegee Institute, futur Tuskegee University[10].

Les fondateurs du nouveau Tuskegee normal and industrial institute pour les noirs ont trouvé en Booker W. le directeur énergique qu’ils cherchaient. W. croyait qu’en se donnant les moyens, les gens pouvaient passer de la pauvreté au succès. La nouvelle école a ouvert le 4 juillet 1881, en utilisant au départ les locaux d’une église locale. L’année suivante, Booker a acheté une ancienne plantation, qui devint le site permanent du campus. Sous sa direction, les étudiants ont littéralement construit leur école : construisant les salles de classe, les hangars et les bâtiments extérieurs ; cultivant leurs plantations et élevant leur bétail ; et assurant ainsi leurs principaux besoins. Les hommes comme les femmes devaient prendre des cours sur le commerce autant que sur les bases académiques. W. a apporté son aide pour récolter des fonds pour construire et gérer des centaines d’écoles communales et lycées pour les noirs. L’université de Tuskegee utilisait chacune de ces activités pour enseigner aux élèves des techniques simples pour sortir la communauté noire du Sud de leur univers rural. Le but principal n’était pas de former des fermiers et des hommes d’affaires mais des enseignants des métiers agricoles et de commerce qui exerçaient dans les nouveaux lycées et universités pour noirs dans tout le Sud. Plus tard, l’école devint ce qui est aujourd’hui l’université de Tuskegee.

Une classe de première d'agronomie à l'Institut Tuskegee, photo de 1940.

L'institut était un bon exemple des aspirations de W. pour la communauté. Sa théorie était qu’en fournissant le savoir-faire requis par la société, les afro-américains joueraient leur rôle, ce qui conduirait à leur acceptation par les blancs américains. Il croyait que les noirs finiraient par faire partie intégrante de la société en démontrant qu’ils étaient des citoyens américains responsables, sur lesquels on peut compter. Peu après la guerre entre l’Espagne et les États-Unis, le président MacKinley et la majeure partie de son cabinet ont rendu visite à W. Il dirigea l’école jusqu’à sa mort en 1915. Entre-temps, le capital de Tuskegee avait grossi jusqu’à dépasser 1,5 millions de dollars, comparé au budget annuel initial de 2 000 dollars.[11]

Mariages et enfants

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Booker T. Washington avec sa troisième femme, Margaret, et ses deux fils.

W. s’est marié trois fois. Dans son autobiographie, Up from slavery, il accorda du crédit à ses trois femmes pour leur contribution à Tuskegee.

Fannie N. Smith venait de Malden, Virginie de l’ouest, la même ville de Kanawha River Valley où W. a vécut entre 9 et 16 ans. Il est resté attaché à cet endroit toute sa vie. W. et Smith se sont mariés durant l’été 1882. Ils ont eu un enfant, Portia M. Washington. Fanny est morte en mai 1884.

W. a ensuite épousé Olivia A. Davidson en 1885. Elle est née dans l’Ohio et a étudié à l’institut Hampton et à l’école normale d’état du Massachusetts à Framingham. Elle a enseigné dans le Mississipi et dans le Tennessee avant de venir travailler à Tuskegee. W. a rencontré Davidson alors qu’elle enseignait à Tuskegee. Elle devint l’assistante du principal dans cet établissement. Ils ont eu deux fils, Booker T. Washington Jr et Ernest Davidson Washington, avant qu’elle ne meure en 1889.

Washington s’est marié une troisième fois, en 1893 avec Margaret James Murray. Elle venait du Mississippi et était diplômée de l’Université de Fisk qui, historiquement était également une université pour noirs. Ils n’ont pas eu d’enfants ensemble mais elle a aidé W. a élever ses enfants. Murray a survécu à W. et est morte en 1925.

Politique et le compromis d’Atlanta

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"The Atlanta Compromise"
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Ouverture du discours du "Compromis d'Atlanta" de Booker T. Washington's, à Atlanta lors de la Cotton States and International Exposition
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Le discours prononcé par W. en 1895 à l’occasion de l’exposition d’Atlanta est considéré comme « un moment révolutionnaire » par les afro-américains ainsi que les blancs dans tout le pays. A l’époque, il était soutenu par W.E.B. Du Bois mais quelques années plus tard les deux hommes se sont brouillés à cause de leur différence de point de vue sur la manière dont ils devaient régler le problème de l’interdiction des droits civiques pour les noirs. Après cette dispute, Du Bois et ses partisans appelèrent le discours de W. à Atlanta « le compromis d’Atlanta » pour illustrer le fait que, selon eux, W. était trop accommodant avec les intérêts des blancs.

W. préconisait une accommodation « en y allant en douceur ». Cela demandait que les afro-américains acceptent de sacrifier leur pouvoir politique, leurs droits civiques ainsi que l’éducation de second degré pour les jeunes qui faisaient partie du système en place. Il croyait que les afro-américains devaient « concentrer leur effort sur la formation industrielle, l’accumulation de richesses et l’apaisement des tensions dans le Sud ». W. accordait beaucoup d’importance à la formation « industrielle » parce que cela apportait des connaissances précises pour les emplois disponibles à la majorité des afro-américains à cette époque. Ce serait ces talents qui jetteraient les bases d’une stabilité dont les afro-américains avaient absolument besoin pour avancer. Il croyait que dans le long-terme « les noirs gagneraient une participation pleine et entière dans la société en montrant qu’ils sont des citoyens américains responsables, sur lesquels on peut compter ». Son approche préconisait une première étape vers l’égalité des droits, plutôt qu’une égalité pleine devant la loi. Ce sera cette première étape qui leur fournira le pouvoir économique nécessaire pour appuyer leur demande d’égalité dans le futur. A la longue, cette action donnerait à une Amérique blanche pétrie de préjugés qu’en réalité ils ne sont pas « naturellement stupides et incompétents ».

The Atlanta Compromise

"Nous pouvons, sous toutes les facettes de notre existence sociale, être séparés comme les doigts, mais nous unir en une main pour toute chose essentielle à notre progrès mutuel".[12]

Cette position était contraire à ce que beaucoup de noirs du Nord envisageaient. Du Bois voulait que les noirs reçoivent la même éducation « classique » sur les arts libéraux que les blancs, qu’ils aient accès au droit de vote et à l’égalité civique. Il croyait qu’une élite, qu’il appelait « le dixième talentueux » se démarquerait et donnerait à la race l’accès à une plus grande variété de postes. La source du conflit entre Du Bois et W. venait des différences dans la manière dont les afro-américains étaient traités au sud et au nord. Beaucoup au nord avaient l’impression qu’ils étaient « manipulés » et que l’on parlait pour eux, et selon eux c’était le fait d’un accomodationiste imposé au départ par les blancs du sud. De plus, le professeur Clarence E. Walker, de Davis, Université de Californie a affirmé que : « les noirs n’étaient « pas à leur place ». Leur affranchissement constituait un affront fait aux blancs libres du sud. Booker T. W. n’avait pas compris que son programme était perçu comme dangereux pour l’ordre naturel établi selon lequel les noirs resteraient toujours subordonnés et non libres ». Les deux hommes ont cherché à définir les meilleurs moyens pour améliorer les conditions de la communauté afro-américaine au lendemain de la guerre civile au travers de l’éducation.

Les noirs étaient nettement républicains durant cette période. Les états du sud ont privé la plupart des noirs et beaucoup de blancs pauvres de leur droit civique entre 1890 et 1908 par des amendements et des statuts constitutionnels qui créaient des barrières pour s’inscrire aux bureaux de vote et pour voter tels que les taxes sur les scrutins et les tests d’alphabétisation. Plus de noirs ont continué à voter à la frontière et dans les états du Nord.

W. a travaillé avec et s’est lié socialement à de nombreux politiciens et industriels blancs. Son domaine d’expertise résidait dans sa capacité à persuader les riches blancs de donner de l’argent pour les causes en faveur des noirs. Il soutenait que pour les noirs le plus sûr moyen d’obtenir des droits sociaux équitables était de faire preuve de « patience, zèle, se montrer économe et utile ». C’était la clé pour que les conditions des afro-américains aux Etats Unis s’améliorent. Du fait qu’ils avaient obtenu l’affranchissement récemment, il estimait qu’ils ne pouvaient pas attendre beaucoup plus en même temps. W. a dit : « j’ai appris que le succès sera mesuré non pas tant par la position qu’une personne a atteinte dans sa vie mais par les obstacles qu’elle a dû surmonter en tentant d’y arriver. »

Avec W.E.B Du Bois, il a en partie organisé la « Negro Exhibition » a l’exposition universelle de Paris en 1900, où étaient exposées des photos de l’Institut pour étudiants noirs de Hampton prises par son amie Frances Benjamin Johnston. L’exposition visait à montrer les contributions positives de la communauté afro-américaine apportées à la société américaine.

Alors qu’en public il n’était pas provocateur, en privé W. contribuait de manière importante à alimenter les fonds pour combattre juridiquement la ségrégation et la privation des droits civiques, comme par exemple lors du cas Giles vs Harris, qui est allé devant la Cour Suprême des États-Unis en 1903.

Riches amis et bienfaiteurs

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Washington's wealthy friends included Andrew Carnegie and Robert C. Ogden, seen here in 1906 while visiting Tuskegee Institute.

W. s’est associé avec les plus riches et plus puissants hommes d’affaires et politiciens de son époque. Il était vu comme le porte-parole des afro-américains et devint un intermédiaire dans les programmes de financement de l’éducation. Ses contacts comprenaient des personnes aussi connues que variées telles qu’Andrew Carnegie, William Howard Taft, John D. Rockefeller, Henry Huttleston Rogers, Julius Rosenwald, Robert Ogden, Collis P. Huntington et William Baldwin qui donnaient de grosses sommes d’argent à des agences telles que le Jeanes and Slater Funds. En conséquence, un nombre infini de petites écoles ont été établies grâce à ses efforts ; ces programmes ont continué plusieurs années après sa mort. De même que les riches, les noirs ont également aidé leurs communautés en donnant du temps, de l’argent ou en travaillant dans les écoles. Des églises, notamment la Baptiste et la Méthodiste ont également apporté leur soutien aux écoles de noirs dans l’élémentaire et le secondaire.

Henry Rogers

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Mark Twain (à gauche) et Henry Huttleston Rogers (à droite)

Booker T. entretenait une forte amitié avec l’industriel et financier millionnaire Henry Huttleston Rogers (1840- 1909). Henry Rogers est un self-made man, né dans une famille de la classe ouvrière, il est devenu l’un des hommes les plus riches des États-Unis en devenant le principal actionnaire de Standard Oil. Aux alentours de 1884, Rogers entendit W. discourir au Madison Square Garden, à Manhattan, un des borough de New York. Le jour suivant, il contacta W. et demanda à le rencontrer. W. raconta plus tard qu’on lui avait dit que Rogers « était étonné qu’on n’ait pas fait la quête après son discours ». L’entrevue marqua le début d’une relation proche entre les deux hommes qui dura plus de quinze ans. Bien que W. et le très privé Rogers était ouvertement amis sur la scène publique et que W. était fréquemment invité au bureau de Rogers à New York, à sa maison d’été de Fairheaven dans le Massachussetts et à bord de son yacht Kanawha, la véritable profondeur et portée de leur relation n’a été publiquement révélée qu’à la mort soudaine de Rogers d’une attaque apoplectique en mai 1909.

Quelques semaines plus tard, W. est parti en tournée pour faire des discours le long du nouveau chemin de fer de Virginie, une réalisation au budget de 40 millions de dollars financée en majeure partie par la fortune personnelle de Rogers. Comme W. voyageait dans le wagon privé du financier, « Dixie », il s’arrêtait et prononçait des discours dans de nombreuses villes où, ses compagnons ont rapporté plus tard, il avait été chaudement accueilli par les citoyens noirs et blancs à chaque arrêt.

W. a révélé que Rogers finançait dans l'ombre le fonctionnement de 65 petites écoles de campagne pour afro-américains et avait donné d’importantes sommes d’argent pour soutenir les instituts de Tuskegee et Hampton. Il a aussi rendu publique le fait que Rogers a encouragé de poser des conditions dans les programmes de collecte de fonds pour que les bénéficiaires y voient un enjeu en sachant que leur travail dur et leurs sacrifices leur rendaient service à eux-mêmes et ainsi boostaient leur amour propre.

Anna T. Jeanes

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Anna T. Jeanes de Philadelphie (1822 – 1907) confia un million de dollars à W. à sa mort en 1907. Elle espérait construire des écoles élémentaires pour noirs dans le sud. Ses contributions, celles de Rogers, et d’autres ont financé des écoles dans beaucoup de communautés où les blancs étaient également très pauvres, et d’autres fonds ont financé les écoles noires.

Julius Rosenwald

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Julius Rosenwald, philantrope et ami de Booker T. Washinghton

Julius Rosenwald (1862 – 1932) était un autre riche parti de rien avec lequel W. a trouvé des points communs. En 1908, Julius Rosenwald, fils d’un couturier immigrant, était devenu actionnaire et président de Sears, Roebuck and Company à Chicago. Rosenwald était un philanthrope profondément concerné par le manque d’éducation des Afro-américains, tout particulièrement dans le Sud.

En 1912, on a demandé à Rosenwald de faire partie du conseil d’administration de l’Institut Tuskegee, position qu’il occupa jusqu’à la fin de sa vie. Rosenwald donna des fonds à Tuskegee afin que W. puisse accorder moins de temps à la recherche de fonds et plus à la direction de l’école. Plus tard en 1912, Rosenwald finança un programme pilote impliquant six nouvelles petites écoles dans la campagne d’Alabama qui ont été conçues, construites et ouvertes entre 1913 et 1914 et contrôlées par Tuskegee ; le modèle se soldera par un succès. Rosenwald créa le Fonds Rosenwald. Le programme de construction d’écoles était l’un de ses plus importants programmes. Utilisant les plans architecturaux de « l’état de l’art » dessinés par des professeurs de Tuskegee, me fonds de Rosenwald a dépensé plus de quatre millions de dollars pour aider à construire 4 977 écoles, 217 maisons pour les enseignants et 163 magasins répandus dans 883 comtés, dans 15 états, du Maryland au Texas. Le fonds Rosenwald utilisait un système de récolte de fonds, et les communautés noires ont rassemblé plus de 4,7 millions de dollars pour aider à la construction. Ces écoles sont devenues célèbres sous le nom d’écoles de Rosenwald. En 1932, les locaux pouvaient accueillir un tiers des enfants afro-américains scolarisés dans le Sud.

Up from slavery et invitation à la Maison Blanche

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Booker Washington et Theodore Roosevelt à l'Institut de Tuskegee , 1905

W. a écrit quatre livres dans sa vie :

  • L’histoire de ma vie et mon œuvre (1900)
  • Up from slavery (Ascension d’un esclave) (1901)
  • My larger education (1911)
  • The man farthest down (1912)

Dans le souci d’inspirer “un avancement commercial, agricole, éducatif et industriel » aux afro-américains, W. créa la National negro business league (NNBL) en 1900. Quand l’autobiographie de W. Up from slavery, l’ascension d’un esclave est parue en 1901, c’est devenu un best-seller et a eu un impact notoire sur la communauté afro-américaine, ses amis et alliés. Cela donna suite à une invitation à diner de la part de Theodore Roosevelt en 1901.

En réponse à cette invitation, James K. Vardaman, le futur gouverneur du Mississippi et Benjamin Tillman, sénateur de la Caroline du Sud se sont livrés à leurs habituelles attaques personnelles et racistes. Vardaman dit la Maison Blanche qu’elle « était si saturée de l’odeur du nègre que les rats avaient trouvé refuge dans l’écurie » et il a déclaré « je refuse de voter pour W., de même que je ne voterai pas pour le petit nègre à la couleur chocolat typique et à la noix de coco sur la tête qui cire mes chaussures tous les matins. Aucun ne convient pour remplir la fonction suprême de citoyen ». Tillman fit remarquer que « l’action du Président Roosevelt de s’amuser avec ce nègre nécessiterait que nous tuions un millier de nègres dans le Sud avant qu’ils ne réapprennent où se trouve leur place ».

L’ambassadeur d’Autriche-Hongrie Ladislaus Hengelmüller von Hengervár, en visite à la Maison Blanche le même jour, affirma avoir trouvé une patte de lapin dans la poche du manteau de W. lorsqu’il avait mis celui-ci par erreur ; le Washington Post l’a minutieusement décrit comme « la patte arrière gauche d’un lapin de cimetière, tué en pleine nuit ». Le Detroit Journal écrivit ironiquement le jour d’après « L’ambassadeur est peut-être parti de la Maison Blanche avec le manteau de W., mais il aura du mal à prendre sa place ».

Une vie de surmenage, mort à 59ans

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Booker T. Washington's coffin being carried to grave site.

Malgré ses voyages et ses multiples fonctions, W. est resté directeur de Tuskegee. La santé de W. s’est détérioré rapidement ; il s’est effondré à New York et a été reconduit chez lui à Tuskegee, où il est mort le 14 novembre 1915, à l’âge de 59 ans. La cause de sa mort n’est pas claire, sûrement une fatigue nerveuse et une sclérose des artères. Il a été enterré sur le campus de l’Université de Tuskegee à côté de la chapelle de l’université.

A l’époque, on a pensé que sa mort résultait d’une insuffisance cardiaque, aggravée par le surmenage. En mars 2006, avec l’approbation de ses descendants, les rapports médicaux réexaminés et il a été conclu que la cause de sa mort est l’hypertension, étant donné qu’il avait une pression sanguine deux fois supérieure à la normale, ce qui confirme ce que l’on avait longtemps suspecté.

A sa mort, le capital de Tuskegee excédait 1,5 millions de dollars. Sa plus grande œuvre, l’éducation des noirs, était bien engagée et se développait toujours plus.

Honneurs et monuments

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  • Pour féliciter ses contributions à la société américaine, W. reçut plusieurs diplômes honorifiques : l’Université de Harvard lui conféra une maîtrise en 1896 et l’Université de Dartmouth lui conféra un doctorat en 1901.
  • W., en qualité de l’invité du président Roosevelt en 1901, était le tout premier afro-américain invité à la Maison Blanche. A l’issue de l’élection présidentielle 2008, le candidat républicain perdant, le sénateur John McCain, a fait référence à la visite de W. à la Maison Blanche un siècle plus tôt disant qu’il était une graine devenue fleur dans le premier Afro-américain destiné à être président des États-Unis, Barack Obama.
  • En 1934, Robert Russa Moton, le successeur de W. à la tête de l’Université de Tuskegee organisa une tournée aérienne pour deux aviateurs afro-américains et ensuite l’avion a été baptisé le Booker T. Washington.
  • En 1942, le liberty ship Booker T. Washington a été nommé ainsi en son honneur, premier vaisseau de haute-mer baptisé du nom d’un afro-américain. Le bateau a été baptisé par Marian Anderson.
Timbre de 1940
  • Le 7 avril 1940, des timbres postaux furent créés à l’effigie de W., c’est la première fois qu’un afro-américain apparait sur un timbre américain. La première pièce de monnaie à représenter un afro-américain est celle d’un demi-dollar de collection en mémoire de W., frappée aux États-Unis entre 1946 et 1951. Il est aussi apparu sur les pièces d’un demi-dollar entre 1951 et 1954.
  • Le 5 avril 1956, lors du centenaire de sa naissance, la maison dans laquelle il est né à Franklin County, en Virginie est transformée en monument national Booker T. Washington. Un parc public à Chattanooga, dans le Tennessee a pris son nom en son honneur, tout comme un pont au-dessus de la rivière Hampton jouxtant l’école où il a fait ses études, l’Université de Hampton.
  • En 1984, l’Université de Hampton dédia un mémorial à W. sur le campus près du chêne historique de l’émancipation, établissant, selon les termes de l’université « une relation entre l’un des grand professeurs et activistes pour les droits sociaux américains et le symbole de la réussite des Noirs dans l’éducation ».
  • De nombreux lycées, collèges et écoles primaires partout aux États-Unis ont pris le nom de Booker T. Washington.
  • Au milieu du campus de l’Université de Tuskegee, le monument Booker T. Washington, appelé « soulever le voile », a été inauguré en 1922. L’inscription à sa base dit : « Il a soulevé le voile de l’ignorance qui aveuglait son peuple et indiqué le chemin pour progresser grâce à l’éducation et l’industrie. »

Notes et références

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  1. a b et c http://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_06_Biog_Blacks/nm_10_06_washington_bookert.htm.
  2. Harlan (1983) p. 359
  3. Meier 1957
  4. Traduction J.M. Vazelle. Up from Slavery, ascension d'un esclave émancipé, Les éditeurs libres, 2008, page 20
  5. Traduction J.M. Vazelle. Up from Slavery, ascension d'un esclave émancipé, Les éditeurs libres, 2008, page 21
  6. (en) http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/USAbooker.htm
  7. Up from Slavery :19 – 21
  8. Traube.blog.lemonde.fr
  9. Biographie de Booker T. Washinghton sur biographie.net
  10. Traube.blog.lemonde.fr
  11. Harlan (1972); Harlan (1983)
  12. Traduction J.M. Vazelle. Up from Slavery, ascension d'un esclave émancipé, Les éditeurs libres, 2008.

Bibliographie

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  • (fr) Booker T. Washington, "Up from slavery, ascension d'un esclave émancipé", traduction française de J.M. Vazelle, Paris Les Editeurs Libres, 2008. Extrait disponible sur Google Books
  • (en) Washington, Booker T. "The Atlanta Cotton States Exposition Address" (Sep, 1895).
  • (en) Washington, Booker T. "The Awakening of the Negro", The Atlantic Monthly, 78 (September, 1896).
  • (en) Washington, Booker T. " Up from Slavery" (1996) (Dover Publications).
  • (en) The Story of My Life and Work: An Autobiography by Booker T. Washington, (1901) (Kessinger Publishing) 2008.

Sur Booker T. Washington

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  • (en) Louis R. Harlan, "Booker T. Washington: The Making of a Black Leader, 1856-1900" (1972) the standard biography, vol 1.
  • (en) Louis R. Harlan, "Booker T. Washington: The Making of a Black Leader, 1856-1901" (1975) (Oxford University Press).
  • (en) Basil Mathews ,"Booker T. Washington" (2007) (Mathews Press).
  • (en) Emett J. Scott, Lyman Beecher Stowe "Booker T. Washington, Builder of a Civilisation" (1916) Texte intégral disponible ici

Voir aussi

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